1970 – Léningrad (St-Petersbourg), Soviet Union « Les deux faces de la même pièce... »

Les gouttes de pluie perlaient violemment sur son visage. Le regard trouble, Leonard peinait à s'avancer dans cette nuit noire éclairée seulement par le croissant de lune se perchant fièrement dans le ciel. Depuis combien de temps la cherchait-il ? Les minutes et les heures s'envolaient depuis qu'il avait mis les pieds dehors. Se balader dans les quartiers de Léningrad à une heure aussi tardive n'était pas très sûr pour n'importe qui, surtout après le couvre feu. Même si le jeune Rochester, du haut de ses dix sept ans, savait se défendre, ce n'était pas le cas de sa sœur. Edna avait beau être la sœur jumelle du garçon, elle était beaucoup trop chétive pour se battre contre n'importe qui. « Cette fille est vraiment folle. » Souffla Leonard d'un air légèrement désabusé. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait de corvée pour chercher sa sœur s'étant enfuie en pleine nuit. Quand ce n'était pas lui qui faisait le mur, c'était elle. Sauf que elle n'avait pas encore réalisé à quel point cette ville pouvait être meurtrière. Cette gamine n'avait vraiment pas froid aux yeux et la peur de se jeter dans la gueule du loup lui était inconnue. Edna n'était décidément pas sa sœur jumelle pour rien. Depuis leur enfance et leur entrée à l'école de sorcellerie de Durmstrang, Leonard s'étonnait un peu plus tous les jours en voyant au combien Edna lui ressemblait. Du physique, aux tics et manies et en passant par le caractère, les deux Rochester étaient identiques; deux répliques d'une même personne sous deux gendres différents, les deux faces de la même pièce. La seule différence qu'ils avaient était la façon dont ils se rattachaient à leurs origines. Edna se sentait beaucoup plus proche de celles de son père, étant anglais, et rêvait d'ailleurs un jour de visiter ce pays. A l'instar de Leonard qui lui s'était plus attaché aux origines soviétiques de sa mère.

Le jeune soviet passait de ruelles en ruelles sans vraiment suivre un chemin défini. La pluie tombait toujours si violemment , transperçant ses vêtements comme de petites lamelles gelées. Au moindre bruit, il s'arrêtait pour vérifier si sa sœur n'était pas dans les parages. Le jeune garçon commençait à s'inquiéter. Généralement, il ne prenait pas autant de temps pour la retrouver. Un nouveau bruit sourd perça le silence régnant dans le quartier. Instinctivement, le Rochester accouru dans sa direction pour finalement se retrouver dans un cul de sac. Malheureusement, il n'était pas seul. Dans cette nuit noire, il pouvait apercevoir une dizaine d'hommes réunis, à leur pieds gisaient des poubelles en métal renversées, elles étaient probablement à l'origine du bruit sourd entendu précédemment. Puis, Leonard vit enfin ce qu'il ne voyait que dans ses pires cauchemars. Edna était là, étendue sur les poubelles, son visage enflé, ses vêtements déchirés et ses jambes nues ensanglantées. Il serra les poings alors qu'une colère indescriptible montait en lui et sans attendre une seconde de plus, il se rua sur ceux qui venaient de blesser sa sœur. Il courrait sûrement droit vers la mort, mais s'en fichait pas mal. Distribuant coups sur coups, recevant coups sur coups, Leonard avait à présent perdu toute once d'humanité. Son seul déclic fut quand il aperçu, floutée par la pluie et les larmes, l'image de sa sœur étendue sur le sol. Au dessus d'elle, deux hommes s'étant visiblement retirés de la bagarre s'apprêtaient à la frapper avec une tige en métal. Est-ce que ces enflures l'avaient déjà frappée avec ? A cette pensée, le sang du Rochester ne fit qu'un tour. Alors que la barre de métal allait percuter la jeune fille, Leonard la rejoint aussi vite qu'il put, l’entoura de ses bras et bomba le dos qui se prit le coup à la place d'Edna. Puis un deuxième, un troisième, un quatrième...Il ne savait pas combien de temps il tiendrait face à eux et ce bout de métal. Leonard avait beau être un bagarreur depuis tout jeune, il y avait des limite qu'un corps humain finissait par ne plus supporter. Néanmoins, il continuait à tenir fermement le corps fragile de sa sœur comme si sa vie en dépendait. Alors que du sang commençait à s'échapper brusquement de sa bouche suite à chaque coups qu'il recevait, il pu voir le cul de sac où il était piégé s'éclairer progressivement.
« Merde, c'est la patrouille de minuit, on se casse ! » Ordonna l'un des voyous. Une voiture de police passa dans la ruelle pour vérifier si personne ne traînait dans les rues après le couvre feu étant à 21 heure 30. Gare à ceux se faisant choper par les flics après cette heure là.

Le silence. Ils étaient enfin seuls, face à une marrée de sang. Leur sang à tous les deux. Leonard déplaça lentement sa main droite protégeant le crâne de sa sœur puis l'allongea par terre. Ses yeux étaient ouverts, fixant le vide. C'est là que les mains de Leonard se mirent à trembler.
« Ednachka, réveille-toi, réveille-toi... » Suppliait-il tout en tapotant frénétiquement la joue de sa jumelle. Plus aucune étincelle de vie ne brillait dans les yeux d'Edna, mais il ne voulait pas l'admettre. Plus aucun souffle ne sortit de sa bouche lorsqu'il pencha son oreille vers celle-ci, mais il ne voulait pas l'admettre. Plus aucun battement de pouls retentit quand il plaça son pouce sur son artère, mais il ne voulait toujours pas l'admettre...une partie de lui-même venait de se perdre dans le néant.


