Matin brumeux de juillet dans les Highlands, soleil à peine levé teintant le ciel de reflets orangés. C'est dans ces conditions qu'est né Isadora. Un moment paisible en Ecosse. Elle poussa son premier cri au sein d'une famille que beaucoup pouvaient lui envier. Les MacIntyre, puissant clan possédant un arbre généalogique à rallonge. Un point qui serait bientôt un fardeau et raison de multiples angoisses pour la nouvelle héritières.
Petite fille, elle ne désirait qu'attirer  l'attention de ses géniteurs,
les rendre fiers et recevoir leur amour. En grandissant l'idée finirait peu à peu par changer. Dotée d'un libre arbitre elle serait bientôt en mesure de juger que leur "slogan" n'était pas en accord avec ce qu'elle pensait réellement. Mais pour l'instant, la rouquine ne faisait que babiller à travers le manoir, chassait les papillons les bras en avant en riant pour tout et pour rien, ses petits pieds foulant l'herbe humide et verte. D'un esprit vif elle était aussi bien capable de passer des heures à écouter sa mère et sa grand-mère lui raconter des histoires sur leur famille; les récits mettaient en scène les personnes qui s'illustrèrent particulièrement et Isadora rêvait souvent de pouvoir réaliser des exploits plus tard, pour faire honneur au clan. Ô destin, comme tu peux être futile... Elle comprit que rien ne serait aussi simple le jour où elle se retrouva pour la première fois enfermée dans la chambre sombre. C'était ainsi qu'elle l'appelait. Il s'agissait d'une pièce très étroite, ni large ni haute et qui en grandissant, lui donnait bien peu de possibilités de mouvements. Son père commença à l'enfermer là pour la punir l'année de ses sept ans. Et ce souvenir si douloureux restera gravé dans sa mémoire, à tel point qu'il deviendra son épouvantard. Lorsqu'elle fit la connaissance de la chambre sombre, c'était parce qu'elle s'était retrouvée dans le bureau de son père sans permission. Il l'attrapa fermement par le bras et ne sachant pas ce qui l'attendait, elle se contenta de le suivre docilement. Lorsqu'il l'a poussa à l'intérieur et referma sèchement la porte, lorsque l'enfant sentit la pénombre l'envahir et qu'elle réalisa qu'il lui faudrait du temps pour s'adapter à l'obscurité régnante, elle se mit à paniquer, poussant un hurlement strident et se jetant à corps perdue contre la porte, espérant qu'on viendrait très vite la délivrer. Elle réclama de l'aide, braillant pendant un bon moment, reniflant, s'essuyant les yeux. Et Isadora finit par se calmer. C'est ce jour précis que l'image qu'elle avait de son père changea complètement. Elle ne se retrouvait plus en adoration devant lui, elle ne l'écoutait plus en buvant ses paroles. Désormais, et cela allait durer un bon moment, elle allait s'adresser à lui sans oser le regarder dans les yeux, elle se mettrait à trembler à chaque fois qu'il entrerait dans une pièce.

Lorsqu'on était enfin venu la libérer de la chambre sombre, elle ne savait combien de temps elle était resté là, elle avait finit se recroqueviller dans un coin de la pièce, attendant qu'on décide de son sort. Quand elle vit la porte s'ouvrir, elle fila entre les jambes de sa gouvernante et alla se réfugier sous ses draps et s'empara de sa poupée fétiche, ne la lâchant pas avant plusieurs jours. Sa mère finit par lui apporter à manger le soir, alors que sa fille était toujours cachée sous ses lourds draps, n'osant plus sortir de peur de retourner en punition. Elle accepta cependant de se relever pour engloutir le bouillon qu'on lui avait préparé. Elle lança un petit regard vers le visage neutre de sa mère et se risqua à dire, tout en reniflant:

- Il... Il a été méchant avec moi...

Elle voulait, bien entendu, parler de son père. Le visage maternel fronça légèrement les sourcils et sa mâchoire se crispa. Un moment gêné puis l'adulte déclara:

- Mais il en a le droit... C'est lui le chef de la famille et tu n'as pas écouté...

À cet instant précis l'écossaise réalisa qu'elle ne pouvait pas non plus compter sur le soutien de sa mère qui était entièrement dévouée à son époux.
Elle repoussa le bol de soupe et retourna se mettre en boule dans son lit. Fatiguée et lasse, elle ne se rendit pas compte du moment où elle bascula auprès du marchand de sable.

