Un soupire. Elle s’arrête. Regarde alors sur sa table. Un parchemin, un encrier, une plume, de l’encre, trois livres ouverts. Son regard se porte autour d’elle. La bibliothèque était silencieuse. London soupira de nouveau. Elle s’étira comme un chat et referma les livres devant elle. Elle venait de boucler son devoir d’Histoire de la Magie. Elle se leva, alla ranger les livres à leur place, roula son parchemin soigneusement, reboucha son encrier et mit tout dans son sac. Elle se balada alors dans les rangées de livres, ses talons aiguilles claquant sur le sol. Un sourire au bibliothécaire et elle sortit. Des gens dans les couloirs, mais pas un regard vers eux. Ils sont si petits, si insignifiants. Ses longues jambes parcouraient les couloirs. Elle voulait se rendre dans le parc pour voir son frère. Il devait surement s’y trouver après tout. Elle savait toujours où ils étaient. Elle était sa moitié, son égo féminin. Un peu comme le lien entre deux jumeaux, mais en mieux. Beaucoup mieux. Elle voulait conquérir le monde avec lui. Elle voulait redonner du prestige à son nom, sa famille. Elle n’aspirait qu’à ça, ne voulait que ça, ne vive que pour ça. Et son frère la soutenait, la suivait, l’aidait. Elle l’adorait son frère, elle l’aimait de toutes ses forces. C’était son sang, sa chair. Si seulement elle savait. Si seulement elle savait qu’en réalité il la manipulait, la trahissait en secret. Elle ne s’en remettrait pas. Non, jamais. Elle faisait ça pour lui. Elle sacrifiait sa vie amoureuse pour lui, pour qu’il soit fier, pour qu’il l’aime un peu plus. Elle ne voulait que son bonheur après tout. Si seulement elle savait. Avec lui, elle savait qu’elle irait loin. Elle avait besoin de lui, elle avait besoin d’un homme près d’elle, d’un homme de confiance, avec du sang-froid. Un homme comme lui. Il était tout pour elle. Il était son monde et son univers et sa soumission lui coûterait cher. Mais ça elle ne le savait pas encore. Et elle ne le saura pas avant longtemps.
Alors elle marchait dans les couloirs. Son sac Lonchamps à la main, elle semblait assurée, déterminée, confiante. Ca se voyait dans sa démarche franche, son pas était assuré, gracieux, élégant, félin. Elle avait pris l’habitude de cette démarche. Ca attirait le regard et elle aimait ça. Elle resserra légèrement sa cape de sorcière car un courant d’air venait de passer ce qui lui déclencha des frissons. Une mèche blonde vint tomber devant ses yeux et elle la remit derrière son oreille. Elle tourna dans un couloir et croisa quelqu’un qu’elle connaissait. Elle lui sourit, s’arrêta, lui parla. Elle avait ce sourire hypocrite sur les lèvres, mais elle jouait tellement bien son rôle que l’autre y crut. Et puis elle finit par s’en aller, le sourire aux lèvres, contente d’elle. Et puis ses pas la menèrent jusqu’aux cachots. Elle devait d’abord déposer ses affaires dans son dortoir avant d’aller chercher son cher frère. Les cachots étaient vides et silencieux. Elle ne rencontra personne. Ses pas résonnaient à travers les couloirs. Elle avançait sans se presser. Un regard sur sa montre pour voir l’heure. Son frère devait sûrement être dehors ou dans sa salle commune. Elle s’arrêta un instant au milieu d’un couloir. C’est alors qu’elle entendit du bruit. La jeune fille tendit l’oreille. En fait c’était des voix. Elle n’identifia pas immédiatement ce qu’il se disait mais d’un seul coup, elle vit une fille brune sortir d’un des cachots parallèles. London remarqua que sa tenue était pour le moins négligée. Sa chemise blanche sortait de sa jupe et elle semblait entrain de remettre sa cravate convenablement. Ses cheveux étaient très ébouriffés voir emmêlé et London regarda aussi un suçon sur son cou. La jeune fille ne s’étonna pas du tout de ce qu’elle venait de voir. De toute évidence, la fille avait passé du bon temps. Celle-ci se rendit compte qu’il y avait quelqu’un d’autre et se retourna, croisant ainsi le regard vert glacé de la Serpentard. Rien n’apparut sur le visage de London. Elle se contentait de regarder la fille sans rien dire, sans bouger. Celle-ci lui jeta un regard de travers mais s’en alla dans la direction opposé à celle de la salle commune des Serpentard, croisant ainsi la route de London. La Serpentard la regarda passer sans rien dire, puis disparaître à l’angle du cachot.
