[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image](cinq ans, le terrier) a family is a risky venture, because the greater the love, the greater the loss... that's the trade-off. but I'll take it all. Sur ses deux petites pattes, Nora court hors de la maison à la suite de ses frères et sœurs, un sourire rayonnant sur les lèvres. L'ainé jette un regard en arrière et lui fait signe d'accélérer, mais la minuscule enfant trébuche et tombe dans l'herbe qui entoure le Terrier sans qu'aucun des autres Weasley ne ralentisse pour l'aider à se relever. Un rire retentit quelques mètres devant elle, auquel elle joint le sien sans comprendre, tout en salissant ses petites mains potelées en s'appuyant dessus pour se remettre sur ses pieds. Et elle se remet à courir dans le sillage tracé au sol par les creux laissés par les pieds, qui se superposent les uns aux autres. Un sourire illumine son visage malgré l'air froid qui rougit sa peau laiteuse et elle réussit à rejoindre la tribu au moment où ils sortent les balais et les balles. « Moi ! » s'écrie-t-elle à la vue de la vieille boite, déjà secouée par les Cognards qui veulent en sortir. Elle se précipite dessus et laisse sa fratrie s'organiser autour d'elle. Les habituelles disputes éclatent quant à qui aura le privilège de voler sur le balai le moins abimé, les éternelles protestations face à la nomination au poste de gardien suivent, mais bientôt la joyeuse cohue s'élève dans les airs. Quelques grognements se font encore entendre avant qu'on ne lui donne le signal dans un éclat de rire dont est exclu l'un de ses frères.
Ses grands yeux ouverts sur la beauté du monde, Nora fixe l'ainée de leur joyeuse troupe et hoche vigoureusement de la tête. Elle se lève et se recule, les deux bras tendus pour ouvrir la boite. Les sangles peinent à retenir les balles et elle les libère en quelques secondes avant de crier « Souaffle ! » à l'une de ses sœurs. Elle lance la balle brune de toutes ses forces et un clin d'oeil lui répond tandis qu'elle pouffe face aux joueurs qui doivent déjà éviter les Cognards. « Vivor ! » termine-t-elle fièrement en libérant la minuscule balle qui se déploie dans sa paume sous son regard émerveillé. Assise à même l'herbe, la boite entre les jambes, la toute petite Weasley suit les mouvements rapides du petit éclat doré qui s'élève. Le signal du départ résonne et la fratrie se met en mouvement au milieu d'éclats de rire et de jurons. Ses iris suivent attentivement les dessins du Vif, les danses harmonieuses des Cognards, la trajectoire aléatoire du Souaffle, se souciant peu de savoir qui gagne et qui perd.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image](treize ans, loutry ste chaspoule) music expresses that which cannot be said and on which it is impossible to be silent.. Enfourchant son vélo, Nora disparaît dans la petite forêt qui sépare le Terrier du premier village moldu, laissant derrière elle les cris et les rires du quotidien. Le silence remplace peu à peu le brouhaha, et la jeune fille ferme les yeux un court instant pour profiter d'une sensation inhabituelle. Le calme. Le vent caresse doucement son visage, s'emmêle dans ses longs cheveux, joue avec les frontières de son corps. Lorsqu'elle rouvre les yeux, elle a l'impression qu'un nouveau monde s'étend devant elle, plein de mystères à découvrir, pleins de puzzles à résoudre, lumineux et paisible. Laisser derrière soi l'excitation des premiers sorts, la brutalité sauvage du Quidditch, la routine des sorciers pour pénétrer un monde étrange ; son rituel depuis le début de l'été.
Une longue chevauchée plus tard, la voilà qui abandonne la selle de son vélo pour marcher à ses côtés, le trainant distraitement derrière elle, reprenant peu à peu son souffle. Ses yeux clairs scrutent les batiments et s'arrêtent sur sa destination du jour, une petite boutique qui l'intrigue depuis qu'elle vient ici, pleine de dessins carrés et et de ronds noirs, d'où sort toujours une mélodie agaçante. Son regard ne s'attarde pas sur le reste du village qu'elle a apprit à connaître par cœur, pas plus qu'il ne se pose plus d'une seconde sur les silhouettes et les visages qui rentrent dans son champ de vision. Elle se dirige droit sur ce magasin et y pénètre, une expression énigmatique collée au visage. Elle dépose son vélo dans un coin sans y prendre garde puis s'avance vers les rangées colorées. Ses doigts se baladent sur les objets fins. Elle s'emplit les narines de l'odeur entêtante de carton et de résine. Un riff de guitare s'échappe d'une immense baffle noire qui l'hypnotise un moment, et elle reste là, un sourire béat qui pend sur son visage toujours fermé. La musique disparaît et elle se tourne vers un homme, grand, droit, un peu ridicule, perdue dans son pantalon trop large et dans sa veste brune, qui l'observe les sourcils froncés. Nora réfléchit un instant à la manière d'aborder le sujet. Elle ne veut pas paraître bizarre et éveiller les soupçons du Moldu. « C'était quoi ? » demande-t-elle finalement, la gorge nouée, les mots peinant à se frayer un chemin entre ses lèvres sèches. Le visage de l'inconnu se tordent soudainement en un sourire et ses doigts fouillent habilement le bac où sont rangés des dizaines de carrés en carton.
