BELLUM PATRONUM


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A million on your soul
O. Jill Peverell
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O. Jill Peverell
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par O. Jill Peverell, Dim 11 Fév - 17:55 (#)
A million on your soul
Greer & Jill

✻✻✻ Il était tard, très tard lorsque le hululement perçant du hibou résonna dans l’antique demeure de la famille Peverell. Probablement s’était-il introduit par l’une des cheminées qui ne fonctionnaient pas. Le Manoir étant bien trop grand pour si peu d’habitants et, certaines pièces n’étaient pas utilisées. Comment ce hiboux s’était-il introduit fut la première question qui traversa l’esprit du patronus à moitié assoupi. Son ouïe bien plus fine que les humains lui permit d’avertir sa sorcière. Jill Pevrell accueillit la nouvelle dans un grognement indistinct. Sereine dans l’eau brûlante de sa baignoire la jeune femme n’aspirait à aucune distraction. Pire, voilà qui troublait sa quiétude. « On s’en fiche ça peut attendre. » grommela t-elle d’un ton mou. « Il faudra bien que tu sortes. » soupira Falco qui certes appréciait le moment de pure détente, mais aspirait surtout à se dégourdir les ailes. « Encore cinq minutes » se remit-elle à négocier, comme aux deux précédentes tentatives de sortie de son patronus. Elle avait tant envie de rester dans sa pataugeoire que le volatile ne l’intéressait pas le moins du monde, pas plus que les nouvelles qu’il apportait. Ces moments si rares lui manquaient et un peu plus de relaxation ne pouvait pas lui faire plus de mal. Ce n’est que lorsque sa tête se mit à tanguer sous les vapeurs brûlantes qu’elle se décida à sortir. Le hibou lui était franchement sortit de la tête aussi esquissa t-elle une moue de surprise lorsqu’elle aperçut la lettre délicatement posée sur un plateau d’argent sur le secrétaire du salon. Vêtue d’un simple pyjama de satin noir la sorcière déposa la 21ème édition du Guide du Guérisseur pour se saisir de l’enveloppe. « Alors, de quoi ça parle ? » demanda l’épervier odieusement installé sur un coussin tout confort. Jill haussa les épaules. Aucun signe distinctif ne rendait l’enveloppe plus particulière qu’une autre. Aucun sceau ajouta t-elle mentalement, telle une bonne nouvelle. Maintenant qu'elle tenait le papier finement plié entre ses doigts délicats, la curiosité lui grignotait le cerveau. Qui ? Elle n'eut pas besoin de lire à voix haute, le patronus comprit à l’instant où elle sentit son cœur se serrer, suivi d’une seconde de panique pure. Elle se figea, incapable de produire autre chose qu’une réflexion intense, pesant les pour et les contres, tentant pour le mieux de couvrir toutes les possibilités. Après de longues secondes, Jill prit sa décision. Falco s’envola d’un battement d’ailes de sa moelleuse position et la sorcière courut presque se saisir d’une lourde cape de voyage. « Je croyais que tu voulais attendre qu’elle fasse le premier pas. » grinça des dents le patronus, moins rancunier que la jeune femme donc surprit qu’elle passe l’éponge sur leur dernière rencontre. « C’est précisément ce qu’elle vient de faire. » répliqua Jill en claquant la porte, vissant un sombre bonnet de laine sur sa tête. En réalité, Octavia Peverell était mortellement remontée contre Eithe Cavendish et pour une fois, entièrement à raison.

Elle, qui s'était inquiétée si fort pour son amie qu'elle l'avait cherché à travers un Londres miné de fourbes fouines.
Elle, qui s'était inquiétée si fort qu'elle l'avait confrontée.
Elle, qui s'était inquiétée si fort qu'elle avait rangé son orgueil et proposé son aide.
Elle, qui avait courbé l'échine devant la violence et opté pour la négociation.
Et à quoi bon je vous le demande ?

Pour la remercier de son aide, Greer l'avait lâchement attaquée. Comme ça. Comme si elle n'était qu'un nuisible de plus. Comme si elle ne s'était pas elle-même mise en danger en volant au secours de la grande brune. Comme si elle, Jill, n'était rien. « Si la situation avait été inversée, tu auras sûrement fait pareil. » grommela Falco qui en avait raz les oreilles d'entendre sa sorcière se complaindre du comportement de sa plus terrible amie. « On s'en fout de ta situation inversée ! Là c'était pas le cas et je voulais sincèrement l'aider. La prochaine fois, elle ira se faire se faire foutre. » Le patronus n'objecta pas, parfaitement conscient qu'à nouveau, sa sorcière déboulait pour épauler Greer. Same old song. La sorcière, qui s'en rendait compte aussit, opta pour se taire. Elle savait pourquoi elle se rendait chez Greer malgré le fait qu'elle ne lui ait pas adressé la parole depuis plusieurs semaines. Pas le moindre mot. Greer était repassée en mode sous-marin, pour le plus grand plaisir de la Gryffondor qui n'avait guère le temps de la confronter.

La chute du gouvernement Rosier, la naissance du Triumvirat, faire cohabiter les ennemis d’hier et de demain n’était pas la plus simple des tâches. De plus, Jill avait la désagréable impression qu’on faisait regarder les Aurors ailleurs. Certes, ils avaient été dépêchés pour arrêter et ramener au Ministère les accusés de trahison et autres motifs. Certes, les procès avaient eu lieu. Mais quelque chose qu’elle ne saisissait pas lui dictait de rester sur ses gardes. Le terrible goût de l’inachevé lui emplissait l’arrière gorge sans qu’elle ne puisse s’en débarrasser. Pourquoi ? Elle n’en avait pas la moindre idée et plus le temps passait, plus cette impression prenait des allures de prison dont elle seule était le geôlier.

Ce n’est que lorsqu’elle arriva devant la porte de son amie à Londres qu’elle se mit à réellement hésiter. « On n'est pas sortis pour rebrousser chemin ! » grogna la patronus en faisant claquer son bec contre la porte. Comme ça pas d'hésitation de dernière minute - voire de dernière seconde - de jérémiades ou autres questionnements ridicule ; ils n'avaient plus qu'à entrer. La jeune femme savait qu’à seulement voir le visage de Greer, la colère pointerait le bout de son nez. Elle l’avait insultée et quoi qu’elle en dise, Jill lui en tiendrait rigueur à vie. « Est-ce que je peux rentrer où tu vas m’assommer comme une moins que rien ? » siffla t-elle de l’autre côté de la porte, glaciale. La sorcière n’avait pas la moindre envie d’endiguer le feu qui se propageait dans son être et pourtant, elle luttait ardemment pour le contenir. Car personne ne pouvait aider Greer à cet instant, mais personne d’autre ne pouvait mieux la comprendre que Jill. Car de ces dessins inaccomplissables ne jaillissait que le malheur, et ce malheur avait un nom aux goûts multiples. Parfois de cendres. Parfois de sucre. Un nom qui annonçait les prémices d’une nouvelle tragédie. Celui que Greer refusait d’entendre : Gaunt.

✻✻✻
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E. Greer Cavendish
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Message Re: A million on your soul
par E. Greer Cavendish, Mer 14 Fév - 16:19 (#)
Elle avait l'impression d'être Shadow. Elle avait l'impression, malgré leur lien rompu depuis peu qu'elle était dans sa peau, dans chacun de ses mouvements, les sens en alerte, à faire les cent pas dans son salon. Shadow, elle ne bougeait pas, se contentait de la regarder faire comme si les rôles étaient inversés. Que pensait-elle ? Greer n'en avait pas la moindre idée à présent. Quelques heures auparavant, Shadow avait littéralement réduit en pièce un oreiller qui se trouvait sur le canapé. Là, elle se tenait calme et impénétrable.

Résolue ?
Désespérée ?
Ou elle s'en fichait tout simplement ?

Greer connaissait trop Shadow et se connaissait trop pour savoir que c'était probablement un mélange de tout cela. Mais pour elle, c'était un torrent d'émotions qu'elle n'arrivait pas à calmer. Elle se contentait de faire les cent pas dans la pièce, se retenant de briser quelque chose.

Il avait osé partir.

C'était la seule pensée qui tournait dans sa tête. Alekseev était parti de la pire des manières. Elle avait mal Greer mais elle était incapable d'extérioriser son mal-être.

Comment était-ce seulement possible que lui, encore et toujours lui, lui fasse ressentir ?

Comment ?

Elle avait envie de s'arracher le cœur juste pour ne plus rien ressentir, juste pour ne pas sentir qu'elle était blessée. Elle avait envie de s'arracher les yeux pour ne plus ressasser sans cesse tout ce qui s'était passé quelques heures auparavant.

Elle avait envie de pleurer parce qu'elle avait mal au cœur.

Son regard se pose alors sur Shadow et elle plante son regard dans le sien, s'arrêtant alors de bouger complètement.

A quoi tu penses ? pensa-t-elle.

Comme si Shadow avait lu dans ses pensées, elle se mit à envoyer l'oreiller déchiré vers elle. Greer vit l'oreiller rouler mollement et arriver à ses pieds. Elle l'observe quelques instants avant de regarder de nouveau Shadow.

Elle sent son cœur se serrer alors qu'elle comprend ce qu'elle doit faire maintenant.
Elle a l'impression de tout revivre, de faire un bond dans le temps et de revenir à lorsqu'Alekseev Gaunt venait d'avoir la mémoire effacée.
Sauf que cette fois-ci, elle ne commettrait pas la même erreur.
Sauf que cette fois-ci, elle n'avait aucune envie d'être seule.

[***]


Elle ne savait pas si la colère, la rage, le désespoir étaient passés. Tout ce qu'elle savait en revanche était que le calme était revenu dans sa tête. Tout semblait reprendre sa place. Elle était de nouveau maître de ses émotions mais elle savait qu'elle ne faisait en réalité, que compartimenter.

C'était tellement simple de compartimenter et de mettre tout ça de côté.
C'était tellement plus simple pour réfléchir à ses prochains mouvements, ses prochaines actions.

Alors, profitant de ce moment d'accalmie, elle avait décidé d'écrire les lettres qu'elle devait écrire. Celle de Jill Peverell, pourtant, lui avait posé plus de problèmes. Elle n'avait pas adressé la parole à Jill depuis ce soir-là et Jill non plus, avec raisons. Greer n'avait pas remis les pieds dans le manoir des Peverell depuis qu'elle avait assommé Jill. Même après la mort de Rosier, elle avait simplement décidé que le silence était la meilleure des réponses, le temps, le meilleur de ses alliés.

Mais aujourd'hui, en cet instant très précis, malgré la fierté, malgré le fait qu'au final, Greer n'éprouvait aucun remord, elle avait définitivement besoin de sa meilleure amie.

Alors, il était temps de faire le premier pas, et Greer connaissait trop l'ancienne Gryffondor pour savoir qu'elle réagirait rapidement à sa lettre.

Elle n'avait en réalité pas envie de voir Jill tout de suite. Parce qu'elle était trop à vif, parce qu'elle avait encore des choses à régler et qu'elle savait que Jill serait remontée contre elle. Greer savait pourquoi elle avait fait ce qu'elle avait fait. Tout était logique, tout avait eu un sens.

Mieux valait toucher à l'intégrité physique de Jill qu'à son intégrité morale.
Mieux valait l'assommer que de l'impliquer.
Mieux valait se brouiller avec elle que de l'entraîner là-dedans.

Alors non, elle n'éprouvait aucun remord. Elle avait fait ce qu'elle avait à faire. Certes, Jill avait été là pour lui tendre la main. Certes, Jill avait été pleine de bonnes intentions, prenant sur elle.

Mais du point de vue de Greer Cavendish, c'était aussi son cas.

Pourtant, elle était prête à s'excuser auprès de Jill. Probablement parce qu'elle ne se sentait pas de se prendre tous les reproches du monde de la part de la Gryffondor, persuadée aussi que Jill ne la manquerait pas. Et si ça pouvait faire plaisir à Jill de l'assommer aussi, elle ne dirait rien.

