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Ludovic Descremps
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Ludovic Descremps
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par Ludovic Descremps, Mar 16 Juil - 22:22 (#)


► Mars 1981 | 16 Cricklewood street
Æpiotykhia
Linda Oswin & Ludovic Descremps
Connaissez-vous ces lundi après-midi d'oisiveté où rien ne peut satisfaire votre ennuis ? Ces jours où rien ne vous appelle nul part, où vos affaires sont terminées, où travailler ne vous mènerait à rien et où vous ne trouvez aucune échappatoire ? Cela arrive généralement le lundi ou le dimanche quand tous les commerces sont fermés, mais surtout le lundi puisque tout le monde travail et nul ne trouve de raison de rester dans les rues. Tout le monde a déjà connu ce genre de journée au cour desquelles on ne dispose pas d'autre choix que de rester dans l'inaction, dans un repos forcé, dans un ennuis mortel. Ludovic vivait cela, tous les jours, depuis plusieurs mois, dès que sa compagne quittait son appartement pour vaquer à ses occupations, le laissant seul et sans loisir sinon accompagné d'un chat et d'un britannique parfois. Autant dire qu'il commençait à épuiser le sentiment et que le terme "d'ennuis mortel" l'avait rendu, sinon adepte de réincarnation, au moins increvable. Et l'on avait beau être créatif comme un Serdaigle, à la longue, surtout lorsqu'on était un peu rouillé, l'inventivité laissait à désirer.

Le nez orné d'une paire de lunettes épaisses à la monture écaille plutôt voyante, Ludovic avançait dans le couloir avec un chaton au pelage assorti dans les mains. Minerva, car c'était ainsi qu'ils avaient finalement décidé de l'appeler avec Linda, avait bien grandit depuis ces dernières semaines, elle faisait déjà la taille d'un petit chat adulte malgré ses, peut-être, trois mois d'existence terrestre et ne semblait plus aussi perturbée qu'avant par la disparition soudaine de ses frères et sœurs. Cela faisait quelques semaines maintenant que l'Auror avait contraint le français à rendre sa petite armada de chatons à leur véritable propriétaire. Il l'avait fait non sans remords, après avoir demandé cent fois à l'éleveur de leur trouver un bon foyer et passait, depuis, tout son temps avec sa petite survivante qui ne le quittait pas davantage. Ludovic avançait donc avec la chatonne dans les bras, se servant de son petit corps soyeux pour s'empêcher de tendre les mains devant lui comme il le faisait si souvent pour progresser à l'aveuglette. Une contrainte qui n'avait rien d'une distraction contrairement à ce que l'introduction pourrait vous laisser penser, il ne s'amusait pas à marcher sans précaution pour le simple plaisir de se cogner dans les meubles, non, la véritable occupation qui accaparait l'échevelé ce jour-là étaient les lunettes qu'il portait.

Elles faisaient parties du lot de lorgnons que sa mère lui avait apportées bien auparavant, une paire de ces fameuses lunettes magiques qui, modifiées, auraient pu l'aider à revoir un peu plus clairement. Une modification délicate, un sort complexe à réinventer totalement, qu'il venait, finalement, de mettre au point. Ou… peu s'en fallait. Il n'était pas encore certain de l'efficacité des binocles sur sa cécité, certes meilleure, mais toujours aussi handicapante. Il voyait mieux depuis quelques temps, les tâches grises-blanches qui étaient apparues dans sa vision à la St Valentin s'étaient peu à peu élargies pour lui permettre désormais de deviner les espaces et les formes un peu plus précises des meubles les plus gros ou les plus proches. Pour le reste, tout demeurait flou et gris, noyé dans une brume opaque qui ne le laissait voir ni la couleur, ni même les visages. Même si les choses s'amélioraient, il aurait tout de même bien besoin de rendre ces lunettes opérationnelles. Il ne comptait plus les essais qui avaient occupées ses après-midi depuis des mois, les paires de lunettes cassées, détruites ou téléportées à l'occasion de sorts ratés et qui lui faisaient réellement comprendre pourquoi sa mère avait jugé bon de lui en prendre autant. Les rescapées qui ornaient son nez étaient, de loin, les moins élégantes. Probablement conçue pour quelque vieille sorcière aigrie amatrice de hibou, elles donnaient sens et vie à l'expression "cul de bouteille". Les verres étaient épais comme des ampoules, ronds et enflés comme des loupes et déformaient ses prunelles dans une sorte de spirale grossissante si forte qu'on devait bien voir les moindres détails de sa rétine au fond. A la mesure des verres, la monture était épaisse, fondue dans une sorte de résine trouble qui n'avait rien de commun et lui mangeait le visage depuis ses joues jusqu'aux sourcils.

Et malgré tout, malgré la triple épaisseur de verre, malgré la monture hideuse et le gabarit des binocles dignes d'un troll des montagnes, malgré la laideur et les sortilèges magiques à la pointe de la technologie ; l'aveugle n'y voyait pas mieux.

Il y avait une nette amélioration certes, il devinait certaines couleurs désormais, le rouge, le bleu, le gris-bleu... mais uniquement les plus clinquantes et unies. Pas de nuances, pas de camaïeu, ni même de contour net. Il devinait mieux les objets, pouvait voir plus clairement les contours des fenêtre, mais tout demeurait flou, comme haché sur les contours par de l'eau tombée sur un parchemin trop vieux. C'était mieux, même s'il avait vu mieux.
Cela suffisait cependant à ce qu'il ne se soit rien prit dans les jambes depuis qu'il avait commencé à les essayer. Mina y veillait, miaulant bruyamment lorsqu'elle passait trop près d'un obstacle qui faisait aussitôt corriger sa trajectoire au français et, s'il ne regardait pas trop loin, l'échevelé constatait qu'il n'avait, en effet, plus besoin de ses mains pour se guider. Linda n'en reviendrait sans doute pas d'apprendre ça.

Ravi de son petit succès, Ludovic s'était lancé dans une mise en pratique poussée, déambulant à travers l'appartement pour tenter de reconnaitre un peu mieux les lieux que ce qu'il avait fait jusqu'à maintenant. C'était une chose que de découvrir le monde avec les doigts, une autre de le faire avec les yeux. De pièce en pièce et de meuble en meuble, l'échevelé s'étonnait de découvrir vases, livres et tables basses qui ressemblaient si peu au style plus brouillon et bagarreur dont il avait pris l'habitude dans le précédent appartement de sa petite amie. Ici, tout semblait si propre, moderne et rangé qu'il avait presque l'impression de déambuler dans une maison étrangère qui aurait plutôt… c'est cela, appartenu à une directrice et non à une Auror. Il avait beau chercher, il ne retrouvait pas le sac de sable, l'étendoir à linge, les armes abandonnées sous un oreiller et les livres épars qui avaient composés le décor de leurs premières nuits d'amants. Cela était étrange, presque désagréable, comme de passer d'un univers confortable et familier dans lequel vous aviez toutes vos habitudes pour se retrouver soudain dans un grand couloir d'hôpital. Etrangement, il aurait dut en avoir l'habitude.

Tout ceci l'avait bien occupé, pour une fois, il fallait le dire. Il avait passé longtemps à examiner autant qu'il le pouvait les placards, les fauteuils du canapé, à essayer d'identifier avec précision les lieux où se trouvaient toutes ses cachettes préférées. Il s'était usé les yeux à essayer de déchiffrer les couvertures des livres, à tenter de déterminer quel genre de papier peint ornait les murs. Il ne voyait pas assez pour cela malheureusement, mais il avait pu, au moins, s'asseoir sans hésiter sur le lit du salon pour jouer avec son chat ou trouver sans hésiter les rebords du frigo. L'essai avait été bien moins concluant lorsqu'il s'était lancé dans une petite tentative d'aller aux toilettes debout, On ne pouvait pas lui en vouloir, cela faisait longtemps qu'il ne s'y était pas essayé et, à sa défense, il n'y voyait pas assez bien pour se rendre compte du désastre que cela avait pu provoquer. Comme je l'ai dis, au bout d'un long moment de succession sans fin de lundis après-midi, on finissait par ne plus savoir comment s'occuper.

Il restait une salle, après la cuisine, le salon, la salle de bain et les chambres qu'il n'avait pas encore visité, c'était la grande salle du fond à la fonction non identifiée. Il avait préféré procéder par étapes au cas où le sort sur les lunettes ne dure pas, mieux valait repérer les lieux où il avait le plus de chance de repasser avant de s'aventurer dans les endroits où il n'allait jamais. Mina miaula, faisant s'ouvrir poliment la porte qui ne pouvait rien lui refuser, avant de ronronner entre les doigts du français. Ludovic n'aimait décidément pas cet endroit, il ne l'avait jamais aimé. Depuis la première fois où il y était entré, il avait veillé à ne pas y remettre les pieds. C'était une salle trop grande, trop vide, dans laquelle il perdait tout repère pour peu qu'il s'écartait des murs et il ne voulait même pas penser aux entrelacs de ferrailles qui encombraient le sol comme autant de machines de tortures ou de guerre placées là tout spécialement pour lui nuire. Il se souvenait bien s'être pris la jambe contre une barre de métal si dure qu'elle avait bien faillit casser son dernier genou valide. Il ne lui en avait pas fallut plus pour comprendre qu'il n'avait pas intérêt à y retourner.