1971 – London, England « Vivait-il une genre de renaissance ? »

Cette année là, Leonard était supposé continuer ses études à Durmstrang. C'était sa dernière année avant de choisir des études supérieures en quoi se spécialiser. Pendant ce temps là, Edna aurait du visiter l’Angleterre, se renseigner sur la médicomagie et continuer ses études à Poudlard. Rien ne se passa comme cela. Edna n'était plus de ce monde, Leonard n'était plus lui-même, la famille Rochester était dévastée...Après plusieurs mois de végétation dans sa chambre, à ne rien faire à part fixer le plafond, manger le peu de Bortsch qu'il réussissait à avaler, le jeune Rochester décida de quitter l'union soviétique. Il ne supportait plus de rester dans un pays où tant de souvenirs lui transperçaient le cœur. Il n'arrivait plus à vivre en voyant chaque matin la ruelle qui avait bouleversé sa vie. Se dire chaque jour, à chaque moment de la journée « et si j'avais fait ça, si j'avais été plus rapide... » peut-être qu'Edna serait toujours en vie à ses côtés ? Leonard ne pouvait plus vivre sur des « et si », ça le rendait fou à lié. Quitter l'Union Soviétique n'était pas simple, à vrai dire cela relevait même de l'utopie pour certains. Par chance, grâce à la nationalité anglaise de son père et aux gens aux haut placés qu'avait contacté ce dernier il y avait de ça quelques années pour organiser le voyage d'Edna en Grande-Bretagne, Leonard réussit à partir à sa place. Cela est difficile à croire à première vue mais le jeune homme fait partie d'une famille aisée. Lui et sa sœur jumelle n'avaient jamais manqué de rien, ils faisaient parti des rares chanceux vivant sous le régime communiste.

Leonard arriva à Londres sans but précis. Tout ce qu'il voulait, c'était quitter son pays natal. Avec un accent russe très prononcé, il eut de mal à se faire comprendre par la population anglaise les premiers mois de son arrivée. Bien décider à se foutre en l'air, il arrêta complètement ses études pour vivre une vie de débauche histoire d'oublier la dure réalité.  Profitant de son physique de bad boy pour faire tourner les têtes, il ne manquait pas d'assurance et passait souvent pour un goujat, ce qu'il était et est toujours d'ailleurs. Dès qu'une relation avec une fille devient sérieuse, Leonard se trouve être un danger public et n'aura aucune gène de dire à la fille en question d'arrêter les frais et d'aller s'acheter une corde...  Cette vie de débauche marcha, un temps...mais à force de chasser les images de sa sœur le hantant elles finirent par revenir pour se faire encore plus violentes. Après deux bonnes années à chasser la réalité de façon assez malsaine dans le monde magique tout comme dans le monde des moldus, Leonard se retira de la ville pour vivre en lisière de la foret, un peu plus au nord du pays. Il fit un grand travail sur lui-même pour réussir à vivre une vie normal, dans ce village reculé du monde magique. Là bas, il occupa son esprit torturé en passant beaucoup de son temps en foret, où il découvrit un nombre étonnant de créatures magiques qu'il avait déjà étudier à Durmstrang et où il manqua plus d'une fois de se faire dévorer tout cru par celles-ci. Friand d'adrénaline, il trouvait son compte dès qu'il visitait la foret, s'enfonçant dedans un peu plus chaque jour. Il s'étonna à retrouver le sourire lorsqu'il traversait les bois. Vivait-il une genre de renaissance ? Leonard se plaisait à penser cela.

*

Au bout d'une année de ce nouveau train de vie, le jeune Rochester, maintenant âgé de vingt trois ans commença petit à petit à se reprendre un main. Continuer ses études ne l'intéressait pas, mais pourtant Poudlard l'attirait. Après de longues semaines d'hésitations, plusieurs lettres écrites, déchirées, puis ré-écrites, il finit enfin par envoyer sa candidature à Albus Dumbledore dans l'espoir d'avoir un entretien avec lui. Leonard se réjouissait d'avoir une réponse. Voila bien longtemps qu'il ne s'était pas réjouit pour quoique ce soit. L'entretien accepté, le jeune homme mit pour la première fois les pieds à Poudlard. A côté de cette école, Durmstrang paraissait si sombre. Quand Leonard passait dans les couloirs pour accéder au bureau du directeur, il imaginait sa sœur les arpenter. Elle aurait été une graine de Gryffondor, c'était certain. Une fois dans le bureau de Dumbledore, ce dernier l’accueillit chaleureusement et lui proposa une dragée surprise que Leonard, en vrai glouton, accepta tout de suite puis grimaça après être tombé sur le goût sardine. L'entretien se passa relativement bien. Leonard commença par décrire sa vie dans l'Union Soviétique et à Durmstrang dans les grandes lignes, sans mentionner la mort de sa sœur. Il parla rapidement de son arrivée à Londres, ne détaillant pas trop les première années de son arrivée. Malgré cela, Leonard ressentait l'impression que Dumbledore arrivait à percevoir les maux qu'il avait pu vivre au cours de ses jeunes années. Il finit par parler de sa nouvelle vie en lisière de foret, raconta quelques péripéties où il s'était embarqué en compagnie d'animaux dangereux qui firent rire le directeur, il expliqua ce qu'il avait appris de nouveau sur les créatures magiques au fil des mois puis finit par parler de son caractère aventurier et intrépide et mentionna même quelques uns de ses défaut comme son côté arrogant, provocateur et impulsif. Le directeur semblait content de l'entretien et l'accepta sur le champ ce qui étonna Leonard. Il se sentait enfin prêt à entamer sa nouvelle vie à Poudlard.