Sa mère s'est débarrassée du hibou de la famille, seul animal qu'elle tolérait aux alentours de leur demeure, après avoir reçu la lettre annonçant le décès de son mari. Quelques temps après, ne pouvant pas s'imaginer devoir abandonner ses correspondances épistolaires, Léo en acheta un en secret. Elle le nomma Plume, en hommage aux plumes dorées de son animal, transportant bien moins de saletés que les poils d'autres animaux. Mais elle ne considère pas son hibou comme étant un animal de compagnie, il lui sert simplement de boîte aux lettres, en quelques sortes. C'est peut-être pour ça que Plume réclamera certainement une petite caresse de reconnaissance si elle vous livre une lettre.

Désolé de te décevoir, mais si Plume fait une danse aussi étrange, c’est soit parce qu’elle est tarée, soit parce qu’elle a chopé des puces. Regarde bien sous ses plumes, elles sont tenaces ces petites bêtes. Si tu veux vraiment savoir, j’ai peut-être (je dis bien peut-être!) une petite réserve de miamhibou spécialement pour elle. Et encore, c’est seulement pour éviter qu’elle ne me crève les yeux quand j’attache la lettre à sa patte.

Si je m’attendais à un peu de réconfort et de compassion, c’est raté. Tu pourrais au moins faire semblant de t’attrister de mon malheur, ça atténuerait ma grande détresse psychologique suite à cette immense, douloureuse et sanglante blessure physique. Tu pourrais, par exemple, m’envoyer deux mornilles pour me payer une bièrraubeurre ou un soutien-gorge extrêmement propre que j’enverrai au type pour faire style « je me suis retapé ta meuf. » De toute façon, tu as tort. Je m’intéresse toujours à des filles consentantes, je ne suis pas un dingue. C’est juste que certaines se font trop d’illusions à mon sujet. Tu ne crois pas que je leur rends service? Ces filles sont tellement naïves qu’un jour ou l’autre, quelqu’un leur brisera le cœur. Autant que ce soit moi, au moins elles passent de bons moments avant de se lever le matin. Mais tu as raison sur un point, j’aime bien les complications. Elles apportent un défi qu’il n’y a pas avec les filles qui aiment trop le sexe. Je ne suis pas intéressé à ne coucher qu’avec des nymphomanes.

Je me suis porté volontaire parce que c’est un moyen simple pour séduire. Tout le monde aime les bénévoles, c’est si gentil, si aimable, si charitable…bref, t’as compris le principe.

Bien essayé, mais je ne te dirai pas ce que je fais comme boulot. Nous ne sommes pas une douzaine à le faire, tu m’identifierais vite. Disons seulement que oui, c’est physique et je crâme toute la journée. Ce sera sûrement pire maintenant qu’il y a eu la tempête, on travaillera probablement plus fort pour en faire le plus possible avant notre départ. Voilà ce qu’est devenue toute l’aide apportée depuis des semaines : une inondation, et les blessés augmentent, des maisons s’écroulent. C’était une connerie de faire venir les étudiants ici. Tous les habitants de cet île sont voués à crever, que ce soit pendant notre séjour ou dans les mois à venir. Ce n’est pas quelques heures de bénévolat qui vont y changer quoi que ce soit.

Au passage, merci de m’avoir réécrit si vite, je suis vraiment soulagé d’avoir de tes nouvelles. Ça me tuait, de ne pas être capable de te venir en aide, de t’imaginer seule et paniquée, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Quand la tempête a éclaté, je suis allé chercher une amie pour l’abriter, avant de rejoindre l’équipe de secours qui patrouillait dans les rues. Il y a avait tellement d’eau, tellement de gens à aider, à soigner… À chaque personne, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si c’était toi. Je me suis fait du souci, j’espère que tu te trouves au moins dans un endroit sécuritaire. Tu aurais été mieux au monastère, avec tout le monde. Ce truc bouffe ta vie. Il n’existe pas des trucs, des moyens que tu peux mettre en application pour contrer ça? J’ai l’impression que ça te fait passer à côté de tellement de choses…Il faut que tu dépasses tes limites, que tu agisses. Ça dure depuis si longtemps, tu n’en as pas marre?

