Deirdre Caleigh Coppola est née le dix-sept août 1959 en Écosse, aux côtés de son frère jumeau.
Dei & Eno. A l'époque, alors que les jeunes parents admiraient leurs deux enfants encore innocents endormis l'un contre l'autre, on aurait pu leur inventer n'importe quelle vie parfaite. Mais ils grandirent, et s'ils n'eurent pas une vie parfaite, ils vécurent la leur, et Deirdre était convaincue qu'elle valait mille fois mieux, car les choses étaient authentiques. Magiques.

Juillet 1969 - Glen Etive, Écosse

Deirdre a 10 ans. Elle vit dans un cadre familial idéal, quoique très masculin, et l'innocence de l'enfance ne l'a pas encore quittée. « L'enfant asociale » est le terme qu'emploient certains pour la définir – mais « insociable » lui irait mieux. La vérité est simple : elle se sent mieux dans son univers fascinant que dans le monde réel. Artiste dans l'âme, elle commença a peindre très jeune, puis à jouer du banjo et de la guitare électrique, avec toujours en tête le désir et l'ambition d'être à la hauteur de la femme extraordinaire qu'était sa mère. Riche de ses multiples origines, son père lui apprit l'italien très tôt, et qu'aujourd'hui encore elle parle couramment. Et que cela plaise ou non, elle était heureuse ainsi. C'était ce à quoi pensait la petite fille allongée dans l'herbe de tout son long, à regarder les nuages prendre la forme d'une pomme et d'un chaudron dans le ciel azur. Elle avait passé l'après-midi à jouer avec les voisines de onze et sept ans, ce qui la rendait particulièrement fière. D'une certaine manière, elle s'était amusée, mais elle aurait préféré jouer au football avec ses meilleurs amis.
Les nuages se dissipèrent, pour former un animal, menaçant. Deirde frissonna. La vague souvenir d'une matinée d'hiver s'imposa à elle. Elle avait quatre ans, et aurait pu rester immobilisée par terre devant ce portail, contre lequel s'acharnait un boxer enragé, si son père n'était pas venu la relever. Depuis, ce souvenir ne l'avait pas quittée. Le regard haineux de l'animal alors qu'il aboyait à la rendre sourde la hantait encore. Elle avait compris plus tard que cchien était plus victime qu'il n'était coupable, et que la cruauté des hommes avait transformé sa souffrance en haine. Et si elle n'osait imaginer ce qu'il avait subi, plus jamais elle n'avait approché un grand canidé. Deirdre se releva, frigorifiée malgré le soleil, et se dirigea d'un pas ferme vers sa maison, avant de monter les escaliers quatre à quatre et de se laisser tomber sur son lit, essayant de se calmer. Penser à quelque chose de positif. Poudlard. Encore un an, et cela deviendrait son quotidien.

Septembre 1970 – Poudlard, Écosse

Tout était immense et magnifique. Deirdre avait attendu l'entrée dans le château pendant des mois, et était on ne peut plus conquise. Elle avait du mal à croire qu'elle allait passer les mois suivant – les années, même – à étudier dans une des meilleures écoles de magie qui ait jamais existé – et elle comptait bien faire partie des meilleurs. Jamais elle n'avait senti autant de magie autour d'elle, et c'était juste merveilleux ! Elle avait hâte de tout raconter à sa mère, mais en attendant de pouvoir lui écrire en détails, elle serrait la main de son frère à la broyer. Pourquoi était-elle toujours si stressée ? Peut-être car à peine arrivée, elle se mettait déjà la pression pour les années à venir. Ou bien parce qu'elle sentait qu'en plus d'y vivre les meilleurs moments de sa vie, elle allait aussi y vivre les pires ? Quoi qu'il en soit, peut lui importait pour le moment. Le directeur avait fini son discours en donnant le feu vert aux plus affamés, qui regardaient les plats apparaître un à un avec émerveillement. Le silence se perdit peu à peu dans le brouhaha des conversations et des rires, et Deirdre observa attentivement ses futurs camarades. Elle pourrait devenir amie avec n'importe lesquels d'entre eux, qui sait ? Mais elle se rendit compte qu'une fois encore, elle réfléchissait trop – à des choses auxquelles elle semblait être la seule à réfléchir. Bizarrement, elle se sentait déjà chez elle.

Octobre 1979 - Poudlard, Écosse

Deirdre referma un gros livre poussiéreux et le posa sur la pile à sa droite - feuilleté, rien d'intéressant. A cet instant précis, elle aurait tout donné pour se retrouver dans sa salle commune, ou dehors, n'importe où mais pas ici. Mais elle devait terminer son devoir coûte que coûte - malheureusement pour elle. En temps normal, travailler ne la dérangeait pas, au contraire, mais le manque d'informations sur le sujet qu'elle avait choisi l'énervait. Tant pis, elle abandonnait pour aujourd'hui. Elle rangea ses affaires, puis les livres avec lesquels elle avait travaillé et sorti de la bibliothèque avant de descendre les escaliers, traverser le hall et enfin respirer l'air frais de l'extérieur. Elle ne savait pas pourquoi elle y pensait plus aujourd'hui que les autres jours, mais cela l'étouffait. Sûrement car le croiser dès le matin l'avait mise de mauvaise humeur pour le reste de la journée. Ca lui faisait peur, parfois, la puissance des sentiments qu'elle ressentait quand il s'agissait de lui. Il en avait toujours été ainsi. Simplement, elle le détestait à présent autant qu'elle l'avait aimé dans le passé. Il était le seul à la rendre garce et manipulatrice, comme il avait été le seul à la rendre joueuse et séductrice, et elle n'aimait pas cette influence qu'il avait sur elle. Après l'histoire d'amour passionnelle, l'histoire de haine implacable : tous les coups sont permis. En neuf ans, sa vie à Poudlard avait bien changé.