Passant la tête dans l'embrasure de la porte, l'échevelé tendit la main pour allumer la lumière et jeta un coup d'œil à l'intérieur à travers ses lunettes, veillant à ce que Mina puisse elle aussi observer l'ennemi. Moins impressionnée, la minette ne tarda pas à miauler de nouveau, agitant la queue pour fouetter les côtes de son porteur afin de le faire avancer. Ludovic obtempéra. La salle était vide, comme il s'y attendait, spacieuse, comme il s'y attendait. En revanche, il devinait contre les murs des choses bien plus étranges que ce à quoi il s'attendait. Cela ressemblait à des lits ou des bureaux, à des meubles bien étranges sur lesquels il aurait pu s'asseoir ou s'allonger. L'échevelé s'approcha davantage. Chacun d'eux avait une forme bizarre qu'il n'avait encore jamais vu auparavant, certains dotés de tiges sur lesquelles reposaient des grands cercles en métal. Il ne voyait pas bien. Cependant, il y trouva également quelque chose de plus familier en la présence du fameux sac de sable sur lequelle l'Oswin des anciens temps aimait tant frapper. Aussitôt attiré, le français s'empressa de boitiller jusqu'au sac, l'examinant de si près qu'il collait pratiquement ses lunettes dessus. Cela avait bien l'air d'être le même. Lâchant la jeune chatte d'une main, Ludovic caressa la surface du punchingball, reconnaissant sa texture. Il le connaissait par cœur depuis le temps qu'il le voyait dans les souvenirs de la française. Il ne comptait plus le nombre de fois où elle s'était défoulée dedans à la suite d'une mauvaise journée au travail, avant qu'il n'arrive chez elle plus ou moins par surprise pour la retrouver et l'en détourner. Il ne comptait plus le nombre de fois où il l'avait surprise alors qu'elle défoulait toute sa colère et sa frustration face à une enquête sans fin pour tenter de le retrouver. Le maigrichon lui-même avait déjà essayé une ou deux fois de taper dedans pour voir ce que cela faisait, manquant, lors de ces mêmes fois, de s'y casser un doigt. Il n'avait jamais trop aimé ce "punchingball" comme elle l'appelait, mais aujourd'hui, le retrouver là, seul vestige véritablement familier sur des pièces à la ronde, conférait à ce tas de tissu et de terre mal aimé une préciosité toute particulière.

Ludovic resta là un long moment à caresser l'objet du plat de la paume avant que Minerva ne commence à s'agiter dans ses mains. Elle avait envie de se dégourdir les pattes. Le français ne la lâcha pas pour autant, se contentant d'aller examiner de plus près les autres meubles étranges qui ne lui disaient rien de concret. Des barques ? Des tables basses ? Des lits ? Il restait assez convaincu que tout cela ressemblait à des appareils de torture sophistiqués. Peut-être, il l'espérait, des investissements faits en prévision de témoins ou de suspects qu'il aurait fallut interroger de façon plus musclée pour retrouver sa piste et remonter jusqu'au QG des Mangemorts. Curieux, l'ancien Serdaigle ne put s'empêcher de tripoter quelques loquets et leviers, s'arrêtant brusquement lorsqu'un objet lourd se décrocha d'une des machines pour s'écraser brutalement par terre. L'échevelé fit un saut de côté, restant un instant crispé sur son chat qui lâcha un piaulement mécontent. Il ne reposa ses deux jambes par terre qu'un bon moment après être certain que le gros de l'incident était passé. Ludovic hésita un instant entre partir ou continuer à explorer. Il en avait eut la preuve, une fois de plus, cette pièce, quelle que soit son utilité, n'était décidément pas faite pour lui. Néanmoins, curieux comme son chat, le maigrichon reporta son départ de quelques minutes, se rappelant encore d'une des raisons qui lui avait fait abandonner l'usage de cet endroit les premières fois où il était venu pour repérer les lieux.

L'infirme boitilla jusqu'au mur opposé, se retenant de justesse de ne pas lâcher Minerva pour l'examiner avec ses doigts. Il s'en souvenait bien, lorsqu'il était passé par ici la première fois, il avait sentit des excroissances étranges qui, pour ce qu'il en savait, recouvrait tout le mur. Comme si l'Auror avait voulu mettre là une œuvre d'art moderne étrange qui n'aurait ressemblé à rien. Le binoclard approcha ses yeux du mur, son nez cognant brutalement dans un relief qu'il n'avait pas vu.
L'échevelé lâcha un grognement douloureux, reculant la tête pour essayer de prendre du recul sur la situation. Malgré ses bonnes lunettes, il n'y voyait pas grand chose. Seulement une surface large, haute et noire qui lui signalait un mur.

Bien décidé a faire la lumière sur cette affaire, Ludovic se détourna du mur, déposant la petite chatte sur le sol - cette dernière ravie comme un oisillon sortant du nid - avant de s'en retourner dans le bureau de l'Auror pour lui dérober sa lampe. Il ne tarda pas à revenir dans la grande salle vide tentant d'utiliser l'objet sans y parvenir. Le sorcier fini par soupirer, sortant sa baguette résineuse de sa poche pour se contenter d'un plus évident lumos maxima qui ne tarda pas à créer une boule bleue lumineuse qui vint flotter à côté de l'échevelé.

Plissant les yeux, l'infirme tâcha d'y voir plus clair, se servant du halos lumineux pour deviner les formes précises des rochers sur le mur. Car il s'agissait bien de rochers, du moins, de petites grosseurs aux formes arrondies éparpillées au hasard sur la surface. Il y en avait partout, allant du sol au plafond dans un chaos des plus total. Quoique… peut-être pas si total. Reculant davantage, le Serdaigle commença à suivre les pierres apparentes du bout du doigt, y repérant comme des passages avant de remarquer le dévers léger qui remontait au plafond, créant comme une arche rocailleuse qui se poursuivait jusqu'à loin au-dessus de sa tête.

- Qu'est-ce que c'est que ça… ? marmonna le français la tête levée, contemplatif.

Un petit miaulement attira son attention, lui faisant baisser les yeux pour regarder de nouveau vers le mur. Minerva, plus audacieuse, s'était déjà propulsée sur l'un des rochers apparent, y tenant fièrement sur ses petites pattes juste assez étroites pour sa prise. Son maitre s'approcha d'elle, tiquant sur ce mot "prise", alors que le félin tentait de sauter vers un autre rocher un peu plus loin. Mina était un chaton fort bien développé pour son âge, mais ses réflexes laissaient encore à désirer. Elle rata largement la prise suivante, faisant aussitôt paniquer le français qui tenta de la rattraper, une seconde après que le petit animal soit retombé sur le plancher, droit sur ses pattes.

Minerva détalla, tachant de faire bonne figure comme n'importe quel chat. Il n'avait même pas besoin de la voir pour deviner qu'elle devait se lécher dignement une patte afin de reprendre consistance. L'échevelé lui sourit, vérifiant qu'elle n'avait rien et l'écartant un peu avant d'avancer de nouveau la main pour caresser une des prises au hasard du bout des doigts, sentant bien vite un creux à l'intérieur qui formait comme une poignée. Ludovic leva la tête vers le plafond, repérant une autre prise largement à portée de la première.

S'il osait...
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Linda Oswin
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Linda Oswin
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Message Re: Æpiotykhia
par Linda Oswin, Ven 9 Aoû - 22:16 (#)


   
Æpiotykhia
Ludovic Descremps x Linda Oswin


   



Linda Oswin était heureuse dans sa vie.
Enfin, peu s'en fallait, après tout, il y avait évidement beaucoup de hauts et de bas dans son quotidien et dans les défis qui se présentaient à elle, mais, de manière générale, Linda Oswin était heureuse dans sa vie.

Enfin, pas immédiatement en l'occurence.
En effet, elle se trouvait dans une cacophonie comme il en avait bien peu au ministère, même si, étonnamment, cela ne semblait pas plus la déranger que cela. Assise sur une chaise appuyée contre le mur extérieur de son bureau, la directrice des Aurors se tenait la tête d'une main,tâchant de rester concentrée sur sa tâche tout aussi prenante que les habituelles, tandis que de l'autre elle notait de temps à autres quelques mots dans les marges de rapports flottants devant elle, lui servant plus de table que n'importe quel bureau qu'elle aurait pu trouver. Tout autour d'elle, et comme d'habitude, des Aurors, visiteurs,occasionnels, habitués et autres employés allaient et venaient en l'ignorant parfois plus ou moins. Tant qu'ils l'ignoraient, elle vivait dans le meilleur des mondes, mais de temps en temps, un touriste venait à s'interroger sur son compte voir pire, à la reconnaître, et alors quelle plaie pour s'en débarrasser ! Car ce vacarme et cette agitation avaient beau être actuels, ce qui ne l'était pas, c'était que la directrice des Aurors ne crèche devant son bureau, entourée d'hargneux dossiers volants qui attaquaient tous ceux qui passaient trop près ou qui s'y intéressaient un peu trop et simplement armée de sa plume et d'une chaise qu'elle n'avait pas pu inventer de quelque manière que ce soit. En effet, en ce sacré sain jour de Mars, les services de maintenance du réseau de cheminée avait décidé de vérifier les connexions et les dernières utilisations de chaque cheminée du ministère, ceci à cause notamment des disparitions dans le pays qui se faisaient de plus en plus nombreuses depuis celle de Shakelbot en décembre dernier.
Car si la peste de Patronus ne la concernait pas, les disparitions inquiétantes, par contre, lui étaient revenues après être passées dans les mains expertes de la brigade magique. Fantastique me direz vous ? Certes, mais beaucoup moins quand les deux unités spécialisées se marchaient sans cesse dessus sur le terrain, lors des enquêtes, entretenant une petite gueguerre ridicule d'à qui revenait telle ou telle tâche. Ah, et, oui, bien sûr, beaucoup moins aussi quand il fallait coordonner les opérations depuis un couloir bondé et bruyant parce que une équipe de cheminots vérifiaient vos itinéraires personnels depuis votre cheminée privée en plus de tout dés-ensorceler avant de tout remettre en marche.
Fantastique.

