Ce matin-là, le ciel était chargé de nuages d’une couleur gris cendré. Le vent me fouettait le visage comme si des mains venaient frapper mes joues. La pluie dense ruisselait lentement sur ma peau pâle. Elle se mêlait aux larmes tièdes qui tombaient des mes yeux de la couleur de l’océan. Une goutte vint se loger au creux de mes lèvres. Je passai ma langue sur celles-ci et gouttai à ce gout salé qu’avait la tristesse. Autour de moi, il n’y avait personne. Le parc, d’habitude rempli de monde était désert. Abandonné. Assis sur un des bancs verts, je contemplai l’horizon et m’imprégnai de ce silence qui n’était que trop rare. Les gouttes continuaient à tomber sur moi sans même plus que je ne sente leur froideur sur ma peau. J’entendais crier mon nom depuis la rue. Les voix se rapprochaient et quelques secondes après, s’éloignaient de nouveau.
Graypee venait de mourir, c’était maman qui me l’avait dit le matin même tout en se retenant de pleurer. Du haut de mes sept années, je n’avais pu gérer la douleur de cette perte. Mon grand-père était vraiment tout pour moi. A chaque fois qu’il venait à la maison, il me montrait de nouveaux sorts extraordinaires. Il était pour moi un exemple. Je me disais tout le temps que plus tard, je deviendrais comme lui.
Au moment où je me remémorai tous mes souvenirs de lui, de nouvelles larmes vinrent perler à mes yeux. Je vis maman courir vers moi avec une expression d’inquiétude et de soulagement sur le visage. Papa, lui, me regardait de loin. Il planta son regard noir dans le mien. Je savais que derrière cela, ce cachait une grande compréhension. Il avait lui aussi perdu quelqu’un a qui il tenait énormément. Je suis rentré à la maison où grand-mère m’attendait. Elle me regarda longuement et finit par éclater en sanglot. Nous étions tous deux les personnes les plus proches de Graypee qui existent. Elle me prit dans ses bras et nous restâmes comme cela jusqu’à ce que la fatigue prenne le dessus sur la peine.  

     
Cela faisait quatre ans que j’étais rentré à Poudlard, c’était le début de l’année et il a fallut que je la rencontre. J’avais alors quatorze ans. Elle était magnifiquement belle. Ses cheveux roux tombaient en cascade sur sa robe de sorcier noire. Elle souriait et ses lèvres pulpeuses laissaient entrevoir des dents blanches. Sa frange arrivait juste à la limite des ses yeux verts où mon regard se plongeait. Elle me fixa un instant et finit par détourner le regard. De là où j’étais, je n’avais pas vu dans quelle maison elle se trouvait et je dois avouer que je m’en fichais un peu. Alors que je m’apprêtai à aller lui parler, son groupe d’amis se déplaça et elle partit avec eux.
Quelques jours après, alors que le temps était gris et qu’il pleuvait des cordes, je la vis courir seule vers le château pour s'abriter. Je couru donc dans sa direction et attrapai son bras. Elle se retourna vers moi, me dévisagea avec un regard perplexe et finit par me sourire. Je fis de même et nous marchâmes un moment ensemble en parlant de tout et de rien, comme si nous étions des amis qui se connaissent depuis toujours. À chaque fois qu'elle disait quelque chose, sa voix résonnait comme une douce mélodie dans ma tête. Elle aborda le fait qu'elle était une Serpentard mais, je lui dis que la maison n'avait pas d'importance pour moi.  
Plus tard alors que nous étions très proches, presque en couple je dirais, elle apprit que j'étais un sang-mêlê, elle décida alors de couper les ponts avec moi, car pour elle, la pureté du sang était très importante. Puis, elle décida  de se venger du fait que je ne l'ai pas prévenue plus tôt de la nature de mon sang. Alors elle enchaîna moqueries et petit sortilèges avant quelle ne soit lacée de tout cela. La deuxième personne qui comptait vraiment à mes yeux venait de m'échapper.

Puis, lors de ma sixième année, à Noël, une petit boule de poils se métamorphosa à mes côtés. Je dois dire que c'est Graypee qui me remotiva pour mes études. J'avais en effet un peu laissé tomber les cours et n'avais pas beaucoup écouté ce que les profs me rabâchaient toute la journée. Donc lorsque les vacances de Noël furent finies, je recommençai à étudier et à être attentif. Il me fit découvrir l'art, qui devint un passion dans laquelle je me réfugiais quand je n'allais pas bien. J'étais très surpris de me rendre compte qu'une si petite créature pouvait autant redonner goût à la vie.