Le manoir. L'endroit dans lequel tu grandis, petit à petit. Ton éducation se fait, au fur et à mesure du temps. Tu es de ces garçons respectueux qui n'osent pas beaucoup donner leurs avis. Tu suis les règles imposées par ta famille. Par ton père. Ta mère. Et ceux qui t'entourent. Tu vois cette femme, Mathilde. Elle te terrifie. Elle a un mauvais fond selon toi. Tu la croises dans ce couloir, un livre collé à ton torse que tu tiens fermement. « Que fais-tu ici !!? » Son ton est sec. Froid. Tu t'arrêtes et baisses les yeux. La notion de respect t'ordonne de baisser le regard face à tes aînés. La peur qu'elle t'inflige te permet de le faire sans aucun soucis. Ta voix est douce. Chevrotante. Il est facile de voir que tu es effrayé. « Je rejoins mon père, Madame. » Son index se pose sous ton menton. Elle exerce une pression qui te fait lever la tête. Ton regard bleu se pose dans le sien. Elle est également une De Sade. Ce nom est caractérisé par une apparence bien distincte. Toutes les personnes de cette famille, sans exception, sont des oeuvres vivantes. Le teint blanc, presque porcelaine. Une bouche légèrement pulpeuse. Une chevelure blonde, voire châtain clair pour certains. Et la caractérisation primordiale. Des yeux bleus. Un bleu étrange. Magnifique. La beauté liée à ton nom est connue dans le monde entier. Héréditaire. Liée à ce secret que tu gardes, comme tous les tiens. Sang-Mêlés. La Vélane qu'est ta grand-mère t'a donné ce sang. Une lignée impure. Mais cette caractéristique est bien gardée. « Pourquoi es-tu toujours face à moi ? La ponctualité est importante pour des personnes de notre rang ! » Marquis. marquise. Elle te lâche. Tu baisses de nouveau ton visage angélique. Tu acquiesces. Tu la contournes et te dépêches. Tu n'oses pas courir. Elle te fera une remarque. Tu vas rejoindre celui qui est ton père. Celui a fait de toi ce sang-mêlé.

La lettre est sur la table. Tu la regardes attentivement. Tu sais ce que cela signifie. Tu vas quitter ce manoir situé dans le Nord de la France. Tu vas quitter ton pays. Ta famille. Tes amis. Tu vas rejoindre les paysages brumeux de l'Ecosse. Tu n'as pas le choix. C'est une obligation. Ta famille le veut. C'est ainsi, tu n'as pas ton mot à dire. Tu sais ce que représente cette lettre mais tu dois l'attendre. Ton père. Cet homme aimant qui se montre sévère envers toi, d'après les règles imposées. Tu soupires. Tu ne veux pas l'ouvrir. La porte du salon s'ouvre. Ce salon gigantesque, entourant un feu de cheminée qui éclaire la pièce sombre. Tu inspires profondément. Tu te lèves lorsqu'il entre. Tu baisses les yeux. Tu as cette habitude. Tu ne regardes jamais tes aînés dans les yeux. Tu baisses le regard et tu attends leur aval pour poser tes iris bleuté sur leur peau blanche. « Masquerade. J'ai reçu la bonne nouvelle. M'as-tu attendu ? » Il semble joyeux. Malgré tout, tu n'oses pas lever les yeux sur lui. Il avance. Il voit l'enveloppe posée sur la table. Tu peux entendre, par le son de sa voix, qu'il te sourit. « Oui Père. » Ta réponse est brève. Il s'installe à côté de toi. Tu t'assieds aussitôt. « Ouvres-là Masquerade. S'il te plait. » Ton père est un homme adorable. Tu es simplement trop respectueux envers les tiens. Tu prends l'enveloppe. Tu l'ouvres avec délicatesse. Tu déplies la lettre. Tu poses tes prunelles bleues sur cette dernière. Tu commences à la lire, à haute voix.

« Cher Mr De Sade, 

Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au Collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipement nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre hibou pour le 31 juillet au plus tard.