Alors oui, Linda Oswin était sans doutes heureuse dans sa vie. Après tout, bon travail, bonnes responsabilités, tout commençait enfin à se stabiliser... Mais pas pour l'instant.
Là, tout de suite, Linda Oswin était quelque peu agacée et ne manquait pas d'envie de prétendre à une attaque Mangemort simplement pour faire évacuer tout l'étage afin de travailler en paix. Mais Linda Oswin était aussi raisonnable et, ainsi, elle se contentait de griffoner dans ses marges, ignorant le monde autour d'elle qui continuait de tourner, minute après minute, heure après heure.

- Madame Oswin, fit alors une voix qui s'éleva étonnamment par dessus le brouhaha ambiant, je crois qu'ils en ont terminé avec les vérifications de votre bureau.

- Mmh ?

C'est avec un discret soupir que l'Auror releva la tête, faisant face à l'un de ses collègues du ministère qui lui sourit chaleureusement avant de lui désigner la porte à sa droite.

- Désolé de vous avoir dérangée, passez une bonne soirée madame ! A demain.

Et sans rien ajouter de plus, le jeune homme s'éloigna le pas léger, rejoignant ses deux compères qui, bien moins chaleureux, n'avaient pas pris la peine de s'arrêter pour saluer la chef des Aurors et s'étaient directement dirigés vers l'ascenseur magique.
Se retournant distraitement, Linda put vérifier qu'il lui avait dit vrai, et, à peine se tourna-t-elle pour remercier l'homme qu'il avait déjà disparu. Tiens... Depuis quand tout le monde était-il parti ?
L'étage était vide mis à part les derniers retardataires habituels, et ce ne fut qu'en jetant un rapide coup d'oeil à sa montre que l'Animagus comprit que l'heure limite était déjà passée depuis plus d'une demi-heure. Evidemment... il ne manquait plus que ça.
Oswin lâcha un soupir, se levant de sa chaise en s'étirant longuement avant de ranger d'un coup de baguette ses dossiers qui rentrèrent bien gentiement dans leurs tiroirs respectifs, puis, elle pénétra enfin son bureau salit et dérangé par les ensorceleurs de cheminée afin d'y récupérer sa veste et son sac et, d'enfin, rentrer chez elle. Depuis que Ludovic était là, elle mettait un point d'honneur de rentrer à l'heure voir plus tôt. Elle avait bien conscience de sa situation et... De l'ennui voir de l'horreur que ça pouvait être de rester ainsi des heures et des jours seul sans savoir quoi faire, mais elle tâchait de ne pas trop y penser... Car quand elle y songeait, elle se sentait terriblement mal de l'avoir embarqué dans pareille situation. N'y avait-il pas eu d'autres solutions ?

Ce fut donc le coeur lourd et la tête pleine des mésaventures du jour que la sorcière rentra chez elle, non pas par cheminée puisque, désormais, celle-ci avait été réinatialisée et ne pouvait donc plus se connecter à celle à l'accès restreint qui trônait dans son propre salon, mais par transplanage puis, comme tout le monde, par la porte d'entrée. Peu original, certes, mais bon, on ne peut pas faire exploser des murs à tous les coups, ça coûterai trop cher en maçonnerie.

- Je suis rentrée Ludovic ! s'annonça-t-elle en élevant la voix, jetant mollement son sac sur la table de l'entrée avant de refermer la porte et de se défaire de son manteau. Désolée pour le retard, je... N'ai pas vu le temps passer ? Mmh, peut mieux faire. J'ai eu un léger contretemps.

Elle inspira profondément, expirant tout aussi lentement en tâchant de se détendre un peu, mais le silence qu'elle eut pour toutes réponses la fit tiquer malgré tout. Pas comme s'il s'agissait là de la première fois, certes, mais il y avait toujours une bonne raison aux silences que le français lui imposait parfois.
Ne rappelant pas son nom, l'Animagus regarda calmement autour d'elle pour tâcher d'apercevoir une lumière allumée ou une porte entrouverte, et ce fut en effet la porte ballante de sa propre salle de sport qui l'interpela. Mais que faisait Ludovic là bas ? D'habitude, il n'y mettait jamais les pieds... Sa curiosité piquée à vif, la main rejoignant instinctivement sa baguette juste au cas où, l'Auror s'approcha de la dite salle jusqu'à y trouver... Ludovic, accroché à son mur d'escalade.
Yeux levés vers son compagnon, bouche légèrement entrouverte par la surprise, Oswin resta un instant immobile avant de froncer les sourcils et d'esquisser un sourire, se remettant droite et croisant les bras dans l'optique d'admirer cet étrange et... admirable spectacle. Ludovic... En train de reprendre l'escalade, alors même qu'il voyait trois fois rien. Même si elle l'avait voulu, elle n'aurait définitivement pas pu réprimer cette vague de stupeur, amusement et fierté qui monta en elle, déjà qu'elle se retenait de le féliciter à vive voix... De toutes manières, son brouhaha mental devait déjà l'avoir perturbé, alors autant ne pas forcer le trait. Elle aurait pu rester un moment ainsi, à simplement regarder son homme retrouver, en cette simple et petite réussite, un peu de lui même, de son courage qu'elle avait toujours admiré, mais il faut croire qu'elle avait raison de parler de distraction car il ne fallut pas longtemps à l'échévelé pour retomber lourdement sur les tapis en contrebas, sous le regard pétillant et toujours aussi stupéfié de sa compagne.

- Eh bien, il s'en passe des choses quand j'ai le dos tourné ...! railla-t-elle doucement, contenant encore un instant sa joie épuisée avant de s'avancer tranquillement vers les tapis, observer de sa hauteur l'homme, encore à terre, puis, de lui sauter au cou avec autant d'énergie que son corps épuisé pouvait en donner. Aaaaah Ludo ! Je... waw !

Et elle disait cela en toute sincérité.
Elle se recula un instant, l'observant, toute contente, un sourire un peu terni aux lèvres avant de tousser pour la forme.

- Enfin... je veux dire, tu es fou ! Tu aurais pu me prévenir, il y a des sécurités à mettre en place ! Et imagine que tu aies été plus haut et que aies raté une prise, qu'est-ce que j'aurais fait, moi, en revenant le soir ? Hein ? Mais malgré son ton, elle ne pouvait ignorer la douce alégresse qui l'habitait alors. Félicitation. fit-elle finalement, sur un ton bien plus tranquille et sincère. Vraiment... bien joué.

   

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Ludovic Descremps
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Ludovic Descremps
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Message Re: Æpiotykhia
par Ludovic Descremps, Dim 11 Aoû - 0:02 (#)


► Mars 1981 | 16 Cricklewood street
Æpiotykhia
Linda Oswin & Ludovic Descremps
Minerva, bienheureuse, miaulait après son maitre, tête levée, prunelles grandes ouvertes, tandis que ce dernier levait la main droite aussi haut qu'il le pouvait, tâchant de trouver la première prise. La lumière magique dessinait à peine les contours du mur devant lui, assez pour qu'il ne s'écorche pas trop les doigts, mais pas suffisamment pour qu'il puisse voir par où commencer. Y avait-il un chemin en particulier à privilégier ? Des impasses ? Des zones dangereuses ou fragiles à ne surtout pas approcher ? Il n'avait pas l'habitude de se lancer ainsi à l'aveuglette dans une ascension. Cela lui était arrivé bien sûr, de temps à autres dans le feu de l'action, lorsqu'il avait dut grimper à un arbre pour se cacher après avoir volé des pommes ou sauter par dessus toute une série d'obstacles pour esquiver des dragons lorsqu'il avait appris à les protéger. Cela et bien d'autres moments où l'adrénaline faisait battre votre cœur plus vite et laissait la prise de décisions à vos tripes, mais avec l'esprit tranquille, il préférait bien trop réfléchir. Encore que…

Ludovic ne se souvenait pas beaucoup réfléchir lors de ce genre d'exercices. Tout était si naturel, si fluide, que ses yeux et ses gestes trouvaient par eux-mêmes la marche à suivre. Quelle gargouille, quelle fissure entre les pierres, quelle gouttière prendre pour continuer à gravir tel ou tel mur de Poudlard ou telle ou telle devanture de boutique. Ludovic s'était rendu maitre dans l'escalade urbaine sans jamais avoir appris à se servir d'un harnais ou d'un grapin. Il n'était pour autant jamais tombé, du moins, jamais gravement, du moins… rarement. Le maigrichon leva la jambe gauche, de quelques centimètres, n'osant aller plus haut de crainte que son genou tordu ne tienne pas plus de distance. Il agissait tout en lenteur, prudemment, ce qui n'était pas son habitude là encore. Il était plutôt du genre à se lancer sans hésiter, sachant que ce n'était jamais le premier pas en escalade qui soit le plus compliqué. Il prit cette fois le temps de bien ajuster ses doigts et son pied sur leurs prises respectives avant de lever le gauche, le calant lui aussi de son mieux et avec précision avant d'oser lever la jambe gauche. Une prise d'élan, une légère propulsion et... paf.

A peine s'était-il détaché du sol qu'une douleur fulgurante lui avait électrisée l'avant-bras gauche, courant le long de la ligne de sa balafre, aussitôt suivit d'une sensation étrange, comme une corde qui se rompt. Index, majeur, annulaire, ses trois doigts se crispèrent vers l'arrière brusquement, s'ouvrant sans qu'il ne le demande, le faisant lâcher prise. L'échevelé eut tout juste le temps d'écarquiller les yeux qu'il retomba sur sa jambe, s'écroulant sur son genou de tout son poids en le faisant aussitôt céder dans un craquement sourd. En une seconde, il s'était retrouvé par terre, étalé de tout son long sur le dos sans même avoir remarqué l'écart terrifié qu'avait fait Mina pour éviter d'être écrasée.

- Miou ? miaula la petite chatte après un peu d'hésitation, posant ses deux petites pattes sur le buste à terre de son maitre avant de lui montrer comment faire sa toilette de manière distinguée.

