Two years ago...

« Ton père a fait faillite. »
Victoria observa le visage impassible de sa génitrice, alors que cette dernière s'enfilait probablement sa quatrième tasse de thé. Dans ce salon immense, le silence glacial qui avait en quelque sorte imprégné les lieux au fil des années était devenu encore plus pesant qu'il ne l'était d'habitude. Les mains tremblantes que Madame Cheshire essayait en vain de calmer ne faisaient qu'entrechoquer sa tasse de porcelaine contre sa soucoupe. La mère de Victoria évitait le regard de sa fille, celle-ci la fixait de ses prunelles ambrées. Elle avait à peine quinze ans à cette époque, n'y connaissait rien en affaires et pourtant la jeune rouquine aurait pu prédire que tout cela tournerait mal. Voilà déjà quelques mois que son père s'était jeté tête baissée dans un nouveau business dont il ne parlait quasiment jamais une fois rentré au manoir mais qui prenait tout son temps et son énergie. Parfois, il ne rentrait même plus la nuit. Et quand il était là, il travaillait encore. Christopher Cheshire avait toujours du travail inachevé sur les bras. Il était évident que ses affaires étaient vouées à l’échec, aussi fleurissantes avaient-elles pu être, et qu'un jour ou l'autre la famille Cheshire devrait en payer les frais. Victoria aurait juste préféré que ce jour n'arrive pas si vite.
« Nous croulons sous les dettes. » Continua la mère Cheshire, perturbant les pensées de sa fille. « Nous allons devoir vendre le manoir et probablement nous effacer avec grâce de la société mondaine que nous avons connu jusqu'ici. Tu as jusqu'à demain soir pour préparer tes affaires...une amie à moi nous hébergera jusqu'à ce qu'on trouve un nouvel endroit où loger. »
« Papa vient avec nous n'est-ce pas ? » Demanda précipitamment Victoria.
« Ton père va rester là un moment...nous allons nous en sortir sans lui. »
Un air désabusé apparut sur le visage de la rousse. Elle aurait parié son propre patronus que sa mère allait abandonner lâchement son père dans une situation telle que celle-ci.
« J'en étais sûre que tu le laisserai ! T'es une lâche, ce n'est pas une nouvelle, mais à ce point...tu me dégoûtes ! » Le regard de Victoria s'empourpra de colère alors qu'elle élevait la voix, pendant que sa mère, elle, élevait la paume de sa main comme pour dire « un mot de plus et tu la recevras en plein visage ». Sauf que des gifles venant de sa mère, la jeune sorcière ne les comptait même plus. Une de plus ou de moins n'allaient pas l'empêcher de lui cracher ses quatre vérités.
« Ne compte pas sur moi pour partir avec toi, je resterai avec papa. Il a besoin d'aide et tu n'es visiblement pas capable de t'en occuper toi-même. » Victoria n'a toujours juré que par son père. Même si son éducation fut froide et stricte, la rouquine savait qu'en dessous de cette carapace dure que se forgeait son père il y avait aussi cet esprit de feu que partageaient la lignée Cheshire. En fait, tous les deux étaient exactement pareil. Victoria ne lui en voulait pas d'avoir fait faillite ou de s'être jeté dans la gueule du loup sans même avoir pensé aux conséquences, parce qu'elle aurait fait exactement la même chose si elle avait été à la place de son père.
Certes, l'argent et les mondanités allaient lui manquer. Victoria était née en Ecosse avec une cuillère en argent dans la bouche, n'a jamais manqué de rien et a toujours été respectée grâce au nom et à la réputation de son père. Tout cela allait disparaître en fumée. De plus, certains élèves de Poudlard allaient prendre un malin plaisir à se moquer de sa nouvelle situation financière. Chose qui lui arrivait de faire elle aussi à l'époque où elle était riche. Mais malgré ça la rouquine ne comptait pas s'abattre sur son sort. Son nom de famille était peut-être devenu le synonyme de honte dans le monde financier et ça n'allait surement pas tarder à se répandre comme une traînée de poudre à Poudlard cependant si il avait bien une chose qu'elle s'était promise, c'était garder la tête haute.

Now...

Depuis, Victoria n'a toujours pas abandonné sa promesse. Même si cela fait deux ans qu'elle vit comme une « pauvre » aux côtés de son père lorsqu'elle n'est pas à Pourdlard et que ceux dont qui elle s'était moqué avant lorsqu'elle avait encore un nom dans la société reviennent vers elle pour se moquer à leur tour, la rousse reste égale à elle-même et a qui elle était avant, avec ou sans argent. D'ailleurs, il lui arrive même de trouver un côté bénéfique à cette situation. Parce que même ayant perdu de l'influence, elle ne perd jamais d’occasion d'apprendre de nouveaux moyens pour obtenir ce qu'elle veut.