« Monsieur Hammersmith c’est ca ? »
« Oui c’est cela. Adam Lloyd Hammersmith »
« Très bien, nous allons commencer de suite. Asseyez-vous, comment allez-vous ? »Mal. Très mal. Trop mal. Voici ce que j’avais vraiment envie de répondre à ce psychomage à la noix. Heureusement, ce n’était pas un collègue direct de Catherine sinon je ne serais même pas venu. Tous les médecins m’ont conseillé de venir ici pour avoir un suivi post-traumatique comme ils disent !
« On fait aller… »
« C‘est arrivé quand ? il y a un mois c’est cela ? »
« Oui, Catherine est sortie il y a trois jours. Elle est de nouveau à la maison. »
« Comment ça se passe ? »Mal. Très mal. Trop mal. Les mêmes mots encore et toujours dans ma tête. Elle est éteinte et froide. J’aimais sa lumière, elle me réchauffait, moi qui est toujours était froid et terne. Elle était comme un feu de cheminée au cœur de l’hiver. Elle apportait lumière, chaleur et réconfort.
« Ca dépend des jours. Elle n’est plus vraiment la Catherine que j’ai connu »
« Parlez-moi d’elle, de la Catherine d’avant. Comment était-elle ? »Splendide. Merveilleuse. Féérique. Belle à en crever, intelligente, studieuse, souriante. Une créature descendue du ciel. Une larme roula sur ma joue.
« C’était une femme exceptionnelle, issu d’une grande famille française. On s’était connus alors qu’elle avait 26 ans et moi, 34. Je n’ai jamais compris comment elle avait pu tomber amoureuse de moi… »
« Pourquoi cela ? Vous pensez ne pas la mériter ? »Bien sûr que non crétin ! Une femme de sa trempe, ca épouse un lord anglais, un aurore, un gars au ministère, pas un fils de préteur sur gage, reconvertie en maitre des potions. Personne en somme…
« Je ne suis pas exactement issu de la noblesse anglaise. Mon père est un prêteur sur gage dans le nord de l’Angleterre, ma mère l’aide la plupart du temps. Nous étions cinq fils, et mon père avait une tendance à la boisson qui lui rendait la main lourde. Vous voyez qu’entre elle et moi, c’est moi la cendrillon… »« Votre enfance semble avoir été dure. Quand êtes-vous parti ? »
« Dès que j’ai pu pour être honnête… A l’âge de 11 ans on m’a envoyé à l’école et depuis, je ne suis pas rentré. Je me débrouillais les étés, je faisais des boulots à droite à gauche. Le directeur était compréhensif… »Ha ça pour sûr qu’il l’était. Mes années à Poudlard, m’ont littéralement sauvé la vie. Dès ma première année en tant que Gryffondor, j’obtenais de très bonnes notes. Rapidement, je devins un excellent élève en potions. Ma matière préférée. J’obtenais même un traitement de faveur du professeur qui accepta de me donner des cours supplémentaires en vue de mes futures études. J’arborais un comportement exemplaire pour ne surtout pas souffrir une éventuelle exclusion. Je devins naturellement préfet et ce fut je crois le grand début ! Quelqu’un croyait en moi ! Un sourire passa sur mon visage.
« Bon maintenant que je vois qui vous êtes. Parlez-moi de cette nuit ? »Horrible. Atroce. Des cris. Du sang. De la peur… La seule image qui me revient c’est Catherine hurlant sur la table au moment où l’on m’oblige à sortir de la chambre car cela devient trop compliqué pour y assister. Puis il y a eu les longues minutes à attendre et ce médecin qui est sorti de la chambre de Catherine…
« On m’a demandé de choisir entre le bébé et ma femme… »Une chape de plomb tomba sur mes épaules. Comment peut-on faire un choix pareil ? Comment peut-on choisir de sacrifier l’une ou l’autre ? J’avais envie de hurler et d’encastrer ce médecin dans le mur pour lui prouver que je ne ferais pas ce choix… Mais il fallait une réponse et vite…
« Et vous avez choisi Catherine… »Les larmes se mirent à couler à flot sur mes joues. Ce souvenir, encore vif, était un poignard que l’on tournait et retournait à chaque fois que l’on abordait ce sujet. Oui j’ai choisi Catherine ! Parce que je me suis dit qu’avec elle, on pourrait réessayer et qu’il y avait une chance d’avoir un autre enfant. Tandis qu’avec Alice, je ne pourrais pas lui trouver une autre mère…
« Oui… »
« Vous lui avez dit ? A Catherine j’entends ? »Non. Pas assez de courage. Trop de peine.
