Cher Mr. Hamilton,

Sachez que de toutes les missives que j’ai pu recevoir ce mois-ci, votre lettre a été de loin celle que j’ai le plus apprécié. Je tenais à vous remercier pour vos compliments : je suis toujours étonnée de voir que de telles recherches, travaux de toute une vie (et plusieurs parfois), peuvent toucher tant de public différent. Je vous remercie aussi pour votre intérêt et d’avoir prit le temps de m’écrire. Savoir que des professeurs, des sorciers de tout âge prennent le temps (et du plaisir, si j’ose dire), à écumer nos années de recherches est toujours source d'un profond sentiment de satisfaction et de considération.

Mon ascension au sein du Ministère de la Magie n’a pas toujours été aisé. Être langue-de-plomb nous confère à des années de recherches, des années de silence, avant que le secret ne se lève et que nos recherches, nos résultats et nos brevets ne tombent dans le domaine public. Ce qui a été le plus enrichissant dans ce métier, vous l’aurez deviné, ce sont les nombreux voyages. Les rencontres. Les découvertes. Lorsque l’on oublie l’unité pour se fondre dans la multiplicité. Lorsque l’individu s’efface face à la communauté. J’ai découverts des peuples, des cultures, des langues différentes, des forces de magies dont trop peu de nos livres (et même à Poudlard) s’osent à parler. Ce sont des rencontres, des aventures, des déceptions, des émerveillements, une compilation de souvenirs inexplicables qui sont enrichissants. Notre société actuelle est terriblement hermétique sur certains points. Et les nouvelles générations sont ignorantes sur nos histoires, nos patrimoines, sur les origines de la magie… Et je trouve cela d’une tristesse infinie. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment nos institutions, notre académie magique n’attache pas plus d’importance à l’Histoire de notre communauté. Mais c’est un autre point, j’imagine…

Le plus poignant…. J’ai eu la chance (je pense), de pouvoir côtoyer une meute de loup-garou. Ce fut de loin l’une des expériences les plus compliqués que j’ai pu avoir de ma vie. Que ce soit en expérimentation, en adaptation, ou même pour me faire accepter. Vous savez, tout comme moi, que les loup-garous n’ont jamais été réellement acceptés dans notre communauté, aujourd’hui encore. Accepter un sorcier parmi eux – qui plus est une femme – a longtemps été difficile. Et je m’en souviendrais sans doute toute ma vie. Evidemment, cela ne s’est pas passé sans heurt. Leur système sociétal est très hiérarchisé et codifié. Réellement fascinant, mais ce ne fut pas sans peine.

Les leçons à tirer… J’imagine que cela sera terriblement ironique venant de ma part… Les esprits fermés seront toujours ceux qui échoueront, en mon sens. L’adversité est toujours une opportunité de changement. Et ce changement est inestimable pour perdurer.

Ma découverte préférée… Je me souviens d’une communauté nomade, minoritaire. Elle a certainement bousculé le plus grand nombre de mes croyances personnelles, qui m’a poussé le plus loin dans mes retranchements. Je n’ai jamais apporté un grand intérêt aux runes – à tord, croyez-moi. Cette communauté usait d’une forme de magie extrêmement volatile, sujette à tout un tas de changement. Les éléments la conduisent bien mieux encore que nos baguettes, et les runes les renforcent. Ils puisent leur magie dans le sang, par exemple, la chaire, l’eau, le feu, la terre. C’est fascinant. Extrêmement dangereux, mais puissant. J’ai pu apprendre à me détacher de ma baguette. Un travail épuisant, pour nous autres. Nous nous y sommes trop peu habitué, et je reste persuadée que nous n’avons pas tous les mêmes constitutions, les mêmes prédispositions pour nous unir à une forme ou une autre forme de magie. Et la blanche, ne devrait pas être la seule que nous devrions enseigner. Certaines personnes n’y sont pas doués, probablement parce qu’ils n’ont pas les bonnes prédispositions par rapport à d’autres formes de magie.

N’hésitez pas, si vous avez d’autres interrogations ou suggestions.

Je vous salue pour votre passion pour la magie et votre poste honorable à Poudlard. Sachez que vous avez mon fils comme étudiant, j’espère qu’il se montre à la hauteur de votre passion. J’ai toujours été curieuse des professeurs, de ce genre de matière, qui sortent d’études. Qu’avez-vous fait pour entreprendre ensuite un tel poste ? N’avez-vous pas la sensation que la pratique vous aurez rendu plus crédible ? Et votre âge, si je puis me permettre ? Ne vous attire-t-il pas des malaises face à vos étudiants, ou vos collègues ?