16 octobre 1962 ; crise des missiles de Cuba.

Le monde entier retient son souffle, l'oreille collée au poste radio. Chaque jour la tension monte d'un cran. Les américains ont découvert que les soviétiques installaient, à Cuba, des rampes de lancement de fusées soviétiques tournées vers la Floride. Kennedy a mis en place un blocus afin d'empêcher l'acheminement des fusées vers Cuba. S'ensuit « la semaine la plus longue de l'histoire ». Krouchtchev va-t-il ordonner que les bateaux fassent demi-tour ? Ou va-t-il forcer le blocus américain ? Birdie Charley n'en a strictement rien à cirer pour le moment. Seules les contractions qui lui brisent les entrailles, et la main crispée sur la sienne d'Arnold Charley, parviennent à la tenir éveillée. C'est dans la nuit du seize au dix-sept octobre mille neuf cent soixante deux que naquit Lana-Bliss Aleysia Charley. Nourrisson roux aux parents aimants. Fille unique, la petite Lana-Bliss est le rayon de soleil de Birdie et Arnold. La première est auror, tandis que le second est journaliste pour le Daily Mirror. Rien ne les prédestinait à vivre ensemble, se marier. Le brillant parcours de Birdie aurait pu lui faire épouser un haut-gradé du Ministère de la Magie ou quelque autre sang-pur lui tournant autour. Pourtant, elle ne laissa guère sa famille l'influencer, et c'est d'un journaliste moldu qu'elle tomba amoureuse. Et rien ne l'empêcha jamais de marcher la tête haute dans les couloirs du Ministère, ou de se battre lorsqu'il le fallait. Femme forte et fière, son amour pour Arnold Charley est une force. Leur adorable nourrisson naquit avec une vague inquiétude, à propos de son acceptation dans le monde des sorciers, tant que dans le monde de la famille moldu des Charley. De part sa chevelure flamboyante ou bien sa malice déjà présente, Lana conquit tout le monde.

21 juillet 1969 ; premiers pas sur la Lune pour Neil Armstrong et Buzz Aldrin
18 décembre 1969 ; abolition définitive de la peine de mort au Royaume-Uni

Deux yeux bleus fixaient avidement le poste de télévision. Par un quelconque tour de magie de Birdie, le réseau américain se déversait désormais sur l'écran de la famille Charley, alors que la mission Apollo 11 était entamée. « Maman, maman, vient vite, c'est maintenant » En riant doucement, Birdie s'installa aux côtés de sa fille. Arnold les rejoint, le sourire aux lèvres, ses lunettes rondes perchées sur son nez droit. Il prit la petite rousse sur ses genoux en faisant une fausse moue désapprobatrice « Je ne veux pas savoir comment on se retrouve avec le réseau américain sur notre télévision. Merci Birdie » Un gloussement s'échappa de la gorge de la gamine perchée sur son père. La vie de Lana-Bliss était bien simple. Ses parents l'aimaient, elle allait à l'école comme tous les enfants de son âge, avec la seule particularité qu'elle était une sorcière. Pourtant, encore raisonnable, la petite fille n'en faisait jamais usage devant des moldus, ayant parfaitement compris la limite à ne pas franchir. Et puis, on le sait bien, une petite blague de temps en temps ne fait jamais de mal, n'est-ce pas ? Fille unique, elle bénéficiait de l'attention de ses parents, sans pour autant être une fille gâtée ou quémandeuse. Trop raisonnable ? Trop sage ? Ses parents appréciaient l'esprit vif et malicieux de leur fille. Un père moldu, une mère sorcière, une fille sang-mêlée. Peu importe, ils étaient heureux, c'était tout ce qui comptait à leurs yeux. Nul besoin de plus quand on a tout ce qui peut nous contenter sous les yeux, dans les bras.

