« Ton dernier ouvrage s'arrache littéralement! Les gens ont besoin de rêver, aujourd'hui plus que jamais! » Sa mère ne cessait de déblatérer depuis presque quinze minutes sur le succès de la dernière œuvre littéraire écrite par Allen. Un livre qui apparemment se vendait plutôt bien, comme tous les autres depuis presque dix ans, même si elle écrivait depuis bien plus longtemps... Elle avait besoin d'extérioriser tous les rêves qu'elle faisait depuis l'enfance, tous les flashs qu'elle avait, alors elle les couchait sur papier, sans vraiment admettre qu'il s'agissait pour la plupart de prophéties, certes, en général peu dramatique, mais qui se sont toujours produite. Assise sur le rebord de sa fenêtre, n'écoutant que d'une oreille sa génitrice, la belle continua donc ce qu'elle faisait le mieux, écrire, et aussi un peu dessiner, sans vraiment faire attention, comme si sa main était guidé par quelque chose de plus puissant que son esprit. Elle faisait ça depuis l'enfance, se perdre dans les méandres de son esprit, puis en sortir et découvrir quelques dessins farfelues gribouillés sur le coin d'une feuille. Ce n'est qu'une fois finie qu'elle se rendit compte de son travail, elle venait de dessiner.... un petit bonhomme sans queue ni tête et sans aucune signification particulière. À quoi vous vous attendiez? Oui, Allen dessine souvent les visions qu'elle a, mais elle dessine surtout ce qui lui vient à l'esprit, des choses sans aucune explication logique, comme si elle devait à tout prix les évacuer pour laisser place à des choses plus importantes, alors non, ce ne serait pas aujourd'hui qu'elle écrirait une prophétie et elle était incapable de vous dire quand cela arriverait. C'était aléatoire, incontrôlable. Par contre, elle se rendit vite compte que la situation dans laquelle elle se trouvait lui était familière.

Relevant la tête, souriante, amusée par sa propre immaturité, la jeune femme observa avec attention la pièce, le salon de ses parents, un endroit imposant, dans lequel étaient entreposés bien trop de meubles à son goût. Sa mère continuait de parler, vaquant à ses occupations, elle rangeait des livres, servait le thé, mangeait quelques biscuits et prenait soin de tapoter quelques coussins ici et là. C'est ce geste qui tilta dans la tête de la sorcière. Elle avait rêvait de tout cela il y a longtemps, une scène qu'elle avait même intégré à l'un de ses romans, son cinquième d'après ses souvenirs brumeux, un roman d'aventures, comme toujours. Dans le chapitre trois, le héros se retrouve dans une vieille demeure, assis sur un fauteuil, discutant avec son fidèle compagnon tout en buvant le thé, innocemment, jusqu'à se retrouver assommé brutalement par une espèce de globe terrestre magique... « Hou quel réflexe! » Allen s’était levé, tout y pensant, rapidement, rattrapant au vol le globe avant qu'il ne tombe sur le crâne de sa mère. Elle resta statique une bonne minute, comme pour vraiment admettre qu'effectivement, encore une fois, elle avait vu juste, puis son visage reprit des couleurs et ses lèvres laissèrent échapper quelques mots... malheureusement. « Je me demande ce que ça donnerait si un centaure s'accouplait avec une licorne... » Dit-elle tout en rangeant l'objet du délit. Trois mots : RIEN À VOIR. Comme toujours. Al' avait l'art et la manière de lancer des discussions totalement hors sujet, surtout dans ces moments-là, quand elle se retrouvait à vivre des scènes qu'elle a si longtemps pensé imaginaires, quand elle se met à se poser mille et une questions, se demandant si TOUS ses livres reflétaient une vérité future ou si elle en avait inventé la moitié. C'était un moyen de noyer le poisson, de cacher l'impensable. Devin, c'est ainsi qu'on les appelle, mais pour elle, malgré les années à utiliser se don si particulier, elle n'en était pas une.... elle préférait se croire chanceuse qu'être déçu de ne pas être effectivement spéciale.... Elle jouait l'autruche, effrayée par son propre don, ou plutôt par la possibilité qu'elle n'en ait aucun.


