1er septembre 1973.
Cher papa, chère maman, cher village,
Quand je suis entrée dans le mur, j'ai atterri sur un quai de gare très bruyant et très occupé. Les gens marchaient très vite. Je me suis fait emporté par le courant de la foule, et j'ai fini dans un wagon sans vraiment comprendre comment, ma valise toujours accrochée à la main. J'ai rencontré d'autres élèves, ils connaissent tous le fonctionnement de l'école. Ca m'a intimidé et je ne crois pas que je m'en sois fait des amis. Comme ils parlaient entre eux, j'ai regardé par la fenêtre les paysages que l'on a traversé. Je crois que j'ai vu la maison, à un moment. Les champs étaient plus verts et mon coeur s'est mis à battre plus vite.
J'ai fini par m'endormir, le trajet était long alors que le train allait très vite, plus vite qu'aucun train que j'ai vu passer depuis le village. On est arrivé le soir et on a du traverser un lac sur un petit bateau. L'école est un château, c'est très impressionnant. Mais le plus impressionnant était à venir.
Les élèves sont divises en quatre "maisons". Il y a un chapeau magique qui parle, il a chanté une chanson mais je n'ai pas vraiment compris, et après il nous a réparti, tous les nouveaux. Un par un, devant tout le monde, on devait monter sur une estrade et s'assoir sur un tabouret, et la directrice adjointe nous mettait le chapeau sur la tête, et il criait très fort le nom de la maison dans laquelle on devait aller. Des fois il parlait à l'élève avant, moi il a un peu réfléchi mais il ne m'a pas dit pourquoi. Je suis à Poufsouffle, mon écusson est jaune et noir, et les gens y ont l'air gentils, plus gentils que ceux qui sont à Serpentard. Il y a aussi Serdaigle et Gryffondor.
Du coup, je suis dans un dortoir avec les autres Poufsouffles. Il parait que les Salles Communes sont toutes différentes, j'aime bien la mienne parce qu'elle ressemble un petit peu à la maison, il y a des fauteuils et des cheminées et des plantes. Je partage une chambre avec trois autres filles. J'ai réussi à avoir un des lits du bas et ça fait comme chez Saoirse.
Je vais essayer de dormir, les cours commencent à 9 heures demain matin.
Je vous aime.
Sian

31 octobre 1973.
Cher papa, chère maman, cher village,
Joyeux Halloween!
J'aimerais bien savoir comment les appareils photos fonctionnent ici, parce que la décoration du château est vraiment trop jolie, je suis sure que ça vous plairait! Ce soir, il y a un banquet festif pour l'occasion, je vais gouter la nourriture sorcière d'Halloween.
La chasse aux bonbons me manque, et il n'y a pas de déguisements, ici.
Par contre, il y a des fantômes! Pleins de vrais fantômes! J'ai rencontré une dame qui m'a raconté sa mort par dragon. J'aimerais bien voir un dragon, un jour. Ils sont au programme du cours de Soin aux Créatures Magiques, dans quelques années, mais nous n'en verrons pas de vrai, c'est trop dangereux pour en amener un à Poudlard.
J'espère que les hiboux trouvent le village... Je ne suis pas encore très à l'aise avec le système de courier magique. Je crains que mes lettres ne se perdent.
Je rentrerai pour Noël, et vous me direz si vous les avez reçues.
Je vous embrasse! Profitez bien de la journée, et surtout de la nuit.
Sian

10 décembre 1973.
Chère Saoirse,
J'ai enfin trouvé ton cadeau! J'espère qu'il te plaira. C'est juste une petite chose, mais comme je n'ai pas d'argent magique, ça a été un peu compliqué. Je vais essayer de récupérer quelques bonbons aussi, je suis sure que les Chocogrenouilles te plairont.
J'ai hate de te voir, tu me manques terriblement!
Bisous,
Sian