22 septembre 1975 ; ouverture du procès de l'affaire d'Amytiville

« C'est fou tout de même. Tuer toute sa famille sur le simple prétexte qu'une voix inconnue t'ordonne de le faire.. » « Que veux-tu ma Birdie, la folie ne s'explique pas » « Papa ? Y'a plus d'insuline, il m'en faut.. » Arnold se leva précipitamment et se dirigea vers la cuisine, ouvrant les placards à la volée. Birdie quitta à son tour le sofa sur lequel elle était assise. Avec un sourire, elle prit sa fille par les épaules en la guidant vers sa chambre. Lana ne fit pas d'histoire, sage et confiante. « Papa va te monter l'insuline, puis tu vas te coucher mon ange » Diabète de type 1. Cela avait raisonné aux oreilles de Birdie et Arnold avec pertes et fracas. Lana, elle, n'avait pas très bien compris. Tout ce qu'elle en avait retenu était qu'elle devrait se faire des prises d'insuline régulièrement, faire attention à son régime alimentaire et aller voir le médecin régulièrement. Pourtant, les sorciers, ils ne peuvent pas tomber malade, maman, pas vrai ? Pourquoi j'ai ça ? Birdie avait du se contenter d'afficher un sourire penaud en prenant sa fille dans ses bras. Le médecin moldu puis le médicomage qui avaient vu la petite Charley avaient été intraitable. Diabète. Il fallait bien un défaut au parfait tableau. Un pied bancale à la chaise. Une tache sur le tableau blanc. Lana s'était résolu à suivre un traitement trois fois par semaine, a prendre ses injections d'insuline. Quand on a douze ans, on ne comprend pas tellement. La rousse avait entamé sa troisième année à Poudlard, et elle avait du retourner précipitamment chez ses parents après une crise fulgurante. Du repos, des calins, puis elle retournerait à l'école de magie la semaine suivante. La vie est injuste envers les plus bons.

4 mai 1979 ; Margaret Tatcher, premier ministre moldu du Royaume-Uni

Lana fourra en riant la page du Daily Mirror dans son sac. Son père lui avait envoyé la page qu'il avait écrite lorsque pour la première fois, une femme prit le rôle de premier ministre du Royaume-Uni. Secouant la tête, la rousse prit la Gazette du Sorcier, bien plus intéressante d'après elle. Les remords l'envahir soudain. Elle était censée réviser ses ASPIC. Oh..une petite demi-heure pour le quotidien, ce n'était pas grand chose. Arrivant à grand pas dans la Salle Commune, elle s'affala sur un fauteuil et se plongea avec assiduité dans sa lecture, s'interrompant de temps à autre pour empêcher O'maley d'embêter les patronus alentours. Par la barbe de Merlin, tiens toi un peu O'maley. Le chat se stoppa net dans sa course après un rouge-gorge pour lancer un miaulement plaintif et boudeur à sa sorcière. Je passe le temps comme je peux, écoute. Soupir exaspéré. Eh bien passe-le autrement, espèce de sac à puce. Le félin émit un grognement sourd en lui tournant le dos. Riant sous cape, la jeune sorcière se replongea dans sa lecture lorsqu'un ''tic tac'' sourd s'échappa de son sac. La rousse se leva en soupirant, récupéra ses affaires puis grimpa quatre à quatre les marches qui menait aux dortoirs. Entrant en trombe dans sa chambre, elle s'assura qu'aucune de ses colocataires n'étaient présentes. Pantelante, un soupir s'échappa du fond de sa gorge. La jeune fille vida précipitamment son sac sur son lit, le ventre noué. Enfin elle trouva le sujet de ses recherches. INSULINE. C'était écrit en gros et noir sur l'étiquette. Grimace d'appréhension, soupir, douleur éphémère. Un bruit de pas se fit entendre dans l'escalier. Charley fourra brusquement son attirail dans son sac, un sourire enjoué plaqué sur ses lèvres « Oh, tu m'as fait peur Pearl » « Tout va bien Lana ? Je t'ai vu partir comme si tu avais le diable aux trousses » « Tout va bien, ne t'inquiète pas, je croyais avoir oublié mon livre de sortilège » Sourire, rire, cacher.