Les repas de famille, personne n'y échappe jamais hein? Moldu, sorciers, elfes de maisons, personne ne peut fuir ses obligations familiales, encore moins lorsqu'on porte le nom de Potter, non, dans ses cas là, on se tait et on subit, pour la bonne cause. Chez les Potter, les Potter d'Allen en tout cas, la famille c'est important, vraiment important, ils ne sont pas souvent d'accord les uns avec les autres, ils sont tous assez différent et pour être honnête, ils ont du mal à montrer leurs sentiments, les « je t'aime » ne sont pas monnaie courante, toutefois, on sent au sein de leur maison un amour puissant les liant les uns aux autres, un amour qu'ils ont appris à montrer par des gestes, plus que par des mots. Les câlins par exemple, superficiel, mais passage obligatoire quand on arrive chez eux, quand on est une famille normale, avec quatre individus dirons-nous, c'est plutôt simple, mais quand on est la membre d'une fratrie de douze gamins, les salutations prennent tout de suite une autre tournure. En bref, chez les Potter-Advin on ne parle pas beaucoup, mais on agit énormément. Trop. « Oui je suis très contente de te voir aussi grand-mère... » Dit Allen, l'air réticent, essayant de reculer légèrement pour empêcher son "ancêtre" de lui tirer les joues ou les oreilles, habitudes que trop de personnes avaient prises chez elle, comme si elle ne ressentait plus la douleur depuis le raté de sa potion. Haaa quel grand jour quand notre sorcière, petite fille innocente, est revenue de sa cabane secrète, des oreilles pointues en guise de cadeau de fêtes de mère. Oui, c'est pour sa mère qu'elle avait trifouillé des potions à l'époque, elle était une enfant un peu solitaire, espiègle, mais ayant du mal à se faire accepter, alors très jeune, elle s'est perdue dans la littérature, dans l'amour de ses animaux et dans la passion des potions en tout genre. Mélanger divers ingrédients, dans l'espoir de donner quelque chose d'unique, c'était son rêve, elle voulait devenir spéciale, être la créatrice de quelque chose dont tout le monde se souviendrait, surement parce qu'elle se sentait terriblement inférieure à ses ainées, tous était si brillant. Son grand frère était le meilleur de sa classe. Sa grande sœur était destinée à un grand avenir dans le Quidditch. Son autre grand frère travaillait déjà au ministère et on lui prédisait un futur flamboyant. Elle? Elle n'était que la petite sœur un peu spéciale. Alors ce jour-là, alors que la fête des Mères approchait, la belle avait décidé de faire quelque chose de vraiment particulier, de trouver LA potion qui ferait plaisir et qui la mettrait, durant une journée, sur une espèce de piédestal tant désiré. Une petite explosion et une cabane en ruine plus tard, Allen revenait en hurlant, les yeux humides, ne comprenant pas tout de suite le regard choqué des membres de sa famille. Ce n'est qu'en croisant son reflet, qu'elle comprit que sa maladresse n'avait pas seulement endommagé son jardin secret....

« J'ai lu que ton sixième livre battait à nouveau des records Allenka, c'est vraiment impressionnant. » Elle détestait quand on l'appelait Allenka, son prénom de naissance, un prénom qu'elle exècre depuis toujours, d'où son habitude de se présenter en tant qu'Allen Potter et c'est tout. Elle n'aimait pas non plus qu'on parle de ses livres, surtout lorsqu'elle sentait cette espèce de surprise dans la voix de ses vis-à-vis, comme si c'était extraordinairement surprenant de découvrir un tel talent en elle. Étrangement, étant enfant, elle avait cherché désespérément à se faire une place de choix parmi les surdoués de son clan, aujourd'hui, elle y était parvenue mais n'en ressentait pas autant de satisfaction qu'elle l'avait imaginé, un rêve n'est beau que tant qu'on le rêve. Bien sur, au fond, elle aimait ça, être le centre d'intérêt, être importante, ne pas simplement être la petite ou grande soeur un peu étrange... La famille c'est compliqué, peu importe le nom qu'on porte.