20 janvier 1974.
Cher papa, chère maman, cher village,
Vous me manquez terriblement, et cela fait à peine deux semaines que je suis revenue ici.
Je n'ai pas reçu de réponse à mes trois dernières lettres, mais je ne désespère pas de trouver un oiseau qui ne soit pas récalcitrant à me porter vos mots. Aujourd'hui, je crois porter mon dévolu sur la petite chouette blanc neige qui me fixe quand j'écris. Elle est petite, donc ma lettre sera courte pour ne pas la fatiguer. Elle est douce et se laisse caresser. Elle aime les graines, donnez lui à manger en lui tendant votre courrier.
Les cours ont repris à belle allure, et certains de mes camarades pensent déjà aux examens de fin d'année. Moi, si j'aime bien certains cours, je veux surtout être de nouveau en vacances, auprès de vous.
Je vous embrasse.
Sian

5 mai 1974.
Chère Saoirse,
Tu pourras venir avec mes parents me récupérer à King's Cross? Je vais devoir apporter des ouvrages pour mes devoirs de vacance, et ils sont... visiblement magiques, j'ai peur qu'ils s'énervent.
Je te dois la lune.
Bisous,
Sian

2 février 1976.
Maman,
Je sais que nous nous étions mis d'accord pour que je ne revienne qu'aux vacances d'été cette année, mais la maison me manque trop. J'aimerais venir au moins une semaine pendant les vacances d'hiver, s'il te plait. Je n'aurai aucuns devoirs à faire, puisque je les ferais sur mon autre semaine, je ne prendrai même pas ma baguette. Je voudrais prendre des photos du village, je pourrai les accrocher dans mon dortoir à mon retour.
A bientôt j'espère,
Je t'embrasse,
Sian

5 janvier 1979.
Cher papa, chère maman,
J'ai compris d'où venait le chat qui me suit depuis Noël.
Il s'agit bien d'une émanation magique, d'une conséquence encore de mon appartenance à ce monde sorcier.
Je suis désolée.
Sian

13 février 1979.
Chère Saoirse,
Le Chat s'est transformé en araignée ce matin. Il a beaucoup plus d'humour que le félin, mais il terrifie mes camarades de dortoirs. Moi, il me chatouille.
Au moins, sous cette forme, mon Patronus n'indisposera pas le village, puisqu'il peut aisément se cacher.
J'espère que tu vas bien.
Je t'embrasse,
Sian

4 avril 1979.
Chère Saoirse,
Je vois enfin arriver la fin de cet exil forcé.
Avec maman, on a décidé que je ne rentrerais pas aux prochaines vacances. Je vais travailler pour être sure de valider le diplôme et ne plus avoir d'obligation légale à rester dans le monde sorcier. En juillet, quand tu me retrouveras, je pourrai enfin réintégrer la société moldue, et vivre parmi vous comme je l'ai toujours voulu! J'ai tellement hate, si tu savais. Si les premières années, ma solitude était éclairée de moments d'éblouissements face aux trésors du monde magique, désormais c'est aussi banal que l'est pour toi le village. Et si j'ai quelques amis, je ne me vois véritablement pas entreprendre une existence dans ce monde-ci. Ce n'est pas le mien. Je veux la simplicité des landes galloises, le paysage vert, le ciel gris, les journées rythmées par les besoins du bétails et de la terre.
J'ai confiance en mes capacités en Sortilèges, ainsi qu'en Soins aux Créatures Magiques, et en Astronomie. (J'ai appris pleins de choses sur les étoiles, j'ai tant à te raconter.) La Métamorphose, ça devrait aller aussi. Mais en Potions, je suis décidément nulle (comme en cuisine), en Botanique, en Histoire, il faut que je me rattrape ou je vais échouer et devoir refaire une année dans cette école, loin de la maison.
Je retourne au travail, j'angoisse à force de lister toutes les matières où je suis défaillante.
Bisous,
Sian

2 juillet 1979.
Cher Ash,
Après une nuit à Londres, me voila enfin en chemin pour la maison! J'ai tellement hate de retrouver les plaines verdoyantes, les maisons grises, les fermes innombrables, la chaleur de ce foyer à taille humaine. Je promets de te raconter tout ce que je vivrais ici.
Saoirse n'a pas pu venir à la gare, maman n'a pas voulu m'expliquer pourquoi exactement, mais j'ai également hate de la revoir. J'espère vraiment que mon cadeau lui plaira.
Tu me manques.
Sian

3 juillet 1979.
Pourquoi ne m'as-tu pas prévenu que vous aviez déménagé, Saoirse?

