Il y a deux ans…
C’est toute son âme qui frémissait d’effroi. Définitivement il ne comprendrait jamais ce genre de femme. Comment pouvait-elle se faire sauter sans soucis, tomber enceinte puis jeter leur progéniture comme on jette une mauvaise herbe tombée au mauvais endroit sur nos plats de bande. Il fallait le donner à sa mère, au moins elle avait attendu qu’il soit sorti avant de le jeter, quoique ce n’était peut-être pas son premier choix. Quoi qu’il en soi il était pourtant certain que ce petit être qui avait fini au fond d’une toilette avait été fait dans l’amour… il s’était trompé. Une fois de plus il avait accordé sa confiance à la mauvaise personne. Elle.

ELLE – Tu ne pensais quand même pas que j’allais garder le bâtard d’un bâtard?

EZECKIEL – Et depuis quand ça a de l’importance pour toi?

ELLE – Toujours. Je viens d’une famille de sang pur, comment as-tu pu penser qu’il y avait réellement quelque chose entre nous et que je pourrais porter le gamin d’un bâtard qui vient de familles sans valeurs? T’es le bâtard d’une aventure de voyage. T’as pas d’origine, pas de famille complète, tu ne portes même pas le nom de ton père sorcier. T’as un nom de moldu et t’as le sang mêlé. T’es un bâtard dans toute sa splendeur.

Il s’était fait à l’idée depuis des années. Il était le fils d’un homme et d’une femme mariés à d’autres. Il était moitié moldu, moitié sorcier et comme ci ce n’était pas suffisant, mi-américain mi-british. Il ne s’en était jamais caché, mais jamais on ne lui avait reproché. Pas comme ça.

Tout le poil de son corps se hérissa. Il fut envahi d’une chaleur intense qui n’avait rien à voir avec le désir qu’il avait l’habitude d’éprouver pour elle. Son cœur se mit à battre si fort que c’est tout son corps qui se teinta de rouge. Sa respiration haletante ne transportait plus suffisamment d’oxygène à son cerveau pour qu’il puisse réfléchir convenablement. L’énergie qui parcourait le parcourait était tel qu’il se pétrifia presque. Ses poings se resserrèrent et son regard se vida.

Elle avait un air arrogant. Elle l’avait regardé droit dans les yeux pour lui dire ces atrocités, mais maintenant elle ne le regardait plus, elle regardait au loin derrière lui, peut-être qu’elle ne pensait pas vraiment ce qu’elle disait au fond. Il y avait des rumeurs comme quoi sa famille avait été menacée quand on avait appris sa liaison avec Ezeckiel, mais qui savait vraiment au fond. Elle était aussi de ces gens pour qui le sang faisait une différence… De toute manière ça n’avait plus d’importance elle avait fait quelque chose de trop.

C’est dans toute sa rage que Ezeckiel finit de lever le poing. Il se jeta sur elle et son point vain s’abattre là où il aurait dû y avoir de la vie. Sous la force de l’impact, elle se plia en deux et tomba sur le dos. En tombant elle se fracassa la tête contre un rocher et perdit connaissance. À cheval sur elle, Ezeckiel continuait à la ruer de coups sans s’apercevoir qu’il l’avait peut être tué. Il s’arrêta quand l’adrénaline s’estompa et qu’il réalisa qu’elle ne bougeait plus. Il se releva tremblant comme une feuille au vent. Ses jambes étaient molles et supportaient à peine le poids de son corps. Il s’appuya contre un arbre et essuya son front en sueur. Qu’avait-il fait?

L’AMIE – Eze?! Qu’est-ce qui s’est passé? Merde!

Elle courut vers son amie sur le sol et colla sa tête à sa poitrine pour y déceler un rythme cardiaque. Heureusement il battait encore. Sa respiration était faible, mais là. Elle se leva et frappa Ezeckiel à l’épaule.

L’AMIE– Mais elle t’a dit quoi?!

EZECKIEL – Elle s’est fait avorter…

L’AMIE – Je ne comprends pas pourquoi elle te l’a dit… Désolé Ezeckiel …

Il hocha la tête machinalement sans rien ajouter, se redressa puis tourna les talons. Il savait qu’elles ne diraient rien. Ça pouvait être dangereux de fréquenter un sang mêlé par les temps qui court et surtout, personne ne devait savoir ce qui aurait pu naître. Elle ne porterait donc pas plainte, mais elle le lui ferait surement payer…

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Parce que tout le monde sait que c’est toujours la femme la salope de l’histoire…

Elle l’avait sans doute provoquée sinon pourquoi un homme riche et marié à une femme belle comme une déesse aurait trompé sa femme? C’est à tout le moins ce que pensait le mari cocu de Vicky. Le pauvre David avait appris que Ezeckiel n’était pas son fils d’une manière peu conventionnelle et surtout plutôt humiliante. En plein repas de famille, quelqu’un d’étrange à l’accent britannique s’était pointé à leur porte une lettre de notaire en main. C’était Charles, le grand-oncle d’Ezeckiel, l’unique membre de la famille qui avait épousé une moldue et qui s’était porté volontaire pour aller porter cette lettre à la honte de la famille.

La lettre était en fait un contrat magique qui promettait une somme d’argent importante à Ezeckiel à condition que celui-ci ne parle jamais de ses véritables origines. Quand la nouvelle frappa ceux qui croyaient être sa famille, il y eut des cris, des larmes et des coups. Le pauvre Ezeckiel avait dix ans et pour lui le sang n’y changeait rien, mais ce n’était visiblement pas l’avis de ses parents ni de ses frères et sœurs. Charles proposa d’accueillir Ezeckiel chez lui. Il avait toujours rêvé d’avoir des enfants, mais sa femme n’avait pas vécu suffisamment longtemps pour le lui accorder et puis il était assez distant avec le reste de la famille pour ne pas compromettre le contrat qu’on avait fait signer à Ezeckiel.

Sans le moindre scrupule, on fit plier bagage à l’enfant et puis on l’envoya à Londres avec son grand-oncle Charles. C’est aussi pour ça que Ezeckiel considère sa mère comme la salope de l’histoire. Elle aurait dû le protéger, comme toute bonne mère elle aurait dû se battre pour conserver son fils même bâtard. Mais elle n’en avait rien fait. Elle l’avait laissé partir pour sauver le reste de sa famille. Ezeckiel conserva tout de même le nom de famille qu’il avait reçu à la naissance, sinon lequel aurait-il pu porter?

Son oncle s’occupa de l’inscrire à Poudlard. Si on ne lui avait pas dit, il n’aurait jamais compris comment il arrivait à faire certaines choses bizarres parfois. Ça avait eu au moins cela de bon, maintenant il savait pourquoi il était toujours si différent des autres, il était sorcier et son père n’était pas son père.