Après tout, c'était de bonne guerre.

« Est-ce que je peux rentrer où tu vas m'assommer comme une moins que rien ? »

La voix traversait la porte mais aurait pu la geler si elle en avait eu l'occasion. La voix était pleine de reproche, la phrase était limpide et ne laissait aucunement place au doute.

Jill Peverell lui en voulait réellement.

Elle laissa échapper un soupire avant de défaire le verrou de sa porte et d'ouvrir celle-ci. Son regard tomba sur Jill et elle la détailla quelques instants pour s'assurer qu'elle allait bien avant de s'écarter et de la laisser rentrer :

« Tu devrais t'estimer heureuse de n'avoir été qu'assommée et ramenée chez toi. Althéa ne peut pas en dire autant. »

Elle savait qu'elle n'aurait pas dû dire ça mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. C'était la vérité après tout. Althéa Lestrange avait vécu bien pire.

Greer referme la porte et se positionne devant Jill avant de finalement déclarer après quelques secondes de silence :

« Je suis désolée, Jill. »

Ca ne lui écorchait pas la bouche de le dire contrairement à ce qu'elle pensait et ce fut à peine les mots prononcés qu'elle se rendit compte qu'elle était réellement désolée.

Désolée d'en être arrivée là.
Désolée d'avoir levé sa baguette en direction de Jill.
Désolée de beaucoup trop de choses.

« Sérieusement, Jill, je suis désolée. »

Et cette fois, elle sent sa voix trembler. Cette fois, elle ne tient plus : c'est dans les bras de sa meilleure amie qu'elle se réfugie parce qu'elle n'en peut plus Greer.

Parce qu'elle a définitivement besoin de sa meilleure amie.
O. Jill Peverell
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Message Re: A million on your soul
par O. Jill Peverell, Dim 18 Fév - 15:43 (#)
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Greer & Jill

✻✻✻ Forcément qu’elle était froide. Forcément qu’elle lui en voulait. Lorsque Greer ouvrit la porte, la voir dans cet état lui dit mal au cœur. Ou presque. « Tu devrais t'estimer heureuse de n'avoir été qu'assommée et ramenée chez toi. Althéa ne peut pas en dire autant. » Jill la fusilla du regard. Faisait-elle exprès de la provoquer ? Son inconscient poussait-il aussi loin la fourberie ? Quelle idiote. Elle eut envie de claquer de la porte sans se retourner. La laisser dans son pétrin. Dans sa douleur. Mais elle ne pouvait pas. Son cœur n’était pas assez fort et d’une manière ou d’une autre, elle savait qu’elle ne pouvait pas se sentir entière sans son amie. Elles avaient vécu trop de choses. Traversé trop d’épreuves. Et pour faire simple, Jill lui vouait un amour trop grand pour la laisser tomber, et ce malgré sa rancœur. Elle entra en silence et ses cils vacillèrent à l’évocation d’Althéa. « Tu veux vraiment que je m’en aille ? » Elle était sincère, même si elle savait qu’elle ne le pouvait pas. La peste était revenue et si Jill n’avait pas été là lors de la première incubation de Greer, elle ne pouvait pas se permettre de la laisser tomber à nouveau. Son amie était déjà assez acculée pour qu’elle lui refuse ce droit, envers et malgré tout. Octavia avait beau faire preuve d’une rancune tenace, elle n’en demeurait pas moins fidèle. « Tu sais parfaitement qu’Althéa va bien. » lança cruement le patronus. Oui, sa cousine allait bien. Après un passage obligé à Sainte Mangouste et la perte de sa mémoire. Pourquoi fallait-il que Greer s’attaque toujours à celle ci ? Se rendait-elle compte de ce qu’elle détruisait ? Son amie referma la porte et Jill se sentit un instant hypocrite. Elle n’avait jamais apprécié Althéa outre mesure. Une jeune fille discrète, bosseuse, qui portait comme tous ses cousins les sombres valeurs de la famille Lestrange. Pourquoi s’en inquiétait-elle alors qu’elle ne l’avait jamais fait ? Car au delà d’Althéa, Greer était allée trop loin et sa petite révolution ne plaisait nullement à son amie. Pire. Greer Cavendish marchait dangereusement sur le sentier de l’anarchisme.

L’anarchisme menait au chaos.
Le chaos à la destruction.
La destruction à la mort.

Et cela, la sorcière ne voulait plus y assister. Greer rompit le silence. « Je suis désolée, Jill. » La jeune femme eut un bruit de mépris. « Oh tu es désolée ? Vraiment ? » Son regard s’attarda sur Shadow, silencieuse. Falco ne parlait pas non plus, laissant les sorcières régler leurs comptes. « Désolée de quoi Greer ? D’avoir refusé mon aide ? De m’avoir menti ? Ou de m’avoir attaquée peut-être ? » Son ton était calme. Tranchant. Elle était déçue, blessée et gérait mal ce genre d’émotions. Elle lui en voulait terriblement et s’employait à lui faire savoir. Pourquoi avait-elle été mise sur la touche ? Greer lui avait répété qu’elle ne voulait pas l’impliquer mais à quoi bon ? A cette époque, tout se résumait en deux mots : subir ou agir. Elle avait fait son choix en âme et conscience. Elle s’était volontairement impliquée. « Sérieusement, Jill, je suis désolée. » La voix de Greer tremblait et, sans crier gare, la grande brune s’effondra dans ses bras. Inerte, Jill ouvrit des yeux ronds, les bras en l’air, incapable de bouger. Dans son esprit Falco soupira longuement. « Arrête de penser n’importe quoi, c’est pas une stratégie. Tu vois bien qu’elle a besoin de toi. » « C’est trop facile » grogna t-elle en se sentant céder. Sans l’étreindre, elle laissa Greer mijoter quelques secondes avant de la prendre par les épaules et l’éloigner d’elle pour mieux la regarder. « Je suis furieuse Greer. Vraiment. Tu ne refais plus JAMAIS ça. Jamais. » lui lança t-elle en prenant bien soin d’articuler pour une compréhension plus complète, fixant ses prunelles sombres avec insistance. La sorcière poussa un soupir irrité. « Allez, viens là. » conclua t-elle en l’accueillant avec douceur contre elle. « Attention, ça veut pas dire que je te pardonne. Loin de là tu m’entends ? » Certaines choses se devaient d’être dites et si elle laissait les sous entendus en suspend, c’est qu’elle connaissait assez Greer pour savoir que son amie savait pertinemment que la blonde allait lui retomber dessus un moment ou un autre. Jill avait la rancune tenace et tout le monde le savait parfaitement. Greer la première.

La sorcière lui caressa longuement les cheveux, appréciant toute la valeur de ce moment si rare. Falco avait trouvé sa place auprès de Shadow et dans ses yeux brillait une lueur inquiète. La maladie progressait et son carnaval de symptômes n’aurait de cesse jusqu’à la disparition totale de Shadow. Elles le savaient. L’exaltation relative à la soudaine guérison de ces malades de la peste était désormais si loin. Tout recommençait, avec quelle issue cette fois ? « Ça va aller. » lança Jill en se détachant de son amie avec une étrange douceur. Se dégageant de ses affaires la sorcière se dirigea vers la cuisine. Elle connaissait les lieux et dégota bien vite ce qu’il lui fallait ; deux verres, une carafe d’eau, une bouteille de rhum groseille. Indiquant le canapé proche  elle intima à son amie de s’asseoir. Versant de l’eau dans les verres, elle vida le sien d’une traite avant de le remplir de rhum. Prenant place aux cotés de son amie elle lui tendit son verre d’eau avant de reprendre la parole. « J'ai été étonnée de recevoir ton hibou. » Elle marqua une pause. « Qu'est ce que tu as fait encore ? » Cela faisait plusieurs semaines qu'elles ne s'étaient pas vues et beaucoup de choses s'étaient passées. La chute d'un gouvernement notamment. Le départ d'Ezra pour Pré-Au-Lard. Son retour au Ministère. La conférence de presse où Jill savait qu'elle avait vu son amie. Beaucoup d'informations à traiter et de temps à rattraper avec pour noyau un scoop de choix. Ce délicieux revirement de situation avait un nom. Un nom qui revenait toujours dans des moments pareils. Ceux là où Greer supportait à peine la vie. Encore. Ce nom terrible n'était autre qu'Alekseev Gaunt.

✻✻✻
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E. Greer Cavendish
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Message Re: A million on your soul
par E. Greer Cavendish, Mar 27 Fév - 19:16 (#)
« Tu veux vraiment que je m'en aille ? »

Voulait-elle continuer à être seule ? Voulait-elle continuer à faire front contre le monde entier alors qu'elle n'en pouvait plus ? Alors que la peste rongeait ses derniers regains d'énergie. Alors qu'elle hurlait de rage intérieurement devant l'absence et le silence d'Alekseev. Voulait-elle rester bloquée sur sa fierté ? Il lui semblait que pour la première fois depuis tout ce qui c'était passé que l'énergie lui manquait. Elle n'arrivait plus à se détacher de la situation, elle n'arrivait plus à faire la part des choses. Elle n'arrivait à plus rien.

Alors, elle avait besoin de Jill.
Même si Jill était insupportable et ne trouvait rien de mieux à faire que d'enfoncer une femme déjà à terre.

« Oh tu es désolée ? Vraiment ? Désolée de quoi Greer ? D'avoir refusé mon aide ? De m'avoir menti ? Ou de m'avoir attaquée peut-être ? »
« Elle n'a jamais menti, Jill. Elle ne t'a juste rien dit... Ce que tu aurais fait toi aussi si tu avais été à sa place. » cracha Shadow à l'égard de la Gryffondor avant qu'un grognement méchant ne sorte de sa gueule.

Mais Greer ne fait ni attention à la panthère qu'elle voit arriver dans son champ de vision, ni aux propos de la Gryffondor qui, quelque part étaient bien mérités. Elle s'effondre dans ses bras, à la recherche d'un contact, à la recherche d'un peu de calme alors que son cœur tambourine dans sa poitrine, alors que sa mémoire lui rappelle encore et encore tout le passage avec Jill. Sa résolution. Sa résolution froide et effrayante. Jill qui dépasse les bornes. Elle qui prend une décision. Elle s'était forcée à ne pas y repenser depuis lors. Elle s'était forcée à ranger ces souvenirs d'une parfaite netteté dans un coin de sa tête. Mais là tout de suite, en face de sa meilleure amie, elle n'y tient plus, et c'est refermant ses bras sur la blonde qu'elle sent son corps, pour la première fois depuis qu'elle était revenue chez elle, depuis qu'Alekseev était parti, se détendre légèrement. Sentir l'odeur de Jill la rassurait et même si elle savait que cela ne résoudrait en rien la colère de la Gryffondor, elle était malgré tout contente de la voir ici, de savoir que Jill restait Jill et que des deux, c'était probablement la seule qui restait la plus constante.

C'est trop facile. Je suis furieuse Greer. Vraiment. Tu ne refais plus JAMAIS ça. Jamais. «
« Ta gueule, Jill. Mais putain ta gueule, tu vois pas comment elle est ? Elle s'excuse et toi tu ne trouves rien de mieux à faire que de l'enfoncer ? Bordel, t'es vraiment trop conne. Que tu sois en colère, je veux bien mais elle ne mérite pas ça. T'as vraiment manqué une occasion de fermer ta gueule. » éclata Shadow tout en claquant des dents avant de s'éloigner, furieuse pendant que Greer se sentit se raidir de nouveau dans les bras de Jill.

Elle n'avait même plus la force de lui répondre.
Elle n'avait même plus la force de la virer de chez elle.
Elle n'avait même plus la force de soupirer ou de lever les yeux au ciel.

