Mon histoire commence bien avant ma naissance, lorsque la famille Shafiq, hautement respectée dans la société magique égyptienne, déménagea en Angleterre. Mon grand-père bâtit rapidement une fortune là-bas, qui s'ajouta à notre fortune initiale. Il faut dire que les balais que notre famille vendait était et sont toujours d'une qualité irréprochable et d'un niveau de technicité inégalé. Le prix en était également inégalé, mais telle est la rançon d'un travail novateur et inimitable. Les balais Shafiq devinrent la norme dans  toute équipe de Quidditch suffisamment riche pour s'en équiper, et l'habitude fut vite prise de leur offrir une remise substantielle pour les inciter à faire cet investissement. Cela permettait aux Shafiq d'avoir une réputation de fair-play et d'amour du sport, tout en nous faisant une publicité gratuite, toujours bienvenue.

Mon père naquit, grandit, et finit ses études, reprenant le département spécialité dans la recherche sur la vitesse et la maniabilité des balais. Ancien attrapeur, c'était là les qualités des balais qu'il connaissait et appréciait le plus. Peu après, il se maria. Mon frère naquit trois ans plus tard et moi, sept ans plus tard. On ne m'attendait plus, je l'admets. Ma naissance imprévue à tous les niveaux - je suis née prématurée de trois semaines quand j'aurais dû naître beaucoup plus tôt, me tuant au passage - fait que mes parents m'ont particulièrement choyée durant l'enfance. Mon frère pour sa part m'a ignoré jusqu'à ce que je découvre ma magie. Aussi soudés que les Shafiq soient, un gouffre de sept ans entre deux ans reste un gouffre tant qu'il n'existe pas de pont pour nous rapprocher. La magie fut notre pont. La magie, et Grand-Père.

Grand-Père a toujours été persuadé que le seul moyen d'avoir une magie puissante était de l'entraîner, et que le seul moyen de devenir intelligent était d'apprendre à l'être. L'éducation est sa seconde passion, et mon frère, mes cousins et moi en avons fait les frais. Il a encouragé notre magie instinctive et nous a poussé à essayer constamment de la maîtriser et de la guider. Il nous a appris l'histoire des Shafiq, l'histoire de l'Egypte et le rôle que notre famille y a joué, l'histoire des balais, l'histoire d'Angleterre. Il nous a enseigné comment compter, écrire et lire en anglais comme en arabe. Sans compter ses cours d'introduction sur tout ce qui nous attendrait une fois à Poudlard ! En comparaison, l'école paraissait un rêve lointain et idyllique. Je n'étais certainement pas la seule à attendre ma lettre avec impatience !

Quand enfin la lettre est arrivée, le jour de mon onzième anniversaire, je me suis trouvée partagée entre la joie et les larmes. J'allais partir à Poudlard, mais être née en Octobre signifiait que je devrais attendre Septembre prochain pour ce faire. Et ce dernier point signifiait que Grand-Père allait encore rajouter des leçons pour s'assurer que je sois prête à faire honneur à la réputation de ma famille.

En comparaison, Poudlard est... facile. Exception faite des escaliers. Je passe ma première semaine absolument terrifiée, et prend régulièrement des Potions Calmantes les deux premières années. Je hais les escaliers, suis terrifiée par les escaliers, et cet endroit est composé me semble-t-il uniquement d'escaliers !!! Les Dieux soient remerciés, je me désensibilise lentement, même si la peur reste omniprésente. Des Shafiq sont déjà à Poudlard à mon arrivée, et ils m'aident à prendre mes marques et lutter contre ma phobie, tandis que j'adopte le rythme que je suis aujourd'hui encore: recherches pour mes devoirs le lundi et le jeudi, rédaction les mardis et vendredi, révision des sorts tous les mercredis et samedis.  Le dimanche a été consacré à mes hobbies pendant mon cursus primaire; désormais, c'est le jour que j'emploie pour mes projets de création de sorts et de structures runiques. Je m'amuse une fois que mon planning de la journée est libre, et veille à consacrer un dimanche toutes les deux semaines à mes amis et ma famille. Bien entendu, si ils veulent venir me parler le reste du temps, je ne les chasse pas, mais je n'irais pas chercher leur compagnie si je n'ai pas fini. C'est une routine presque militaire, mais le résultat en vaudra la peine, je n'en doute pas une seconde. Elle a déjà payé: mes BUSES comme mes ASPICS n'étaient que des O. Etre en Offensive Magique est ma récompense pour sept ans d'effort, devenir créatrice de sorts et intégrer l'Université Magique d'Alexandrie sera le prix de douze ans de travail et de discipline. Même l'apparence des Patronus ne m'a que momentanément distraite de mon but; une fois devenue familière avec Zehyr et sa présence, je me suis concentrée de nouveau sur mon objectif. La seule différence notable est qu'il m'encourage, et me recadre quand nécessaire, que ce soit en m'aidant à garder les yeux sur mon but ou en m'encourageant à me distraire pour m'éviter un burn-out.

Depuis peu pourtant, je me sens constamment fatiguée et irritable, et le stress me prends régulièrement à la gorge. J'espère que c'est ma routine qui m'a finalement rattrapée, mais je ne peux n'empêcher d'en douter. Et je prie les Dieux pour que ce ne soit pas la peste des Patronus.