« Je vais bien, c'est qu'une égratignure... » Dit-elle, la main ensanglantée posé sur une plaie des plus béante au niveau de son bras. Sa petite sœur, médicomage de son état, était en panique, elle qui gardait toujours son calme en cas de crises, semblait avoir perdu de son self contrôle depuis les derniers événements. Ou alors était-ce Allen qui la mettait dans tous ses états? Il faut dire que ce n'était pas la première fois qu'elle transplanait jusqu'à chez elle, en pleine nuit, blessée, attendant qu'elle la soigne, comme si c'était son devoir, comme si c'était naturel, alors que non, la chose avait perdu de ce naturel au bout de la sixième nuit entravée par l'arrivé impromptue de sa sœur. « Ça fait la huitième fois ce mois-ci Allen... » La jeune femme secoua la tête, rejetant cette vérité en bloc, peu désireuse de parler du pourquoi du comment, ce serait raviver des souvenirs qu'elle tentait d'effacer, d'enterrer au plus profond de son cœur et malheureusement, à ses yeux, la seule façon d'y parvenir c'était de se venger, de faire souffrir autant qu'ils l'ont fait souffrir. Magda, la cadette d'Allen, ne mit pas longtemps à soigner la concernée, en silence, un silence de plomb, lourd, qu'aucune des deux jeunes femmes ne semblait prête à briser. Seuls les bruits de sorts et de bandage se faisaient entendre, ainsi que les battements de cœur de l'une et l'autre, trop rapides pour ne rien cacher. Une fois terminé, la Médicomage tenta de nettoyer sa table, couverte d'un peu de sang et c'est à ce moment-là que son regard se perdit sur son ainée, se plantant alors sur les dagues qu'elle cachait dans son dos... « Pourquoi tes dagues sont pleines de sangs? » « J'adore plonger mes dagues dans des pots de peintures rouges... c'est ma grande passion du moment... » Magda ne sourit pas. Pas du tout. Son regard était rempli de colère, d'incompréhension, de peur, peur de comprendre ce que son ainée avait fait, peur de découvrir qu'elle était effectivement aussi déterminée et froide qu'on le lui rapportait. « Allenka... » « Ne m'appelle comme ça... » Ce n'était jamais bon signe lorsqu'un membre de la famille l'appeler ainsi. Soit c'était pour se moquer, sachant pertinemment qu'elle haïssait ce prénom, soit c'était pour lui annoncer ou lui rapporter quelque chose de grave... La seconde option semblait la plus crédible à l'heure actuelle, malheureusement. « … Je ne leur ferais pas l'honneur d'utiliser la magie contre eux... pas uniquement... Je veux qu'ils périssent de la pire manière qui soit pour des gens comme eux, comme des moldus... » Des mots durs, qu'on pourrait avoir du mal à imaginer dans la bouche d'une personne comme elle. En dehors des combats, des guerres, de mauvais tours de la vie, Allen était une personne amusante, un peu distraite, solitaire, peut-être distante, mais qui aimait les gens, qui ne faisait jamais de mal pour faire le mal, trop proche des animaux, trop empathiques, pour qu'on puisse l'imaginer faire souffrir qui que ce soit sur cette terre. Et pourtant, lorsque le moment s'y prêtait, elle devenait différente, prête au pire, pour le bien de tous... Aujourd'hui, c'était le pire, mais seulement pour son propre bien.