Tout ce qu'elle se contenta de faire était d'attendre, serrant toujours Jill dans ses bras. Elle attendait que Jill finisse de passer sa colère sur elle. Si elle voulait la repousser, elle pouvait le faire. Greer ne la retiendrait pas. Greer ne dirait rien. Mais l'attente devient soudainement insupportable. Elle a l'impression que les secondes deviennent des heures et que le temps ne s'écoule plus.

Elle a cette impression que Jill Peverell allait vraiment tourner les talons et claquer la porte.

Et puis, enfin, c'est la délivrance :

« Allez, viens là. Attention, ça veut pas dire que je te pardonne. Loin de là tu m'entends ? »
« On avait compris, pauvre fille. »
« Je sais. » répondit simplement Greer avant de se laisser aller dans les bras de sa meilleure amie.

Elle ne s'attendait pas à ce que Jill ferme les yeux. Elle savait que les explications viendraient plus tard et que Jill voudrait probablement savoir ce qu'elle avait fait avec Althéa pendant près d'une semaine. Parce que Jill n'était pas au courant que Greer se soit infiltrée au Ministère, la brune se doutait qu'elle devrait lui en parler. Le silence lui semblait être la pire des choses en cet instant, et Jill ne lui pardonnerait pas encore qu'elle se taise. Oh, elle le savait, Jill allait probablement s'énerver encore mais… un peu plus ou un peu moins, Greer était prête à être honnête avec elle et laisser passer la tempête Jill si cela signifiait un retour à la normal après.

Et la normalité et la stabilité était tout ce que la brune recherchait en cet instant.

« Ca va aller. »

Etait-ce seulement le cas ? Greer Cavendish n'était plus sûre de rien mais en croisant de nouveau le regarde Jill alors que les deux filles se détachaient l'une de l'autre, elle comprit qu'elle devait probablement lui faire confiance sur ça et que les choses allaient peut-être bien se passer, revenir dans l'ordre. Et c'est silencieuse qu'elle suivit Jill dans sa propre cuisine tant dis que Shadow les suivait, toujours grognante mais irrémédiablement silencieuse dans sa tête.

Laissant Jill faire comme chez elle, la Serpentard s'assit simplement sur la chaise de l'autre côté du îlot central de sa cuisine avant de se passer une main sur le visage. Elle se sentait soudainement épuiser et, jetant un coup d'œil à Shadow, elle se demanda quelques secondes si la panthère n'allait pas passer au stade suivant, c'est-à-dire disparaitre. Si elle avait compté, ce stade devrait arriver dans les prochains jours ce qui faisait que les jours de Shadow, la Shadow qu'elle connaissait était comptés.

« J'ai été étonnée de recevoir ton hibou. »

Greer repose son regard sur l'ancienne Gryffondor, observant alors les verres se remplir.

« Qu'est-ce que tu as fait encore ? »

Greer se saisit du verre d'eau et le but tout prenant son temps pour rassembler les mots et remettre dans l'ordre les évènements. Elle, elle n'avait concrètement rien fait pour en arriver à cette situation. Elle n'avait tout simplement pas eu le choix. Prenant la bouteille de rhum, elle s'en versa un gros verre sans ménagement avant de finalement répondre à Jill :

« Moi, rien. »

Elle vide son verre sans même prendre le temps de développer, elle sentit le liquide couler le long de son tube et vient reposer le verre sur la table avant de finalement poser son regard sur Jill.

« Alekseev s'est introduit chez moi le soir même où j'ai décidé de revenir ici. » Elle marque une pause, se resservant un autre verre, puis remplissant celui de Jill. « Et il m'a menacée de tuer ma mère et de se triturer le cerveau jusqu'à obtenir les réponses à ses questions. »

Elle ne regarde plus Jill, revoyant les évènements, la violence de chaque propos, la brutalité de chaque geste avant qu'elle n'accepte de lui rendre sa mémoire.

« Alors, je lui ai rendu sa mémoire et il est parti. »

Et elle trempe de nouveau ses lèvres dans son verre, le regard dans le vide, fixé sur l'endroit où Alekseev Gaunt avait disparu avec son elfe de maison.
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Message Re: A million on your soul
par O. Jill Peverell, Mar 20 Mar - 16:39 (#)
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✻✻✻ Shadow n’arrangeait rien, malgré les regards noirs de la sorcière. Elle ne lui demandait pas son avis et pour la première fois – enfin non pas vraiment – elle aurait voulu mettre le noir patronus sur pause. Puisqu’ignorer est le meilleur des mépris, Jill se débrancha de radio patronus. Cette andouille allait lui faire perdre les mots qu’elle avait bien préparé. La jeune femme continua donc jusqu’à ce qu’elle ai dit tout ce qu’elle avait besoin de communiquer, qu’elle redescende en émotion et accueille son amie dans ses bras. « Je sais. » Autant elle pouvait passer 6 mois à lui en vouloir, autant la voir dans cet état de lamentation, de faiblesse le tout le cœur à vif lui sapa l’envie d’en découdre. Pour maintenant tout du moins. Lorsque Jill vit son amie se servir un verre de rhum qui dépassait probablement cinq fois la dose standard, un vent d’inquiétude souffla dans son cœur. Dans quel pétrin cette idiote s’était-elle encore fourrée ? N’en n’avait-elle pas marre ? Elle garda ces questions pour plus tard, laissant à Greer le loisir de lui répondre. Jill lui adressa un sourire encourageant… « Alekseev s'est introduit chez moi le soir même où j'ai décidé de revenir ici. » … avant de le perdre aussitôt. Alekseev ? Ces deux là n’allaient-ils jamais s’arrêter ?! Comme si ce n’était pas tout, Greer remplit le verre de son amie qui la regardait la bouche légèrement entrouverte, signe d’une incompréhension complète. « Et pourquoi ? » Comme si Greer pouvait avoir ce genre de réponses, mais c’était plus fort qu’elle. Elle prit une gorgée d’alcool pour un meilleur self control. « Et il m'a menacée de tuer ma mère et de se triturer le cerveau jusqu'à obtenir les réponses à ses questions. » La blonde explosa si fort qu’elle en renversa son verre quasi plein, un sacrilège qui n’attira pas même son regard jusqu’à ce qu’elle repose ses poings dedans, faisant jaillir le liquide sucré sous la forme d’une projection de gouttelettes. Un cri d’indignation avait fusé de sa gorge. On croyait rêver. Elle agita sa baguette pour que tout le liquide rejoigne son verre. Pas de pertes. Ne pouvait-il pas s’occuper de ses oignons ? Ne s’étaient-ils pas fait souffrir assez ? Elle commençait à en avoir marre. La discussion sembla soudainement pénible pour Greer, qui prit parti de continuer pourtant. Jill porta le verre à ses lèvres…. « Alors, je lui ai rendu sa mémoire et il est parti. » … et resta ainsi. Avait-elle bien entendu ? « Hein ? » « Quoi ? » Leurs interrogations se faisaient écho tel un vieux couple de personnes âgées. Voilà qui était surréaliste. Elle but un tiers de son verre d’une goulée gourmande avant de le reposer sur la table, fixant Greer comme si elle eu voulu voir à travers sa boîte crânienne quelle mouche l'avait donc piquée. « Est-ce que vous vous complaisez dans votre douleur ? » Elle cligna trois fois des yeux. Dans quelle situation s’était-elle encore fourrée ! « Où alors vous aimez vous faire mal l’un à l’autre ? » Qu’elle ne se trompe pas, Jill était soulagée de savoir Alekseev en vie. Elle avait des choses à lui reprocher, une quantité incommensurable même, mais de là à le préférer mort, certainement pas.

Un Alekseev mort équivalait à une Greer misérable.
Un Alekseev sans mémoire équivalait à une Greer torturée.
Un Alekseev avec mémoire équivalait à une Greer à jamais insatisfaite.

Merlin ces deux enfants… De quel droit se permet-il de telles choses ! Elle savait la question mauvaise. Là n’était pas l’importance. Alekseev Gaunt se permettait tout ce qui était en son pouvoir, et parfois bien plus si on ne regardait pas. La vrai question était surtout, pourquoi Greer lui avait-elle cédé ses souvenirs ? Elle-même ne savait pas où sa mère était partie, du moins de ce qu'elle avait pu lui en dire, alors pourquoi céder ce caprice à Alekseev ? « Dès qu'ils sont en face l'un de l'autre c'est comme s'ils n'étaient plus eux-mêmes. Ils disent et font n'importe. Comme s'ils étaient pris de délires en présence de l'autre. » Jill avait cru que cela s'était arrêté. Un jour mort, l'autre sans mémoire. Et aujourd'hui aussi frais qu'hier ? La jeune femme se massa délicatement les tempes. « Ooh vous me fatiguez tous les deux... » Les yeux fermés, elle prit une profonde inspiration pour se détendre, ou au moins essayer, avant de prendre une nouvelle gorgée d'alcool qui acheva de la ramener sur terre. Quelque chose ne tournait pas rond et le silence de Greer se passait d'explications. Jill prit la main de son amie dans la sienne et posa son regard clair sur ses pupilles sombres. « Raconte moi. » Sans ses souvenirs, Alekseev s'était avéré dangereux. Elle avait compté sur le fait qu'il oublie Greer entièrement, pourtant, l'avoir croisée avait mis à mal le sort lui-même. Sans doute son visage avait retenu son attention, au point qu'il se torture pour comprendre d'où lui venait cette étrange impression de déjà-vu. Connaissant le jeune homme, il avait du croire devenir fou, harassé par des pensées incontrôlables qui convergeaient vers un individu oublié par son encéphale. Voilà qui laissait craindre sur l calme de leur dernière entrevue. Si Greer semblait effondrée psychiquement, rien sur son corps ne laissait penser à des violences physiques. Aujourd’hui, Jill se méfiait de tout. Comme pour encourager son amie à livrer ces scènes qui, la Gryffondor n’en doutait pas, l’avait profondément choquée, la frêle blonde lança quelques pistes. « Comment s’est-il présenté, pourquoi il est venu ? Pourquoi l’as-tu fais rentrer ? Pourquoi céder à ses menaces ? Comment se comportait-il ? » Des questions elle en avait plein, mais ce qui l’intéressait vraiment se trouvaient être les réponses que Greer pouvait lui fournir. Elle espérait que la violence avait été relative, quoiqu’elle se doutait que le fort intérieur de son amie était aujourd’hui à l’état de big bang, ses sentiments, émotions, ressentis, souvenirs, tous morcelés à grande et se cognant à grande vitesse sans jamais se reformer. Elle ne l’enviait pas. Sa voix douce et compatissante contrastait plus que jamais avec son comportement quelques minutes plus tôt. Greer avait cet effet sur elle, et cela se présentait d’un côté comme de l’autre ; elles pouvaient exploser en deux secondes et se calmer en 5 minutes. Heureusement qu’elles n’étaient pas en couple, elles auraient fini par s’exploser la tête. Loin de cette idée, Falco vint se nicher aux pieds de Greer, la détaillant du même regard que sa sorcière.

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E. Greer Cavendish
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Message Re: A million on your soul
par E. Greer Cavendish, Ven 20 Avr - 16:33 (#)
« Est-ce que vous vous complaisez dans votre douleur ? Où alors vous aimez vous faire mal l’un à l’autre ? »

Le rugissement de Shadow est clair : la présence de Jill Peverell commençait à devenir parfaitement insupportable parce que cette fille commençait à devenir exécrable si ce n’est insupportable. Greer n’entendait nullement les hurlements d’indignation, les insultes de Shadow mais elle les devinait aisément et, les deux questions de Jill la firent cette fois-ci réagir. Son regard se posa une nouvelle fois sur Jill, un regard tellement soudainement tellement méprisant à l’égard de sa meilleure amie que Greer se rendit compte d’une chose :

Jill lui faisait pitié parce que, ne sachant pas comment gérer la douleur des pertes successives, elle s’acharnait à devenir méchante.