Ludovic grommela, remuant la jambe pour s'assurer qu'il n'avait rien de cassé, une douleur lointaine pulsant encore dans son avant-bras. Il soupira encore avant de repousser le chaton géant sans grand ménagement. Elle protesta légèrement, s'alourdissant entre ses doigts, mais le laissa se redresser sans insister. L'échevelé mit prudemment une main à son bras, faisant courir ses doigts sur la balafre qui avait prit la place de sa vieille marque de serpent. Elle partait en pointe du creux de son poignet, s'élargissait sur vingt bons centimètres et se perdait en ramifications jusqu'au creux de son coude. Sur la partie la plus large, des cicatrices épaisses et râpeuses formaient comme des veinules irrégulières et chaotiques, passant toutes par un renfoncement profond à peine comblé par la balafre principale au fond. Le maigrichon y glissa le pouce, grimaçant malgré l'habitude de cette sensation désagréable, pour masser doucement son bras jusqu'à faire se détendre ses doigts. Il grinça des dents, s'appliquant à ne pas déraper alors qu'il avait parfois l'impression d'appuyer sur son os. Il vérifia trois ou quatre fois que ses doigts et sa main lui obéissaient de nouveau avant de se relever, boiteux, s'appuyant contre le mur pour recommencer.

La seconde tentative ne fut pas meilleure, pas plus que la troisième ou la cinquième. A la quatrième, il était presque parvenu à poser le pied droit sur une prise avant que son bras ne lâche derechef. A cela s'était suivit six ou sept échecs consécutifs avant qu'il ne décide d'opter pour une nouvelle tactique. Le bras enroulé autour d'une prise, Ludovic tâchait de prendre appuis sur son coude plus que sur ses doigts, gêné par l'inconfort d'une position comme celle-là alors que sa tête faisait pratiquement office de paume, refermant l'accroche. Il suait à grosse goutte, les cheveux collés à ses tempes et sa nuque autant que sa chemise à son buste, soufflait d'un rythme plaintif et précipité qui sifflait dans ses oreilles autant que dans la pièce et tremblait si fort des pieds à la tête que la grisaille alentour lui semblait d'autant plus trouble. Tout cela alors qu'il avait à peine réussi à s'élever de trente centimètres. Maintenant que l'obstacle du bras était passé venait celui de la jambe, dans le mauvais angle, elle tressautait de haut en bas comme heureuse d'être la seule à ne pas trembloter dans le bon sens, donnant tout son sens à l'expression "patte folle". Cela ne tenait pas très bien, mais cela tenait, c'était déjà ça. Prudemment, hésitant, Ludovic avait vérifié une dernière fois ses appuis, hésitant sur quelle main lâcher en premier, misant sur la droite, plus sûre, avant de se lancer. Un doigt, deux… Le genou de l'échevelé n'y tint plus et plia brusquement cognant brutalement la tête de son propriétaire contre la prise qu'elle tenait, faisant sauter ses lunettes de son nez une seconde avant que le français s'écrase une nouvelle fois et plus lourdement par terre.

Trente centimètres.

Ludovic lâcha un rugissement rageur, y sacrifiant sans hésiter trop de ses maigres forces et faisant définitivement détaler Minerva qui s'était cachée sous une paire d'altères depuis une bonne heure déjà. Le maigrichon se releva aussitôt, s'écroulant dans la seconde alors que son genou ne s'était pas encore remis de ses émotions - ce qui ne fut pas pour améliorer l'humeur du français. Il arracha ses lunettes de son nez pour s'en débarrasser furieusement, les balançant derrière lui sans se soucier de les briser avant de se relever une nouvelle fois, jetant aussitôt ses mains sur le mur, connaissant de toute façon si bien les prises de départ qu'il n'avait plus besoin de les voir. Il pouvait le faire.

Un mètre.

Tremblant, tous ses muscles ankylosés de tant d'efforts pour si peu de forces, l'échevelé en était à sa cinquantième peut-être centième tentative toutes achevées par des échecs allant du faux départ aux quinze centimètres. Il fulminait de tout son être, mû plus que par la rage et la frustration de l'échec. Balançant le bras contre le mur sans même prendre une seconde pour tâtonner, le français se raccrocha à la première prise venue, insistant sur le bleu violacé qui ornait son arcade pour prendre appuis du crâne contre le mur. Les dents serrés, il s'empressa d'accrocher à la paroi ses membres valides, laissant sa jambe boiteuse pendre dans le vide. Lâcher le bras, raccrocher le bras, tirer, appuyer la tête plus haut, pousser, accrocher le bras… Ludovic se contorsionna pour grimper par tous les moyens possibles, tête, buste, hanche, bras, jambe, dos… On pouvait dire une chose, c'était qu'il ne s'était jamais autant démené pour attendre un sommet, si dérisoire soit-il. Il sentait son estomac remonter dans sa gorge, son abdomen pulsant douloureusement pour activer ses poumons alors que même l'air semblait trembler autour de lui. Encore, encore. Ses doigts glissaient à cause de la sueur, lui semblaient se refermer sur le vide alors qu'il avait l'impression de reposer tout entier sur son aisselle en feu et de tenir par magie sur la pointe de son pied. Encore ! Encore ! Le maigrichon se sentit soudain cotonneux, cédant à la panique, il lâcha une nouvelle fois le bras pour tenter, dans un dernier recours, de gagner quelques centimètres supplémentaires. Le bras, la jambe, la tête ou tout en même temps il ne savait plus bien, il lâcha quelque chose en tout cas dans une tentative avortée de sauter vers la prise suivante. La tête, la jambe, le bras, il sentit quelque chose céder sous la fatigue alors que ses doigts se refermèrent sur le vide plusieurs fois, une seconde ou deux avant qu'il ne cède, tentant de se rattraper une dernière fois dans sa chute alors que son dos s'écrasait une nouvelle fois contre terre.

Ludovic s'entendit à peine gémir alors que son souffle épuisé s'échappait brutalement de ses poumons, mais il perçu tout de même la joie certaine qui encombrait un coin de sa pensée, comme une lueur parasite troublant son sommeil enfiévré.

Se tortillant à terre, ses poumons sifflants plus qu'il ne respirait, le maigrichon repoussa de son mieux la masse lourde qui lui tomba dessus alors qu'il essayait déjà de se relever. Il n'eut pas la force de l'emporter, se retrouvant une nouvelle fois aplati par terre, ne parvenant qu'à remuer vaguement les bras et les jambes d'une façon qui n'était pas sans rappeler un insecte retourné. Il dut prendre son mal en patience avant de pouvoir finalement se relever, n'accordant pas une seconde d'attention à la jeune femme qui le rabrouait sans conviction pour, plutôt, se remettre sur ses pieds et recommencer à grimper. Il rampa à demi, sur les genoux, jusqu'à retrouver le mur, repoussant la jeune femme sans une once de remords pour s'accrocher au mur.

- C'est nul ! renchérit-il, crachant ses poumons à défaut de pouvoir hurler une nouvelle fois sa frustration au ciel. Nul ! Insista-t-il, ses mains éraflées reprenant déjà la forme du mur.
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Linda Oswin
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Message Re: Æpiotykhia
par Linda Oswin, Dim 11 Aoû - 19:57 (#)


   
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L'oeil encore pétillant de cette petite victoire dont elle se réjouissait volontiers suite à cette trop longue journée, l'empressement de Ludovic à se libérer de sa prise pour se relever presque... rageusement, ne passa pas inaperçu chez l'Auror qui fronça légèrement les sourcils, ne perdant pas pour autant son léger sourire alors qu'elle suivait l'autre du regard. De toutes évidences, il n'était pas particulièrement de la meilleure humeur possible. Evidemment. Elle aurait du s'y attendre, après tout, Ludovic restait Ludovic, éternel insatisfait et tout particulièrement quand il s'agissait de lui même.
Oswin soupira doucement, tâchant d'ignorer le poids de la fatigue qui veillait sur elle, et de très près. Il en fallait peu pour simplement abandonner, mais elle ne voulait pas le laisser là à s'acharner contre son propre bien. Mais que faire alors ? Têtu comme il l'était, il ne l'écouterait pas, pas sans cris et sans reproches en tous cas, et elle n'avait définitivement pas le coeur à ça.
C'est alors que le sorcier crâcha un simple mot qui lui fit relever les sourcils, son regard coloré d'une surprise qui, quelque part, ne s'étonnait même plus d'une telle réaction.

- Nul ? répéta-t-elle. "Nul" ? Vraiment ? C'est vraiment tout ce que tu trouves à dire ?

N'ayant pas la foi à débattre, la brune se releva lentement, prenant le temps de s'épousseter et de remettre son habit en place avant de s'élancer pour retenir l'homme au sol, quand bien même il lui aurait craché au visage ou mordu les mains. Elle cherchait surtout ici à laisser à son compagnon le temps de lâcher ce qu'il avait sur le coeur. En général, c'était quand il en disait le moins qu'il en cachait le plus, alors autant commencer maintenant.

- Mais encore ? fit-elle presque nonchalamment dans l'optique de le relancer s'il s'était tût, ou de le faire parler s'il n'avait rien dit sans pour autant le relâcher.Je te préviens, je ne tee relache pas avant que tu te sois un peu mieux expliqué. "Nul", c'est un peu court.

Alors, elle se tût, observant l'autre d'un oeil patient mais critique, qu'il soit en train de lui répondre ou non. Le legilimen avait... La fâcheuse tendance à se mettre des bâtons dans les roues lui même, et une fois présentes, elles ne faisaient que pourrir encore et encore, l'empoisonnant petit à petit jusqu'à aboutir à... Une certaine détermination à l'acharnement. Et vu à quel point l'homme semblait en piètre état, il avait beau réussir à grimper, Oswin doutait soudainement qu'il s'en contenterait de si tôt...