On ne se verra pas, ça gâcherait tout. Tu me percevrais comme un salopard et tu ficherais le camp. Ou tu serais une bombe sexuelle terriblement séduisante à laquelle je ne pourrais résister et tu me tuerais dès que j’essayerais de te toucher. Tu vois, ça ne peut que mal finir.

PS : Et si j’aime tes leçons de morale?

S.
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J’ai un orgueil démesuré. Je croyais que t’avais capté, depuis le temps. J’ai failli t’écrire, y’a une lettre froissée sous mon lit. Et puis finalement non, j’ai attendu. Normalement, je comptais attendre que deux semaines. Mais je me suis ramassé à l’hôpital et te le dire, c’était risquer que tu débarques et que tu découvres qui je suis. ( De toute façon, j’ai gagné, t’as cédé la première. Bouh.)

J’aime pas faire du mal à mes amies, à celles que j’apprécie. Les autres, je m’en fous. Est-ce vraiment si contradictoire?

Mon harem (qui n’est pas si grand que ça, au passage) ne s’est pas élargit, non. Par contre, je m’en suis pris plein la gueule depuis la rentrée. J’ai passé une nuit avec une fille, elle était droguée. Saute pas tout de suite aux conclusions hein, elle s’est mise stone seule, comme une grande. On a rien fait, j’ai simplement veillé sur elle, parce que mes potes sont un peu moins soucieux de ne pas se taper quelqu’un qui n’est pas en état. Le lendemain, je me suis cassé et une semaine après, devine? Elle a foutu une saloperie dans mon verre. J’ai fais le con à l’extérieur sous une température de chien et j’ai chopé une infection. Tu devines le reste. Quand j’ai voulu me venger -  c’est bon, pas la peine de me faire la morale, elle le méritait pleinement, qu’importe ce que t’en pense – elle m’a traité de violeur. Est-ce que c’est une manie chez les filles, d’être toutes aussi tarées? Sérieusement?

J’ai très bien compris la signification de ton silence. Et j’espère que tu as compris le sens du mien : je ne veux pas te rencontrer. T’as pas idée de qui je suis, de la réputation que je me traîne. Tu verras peut-être le sadique, mais aussi tout le reste. Tu vas te sauver en courant, d’autant plus que tu sais comment je fonctionne. J’veux pas te perdre, j’ai besoin de conserver ces lettres, de te parler. Ça m’empêche de craquer. Je t’en prie, ne demande plus à ce qu’on se voit. C’est une mauvaise idée, point final. Et arrête de croire que je ne me suis pas inquiété. J’ai pensé à toi, j’suis même allé faire un tour à l’infirmerie, juste pour m’assurer que y’avait rien eu de grave. Mais bon, sans savoir à quoi tu ressembles, ça servait pas à grand chose ( non, ce n’est pas un prétexte pour qu’on se voit. Et ne me dis pas à quoi tu ressembles, je préfère pas savoir.)

C’est une bonne chose que tu reste au château. Cette femme a tellement un effet néfaste sur toi…Tu devrais carrément quitter ta famille et te trouver un appartement pour les vacances d’été, loin d’eux. Au juste, tu connais Léonidas? Cette folle récure les planchers et les toilettes, un peu comme toi. Tu devrais lui parler, j’suis certain que vous seriez les meilleures amies du monde (mais ne t’en approche pas de trop près, niveau caractère, elle mériterait des claques.)

Y’a des mecs qui ne pensent pas qu’au sexe. Je n’en fais visiblement pas partie, mais j’suis certain que ça existe. Je préfère tout de même t’imaginer avec quatre-vingt chats, ça élimine la possibilité que je doive m’inquiéter de celui qui posera ses sales pattes sur toi.

PS : C’est un truc plutôt massif, j’vais le cacher dans un endroit de Poudlard et j’te dirai ensuite où aller le chercher.

PS2 : C’était l’anniversaire de décès d’Anya, y’a deux semaines. J’crois que j’ai accumulé les conneries.

S.