Mais les mots de Jill d’une maladresse légendaire, d’une méchanceté perfide face à la situation, lui passe dessus. Elle s’en fiche en réalité. Ca lui passe au-dessus et elle est juste fatiguée de devoir se battre avec tout le monde.

« Ooh vous me fatiguez tous les deux... »

Greer tourne la tête, levant un sourcil, reprenant son verre et le vidant sans laisser passer aucune émotion sur son visage. Elle savait qu’il fallait laisser du temps à Jill pour qu’elle dise quelque chose d’intelligent. Greer avait fini par comprendre que le cerveau de la Gryffondor heureusement mais parfois malheureusement, fonctionnait comme tout le reste de la population et si elle s’en exaspérait, cela lui donnait aussi l’occasion d’essayer de la comprendre.

« Raconte moi. »

Le regard de Greer se pose sur la main que son amie tient. Jill ne le faisait pas exprès en réalité, vraiment. Il n’y avait rien de plus réellement à raconter si ce n’est rentrer dans des détails d’une froideur incroyable tout comme elle l’avait fait quand elles s’étaient tombées dessus dans la forêt.

« Comment s’est-il présenté, pourquoi il est venu ? Pourquoi l’as-tu fais rentrer ? Pourquoi céder à ses menaces ? Comment se comportait-il ? »

Les questions fusent et Greer soupire. Avait-elle seulement envie de revenir sur ce qui s’était passé ? Jill était-elle seulement capable de se taire et d’écouter sans ses commentaires médisants ? Avait-elle seulement envie de réellement tout entendre ? Parce que Greer savait qu’elle devrait aborder un sujet plus important dont elle n’avait encore jamais fais par à Jill. Et elle n’était pas sûre de vouloir voir sa réaction vu comment sa meilleure amie réagissait depuis qu’elle avait mis les pieds dans cet appartement.

Shadow s’était arrêtée de triturer l’oreiller et semblait soudainement être redevenue plus calme malgré l’ignorance de Jill. Greer et elle s’observèrent quelques secondes avant que Greer n’acquiesce comme si elles avaient pu communiquer et prendre toutes les deux une décision.

Se levant finalement et attrapant la bouteille, elle la but au goulot avant de faire signe à Jill de la suivre dans le salon où elle se laissa tomber dans le canapé. Attendant que Jill fasse de même, la brune finit par s’allonger et posa sa tête sur les jambes de la Gryffondor, observant l’âtre de la cheminée sans feu.

« Je ne sais pas pourquoi il est venu jusqu’ici. J’imagine que de savoir que je suis grâciée et que lui est passible de poursuite l’a mis en colère… A juste titre, j’imagine. »

Après tout, elle-même n’était pas poursuivie pour tout ce qu’elle avait fait parce que personne, ou presque, n’était au courant et elle avait de toute évidence bien choisi les personnes à qui faire confiance… même lui.

« Comme je te le disais, continua-t-elle, il s’est introduit ici pendant que j’étais sous la douche. Shadow a essayé de me prévenir qu’il était là et détruisait au passage mon salon et ma chambre mais on a perdu le contact. Elle va bientôt disparaitre. »

Greer posa son regard sur Shadow qui faisait les cent pas.

« Je suis sortie de la douche et… il avait trouvé une boîte… la boîte… »

Elle s’interrompte avant de se rappeler qu’elle n’avait pas encore rangé la boîte dans un lieu sûr et d’un mouvement de baguette magique, la boîte arriva sur la table. Elle préférait que celle-ci soit avec elle plutôt que dans la chambre. Laissant Jill y jeter un coup d’œil et parfaitement consciente qu’elle allait tomber sur l’échographie qu’elle n’avait pas encore brûlé, Greer continua :

« Il est tombé sur la lettre qu’il m’a écrite avant que je ne lui efface la mémoire. Comme tu te doutes, il voulait savoir la vérité. Je n’ai pas cédé au début et j’ai fait ce que je pouvais pour qu’il parte : j’ai détruit la lettre, je lui ai sommé de partir, je lui ai même balancé ma lampe dans ma chambre sur la tête. »

La brune se relève finalement avant de venir fouiller dans la boîte pour chercher l’échographie.

« C’est à partir de là qu’il a menacé de faire intervenir quelqu’un d’autre pour se triturer l’esprit pour connaître la vérité sur tout ça… Ce qui est passablement dangereux comme tu le sais. Et de s’en prendre à ma mère vu qu’il a déclaré savoir où elle se trouvait. »

Elle regarde l’âtre vide, restant quelques secondes silencieuse avant de finalement conclure :

« En résumé, il ne m’a pas laissé le choix. »

Et il ne lui avait jamais réellement laissé le choix non plus quand elle avait dû lui effacer la mémoire.

Observant l’échographie, pensive, elle continua :

« Je te passe les détails parce que ça n’a aucune importance mais on est allé à Gringotts pour ses souvenirs, on est revenu ici. Il a revécu les souvenirs un à un, a vomis dans les toilettes, s’est évanoui, a dormi dans mon lit quelques heures avant de se lever et… » Elle ferme les yeux. « Il était mal évidemment. Je ne sais pas vraiment quels dégâts cela a pu lui faire psychiquement mais… il n’était pas bien physiquement. »

Elle relève alors le regard vers Jill avant de lui sourire faiblement :

« Il m’a embrassé et serré dans ses bras. »

Elle avait encore le goût de ses lèvres sur les siennes. Elle sentait encore l’odeur de son cou et les larmes sur ses joues, des larmes de joie, de tristesse mais aussi de peur.

Et puis son regard s’assombrit.

« Et ensuite il a insisté pour partir. Il a fait débarqué son elfe de maison qui m’a insulté et il s’est juste… envolé. »

La brune tend finalement l’échographie à la blonde avant de reprendre la bouteille et de la boire à pleine gorgée. Elle ne savait comment aborder le sujet. Elle n’était pas sûre d’avoir envie, pourtant, elle s’arrête de boire, grimaçant avant de finalement jeter à Jill, comme si elle comprenait :

« Je crois qu’il me haït pour ça. »

Son regard se posa sur l’échographie et elle sentit subitement les larmes lui venir. Se refusant de pleurer, elle se contenta alors de boire de nouveau à la bouteille avant de finalement se rallonger, la tête sur les genoux de Jill, la laissant réagir et écoutant ses interrogations et son incompréhension.
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O. Jill Peverell
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Message Re: A million on your soul
par O. Jill Peverell, Dim 6 Mai - 10:47 (#)
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Greer & Jill

✻✻✻ Qu’importe l’état de Greer, Jill ne cessait jamais de poser des questions. Sauf situation hors de contrôle où il était plus sécurisant d’agir et réfléchir ensuite. La jeune femme avait arrêté de compter les fois où Greer – où elle-même – avait précipité son amie dans un micmac de la sorte, la dernière en date probablement lorsque la grande brune avait été prise en chasse par un groupe de raffleurs pour le moins collant … dont l’un au visage un peu trop familier. Connaissant la blonde qui lui faisait face, Greer ne se montra pas plus étonnée que d’habitude, s’autorisant un classique soupir. Elle n’était pas du genre à parler de ses problèmes, même à Jill et le fait qu’elle s’écroule de la sorte relevait du miracle – bien que passablement négatif -. Son amie avait besoin d’elle et la sorcière l’avait parfaitement compris. D’ailleurs, ce silence ne présageait rien de bon. Greer Cavendish manquait-elle de vocabulaire pour s’exprimer ? Elle qui choisissait toujours ses mots avec acidité, n’en lâchant pas un de trop. Jill continua d’ignorer Shadow, ne lui accordant pas le moindre regard, les yeux focalisés sur Greer qui, il était évident, prenait sur elle pour continuer cette discussion. Probablement son attitude ne devait pas lui plaire, probablement le sujet était délicat pour Greer, il n’en résultait pas moins qu’il fallait percer l’abcès. Sous les encouragements délicats de Falco, Jill attendit que son amie soit prête. Il était certain que Falco l’aidait à mieux se comporter, par sa patience ou sa sagesse, certes relative. Jill ressentait moins de difficultés à s’exprimer et il la forçait à prendre en compte le ressenti des gens au même titre que son don de légianimancie. Elle ne pouvait plus ignorer les émotions des autres – ou de leurs patronus – même si certains lui passaient franchement à des miles au-dessus de la tête. Mais pas Greer.

Falco avait vu juste, la jeune femme avait besoin de temps. Jill laissa à son amie le loisir d’échanger un regard avec son noir patronus, ainsi qu’une petite lampée de courage liquide. La Gryffondor s’interrogea une seconde sur la nature de ce que son amie avait à lui confier. Il était rare que Greer ait besoin de temps ou d’alcool pour l’aider à cracher le morceau. Sauf s’il s’agissait d’Alekseev. Sauf s’il s’agissait de sa famille … ou du moins ce qu’il en restait. Malgré les années qui passaient inlassablement, Greer restait fidèle à elle-même. Une main de fer dans un gant de fer. La grande gigue se leva pour mieux attraper une bouteille dont elle ne se préoccupa pas de transvaser le liquide dans un verre. Voilà qui en disait long. Jill voulu en placer une mais Falco intervint, lui conseillant de laisser quelques secondes supplémentaires au lieu de clairement lui dire de la boucler. Comme beaucoup d’individus, il y avait certains mots avec lesquels elle avait vraiment du mal, surtout lorsqu’ils se retrouvaient formulés à son encontre. Falco n’était pas stupide et connaissait assez sa sorcière pour savoir adapter son vocabulaire à chaque situation et surtout, suivant l’état dans lequel elle se trouvait. Calme, énervé, curieuse... à chaque ressenti ses réactions. Voyant que Greer cherchait du réconfort, et non désireuse de se faire supplanter par le canapé, Jill la rejoignit en silence. Bien vite son amie prit ses aises, s’abandonnant en toute confiance.

« Je ne sais pas pourquoi il est venu jusqu’ici. J’imagine que de savoir que je suis graciée et que lui est passible de poursuite l’a mis en colère… A juste titre, j’imagine. » Jill étouffa – mais pas trop non plus – un ricanement. Evidemment. Ses doigts glissèrent dans les cheveux de Greer tandis qu’elle attendait la suite tentant de ne pas penser à cette sinistre affaire. Elle devait rester concentrée. Falco avait raison, il ne servait à rien de précipiter les choses. Laisser au temps le temps. Voilà bien quelque chose qu’elle ne savait pas faire. Greer continua et Jill du se censurer. Sous la douche ? La phrase menaçait de sortir sans plus de cérémonie et la jeune femme se pencha assez pour récupérer le verre qu’elle avait déposé sur la table basse avant de s’assoir. Elle se contenta d’un haussement de sourcils alors qu’elle portait le breuvage à ses lèvres. « Shadow a essayé de me prévenir qu’il était là et détruisait au passage mon salon et ma chambre mais on a perdu le contact. Elle va bientôt disparaitre. » Curieusement la jeune femme n’accueillit pas la nouvelle avec entrain. Si Shadow lui tapait sur le système, en particulier à cet instant, elle ne savait pas ce que cette seconde épidémie de peste réservait aux sorciers atteints. Rien n’était plus angoissant que de voir Greer s’enfoncer plus loin dans cette maladie dont on ne savait toujours pas grand-chose. Jill massa du bout de ses doigts fins les contours du crâne de son amie, ne sachant qui de Greer ou elle-même avait besoin d’être rassurée à cet instant. « Elle reviendra. » Jill daigna enfin jeter un regard à Shadow. « Cette bestiole est increvable. » rajouta t-elle un sourire pincé au coin des lèvres tandis que son regard glissait sur le visage de Greer qui continuait. « Quelle boîte ? » Un coup de baguette et la boîte arriva net, se stoppant à un centimètre à peine de son propre verre. Curieuse Jill tendit le bras, arrêtant momentanément ses gratouilles, sans se soucier une seconde de sa chevelure qui tombait en cascade sur le visage de son amie. Il lui semblait que cette boîte – comme toutes celles qu’on cachait – détenait un mystérieux secret. « Ne t’emballes pas trop. » soupira Falco qui s’envola pour prendre place sur son épaule gauche, lui aussi curieux de savoir ce que contenait cette fameuse boîte. La jeune femme en tira une mystérieuse photo toute en nuances de gris. Elle fronça les sourcils, en difficulté pour comprendre le message que recelait cette curieuse image, écoutant d’une oreille distraite son amie qui continuait son récit. « Je suis sûr que tu l’as pris dans le mauvais sens ! » Jill ouvrit des yeux ronds et tourna la photo, espérant une folle seconde que tout allait prendre sens mais rien.

