Pour la première fois depuis la réception de sa lettre l'informant de son admission à l'école britannique des sorciers, la fillette aux joues rougies par le petit vent matinal sent un nœud épais et solide se former au creux de son estomac. La pression monte d'un cran et le voyage qui s'annonce ne l'inspire plus autant que les derniers temps, comme si elle ne réalisait que maintenant la longue séparation avec ses proches qui s'ensuivrait suite à son départ. Elle n'a pas l'habitude alors elle ne sait pas comment appréhender. Nager dans l'inconnu ne lui plaît pas, c'est très déstabilisant alors elle se jure d'apprendre sérieusement pour éviter le plus possible d'être confronter à ce genre de situation. Quand on est petits on a tendance à trouver des solutions faciles et évidentes, comme une simple formalité alors qu'en réalité une simple décision ne fait pas tout. On se fixe beaucoup d'idéaux, cela permet d'avancer et de s'insuffler le courage qu'il manque parfois. Mais en attendant de se retrouver de nouveau en salle de classe, pour le moment c'est le néant total. Bien sûr, on lui a déjà un peu parlé de ce qui l'attend mais pas des masses, à croire que le passage là-bas n'a pas laissé que des bons souvenirs. Nessa veut bien mettre de la bonne volonté et croire que tout va bien se passer mais elle éprouve de plus en plus de mal et on ne peut pas dire qu'on l'ait beaucoup aidé. Les facteurs de stress ne cessent de s'accumuler dans son cœur, en plus du silence et de la magie qu'elle va finalement apprendre à apprivoiser, il y a le fait de ne plus être aller à l'école depuis un sacré moment. Depuis l'apparition de ses pouvoirs pour être exact. Elle aimerait parler, arracher quelques mots à sa mère mais rien ne sort et elle ses yeux se tournent instinctivement vers la rainette jusque là silencieuse, sur son épaule. Son patronus. L'une de ses formes. Il la suit depuis ce fameux jour. Elle avait sept ans. Ses pouvoirs se sont manifestés assez tard et elle se souvient d'ailleurs d'avoir entendu une discussion pendant laquelle sa maman disait qu'elle avait espéré que ce jour n'arriverait jamais. Les raisons restent encore floues mais peu à peu, la fillette accroche ensemble les différents morceaux du puzzle. « Je passe devant. » Ce n'est pas une question, c'est une affirmation. Nessa n'est pas bête et a fini par comprendre que ce mur devant lequel elles se sont arrêtées est celui où il faut fermer les yeux et foncer. Elle comprend aussi que pour sa mère il est difficile de se lancer et que si ce n'est pas maintenant, ce sera plus difficile. Elle ne veut pas y aller mais elle sait déjà prendre sur elle, Nessa. Le passage du mur dans la gare est la chose dont on lui a le plus parlé alors ce n'est pour elle qu'une formalité. Les yeux fermés, elle traverse et en un rien de temps elle est de l'autre côté. L'atmosphère est tout de suite différente. Les bagages ne sont clairement pas les même que de l'autre côté. On voit entre autre de grandes cages pour chouettes et hiboux, des capes pour certains et des choses volaient en l'air. C'est assez nouveau parce qu'à la maison, on ne l'utilise énormément. Elles ont une vie simple pour des sorcières. C'est beau mais Nessa ne trouve pas la force de s'émerveiller. Elle a déjà lâcher la main de sa mère et c'est un bon début.

Sa mère a passé quelques minutes à scruter de tous les côtés comme si elle cherchait quelqu'un ou au contraire, l'évitait. Comportement incompréhensible pour la petite fille mais qui oublie ses questions au contact des bras de sa maman. Elle doit penser à des choses de son âge, dans quelle maison elle va aller entre autre. D'ailleurs, elle ne se souvient pas des quatre noms. On les lui a dit, au moins ? Quelqu'un annonce le départ prochain de la locomotive alors elle n'a pas le temps de poser une dernière question à sa mère. C'est plutôt le temps des embrassades. Un moment douloureux d'autant plus qu'il est court. Puis avec ses affaires, elle rejoint le premier wagon puis le premier compartiment venu. Le principal c'est d'être installer et en montant vers la fin, difficile de trouver un compartiment vide alors elle ne fait la difficile. De toute façon, ne connaissant personne elle n'a pas d'attente particulière. Le plus important c'est d'arriver à bon port se dit-elle. Ses mains restent longtemps près de la fenêtre, à un faire un signe à sa mère même quand la gare n'est plus visible, machinalement. Si cela paraît, aucun de ses aînés ne relève. Elle est visiblement avec des silencieux, ce qui ne la dérange qu'à moitié. A l'instar d'eux, elle se munie rapidement d'un livre et bouquine pour faire passer le temps. Elle ne se sent pas particulièrement bavarde non plus, elle qui aimerait plus se trouver dans la voiture de sa mère à ce moment-là plutôt que dans la locomotive. Elle a vu des familles et cela l'a marqué. Il y avait des mamans et des papas. Le sien n'y était pas. Normal, il est décédé dans en mer quand elle était toute petite. C'était un friand de la voile et autres activités en mer. Elle sait peu de choses à son sujet. Sa maman à dit aussi que c'était un moldu, c'est pourquoi elle avait espéré que Nessa en soit une aussi. Elle ne connaît pas non plus la famille du côté de son père. Apparemment, ils ne sont pas du coin ce qui rend les visites pas simples et puis ont cessé tout contact après le terrible accident. Il y a eu des familles nombreuses sur le quai mais la sienne se compose aujourd'hui de trois personnes si elle ne se compte pas. Sa grand-mère ne parle pas du côté de la sienne, de ses frères et sœurs, pourquoi déjà ? Sûrement une dispute, Nessa ne sait plus très bien. On lui a dit qu'ils n'aimaient pas grand-père. Pas son statut ou quelque chose comme cela. Elle, elle ne l'a pas connu son grand-père mais malgré tout elle l'aime. Il devait être quelqu'un de bien pour supporter quelqu'un comme sa grand-mère. C'est bien aussi d'être peu dans la famille, les liens sont plus forts. C'est pourquoi elle se sent triste à l'idée de les revoir dans longtemps. Quand elle compte sur ses doigts le temps qu'il lui reste avant de repartir, le gars d'à côté lui tend un paquet de chocogrenouilles. Il a sûrement eu pitié mais elle n'a pas pensé à cette éventualité, Nessa s'est contentée d'accepter et de se régaler. De là sont partis de brefs échanges de temps à autre avec son aîné qui en voulant la rassurer lui a apprit plusieurs choses.