8 décembre 1979.
Ash,
Je croyais qu'une vie m'attendait ici, une vie que j'ai rêvé pendant sept ans, une vie à laquelle je me suis accrochée quand j'avais envie de tout abandonné. Mais malgré tous mes efforts, je ne suis plus ici chez moi. La communauté ne m'accepte plus parmi les siens, on me regarde partout comme un élément perturbateur alors même que je me fonds dans le décor. J'ai l'impression de ne plus comprendre le fonctionnement de mon propre foyer, mais je ne parviens pas à mettre le doigt sur le décalage qui existe entre eux et moi.
Je ne peux pas passer un Noël ici.
Tu sais à quel point le souvenir des mes Noëls est saint dans mon coeur.
Je n'ai plus qu'à oublier l'illusion dans laquelle je me suis bercée si longtemps.
Bisous,
Lethe

15 décembre 1979.
Ash,
J'ai annoncé mon départ à maman, elle n'a même pas cillé. Niamh a dit que c'était pour le mieux, dans mon propre intérêt, avant de reporter son attention sur le bébé de la brebis qui a mis bas avant-hier grace à mes soins.
Je ne peux pas revenir à Pré-au-Lard, cependant. Je ne me suis jamais senti chez moi dans ce monde où tu m'as pourtant accueilli à bras ouverts.
Je ne sais pas ce que je vais faire. Je ne peux pas rester mais je n'ai nulle part où aller.
J'espère que tu vas bien, et que tu ne te lasses pas de recevoir mes missives incessantes. Tu es davantage qu'un ami, tu deviens un véritable journal intime.
Je t'embrasse.
Lethe

3 mars 1980.
Ash,
Certains paysages français ressembleraient presque à mes plaines galloises. Mais à force d'errer à travers les champs, de passer de village moldu en hameau magique, de découvrir les multitudes de façons de vivre, je n'ai presque plus le coeur qui chavire dès qu'une image me rappelle ma maison natale.
Je commence à m'habituer à cette vie. Je crois.
Je n'ai pas de foyer, pas d'attaches, pas de repères. Je suis libre de me laisser aller au moindre de mes caprices. J'ai le loisir de me laisser porter par les rencontres que je fais. Hier, j'ai suivi un chat sauvage pendant si longtemps que le soleil avait commencé à se coucher lorsque j'ai relevé les yeux. Personne ne me demande d'être quelqu'un en particulier, et je peux changer d'identité tous les jours.
Tu me manques. Comment se passent tes journées au salon de thé?
Bisous.
Lethe

5 novembre 1982.
Cher Ash,
J'ai appris pour l'élection de Rosier. Je ne sais qu'en penser, n'ayant pas suivi de très près la politique anglaise ces derniers-temps. Je dois t'avouer qu'au sortir d'un mois de retraite en pleine forêt tibétaine, c'est une nouvelle qui me rend perplexe. Tu m'as parlé de cette Peste comme d'une chose véritablement terrifiante, et je comprends donc en partie sa position quant aux Patronus, mais il me semble que la communauté magique anglaise a omis... tout le reste de son programme?
Je pense passer en Irlande bientôt, je passerais te voir à l'occasion.
A très vite! Prends soin de toi et de Camomille.
L.

25 novembre 1982.
Ash,
Je n'avais pas réalisé que je suis désormais considérée comme une citoyenne illégale au Royaume-Uni. Je n'ai pas la fameuse marque, et on m'a refusé l'accès à un Portoloin officiel, sans pour autant me rembourser mon trajet, d'ailleurs. J'espère trouver un moyen de te voir bientôt malgré tout. Je n'ai pas encore décidé si je souhaite me soumettre à ce marquage étrange. Tout ceci me parait absurde.
L.

16 avril 1983.
Ash,
Les nouvelles qui me parviennent du Royaume-Uni sont de plus en plus alarmantes. J'espère que tu prends soin de toi.
Bises argentines,
L.

6 août 1983.
Pas de réponse à ma dernière lettre, je m'inquiète.
Tiens moi au courant au plus vite.
L.