Il y a des familles qui sont tout simplement programmées pour le malheur. Des familles où les enfants se chamaillent et où les parents se déchirent. Fort heureusement, ça n'a jamais été mon cas. J'ai vu le jour le 23 août 1961 en plein cœur de Londres en Angleterre. Mes parents étaient un couple heureux et unis, tout deux fiers propriétaires d'une petite boutique d’antiquités qui ne rapportait certes pas énormément, mais qui nous offrait bien assez pour arriver à survivre. Encore aujourd'hui, j'ai l'image bien en tête de mes deux frères et moi en train de courir tous les trois comme des petits sauvages à travers les vieilles horloges et les vases antiques. C'est sans doute ce qui faisait que nous étions si heureux en fin de compte. Nous étions unis, comme si nous étions convaincus que jamais rien ni personne ne pourrait venir nous séparer. C'est beau la naïveté parfois...

J'ai huit ans lorsque le drame a touché notre famille de manière assez violente et pourtant, malgré les années qui ont passée, je n'ai jamais oublié cette nuit-là. La nuit où Gabriel a commencé à aller mal, à avoir des vertige et à se sentir fiévreux. Il avait à peine trois ans à l'époque, mais déjà il parvenait à nous faire comprendre ce qu'il ressentait. Une affreuse douleur qu'on pouvait carrément qualifier d'intolérable. Bien entendu, mes parents l'ont amené à l'hôpital sur-le-champ, espérant de tout cœur que tout rentre dans l'ordre et qu'on nous annonce que tout irait bien. Malheureusement, ce ne fût pas le cas. Mon petit frère était atteint d'une forme forte de leucémie. Malgré sa force de caractère pour son très jeune âge, on ne lui donnait que très peu de temps à vivre. Il va sans dire que le monde de mes parents s'est effondré. Ils allaient perdre leur dernier enfant, le petit bébé de la famille. Tant qu'à Matthias et moi, nous ne pouvions nous empêcher d'espérer. Gabriel était fort. Il allait se battre et parvenir à vaincre cette terrible maladie. Le combat a duré deux ans. Pendant certaines périodes, mon petit frère allait bien. Il prenait part à nos jeux et faisait comme si tout allait bien. Mais malheureusement, les symptômes revenaient de plus belle et toujours plus fort pour venir lui gruger son énergie. C'est à l'âge de cinq ans que Gabriel poussa son dernier soupir. C'était une sombre nuit d'hiver dont je me rappelle encore comme étant la plus terrible de toute ma vie. Encore aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir perdue une partie de moi-même. À dix ans, on n'est jamais prête à perdre notre petit frère.

Heureusement, un an plus tard, ma vie allait être chamboulée d'une tout autre manière à tout jamais. À vrai dire, on se s'attend jamais à recevoir une lettre apportée par un hibou à la veille de nos onze ans. J'ai d'ailleurs crue à une blague lorsque je l'ai lue. Moi ?? Une sorcière ?? C'était absolument n'importe quoi. Pourquoi est-ce que j'en serais une si mes parents et mon frère aîné étaient pour leur part des gens parfaitement normaux ?? Cependant, avec le temps, j'ai fini par me rendre à l'évidence : j'étais une sorcière et à la rentrée, j'allais étudier au collège Poudlard. Il va sans dire que ça a été un choc pour ma famille. Déjà qu'ils avaient perdus mon frère l'année précédente, il était assez difficile à accepter pour eux que leur fille ait des dons particuliers. Cela dit, ils ont fini par se faire à l'idée. Matthias était même plutôt jaloux de la chance qui m'était offerte.

Mes débuts à Poudlard se sont bien passés et je me suis adaptée assez rapidement. Bien sûr, j'ai eu du mal à me sentir à ma place au départ. J'arrivais comme une étrangère au milieu d'autres enfants de mon âge qui avaient pour leur part grandit dans la magie pendant toute leur vie. Certains d'entre eux se sont d'ailleurs montrés extrêmement désagréables avec moi, me traitant de sang-de-bourbe et m'insultant à longueur de semaine. J'en ai certes été bien malheureuse au début, mais avec le temps, j'ai fini par m'y faire. Tant pis s'ils ne voulaient pas de moi. Il y avait bien assez d'élèves agréables autour de moi pour que je n'aie pas à me préoccuper d'eux. C'est ainsi que j'ai traversée mon cycle primaire à Poudlard, étudiant comme une forcenée pour arriver à comprendre toutes les notions. Et je m'en sortie très bien, à mon plus grand bonheur. Surtout après l'arrivée de Stella dans ma vie.

Il y a deux ans, j'ai commencé mon cycle secondaire. Il va sans dire que j'ai décidée d'aller en Médecine Magique. Je n'avais que trop vue mon petit frère souffrir pendant sa terrible maladie et je me dis que si j'avais pratiquée la magie à l'époque, j'aurais sans doute pu le sauver. Je me suis donc donnée pour mission de devenir une excellente Médicomage pour empêcher d'autres personnes de souffrir de quelle manière que ce soit. Je me doute que je ne pourrai pas sauver tout le monde, mais je mettrai tout en oeuvre pour y parvenir. En attendant, je me donne à fond pour réussir mes études tout en m'amusant auprès de mes amis. Je n'ai toujours personne dans ma vie. Je me dis qu'avec mes études, je n'ai pas vraiment le temps pour ça. Mais je continue d'espérer. Je ne peux m'empêcher de croire qu'un jour je vais vivre la plus magnifique des histoires.