Décembre 1962 – Naissance. Paris est emmitouflée dans son manteau blanc. Tout comme la petite Elina, blondinette au fond de la poussette poussée par un couple peu commun. La mère, modeste française est ravie. Sa famille accepte son compagnon de route, un sorcier ! et la naissance de la gamine est là en quelque sorte pour sceller à jamais leur union. Le père, simple travailleur au ministère de la magie, est fier, il porte de hauts espoirs en ce petit bout. Il réussira avec elle tout ce qu’il aurait aimé entreprendre. Qu’elle soit devienne sorcière, ou reste moldue, au fond de lui, il le sait : elle est sa deuxième chance.

Rentrée 1965 – Petite enfance. La gamine batifole joyeusement. Après quelques regards timides, elle s’est déjà fait quelques amis dans sa nouvelle école. Une école moldue. Ses parents l’éduquent fermement mais avec beaucoup d’amour. Étant la petite dernière de la famille, ses parents ont tenu à ce qu’elle côtoie d’autres enfants. Ils veulent qu’elle s’approprie les deux mondes coulant dans ses veines, en attendant que son inconscient choisisse le sien. Elle a déjà son petit caractère. Elle saura faire les bons choix.

Rentrée 1968 – Enfance. C’est une petite fille très éveillée, toujours souriante, très câline et taquine que l’on retrouve à la sortie de l’école. Bonne élève, ses parents veillent au grain. Elle tient à ne pas les décevoir. Surtout son père. Il veut qu’elle excelle et peut facilement entrer dans des colères noires quand il s’agit de ses notes. Elina ressent toute l’estime qu’il a pour elle, et elle sait que c’est pour son bien, mais c’est un bien lourd fardeau pour une gamine de son âge. Pourtant, elle est déterminée et étudie, encore et encore. Ce qui n’est pas pour lui déplaire. Elle aime apprendre. Touche à tout, elle a déjà entreprit de s’initier au piano et même si elle n’a pas de talent particulier pour l’instrument, plus tard, il sera son échappatoire, petit plaisir qui redonne le moral.

Juillet 1969 – L’annonce. « Je pars pour un an à Londres, c’est pour mon travail ma chérie, je n’ai pas le choix » S’ensuivent des au-revoir déchirant. Cette séparation fut très dure pour la blondinette. Mais les épreuves forgent le caractère. Elle aura au moins le mérite de rapprocher Elina et sa mère. Elles entretiennent une relation fusionnelle, mais à son tour, elle devint exigeante concernant le travail de sa fille et les grosses disputes – même si elles ne durent pas bien longtemps – éclosent. Quelques gestes brusques, quelques assiettes qui se mettent à voler. Non, non, pas au sens figuré du terme. Au sens propre ! La révélation magique creuse petit à petit son chemin. D’un commun accord, les parents d’Elina décidèrent de faire emménager leur petite famille dans un coin tranquille d’Angleterre, non loin de Canterbury. Ils savent dorénavant qu’Elina a des prédispositions et veulent qu’elle suive les pas de son père dans la prestigieuse école de sorcellerie, Poudlard.

Septembre 1973 – Poudlard. Depuis toutes ces années qu’on la bassinait avec cette fantastique école, enfin ! elle y mettait les pieds.Comme tous ses camarades, elle était hypnotisée par le moindre détail passant sous ses yeux. Toute sa première année, elle la passa à s’extasier devant ce nouveau monde qui lui plaisait tant. Noyée dans la masse d’élèves, elle forma son petit groupe d’amis et se réfugia dans ce qu’elle connaissait le mieux, le travail. Mais elle s’attache bien plus aux personnes qui l’entourent qu’elles ne l’apprécient en retour. Ce dur retour à la réalité, elle le pleura pendant des semaines quand celui qu’elle considérait pour son meilleur ami se disputa avec elle, entrainant avec lui toute la bande. A nouveau seule, tout était à reconstruire. Et évidemment. Elle recommença les mêmes erreurs. Peu à peu, sa naïveté et son insouciance, déjà mises à rude épreuve en amitié, décidèrent de la tester également en amour. Elle ne connut que des déceptions. Chaque fois qu’elle était amenée à avoir des sentiments pour le sexe opposé, chaque fois il l’abandonnait lâchement et coupait les ponts pour elle ne savait quelle raison…


Vacances d’été 1978 – L’événement déclencheur
Une silhouette élancée à la chevelure dorée sort de la petite salle de concert. Le calme de la nuit noire lui fait soudain siffler les oreilles alors qu’elle prend un grand bol d’air frais. Bras dessus, bras dessous, titubant quelque peu, un groupe d’adolescents la rejoint. Les rires fusent.

