Allongée sur le dos, les bras et les jambes écartées en forme d'étoile, Fae profitait de la douceur de cette nuit d'été. Un petit vent frais secouait les brins d'herbe autour d'elle. Quelques mèches blanches lui arrivèrent devant les yeux. Fae ne fit pas un geste pour dégager sa vue, tant elle profitait avec allégresse de la température qui l'entourait. La chaleur avait été écrasante aujourd'hui, ce qui avait poussé la jeune femme à s'enfermer dans la chambre calfeutrée qu'elle occupait dans la petite maison familiale. Elle en avait profité pour relire un de ses livres favoris sur les créatures magiques qu'elle connaissait maintenant presque entièrement. Elle s'était fait la réflexion qu'un tour à la librairie s'imposait, puis après avoir joué avec un Cali particulièrement de mauvais humeur, elle avait tourné en rond, comme une lionne en cage, étouffée par la moiteur de la pièce pourtant plongée dans un noir quasiment total. Elle avait accueilli la tombée de la nuit avec délice et c'était éclipsé tôt après le repas pour pouvoir profiter de la nature, des étoiles, de la sensation de l'herbe à la fois douce et piquante sous elle, des bruits des animaux nocturnes qui s'éveillaient. Cali, assis son derrière près de la tête de son humaine, grignotait avec gourmandise des graines de tournesol, chapardés dans la cuisine sous le nez de la mère de Fae - ce dont il n'était pas peu fier.

Le regard perdu dans le ciel qui s'assombrissait un peu plus à mesure que le temps s'écoulait, Fae se souvint avec nostalgie à son enfance, si heureuse, qu'elle avait passé ici même. Petite, elle adorait observer avec les jumelles de son père - cet étrange objet moldu qui permettait de voir les choses lointaines beaucoup mieux - les animaux de la forêt se promener autour de leur maison. Les soirs d'été, elle s'allongeait à cette endroit précis, sous ce chêne centenaire au centre de la clairière où trônait la petite maison cossue de la famille, pour ressasser avec bonheur les découvertes de sa journée. Fae soupira doucement, consciente de la chance extraordinaire qu'elle avait eu d'être élevée ici, par des parents aimants et attentionnés. Bien qu'introvertie, elle ne s'était jamais sentie seule dans sa famille. Sa mère, une petite femme replète au cheveux gris souris maintenant, était une femme formidable, d'une douceur et d'une patience incroyable. Fae savait que sa mère savait se révéler autoritaire, presque effrayante, à son travail et elle pensait à sa mère avec une grande fierté d'être la fille d'une femme aussi étonnante. Féministe dès son plus jeune âge,Fae prenait en exemple sa mère. Son père, pour autant, avait toujours été un homme formidable avec elle. Bien que ce dernier soit moldu et que nombreux sont les sorciers qui se sentaient supérieurs à eux, Fae avait toujours trouvé son père très intéressant. Homme au foyer, jardinier hors pair et cuisinier accompli, c'était un homme qui n'avait que faire des stéréotypes de genre. Sa masculinité ne se sentait pas menacée par le fait que sa femme soit une sorcière, plus instruite que lui et ayant un travail important. Il tirait une grande fierté à gérer la maison familiale. Fae sourit malgré elle à la pensée de ses parents, ces deux êtres amoureux et fusionnels qui ne savaient pas vivre un jour loin l'un de l'autre. La jeune sorcière, bien que peu intéressée à l'heure actuelle par les rencontres amoureuses, nourrissait malgré elle le rêve de rencontrer un jour une personne avec qui vivre une pareille histoire d'amour.

Un hululement retentit dans la clairière, tirant de ses pensées une Fae somnolente. Elle tourna sa tête sur le côté droit dans l'espoir d'apercevoir ce magnifique oiseau de la nuit, sans succès. Quelle était passionnée par toutes les créatures qui peuplaient notre monde, c'était peu dire. Fae vivait pour elles. Toute sa vie, elle l'avait construite autour de cette affection qu'elle portait à tous les êtres pensants. Devenir vétéricomage était pour elle plus qu'une rêve : c'était son but ultime. Vivre pour soigner les animaux et créatures magiques, que rêver de mieux ? Et peut-être pourrait-elle en profiter pour essayer de faire changer les mentalités, trop étriquées, des humains. Elle qui les respectait, elle ne comprenait pas le traitement qu'on leur faisait subir. Les manger ? Quelle barbarie ! Les utiliser comme de banals objets ? Quelle aberration ! Les enfermer dans des cages ? Les soumettre à des lois arbitraires et injustes ? Hors de question ! Fae l'avait décidé très jeune : elle se battrait pour la liberté, l'amour et le respect de tous. Elle caressa d'une main rêveuse Cali qui se promenait le long de sa sorcière à la recherche d'une graine de tournesol manquante.

Elle se releva sur un coude et fouilla du regard la noirceur qui l'entourait à la recherche de son casque et de son baladeur. Ces deux objets moldus, cadeaux de son père, elle les adorait. Elle alluma la musique, un rock entraînant, et se rallongea sur le sol qui commençait à devenir humide par le changement de température. Bien qu'elle adorait Poudlard, elle se désolait que ses appareils électroniques moldus ne fonctionnaient pas dans l'enceinte de l'établissement. Maintenant était le temps d'en profiter. La rentrée scolaire approchait à grand pas. Fae était impatiente, enfin elle entrait en dernier année du cursus secondaire. Elle se rapprochait inéluctablement de son but, de son rêve. Elle s'était battue pour faire les études qu'elle souhaitait car Fae ne faisait pas partie de ces élèves naturellement doués à l'école. Au contraire, bien que studieuse, elle avait dû redoubler d'ardeur et d'effort pour obtenir les notes nécessaires pour entrer dans le cursus de zoologie magique à la fin de son premier cursus d'étude. Mais Fae était motivée, elle savait ce qu'elle voulait alors elle étudiait constamment, se donnant corps et âme pour réussir. Elle pensait avec appréhension et joie à la rentrée, en se laissant bercer par les riffs de guitare, les yeux perdus dans les étoiles.


La nuit était maintenant tombée et un noir d'encre entourait la jeune sorcière aux cheveux blancs. Elle s'en délectait. Elle se sentait dans son élément ici, à cet instant précis. Entourée par les ombres mouvantes des animaux sauvages de la forêt dans la douce fraîcheur d'une nuit d'été, enveloppée par la musique et l'amour de sa famille qu'elle apercevait à la fenêtre de la maison. Fae était d'ici et de nulle part. Un être étrange, rebelle, gentil. La tête pleine de rêves, d'opinions arrêtés, d'aventures et d'adorables créatures. Sans s'en rendre compte, elle glissa dans un sommeil profond. Ce soir, Fae dormirait à la belle étoile. Cali, râlant au début, pelotonné dans la poche centrale du long pull confortable et léger que son humaine portait, rejoignit quelques minutes plus tard Fae dans le pays des rêves.