« Pink Floyd, Animals ! » La joie se lit dans les yeux du Moldu, se dessine dans chacun de ses traits, se cache dans chaque ride qui marque son visage tandis qu'il prononce ces mots qui ne font aucun sens pour la rouquine. Peut-être est-ce un sort inconnu des sorciers ? Qui produit cette mélodie qui refuse de quitter son esprit ? « Le dernier, continue-t-il, impassible face aux questionnements intérieurs de l'adolescente. Sorti au début de l'année, en janvier. Tu connaissais pas Pink Floyd ? » demande-t-il finalement, probablement en réponse à l'expression d'incompréhension qu'arbore sa cliente. Nora tend la main vers le carton, orné du dessin d'un batiment dans les tons ocres, sur un beau fond bleu dont les nuages ne bougent absolument pas. Elle fixe l'illustration en se demandant comment elle a pu produire une telle musique. L'homme lui tend la pochette et se déplace vers une machine qu'elle ne parvient pas à identifier. Il soulève un espèce de bras, et le silence tombe dans la boutique. Il soulève un large rond noir tandis qu'elle le fixe, la bouche entrouverte. « T'es bizarre, toi, » sourit l'homme. Elle fronce les sourcils et l'expression d'émerveillement non dissimulée jusqu'alors disparaît au profit de son masque de neutralité éternelle. « Comment ça marche ? » demande-t-elle pourtant, l'obsession dépassant de loin son besoin de discrétion. Il faut qu'elle comprenne. Il faut qu'elle écoute encore une fois le bruit strident qui résonne encore dans ses tympans.
Après quelques rires, quelques froncements de sourcils, quelques explications décontenancées, Nora ressort de la boutique avec son vélo et son premier vinyle. Le cœur battant la chamade, elle enfourche sa byciclette et disparaît dans la vallée avant que le vendeur n'ait pu protester. Il ne veut pas qu'elle paie le disque ; il veut simplement lui expliquer que sans platine. Son regard suit un moment la silhouette de l'étrange demoiselle avant qu'il ne lache un soupir et ne rentre à nouveau dans sa boutique en secouant la tête, intrigué à son tour par celle qu'il intriguait.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image](seize ans, poudlard express) we shall defend our island, whatever the cost may be, we shall fight on the beaches, we shall fight on the landing grounds, we shall fight in the fields and in the streets, we shall fight in the hills; we shall never surrender. Nora déglutit difficilement et repoussa le livre, laissant son regard errer. Il accrocha la forme ronde d'une feuille brune qui tranchait sur le vert du feuillage de son arbre. Le virage avait le même arrondi. Elle se mordit la lèvre et ferma les yeux, ses doigts se dirigeant instinctivement vers son sac pour récupérer son carnet. Elle pouvait revoir les étincelles qui s'étaient formées au contact du métal du train contre les rails. Elle pouvait revoir les formes dessinées par les sillons du sang qui coulait. Elle pouvait revoir la lueur de terreur qui brillait dans les yeux qu'elle avait vu défiler devant elle avant d'être assomée. « Tu devrais pas t'infliger ça. » Elle rouvre les yeux et fixe le papillon qui volète à quelques centimètres d'elle. « Pff, » se contente-t-elle de répondre en ouvrant le carnet, à la recherche d'une page vierge pour y graver les visions qui la hantent depuis la rentrée. Son doigt crispé sur le crayon moldu, elle réalise rageusement la silhouette d'un arbre au loin, la dernière chose harmonieuse qu'elle ait vu avant l'accident. Ses traits se font plus incisifs lorsqu'elle orne un simple train d'un joli collier de feu d'artifice. Elle transperce le papier en réalisant le portrait d'un blessé, à côté duquel elle s'est réveillé, ouvrant les paupières sur une plaie béante.
Nora se mordit la lèvre et inspira profondément. Elle ne pouvait pas les laisser lui enlever la dernière chose qui avait du sens. Elle se cala plus confortablement contre le large tronc, resserra son écharpe autour de son cou, et entreprit de dessiner sa famille. La figure d'Eszter les rejoint bientôt, et la page suivante fut ornée d'une esquisse du Terrier et de Poudlard. Un sourire finit par flotter sur ses lèvres avant qu'elle ne ferme à nouveau les yeux pour se concentrer. Sur la page blanche apparut une reproduction tremblante du train en plein mouvement. La fumée s'échappait encore de la locomotive, sa verticalité tranchant avec la silhouette penchée du mastodonte magique. Une expression satisfaite et déterminée s'inscrivit sur le visage de la jeune Weasley. Elle ferait partie de l'Ordre du Phénix dès qu'elle aurait l'âge qu'il fallait – elle patienterait, ne désirant pas affoler sa mère. La guerre se chargeait de la mettre dans tous ses états et de la rendre insupportable. Il était inutile de rajouter quoi que ce soit. Cela ne l'empêchait pas de travailler de son côté. Elle ne laisserait pas des laches cachés derrière des masques ruiner leurs vies. Elle glissa le carnet dans son sac et se dirigea vers le Chateau afin de travailler le dernier sortilège qu'elle avait apprit en classe de métamorphose, le visage fermé.