Curieuse, un trait de caractère qui semblait héréditaire chez les Hampton. Passionnée, vive d'esprit, avide de savoir. Elle voulait voir le monde, tout découvrir, tout voir. Une vraie copie de sa mère. Enfin, si ce n'était de son insécurité qui l'emprisonnait dans une timidité et une solitude, s'avérant parfois un malheur, mais bien souvent salutaire. C'est vrai que la Kalocsai n'avait pas beaucoup d'amis, elle qui cultivait son esprit à l’abri des autres, loin de ces gens qu'elle observait d'un pas de recul. On disait d'Ursula qu'elle avait l'oeil fin, qu'elle lisait aussi bien les innombrables pages de ses bouquins que les gens, qu'elle voyait en eux, derrière le masque qu'ils enfilaient en public. C'était lui donner beaucoup de crédit, elle n'était pas devin après tout. Sage et disciplinée, elle ne faisait pas de vague ni de scène. Ce n'était pas surprenant, Ursula n'ayant jamais été le centre d'attention, étant l'enfant du milieu, celui qu'on aime, mais qu'on oublie. Celui qui n'est ni la fierté de la famille, le plus âgé, ni le joyaux précieux, le plus jeune. Certains la trouvaient coincée, trop rigide. Il est vrai que la blonde n'avait jamais réussi à enfreindre des règles, elle qui sentait un immense bourdonnement dans son ventre et son coeur palpiter à la simple idée de désobéir. La lèche-botte, voilà comment ses deux frères – et sûrement plusieurs de ses camarades de classe - la surnommaient. Un trait de caractère qui s'était avéré drôlement utile dans le monde hostile et classiste des scolaires et des professeurs.

En amour, elle était rêveuse et irrévocablement romantique. Ursula avait un talent quasi artistique pour ce qui était des grands élans de romance et des gestes d'éclat. Si elle semblait douce et calme aux yeux de tous, il fallait se rapprocher de son coeur pour découvrir une personnalité toute en couleur. Elle choisissait les gens à qui elle s'ouvrait et leur restait loyale pour toute la vie, même si ça l'avait blessée plus d'une fois.