La lumière qui émanait des néons du dortoir me sortirent de mon sommeil. Même les yeux encore clos j'arrivais à distinguer parfaitement la forme et l'emplacement des éclairages qui irradiaient mes paupières. Dans un soupir je me redressais alors pour passer mes mains sur mon visage. Jetant des regards autour de moi je vis que mes camarades étaient encore dans un état de léthargie poussé. Le dos courbé et la couette repoussée à mi-cuisses, je poussais un léger grognement. Comme tous les matins, je sursautais en entendant notre gardienne de nuit frapper à la porte en nous hurlant de nous réveiller. Comme si les lumières, un peu trop éblouissantes, qui s'allumaient à huit heures trente précises ne s'en chargeaient pas déjà. D'un geste nonchalant, je remettais en place ma veste en jersey afin de cacher la tâche de naissance sur mon épaule. J'ai toujours supposé que celle-ci représentait un cycle lunaire simplifié. C'était cinq marques : quatre en croisant de lune et au centre un rond plein. Le tout était d'une couleur un peu plus foncée que celle de ma peau. La plupart du temps quand les gens voyaient cette marque ils me posaient tous la même question qui me paraissait stupide « Mais... Comment tu as fait pour avoir un tatouage à ton âge ? ». En effet, avoir un tatouage à onze ans n'était pas réellement dans le domaine du possible.... Mais pourtant ce n'était même pas ça, juste un stigmate que je possédais depuis ma tendre enfance. Tous les médecins que j'avais pu voir m'avaient affirmé qu'ils n'avaient jamais rien vu de tel. Suivant le mouvement de mes camarades je me levais pour enfiler mon uniforme terne de couleur grise. Je soupirais en suivant les autres, comme un mouton dans son troupeau. Arrivée à la salle de repas, je m'assaillais à ma place habituelle. Dix minutes plus tard on posa une lettre à côté de moi. Je la pris, surprise, ça devait être la troisième lettre en onze ans de vie ici. Elle était rugueuse et jaunie, on aurait dit du parchemin. Une écriture délicate et italique indiquait mon nom et l'adresse du pensionnat. En la retournant pour l'ouvrir, j'écarquillais les yeux devant le cachet rouge, mettant une sorte de blason en valeur. Une fois dé-cachetonnée je dépliais la lettre et mes sourcils se froncèrent au fur et à mesure de ma lecture. Poudlard ? Magie ? Quel fou m'envoyait une telle lettre ? Cela devait certainement être une blague. Certes quand j'étais là, il y avait déjà eu des phénomènes qu'on pourrait définir de paranormaux, mais pas au point de dire que je suis une sorcière...
Alors que j'étais de retour dans ma chambre du pensionnat je fus réveiller par une voix douce « Neeess, debout c'est 7 h 59 et tu as cours dans précisément 49 secondes...48..47 » Les informations données par mon adorable et espiègle chinchilla montèrent lentement à mon cerveau embrumé et un couinement outré se fit entendre quand je me redressais brusquement, envoyant Charlie dans l'espace, pour me lever. Relevant mes cheveux en un chignon fait à la va vite j'enfilais mes habits rapidement avant de prendre mon sac à la volée pour sortir en courant de la salle commune. Je freinais alors brusquement devant l'emploi du temps. « Jeudi : 10 h 30 Histoire de la magie →Von Sachsenheim » je baissais les yeux vers le petit chinchilla qui trottinait tranquillement jusqu'à moi. « Charlie... tu as des tendances suicidaires ces derniers temps ? » le dénommé Charlie leva tranquillement ses yeux brillants vers moi alors que ses paupières se fermaient et se rouvrait frénétiquement « Mais je m'ennuyais tout seul moi... ». C'est en soupirant, oui encore, que je me baissais pour tendre la main vers la petite bête qui grimpa volontiers. Cela faisait six ans et quatre mois que je faisais partie intégrante de cette école, six ans et quatre mois que j'étais passée sous le choipeaux et cela allait bientôt faire trois ans que je me coltinais cette petite mais adorable boule de poil.
J'avais été abandonné à ma naissance. Par qui ? J'avais appris il n'y a pas longtemps que c'était par Joséphine Duùnlainge. Elle était venue me voir il y a un mois, pour Noël plus précisément et m'avais tout expliqué. Elle était tombée amoureuse d'un née-moldu et... c'était passé ce qui devait se passer... Ne voulant pas être reniée par sa famille, elle avait caché sa grossesse avec un sort plutôt puissant et bien réussi, elle en était fière disait-elle elle-même. Et une fois qu'elle eut accouché, dans le plus grand secret bien-sûr, elle m'avait déposé à la porte de ce pensionnat, avec pour seule requise que je porte le nom de Ness Lorna Dùnlainge. Voeux exaucé. En arrivant à Poudlard, tout le monde savait qui j'étais, tout le monde sauf moi... C'est mes professeurs qui m'ont expliqué qui était ma famille. Du jour où je l'ai su je les ai reniés. Une famille aussi grande que les Dùnlainge qui laisse un enfant ? Les arguments de ma « mère » m'ont donné des raisons de plus pour les haïr. Et à l'heure qui l'est, aux yeux de tout le monde, je suis une sang-pur, pour eux rien d'autre n'est envisageable. C'est après l'intrépide histoire de ma mère que j'ai compris mon prénom : Ness. Le monstre d'Ecosse, celui qui effraie tout le monde. Je suis celle qui n'aurait jamais dû exister, qui n'était qu'une erreur de parcours. Je représentais un énorme danger pour ma mère et ce depuis ma conception. Depuis ce jour je traîne beaucoup aux alentour du lac. Peut-être dans l'espoir de voir mon semblable.Pourtant, je sais pertinemment que même si celui-ci existe il ne se trouve pas par ici.
« Tu penses à elle hein ? » Je tournais la tête vers mon patronus et lui sourit doucement. Il savait très bien à quoi je pense, mais il n'aime pas. Il n'aime pas que je pense à elle, il sait que ça me fait mal, peu importe ce que je laisse paraitre. Alors, à chaque fois que je replongeais un peu trop dans mon passé il m'en faisait sortir. Il se redressait sur ses petites pattes en couinant. Je souriais et lui sortais une noisette qu'il grignota. « Allez on va voir Von Sachsenheim. » En souriant je me dirigeais alors vers ma salle d'Histoire de la magie avec près de trois quarts d'heure d'avance.