- "C'est nul" alors, hein ? Nul me dis-tu ? répéta-t-elle à nouveau en s'attachant les cheveux, retirant calmement sa veste avant de récupérer sa baguette qui l'attendait sagement sur le tapis. Très bien, alors voyons à quel point je suis nulle, moi aussi.

D'un coup de baguette au niveau du visage, elle vit son champ de vision se ternir peu à peu, devenant de plus en plus sombre jusqu'à se revêtir uniquement du dur manteau noir dont son compagnon avait du longtemps se contenter. Papillonnant des yeux un instant, perturbée par cette nouvelle conception du monde à laquelle elle devait s'habituer à présent, elle ne put s'empêcher de lâcher un léger souffle amusé en voyant sa propre confusion. Elle n'en menait pas large non plus.

- Je ne vois plus rien. informa-t-elle. Est-ce que je me contente de ça ou bien tu n'es pas encore satisfait ?

C'est alors que l'image du français, agrippé à sa prise par tous ses membres sauf l'une de ses jambes lui revint en mémoire. Ah, oui, la jambe. Tiens, ça aussi, elle pouvait le faire. Alors, elle rangea sa baguette sur l'attache de son pantalon, retirant ses chaussures et chaussettes avant de s'approcher du mur, bien décidée à ramener le calme sur la colère aveugle et acharnée de son homme.

- Eh bien c'est parti. Aveugle et avec trois membres uniquement, voyons à quel point je parviens à battre ton record "de nul" mon chaton. Oh et ! Si nous rajoutions un peu de piment, qu'en penses-tu ? Sans les matelas, ce devrait être bien plus divertissant, et la pression n'en sera que meilleure.

Et sur cette dernière phrase, elle rangea les dits matelas dans un coin de la pièce d'un nouveau sort, remettant ensuite la baguette à sa place, non sans grincer des dents. Ah ! Ludovic ! Quand il était en colère, on ne pouvait vraiment pas parler avec lui ! Alors, puisqu'elle devait le ramener dans un état d'attention, elle le ferait, et se jeter à l'aveugle dans une grimpée qui lui semblait familière sans sécurités aucunes paraissait là... Un bon capteur d'attention.

   

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Ludovic Descremps
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Message Re: Æpiotykhia
par Ludovic Descremps, Dim 11 Aoû - 22:53 (#)


► Mars 1981 | 16 Cricklewood street
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Les ongles pratiquement plantés dans le revêtement râpeux de cette montagne fictive, l'échevelé s'apprêtait déjà à gravir la paroi avec ses dents s'il le fallait qu'une pression légère lui fit aussitôt lâcher prise pour le remettre par terre. Soyons honnêtes, l'accroche de la française n'avait rien eut de brutal ni même de particulièrement résistant, à vrai dire cela devait être plus proche de la caresse que du retour en arrière, mais il n'en avait fallut plus pour que le maigrichon, lessivé et essoré par tous ses efforts, voit s'envoler là ses derniers nerfs et, avec eux, l'énergie miraculeuse qui tenait ses muscles actifs et son anatomie un temps soit peu cohérente.

C'est donc en s'écrasant mollement par terre avec le panache d'une serpillère que Ludovic reprit contact avec la réalité, mettant une petite minute à comprendre ce qui avait bien pu lui arriver et à réaliser que l'Auror était en train de lui parler. Depuis combien de temps était-elle rentrée ? L'infirme la fixa comme il le pouvait de ses prunelles rondes comme des billes, tâchant de mettre un peu de sens dans ce qu'elle disait avant de froncer plus violemment les sourcils. Il ne chercha même pas à se remettre debout pour répondre, n'en aillant de toute façon plus la force, mais se rassit tout juste pour éviter de suffoquer avant de cracher sa réponse comme une évidence.

- C'est nul c'est tout ! grogna-t-il, tournant rageusement la tête contre le mur en sentant, à retard, sa voix l'abandonner à son tour dans de chaudes larmes. Je suis nul ! Ce truc est nul ! insista-t-il, enfouissant sa tête dans ses mains, pleurant de rage. J'arrive même pas à grimper, justifia-t-il enfin, ses mots se mélangeant au rythme de sa pensée. Avant je… et même ça j'… il cracha le reste dans un fulminement incompréhensible. J'suis qu'un nul merde !

L'échevelé laissa échapper encore quelques jurons, tâchant d'étouffer ses sanglots mais sans grande motivation. Il n'avait de toute façon plus assez de force pour ça. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était de respirer à plein régime dans l'espoir de pouvoir calmer le sifflement suraiguë et assourdissant qui s'échappait de ses lèvres malgré sa bouche grande ouverte. Ludovic ventilait donc, comme il pouvait, la tête entre ses genoux ramenés à lui, ses yeux séchant à toute vitesse se trouvant vite à court de larmes alors que toute l'eau de son corps semblait avoir été absorbée par sa chemise et ses cheveux aplatis. Il parvint pourtant à tourner la tête à toute vitesse lorsque la jeune femme à ses côtés reprit, le legilimen sentant quelque chose clocher dans ses pensées. Il ne parvint pas à en demander davantage, ses mots se noyant dans son essoufflement, interrogeant plutôt la jeune femme du regard avant de sentir le duvet sur sa propre nuque s'hérisser et son souffle se couper tout seul à la seconde où elle lui expliqua ce qu'elle faisait ou, du moins, ce qu'elle commençait à faire.

Le sorcier jeta aussitôt son esprit en vérification, s'affolant d'autant plus en voyant la vision de l'Auror plus sombre que n'était la sienne ces derniers temps. Tâchant d'anticiper sur les plans de sa compagne, il n'eut malheureusement pas l'occasion d'en "voir" davantage, se trouvant expulsé de son esprit par l'apparition soudaine d'une forme malingre accrochée à un mur étrange. S'affolant tout à fait, l'échevelé se redressa autant qu'il le pouvait, s'appuyant sur ses bras ankylosés en faisant de son mieux pour ne pas perdre la française dans le noir. Elle n'allait quand même pas faire ce à quoi il pensait ?

- Qu'est-ce que tu fais ?! s'exclama-t-il, son ton plus autoritaire qu'il ne l'aurait voulu. Arrête ! poursuivit-il, son ton cette fois plus inquiet qu'il ne le voulait.

L'Auror ne se laissa pas démonter pour autant, ne tardant pas à retirer les tapis en faisant quelques secondes perdre l'équilibre à son protégé qui dut dire adieu à son meilleur support actuel. Soudain mû par un nouvel élan, il lui fallut quelques secondes à peine pour parvenir à se remettre sur ses pieds et plus encore pour retrouver la jeune femme, assez longtemps pour qu'il puisse lui crier encore deux fois d'arrêter. Il n'attendit pas qu'elle l'entende, encore moins qu'elle obtempère, avant de se jeter sur elle pour la saisir à la taille et se laisser retomber par terre, essayant de l'entrainer avec lui.

- Arrête ! s'escrima-t-il encore, terrifié. Tu va te faire mal !

Que ce soit parce qu'elle avait cédé ou parce qu'il avait pesé suffisamment lourd pour que sa tentative d'immobilisation fasse effet, il ne tarda pas à s'écraser une nouvelle fois au sol, sentant enfin la différence de confort qu'il pouvait y avoir entre un plancher et un tapis. Sans s'en soucier une seconde, l'échevelé s'empressa d'agripper par tous les bouts qu'il put atteindre sa compagne pour la serrer contre lui, enroulant même ses jambes autour des siennes pour s'assurer qu'elle ne puisse pas s'échapper.

Il n'avait pas eut le temps de s'en rendre compte, mais la simple idée de laisser l'Auror toute seule dans le noir ou de prendre le risque qu'elle grimpe plus haut que lui avant de chuter au risque de se rompre le cou, avait suffit à faire battre son cœur plus vite et brutalement que durant toutes ses tentatives d'escalade. Alors l'idée qu'elle puisse faire tout cela en même temps, autant dire que son palpitant s'était envolé. Tremblant, se sentant de plomb alors que l'adrénaline retombait aussi vite que la crise était passée, l'échevelé plaqua la tête contre la jeune femme, s'y accrochant plus fort qu'à n'importe qu'elle prise en faisant tout ce qu'il pouvait pour la maintenir à terre.

- Je suis un crétin ! s'entendit-il crier sans rien pouvoir y faire. Je suis un crétin, voilà, t'es contente ? s'inquiéta-t-il, sa question bien plus sincère et paniquée qu'à son habitude pour ces quelques mots. S'il te plait, fais pas ça, supplia-t-il. Retrouve la vue…

Ce n'était pas tant ça le problème que la peur soudaine qu'il avait ressenti à l'idée de la perdre, mais, maintenant qu'il la tenait, à peu près certain qu'elle n'allait pas recommencer à lui faire des frayeurs pareilles, ce n'était plus que cela qui le préoccupait. Il ne savait pas ce qu'elle avait fait exactement, il avait reconnu le bruit bien trop familier d'une baguette tirée, mais il n'était pas certain du sort que la jeune femme avait pu lancer. Peut-être qu'elle s'était rendue bel et bien aveugle ou qu'elle s'était contenté de faire apparaitre un bandeau sur ses yeux, mais, dans tous les cas, la seule idée que sa belle puisse un jour le regarder avec des yeux aussi vides que les siens lui était insupportable. Ludovic serra un peu plus fort la brune contre lui, faisant de son mieux pour la garder avec lui, non sans sentir, de loin, comme un sentiment diffus de déjà vu.