Ne souhaitant pas la couper, la jeune femme reposa l’image dans la boîte et la boite sur la table, échangeant un regard d’incompréhension avec son patronus. Un rire s’échappa d’entre ses lèvres à l’évocation de la lampe de chevet. « Bien joué. » opta t-elle en réponse plutôt qu’un rappel sur le nombre de cicatrices qu’Alekseev devait arborer sur son corps par sa faute. « Je suis sûr qu’elle griffe. » « Moi aussi. » répondit Jill qui se promit à la seconde même de ne jamais questionner Ezra à ce propos. Restant attentive elle laissa son amie se relever et se saisir de la photo. Quel intérêt pouvait-elle donc y porter ? Lorsqu’elle évoqua sa mère, Jill se redressa soudainement « That sick bastard ! » Quel crétin lui aussi. A sa décharge il n’avait pas l’encéphale pleine de ce qu’il aurait dû mais tout de même. Quel genre d’individu s’en prenait aux êtres chers des autres ? Malheureusement, la réponse s’invitait toute seule…

Inébranlable, ou presque, Greer continua. Jill avait conscience que ce moment était très important pour son amie. Elle se déchargeait de tensions, non-dits et quelque chose lui disait qu’elle n’avait pas fini. Gringotts ? Ok. Vomi ? Ew. Evanoui ? Pourquoi pas. « Tu crois qu’elle en a profité pour lui faire les poches ? Je suis sûr qu’il traîne des trucs pas clairs.... » Jill afficha une grimace et haussa des épaules. Que pouvait-elle en savoir et quelle idée dans un moment pareil franchement ! Le visage de la jeune femme changeait au gré des informations qu’elle entendait. Une fois elle hochait la tête, une autre elle affichait un air dégouté jusqu’à ce qu’elle voit le visage de son amie changer. S’adoucir. « QUOI ? Il vomi et tu l’embrasses ! » Elle leva les yeux au ciel, bien consciente que rien au monde ne pouvait mieux retourner le couteau dans la plaie sur leur idylle que ces deux-là. Ils étaient passés maître dans l’art de se faire souffrir il y a bien longtemps et pourtant, chaque acte qu’ils délivraient à l’autre était empreint d’une cruauté sans limite. L’amour, la haine, si proches. Greer n’avait pas fini et ne sembla pas rebondir sur les propos de son amie. Jill se demandait sincèrement comment cette entrevue s’était finie. Alors comme ça Alekseev Gaunt était plus ou moins redevenu lui-même… Oh certes il était toujours la même personne mais sans ses souvenirs de Greer, sans son histoire avec la ténébreuse Serpentarde, la sorcière le trouvait encore plus insupportable d’arrogance et pétri de conseils moralisateurs à la noix. Elle se promit d’aller le voir. Ne serait-ce que pour se réjouir de le revoir à nouveau le cul coincé entre deux chaises. Le voir en proie à ses sombres démons, ceux qu’il ne pouvait pas se permettre ni d’afficher ni de transparaître. Oh à n’en pas douter Alekseev devait se sentir extrêmement mal, ne certes à cause des effets secondaires de la levée du sort, mais aussi par le torrent d’émotions que cela avait du provoquer chez sa petite personne orgueilleuse. Voilà qu’il était simplement redevenu le lambda plein de problèmes existentiels. Il fallait absolument qu’elle le voit. « C’est pas la peine de te gausser de son malheur. » Jill n’en démordait pas. « Oui mais c’est trop délicieux … Monsieur n’est plus soi-disant parfait ou ce qui s’en approche. Il re-découvre ses peines. Ses envies impossibles. Il ne méritait que ça. » maugréa la sorcière avec rancœur. Oh non elle n’allait pas lui pardonner cette effroyable scène qu’elle avait du subir chez Cassiopéia. Cet enfoiré était venu jubiler de son malheur. Enfin pas tellement dans ce sens, disons qu’il s’était contenté de lui rappeler l’étendue de son échec – ce que bien évidemment Jill adorait qu’on fasse – ainsi que la déception de ce qu’elle était devenue. Ses arguments étaient vils et parfois, notamment un comble pour cette dernière entrevue avec le jeune homme, ses réprimandes s’adressaient à Jill … mais faisaient curieusement écho à ses propres problèmes (certes envolés avec sa mémoire). La sorcière eut une grimace lorsque Greer évoqua l’elfe d’Alekseev et leur départ pour le moins rapide, aussi s’obligea t-elle à résumer ce qu’elle venait d’entendre.
« Donc si j’ai bien compris ; il arrive en tambourinant chez toi, mets le souk, tu cèdes et l’emmène à Gringott’s, il te refais le sole de l’appartement, t’embrasse et fini par se barrer sans plus d’explications ? » Fallait-il en rire ou en pleurer ? Greer avait opté pour boire au goulot, une solution qui n’était malheureusement que temporaire. « Il me semble bien qu’Alekseev est finalement de retour ! » lança un étrange sourire aux lèvres. Les yeux de la jeune femme regardaient Greer fixer l’étrange photographie. « Je crois qu’il me haït pour ça. » La blonde passa une main amicale dans le dos de la brune, frottant délicatement au milieu comme si cela avait le pouvoir d’arranger les choses. La faire se sentir mieux. L’état dans lequel la sorcière avait retrouvé son amie lui avait fait craindre le pire. Au final, c’était bien évidemment Alekseev et le début d’une multitude de problèmes mais en y repensant, que cela aurait-il pu être d’autre ? Et cela aurait pu être pire ! « Je crois qu’ils sont maudits… » Jill leva les yeux ciel. « Ne dis pas n’importe quoi, c’est une situation logique à un amour qui dépasse un peu trop les conventions sociales. Je suis juste triste de la voir ainsi. » conclua t-elle en recevant des mains de Greer la photographie. À nouveau. Elle la regarda à peine au profit de son amie. « S’il te haïssait il ne serait pas venu Greer. Il cherchait des réponses, c’est normal tu aurais pareil à sa place. Pour ce qui est de sa réaction … ca lui ressemble tellement, je ne suis pas très étonné. » Jill plongea ses yeux dans ceux de son amie, si tristes qu’ils tremblaient d’incertitude, de douleur. Jamais la jeune femme n’aurait pensé que la rencontre puisse la mettre dans un tel état. « Parfois je me demande s’il est capable d’aimer tu sais. Il est tellement … spécial. » Falco s’ébroua sans gêne sur l’épaule de sa sorcière, ricannant. « Sssssssspéc(ssss)ial ça, c’est sûr !» Elle lui adressa un petit rire complice. « Tu sais Greer, j’aurais abandonné de croire en lui il y a bien longtemps si tu n’étais pas là. Je sais qu’un lien fort vous unit et je n’aurais pas la prétention d’en connaître la force. Ce que je sais c’est que ce lien c’est que c’est dans ce lien que je retrouve ses bons côtés. » Certes elle oubliait un détail. « Ok tu le rends probablement fou, mais lui aussi non ? » Son sourire était fin, sa voix sincère. Voilà longtemps qu’elle avait compris qu’elle ne pourrait, ni ne voudrait interférer dans leurs affaires. Trop complexe et puis, elle avait elle-même une auto-destruction en cours. « Tu écoutes ? Qu’est ce que c’est que tu regardes comme ça de toute manière, c’est quoi cette photo ? » rajouta t-elle en la faisant tournoyer, clairement incapable de déterminer d’où elle pouvait venir, ce qu’elle était sensée représenter et surtout, à quoi cela pouvait bien lui servir pour que Greer lui redonne ?

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Message Re: A million on your soul
par E. Greer Cavendish, Ven 1 Juin - 23:14 (#)
« Elle reviendra. Cette bestiole est increvable. »
« Bien sûr que je reviendrais. Qui sera là pour te dire les quatre vérités, Jill ? » soupira la panthère qui avait décidé de se calmer et vint s’allonger aux pieds de Greer, en bas du canapé. Greer savait que sa panthère était fatiguée et elle devrait disparaitre sous peu. La main de la jeune femme glissa du canapé au poil de la panthère pour la caresser. Geste rare et merveilleux montrant la complicité, nouvelle, qui s’était installée entre elle depuis un an maintenant. Si leur relation avait été particulièrement compliquée depuis la « naissance » de Shadow, elles savaient maintenant qu’elles étaient une équipe et tellement plus fortes ensemble que l’une contre l’autre… ce qui ne les empêchait d’ailleurs pas de s’embêter l’une et l’autre pour mieux exprimer leur amour mutuel. « Ca va t’es pas trop imbue de toi-même, Greer. » lâcha la panthère en boutade mais Greer ne l’entendit pas.

« QUOI ? Il vomi et tu l’embrasses ! » Greer lève les yeux au ciel mais la phrase à le mérite de la faire sourire. Elle n’avait aucune gêne à ce propos. C’était Alekseev après tout. Ils avaient partagés suffisamment de chose pour qu’elle s’offusque de l’embrasser après qu’il ait vomis. « Mon dieu, mais tu dois bien être chiante avec Ezra toi. Le pauvre, il doit bien se faire chier avec toi. » lâcha Shadow, mauvaise, mielleuse, ironique.

« Donc si j’ai bien compris ; il arrive en tambourinant chez toi, mets le souk, tu cèdes et l’emmène à Gringott’s, il te refais le sol de l’appartement, t’embrasse et fini par se barrer sans plus d’explications ? »
Soupire.
« Tu as tout compris. »
« Il me semble bien qu’Alekseev est finalement de retour ! »
« Santé ! »

Greer se mit à boire à la bouteille longuement avant de se dire que si elle continuait comme ça à boire trop vite, elle serait malade. Puis elle décida qu’elle s’en fichait et continua à boire longuement avant de poser sa tête de nouveau sur les genoux de Jill, lui abandonnant l’échographie. Le geste de Jill lui décrocha un petit sourire faible.

« S’il te haïssait il ne serait pas venu Greer. Il cherchait des réponses, c’est normal tu aurais pareil à sa place. Pour ce qui est de sa réaction … ca lui ressemble tellement, je ne suis pas très étonné. »

Il était venu précisément parce qu’il la haïssait. Elle l’avait bien vue dans son regard cette lueur de haine. Elle comprenait évidemment : elle n’était à ce moment-là que celle qui avait failli le tuer, mis son parrain en prison aussi. Elle se souvenait de sa première phrase alors qu’elle sortait de la douche et qu’elle tombait sur lui, armée de sa baguette. Il était venu pour la tuer. Ca ne pouvait pas être plus clair. Elle ne savait cependant pas ce qu’il en était à l’heure actuelle. Son silence, en réalité, sa façon de partir, l’effrayait et Greer Cavendish avait peur de l’avoir perdu définitivement.

« Parfois je me demande s’il est capable d’aimer tu sais. Il est tellement … spécial. »
« Il aime à sa façon. Nous ne sommes pas réellement des exemples conventionnels, j’en conviens. »

Et si ça avait été le cas, leur amour serait probablement mort depuis longtemps.

