<center><div class="journal"><link href='http://fonts.googleapis.com/css?family=Over+the+Rainbow' rel='stylesheet' type='text/css'><div style="font-family: 'Over the Rainbow', cursive; font-size: 14px; text-align: right; line-height: 22px;">le fksdfms 1980</div> <div style="margin-top: -4px;font-family: 'Over the Rainbow', cursive; font-size: 14px; line-height: 16px;">Chère Romy,</div>Accedebant enim eius asperitati, ubi inminuta vel laesa amplitudo imperii dicebatur, et iracundae suspicionum quantitati proximorum cruentae blanditiae exaggerantium incidentia et dolere inpendio simulantium, si principis periclitetur vita, a cuius salute velut filo pendere statum orbis terrarum fictis vocibus exclamabant. Non ergo erunt homines deliciis diffluentes audiendi, si quando de amicitia, quam nec usu nec ratione habent cognitam, disputabunt. Nam quis est, pro deorum fidem atque hominum! qui velit, ut neque diligat quemquam nec ipse ab ullo diligatur, circumfluere omnibus copiis atque in omnium rerum abundantia vivere? Haec enim est tyrannorum vita nimirum, in qua nulla fides, nulla caritas, nulla stabilis benevolentiae potest esse fiducia, omnia semper suspecta atque sollicita, nullus locus amicitiae. </div></center>
Oui, je sais que tu reliras ça un jour, mens pas. Et puis c’est plus cohérent de m’adresser à toi, plutôt qu’à ce journal (bon, carnet à dessins en l’occurrence). D’ailleurs, désolée mais j’ai besoin d’extérioriser quelque part, je pense que tu peux compatir. Bref, tout ça pour dire, tout ça, tu l’as déjà vécu. Alors t’es la mieux placée pour me comprendre. Bref, si tu as remarqué la date, tu peux deviner que je reviens de Sainte Mangouste. Et je n’ai pas de bonnes nouvelles. En fait, si on en croit les statistiques, mes chances de mourir ne sont pas négligeables. Maman m’en veut encore de ne pas lui avoir parlé de ma fatigue et perte de poids tout de suite, même si le médecin a dit qu’en deux mois, le cancer n’aurait de toute manière pas beaucoup évolué. Je crois qu’emmener Ashley avec nous n’était pas une si bonne idée d’ailleurs. Elle était intenable pendant tout le rendez-vous et a rien compris. Comme moi. Mais j’ai peur qu’au fond, elle finisse par comprendre ce que tout cela veut dire lorsque qu’il faudra m’hospitaliser, ce qui risque d’arriver l’année prochaine. Bref. Leucémie. J’ai trouvé ça d’une ironie profonde et je me suis mise à rire. Après j’ai compris que ça pouvait me tuer, donc je me suis calmée. Mais quand même, faut le faire. Avoir le cancer du sang quand on est ‘sang-pur’, c’est un comble. Ce qui prouve bien que cette histoire de pureté est d’une connerie sans nom, ce qui a tendance à plus me mettre en rogne qu’autre chose. Mais bon. On verra bien, j’avoue quand même que j’ai pas spécialement envie de mourir à dix-huit ans, surtout en étant dans un état encore pire que ces derniers mois (ce qui n’est pas fameux). D’un côté, y’a un truc qui me soulage. Je vais pouvoir finir mon année et passer mes ASPICs tout en commençant mon traitement en allant à Sainte Mangouste de temps en temps. Non parce que ça m’aurait vachement énervé quand même de passer toute ma vie en cours et de mourir sans diplôme.
le trois août 1971
Chère Romy,
Il y a une semaine, on a commencé un nouveau traitement et j’ai compris que je ne pourrais pas retourner à Poudlard en septembre, parce que mon état ne s’améliore pas et que je risque de devoir quitter le château de toute manière en cours d’année. J’ai essayé de négocier d’assister au moins au début de l’année, parce que cette année, je vais enfin n’avoir que des cours intéressants. Mais on m’a dit que c’était pas possible, que mes rendez-vous à l’hôpital était trop fréquents. Dans le fond, je suis contente de pas finir mes jours sur des bancs d’école. De l’autre, mes parents ne font que s’inquiéter et je pense que ça affecte Ashley. Et mes cheveux ont tourné blanc. Littéralement, blanc, pur et éclatant. Comme une petite vieille. On m’a dit que c’était un effet secondaire du traitement, même si je le savais puisque j’ai déjà croisé des sorciers ayant le cancer mais je commence à en avoir marre de leurs effets secondaires moi. A vomir dès que j’ouvre la bouche, à me sentir au bord du gouffre 24h sur 24h. C’est pas super quoi. Du coup, je me suis dit qu’au moins, je pouvais masquer l’apparence physique de ma maladie. J’ai commencé par me mettre une bonne dose de fard à joues pour masquer mon teint de cadavre puis j’ai acheté une bouteille de teinture moldue, bien plus efficace que les sorts ou potions sorcières. Je me la suis appliquée pour retrouver mon châtain naturel et ça a pas mal marché. Même si de toute manière, je ne sors plus vraiment et que je fais plus rien de mes journées à part dessiner et peindre.
