Ses souvenirs sont flous. Ses souvenirs ont toujours étés flous. Et de toute façon, est-ce qu’elle dit la vérité ? Est-ce qu’ils ne mettent pas tous ? Mentir n’est pas un crime, sinon nous serions tous déjà à Azkaban. Elle ne sait pourquoi ni de qui elle est née. Des visages flous et sans noms. Elle a le souvenir de des bras chauds et une main sur laquelle des lettres étaient incrustées. Des lettres qu’elle ne pouvait pas lire, d’une autre langue qu’elle ne connaissait pas. Lorsqu’on lui apprit l’anglais et que ses souvenirs lui revinrent, elle put lire « werewolf. », exactement comme à l’intérieur de sa propre main. Pourtant elle n’était pas un loup-garou et il n’y avait jamais eu de nous. La main de son souvenir était donc sa propre main ? Était-elle sa propre mère ? Une enfant qui s’était elle-même donné naissance ? Peut-être.

Elle ne sait pas comment elle s’est retrouvé enfermée dans un temple avec tous ses gens étranges encapuchonnés, mais d’aussi loin qu’elle se souvienne, c’était là sa maison. Assise affreusement haut sur ce qu’ils appelaient son trône. On la nommait la reine de dieu, Malkiéla en hébreu. Cette langue qu’on lui apprit à parler. Idrit Bat-Galim Chapira Malkiéla, ce qui signifie : Splendide déesse des vagues, belle reine de dieu. Malkiéla n’avait pas une famille, mais des adorateurs. Un nombre incalculable de gens, sans noms qui veillaient à réaliser ses moindres désirs. Elle n’en devenait pas pour autant une enfant capricieuse. On lui apprenait le langage des mortels. On lui montrait comment se servir de ce corps dans lequel les dieux l’avait envoyé pour aider les mortels. On la nourrissait, la lavait, la couchait. On la traitait en reine sans rien attendre d’elle en retour. Pas maintenant, pas tout de suite. Elle devait grandir, ils devaient gagner sa confiance pour que retombent sur eux les mérites pour lesquels ils avaient travaillés. Les premiers mots qu’elle prononça furent sacrés. On les gravait sur sa peau en images douloureuses. Une arme. Un loup. Crâne. Lumière. Encre. Éclair. C’était interminable. L’aiguille sautait sur sa peau toute jeune. Elle était leur parchemin, leur jouet. Non. Pas selon eux. Ils honoraient le corps mortel de la déesse par son propre sacrifice. Lorsqu’elle fut en l’âge de s’exprimer pleinement, on lui demanda plus encore. On lui demanda la clairvoyance. On lui demanda de voir passé, présent et futur de ceux qui venaient jusqu’à elle. Malkiéla était incertaine, inquiète. Et si elle se trompait ? Le futur n’est pas définitif, lui avait-on dit. Ce qu’elle prédisait pouvait être renversé, elle avait le droit de se tromper. Elle se laissait aller à son imagination de gamine. Posant ses mains sur le visage de celui qui voulait savoir alors qu’elle fermait ses yeux. Des souvenirs se dessinaient dans son imagination alors qu’elle tentait de trouver de quoi était fait le passé antérieur de ses gens. Elle inventait tout simplement, sans don accru de clairvoyance. Les prédictions étaient également très floues. Un mort. Une peine. Une maladie. Une naissance. Un mariage. Des choses qui arrivent. Demain, dans deux, trois ou dix ans. Des choses probables. Et si elles ne se réalisaient pas, ils se blâmaient d’avoir changé le futur. Ils y croyaient. Ils y croyaient. Puis, il y eut ce jour fatal. Ce jour où pour la remercié de toute sa bonté, on lui offrait un cadeau. Un jeune homme, en sacrifice. Il avait les yeux de l’adorateur déjà mort. Elle devait le libérer de son enveloppe charnel pour lui permettre d’accéder à une vie supérieure. Il glissait dans la main de l’enfant de neuf années de vie, une dague dorée. Plonge-là dans son cœur. Elle était terrifiée, elle ne pouvait pas faire cela. Il faut que son sang coule.  Son sang pouvait couler sans qu’il ne meurt, sans qu’elle ne le tue, non ? Ses yeux se levèrent vers le jeune homme avec une intensité qu’on ne leur reconnaissait pas. Sans que la lame n’ait à bouger, des coulisses de sang s’échappaient du corps du jeune homme. Partant de sa poitrine pour glisser sur son torse découvert. Qu’est-ce qu’elle avait fait ? Qu’est-ce qu’elle avait fait ?

Première manifestation de magie. Du ciel tombèrent des ombres, semant la panique. Le ministère de la magie était débarqué. Des envoyés qui s’attardaient à soigner le jeune homme et à emporter avec eux la jeune fille qui hurlait de peur. On lui expliqua qui elle était et ce qu’était ses gens. On la sortie de cet enfer pour la placer dans un orphelinat égyptien, lui promettant  qu’à ses onze ans, si elle le désirait, elle serait admise à la meilleur école de sorcellerie. En Écosse, à Poudlard. Malkiéla garda cette promesse pour la chérir. Gardant ce secret, le sien. Tombant de déesse à petite fille comme les autres, parmi les moldus, encore une fois. On la jugea vite différente, la mettant à l’écart, l’oubliant. La petite se retrouvait donc seule, préférant rester seule avec un livre ou dans la cour, dans ce petit bout de nature auquel ils avaient droit. Derrière les grilles de cette prison qu’ils n’avaient pas méritée. Malkiéla ne fut pas intimidée comme le sont beaucoup d’enfants différents. Elle était crainte. On n’osait pas l’affronter. On l’avait surnommée Rimona, la grenade. Parce qu’on ne savait jamais quand elle exploserait. Aussi changeante que les tumultes des eaux. Ses eaux qu’elle avait en souvenir ne lui appartenant pas.

Poudlard. Ce fut le nouveau départ. La véritable chance. Elle devenait enfin quelqu’un. Elle n’était plus une chose, ni une déesse, ni un monstre. Une sorcière. Malkiéla I. Negm. Negm pour étoile, une étoile qui avait enfin sa chance de briller. Ce fut le nom qu’on lui donna avant de sortir de l’orphelinat pour se jeter dans le monde des sorciers. Malki découvrait la vie pour la première fois. On lui permettait de marcher, d’être libre de ses mouvements. Pas de chaînes, pas de clôtures, rien. Un envoyé du ministère lui fit son éducation sur le monde de sorcier tout en achetant avec elle ses fournitures scolaires. Elle avait soif de connaissance. Elle voulait tout savoir. Remplir sa tête du plus de nouveauté possible pour oublier tout le reste. Oublié son enfance, oublié l’orphelinat et se concentrer sur le futur. Poudlard, ce fut la fin et le début de la vie. Les études furent placé au premier rang pour elle, parce qu’elle en avait eu bien assez des êtres humains tous plus dingues les uns que les autres. La connaissance et la nature, ses deux nouveaux meilleurs amis. On la retrouvait toujours, perchée dans un arbre, un bouquin dans les mains. Encore aujourd’hui, elle n’a pas vraiment changé. Elle reste cette déesse des vagues au tempérament changeant cette reine de dieu qui n’accorde que très peu d’importance au commun des mortels.