- C'est pas que… reprit-il après un petit instant, encore trop bouleversé et épuisé pour parvenir à articuler correctement. C'est pas grave en soit, mais grimper c'est… c'est la dernière chose qui me restait, expliqua-t-il, sentant déjà les sanglots, tant de peur que de tristesse, déformer sa voix. La dernière chose que j'aimais faire que je n'avais pas essayé. C'est… j'en ai rien à faire en soit, ça ou autre chose, mais c'est juste... qu'il n'y a pas autre chose. Il n'y a plus rien que je sais faire, plus rien que je sais faire bien. Je voulais… j'voulais au moins réussir à faire ça, comme avant, mais je peux pas ! hoqueta le brun. Juste à cause de ça, reprit-il, montrant son bras gauche, ça, songea-t-il aussitôt en désignant son genou, ça, conclut-il, encore plus désespéré en se désignant tout entier. Et si… sanglota encore le brun, resserrant d'autant plus fort les bras autour de sa prise. Si j'arrivais plus jamais à rien ? Si j'arrivais pas à m'en remettre ? Si je restais comme ça ? Si j'arrivais plus jamais à être comme j'étais ? A redevenir comme avant ? Je veux pas rester comme ça, paniqua encore l'échevelé, sanglotant d'autant plus fort sans remarquer les hoquets et soubresauts qui l'agitaient. J'veux être comme j'étais avant. Je veux être… j'veux que tu sois fière de moi. J'veux pouvoir être fier de moi, l'échevelé hoqueta encore un moment, obligé de reprendre son souffle avant de pouvoir continuer assez intelligiblement. Et pas seulement… parce que j'arrive à pisser et manger sans m'en foutre partout… ou parce que je suis là.

Ludovic poussa une plainte profonde, enfouissant plus encore sa tête contre l'Auror, si cela était seulement possible, lâchant des "désolés" en vrac avant de ne plus du tout réussir à parler.
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Linda Oswin
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Message Re: Æpiotykhia
par Linda Oswin, Ven 16 Aoû - 22:24 (#)


   
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Malgré sa colère, il ne fallut pas longtemps au français pour se rendre compte que ce que prévoyait de faire sa petite amie n'était pas des plus anodins et, sans doutes, pas des plus prudents non plus. Mais il faut croire que, même aveugle et rageur de ses multiples tentatives "ratées", la vie de Linda Oswin lui importait assez pour y prêter attention.
Tant mieux !
Malgré cela, cela ne suffit pas à l'Auror pour qu'elle se décide à descendre du perchoir sur lequel elle s'apprêtait déjà à monter, tâchant d'estimer la hauteur de la première prise afin de savoir quel saut elle devait faire pour atteindre cette dernière du pied. C'était ironique quelque part, de se retrouver là, à vouloir grimper ce mur pour prouver à Ludovic qu'il ne valait pas rien... Au départ, si elle avait eu cette idée de faire de l'escalade comme activité pour entretenir sa forme, c'était surtout grâce à Ludovic. Elle savait escalader avant même de le rencontrer, bien évidemment, mais jamais la sorcière n'avait considéré cette activité comme un "sport" à part entière et intéressant avant de se rendre compte de l'aisance avec laquelle Ludovic grimpait, il y a longtemps maintenant, les murs de Poudlard. En le voyant s'élever ainsi, le voir forcer sur ses muscles qui roulaient dans son dos en se révélant étonnamment fiables malgré sa fine taille, elle avait trouvé à ce spectacle une certaine grâce et intérêt, et c'était ainsi qu'elle avait décidé d'installer ce mur magique dans son propre appartement.
Depuis, elle s'y était entraîné régulièrement, tant et si bien que, même en changeant les prises de place, il lui semblait pouvoir reconnaître chacune d'entre elles, connaissant chaque itinéraire par coeur et par le bout des doigts. Mais aujourd'hui... Aujourd'hui, elle était là, plongée dans le noir, à grimper cette ... chose sur un coup de tête et sans protections. Et à ce moment, tout paraissait tellement... Différent. C'était un autre monde, un autre mur, une autre épreuve. Et dire que Ludovic avait du affronter cela pendant des mois et des mois...

Un rictus sûr d'elle aux lèvres, Linda s'élança alors, sentant sa main se lever dans un geste instinctif et tapper le mur là où devait se trouver sa prise suivante. Raté. Quelque divergence sur la gauche lui permit de retrouver ce qu'elle cherchait, et elle s'en saisit avec avidité avant de tirer fortement sur son bras pour se hisser assez haut et atteindre du pied la prise à gauche à hauteur de son buste qui lui servirait à se hisser plus haut. A nouveau, elle mé-estima les distance et du patienter bien trop longtemps sur son bras avant de trouver sa proie, proie qu'elle n'eut pas plus le temps de toucher qu'elle fut soudainement tirée en arrière par un poids méconnu.
Il ne lui fallut pas longtemps une fois à terre pour comprendre ce qui lui était arrivé, particulièrement lorsque l'homme commença à l'entourer avec chaque membre de soon corps, l'emprisonnant comme un cocon sans la lâcher d'un centimètre. Le souffle coupée, les yeux grands ouverts sur le noir absolu qui l'entourait de toutes part, Linda ne fit rien un instant avant de grimacer longuement sur son dos quelque peu mécontent du brutal plat. La grimace disparu bien vite, laissant à nouveau place à son expression sageement interloquée alors que Ludovic la réprimandait... Sans réussir à cacher l'émotion dans sa voix. La gorge se serrant, Linda eut un pincement au coeur en entendant sa voix, désolée d'en être arrivée à ça quand bien même elle ne regrettait que peu. Alors, incapable de bouger les bras, Linda rabattit simplement ses avant-bras pour saisir de ses mains les épaules de son compagnon, penchant la tête pour réfugier sa tête au creux de son cou en esquissant un sourire tristement amusé.

- Oui, tu es un véritable crétin... Mon adorable crétin.

Elle souffla doucement à l'intérieur de son cou, restant un instant ainsi, silencieuse, avant de doucement tirer sa main pour la passer machinalement dans la crinière de son homme, tâchant, à son tour, de l'enlacer le plus chaleureusement possible. Tout ce qu'il lui disait... Elle le savait déjà. Chaque fois qu'elle croisait son regard vide, elle se rappelait de celui qu'il abordait à Poudlard : plein d'histoires, de projets, de choses sur le feu... Aujourd'hui, tout lui avait été enlevé, et elle culpabilisait énormément de ne pas pouvoir lui rendre... Plus que "ça". Plus que des journées à ne rien faire, qu'une confiance incomplète, qu'un chaperonnage constant et des victoires, certes émouvantes, mais qui étaient bien loin de ce qu'il pouvait accomplir avant. Elle aimait sa vie, et elle était terriblement heureuse de l'avoir retrouvé mais... ceci n'était pas juste.
Fermant les yeux, fronçant durement les sourcils, Linda tâcha de retenir l'assaut de larmes solitaires en respirant plus profondément, se réfugiant d'autant plus autour de l'homme roulé autour d'elle, parvenant à se calmer sans trop de difficultés.

- Je sais... suffla-t-elle le coeur lourd, caressant le crâne de Ludovic comme on caressait celui d'un enfant terrifié. Je sais, Ludo...

Le regard bas, la gorge nouée, elle ne suspendit pas ses tendresses, les maintenant plutôt avec douceur jusqu'à ce que l'homme ne se calme peu à peu, le laissant relâcher la pression sans le presser, murmurrant tantôt de bas "C'est moi qui suis désolée..." ou "Ce n'est pas ta faute mon coeur, ce n'est pas ta faute..." jusqu'à ce que les secondes ne se fassent minutes, cinq, puis dix, restant dans ce cocon que Ludovic lui avait confectionné, mais dont lui même avait réellement besoin.
Alors, lorsqu'il fut enfin appaisé, la brune se redressa doucement en vue de s'assoir sans pour autant lâcher son compagnon, vérifiant un instant qu'il allait bien avant de lever la tête dans un réflexe un peu bête d'observer autour d'elle.

- Tu as remarqué que lorsque l'on ne voit rien... Tout semble soudainemment pus grand ? demanda-t-elle avec un discret sourire un peu triste. Je n'avais jamais remarqué avant, mais c'est comme si tout devenait différent, plus grand. Cette salle, ce mur, les distances, nos inquiétudes... C'est terrible. Comme si rien n'était atteignable, comme si, en te lâchant, tu disparaitrais de ce monde, de mon monde. Elle descendit ses mains, cherchant à saisir celles du français en les serrant fortement. Alors, ceci, fit-elle en posant son doigt sur son buste, devient tout mon monde, et le seul qui m'importe. Et pourtant, rien n'a changé, rien n'est plus insurmontable qu'avant, et rien n'a disparu. Mais... On peut faire comme si. Elle baissa son regard aveugle, ajoutant plus bas encore : Ca fait du bien parfois, de se sentir minuscule.

Un silence plana un moment avant qu'elle ne prenne tout simplement l'homme dans ses bras, passant ses bras autour de ses épaules pour le coller soudainement à elle et inspirer profondément son odeur. Alors, elle se détacha doucement, mettant la main sur sa baguette -de bien grise humeur- pour se rendre la vue. Elle prit ensuite une profonde inspiration, expirant tout aussi lentement en retrouvant ainsi, un peu de consistance et, tâchant de cacher l'émotion de sa voix, Linda Oswin se saisit à nouveau des mains de son fiancé et conclu :

- Tout ça... On ne pourra pas y arriver seuls. Alors si tu veux toujours te rendre pour bénéficier des soins adaptés de Sainte Mangouste... Je suis là, et je te soutiendrais jusqu'au bout, par toutes les étapes. Surtout si... C'est le moyen le plus rapide pour que tu retrouves tout ce que tu as perdu.