En voulant descendre de la locomotive, la fillette manque de trébucher à cause de sa robe de sorcière un peu longue et c'est son camarade de compartiment qui se porte à son secours. Le seul qui lui a adressait la parole pendant le trajet. C'est un peu son sauveur. Son prince charmant. Elle veut le suivre mais les premières années doivent prendre un chemin différent et elle n'a pas d'autre choix que d'obtempérer. C'est nul un temps qu'on lui dit mais qu'après elle ne regrettera pas, sauf que voilà, dans une barque elle est pas rassurée. Le souvenir du décès de son père, de la manière dont il a périt pèse lourd et elle ne cessé de fixer l'autre bout du lac à partir de ce moment-là. Que cela lui semble long d'attendre que tous les premières années soient installés et bien pour qu'aucun ne tombe dans l'eau en cours de route. On aurait au moins pu lui demander son avis. Sa mère aurait au moins pu lui prévenir, elle qui sait à quel point elle a peur de tout ce qui se passe dans et sur l'eau. C'est fourbe. Pour une fois elle délaisse sa tristesse pour une petite colère. C'était bas de ne pas lui dire. D'après les réactions des autres, la vue est chouette mais de peur de tourner de l'oeil, Nessa ne tente pas des folies en levant les yeux. De toute façon, c'est peut-être beau mais cela ne sert à rien. Elle joue des pieds et des mains pour descendre rapidement, elle n'est pas capricieuse de nature mais en circonstance exceptionnelle, l'attitude l'est aussi. Qu'elle doit paraître peu commode aux yeux de ses camarades qui la voit mais tant pis, pour l'heure elle pense plus à sa future répartition qu'à ses camarades. Faut dire que même si elle n'est pas super heureuse d'avoir dû quitter sa famille, elle y est et ne plus reculer alors autant se prêter au jeu et puis dans la locomotive, le gars lui a donné envie de savoir. Elle est pas trop éloigné dans l'alphabet, c'est un bon point car elle n'aura pas trop à attendre. On lui a prit ses valises, elle est pas trop contente quand même mais peine à vraiment s'en soucier. Elle essaye de faire son pronostic de son côté et remarque à peine les grands tableaux disposés ici et là sur les murs du château. C'est à peine si elle lève les yeux devant le fantôme qui passe juste devant elle. Pour un peu, elle lui aurait foncer dedans. Elle se préfère ainsi, qui se prête au jeu. Elle se concentre sur les points positifs. Dès le lendemain, elle retombera dans le même état d'esprit qu'à son départ du quai alors elle profite de relativiser. Faut se le dire, c'est n'importe quoi le ballet de ses émotions aujourd'hui. Et c'est fatiguant, aussi. Elle sent le poids de la fatigue la gagnait tout doucement, sans doute le contre coup mais ce n'est pas le moment de dormir. Elle repousse cette fatigue, l'éloigne le plus possible et se concentre sur le chapeau parlant qu'on pose déjà sur la tête d'une fille. La première de la longue liste des premières années. Pour patienter, la fillette chante dans sa tête une petite comptine qui laisse le temps à trois enfants à peu près de passer. Ainsi, elle les voit s'écouler trois par trois jusqu'à ce que sont tour vienne. Se retrouver devant une foule d'élèves plus âgé est impressionnant et glorifiant à la fois, comme si elle fait passer le message que désormais elle existe également en tant que sorcière, du moins comme élève pour le devenir. La tournure de la journée est surprenante mais pas désagréable. Elle a envie d'entretenir ce sentiment le plus longtemps possible et Archibald, revenu à la forme de rainette après avoir choisi le mouton durant tout le trajet, semble partager ses pensées. Toutes. Il est ravi d'être la star, même pour quelques secondes. Le Choixpeau réfléchit, elle l'entend dans sa tête, il a l'air d'avoir un peu de mal à se décider et la petite affirme lui faire confiance pour faire le bon choix, c'est alors qu'il donne son verdict devant une foule d'élèves et professeurs en suspens.
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