Elle retourna souvent sans la chambre sombre. En gagnant des années, elle avait l'impression que son père s'en servait pour tout et pour rien, comme s'il le faisait dès que sa fille l'énervait, tout simplement. D'un esprit vif, elle commença à apprendre certains points de l'histoire de la magie avant son entrée à Poudlard. Les leçons étaient supervisées par son paternel qui n'avait aucun scrupule à lui dire ce qu'il pensait ou encore à la faire apprendre pendant des heures.
Son entrée à l'école de sorcellerie fut salvatrice. Elle pouvait enfin se débarrasser du protocole qu'exigeait sa famille, respirer et tenter d'être celle qu'elle voulait réellement être. Mais l'effroi survint dès le premier jour, lors de la cérémonie de répartition.
Du haut de ses onze ans, elle s'approcha de l'estrade où trônait le choixpeau. Elle s'assit timidement sur un bout de tabouret, comme si elle souhaitait partir le plus vite possible. Elle redoutait ce moment, terriblement. Elle n'entendit pas ce que la chose baragouinait ça et là; elle ne se rendit compte que du résultat final qui tomba, irrévocable et tranchant. Elle ne fut pas envoyée dans la maison convoitée par sa famille. C'était le drame.

Son sang se glaça:

- Ce n'est pas possible...,  Dit-elle d'une voix faible.

Mais elle n'eut aucune réponse, l'objet enchanté avait déjà pris sa décision. Sa vision se brouilla un instant alors qu'elle quitta l'estrade tel un pantin. Son visage livide traduisait sa pensée alors qu'elle s'avançait vers la table de sa nouvelle maison qui applaudissait son arrivée.
La colère dont fit preuve ses parents le moment des retrouvailles de Noël fut une réelle épreuve. Et depuis encore, cette question tourne toujours dans sa tête : pourquoi n'est-elle pas allée à Serpentard ? L'atmosphère le soir de Noël fut tendue. La table était dressée dans des couleurs sombres, seuls quelques touches rappelaient les couleurs du clan. Trente personnes se trouvaient autour et quasiment tous les yeux étaient braqués sur le nouveau vilain petit canard de la famille. Entourée de deux de ses cousins,
ses derniers, désireux déjà de la discréditer pour un jour contrôler les MacIntyre à sa place, ne se privèrent pas pour mettre les pieds dans le plat, un sourire malveillant étirant leurs lèvres :

- Dis nous un peu ce que tu as foutu, la rouquine ! Faut qu'on te félicite, t'es la deuxième de la famille à te retrouver dans la mauvaise maison ! Ça doit être énormément gratifiant pour toi !!

Ils ricannaient et s'empifraient toujours plus. Isadora avait envie de vomir. Elle serra les poings à s'en faire blanchir les phalanges. Elle ferma les yeux un instant et tenta de calmer sa respiration. Mais ils continuèrent de plus belle :

- Franchement on aurait aimé connaître ton secret ! Mais tu peux peut-être le révéler à Sean, il fera son entrée l'année prochaine à Poudlard !!

Les pupilles de l'écossaise se dilatèrent alors qu'elle crevait d'envie se se venger. Tout les muscles de son être étaient crispés. Du haut de ses onze ans et sachant très bien qu'elle n'avait pas me droit d'utiliser la magie en dehors de l'école, elle ne voyait aucune autre possibilité de faire fermer son clapet à son cousin Hector... À part encaisser ses moqueries. Elle jeta un coup d'œil à l'autre bout de la table, vers son père et sa mère, cherchant un quelconque réconfort. Mais pourquoi espérait elle encore quelque chose ? Ils étaient concentrés sur leur assiette, agissant comme si de rien n'était.
L'occasion finit par arriver, comme salvatrice et répondant alors à son besoin. Le gâteau de Noël, une bûche magnifique et crémeuse à souhait fit son entrée et fut déposée avec cérémonie sur la table. Instinctivement, Isabora se leva et déclara qu'elle désirait faire le service:

- Après tout, tu ne seras bonne qu'à ça...

Là dernière déclaration humiliante d'Hector la rassura dans sa décision. Alors qu'elle s'appliquait à donner les assiettes avec le plus de grâce possible, en arrivant à la hauteur de son cousin, elle lui écrasa le gâteau sur le visage de toutes ses forces:

- Ne me dis plus jamais ça, siffla-t-elle entre ses dents.

Le garçon à ses côtés hurla. Mais il n'eut pas le temps de répliquer car déjà le père d'Isadora se retrouva à côté d'elle et lui lançait ce regard qui voulait tout dire. Cette fois la jeune fille ne voulait pas se laisser faire: elle planta ses ongles dans la main de son père qui laissa étouffer un hoquet de surprise et la lâcha. Elle lui fit face, levant enfin de nouveau les yeux vers lui. Les vagues de colère dont étaient victimes les deux sorciers se rencontrèrent et la Serdaigle s'élança à l'autre bout de la table pour échapper au courroux paternel:

- Je ne suis pas un objet dont tu peux disposer à ta guise ! Je n'irait pas là bas !