« Tu sais Greer, j’aurais abandonné de croire en lui il y a bien longtemps si tu n’étais pas là. Je sais qu’un lien fort vous unit et je n’aurais pas la prétention d’en connaître la force. Ce que je sais c’est que ce lien c’est que c’est dans ce lien que je retrouve ses bons côtés. »

Elle observe se relève pour s’asseoir tournée vers Jill en tailleur. Greer savait que la relation Jill/Alekseev ne tenait plus qu’à un fil… Elle soupçonnait d’ailleurs que pour Alekseev, elle ne tenait plus du tout. Si elle regrettait qu’ils en soient arrivés là, elle n’en était pas moins surprise : les choix de Jill assumés, contrairement à Alekseev, avaient détruits beaucoup de ses relations et l’état dans lequel Greer avait retrouvé sa meilleure amie après qu’elle se soit faite enlevée par Niamh en avait dit long. Greer était triste pour Jill mais elle se disait que c’était mieux comme ça. Elle était probablement mieux placée que quiconque pour avoir compris que la famille ne faisait pas tout.

« Ok tu le rends probablement fou, mais lui aussi non ? »

Elle sourit Greer, les yeux brillants de larme. La phrase était vraie. Ils perdaient la raison tous les deux. Ca avait toujours été le cas et c’était le propre même de leurs sentiments. Ils s’aimaient à en devenir fous. Tout du moins, ils s’étaient aimés à en devenir fou jusqu’à présent…

« Tu écoutes ? Qu’est ce que c’est que tu regardes comme ça de toute manière, c’est quoi cette photo ? »

Greer regarda Jill avec surprise alors qu’elle la voyait regarder l’échographie comme s’il s’agissait d’un micro onde moldu. Et c’est alors que Greer réalisa : Jill ne savait pas ce qu’était une échographie. Fou rire de Shadow :

« J’avais oublié que tu vivais au Moyen-Âge ! Tu dois faire des rituels pour savoir le sexe du bébé toi ! Ou essayer de lire dans les ossements pour savoir si ton bébé est en bonne santé. »

Greer, elle, ne riait pas. Jill n’avait pas compris ce que c’était et elle reconnaissait que lire une échographie d’un embryon de quelques semaines n’était pas aisé. Mais cela voulait dire qu’elle devait prononcer les mots. Et cette idée lui donna envie de boire. Ce qu’elle fit. Longuement.

Décidant de ne pas lâcher la bouteille, elle vint cependant montrer du bout du doigts un point précis de l’échographie.

« Ce n’est pas une photo, Jill. C’est une échographie. C’est… la version moldue de savoir si ton bébé est en bonne santé quand tu es… enceinte. Et ça, c’est un embryon de quelques semaines. »

Elle avale difficilement sa salive, Greer. Son regard, rempli de douleur et de tristesse se posait sur Jill. Elle ouvrit la bouche et essayé de parler mais les mots restèrent bloqués. Jill devait avoir compris ce que ça représentait, elle n’avait jamais vu Greer enceinte ce qui laissait supposer qu’elle n’était pas aller au terme de sa grossesse. Déviant le regard et se mordant la langue pour essayer de ne pas pleurer, la jeune femme finit par souffler :

« Je me suis rendue compte que j’étais enceinte de lui quelques jours après lui avoir effacé la mémoire, Jill. »

Sa voix se brise et elle sent les sanglots la prendre sans qu’elle ne puisse faire quoique ce soit pour les arrêter. Les larmes vinrent flouer son champ de vision et elle entendit la plainte de Shadow.

« Il m’était impossible de le prévenir vu qu’il ne se souvenait pas de moi… J’ai dû agir et prendre une décision seule. »

Elle revoyait tout : l’annonce de son médicomage, la décision qu’elle avait prise, Alexandre qui l’avait guidé jusqu’à la clinique, le retour où elle avait souffert le martyr pendant plusieurs jours. Elle n’avait pas pleuré une seule fois pour avoir fait ça. Elle se l’était interdite parce qu’elle savait que si alors, elle avait commencé à le faire, elle ne se serait pas relevée.

« J’ai avorté. »

J’ai tué la vie. pensa-t-elle. Elle allait aller en enfer, c’était certain. Jill savait ce que cela représentait pour elle de faire une chose pareille : elles en avaient déjà un nombre incalculable de fois parlé lorsque Greer lui avait parlé de sa religion. Mais là s’ajoutait le poids de la décision, seule et déchirante qu’elle avait dû prendre.

Et les larmes ne s’arrêtaient pas.

« C’est pour ça que j’ai refusé de te voir pendant un certain temps après t’avoir informé pour Alekseev. Je n’étais pas en état de te voir à ce moment-là. »

Les larmes redoublent. Son corps tout entier est secoué de sanglots.

« Alekseev est tombé sur l’échographie qui se trouvait dans cette boîte en plus de la lettre. Nous avons abordé le sujet. Il pensait que Délilah… c’est l’un des prénoms qu’il voulait donner à nos enfants si un jour nous en avions… était vivante. Que j’avais donc accouché. Il m’a demandé où elle était…. Je lui ai dit ce que j’avais fais… »

Elle se cache le visage et continue de parler, n’arrivant pas à s’arrêter maintenant qu’elle était lancée :

« Si tu avais vu comment il m’a regardé… J’ai peur de l’avoir perdu à tout jamais. »

Shadow posa sa tête sur les genoux de Greer comme pour la consoler et Greer vint carresser sa tête doucement. Son cerveau calcul déjà : si elle n’avait pas avorté, Délilah aurait probablement fêté ses 4 ans en mai prochain.
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par O. Jill Peverell, Sam 9 Juin - 12:11 (#)
Jill tend l’oreille une seconde et décroche le gros lot. « Bien sûr que je reviendrais. Qui sera là pour te dire les quatre vérités, Jill ? » La jeune femme ne dit rien, si ce n’est un vague sourire et peut-être pas le plus doux.  Il eut été incroyable que la panthère se soit gardée d’un commentaire, que la sorcière accepte d’ailleurs sans trop se formaliser. Elles n’en sont plus à leur première fois. Sur les lèvres froides de Greer un sourire se forme tandis que son amie s’offusque. C’est une petite victoire, certes, mais une victoire quand même. Le visage de Greer dégage un air étrange, comme si son être tout entier flottait quelque part, dans les affres de ses souvenirs ou ceux de la réalité crue. « J’espère qu’elle ne revit pas la scène. » S’effraie soudainement Falco dans un battement d’aile nerveux. « Ou plutôt qu’elle ne re-sent pas la scène. » s’esclaffe l’ancienne Gryffondor, amusée, sans la moindre gêne envers son patronus. Mais son élan de bonne humeur se stoppe net. « Mon dieu, mais tu dois bien être chiante avec Ezra toi. Le pauvre, il doit bien se faire chier avec toi. » Sa mâchoire se ferme et son regard ne lui lance qu’éclairs et mépris. Elle lui dirait bien qu’elle trouve cela dégueulasse, et qu’elle préfère se faire chier - comme dit si bien Shadow - plutôt qu’avoir à vivre des concours de vomi ou que sait-elle encore. Elle ne souhaite pas imaginer. Mais Jill ne lui décroche qu’un simple regard noir avant de se débrancher à nouveau de ces ondes cérébrales dissimulées à la perception de tous – ou presque – et bien trop énervantes pour aujourd’hui. Ce qui lui fait le plus mal n’est pas la réaction de Shadow ou même ses mots qui ne sont pas le reflet de la réalité. Non, ce qui blesse Jill c’est que sa situation n’a pas avancée d’un iota. Ezra a beau ne pas s’ennuyer avec elle, il ne pouvait plus supporter la peur qui s’était emparée de Jill. Cette peur qui lui glaçait les sens et la raison. Cette peur qui la rendait névrosée, plus encore qu’à son habitude. Cette peur qui lui donnait envie d’enfermer son compagnon dans une cage, juste pour être sure et certaine qu’il ne courrait aucun danger. Elle avait eu tord de vouloir limiter sa liberté mais que pouvait-elle face à ce sentiment qui lui broyait les côtes, le cœur. Elle avait cauchemardé la nuit ; retrouver son cadavre disloqué, ses yeux morts … déjà voilés par sa cécité. Cet handicap leur avait pourri la vie. Non pas qu’ils ne s’aimaient plus mais la cécité avait amené beaucoup de questions et surtout, des interrogations sur la sécurité. Jill se rendait malade d’angoisse, tentait de s’en occuper au mieux mais ne faisait que renforcer le malaise d’Ezra de se retrouver comme une charge supplémentaire sans pouvoir donner le moindre coup de main. La jeune femme préfère ignorer la remarque et rebondit en tentant de résumer au mieux ce que son amie vient de lui confier. Greer l’écoute d’une oreille qui semble bien distraite, la tête nonchalamment posée sur les cuisses de Jill. Elle lui répond pourtant sans problème, signe que son encéphale n’est pas si lointain. Mieux, elle se relève pour observer son amie … avant que l’une de ses phrases ne fasse apparaître des larmes, brillantes, au coin de l’œil sombre de l’ancienne Serpentarde. Ou serait-ce la photo ? Jill la rappelle à la réalité. Shadow pouffe. Elle écoute. Elle ne comprend pas. « J’avais oublié que tu vivais au Moyen-Âge ! Tu dois faire des rituels pour savoir le sexe du bébé toi ! Ou essayer de lire dans les ossements pour savoir si ton bébé est en bonne santé. » La première réaction de la sorcière est de s’insurger, pourtant elle hoquète sous la surprise et un mot lui échappe en direction d’une Shadow goguenarde. « Quel bébé ? »

Ses sourcils se fronçent. Cette sale bête se payerait-elle sa tête ? Greer en profite pour porter la bouteille à sa bouche sans la moindre gêne. « Greer est enceinte ? » « Baaah non je le saurais quand même… » La sorcière se stoppe lorsque son amie, décollant la bouteille de sa bouche, fini par se remettre à articuler. « Ce n’est pas une photo, Jill. C’est une échographie. C’est… »« Mais tu crois qu’elle pourrait être enceinte ? » Autant Jill ne savait pas ce qu’était une échographie, autant elle savait comment se fabriquent les bébés. Greer pouvait bien entendu être enceinte mais cela ne rentrait pas dans ses plans, et rien que pour cela, Jill doutait fortement que cela puisse donc être le cas. L’ancienne Serpentarde ne se laisserait pas surprendre par quelque chose d’aussi banal qu’une grossesse non désirée. Non, Greer s’était déjà vantée de pouvoir contrôler cela grâce à des technologies moldues. Jill ne se rappelait pas en détail cette conversation mais elle se souvenait l’avoir eue. Apparemment, les moldus avait des trucs et des astuces pour contrôler les naissances. Et même pour tuer les bébés ... une autre discussion qui avait cette fois glissé sur le terrain de la religion, que la sorcière ne comprenait pas non plus mais dont l'enfance de Greer avait été baignée dedans. Si cela l’avait un peu effrayée, la Gryffondor en avait conclu que cela pouvait être fort pratique. Mais qu’est ce que Greer cherchait donc à lui faire comprendre alors ? Que représentait cette photo – cette échographie – pour elle ? Son malaise ne se voyait que trop bien, laissant éclater une peine difficilement contenable. Jill déposa sa main sur celle légèrement tremblante de Greer. L'émotion ? « … la version moldue de savoir si ton bébé est en bonne santé quand tu es… enceinte. Et ça, c’est un embryon de quelques semaines. » Le nom Eithe Cavendish écrit sur l'échographie ne laissait plus place au doute. « Ooooooh je vois ! Enfin ... un embryon t'es sûre ? Parce qu'en fait je ne vois pas du tout. » Elle tournait la photo l'échographie dans tous les sens. « Mais ça veut dire que tu es enceinte ? Heu ... je ... ne comprends pas, je croyais que tu ne le désirais pas ? » Jill ne savait plus comment réagir. Devait-elle se réjouir ? Une future naissance était toujours une bonne nouvelle chez elle mais ... mais pourquoi Greer pleurait-elle ? Pourquoi ne pouvait-elle plus articuler ? Ce n'est qu'en imaginant comment son amie pouvait ressentir une peine si grande qu'elle comprit quelque chose. La blonde lui attrapa sa seconde main. « Est-ce que c'est... » Elle s'éclaircit la gorge. Son assurance fuyait à grand pas et en cet instant, elle avait presque peur de comprendre. « Est-ce que c'est son enfant aussi ? »

