Grands yeux bleus clair, chevelure si blonde qu’on la croirait presque blanche, Némésis était sans nul doute une Malefoy. Et comme tout enfant de la famille, elle est bien évidemment de sang-pur. Dès son plus jeune âge, ses parents l’ont élevée en lui inculquant leurs valeurs..ainsi que le dégoût pour tout être qui n’était pas un natif de sang pur, les « êtres inférieurs ». Mais Némésis ne comprenait pas. Pourquoi un liquide qui nous donnait à chacun la vie pouvait être meilleur qu’un autre ? Il n’était ni question de longévité ni de supériorité physique, alors quel changement cela apportait-il ? « Tu me désoles. » s’exclamait alors sa mère, levant les yeux au ciel. Alors la petite fille faisait semblant de comprendre et acquiesçait, mais ses parents savaient bien qu’elle faisait semblant, puisqu’à l’école, on s’étonnait qu’une enfant Malefoy s’amuse avec n’importe quel autre enfant. Les Malefoy la placèrent donc dans une école privée. Là au moins, elle ne pourrait plus leur faire de tort. Et Némésis grandit dans cette école où chaque enfant était persuadé qu’il valait mieux que ses camarades. Némésis ne s’y fit pas beaucoup d’amis - pour ne pas dire aucun - et rentrait toujours de l’école les larmes aux yeux. Elle se sentait si seule. Ses parents lui apprirent à être dure, résistante. C’est ce qui forgeait la personnalité d’un Malefoy selon son père. Et quand la petite leur demanda s’il avait des amis, il lui répondit : « Ami est un autre mot pour dire faiblesse. » Mais là non plus, la bondinette ne comprenait pas.

Arriva alors son premier tour de magie. Tandis qu’elle écrivait un devoir dans la salle de classe, un de ses camarades de classe avait volontairement mis une antisèche sous sa table. Car il faut savoir que la petite fille était plutôt bonne à l’école. Elle aimait travailler, ce qui ne collait pas avec les habitudes des Malefoy. Les femmes n’étaient pas travailleuses, elles se contentaient d’être belles, bien apprêtés et de faire un beau mariage pour n’avoir jamais à se soucier de rien d’autre que leur personne. C’est pourquoi elle se faisait souvent taper sur les doigts quand elle ramenait d’un peu trop bonnes notes. Une fille intelligente ? Quel calvaire. Némésis trouvait ça injuste, mais elle ne pouvait rien y faire. Alors elle se forçait à avoir de sales notes après chaque bonne note, pour équilibrer sa moyenne et se faire moins gronder. C’est pourquoi tricher n’était vraiment pas son style. Lorsque l’élève en question - une vraie petite teigne celui-là - avertit la maîtresse, celle-ci découvrit en même temps que Némésis le petit bout de papier. Devenant toute rouge, elle jura qu’elle n’avait rien fait. Mais puisqu’il lui arrivait d’avoir de sales notes, la maîtresse en déduit que les bonnes n’étaient seulement dues qu’aux antisèches. Aussi lui mit-elle un zéro. Folle de rage, la petite se retourna vers le jeune enfant qui passait sa vie à lui faire des tours. Ses boucles blondes s’envolèrent subitement dans son dos et ses yeux devinrent bleu électrique. Telle une vraie tornade, elle se précipita vers lui et réduisit sa feuille en milliers de petits morceaux. « Espèce de sale morveux, c’est ta faute ! Tu n’es qu’un porc ! » Et sur ces mots, se retournant vers lui, elle découvrit un énorme groin à la place où devait se trouver son nez. Hoquetant de surprise, elle était stupéfaite. Était-ce elle qui avait fait ça ? L’élève essaya de parler, ne comprenant pas la surprise qu’il lisait dans les yeux de la blonde. Mais les mots se confondaient en grouiik et hiik incompréhensibles. Ce petit tour provoqua l’hilarité générale..sauf pour Némésis et la maîtresse bien sur. La petite était bien trop surprise pour faire quoi que ce soit, et la maîtresse bien trop énervée pour trouver la situation drôle. Lorsqu’elle rentra chez elle ce jour-là, ses parents l’accueillirent à bras ouverts, trop heureux que leur fille si ‘pure’ ne soit pas une satanée crackmol. Peu de temps après, une lettre de Poudlard arriva.

