« Il faudrait grandir un peu. » La voix de la femme résonne dans son esprit. Une enfant. Une enfant, des rêves pleins la tête et une ambition à toutes épreuves. C'est ce qu'était Maura pendant une bonne partie de sa vie. Une enfant, une femme qui n'arrive pas à quitter l'enfance pour le monde plus sombre des adultes. Certains diront qu'elle a grandit dans un cocon, qu'elle est née dans la bonne famille, une cuillère en argent dans la bouche. Elle ne les contredira pas, il y a une part de vrai dans ce qu'ils disent. Elle était cette enfant qui n'en fait qu'à sa tête, jamais de grosses conneries, jamais trop d'insolence, juste ce qu'il faut pour en faire une enfant sûre d'elle, de ce qu'elle veut. Elle a grandit entourée d'une famille aimante, une famille qui lui ont transmis son sens de la tolérance, son désire de faire ce qu'il y a de mieux pour les autres, de donner le meilleur d'elle même. Pourtant, cette accusation à peine masqué fait monter en elle un sentiment d'indignation qui ne demande qu'à exploser. Oui, elle a toujours agit comme elle le voulait, elle a toujours fait ce qu'elle avait envie, parfois sans y réfléchir bien longtemps. Mais elle a toujours sût faire preuve de sérieux, elle a toujours porté ses responsabilité, toujours été cette personne sur qui les gens pouvaient s'appuyer sans prendre le moindre risque. Oui, elle a eu des privilèges, elle a grandit dans ce monde magique, elle a baigné dans la magie depuis son plus jeune âge. Mais grandir dans une famille au sang pur a aussi ses inconvénients. Depuis toute petite elle a fréquenter ce milieu, fréquenté ses familles au nom reconnu, elle s'est liée à ses enfants sorciers. Encore innocente, peu préoccupé par ce qui deviendra central dans sa vie plus tard, elle ne se posait pas de question quant à la signification de leur nom, quant aux idées de leurs parents, de leurs familles. Elle l'a apprit en grandissant, elle a jonglé entre ses propres convictions et celles de ces personnes qui l'entourent depuis l'enfance, ces personnes qui rejettent en bloc tout ce en quoi elle croit.

« Tout est tellement facile pour toi. » Cette remarque lui fait serrer les dents. Du haut de ses vingts ans elle n'a peut-être pas vécu grand-chose, sa vie n'a peut-être rien de bien palpitant, rien de dramatique non plus, mais cette simple remarque lui laisse un goût amer d'injustice. Elle a le sang pur, une famille reconnue et oui, elle est fière de son nom, de son sang, de l'histoire de sa famille. Mais où est le mal ? Elle ne s'est jamais sentie supérieur à quelqu'un, n'a jamais pensé que sa famille devait lui apporter des privilèges, elle n'a pas été élevé dans ces idées là. Pourtant, on le lui balance tout de même au visage. Se dire pour l'égalité des sangs et avoir pour petit ami un McLeod n'est pas compatible. Prétendre défendre ces idées et compter parmi ses fréquentations des noms connus pour leurs idées sombres est hypocrite. On le lui a dit plus d'une fois. Et pourtant, elle refuse de remettre en cause tout ce qu'elle a connu pour ses convictions, elle n'y voit pas d'incompatibilité. L'amitié, l'amour se résument ils à des idéaux communs ? Ne peut-on pas aimé malgré des avis qui divergent ? Elle n'a jamais toléré ses idées discriminantes, elle est la première à lever le ton, à prendre cette voix autoritaire et teinté de colère qui tranche tant avec son caractère doux et chaleureux habituel, lorsque de telles idées viennent sur le tapis.

« Une fille d'apparence parfaite, au caractère bien hypocrite. » Elle ne répond pas à ces mots qui lui claque au visage, telle une véritable gifle. Parfaite elle ne l'a jamais été, elle n'a jamais prétendu l'être. Elle fait de son mieux. Elle porte l'insigne des préfets, elle se plonge pleinement dans les études pour obtenir les meilleurs résultats. Non pas pour avoir cette image parfaite, mais simplement parce qu'elle aime ce monde de magie et bien qu'elle ai grandit dedans, il lui reste tant à découvrir. Lorsqu'elle le peut, elle a toujours eu pour habitude d'explorer par elle même ce qui est à sa porté, mais prise par une soif de découverte, un besoin d'en apprendre toujours plus. Elle a toujours eu ce besoin d'aventure, ses rêves qui la pousse à tenter de découvrir toujours plus de choses, à dépasser ses peurs pour explorer de nouvelles possibilités. Mais lorsque cela est hors de sa porté, elle a toujours comblé ce besoin par l'apprentissage, dans les livres, dans ses cours, dans ce savoir que n'importe qui peut lui transmettre. Est-ce un mal ?