C’est alors qu’elle le sentit. Elle tourna la tête et son regard se posa sur lui. Il était là, venait de sortir du même endroit que la fille et semblait presque rassasié. Il semblait même content. La jeune fille ne bougea toujours pas. Elle savait qui il était. Rueben. Hoover. Il se tenait là, devant elle et la regardait aussi. Il ne la connaissait sans doute pas, mais elle oui. Oh que oui. Cela faisait un long moment qu’elle l’avait remarqué. Un long moment aussi qu’elle cherchait des informations sur lui. Et elle avait fini par trouver ce qu’elle cherchait. Ca l'avait frappé en plein visage. Des souvenirs lui étaient revenus. Des souvenirs qu'elle avait mis de côté depuis bien longtemps. Des souvenirs dont elle ne voulait pas se rappeler. Parce qu'elle avait vu ce qu'il avait subit. Elle comprenait ce qu'il avait subit et subissait encore aujourd'hui. Elle le regardait droit dans les yeux. Rueben était un être bien triste. Encore attaché à son passé avec des chaînes qui semblaient incassable. Un peu comme elle. Mais ça, elle ne le savait pas. Pas encore. Une partie d'elle avait envie de lui dire qu'elle comprenait, de le prendre dans ses bras et de lui dire que tout était fini, qu'il n'était pas obligé de recommencer ce terrible schéma. Qu'il ne devait pas le faire. Mais London n'était pas tendre. London n'était pas douce. Pas avec lui. Elle était froide. Distante. Fière. Il n'y avait pas de place pour la douceur dans sa vie. Il n'y en aurait jamais. Jamais. Mais elle devait l'avouer: il devait se sentir bien seul. Il devait désespérer à chaque fois qu'il était avec une fille. Il voulait chercher de l'aide elle en était sûre mais personne ne semblait avoir compris. Elle, elle comprenait. Mieux que personne. Oh, son père à elle ne l'avait jamais touché mais elle avait vu. Elle avait vu de ses propres yeux son père battre son frère pour lui apprendre les choses. Elle comprenait Rueben. Elle partageait aussi sa souffrance. Car au fond, son père en touchant son frère, l'avait elle aussi touchée. Elle n'allait pas prendre Rueben dans ses bras. Ni lui dire des choses rassurantes. Elle n'était pas comme ça. Non. Elle allait simplement lui dire. Parce qu'il avait besoin de l'entendre même venant d'une inconnue. Alors, elle s'approcha de lui. Ses talons hauts claquaient sur la pierre froide. Elle arrive jusqu'à sa hauteur. Son regard ne l'a pas quitté. Elle ouvre la bouche et ces mots s'en échappent:« Elle n’a pas compris ce que tu voulais lui dire, n’est-ce pas ? »
Une danse charnelle. Elle était somptueuse et autrement dite idéale pour faire passer un message à une nymphe. Il laissait des souvenirs de cette folle soirée, déchirant sa peau avec ses crocs et l'entaillant avec ses griffes. C'était animal. Il était rongé par un mal douloureux. La pourriture rongeait ses os et brûlait sa chair pour en laisser de vieux morceaux boursoufflés. Son cœur meurtri devenait noir. Il attrapa brutalement sa longue chevelure de jais et la balança contre le mur dans sa violence. Il se colla à elle en attrapant la base de ses cuisses et la porta à sa hauteur. Son visage innocent se crispa à cause des éraflures que provoqua le mur sur tout le long de son échine. Quand il en eut fini avec elle, il la déposa au sol et lui ordonna de s'en aller. Il admira les cristaux rouges de son sang séché sur le mur puis s'en détourna avec lassitude. Cette catin répugnante n'avait pas compris l'insolence de ses actes cruels. Elle s'en alla. Il enfila sa chemise d'un blanc immaculé et prit soin de la boutonner en remarquant un contraste avec sa peau mate. Il attacha son pantalon et regarda le cachot avec mépris. Ayant nourri sa fureur par un ébat passionné, il donna un coup de poing dans la table en bois qui céda sous le choc. Une sensation de frustration l'habitait. Quelle personne pouvait se donner la peine de comprendre ce qu'il cherchait à exprimer ? Tesgarr lui grogna vulgairement de ne pas s'apitoyer sur son sort. Il voulut lui donner un coup de pied mais s'arrêta au dernier moment. Ses prunelles s'assombrirent et il quitta les lieux. Cet excès de colère ne dura qu'un instant et s'évapora.