Némésis se souviendra toujours de sa première venue voie 9 ¾, de sa première arrivée dans le monde des sorciers ainsi que de sa première baguette magique. Composée d’un bois de rose, d’un cœur fait en ventricule de dragon - comme son père - et longue de 23,75cm exactement, celle-ci était aussi souple et élégante que celle de sa mère. Pourtant, le vendeur lui dit bien qu’elle était spéciale. Si un ventricule de dragon était mêlé à du bois de rose, ce n’était pas par hasard. L’extérieur et l’intérieur détonaient, à elle de trouver l’équilibre entre les deux. A vrai dire, elle n’avait pas su ce que le vendeur voulait entendre par là. Ce n’est qu’en grandissant, loin de ses parents, dans cette école où la magie était omniprésente et où tous étaient mélangés (nationalité, sang, origines, caractères) qu’elle comprit qu’elle aurait à trouver l’équilibre en ce que sa famille voulait qu’elle soit, et ce qu’elle était vraiment au plus profond d’elle-même. Et la cérémonie de répartition le lui montra bien : elle avait beau être une Malefoy, elle ne se sentait pas Malefoy. Le choixpeau la dirigea à Serdaigle plutôt qu’à Serpentard, au grand dépit de ses parents. Serpentard était la maison que tous les Malefoy avaient fréquentée depuis la création de l’école. Elle était une exception dans la famille, une sorte de « tâche » indélébile. Mais étrangement, la jeune fille en soutira un grand soulagement. Serpentard lui rappelait cette école où elle avait passé son enfance. Regards supérieurs, démarche hautaine et aussi vicieux que des serpents. En parlant de serpent, l’enfant ‘cochonesque’ était là lui aussi. Et devinez dans quelle maison il était ? Ne pas faire partie des serpentards était donc un grand soulagement. Elle avait déjà entendu ses parents discuter de cette école, vantant les mérites de leur ancienne maison et dénigrant les autres, et spécialement les gryffondor et les serdaigles. En effet, les gryffondor avaient de tout temps étaient les opposés des serpentards, mais en quoi les serdaigles l’étaient aussi ? C’était simple : ils en savaient trop. Ils se croyaient supérieur aux autres car ils avaient ingurgité plus de connaissance, mais tout ça n’était qu’une mascarade. Aussi cette maison l’attira-t-elle immédiatement. Une maison où étudier n’était pas un crime ? Quelle chance ! Lorsque le choixpeau se posa sur sa tête, son cœur se serra, sa respiration se coupa. Son cerveau tournait à cent à l’heure. « Pas serpentard. Pas serpentard. Pas serpentard. » se disait-elle. Comme s’il eut entendu son souhait, on annonça haut et fort la maison de serdaigle. Un grand silence avait suivi cette déclaration, elle s’en rappellerait toute sa vie. Mais ce silence ne signifiait pas qu’il y avait eu une erreur, une « bavure » comme les Malefoy aimaient le dire. Ce silence marquait un nouveau départ, il annonçait sa vie qui commençait, dépourvu de l’emprise de sa famille. Tout ne dépendait que d’elle désormais.

Alors que Némésis poursuivait ses études, étant désormais à sa septième année à Poudlard, une chose incroyable se produisit. Alors qu’elle était en train d’étudier, comme la plupart du temps, une chose la frappa..de l’intérieur. Un filet argenté sortit de son corps et commença à se matérialiser devant elle. Frappée par l’image que celui-ci formait, elle prit peur. Un petit serpent se matérialisa alors sur son bureau, la fixant de ses petits yeux noirs. Mais en regardant mieux, elle fut soulagée. C’était une couleuvre à collier, une des rares espèces de serpents qui étaient inoffensives. Ou du moins, non venimeuses. Mais qu’importe, car la chose émit un petit grognement mental - ce qui était assez étrange d’ailleurs - avant de se changer en un adorable petit fennec du désert. Enfin, adorable n’était peut-être pas le mot qui convenait le plus. Ses yeux étaient pleins de sagesse, mais son attitude dénotait une excitation effarante. A croire qu’il vivait le plus beau jour de sa vie. Tentant de le ramener à un professeur, lui expliquant qu’elle ne savait pas d’où il sortait, celui-ci lui raconta ce qui se passait ici. Un patronus qui prend vie ? Et sous deux formes qui plus est ? C’était censé la convaincre de garder l’animal ? Mais quand elle voulut le mettre à la porte, les grands yeux noirs de celui-ci l’implorèrent de ne pas le faire. Comme elle croisa d’autres étudiants dans le même cas qu’elle, elle se dit qu’elle ne serait pas la seule à se faire punir, et, de toute façon, elle aurait le soutien du professeur. Mais en échange, elle fit promettre à l’animal de ne pas la déranger. Acquiesçant, celui-ci la suivit dès lors partout, adoptant une petite attitude supérieure, sans pour autant être haineuse. Il se savait malin et le faisait savoir. Mais au vu des énormes animaux qui pouvaient apparaître aux côtés de leurs maîtres, il ne faisait pas trop le fier, se sentant alors tout petit et restant bien sur ses gardes. Il n’y avait pas à dire, Kiba était vraiment très drôle à regarder. Mais mieux vaut ne pas se moquer, car il pouvait se montrer très susceptible aussi. Mais tout ça était normal, puisqu’il caractérisait le tréfonds de l’âme de sa partenaire. Et comme elle, il n’aimait pas sa forme reptilienne, même si celle-ci était inoffensive. C’était une partie de lui, certes, mais pas ce qu’il était vraiment. Lorsque les Malefoy eurent vent de l’incident qui avait frappé tous les enfants et qu’ils découvrirent qu’en plus d’être à Serdaigle leur fille décrochait les meilleurs résultats avec en sa compagnie une peluche toute douce quand d’autres avaient des serpents maléfiques à leurs côtés, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Tout comme la couleuvre à collier qu’elle était, elle était inoffensive, inutile et tâchait la réputation des Malefoy. Aussi ses parents coupèrent tout contact avec elle, ne gardant que le strict minimum soit l’argent dont elle avait besoin - pas question en plus de faire passer les Malefoy pour des sans-sous. Némésis s’offusqua d’abord de ce virement de bord, mais au final, ça ne la surprit pas tellement. Toutefois, elle voulait leur montrer qu’une femme pouvait réussir sans être « la femme de ». Qu’une Malefoy n’était pas toujours obligée de suivre les pas de ses prédécesseurs pour être respectée de tous. Mais par-dessus tout, et ce malgré elle, elle voulait leur prouver - et se prouver - qu’elle méritait leur attention, leur amour. Elle n’avait pas à être leur faiblesse, elle pouvait aussi être leur force. Ils avaient juste besoin de croire en elle.