« Je me suis rendue compte que j’étais enceinte de lui quelques jours après lui avoir effacé la mémoire, Jill. » Sa bouche forma un cercle de douleur et, en face d'elle, Greer fondit en larmes. APRÈS ? Mais de quand diable datait ce cliché ? Son premier réflexe fut d'enserrer son amie dans ses bras. Elle pouvait voir, sentir et entendre cette peine qui lui déchirait le coeur. « Alors elle n'est plus enceinte... » La jeune femme sentit sa gorge se nouer et ses yeux se remplir. Elle cherchait ce mot que Greer avait du glisser dans cette fameuse conversation qu'elles avaient eu il y a des années à propos du contrôle moldu des bébés. Mais quel était donc ce mot... Le palpitant incertain de la brune combiné à ses sanglots était un souvenir que Jill aurait préféré ne jamais revivre, mais elle se félicitait que Greer lui en parle ... enfin. Pourquoi ne pas lui avoir dit plus tôt ? Greer et ses maudits secrets... La jeune femme se redressa et reprit son récit douloureux. Jill écoutait, calme, les yeux brillants, une larme venant s'écraser de temps à autre sur les coussins du canapé ou se perdant dans les plis de sa robe. Lorsque le mot tomba tout seul. Avorter. A cet instant elle comprit pourquoi, au delà des larmes et du malheur, la peur s'insinuait pour ne former qu'un grand et profond tourment. Les larmes formaient un torrent et Jill ne put réprimer ce besoin e la prendre dans ses bras à nouveau. Elle devait faire quelque chose. Elle devait l'aider. La jeune femme caressa longuement le dos de son amie, ses cheveux, avant de lui murmurer a l'oreille. « Je ne laisserais jamais les trolls t'emmener aux pays des enfers Greer, tu m'entends. Jamais. »

Peut-être la brune pensa à son amie qui encaissait durement la nouvelle, et surtout l'absence de lui avoir fait partager cette histoire, aussi elle reprit après un petit temps. « C’est pour ça que j’ai refusé de te voir pendant un certain temps après t’avoir informé pour Alekseev. Je n’étais pas en état de te voir à ce moment-là. » Greer et sa stupide fierté. Jill ne dit rien, gardant cette conversation pour un autre jour. « Alekseev est tombé sur l’échographie qui se trouvait dans cette boîte en plus de la lettre. Nous avons abordé le sujet. Il pensait que Délilah… c’est l’un des prénoms qu’il voulait donner à nos enfants si un jour nous en avions… était vivante. Que j’avais donc accouché. Il m’a demandé où elle était…. Je lui ai dit ce que j’avais fais… » « Tu n'as pas à t'en vouloir Greer. Tu as fait ce qui était nécéssaire. Comment aurais-tu pu assumer cet enfant, en pleine cavale, par les temps qui courraient ? Tu aurais été arrêtée et jugée, enceinte de plusieurs mois. Envoyée je ne sais-où, probablement à Azkaban et tuée sur le chemin. Tu as fait ce que tu devais faire. » répéta t-elle comme pour se convaincre elle-même. En effet, cette grossesse n'aurait pas permis à Greer de fuir si longtemps et si ses détracteurs l'avaient retrouvée, nul doute que ses ennemis auraient pris un malin plaisir à la rayer de la carte de Grande-Bretagne. Aussi cruel cela puisse t-il paraître, peut-être même qu'Alekseev aurait fait parti de ses bourreaux. L'affaire Nott ne lui avait pas fait gagner les faveurs des hautes sphères. Cette idée fit frissonner Jill. « Si tu avais vu comment il m’a regardé… J’ai peur de l’avoir perdu à tout jamais. » Il était toujours étrange de voir que face à Greer - et armé de ses souvenirs - Alekseev éprouvait encore des sentiments nobles. Il semblait logique qu'un homme se mette à chercher son enfant mais cette pensée lui fit chaud au coeur. Ce qu'elle garda pour elle, c'est qu'elle aurait bien voulu voir cette petite fripouille naître et grandir. Elle l'aurait choyé, amusé, vêtu, inité au balai et tant d'autres choses. Elle aurait voulu connaître son sourire, toutes ses qualités et ses défauts si peu nombreux, probablement lointain héritage de son père. « Vous vous êtes perdus tellement de fois Greer, penses-tu réellement que vous resterez à jamais loin de l'autre ? » Jill sourit d'un air triste, essuyant les sillons humides creusés sur les joues de l'avocate. « Je crains plutôt que tu ne puisses jamais te débarasser d'Alekseev Gaunt... » Ces deux là étaient attirés l'un par l'autre tels des aimants. La chimie était presque palpable pour ceux qui avaient l'habitude de les voir se tourner autour. Elle connaissait par coeur leurs regards, avait fini par s'habituer à leurs disputes, savait quand il torturait l'esprit de son amie. Jill l'avait ramassé tant de fois à la petite cuillère, et pourtant ni Greer ni Alekseev semblait capable d'arrêter cette lente destruction. Si l'Auror ignorait les sentiments actuels du jeune homme pour son amie, elle savait en revanche que Greer lui vouait un amour sans limite. Pourquoi sinon cette décision l'aurait tant ébranlée. Au delà de l'aspect religieux et impossible socialement parlant, cet enfant représentait un espoir de normalité. De famille. Que tout pouvait être possible. Malheureusement, Alekseev ne s'était jamais porté volontaire pour cela. Non, il répondait aux exigences de ce pourquoi il avait été façonné. Fonder une famille pure, traditionnelle, redorer son nom, faire carrière. Ce genre de vie pour laquelle Jill elle-même avait été façonnée, mais dont elle depuis longtemps tourné le dos. « Tu as fais le moins pire de tous les choix. » Et la jeune femme se doutait bien que Greer le savait, quand bien même toute son âme lui hurlait l'inverse. « Mais s'il te plaît Greer, s'il te plaît ... » insista la sorcière soudainement bien sérieuse malgré ses yeux tristes, « promets moi que la prochaine fois qu'une impasse s'offre à toi, tu viendras me chercher. » Elle déglutit difficilement tandis que ses yeux se remplissaient à nouveau de larmes. « Je ne dis pas que j'aurais pu te fournir une solution parfaite pour ce que tu as du traverser, mais j'aurais pu être à tes côtés tu sais. A quoi servent les amis sinon ? » Les larmes roulèrent sur ses joues et elle se mit à sourire. Un ange passa avant qu'elle n'émette un petit rire. « Et s'il te plaît, promets moi aussi que tu n'appellera jamais ta fille Delilah. »
E. Greer Cavendish
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Message Re: A million on your soul
par E. Greer Cavendish, Mar 19 Juin - 19:11 (#)
Les bras frêles de Jill Peverell se refermaient sur elle comme deux protections. Des protections minces, mais des protections quand même. Cependant, le danger ne venait pas du monde extérieur. Ce danger-là était écarté depuis bien des années maintenant. Non, le danger venait de ce qu’il y avait dans sa tête, de ces millions de neurones qui communiquaient entre elles par un stimuli électrique et qui enclenchaient les informations. Si on avait pu disséquer le cerveau de Greer Cavendish en cet instant, on se serait rendu compte que la partie concernant la mémoire était activée plus que de nécessaire. C’était ce danger-là qui menaçait. C’était les souvenirs d’une précision clinique, foudroyante qu’elle revivait et chaque détail la frappait, l’aveuglait : les résultats de la potion lui annonçant qu’elle était enceinte, sa couleur, elle renversée sur ses toilettes, régurgitant ce qu’elle avait mangé, elle observant le plafond de sa chambre alors qu’elle devait prendre une décision, le visage choqué et consterné d’Alexandre Queen, sa main dans la sienne lorsqu’ils transplanèrent, les portes de l’hôpital, la robe de chambre qu’elle avait enfilé, ces mots de cette infirmière qui lui disent « Êtes-vous certaine, mademoiselle ? », le regard cuivré du médicomage, elle fermant les yeux, pour ne pas voir, pour ne pas ressasser ça. Elle aurait pu donner dix milles détails, mettre des mots sur chaque sensation, chaque douleur qu’elle avait ressentie. Elle aurait même pu faire un portrait-robot de chaque personnes qu’elle avait rencontrées. Le danger était en elle. Le danger était sa mémoire. Et ça, les bras protecteurs de Jill Peverell n’y pouvaient rien. Et le pire était probablement que jamais Greer Cavendish n’avait eu la possibilité d’« appaiser » ce souvenir avec la pensine : celle-ci était alors dans le coffre-fort d’Alekseev Gaunt qui ne se souvenait alors pas de son existence. Elle n’avait pas non plus retiré ce souvenir depuis qu’elle avait récupéré sa pensine, c’est-à-dire quelques heures auparavant. Elle n’était pas non plus sûre de vouloir le faire parce que le retirer de son esprit, l’appaiser comme elle le disait si bien, c’était l’exposer et elle ne voulait que personne ne soit témoin de ça.

« Je ne laisserais jamais les trolls t'emmener aux pays des enfers Greer, tu m'entends. Jamais. »

Elle rit dans ses larmes parce que l’attention est touchante. Elle aurait voulu lui répondre que les trolls n’existaient pas en enfer et que l’enfer n’était pas des pays mais les larmes continuèrent de la submerger. Son pied, posé sur le flanc de Shadow pouvait sentit qu’elle aussi semblait respirer difficilement et Greer Cavendish savait que la panthère, quand bien même ne pouvait-elle plus ressentir quoique ce soit à cause de leur contact coupé, souffrait elle aussi. Shadow avait probablement été la plus réactionnaire d’elles-deux quand il avait fallu faire un choix, celle qui avait souvent ressasser ce souvenir traumatisant. Greer se demandait d’ailleurs si celle-ci ne lui avait jamais pardonné cet acte.

« Tu n'as pas à t'en vouloir Greer. Tu as fait ce qui était nécessaire. Comment aurais-tu pu assumer cet enfant, en pleine cavale, par les temps qui courraient ? Tu aurais été arrêtée et jugée, enceinte de plusieurs mois. Envoyée je ne sais-où, probablement à Azkaban et tuée sur le chemin. Tu as fait ce que tu devais faire. »

Greer le savait parfaitement. Elle s’était cent fois demandé ce qu’il lui serait arrivée si elle avait décidé de garder l’enfant. Elle aurait été incapable de fuir dans cet état et si on ne l’avait pas tuée, elle et l’enfant, on l’aurait laissé accoucher en prison et on le lui aurait retiré s’il n’était pas mort-né à cause des Détraqueurs. S’il n’était pas mort de la main de son père aussi quand on repensait à ce qui s’était passé dans la forêt et la cicatrice qu’elle avait récolté en souvenir. Comme si sa mémoire eidétique ne suffisait pas.

Pourtant, se dire qu’elle avait fait ce qui était logique de faire n’était pas suffisant et n’avait jamais été suffisant pour Greer Cavendish.

« Vous vous êtes perdus tellement de fois Greer, penses-tu réellement que vous resterez à jamais loin de l'autre ? Je crains plutôt que tu ne puisses jamais te débarasser d'Alekseev Gaunt... »

Greer secoue la tête. Jill ne comprenait pas. C’était différent cette fois-ci. Alekseev avait fondé une famille, avait un enfant. Il pouvait en avoir des dizaines s’il le souhaitait. Mais cet enfant, celui qu’elle avait tué, il ne l’aurait jamais. Et elle n’en voulait pas d’autres. Certainement pas après ce qu’elle avait vécu et en observant le monde incertain qui se profilait, l’équilibre fragile pouvant se renverser encore, la dissuadait encore plus. Pourtant, il était bien la seule personne avec qui elle s’était imaginée, un jour, fonder une famille.