   

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Ludovic Descremps
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Message Re: Æpiotykhia
par Ludovic Descremps, Lun 19 Aoû - 22:56 (#)


► Mars 1981 | 16 Cricklewood street
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Tremblant de tout son corps, l'infirme glissa les doigts dans les cheveux de sa compagne, contre sa joue, autour de son cou, par dessus ses yeux… Des pressions simples et urgentes pour s'assurer qu'elle allait bien, qu'elle était bien vivante, qu'elle ne s'était rien cassé. Par réflexe, ses yeux balayaient le noir de droite à gauche, ne cherchant pas à voir, mais mu par cette impulsion d'angoisse qui rendait son souffle court. Le legilimen s'infiltra sans réfléchir dans les pensées immédiates de la jeune femme, se faisant l'effet d'un éléphant sautant de plein pied dans une flaque, mais pressé de savoir, de voir. C'était la première fois peut-être qu'il était réellement dans le noir avec la présence de quelqu'un. Il la sentait tout contre lui, devinait ses pensées et ses rêves au point de ne même pas avoir à forcer pour les interpréter, mais il ne voyait rien. Aucune lumière, aucun écho de souvenir radieux, juste cette noirceur opaque qu'à cette seconde ils étaient deux à voir et cela ne fit que rendre sa respiration encore plus compliquée.

Cédant tout à fait à la panique, l'échevelé laissa son buste se soulever avec précipitation et violence, ayant l'impression d'étouffer alors qu'il avalait l'air en grand à chaque inspiration. Rien à faire. Ses yeux restaient écarquillés, sa langue lui semblait une masse énorme qui comprimait sa gorge et il avait l'impression de sentir son cœur sur le point d'exploser. Il crachait peut-être en soufflant, devait empester la transpiration ou même écraser la jeune femme qu'il avait essayé de "sauver" simplement parce qu'elle avait menacé de… quoi ? Monter sur un tabouret ? C'était plus grave que ça bien sûr, mais pour une Auror cela revenait un peu à ça, pourtant il n'avait pas réfléchi, il avait simplement sauté sur elle pour la protéger. Plaquer par terre les gens à qui il tenait pour leur sauver la vie sans qu'ils le lui ait demandé, finalement c'était peut-être ça la dernière chose qu'il savait encore très bien faire.

Il fallut un temps fou à l'échevelé pour qu'il parvienne à se calmer, le vide noir laissé par cette cécité commune rempli, parfois, comme dans un rêve, d'une autre sorte d'obscurité parcourue d'étoiles. Il devait halluciner ou simplement se souvenir, cela l'effleurait si peu. Malgré tout, cette pensée lointaine, enfouie, faisait étrangement écho à la terreur dans laquelle il se trouvait maintenant, ajoutant un soupçon d'incompréhension à son va et vient oculaire. Ludovic ferma les paupières, écrasant ses yeux contre l'épaule d'Oswin pour tenter de les fermer une bonne fois pour toute et se concentrer plutôt sur les caresses de Linda, tâchant de caller sa respiration sur elles. Il y parvint tant bien que mal, après ce qui lui avait semblé des heures, passant du souffle de fin du monde, au spasme respiratoire puis au hoquet et, enfin, au silence.

Il respirait encore irrégulièrement quand la jeune femme commença à s'éloigner - son état ressemblant plutôt à des séries d'apnée sous une piscine coupées par une prise d'air salvatrice cinq secondes avant la mort, mais ses tremblements et cette sensation d'étouffer s'étaient calmées - et la seule raison pour laquelle il ne parvint pas à la retenir était la fatigue puissante qui ankylosait la moindre portion de sa personne. Il se laissa plutôt malmener par la jeune femme, tâchant, à défaut de pouvoir faciliter ses mouvements, d'au moins ne pas peser plus lourd qu'il ne l'était. Il ne défit ni ses jambes ni ses bras, restant solidement arrimé à la jeune femme, quoiqu'il arrive, même s'il avait dut tenir uniquement avec un doigt, et garda seulement les yeux ouverts sur le vide en direction du mur, ne se souciant pas de ce qu'il voyait ou non, mais concentré tout entier sur ce que son amante ne voyait pas. Il ne revint un tant soit peu à elle qu'au moment où elle se remit à parler, ne l'entendant pas immédiatement, d'abord distrait, sinon envouté, par la tentative de la brune de percevoir le monde par d'autres sens que la vue, mais ses paroles ne tardèrent pas à inquiéter de nouveau l'échevelé.

Il n'y pensait plus, il s'y était fait, il ne voyait plus désormais que les méthodes pour combler le vide, tâcher de recréer les formes avec d'autres sens, mais elle décrivait là des choses qu'il avait bien vécu. Il ne se rappelait plus le jour exact où il avait perdu la vue, ni la façon, bien que l'histoire qu'il racontait toujours était la plus probable, mais il se rappelait certains jours qui avaient suivi. Il se rappelait avoir été couvert de bandages, peu après l'incident au cour duquel il était certain d'avoir tué ses parents. Il se rappelait la douleur, la raideur des brulures à peine refermées sur lesquelles Morgan apportait des soins constants, son état de délabrement avancé alors qu'il essayait, tant bien que mal, de réapprendre à marcher, appuyé sur le vampire et les murs minuscules de la mansarde comme si sa vie en dépendant alors que ses pieds tordus, cuits à vif par les semelles fondues de ses chaussures, rendaient le sol incandescent. Morgan avait supposé que c'était le feu qui avait dut sécher ses yeux sinon les réduire en fumée, l'échevelé n'avait pas eu la présence d'esprit de le contredire. Il n'avait pas fait attention alors au fait qu'il n'y voyait rien, trop accaparé par la douleur constante qui rendait même ses respirations pénibles. Déjà là, les distances semblaient monumentales. Il lui fallait des heures entières pour faire ne serait-ce qu'un pas, chaque centimètre conquis par la peur d'être abattu sur le champ s'il ne parvenait plus à marcher puis par le devoir d'être prêt à temps pour recevoir sa récompense de la part du Lord. Il se souvenait de la première fois où Morgan l'avait lâché, où il s'était retrouvé perdu un instant dans un vide absolu, tenu uniquement debout par la quille instable de ses voutes plantaires et puis la chute, brutale, par terre, qui avait réveillé toutes les brulures d'un coup lui faisant se promettre de ne plus jamais réessayer juste avant que le mort-vivant ne le remettre debout de force. Il se rappelait la fois où le sort lui avait perdre la vue sur un œil, la panique affolante lorsqu'il s'en était rendu compte, le stress qu'il ressentait dès qu'il ouvrait les yeux et ne voyait qu'à moitié dans un flou moitié noir moitié coloré comme s'il avait eu, juste à côté de lui, une porte ouverte droit sur la mort. Il se rappelait la peur des premiers jours de servitude après qu'il ait retrouvé une peu à peu près viable et une démarche un minimum solide, cette terreur certaine lorsqu'un des maitres l'appelaient pour qu'il rende un service et où il devait quitter son balai ou son seau pour traverser une pièce comme s'il y voyait alors que le moindre pas pouvait le conduire dans un trou profond, le faire buter contre un clou ou le bord d'un tapis et se solder par un sort bien pire qu'une chute sur le sol.

Il en avait oublié tellement, en vérité, de ces moments où il avait du "faire avec" avant de parvenir à "se débrouiller". Sans oublier les premières missions pour le Lord hors le manoir, lorsqu'il était censé affronter des membres de l'Ordre dans des embuscades alors qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où il était. Quand il y repensait, chaque souvenir avait quelque chose d'obstacle bien plus insurmontable que ce que ce mur d'escalade. Il ne savait même plus comment il avait fait en vérité. Tout s'était simplement… enchainé, naturellement, contraint par cette nécessité de survivre et l'ingéniosité inépuisable de Morgan. Sans le vampire, sans le lien qui les unissait, il aurait renoncé dès la première année, dès les premiers jours même. Avant même de parler du nombre incalculable de fois où le soigneur de dragons l'avait recousu, retapé, rafistolé et redressé, il avait été un espoir supplémentaire dans la peur, un espoir d'allier, de support, dans un endroit où tout lui était hostile. Il avait du mal à l'admettre, mais le Mangemort s'était, durant toutes ses années, montré pour lui, sinon un ami, au moins un soutien aussi précieux que l'avait été celui de Jon dans ses jeunes années.

Qu'aurait-il fait sans lui ? S'il avait perdu la vue soudainement comme cela lui était arrivé, mais n'avait pas eu la chance d'avoir l'écossais à ses côtés pour lui trouver des solutions alors qu'il avait encore des brulures à guérir et des os brisés. Un autre guérisseur n'aurait jamais été aussi tendre. Un autre guérisseur se serait contenté d'abréger discrètement ses souffrances, prétextant qu'il n'avait pas survécu au premier interrogatoire, et, encore, Ludovic aurait trouvé le moyen de l'en remercier depuis l'au-delà et l'aurait sans doute, au dernier moment, trouvé particulièrement clément. Sans Morgan ou même sans la patience et la compassion du Lord, le maigrichon serait mort depuis si longtemps qu'il n'aurait jamais eu le temps de devenir aveugle et de se confronter à l'immense vide qui parcourait le monde. Linda le comprendrait-elle jamais ? La dette incroyable qu'il avait envers le monstre suceur de sang à cause de qui tout avait commencé et le mage noir le plus impitoyable et terrifiant qui ait fait tremblé la Grande-Bretagne depuis si longtemps ? Qu'il le veuille ou non, ils étaient, eux-aussi, à leur façon, devenus ses supports, ses points de repère dans le noir.