Quelques semaines auparavant, les mangemorts avaient attaqué le camp à l'Honduras Britanique, dans lequel les élèves de Poudlard avaient été envoyés, par sécurité. Plusieurs membres de sa famille s'y trouvait, notamment deux de ses petits frères, âgés de tout juste dix-sept ans... Deux sorciers jeunes, discrets, aimé de tous, courageux, trop peut-être... c'est surement ce courage qui avait conduit l'un d'entre eux à la mort, le jour de l'attaque du camp... Ce fut un véritable raz-de-marée chez les Potter... Ils étaient prêts à perdre ceux qui avait décrété que combattre était nécessaires, chacun savait que ça pouvait arriver, chacun était prêt à se sacrifice pour le bien commun... mais Tommen n'était qu'un enfant, nullement lié à cette guerre, pas directement en tout cas, personne ne lui avait demandé de se battre, personne n'attendait à ce qu'il le fasse, c'était même pour lui et tous les autres jeunes sorciers que des adultes comme ses parents, ses oncles et ses tantes, se battaient. Alors personnes n'avait vraiment imaginé qu'il puisse être la première victime de ce combat... et si beaucoup faisaient leur deuil dans la paix, certains, comme Allen, ne pouvait se résoudre a le faire autrement que dans la guerre. Elle voulait se venger, ce n'était pas dans le leitmotiv des Potter, mais ça l'était davantage dans celui des Advin, la famille de sa mère, une famille méconnue en Angleterre, réputée pour sa cruauté en Russie. Elle n'acceptait pas la mort de son petit frère, elle avait besoin que quelqu'un paye, alors sans le dire à qui que ce soit, sans s'en vanter, sans en parler, elle s’était mise à traquer des mangemorts à travers le pays... Et non, ce n'est évidemment pas pour boire le thé ou obtenir des réponses qu'elle les retrouvait, non.... Allen était comme une louve, elle ne réfléchissait plus, elle ne pensait plus, tout ce qu'elle voulait, c'était voir des Mangemort périr de la pire des façons, peu importe si à chaque crime sont âmes se voyait perdre un peu de son humanité, elle l'acceptait, si elle pouvait moins souffrir par la suite. Sa mère avait été élevée comme un soldat, un guerrier, dans des traditions peut-être archaïques, et elle avait transmis ardemment ses préceptes à ses enfants, particulièrement à elle, contre l'avis de beaucoup, mais aujourd'hui plus que jamais, la belle était certaine que ses leçons ne lui avait été inculqué que dans se but, venger la mort des innocents, de cet innocent.

« C'est barbare Allenka..... Tu ne peux pas... tu ne peux pas tuer quelqu'un comme ça... »
« Ils ont tué Tommen et d'autres enfants innocents, des gamins qui n'avaient rien demandé à personne... Et ils continueront... pourquoi... POURQUOI tout le monde veut-il toujours être aussi compatissant avec ses ennemies? Eux ne le sont pas! »
« C'est ce qui nous différencie d'eux, c'est ce qui nous rend meilleurs... »
« C'est une guerre... personne n'est meilleur que les autres... il y a juste ceux qui réussissent et ceux qui échouent... on a échoué trop longtemps... »
« Alors, rejoins l'ordre du Phoenix, comme papa et comme tous les autres... comme moi... »

Allen secoua la tête, comme si cette remarque était complètement stupide. Beaucoup de Potter faisaient partie de l'ordre du Phoenix, mais elle, malgré son grand sens de la justice, malgré son envie d'aider les autres, refusait d'entrer dans les rangs. Elle ignorait pourquoi, mais elle ne sentait pas à sa place là-bas, pour elle , faire partie de ce « clan », c'était comme se brider, s'empêcher de pouvoir faire ce qu'elle devait faire... Je suppose qu'au fond, elle n'aimait pas être dirigée par qui que ce soit, elle avait l'âme d'une leader plus que d'un suiveur et surtout, elle savait que sa vision de la justice n'était pas la même que celle de l'Ordre. Plus brusque, plus direct, plus violente, elle ne retenait pas ses coups au nom d'une espèce de bonté malvenue dans la situation actuelle. Sa mère non plus n'avait pas rejoint l'ordre, contrairement à son père, surement pour les mêmes raisons, car si aujourd'hui de loin sa génitrice ressemblait à une quinquagénaire superficielle, adepte des tea party et des gâteaux en famille, dans sa jeunesse, elle avait été plus que ça , pire je dirais, un secret dont personne ne parlait et qui la poussait à ne pas rejoindre les rangs de façon officielle, à aider, oui, mais de loin. Al' préféra mettre un terme à cette discussion, parler n'était pas le point fort de sa famille, alors elle repartit, sans un mot, s'éclipsant aussi brusquement qu'elle fut arrivée... sans regret.