Il quitta cette ancienne prison, perdu dans les vieux souvenirs de son passé. Il leva la tête et s'arrêta instantanément devant une jeune femme à la chevelure d'or. Qui était-elle ? Il fut captivé par sa beauté et ses grands yeux bleus. Il plongea son regard dans le sien et le moment fut intense. Elle s'approcha de lui. Ses talons claquèrent sur le sol froid. Il s'immobilisa et veilla à ne pas rompre ce contact visuel si particulier. « Elle n’a pas compris ce que tu voulais lui dire, n’est-ce pas ? » Les sourcils froncés, il dévisagea cette inconnue sans manière. Comment pouvait-elle savoir cela alors qu'il cherchait depuis si longtemps à en parler ? Etait-elle rentrée dans sa tête pour fouiller dans ses souvenirs comme certains sorciers savaient le faire ? Ne s'en serait-il pas rendu compte si quelqu'un avait essayé de pénétrer dans son âme ? Etait-il seulement possible que cette succube ait compris ? Les questions se bousculaient dans sa tête. Ses pensées devenaient un champ chaotique et miné. Elles menaçaient d'exploser au moindre faux pas de cette femme mystérieuse. Rueben était incapable de faire la part des choses. Ses sentiments apaisés se mêlaient à sa colère omniprésente. Il ne savait pas comment réagir. Il entrouvrit ses lèvres mais aucun son n'en sortit. Il les pinça à nouveau. Il l'avait sûrement déjà croisée sans jamais arrêter son regard sur cette silhouette pourtant exquise. Alors qui était-elle ? Ses yeux se transformèrent en un métal dur et froid. « Tu l'as compris ? » Il la questionna avec un ton menaçant. Il était méfiant. Il ne la connaissait pas et elle semblait en savoir plus sur lui que lui-même. Non. C'était impossible. Personne ne pouvait comprendre ce qu'un pauvre né-moldu comme lui avait subi pour en arriver là. Elle était une lueur d'espoir après toutes les déceptions qu'il avait accumulées au fil du temps. « Puis t'es qui au juste ? » Il était en droit d'avoir une réponse après ces paroles déroutantes. L'aurait-il ? Il soutenait son regard dans le sien et cherchait un indice au fond de ses prunelles. La blonde n'avait pas peur de lui alors qu'il était connu pour être une bête sanguinaire et cruelle envers les femmes. En vérité, elle semblait le connaître depuis toujours et ça le troublait. Mais il avait oublié. Il ne parvenait toujours pas à retrouver la totalité de ses souvenirs mais il était persuadé qu'il ne l'avait jamais rencontrée auparavant.