Octobre 1979 - Elle se souvient encore des hurlements, des flammes, des sorts, de ces jeunes qui s'écroulent sous les sorts de ces hommes masqués, devant la vue de ce massacre. Elle se souvient avoir attraper sa baguette ce soir là, avoir figé, sans pouvoir reprendre sa course, le regard posé sur une enfant, probablement une première année. Un hurlement déchirant s'échappait de ses lèvres, alors que la douleur déformait ses traits, animait chacun de ses gestes. Elle se souvient avoir figé un instant et sans le réaliser, sans même y réfléchir, s'être attaqué à la personne responsable de cette souffrance qu'elle ne pouvait plus supporter. Même si cette souffrance elle n'avait pas à la supporter physiquement, la simple vue de cette enfant la déchirait. Son cœur battant bien trop vite, bien trop fort, elle n'a pas prit le temps de réfléchir davantage à elle, aux conséquences de ses actes, comme guidée par quelque chose de plus fort qu'elle. Elle n'a pas fuit devant l'horreur, elle n'a pas essayé de trouver refuge comme l'ont fait beaucoup de ces élèves qu'elle a fréquenté.

« Maura, tu as bien comprit ce que je te dis ? » Oui. Elle doit rester en retrait, elle doit leur donner des informations. Aucune mission dangereuse ne lui sera donné. Pas encore. Pas tant qu'elle fréquente encore les bancs de l'école. Mais pourtant, elle sait que Poudlard n'est plus cet endroit sûr dont tout le monde parle. Les choses se dégradent au fil des mois et même si la sécurité s'est renforcée, elle sait qu'elle devra peut-être encore faire face à ces attaques. Bélize n'était que le commencement. Le commencement d'une guerre qui la dépasse et dans laquelle elle est pourtant prête à se jeter corps et arme. La violence n'a jamais fait partie de sa vie. Elle l'a toujours fuie, préférant les méthodes plus pacifiste, préférant les mots, la discussion, les explications. Mais cette femme qui sort tout juste de l'enfance n'a jamais été confronté à la guerre, au massacre, avant cette soirée de Bélize. Elle qui n'a jamais eu à se poser toutes ces questions, qui n'a jamais eu à choisir entre deux options toutes aussi déchirante, se prend aujourd'hui la vérité au visage, telle un poing à la gueule, une lame dans le dos. Elle répond pourtant simplement. « Oui. J'ai comprit. Si vous avez besoin de moi … je veux me rendre utile. Mais j'ai comprit ce que vous attendez de moi. Je sais que j'ai beaucoup à apprendre avant.»   Elle le sait, elle n'a jamais fait partie de ces jeunes qui ne réfléchissent pas, elle sait qu'elle ne peux pas se contenter d'agir contre tout ça, simplement parce qu'elle le désire. Elle sait que tant qu'elle n'aura pas toutes les cartes en mains, elle ne serait qu'un poids pour l'Ordre du Phénix. Elle attendra, de pouvoir se rendre utile, de pouvoir réellement faire sa part, faire la différence.

Elle leur fait confiance. Pour la plupart elle les fréquentes depuis des années, sans jamais avoir conscience du lien qui les unissait à ses parents. Elle savait que ses parents ne lui disaient pas tout, elle savait que des zones sombres de leur vie lui étaient cachées. Mais aujourd'hui, alors qu'elle rencontre tous ces membres de l'Ordre du Phénix dans un contexte plus formel, tout prend son sens. Elle leur fait confiance, comme elle leur a toujours fait confiance. Mais un jour, elle saura se rendre plus utile, un jour elle pourra elle aussi agir contre l'horreur, agir contre ces choses qu'elle perçoit plus clairement aujourd'hui et qui arrive à la mettre hors d'elle, à la révolter.



La sorcière ramène ses jambes devant elle, enserrant celles-ci de ses bras, avant de poser le front sur le dessus de ses genoux. Elle ferme les paupières, tentant de chasser ses son de son esprit. Ces hurlement déchirant. Ces plainte. Elle tente de s'imaginer ailleurs. Loin de cette cellule glaciale, neutre, angoissante, loin cette angoisse constance qui lui tords l'estomac, qui lui noue la gorge, lui brûle les yeux. Elle s'imagine loin de cette peur glaçante, de cette peur qui la transperce sans répit. Un nouveau cri lui fait relever la tête, la ramenant brutalement à cette réalité qu'elle ne supporte plus. Elle lâche une de ses mains, pour venir la poser sur Charlie, tremblante. Elle a peur. Peur de le voir exploser en cette poussière bleutée à nouveau, peur de voir le lien s'étirer jusqu'à ce qu'il rompe, peur de sentir à nouveau cette sensation d'être déchirée de l'intérieur, cette sensation de se faire arracher encore et toujours une part d'elle même. Cette souffrance, physique, morale, elle ne sait plus comment l'encaisser, elle ne sait plus comment y faire face. Elle qui n'a jamais eu à subir les épreuves cruelles de la vie jusqu'à ces quatre dernières années, elle qui a toujours voulut aider les personnes qui en avaient besoin, elle qui était toujours prête à tendre la main, qu'importe la personnes qui en avait besoin, elle qui a toujours défendu la tolérance, les méthodes douces. Elle se sent comme brisée, toujours un peu plus, avec les jours qui s'écoulent, sans qu'elle ne les voit passé. Elle n'a plus la notion du temps, elle ignore depuis combien de temps elle est enfermée, étudiée, torturée, privée des libertés les plus élémentaires.