« Non, je pense qu’elle n’est pas en mesure de l’entendre »Et dieu seul sait combien j’avais raison à ce stade. Car si quelque chose allait éloigner Catherine de moi, ce n’était pas la perte de notre fille, mais bien l’annonce de ma faute.
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Aujourd’hui, c’est mon quarante neuvième anniversaire. Je suis maitre de potions dans le magasin de potions de Godric’s Hollow. Grâce à moi, l’échoppe a obtenu une renommée incroyable et des sorciers de partout viennent chercher mes potions. Mais aujourd’hui je ne travaille pas et je suis chez moi. Anna s’est faite belle, avec une robe qu’elle vient d’acheter. C’est vrai que ça lui va bien. Mais je ne sais toujours pas faire semblant et elle voit bien que je ne suis pas joyeux. Anna, c’est la femme qui vit avec moi aujourd’hui. Si je l’aime ? Non je ne crois pas. Mais elle est douce et ça me fait du bien. Elle je sais qu’elle est amoureuse. Un jour, je finirais par lui avouer tout ça. Ou pas. Je peux aussi finir mes jours avec elle. Ce sera déjà trop pour le monstre que je suis.
Je suis au petit déjeuner et je lis la gazette. Il fait beau dehors et je ne sais pas encore qu’en tournant la page, je vais subir un choc. Voilà ca y est je la tourne cette page et je tombe sur un article traitant d’une épidémie à Poudlard. Une sorte d’infections des Patronus, mais le remède vient d’être trouvé. Etrange mais je ne lis pas l’article car la photo m’a coupé le souffle. On y voit des élèves souriants, entourés du corps médical, plusieurs élèves posent avec leur patronus. Derrière eux, deux infirmières entoure une femme, belle, souriante, quelques élèves lèvent parfois les yeux vers elle et elle leur rend des regards chargés d’affection. Mon cœur manque un battement. C’est elle. Catherine.
Fébrile, je cherche la légende.
« Les élèves de Poudlard guéris ainsi que leur patronus, entourés des infimières Mesdemoiselles Abersham et Keller ainsi que de la psychomage de l’établissement Mademoiselle de Vallois »Mademoiselle de Vallois… Elle n’est donc plus Madame Hammersmith aux yeux du monde. Un pincement au cœur m’étreint. Qu’est-ce que cela ? Je le savais pourtant qu’elle referait sa vie et qu’elle oublierait l’homme qui l’abandonna après l’avoir placé dans un hôpital psychiatrique à l’autre bout du pays. Bien sûr qu’elle allait m’effacer. Bien sûr qu’elle allait tout faire pour m’oublier…
Au même moment, le téléphone sonne. Je décroche et réponds tel un robot. C’est mon avocat, il vient de tomber sur la photo.
« C’est elle, nous l’avons retrouvée ! J’ai besoin de votre autorisation pour envoyer les papiers du divorce, dites un mot et ils partent sur le champ !! »Pendant ce temps mes yeux avaient erré sur la page et étaient tombé sur quelque chose de très intéressant. « Envoyez les moi, je vais aller les lui porter moi-même… ». L’avocat sembla déçut et voulu négocier mais je raccrochais déjà.
Je posais le journal sur la table et allait vers Anna lui annonçait mon départ…
Plus bas, sur la même page, un mot annonçait que Poudlard était à la recherche d’un nouveau professeur de potions…