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Re: La séduction a toujours été une histoire de manipulation ▬Rueben&London
Elle savait qu’il ne connaissait pas son existence. Il avait toujours eu d’autres chats à fouetter et elle s’était toujours montrée discrète quand il était là. D’habitude, elle en aurait fait des tonnes. En temps normal, elle serait allée le voir. Mais la découverte qu’elle avait fait, bouleversait ses habitudes. Elle avait l’impression de voir son frère en lui. Ce garçon qui n’est jamais sorti de son passé, qui y reste accroché encore et encore parce qu’il ne sait pas comment faire pour s’en sortir. Et elle ne le comprend que trop bien. Car au fond, ce n’est pas ce qu’elle est exactement aussi ? Une petite fille qui s’écrase sans cesse sur ces rochers. Une petite fille abandonnée par une mère qui ne l’aime pas. Une petite fille traumatisée de voir son frère se faire frapper. Une petite impuissante face à tout cela. Une petite fille. Et Rueben Hoover était un petit garçon. Un petit garçon qu’un père en colère, misérable et malheureux frappait sans arrêt. Un petit garçon abandonné par une mère qui a laissé tomber. Un petit garçon qui a peur d’un père tyrannique. Un petit garçon qui maltraite les autres petites filles parce qu’il veut de la douceur, de la tendresse, de l’amour. Un petit garçon qui veut qu’on l’entende. London le savait, aucune des filles qu’il avait maltraité n’avaient compris. Aucune. Parce qu’il est difficile de comprendre les actes de violence. Il est difficile de les interpréter et les gens ont souvent peur de la vérité que cache cette violence. London, elle, n’avait pas peur. London avait soif de vérité. London voulait la vérité de partout. Mais bien entendu, elle se refusait d’entendre la vérité sur elle. Mais pour l’instant, elle était concentrée sur Ruben qui se tenait là. Elle était parfaitement impassible comme à son habitude. Ses yeux verts ne quittaient pas ceux clairs du jeune homme. Oui, London ne voyait que de la tristesse dans son regard. Une tristesse immense, comme l’était sa vie à lui. Elle voulait l’aider. Elle n’allait pas lui faire des câlins, se montrer douce. Elle trouvait cela beaucoup trop fade et ça ne lui correspondait pas. Il était bien plus intéressant avec sa colère, sa rage qu’il exprimait à travers ses actes. Beaucoup plus attirant même. Il la dévisageait, elle venait de le troubler, elle le savait. Elle le savait plein de questions à son égard mais elle ne se pressait pas pour lui donner plus d’informations. S’il y avait bien une chose que London aimait, c’était laisser planer le mystère et le suspens. Et elle le sentait, il était sur le point d’exploser, de laisser sortir sa rage encore une fois. Elle était curieuse de voir jusqu’où il pouvait aller. Elle avait envie elle aussi de goûter à cette rage. Et sans doute le fait qu’elle sache ce qu’il ressent ferait que ça serait totalement différent. Mais elle ne voulait pas céder à la tentation et ne voulait surtout pas être une conquête de plus pour lui. London n’était pas ce genre de fille. Elle se contenterait comme d’habitude de le regarder faire. Enfin, c’est ce qu’elle pensait. Elle le vit se refermer immédiatement. Ses yeux devinrent froid. Elle sourit intérieurement. Elle aimait ses changements d’humeur. Il était exactement comme elle l’imaginait : passionné. « Tu l'as compris ? » Son ton était menaçant mais elle ne s’en effraya pas du tout. Elle était parfaitement calme, paisible. Et elle comprenait qu’il se sente menacer. Ca ne devait pas être tous les jours qu’une fille débarque et lui dit qu’elle comprend ce qui se passe. Oui, il devait être bien chamboulé. Elle ne répondit pas tout de suite et il lui demande qui elle était. Un sourire polie apparut sur son visage. Evidemment, avec tout ça, elle en avait oubliée de se présenter. « Oh, je suis désolée. J’ai oubliée de me présenter. Je m’appelle London Leighton. Je suis en Justice Magique. Et à Serpentard comme tu peux le voir. » Elle n’avança pas la main vers lui pour la serrer. Non. Elle ne voulait pas de contact. Pas encore du moins. Elle se recula légèrement et son sourire disparut de son visage. Le silence s’étirait entre eux. Il voulait des réponses. Elle allait lui en fournir. London changea la position des livres qu’elle tenait dans sa main et décida de les mettre dans son sac. Pendant qu’elle faisait cette opération, c’est tout naturellement qu’elle lui répondit : « Oui, je sais. J’ai un peu cherché des informations sur toi. J’espère que tu ne m’en veux pas ? » Elle lève alors son regard vert glacé vers lui et le regarde un instant. Ca n’était pas agréable de savoir que quelqu’un fouillait dans votre vie. Elle le savait bien, mais ça avait été nécessaire pour lui. Et il devait s’estimer chanceux qu’elle est cherchée des informations sur lui. C’était une manière de montrer qu’elle s’intéressait à lui. Elle retourna alors à ranger ses affaires. Elle ferma la fermeture éclair de son sac, le remis sur son épaule et regarda de nouveau le jeune homme. Son regard vert retomba alors dans celui du jeune homme. Elle ne pu s’empêcher de dire : « Je te comprends. Et je sais que tu avais besoin de l'entendre. »
Spoiler:
pardon j'ai honte...
