« Je suis désolée, Harry, je ne peux pas… » C’était les derniers mots que sa femme lui avait dit avant de partir du petit hôpital où elle avait donné naissance à leur fille. Elle n’allait pas rester parce qu’un bébé n’avait jamais été prévu dans leur plan de vie à deux. Harry Olson avait toujours rêvé d’une famille nombreuse avec cette femme. Il l’avait aimée comme un dingue. Elle. Elle n’avait rien d’exceptionnel à part de jolis cheveux blonds, un regard pétillant et un sourire qui illuminait son visage. Non à part ça, elle n’était pas spéciale comme lui. C’était une femme normale, sans magie et sans histoire de famille puisqu’elle n’avait plus de famille depuis longtemps. Clarice était parfaite à ses yeux et il avait cru naïvement que ça irait. Seulement, Clarice n’aimait pas les enfants et elle n’en voulait pas alors quand elle avait appris qu’elle était enceinte et que c’était trop tard pour faire quoi que ce soit, elle avait attendu tout en planifiant son départ. Elle ne prit pas la peine de nommer leur fille, elle ne l’avait même pas regardée lorsque le médecin lui avait proposé de la prendre sur son ventre. Elle s’était refusée tout contact avec ce petit être. Alors Harry prit les choses en main, nomma sa petite fille et ainsi Lyncoln Zoey Olson eut une identité. Elle existait.

L’homme regarda la femme qu’il aimait passer la porte sans tenter un geste à son encontre. Il savait que c’était peine perdue. Il serra les poings et la mâchoire et regarda la chevelure blonde danser dans le dos de la jeune femme qui passait dans le couloir sans se retourner. Harry ravala ses larmes. Il perdait une femme pour en gagner une autre. Tout l’amour qu’il avait réservé pour Clarice, il le donnerait à Lyncoln.


« Votre fille est hyperactive. » Harry regarda sa fille qui était occupée à empiler des cubes en bois, elle avait six ans. Il reporta son attention sur le médecin, un pli soucieux barrant son front. Il n’avait pas prévu que sa fille hériterait du problème de sa mère. « Sa mère l’était aussi. » Fit-il tout simplement. Le médecin lui prescrivit une longue liste de médicaments qu'Harry trouvait trop fortement dosés pour une gamine de son âge. Il hocha simplement la tête sachant pertinemment qu'il allait préférer faire les potions qui calmaient Clarice plutôt que bourrer sa fille de substances qu'il n'approuvait pas.

Cette maladie n’empêcha pas la petite fille de bien grandir. Harry avait parfois du mal à la contenir, mais il avait réussi à capter plusieurs fois son attention. Harry Olson faisait partie d’une famille ayant des sorciers dans son arbre généalogique, il espérait que sa petite fille en était une également. Et c’était en lui expliquant sa véritable nature qu’il avait compris qu’il tenait quelque chose pour calmer Lyncoln. Elle se trouva bien vite fasciner par cet autre monde. En particulier par le Quidditch. Voler sur un balai était le rêve de n’importe quel enfant après tout. D'ailleurs, c'était grâce au Quidditch que les pouvoirs de la petite fille se réveillèrent.

Ils vinrent à elle en décembre de l'année où elle avait appris qu'elle n'était pas une petite fille comme les autres. Elle était en train de voler dans la maison sur son balai miniature. Elle avait manqué de se prendre le mur du salon quand un nuage de plumes apparut pour amortir sa chute. Elle avait eu le nez cassé tout de même et entre larmes et rire, elle avait réussi à expliquer à son père que c’était elle la cause des plumes qui recouvraient une partie du sol du salon. Harry avait été fou de joie en apprenant que Lyne était définitivement une Olson (bien qu'il n'ait eu aucun doute là-dessus).


« Qu’est-ce que… » Fit-elle en regardant une boule de poils sur son lit. « C’est une blague n’est-ce pas ? » Elle regarda dans le dortoir, il était vide. Pas la moindre trace d’une des filles de sa maison. Parfois, il leur arrivait de faire une farce à Lyne. Elle était souvent appelée la weirdo à cause de son hyperactivité ou de ses répliques sorties de nulle part. Ça ne gênait pas tellement la jeune fille, elle savait répliquer en conséquence quand ça allait trop loin à ses yeux. Mais là, il y avait bel et bien un lapin sur son lit. Elle sortait de la salle de bain et était allée chercher sa veste en laine quand elle le vit. « Hé ! J’te permets pas ! » Lyne écarquilla les yeux. Est-ce que c’était ce lapin qui venait de lui parler ? « Dis-moi ce que t’es sinon je t’apporte dans les cuisines pour qu’ils te fassent en ragoût ! » Fit-elle en haussant un sourcil. La bestiole eut l’air de prendre ça au sérieux, il se redressa sur ses pattes arrière et fixa la jeune fille. « Je m’appelle Chester, mais je préfère Chess et je suis… ton patronus. » « Mon… » Et Lyne éclata de rire. Son patronus. Vraiment ? La blague était vraiment amusante. Il fallait qu’elle demande aux filles comment elles avaient fait ça. Lyne se tenait le ventre tellement elle riait et pourtant, elle ressentait comme un sentiment de colère l’envahir au même moment. Le lapin la fixait toujours et il lui semblait qu’il était mécontent qu’on se moque de lui.

L’hilarité de la jeune fille se calma après quelques secondes. Elle s’installa à côté du lapin. « Je ne comprends pas. » « Oui, bah ça je le vois bien que tu ne comprends pas. Je n’en sais pas plus que toi, la seule chose que je sais c’est que je suis une partie de toi. C’est tout. » Une partie d’elle. Dire que Lyne était à l’aise avec ça, c’était mentir.

Dans la journée, elle apprit pour le sort raté du ministère et ses conséquences. Elle mit plusieurs jours à accepter la présence constante de son patronus à ses côtés. Elle apprit à connaître Chester et à vivre avec lui. Elle apprit également à gérer un peu mieux les conflits au sein de Poudlard et à accepter un peu plus son hyperactivité. Chess était une chose extrêmement positive pour elle.


« Elle peut pas arrêter de pleurer celle-là ? » « Chess ! » Chuchota Lyne tout en retenant une envie de rire. « Quoi ? Mais regarde-la ! Son visage devient tout bouffi et tout… eurk ,elle est horrible vraiment ! » Lyne gratta le sommet du crâne du lapin installé à ses côtés. Il frappa du pied sur le banc et jeta un regard noir à la jeune fille. Il détestait qu’on lui fasse ça, il avait l’impression d’être un vulgaire animal de compagnie. Lyne le taquinait parfois sur ce sujet. La jeune fille essaya de se replonger dans son livre après un long échange de regard avec l’animal. Il avait été désagréable depuis qu’ils s’étaient levés. Rien de plus normal, contrairement à Lyne, il aimait dormir et être au calme, l’hyperactivité de Lyne la conduisait parfois à se coucher très tard et veiller dans la salle commune à faire les cent pas jusqu’à ce que la fatigue s’empare de ses membres et ne la force à aller se coucher. Chess restait à ses côtés et le lendemain, il était grognon. Cette nuit-là, Lyne n’avait pas dormi du tout. Elle était trop excitée par le match de Quidditch du jour-même, elle avait été inattentive pendant tous les cours de la matinée et assez agitée. Chess pensait que si elle se défoulait un peu avec le match de l’après-midi, ça lui permettrait de se coucher plus tôt le soir-même.