Les poings s'abattirent sur la table, puissants et fermes. Garder son calme n'était plus possible à présent. Le chef du clan attrapa sa baguette. Issy eut à peine le temps d'entendre son grand père maternel crier "cela suffit" qu'elle sombra dans un sommeil qui venait d'elle ne savait où.
Quand elle ouvrit les yeux, elle ne vit rien sauf l'obscurité. Sa respiration s'accéléra alors que ses pieds rencontrèrent très rapidement une paroie, produisant alors un bruit sourd. Le larmes chaudes de colère se déversaient sur ses joues et de sa gorge s'échappa un cri étouffé:

- Ne panique pas, petit chat.

Isadora plaqua ses paumes contre la porte alors qu'elle reconnaissait la voix de son grand père:

- Je suis là, continua l'homme.

Et elle se raccrocha à cette voix chaleureuse comme s'il s'agissait de son dernier recours. Elle avait enfin trouvé un allié dans cette famille de dégénérés. Lorsqu'elle fut libre de sa prison, elle allait directement se jeter dans les bras de son protecteur et pleura toutes les larmes de son corps. Il la laissa faire; quand elle leva vers lui ses deux yeux rougis par le chagrin il la regarda tendrement et finit par lui dire lentement:

- Tu vas bien m'écouter: c'est la dernière fois que je te vois pleurer. Tu es bien plus forte que ce que tu ne le penses, Isadora. Tu dois saisir cette force, rassembler ton courage et commencer à te faire respecter.

Ces paroles resteraient à jamais gravées dans la mémoire de la rousse. Elles sonnaient telle une promesse, celle d'un renouveau qui allait bientôt arriver. Elles étaient rassurantes et fortes, encourageantes et motivantes. Comme elle ne pouvait pas utiliser la magie en dehors de l'école, il allait lui apprendre à se défendre face à son cousin sans avoir besoin d'une baguette magique, mais en utilisant ses poings. Les entraînements dans les champs non loin du manoir furent rudes. Et lorsqu'elle n'était pas en train d'apprendre une prise quelconque Isadora revenait là pour s'isoler et méditer.

Cinq ans plus tard, elle eut enfin assez de technique pour porter un coup plus ou moins fatal à son cousin. La rencoeur était toujours à son comble mais au final quelque chose d'assez improbable se passa. Le souffle coupé, se tenant le ventre et à moitié sur les genoux suite au coup droit qu'elle venait de lui envoyer, Hector ne dit rien, ne cria pas et ne pleura pas. Du haut de ses 18 ans, il n'avait plus vraiment l'âge d'appeler sa mère pour régler ses problèmes. Et après une énième raillerie, sa cousine c'était enfin réveillée.
Quelques minutes, ayant repris ses esprits, il finit par se relever en titubant. Isadora avala sa salive avec difficulté, s'attendant déjà à des représailles. Mais à la place ce fut une toute autre réaction qui arriva: il lui posa une main sur l'épaule et la regarda droit dans les yeux:

- Tu t'es enfin révéillée, Isa ! Finalement t'as plus de cran que je le pensais ! Tu peux compter sur moi à présent...

Après ce jour, elle se sentit un peu plus à sa place au coeur du clan. D'ailleurs, les cousins se croisèrent très rapidement lors de l'apparition de leurs patronus respectifs. Ils étaient tous deux dans la maison et se retrouvèrent quelques minutes après l'apparition, étant tous les deux élèves à Poudlard.
Aujourd'hui elle sait qu'elle peut compter sur son cousin mais elle n'ose toujours pas se confier à lui. Hector a arrêté l'école après ses 18 ans, préférant se concentrer aux missions de la famille. Isadora, elle a choisit de continuer dans cet établissement qu'elle considère comme sa seconde famille, n'étant pas encore prête à s'en séparer et à en finir, n'étant pas encore prête à entrer totalement dans la fausse aux lions, d'être aux côtés de mangemorts... Sauf si elle arrive à se décider entre les idéaux de sa famille ou les siens. Elle n'arrive pas encore à se positionner, à savoir ce qu'elle veut réellement. Elle est partagée entre deux côtés et a l'impression d'être un gros cliché partagé entre le bien et le mal.
Mais après tout, peut-être que le fait d'enfin terminer ses études l'aidera aussi à comprendre qui elle est vraiment. Elle continue son bonhomme de chemin sans demander son reste à personne, attendant enfin d'avoir le cran de pouvoir faire des vagues, subissant la réputation de sa famille un peu plus chaque jour... Elle attend de recevoir son diplôme, salvateur et d'être enfin libre... Ou pas !