le ving-huit décembre 1971
Chère Romy,
On m’a toujours dit que j’étais quelqu’un d’agréable, que je m’énervais jamais et que j’étais zen. Et pour être honnête, j’y ai toujours cru, parce que dans la plupart des cas, je vois pas de raison de piquer une colère et je crois que ça ne m’est presque jamais arrivé. Pourtant, hier, j’ai pété un câble mais dans le genre violent. Je crois que je sature en fait. J’en peux plus. Ca fait huit mois que je suis dans un état pitoyable, que je vomis au moindre truc qu’on me donne à manger. Mes cheveux sont à moitié châtains, à moitié blancs, parce que j’en ai marre de les teindre (et puis, on m’a dit que c’était pas temporaire, non. Mes cheveux seront blancs toute ma vie. Le traitement a baissé ma mélanine, on m’a dit. Merci). J’ai été internée à Sainte Mangouste depuis deux mois, parce que mon traitement devient plus lourd et mon état physique, de pire en pire. Mes saignements de nez sont plus fréquents aussi, ce qui me fait quand même un peu peur. En plus, c’est pas des mignons petits saignements de nez comme on peut avoir habituellement, non. C’est tout le contenu de mes veines qui sort par mes narines. C’est charmant, vraiment. Bref, je sais pas comment t’as fait et au final je sais même pas si j’aurais le temps de relire ça un jour. Je devrais peut-être commencer à me parler à moi-même plutôt qu’à mon moi futur, comme toute personne normalement constituée quoi.
le dix février 1972
Chère Romy,
Hier, je suis rentrée à la maison. Tu peux pas savoir à quel point j’suis soulagée que toute cette histoire soit terminée. C’est officiel, je suis guérie. Ou en rémission, du moins. Mais peu importe, les traitements ont marché et je suis guérie, même si je vais quand même devoir retourner à Sainte Mangouste dans les mois à venir pour être sure que je rechute pas. Et je te jure que si je survis, plus jamais je me plains de ma vie. De toute manière, ça voudra quand même dire quelque chose, que je survive. Que je suis pas censée mourir comme ça. Et c’est tant mieux, parce que je suis pas prête à laisser Ashley toute seule. Je crois que depuis le début de cette histoire, je me suis rapprochée d’elle, autant qu’on peut se rapprocher d’une gamine de dix ans. Et ça me rend heureuse. Alors je suis pas vraiment prête à la lâcher.
J'aurais préféré ne jamais avoir à rouvrir ce foutu journal. Et je ne l'ai pas fait, pendant neuf ans, parce qu'il n'y avait pas de raison. J'ai même mis plusieurs mois après que ma leucémie soit revenue pour me décider à le rouvrir, simplement parce que je n'avais pas envie d'admettre que ça m'aiderait à aller mieux, comme ça avait été le cas la première fois. J'ai pas tellement l'impression que ça marche. J'ai pas l'impression que ce que j'écris me fait me sentir mieux. Ça me déprime, plutôt. C'est le genre de choses que j'ai gardé pour moi, parce que comme une idiote, j'ai pas eu envie de perdre la face devant mes proches. Peut-être qu'ils m'ont pris pour une insensible, parce que je n'ai pas versé de larme depuis le début, même si j'en avais terriblement envie. Pas devant ma famille, en tout cas. J'ai juste craqué une fois chez moi, avec seulement Le Chien et Ash pour me juger. Évidemment, tu sais déjà tout ça mais j'ai besoin de résumer un minimum: je suis de nouveau malade et cette fois-ci, je ne m'en sortirai pas. Il n'y a plus tellement de doutes, malgré ce que les médecins peuvent bien dire. Le traitement n'a pas marché et je n'ai pas de donneur compatible pour une greffe. Il y avait bien Ashley (ma sœur, pas mon coloc) mais la drogue coule dans ses veines et le temps qu'elle l'évacue, il sera surement trop tard. Je suis la seule au courant, pour l'instant. Les parents pensent encore qu'on attend les résultats des tests qu'elle a passé et je n'ai rien dit à Ash (mon coloc, pas ma sœur). Je ne sais pas du tout comment annoncer ce genre de choses, par contre. Genre "Hey, je vais mourir, adieu," je crois que ça leur plaira pas trop. On verra bien.