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Re: La séduction a toujours été une histoire de manipulation ▬Rueben&London
Qui était-elle ? Il était sûr de ne jamais avoir aperçu cette jolie blonde auparavant comme si elle était le fruit d'une hallucination. Elle était ce qu'il voulait voir et ce qu'il espérait depuis de trop longues années. Il se méfiait de cette réalité qui n'était pas la sienne et se transformait sous son vouloir de contrôle, de puissance. Cette femme à la longue chevelure d'or et au regard miroitant ne lui inspirait pas confiance. Elle était une dangereuse dévoreuse d'âme aux chants tentateurs et les hommes faiblissaient devant ces courbes naturelles. Son regard était aussi dur et froid que l'acier. La succube captivait son âme d'enfant meurtri par les violences cruelles de son père. Il avait plongé ses yeux noirs en elle et avait aperçu les lueurs de cette première fois où ce bâtard l'avait détruit. Elle avait compris. Les cris assassins, les pleurs incessants et les blessures douloureuses de ce petit garçon qu'il avait été autrefois hantaient sa mémoire. Il n'avait jamais raconté, il n'avait jamais tenté de fuir ce cercle vicieux emprunt de cruauté. Personne n'avait jamais vu. Il était seul. Alors comment pouvait-elle être au courant du drame qui s'était produit il y a plus de huit ans à Leicester ? Elle ne pouvait pas savoir. Elle mentait. Elle le rendait fou. Fou furieux. Elle réussissait. Une lueur enflammée s'alluma dans ses prunelles désespérément noires. Elle n'avait pas peur de lui et ne sentait pas la menace. Elle lui paraissait détendue et paisible alors qu'il était à bout. Elle le laissait bouillir et le poussait à patienter sans savoir ce qu'elle déclenchait chez lui ; L'animal. Le savait-elle ? Le loup grondait. Et si Tesgarr n'avait pas encore sorti les crocs et hérissé son poil répugnant, Rueben avait un regard meurtrier. Il était né pour tuer. « Oh, je suis désolée. J’ai oubliée de me présenter. Je m’appelle London Leighton. Je suis en Justice Magique. Et à Serpentard comme tu peux le voir. » Elle lui sourit poliment. Elle avait cette façon hypocrite de se présenter qu'avaient les serpentards comme Delilah ou Majken. Il détestait les bonnes manières ou autres courtoisies dont usaient les serpents pour se sentir supérieur à lui. Inutile de se présenter. Elle savait qui il était. Les femmes connaissaient Rueben ou l'amant cruel qu'il était et qu'elles désiraient contre toute attente. Il fronça les sourcils. London était-elle une hallucination spectrale ? Non. Elle semblait réelle. Mais n'était-ce pas le but ? Elle s'appliqua à ranger les livres qu'elle tenait dans ses mains dans son sac comme si elle venait de décider qu'ils la gênaient pour ses prouesses gracieuses. « Oui, je sais. J’ai un peu cherché des informations sur toi. J’espère que tu ne m’en veux pas ? » Il la dévisagea une fois de plus. La nymphe attisait et nourrissait sa colère pour provoquer le monstre enfoui en lui. Il perdait un peu plus le contrôle à chacune des paroles qu'il buvait. Aucunement flatté par ce soudain élan d'intérêt qu'elle lui conférait, il avait un sentiment de vide intérieur. Quelqu'un lui voulait du mal. Quelqu'un souhaitait le briser, le détruire et l'achever. Leur rencontre n'était certainement pas le fruit du hasard. Elle eut fini de ranger ses affaires dans son sac et s'adonna enfin à lui. « Je te comprends. Et je sais que tu avais besoin de l'entendre. » Aucun mot, aucune parole amère n'était encore sortie de sa bouche. Il jeta un coup d'œil en direction de son patronus qui ne paraissait plus aussi calme que tout à l'heure. Il grognait ses fureurs et s'était mis en position d'attaque. Il lui montrait clairement qu'elle était un danger pour lui. Ses gestes furent alors mécaniques. Il l'attrapa par le cou, l'enserra et la projeta contre un mur. Il avait fait tomber son sac sur le sol au préalable afin de ne pas être gêné. La plaquant contre les pierres froides qui mesuraient les cachots, il savait qu'il ne voulait pourtant pas lui faire du mal. Il resserra ses doigts autour de son cou, taillant leurs marques sur sa peau pâle. « QUI ES-TU ? » Lui hurla-t-il au visage avec une haine passionnelle. Sa question n'avait pas lieu d'être. Elle s'était présentée à lui mais n'avait pas répondu à la question implicite qu'il lui avait posée sans s'en rend compte. « Qu'est-ce que tu me veux ? » Lui gronda-t-il dans le silence des lieux. « PARLE ! » Il voulait des réponses. Il était incapable de lui poser les bonnes questions. C'était encore trop douloureux pour un homme qui ne ressentait pourtant pas la douleur physique. Le lisait-elle dans le fond de ses yeux ? Le petit garçon mourait de peur. Encore.
