« Voilà Madame Weiser, il semblerait qu’il y ait quelques problèmes avec Cersei. » Débuta le proviseur d’un ton tranchant, sans appel. Mary baissa la tête, gênée. Elle n’aimait pas particulièrement être au centre de l’attention. Dès lors que Cersei était revenue avec une convocation, elle avait sentit anguille sous roche. « Et bien, je vous écoute.. » Répondit-elle distraitement. Elle n’avait pas d’autres options, du moins pas à sa connaissance. Ses prunelles glissèrent vers la silhouette menue de sa fille qui coloriait gentillement dans un coin de la pièce. Elle n’avait que six ans et l’innocence pour seule expression sur son visage pâle, constellé de jolies tâches de rousseurs. Sa couleur de cheveux peu ordinaire était une forme de fierté pour la pauvre Mary. Moins de quatre pourcent de la population était rousse. Elle avait parfois la fugace impression d’avoir donné naissance à un être spécial. « Elle terrifie ses autres camardes Madame Weiser, nous avons reçu plusieurs plaintes récurrentes de parents et nous.. » Mary reporta son regard sur Cersei. Ce n’était pas la vie qu’elle aurait voulu lui offrir, certes pas. Et pourtant elle avait tenté maintes et maintes fois de convaincre ses parents de prendre leur petite-fille à leur charge, en vain cependant. Personne ne voulait de la gamine. Ni son père, ni sa famille maternelle, malgré les supplications désespérée de Mary. Les Weiser avaient depuis longtemps fait une croix sur leur fille cadette. Et sur sa progéniture par la même occasion. Une cracmolle chez les Weiser ? il fallait que cet fait honteux soit caché, radié de la réalité au plus vite. Seule Amatis Weiser avait insisté pour conserver cette enfant au corps chétif. Sans elle Mary aurait grandit dans une parfaite ignorance du monde magique, dans un orphelinat moldu. À la mort de la vieille femme, Mary s’était échappée de cette existence morne où elle n’était qu’une tâche, qu’une erreur de fabrication dans cette mécanique bien huilée. Elle avait rencontré un homme. Et Cersei avait finit d’illuminer sa vie, ses jours prenant enfin une teinte colorée. « Madame Weiser ? Vous m’écoutez ? » La voix agacée du proviseur la réveilla de ces intenses réflexions. « Sincèrement, je ne pense pas que ma fille puisse faire du mal à quiconque Monsieur. Je l’ai éduquée dans le respect d’autrui et l’humilité. » S’esquiva Mary. Le regard de l’homme se fit plus dur, plus insistant. « Comment expliquez-vous qu’elle soit parvenue à grimper sur le toit du bâtiment ? » Exposa-t-il, fanfaronnant. Grâce à ce détail, formulé avec mépris, le proviseur capta enfin toute l’attention de Mary. [color:6dfb=steelblue ] « Quoi … ? » Bredouilla-t-elle, incrédule. Elle avait, bien entendu, toujours souhaité que Cersei possède ces facultés dont elle était elle-même dépourvue, mais en ayant une confirmation d’un moldu, elle se trouvait être exaucée. « Parfaitement Madame, nous avons retrouvé Cersei sur le toi de l’établissement. Lorsqu’une des surveillantes a voulu la récupérer, elle avait disparue. » Immédiatement le visage de Mary fut éclairée par un sourire empli de fierté. Le proviseur, quant à lui, soupira, las de cette mascarade et déclara finalement. « « Je passe l’éponge cette fois, mais si votre enfant récidive, je devrais sévir. »

Cersei avançait avec prudence sur le quai neuf trois quart, c’était son premier voyage dans le Poudlard Express et la gamine était très impressionnée par l’allure du train, qui était certes assez imposant. Elle était assez anxieuse à l’idée de quitter sa mère. Mary était là, dans son dos, angoissée elle aussi. Elle se demandait certainement comment sa fille allait se débrouiller seule. Fille unique, Cersei avait été entourée de tout l’amour dans elle avait besoin et parfois même surprotégée par sa mère. C’était sans doute normal. D’un pas lent, la rousse monta dans l’énorme train. Sa mère s’empressa de l’aider à charger son énorme valise dans me wagon et lui tendit la cage qui contenait son rat. Pourquoi un rat? Car les chats et les chouettes coutaient trop cher pour le maigre porte-monnaie de Mary. Un rat c’était parfait. Baptisé sobrement Loki. Elena embrassa sa fille puis regagna