Je suis Lou-Ann Baumgarten, je suis née à Berlin, en Allemagne, où j'ai passé quelques années de mon enfance. Je gagne un an tous les trois février et il y en a eu, à ce jour et depuis ma naissance, le petit nombre de dix-sept. Je suis la petite soeur de Samaël Baumgarten, unique fille de Hans et Susann. Ma famille n'est qu'un amas de pièces de puzzles en bois, qui ne peuvent plus s'assembler, déformées par le mensonge et la traitrise. J'ai vécu la majorité de mon enfance en Allemagne, seule avec ma mère. Elle me semblait froide et peu aimante, mais j'apprenais bien plus tard que c'était sa façon à elle de me montrer que j'étais sa préférée. Depuis mes deux ans mon père vit en Angleterre, à Londres, avec mon grand-frère. Lors de chaque vacances ils revenaient, semblant tous les deux complices d'un secret qui ne réunissaient qu'eux. Papa m'apprit l'anglais sans que je sache vraiment pourquoi, se contentant de prétendre que cela était plus que nécessaire pour mon avenir. J'étais apparemment bonne élève. Je ne m'entendais pas avec mon aîné. Il y avait quelque chose dans son regard de haineux, d'envieux, qui m'échappait totalement. Je n'ai jamais pu créer un quelconque lien avec lui avant mes onze ans, le jour où toute ma petite vie changea.

J'avais été élevée dans l'ignorance totale de mes dons. Toujours protégée et mise à l'écart comme un animal faible, je ne participais pas aux conversations endiablées qui unissaient parfois mes parents. Je ne comprenais tout simplement pas. Mais voilà, j'étais différente et personne, pas même mes géniteurs, n'auraient pu changer ça. Bien que toute semblable à Samaël, ce n'était pourtant pas de moi dont on discutait lors de ses soirées électriques, mais de lui. Lui le grand garçon boudeur à l'allure désintéressée, qui semblait ruiner la famille par sa simple présence. C'est du moins ce que l'on faisait croire. Il n'avait en réalité rien de méchant, rien de mauvais. J'appris qu'il était même bon élève, bon joueur dans l'équipe de son école et qu'il avait obtenu ses diplômes. Mais ma mère lui en voulait, irréversiblement. Quelque chose la dérangeait et je mis bien du temps à comprendre quoi. uc  

J'arrivais un soir de décembre sans qu'elle s'en aperçoive. Pendant la nuit, doucement, je m’immisçais dans son inconscient, imperturbable, pour ne plus faire qu'un avec son esprit. Même si je l'étais au fond. C'était elle qui m'avait crée, ma génitrice, ma bienveillante amie. Je la rejoignis en rêve, lui transmettant mes idées, mes pensées, m'introduisant lentement dans son cerveau, dans sa mémoire, pour que je ne sois pas tout à fait un étranger à son réveil. Pour qu'elle se souvienne de moi. Comme si j'étais un ami d'enfance, une connaissance lointaine, un frère oublié. Je suis sa conscience et sa pensée même, la voix de sa sagesse, celle qui guide ses pas. Je suis en elle depuis toujours et on m'a libéré. Je suis ce qu'elle pense et ce qu'elle ne pense pas. Ce qu'elle imagine, ce qu'elle créer, ce quelle juge. Je suis l'ami qu'elle n'a jamais eu et je suis enfin arrivé. Protecteur de son subconscient, aviveur de sa joie. J’adoucis ses peines et atténue ses douleurs. Je suis ce qu'il y a de plus puissant en elle. Mais comment aurait-elle pu prévoir, qu'au petit matin, elle allait se retrouver face à moi, imperturbable ? Elle ne se doutait de rien, n'imaginait pas qu'elle aurait pu créer un autre moi à son image. Un animal représentant ce qu'elle est au plus fond d'elle même. La force, l'agilité et la ruse, voilà ce que je représente en premier. Je suis le cerf, majestueux et insaisissable, symbole de sa méfiance envers les êtres humains. Je disparais et je réapparais, virevoltant, invisible aussi. Je vis la nuit et je suis tout à l'envers le jour, je suis hyperactif, personne ne m'arrête. Je suis la chauve-souris. Comment aurait-elle pu savoir tout cela sans moi ? Je suis indispensable à son maintien, à son équilibre, Je suis Korh, son patronus.