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Re: La séduction a toujours été une histoire de manipulation ▬Rueben&London
Elle ne voyait pas l’homme. Elle ne voyait pas la violence. Elle voyait l’enfant. Elle voyait la peur. La peur de l’autre. La peur de soi. La peur du passé, de ces vérités trop dures à entendre. La peur que l’autre ne se moque, que l’autre trahisse, que l’autre blesse. La peur. Rueben avait peur. L’enfant qui était en lui était là bien présent et London ne s’était pas trompée sur lui. Elle continuait de le regarder. Elle n’avait pas peur parce qu’elle avait l’habitude. Ce genre de violence ne lui faisait pas peur. Elle avait été totalement immunisée contre ça. Son père ne lui faisait plus peur. Elle avait passé le cap. Oh bien entendu, Emeraude London Leighton avait elle aussi ses propres fantômes, ses propres peurs, mais elles ne concernaient pas la violence de son père. C’était plutôt l’abandon symbolique de sa mère. Mais elle ne s’attarda pas sur ses pensées. Elle n’était concentrée que sur Rueben. Elle n’osait pas bouger. Elle n’osait plus rien faire. Non pas par peur, mais parce qu’elle attendait sa réaction. Elle se doutait que celle-ci n’allait pas être très plaisante pour elle mais elle s’en fichait. Elle venait simplement accomplir son devoir et dire à Rueben qu’il n’était pas seul. Qu’enfin quelqu’un comprenait son calvaire. Il n’était même pas obligé de parler. Elle ne voulait pas forcément de contact plus poussé avec lui. Elle voulait simplement lui dire. Et puis d’un seul coup, son sac tomba au sol, il posa sa main sur sa gorge et la projeta contre le mur du cachot. London ne s’y était pas attendu mais elle ne cria pas non plus. La surprise pouvait se lire dans son regard mais elle fut bientôt remplacée par cette froideur habituelle qui la caractérisait tant. London ne répliqua pas. Elle s’attendait à une réaction forte de sa part. Elle savait qu’il avait peur, qu’il crevait de peur et sa violence était un moyen de défense. Mais il commença à serrer son coup, enfonçant ses doigts mâtes dans sa la peau tendre de son cou. La jeune femme sentit l’air se raréfier. Elle ne savait pas jusqu’où Rueben pouvait aller mais elle savait qu’il n’irait pas jusqu’à la tuer. Pas tant qu’il aurait obtenu les réponses qu’il voulait. Son corps imposant faisait barrage au sien et ses doigts se resserraient un peu plus. La Serpentard ne fit rien, ne se débattit pas, elle se contenta de le regarder droit dans les yeux. C’était la peur qui parlait. C’était la peur qui le faisait agir de la sorte. Et c’est vrai qu’elle n’avait rien fait pour le rassurer. Elle débarquait comme cela, dans sa vie comme une météorite s’écrasant sur Terre. Elle débarquait et elle lui balançait cela au visage. Elle débarquait et elle chamboulait tout. Elle lui montrait qu’il n’était pas seul. Elle lui montrait qu’elle comprenait et jusqu’alors, personne n’avait compris. Personne. Il avait de quoi avoir peur parce qu’elle pouvait faire n’importe quoi avec ce secret qui le hantait. Elle pouvait aller le répéter à tout le monde après tout. Elle pouvait le détruire encore plus. Elle pouvait lui faire du mal par simple plaisir. Mais London n’avait pas choisi de lui faire du mal. Non, elle voulait l’aider. Oh certes, sa façon n’était pas la plus juste ni la plus efficace, mais elle pensait que c’était la meilleure. Il devait tout d’abord