Son regard se pose sur ses colocataires de cellules et un sourire chaleureux étire ses lèvres, alors qu'elle essuie d'une main une larme prête à rouler. Elle a essayé. Elle a tentée si fort de garder son optimisme, de rester forte, d'apporter un semblant de lumière dans cette période bien trop sombre, mais les jours se sont écoulés et ils ont réussit à lui arracher cette joie de vivre qui l'a toujours habitée. Ils ont réussis à lui retirer son optimisme, ils ont réussis à lui arracher sa force, son mental. Elle aurait aimé garder son sourire, garder ses rires, garder un semblant de bons sentiments, d'apporter une touche de lumières à ces personnes qui l'accompagne dans cet enfer, mais peu  à peu tout ça lui a échappé, sans qu'elle ne réussisse à le rattraper. « Traître à son sang » Qu'ils disent. De simple mot, qui lui font bien plus mal qu'une gifle. On lui a reproché pendant des années d'être trop fière de son sang, de son nom de sa famille, on lui a reproché de défendre l'égalité des sang, mais d'être tombée amoureuse d'un McLeod, on lui a reproché de condamner la discrimination sans tourner le dos à ces personnes qui l'entourent depuis son enfance et qui ne partagent pas son avis. Et finalement, aujourd'hui, on lui reproche d'être trop tolérante, de faire sa part pour faire avancer les mentalités, de se battre pour offrir un monde sorcier plus paisible pour chacun. Elle a quitté Poudlard il y a un an et a décidé de se battre un peu plus pour ses conviction, dépensant tout son énergie dans l'Ordre du Phénix, tout en travaillant comme professeur pour de jeunes sorciers qui ne sont pas encore en âge de rejoindre Poudlard. Elle a vécue cette année pour ses convictions, pour ses rêves et aujourd'hui tout est balayé, tout s'est effondré, si rapidement. Les deux camps lui ont reprochés tant de fois ses positions, ses sentiments, et finalement, aujourd'hui elle perd peu à peu, dangereusement, cette joie de vivre, simplement parce qu'elle a été trop humaine à leur goût.



Assise sur un mure de la place centrale, la Potter observe les gens qui s'activent autour d'elle, organisant le village avec les moyens du bord, avec une profonde envie d’émancipation, de liberté, de justice, avec une incroyable solidarité. Sa liberté elle l'a retrouvée il y a plusieurs mois maintenant et même si elle ne parvient pas complètement à revenir à la vie, à achever ce retour au monde, elle tente d'aider comme elle le peu, au village. Elle voit encore les morts qui jonchait le sol de la place, les hurlements qui brisait le calme de la nuit, les sorts qui fusait dans un bordel assourdissant, alors qu'elle restait en arrière, aidant les blesser, incapable de se battre elle même. Cette nuit du 17 février hante ses nuits, ses pensées. Elle n'a jamais été égoïste, pourtant, elle serait probablement resté au manoir si elle avait su ce qui l'attendait. Elle n'avait pas la force pour se battre, elle n'avait pas les reflex pour se défendre, elle n'avait pas le mental pour supporter une nuit comme celle-ci. Elle aurait du rester en arrière, rester au manoir. Mais elle a aidé cette nuit là, elle a aidé à guérir les plaies qui étaient à sa porté, elle a assisté les plus doués en médecine.

Une main passe sur son épaule. Elle se fige. Un frisson d'horreur la traverse, son coeur s'accélère et elle se fait violence pour ne pas reculer, pour ne pas sursauter, repousser ce contact furtif. Une expression neutre au visage, elle plante son regard dans celui de ce villageois qui ne fait que lui poser une question. Un soupire à peine perceptible effleure ses lèvres. Elle le sait, cette dernière année l'a changée. Cette fille au sourire constant, ce rayon de soleil toujours positif, chaleureux, s'est effacé. Elle reste optimiste, elle tente toujours de peindre un sourire sur ses lèvres, mais elle garde malgré elle cette distance. Elle qui était toujours spontanées, tactile, rejette les contact, elle se méfie, elle se glace au moindre contact spontané, à la moindre présence surprise ou inconnue. Autrefois débordante d'énergie, aujourd'hui elle tente de se reconstruire, elle tente de retrouver cette dynamique qui s'est évaporée peu à peu lors de son emprisonnement dans le complexe des disciples.