– C’était génial, vraiment, j’les avais jamais vus si en forme sur scène !
– Attends, t’as entendu le solo de guitare qu’il a sorti à un moment !
– Ouais, ouais, Aurélie ! J’crois que c’est pas tellement le son, mais l’image, qui t’intéressait concernant le guitariste…
– Arrête de raconter des conneries, Lucas, ce mec était ouf quand même, avoue-le ! Hein Jen’ ?
– C’est clair ! Hey ! Elina, tu le trouvais pas trop mignon toi ?

« Je souris. Un petit sourire en coin qui veut tout dire. La farce, le bien-être, la détente…
Comme tous les étés, je descendais dans le sud de la France chez mes grands-parents adorés. J’avais vraiment une vie de princesse là-bas. Manquait plus que le prince charmant.
J’avais formé un très bon groupe d’amis moldus là bas. D’années en années, nous gardions contact par lettre. Après avoir passé un an dans mon école… soit disant privée, ils me remettaient les idées en place. Des gens simples dont la seule préoccupation était d’aller nous amuser, de découvrir un nouveau groupe de rock, ou de faire une soirée sympa chez l’un ou chez l’autre.
Encore une fois, je me suis laissée allée, et après toutes ces années, je ne peux m’empêcher de leur faire confiance aveuglément.

Le groupe se disloque peu à peu. Chacun rentre chez soi.
J’attendais patiemment ce moment. William s’approche de moi. Pendant tout le concert, j’étais obnubilée par lui, et son odeur, sa présence, son corps si proche du mien. Je ne suis pourtant pas fleur bleue, mais à cette pensée, je souris. A nouveau, mon cœur s’emballe…
Vous savez c’est le genre de garçon très commun pour lequel on ne pensait jamais avoir de sentiments un jour. Et puis, peu à peu, on se découvre.
Je suis quelque peu une pile électrique. Lui, au contraire est très calme, ça me canalise. Les opposés s’attirent. Sauf qu’on dit aussi qui se ressemble, s’assemble. Et pour bien des choses, nous sommes vraiment les mêmes. Selon moi, il est mon complémentaire.
Et je sais que les autres testent déjà notre amitié. Tous me lancent des allusions à son égard. C'est plutôt marrant, mais à ce sujet, j’aime bien garder mes petits secrets...»

– Je te raccompagne ?

« Nous marchons tranquillement, et arrivés à destination, nous nous faisons la bise. Je pose ma main sur son épaule, et lui, la sienne dans mon dos. Je frôle sa joue. Qu’est ce que je dois faire ? J’y vais, j’y vais pas, j’y vais… Non j’y vais pas… Et si… ?
Trop tard. Déjà mon blondinet s’éloigne.
Il y a des moments comme ça qui font "zioooouuum", on leur fait coucou de la main et on les laisse passer, comme des idiots. »

– Will’, attends !

« Et là, alors que je lui avoue tout, je me prends le râteau de ma vie. Fin.
J'avais besoin de savoir, j'en avais marre de me poser des questions. Alors j'ai fait le premier pas... mais je me suis pris un mur. Rester ami. Rigoler de ça dans quelques temps. Oui, c'est ce qu'on s'était dit en se séparant ce soir là. Oui, j'avais été très courageuse. Oui, j'étais une fille forte, qui affrontait ses craintes. Tu as été si gentil avec moi, et pourtant, tu m'as abandonné. Lâchement. Alors j'ai observé tes moindres mouvements, je t'ai appelé. Mais le seul retour, c'était le vide que tu avais arraché dans mon cœur. Et ça été la goutte d'eau... J'ai changé, oh oui, si tu savais comme j'ai changé...
Fini les rêves de prince charmant. Ils n’existaient pas. Cette période bien trop noire dans mon monde magique ne me permettait pas de rêver de toute manière. Pourtant, j’avais tant besoin de m’échapper ! Toute ma vie, ils avaient joué avec mes sentiments. Toute ma vie, j’avais été trop raisonnable. J’allais profiter, coute que coute, de chaque seconde. Il fallait que je devienne quelqu'un. A mon tour ! »