Arista Rose Lestrange est née le 5 juin 1961, dans un grand manoir non loin de Londres, à l'écart de toute autre habitation. À l'image de la famille Lestrange, ancienne et riche, le manoir est sombre et luxueux, entouré d'un magnifique parc entretenu par plusieurs jardiniers moldus. Nombre de fois durant son enfance, Arista a essayé d'escalader le grand portail en fer forgé délimitant le domaine.

Août 1979 – Londres

- Les moldus ne sont en aucun cas nos égaux. On a des pouvoirs magiques, ou on en a pas. Nous avons beau être de sang pur, issus d'une ancienne famille et composée de puissants sorciers, là n'est pas le problème. Tout sorcier qui se respecte ne peut prétendre avoir la même valeur qu'un être aussi ennuyant et faible que le sont les moldus. Ces bons à rien du ministère n'ont aucun amour propre !
La famille Lestrange était réunie dans la salle à manger de leur manoir pour l'un des derniers dîner en famille de l'été. La pièce était haute et spacieuse, sombre et meublée avec soin. Kenneth Lestrange rapportait à sa femme les propos pro-moldus tenus par un de ses collègues, et approuvés par un autre. Arista écoutait d'une oreille, mais son frère aîné argumenta.
- Si le ministère engage des fanatiques de moldus pour gouverner le monde des sorciers, c'est qu'il n'y a pas de gouvernement. Quand je travaillerais au ministère, je compte bien  leur faire la remarque.
Il marqua une pause et se retourna vers Arista, insistant.
- Totalement, approuva la jeune femme.
Aaron, de tois ans son aîné, voulait travailler au ministère de la magie, comme leur père, après avoir fait ses études en Justice Magique. Kenneth et lui avait toujours voulu qu'Arista les rejoigne, trois sorciers d'une famille aussi importante que la leur ne pouvant qu'avoir beaucoup d'influence. Mais Arista se voyait très mal derrière un bureau, et voulait exercer un métier où ses pouvoir seraient sollicités chaque jour. Auror étant inconcevable, elle s'était dirigée vers la médecine magique, ce que ses parents avaient d'abord totalement refusé, puis finalement approuvé ; cela restait un métier admirable. Aaron ne l'avait jamais accepté. Pour lui, elle les trahissait.
- Les sorciers font déjà bien assez pour les moldus, et rien qu'un Département du ministère soit totalement réservé à leur sécurité, c'est bien assez, ajouta-t-elle froidement.
Le visage dur et impassible de son père se tourna vers elle, et il la regarda avec une expression dans les yeux qu'elle lui avait rarement connue. Arista lui adressa un sourire franc, fière d'avoir été à la hauteur. Si l'on y réfléchissait bien, c'était tout à fait vrai ; les moldus prenaient trop d'importance dans le monde des sorciers. Mais si elle y réfléchissait trop, cela sonnait faux.
Aaron lui adressa un regard plein de haine, et Arista dût prendre sur elle. Elle avait aimé son frère plus que tout, et aujourd'hui encore elle ferait n'importe quoi pour lui. Aussi blessé qu'elle l'était, elle s'était faite à son ignorance ; tant qu'il allait bien. Mais pouvait-elle se faire à la haine ? Elle restait sa sœur !
Pour autant, il ne lui faisait pas peur, et elle ne comptait pas se laisser faire.
- Nous devrions profiter de nos derniers moments en famille avant que les enfants retournent à Poudlard sans parler de moldus et de traîtres à leur sang, Kenneth,suggéra la voix cristalline de leur mère.
Les traîtres à leur sang... voilà qui dégoûtait son père bien plus que les moldus et les sang impurs.
Élevée dans l'optique que son sang la rendais supérieure aux autres, et avec des parents mangemorts et un frère sur la même voie, Arista avait vite acquis les valeurs de sa famille. Mais devenir mangemort, elle n'y pensais même pas. Elle refusait pour autant de déclencher une guerre familiale, qu'elle considère totalement inutile et ridicule. Quoi qu'il en soit, son père approuva, et le dîner se finit en silence.