le quai, tout cela l’angoissait affreusement. Elle avait peur pour sa fille, peur qu’elle doive affronter des choses qui mettraient en péril son innocence. Mary se doutait bien que son statut sanguin allait lui porter préjudice. Et puisque Mary était une cracmolle, Il y avait de quoi s’interroger sérieusement. La gamine fit un dernier signe à sa mère depuis son compartiment puis se tassa dans son siège. Son compartiment était vide, elle était seule. Une odeur agréable de jus de citrouille flottait dans l’air. Cersei sortit sa nouvelle baguette de sa poche. Vingt-sept centimètre et demi, bois d’aubépine et plume de phénix. Il y eu un bruit, un raclement sec et trois personnes entrèrent. « On peut s’assoir ? ». La gamine acquiesça d’un mouvement de tête. Il y avait deux filles et un garçon, tous empruntaient le Poudlard Express pour la première fois. Bien vite, les présentations furent faites et Cersei, Bobby, Amélienne et Nirvana commencèrent à discuter de la maison dans laquelle ils désiraient être admis. « Moi ce serait Gryffondor ! » Décréta Bobby. « Pff Les Gryffondors sont des feignasses ! Moi j’espère entrer à Serpentard ! » S’écria Amélianne d’un ton narquois. « Il faut privilégier l’intelligence selon moi, Serdaigle serait l’idéal » Proclama Nirvana. « Et toi Cersei ? Tu penses aller dans quelle maison ? »La fillette sembla réfléchir une dizaine de secondes puis dit «Je sais pas, je m’en fou, j’y connais, rien, je prendrai ceux qui voudront de moi »Amélienne la toisa méchamment. « De toute façon espérer ne sert à rien. », poursuivi-t-elle, accerbe « Espérer ne peut nous mener qu’à des déceptions. » Les trois autres la regardèrent interloqués. Énervée, Cersei saisit ses bagages et quitta le compartiment. Elle n’était pas encore à Poudlard et déjà tout cela lui tapait sur le système. Cela ne dura guère longtemps. Elle ne prit pas la peine de demander la permission et s’installa soudainement face à un petit brun, dans un compartiment vide. « Salut ! Moi c’est Cersei ! T’as quel âge ? C’est ta première année ? Tu viens d’où ? » Elle voyait bien que toutes ses questions mettaient le jeune garçon mal à l’aise, son expression eut même le mérite de lui arracher un fou rire. De nombreux points communs unissaient les deux jeunes gens. Cersei ne semblait pas se rendre compte que Morghen allait devenir la seule personne à laquelle elle s’attacherait de nouveau après le décès prématuré de Mary, quelques mois plus tard. Il serait également le seul à le blesser de la sorte. Car aimer c’est détruire

La nuit semblait s’étirer à l’infini dans le dortoir confortable. Apaisées par le calme et la tranquillité ambiante, la plupart des élèves s’étaient endormies dans les bras de Morphée. Une petite minorité s’était plongée dans une lecture assidue. « Cersei ? » Murmura une petite voix venue de l’obscurité du dortoir. Ladite jeune fille ne réagit pas, étendue, amorphe, sur son matelas, paupières ouvertes, yeux rivés vers le plafond en voute. Pour elle, il était inutile de songer à sombrer dans un sommeil quelconque. Il serait irrémédiablement envahit par des cauchemars atroces, la plupart mettant en scène le meurtre de son Père, Cersei éparpillant ses entrailles telles les plumes d’un cousin éventré. Cette envie de vengeance était un fléau car vivre dans l’attente d’une vindicte était la pire de toutes les existences. Au fond elle avait cessé d’être elle-même depuis cet après-midi de juillet passé à fouiller dans les affaires de Mary. Peu de personnes, voir aucunes n’était au courant de ce qu’avait découvert Cersei, cela faisait partie des choses dont on évite de se vanter. Si les actes de Mary venaient à être connus, l’esclandre aurait vite fait d’éclabousser la réputation des Weiser. En plus d’être une cracmolle, force était de constater que Mary Weiser avait cédé à de sombres desseins, fréquentant deux hommes en même temps. Et si… Et si Hugh Claws n’était pas son père, et si c’était… l’autre ? Aucune hypothène ne pouvait être écartée, Mary n’avait laissé aucun indice, emportant son secret dans son dernier sanctuaire. « Laisse-là tu vois bien qu’elle dort. » Lança une voix au timbre narquois. Raté.