 »

L'obligation familiale. Se retrouver là-bas, avec les membre de ta famille. Tu poses ton regard sur ton père. Il lit la lettre des ouvrages qu'il te faut. Les équipement également. Il est tout excité. Il te regarde, tu lui souris. Gêné.« Tu vas devoir apprendre à avoir confiance en toi là-bas. Arrêtes de toujours baisser les yeux. Tu es quelqu'un de respectueux Masquerade. Alors, te ne rabaisses pas. Marche la tête haute et le regard droit. Tu es un De Sade ! » Une réplique sortie de nulle part. Tu souris. Tu es heureux. Tu te lèves et tu acquiesces. Tu quittes le salon sans un mot tandis que ton père est sur-excité par cette nouvelle. Son fils aîné va entrer à Poudlard. Toi, tu te demandes si c'est la meilleure chose qui soit. Beau Bâton aurait été chouette. L'école se situe en France. Mais non, comme tous les tiens tu vas partir en Ecosse pour suivre tes études.

Les fêtes de fin d'année. Tu les aimes. Cette année sera spéciale. Tu as décidé de rentrer en France en ma compagnie. Tu m'as prénommée Marquise. Moi, un Gorille des plaines de l'Est. Je suis constamment à tes côtés. Je suis toi. Tu me regardes. Tu es assis sur ton lit. Les jambes en tailleur. Tu te demandes encore ce que je fais là. Je suis sur le sol, face à toi. Assise. Tes parents ont été étonné. Ils avaient entendu parlé de ce sortilège aux conséquences étranges sur les élèves de Poudlard. Tu leur à tout expliquer. Tout comme tu l'as fais pour ton frère cadet. « Tu sais que tu es un animal encombrant ! » Tu dis vrai. Peu importe la forme que j'arbore, je prends de la place. Tu ne reçois aucune réponse de ma part. Seul mes yeux sont plongés dans ton regard bleuté. Celui-là même qui te vient de ton secret. « Je sais que tu es dans ma tête, Marquise ! » J'acquiesce dans un grognement. Je ne te réponds pas. Tu me trouves étrange. Cette sensation est partagée. Je ressens tout. Je connais tous tes secrets. « Parles-moi ! Tu l'as déjà fais, gros singe ! » Je grogne à nouveau. Comment oses-tu me parler sur ce ton ! Je suis une partie de toi et tu me considères de la sorte. Tu soupires. Je fais dans l'imitation et suis ton geste, soupirant à mon tour. Les minutes passent. Tu me parles. Je te réponds pas grognement. Tu bouges. Tu descends de ton lit et t'approches de moi. Je recule, m'appuyant sur mes quatre membres. Tu es plus grand que moi, de quelques centimètres. Mais je suis sur mes quatre pattes. Ta chambre est grande. Tu viens d'une famille riche. Un simple regard sur tout ce qui t'entoure permet de le déterminer. La logique. Je recule au fur et à mesure que tu avances. Tu tends une main vers moi. Je grogne. « Arrêtes. » Me dis-tu calmement. Je grogne. Je ne sais faire que ça. Montrer mes crocs dans un cri qui retentit dans le manoir. « Je t'ai dis d'arrêter. » Reprends-tu, tout aussi calmement que la dernière fois. Tu continues ta marche lente en ma direction. Tu n'as aucunement l'intention de laisser tomber. Je m'arrête, à quelques centimètres du mur. « Marquise... » Ta main se pose sur mon pelage, au niveau de mon épaule. Je grogne mais tu n'as pas peur. Tu es obstiné. Tu me regardes. Ce regard étrange, résultat du doux mélange entre un sorcier et une Vélane. Tu soupires, amusé de la situation. Tu me montres un sourire compréhensif, laissant ta main vagabonder sur mon épaule. Tu es délicat. « Tu parleras lorsque tu le voudras. » Tu es aimant. Compréhensif. Un garçon sympathique. Je le sais. Je te connais. Tu stoppes tout contact. « Je vais te montrer le domaine autour du manoir. » Tu me tournes le dos. Tu tentes une approche avec moi. Tu sais, tout comme moi, que nous allons être lié un long moment. Jamais l'un sans l'autre. Je ne te réponds pas. Je te suis. Je n'ai pas le choix.