Ludovic se recroquevilla un peu plus contre l'Auror, s'appliquant à chasser ces sombres pensées alors qu'il ne pouvait plus empêcher la cohorte de raisons pour lesquelles il aurait du être reconnaissant de ces êtres abjectes qui l'avaient aidé et du vide noir qu'ils avaient sût combler, lui faire oublier. Et pourtant, aujourd'hui plus que jamais il avait peur d'eux, peur de les recroiser dans le noir, peur de les sentir apparaitre de l'autre côté du vide pour le ramener à eux et d'avoir à tout recommencer, encore. Eux, le vide, la solitude, le noir, tout ce qu'il cherchait sans cesse et par tous les moyens de chasser au coin le plus reculé de son attention pour ne pas y penser, ne pas être effrayé. Et plus il s'y efforçait, plus il sentait que cela ne faisait que les rapprocher de lui.

L'échevelé serra un peu plus les mains sur la jeune femme, non, il ne trouvait pas que se sentir minuscule soit si agréable, pas quand le premier sorcier venu pouvait vous écraser d'un revers de botte sans même avoir besoin de s'arrêter. Être minuscule, le faisait se sentir faible et vulnérable, exposé à la merci du sort et du hasard qui planait dans le vaste monde noir et il ne pouvait plus supporter ça, plus avec des choses à perdre, des amis et des proches à défendre. Il ne voulait plus être cette fourmis perdue dans le néant qui prie pour ne pas nager en direction du trou noir et ne pas se faire déchiqueter. Il fallait qu'il soit fort, si c'était encore possible.

- Tu m'as dis une fois, murmura à peine l'échevelé sans y songer, trop épuisé pour pouvoir faire mieux que ça. Prenez-moi comme point de repère cita-t-il, tant bien que mal.

Oui, c'était bien ça ! L'image qu'il avait vu, ce ciel couvert d'étoile, cette crainte familière, ce dépassement total, cette impression d'avoir à tout sauver sans en être capable…

- Mais je ne m'en rappelais pas, n'est-ce pas ? Poursuivit l'échevelé en se redressant à son tour, s'asseyant en face de la jeune femme, les yeux plissés, malgré le noir pour chercher sa réponse tant dans sa parole que sa mémoire. J'ai oublié, fit-il encore, tout aussi calme, une seconde avant que le souvenir ne lui revienne tout à fait, provoquant soudain une vague étrange d'émotion alors qu'il prenait conscience de ce qu'il venait de dire et de ce qui avait suivi. Oh, si j'avais su…

Il n'avait pas peur en disant cela, il n'y avait pas de faiblesse dans sa voix, seulement une sorte de chaleur, de curieux regret, quelque chose de triste, mais pas si négatif qui le fit profondément inspirer.

- Si j'avais su…

Qu'aurait-il pu dire de plus alors que tout se mélangeait soudain en lui comme un courrier reçu trop tard après des années de délai. Il trouvait dans cette lettre un message étrange et inattendu qu'il avait laissé en absence, mais qui, malgré les décennies et la poussière, laissait encore cette impression douce et réconfortante d'un correspondant qui vous écrivait, faisait encore sourire, faisait encore s'apaiser, créait cette absence délicieuse d'avoir droit à une seconde privilégiée avec quelqu'un dont vous connaissiez tout, chaque attitude, chaque pensée, dont vous pouviez prédire chaque mot et chaque excuse, mais de pouvoir vous en amuser enfin, vous en émerveiller, pouvoir chérir cet instant avec toute la richesse de vos vrais sentiments sans vous soucier d'être choquant ou envahissant ou de perdre soudain son amitié par la violence brutale d'une réaction qui, au fond, n'avait jamais rien eut de tel. Le plaisir des mots, le plaisir du souvenir toujours plus beau que la réalité, le plaisir de pouvoir lire entre les lignes ce que vous saviez toujours sans jamais y penser lorsque vous vous trouviez en face de celle qui vous écrivait. Que cela soit pour une amitié ou de l'amour, les courrier, toujours, levaient en vous cette douce mélancolie des temps perdus, mais chéris.

Ludovic sourit, tendrement, mystérieusement, son regard noyé d'une tristesse douce, d'un regret chaleureux. Il ne voyait pas celle à qui il l'adressait, mais il n'en restait pas moins réel. L'échevelé saisit la main de cette Auror sans hésiter, la main de cette surveillante impossible qui l'avait tant tourmenté et dont il revoyait, comme au premier jour, l'air troublé et les cheveux longs qui retombaient en cascade sombre autour d'eux deux. Qu'aurait-il fait s'il s'en était rappelé ? Qu'aurait-il fait s'il n'avait pas eut cette fracture au crâne qui l'avait fait sombré dans le noir avant d'avoir pu s'expliquer ? L'aurait-il seulement fait ? En aurait-il eut le courage ? Aurait-il trouvé les mots ? Aurait-il seulement compris pourquoi il avait fait ce qu'il avait fait ? Aurait-il fuit ou non ?

Si seulement il avait su…

- Je t'aime, avoua-t-il d'une voix qui n'était pas tout à fait la sienne, mais qui revenait, enfin, de derrière l'obscurité, plus présente et réelle que jamais. C'est ça que j'aurais du te dire.
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Linda Oswin
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Linda Oswin
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Message Re: Æpiotykhia
par Linda Oswin, Lun 26 Aoû - 13:16 (#)


   
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Ludovic Descremps x Linda Oswin


   



Linda resta un long moment dans cette position, collée contre Ludovic, ses mains dans les siennes, écoutant le silence et les battements de son coeur comme s'ils étaient la seule chose qui restait autour d'eux. A présent, le capharnaum de Londres semblait bien loin : le bruit, les inquiétudes, le travail, es soucis de dernière minute... Ils existaient mais, comme noyés sous une mer de silence, loin sous la surface, l'Auror ne les entendait qu'à peine, se sentant comme protégée du monde dans leur bulle de silence. Sans doutes aurait-elle pu rester plus longtemps encore, écoutant son propre corps vivre au rythme de celui de son compagnon, sentant toute la pression du jour et de l'instant s'évacuer peu à peu au fil des respirations, mais Ludovic, lui, lâcha quelques mots en un souffle à peine audible. Doucement ramenée à la réalité, Oswin rouvrit légèrement les yeux, s'écartant quelque peu pour pouvoir observer avec douceur le regard étrange que portait le sorcier.
Si ce qu'il lui dit lui paru familier, elle ne se rappela pas immédiatement pour autant quand elle avait bien pu lui dire ceci. Les occasions s'étaient multipliées, les expériences et les souvenirs aussi. Les deux français n'avaient pas exactement eu... Un passé tranquille et sans accrocs, et, sur le moment, elle ne se rappelait pas à quand pouvait bien remonter cette promesse. Fronçant à peine les sourcils, elle chercha dans son coeur quel pouvait bien être ce souvenir qui lui avait pincé le coeur dans une impression étrangère de familiarité.

C'est lorsque Ludovic avoua ne pas s'en être rappelé auparavant que, soudainement, l'image lui revint. A cet instant même, son coeur rata un battement, sa bouche s'entrouvrit et elle sentit ses yeux s'ouvrir grand : oui, elle s'en souvenait. Il n'en fallait pas plus pour que ses yeux s'humidifièrent sans vraiment qu'elle ne sache pourquoi, la faisant s'empresser de refermer la bouche et de détourner le regard dans un réflexe un peu bête de pudeur et d'incompréhension. Pourquoi maintenant ? Et surtout, pourquoi cela l'affectait tant aujourd'hui ?
Elle sentait son coeur se gonfler d'une chaleur venue d'ailleurs, et ses lèvres batailler pour s'étirer en un sourire libérateur contre lequel elle luttait à ce moment même. Cela faisait des années maintenant qu'elle s'était fait une raison, tant et si bien qu'elle n'espérait pas même qu'il se souvienne un jour de cet instant d'éternité qu'ils avaient échangé ce soir là et pour la première véritable fois. Mais en voyant le regard de Ludovic, son sourire triste et en entendant sa voix souffler ces mots comme s'il s'agissait là d'un souvenir bien trop longtemps perdu et retrouvé bien trop tard, elle se rappela elle même cette idée un peu folle qui s'était implantée au fond de son coeur à ce moment là. Une impression fugace, vive mais puissante qui resta, jour après jour, années après années, présente au fond d'elle malgré ses doutes et sa mémoire.

Ce n'était rien, non, mais il y a cinq ans, c'était incroyable à ses yeux.
Alors, lorsque le brun prononçait ses derniers mots dans une réalisation pour le moins touchante, la brune ne put pas vraiment retenir plus longtemps le sourire qui perça sur son visage, parfaitement attendrie et touchée par cet instant qui, lui, ne risquait pas de s'effacer désormais.

- Peut-être, fit-elle doucement, souriante en lui saisissant tendrement la joue, mais tu n'en n'avais pas besoin.

Et sur ces mots, Linda se pencha en avant, s'emparant lentement des lèvres de l'homme pour lui offrir un long baiser. Elle ne força pas, n'accéléra pas le rythme, ce n'était pas là une preuve d'endurance ou d'aptitude après tout, mais une preuve d'amour, comme ce soir là sous les étoiles.
Linda se détacha de l'homme avec la même précaution avec laquelle elle s'en était approché, restant quelques secondes immobile, sa main contre la joue du legilimen, à observer ses yeux aveugles pour non pas y voir l'absence, mais y voir la lumière. Ses lèvres s'étirèrent presque tristement alors qu'elle baissait le regard, consciente du chemin qu'il restait à faire.

- On devrait peut-être...

Elle n'eut pas réellement le temps d'en dire d'avantage qu'un miaulement sonore l'interrompit, résonnant dans la grande pièce plus que leurs discrets murmures. Relevant alors la tête, elle reconnu sans mal leur grand chaton poilu tournant face à la porte, les fixant l'air d'exiger quelque chose qui était des plus évidents. Esquissant un sourire en coin plus amusé, Linda revint vers Ludovic pour proposer cette fois :

- On devrait peut-être se lever, je crois qu'il y en a une qui n'attendra pas beaucoup plus longtemps son repas.


   

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