savoir. Elle devait lui expliquer pourquoi elle savait cela, pourquoi elle comprenait, pourquoi elle arrivait comme cela, du jour au lendemain. Elle débarquait et changeait tout. Elle imaginait bien le sentiment de désarrois du jeune homme. Elle voyait bien cette peur au fond de son regard. Elle le voyait. Personne n’avait jamais réellement vu Rueben Hoover. Parce que personne ne prenait le temps de regarder. Parce que les humains étaient aveugles. Mais elle, elle avait décidé de faire attention. Et tout était devenu clair, logique. Rueben continue à serrer son cou. Il lui hurle qui elle est. A cette question, elle lui a déjà répondu. Elle s’appelle London Leighton, elle est en Justice Magique et à Serpentard. Il n’y avait rien d’autre à dire. Mais c’était d’autre chose que Rueben parlait. Sans doute ne savait-il même pas pourquoi il lui posait cette question. Il lui demanda ensuite ce qu’elle lui voulait. Et enfin il resserra ses doigts autour de son cou pour lui demander de parler. London continua de le regarder. Elle était calme, paisible. Shadow, sa panthère, regardait le loup du Serpentard. Un loup tout aussi apeuré que son maître. Qu’allait-elle lui répondre ? Elle resta un instant silencieuse. Elle savait qu’elle l’énervait et lui faisait encore plus peur et que l’air commençait réellement à lui manquer. Mais elle s’en fichait. « Je suis… Quelqu’un qui a enfin compris. Je ne te veux rien du tout. Je garderais ce que je sais de ta vie, de ce que ton père t’a fait subir pour moi. Je n’ai de toute façon, aucun intérêt à aller le répéter. Je ne suis pas là pour te faire du mal, ni pour te blesser. Je suis juste venue te dire que je comprenais ce que tu vivais. J’ai pensé que tu avais envie de l’entendre. Tu n’as plus à être seul à présent. » Elle s’arrête. Elle n’était pas sûre d’avoir répondue correctement à la question. Elle avait fait de son mieux. Sa main blanche se leva alors. Ses doigts effleurèrent la peau du jeune homme au niveau de ses mains qui tenaient son cou. Elle continuait à le regarder droit dans les yeux, calme mais froide. Elle ne savait pas si le contact qu’elle venait de faire énerverait encore plus le jeune homme mais c’était essentiellement pour l’apaiser. « Je ne veux pas te faire peur. » Ca n’avait été qu’un murmure. Elle l’incitait à la lâcher. Elle ne savait pas s’il allait s’exécuté. Elle redevint silencieuse et continua de caresser sa main doucement puis remonta le long de son bras. Sans qu’elle ne puisse le contrôler, elle se sentit frissonner. Cela faisait un long moment qu’elle avait essayé d’imaginer leur rencontre. Mais rien ne s’était conformé à la réalité. Elle avait de nombreuses fois essayé d’imaginer ses réactions. Elles avaient toujours tournés autour de la violence et London n’avait pas peur de cela, mais ça lui faisait bizarre de se retrouver dans cette situation et d’être victime de cette douce violence. Personne n’avait jamais levé la main sur elle. Son père ne la touchait pas et personne encore à Poudlard ne l’avait provoquée. Rueben était le premier et elle devait avouer qu’il était impressionnant. Toute cette rage. Toute cette peur. Il avait besoin d’être écouté. Elle devait lui dire pourquoi elle le comprenait. « Je te comprends. Je sais ce que tu as vécu… J’ai vécu à peu près la même chose. Alors tu n’as pas à avoir peur de moi. »
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