Et Greer Cavendish était persuadée que de toute façon, leur amour était probablement mort quand elle lui avait retiré la mémoire d’autant plus que maintenant, il était entre deux eaux : le Alekseev de ses souvenirs qu’elle venait de lui rendre et le Alekseev qui s’était construit sans elle.

« Tu as fais le moins pire de tous les choix. »

Elle le savait. Elle l’avait toujours su.

« Mais s'il te plaît Greer, s'il te plaît ... promets moi que la prochaine fois qu'une impasse s'offre à toi, tu viendras me chercher. »

Greer dévie le regard et sent les larmes continuer de couler sur ses joues. Jill n’aurait rien pu faire. Jill n’aurait été d’aucune aide. Personne n’aurait été d’aucune aide de toute façon, pas même Alexandre qui pourtant avait été là le jour où elle avait avorté. Greer Cavendish ne se laissait jamais aller. Greer Cavendish ne craquait jamais. Sauf avec une seule personne. Cette même personne qui avait été là encore quelques heures auparavant. Quand bien même elle adorait Jill, Greer savait qu’elle ne serait jamais aller la chercher. Parce qu’elle était comme ça. Parce qu’elle avait préféré affronter ça toute seule et parce qu’il n’y avait qu’elle seule qui pouvait affronter une chose pareille. La douleur mais le deuil aussi.

« Je ne dis pas que j'aurais pu te fournir une solution parfaite pour ce que tu as du traverser, mais j'aurais pu être à tes côtés tu sais. A quoi servent les amis sinon ? »
« Tu es à mes côtés maintenant. Ca me suffit. » commente Greer, la voix cassée.

Elle ne ferait pas la promesse, parce qu’elle savait qu’elle ne la tiendrait pas.

« Et s'il te plaît, promets moi aussi que tu n'appellera jamais ta fille Delilah. »

Greer lève les yeux au ciel et essaie d’effacer les larmes sur ses joues avant de répondre et pleurer de plus belle :

« Je n’aurais jamais d’enfant tout court, Jill. »

Elle regarde sa cheminée vide et pleure silencieusement. Shadow bouge soudainement à ses pieds et grogne. Greer n’a pas besoin que leur lien revienne pour comprendre. Elle se tourne vers Jill.

« Elle va mourir. Alors dis-lui au revoir. »
O. Jill Peverell
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Message Re: A million on your soul
par O. Jill Peverell, Dim 9 Déc - 14:10 (#)
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Greer & Jill

✻✻✻ La jeune femme retourna le sourire que lui offrait, malgré ses larmes, son amie. La peine de Greer était d’autant plus touchante que la brune se gardait bien de communiquer ses états d’âme. Il semblait toutefois que malgré les années qui passent, les chemins différents qu’arpentaient leurs opinions, les deux amies arrivaient toujours à s’ouvrir l’une à l’autre. Leur amitié flottait toujours parmi les débris de leur différence et, malgré leur fierté, toute l’étendue de leur mauvaise foi ou des secrets - et regrets - qu’elles dissimulaient, un tel moment d’honnêteté représentait une véritable bouffée d’air frais. C’était de toute manière ce genre d’échanges libérateurs et de cruelle honnêteté qui avaient depuis longtemps forgé cette particulière, curieuse mais fidèle amitié. Jill avait - sans trop comprendre pourquoi - réussi à faire sourire son amie. Un vague lien avec sa remarque sur les trolls des enfers peut-être, que la Gryffondor imaginait monstrueux. Elle avait toujours eu un peu de mal avec le côté ésotérique des moldus, malgré quelques explications d’Ezra sur les grands concepts et quelques discussions sur le sujet en compagnie de Greer. Religion, croyances, folklore, tout se mélangeait dans sa tête. Baignée depuis sa plus tendre enfance dans un monde où tout était possible, la sorcière ne pouvait imaginer que certains récits fussent faux, ou que les bêtes mythologiques n’aient jamais existé. Mais pour le moment Greer souriait, et cela lui allait.

Greer était beaucoup plus jolie lorsqu’elle souriait, d’ailleurs. Pas ces sourires de façade et autres méthodes de séduction obscures, non non, un vrai sourire ; spontané, honnête, libérateur ; douloureux. D’ordinaire, la brune faisait tout de manière intense. Elle vivait, riait, complotait, grimpait les échelons intensément. Consommait la chair comme d’autres des carottes. Travaillait avec une ambition qui en dérangeait plus d’un. Affectionnait à outrance se mettre en scène, au grand dam de Jill notamment. Mais Greer restait avare en détails sur ce qui l‘affectait  vraiment et, en tout logique, ne se confiant que rarement. Et de moins en moins songea la sorcière aux longs cheveux blonds. A cet effet, et bien que la voir dans cet état de malheur ne lui procurait aucun réconfort, les confessions de son amie se faisaient agréables, Rares, souvent déchirantes, mais ces moments n’appartenaient qu’à elles.

Jill mettait de la force dans ses propos ; elle y croyait dur comme fer, même si Greer réfutait silencieusement ses propos par des mouvements de tête. Une chose était sûre ; de tous les maux qu’elle avait subi et encaissé, ceux perpétués par les propos, les choix et les comportements d’Alekseev remportaient aisément la Baguette d’Or des souffrances. La perte de ses derniers proches  n’avait rien arrangé et Jill assistait avec inquiétude au comportement de plus en plus secret de son amie. Lorsque la blonde réclama une promesse, celle ci ne franchit par les lèvres de l’intéressée. Seule des larmes roulèrent à nouveau sur les joues de la brune qui détourna le regard, visiblement gênée. « Je n’aurais jamais d’enfant tout court, Jill. » Etait-ce le contre coup ? Qu’en savait-elle après tout, de ce que le capricieux avenir lui réservait ? Même si l’ex Gryffondor songeait au fait que la sexualité débridée de son ami finirait bien par lui jouer des tours, Greer s’était jusqu’à maintenant montrée capable de s’en sortir. Technologie moldue sans aucun doute, bien que Jill n’ait qu’une très vague idée du concept de la contraception. Son amie visiblement happée par la vision de la cheminée, Miss Peverell laissa un ange passer non sans poser sa tête contre l’épaule de son amie. Que pouvait-elle ajouter d’utile à cela ? Certainement pas de parler d’un enfant que Greer pourrait éventuellement concevoir, un jour, avec une mystérieuse personne dont on ne savait rien à ce jour, alors qu’elle restait rongée par la décision de ne pas continuer cette première grossesse. Et pas n’importe laquelle. LA grossesse. L’enfant de l’amour qu’elle n’aurait plus jamais. En parlant d’utilité, une désagréable idée s’installa dans son esprit. Greer l’avait-elle volontairement écartée car elle l’imaginait inutile sur cette affaire bien particulière ? Bien que la sorcière admettait volontiers que son utilité se serait limitée à un soutien moral, la pensée n’avait rien de réconfortante et la piqua droit au cœur. Elle se força à ne pas aborder le sujet et poussa un long soupir qui, enfin, rompit le silence haché par quelques sanglots. Jill déposa sa paume sur la main froide de Greer pour réaffirmer son soutien, quel qu’il soit. Elle ne pouvait pas aspirer sa peine et se contentait de respecter la douleur que son amie s’autorisait enfin à expier. « Alors je ferais bien de m’y mettre maintenant. » lâcha la sorcière, un petit sourire au coin des lèvres, brisant définitivement le calme. « Non, je plaisante. Merlin seul sait ce que l’avenir nous réserve. Nous verrons bien. » rajouta t-elle en se redressant dans un doux sourire.. Si elle-même n’entendait plus la panthère, c’est la manière dont elle ressentait l’état émotionnel de son propre patronus qui lui donnait des indications. Effectivement, Falco partageait l’avis que Greer émettait au moment même. Jill porta son regard sur Shadow et leurs regards se croisèrent. Des yeux bleus dans des abimes noires. Shadow n’avait pas peur. Jill non plus. Elles savaient que, bientôt, le patronus réapparaitrait pour lui rabâcher les oreilles de son incompétence ou de sa stupidité. Probablement plus touché que sa sorcière par la misère d’un autre patronus, Falco ne put s’empêcher d’émettre un glapissement de douleur. Il ne quittait pas la panthère des yeux et hurla de plus belle lorsqu’elle disparut sous leurs yeux. « Bon voyage, Shadow. On se voit bientôt. » Assises côte à côté sur le canapé, Jill déposa à nouveau sa tête contre l’épaule de son amie, passant un bras derrière son dos et s’appliquant à faire des mouvements circulaires de réconfort. Falco traîne ses lourdes pattes jusqu’aux pieds de Greer où Shadow se tenait quelques instants auparavant et grogne avant de s’installer. Dehors, le ciel se couvre et une pluie drue commence à frapper les carreaux, baignant la pièce d’une sombre lumière. « On ne va nul part. »

✻✻✻
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E. Greer Cavendish
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E. Greer Cavendish
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Message Re: A million on your soul
par E. Greer Cavendish, Dim 24 Mar - 14:10 (#)
« Non, je plaisante. Merlin seul sait ce que l’avenir nous réserve. Nous verrons bien. »

Elle n’espérait plus rien de l’avenir. Plus dans ce domaine-là. Plus après cette nuit. Elle savait qu’elle prenait un chemin où elle se refermait constamment sur elle-même. Ses prochaines décisions seraient prises sans prendre en compte ses émotions. S’enfermer dans cette logique froide et implacable pour ne plus ressentir. Elle le savait : ça lui avait bien réussi pendant un certain temps. Elle savait aussi que ça n’était que repousser le problème et ne plus prendre en compte les sentiments des autres et les blesser telle qu’elle le ferait avec Adonis McLeod par exemple. Au fond d’elle, elle se disait qu’elle n’avait plus rien à perdre à agir comme ça. Elle avait déjà tout perdu ou tout du moins, elle savait ce que cela faisait de tout perdre. Redonner la mémoire à Alekseev ne lui avait fait rien regagner du tout. Si elle avait retrouvé sa réputation, son travail et son appartement, tous les aspects émotifs et les personnes qui comptaient de sa vie n’étaient plus là. A commencer par sa mère qui vivait elle ne savait où et ne se souvenait plus qu’elle avait une fille. Ne restait plus qu’à devenir un monstre sans cœur. Un monstre capable d’ébranler le monde ou de le gober comme un œuf. C’était ce qu’elle était devenue pendant trop longtemps maintenant et elle finissait par le croire définitivement.

« Bon voyage, Shadow. On se voit bientôt. »

La panthère muette, souffrant de silence, se mit à grogner un peu pour toute réponse. Greer l’observa longuement. C’était peut-être la dernière fois qu’elle la voyait, cette panthère avec qui elle avait eu tant de moments conflictueux mais qui, dans les pires moments, c’était retrouvée être la meilleure de ses alliées confirmant l’idée qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même. Peut-être que Shadow ne serait plus Shadow quand elle reviendrait. Peut-être qu’elle ne serait plus une panthère, ni une mante religieuse. Et ça l’attristait. Elle savait cependant que ça n’était pas un adieu définitif. Juste un au revoir.

Elle savait déjà ce qu’elle allait ressentir quand Shadow disparaitrait. Elle savait déjà que les prochains jours seraient compliqués mais qu’elle puiserait dans ses réserves comme elle l’avait toujours fait.

Et en un clin d’œil, Shadow explosa en mille flocons argentés.

Le vide et la douleur.

Ça lui était si familier à présent.

Et cette profonde tristesse qu’elle n’avait pas oubliée.

Les yeux fermés, Greer serre les dents pour ne pas pleurer encore. Elle sent la main de Jill qui la réconforte, sa présence à côté d’elle et enfin, entendant ces mots à travers la douleur :

« On ne va nul part. »

Cette fois-ci, elle ne serait pas seule et cette simple constatation lui donna un peu de baume au cœur.
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