Par les rideaux de velours, Cersei était le témoin du spectacle que lui offrait l’aurore, le jour reprenant lentement ses droits sur la nuit d’encre. Elle avait toujours adoré cet instant particulier, le ciel prenant une teinte comparable à celle de sa chevelure, ceci dit ce n’était pas pour ce détail qu’elle appréciait la naissance d’une aube nouvelle. C’était ce renouveau qui l’émouvait, elle y trouvait une beauté saisissante, une satisfaisante réflexion morale. Chaque jour était différent et pourtant nous étions les mêmes. Chaque jour était unique. Chaque jour offrait une multitude de possibilités mais nous n’en empreindrons qu’une seule. La philosophie l’avait toujours horrifiée néanmoins, dans des moments tels que ceux-ci, où la mélancolie était sa seule compagne, elle aimait se laisser envahir par d’intenses réflexions, de subtiles casse-têtes. La démonstration avait prit fin. La magnifique teinte orangée des cieux avait fait place à une nouvelle journée qui s’annonçait d’ores et déjà maussade, le gris étant, comme souvent en Écosse, la couleur qui dominait la voute céleste. « Cersei ? Oh... Cersei… Sans vouloir être désagréable tu as une tête de déterrée ce matin. » Elle adorait les réveils conviviaux. La jeune sorcière se releva péniblement et attrapa sa baguette sur le petit coffre de bois à côté de son sommier. Bois de sureau. Ventricule de cœur de dragon. Provenant de chez Gregorovitch et non de chez Ollivander comme la plupart des autres élèves. Elle se sentait en sécurité lorsque le bois rutilant de sa baguette glissait entre ses doigts menus. La baguette d’un sorcier était, à son humble avis, le fidele équivalent d’un animal de compagnie moldu, bien que les sorciers en aient également. Cersei espérait ne jamais la briser car elle était convaincue qu’aucune autre baguette n’égalerait la sienne. Et puis, elle avait déjà rompu sa première baguette. C’avait été fusionnel dès le premier contact. « Tu viens avec nous à Pré-Au-Lard ? On prévoyait d’aller faire un tour chez Zonko puis aux trois Balais… T’as vraiment l’air d’une revenante tu sais ? » Pour toute réponse, Cersei grommela et s’étira la nuque. Les remarques de ce genre ne l’atteignaient jamais. Elle en faisait toujours fit, considérant que c’était un manque de discernement que d’y répondre. « J’sais pas, j’ai pas envie de sortir. Il va pleuvoir, j’ai pas envie de me trimballer un parapluie partout. En plus j’ai beaucoup de boulot. » Râla Cersei en baillant. Évidemment. Passer deux nuits blanches de suite, ça laissait des stigmates. « Arrête ton foin Weiser, la gazette annonce un temps superbe et tu ne crois pas qu’on va avaler que tu dois travailler alors que tu passes tes journées entières à la bibliothèque ? » Les arguments de la rousse n’était certes pas des plus convaincants, néanmoins elle ne ressentait pas l’imminent besoin de quitter l’enceinte réconfortante de Poudlard. Cersei ronchonna encore une dizaine de minutes, pour la forme néanmoins, avant d’accepter la requête de ses deux camarades qui l’avaient, entre temps, habillée de force d’un jeans foncé et d’un pull tricoté par une de ses ‘mères’, autrement dit une des femmes qui l’avaient brièvement accueillie quelques années plus tôt, Dolly. Ce pull était véritablement une horreur de la pire espèce. D’un marron dégoulinant, de jolis petits rennes avaient été tricotés par-dessus, dans les tons beiges. Ce pull était infâme mais Cersei n’avait jamais eu le courage de le jeter, tant cette vieille tante avait mis du cœur à l’ouvrage. Elle revoyait encore son sourire euphorique, ses yeux pétillants de fierté lorsque Cersei avait déballé son présent. La jeune fille avait feint l’admiration devant ce travail ‘d’une telle qualité’. Toujours était-il que Camille et Jessamine avait trouvé cocasse de l’affubler d’une telle manière. Elle n’avait sincèrement pas eu le courage de riposter et avait accepté de bonne grâce de paraître ridicule, enfilant tout de même une parka à capuche de fourrure et une écharpe par-dessus.

Pré-Au-Lard n’avait pas changé depuis sa dernière visite, pourtant datant d’au moins neuf mois, Cersei esquivant toujours les invitations des élèves. Le village était toujours aussi pittoresque, toujours aussi gris, toujours aussi déprimant. La dernière fois c’était avec Morghen. Mais il fallait qu’elle évite d’y penser, ce n’était que remuer le couteau dans la plaie. Trop de réminiscences rances ne faisaient qu’exacerber sa rancœur. C’était malsain de rêvasser sur quelque chose qu’on ne pouvait pas avoir. Sur quelque chose qui nous blessait continuellement. Ça nous ramenait irrémédiablement aux actes qui engendrèrent cette meurtrissure. C’était ce qu’elle ne cessait de se dire lorsque ses yeux cherchaient frénétiquement Morghen Brown dans la foule d’élèves de la Grande Salle. Il fallait cesser d’espérer car il avait changé. Et même si par un quelconque miracle il stoppait sa métamorphose, le mieux pour elle était de l’éradiquer complètement de ses pensées. Il ne se rendait même pas compte qu’il la blessait ! Les emplettes des trois jeunes filles étaient presque terminées. Elles avaient d’ailleurs été plutôt prolifiques. Guillerettes, elles se dirigeaient doucement vers les trois balais dans le but de déguster de bonnes bierraubeures ou de revigorants whiskies pur feu. Comme à son habitude Cersei paraissait absente, maladive, mais Jessamine et Camille ne s’en formalisait pas. Cela faisait partie de la nouvelle Cersei, cet air de perpétuelle souffrance affichée sur son visage. Le pire était passé, pensa la jeune femme en trainant les pieds derrière ses amies. Elle ne s’était jamais autant trompée. Devant elle surgit, d’on ne sait où, Morghen, lui-même. Était-on dans l’un des cauchemars de Cersei ou prenait-il juste plaisir à la torturer ? Ah non, torturer et briser les cœurs c’était sa spécialité à elle. Et pour finir ses mauvais songes semblaient être de doux rêves en comparaison à ce qui l’attendait. Brown se dirigeait vers elle d’un pas rapide, Fixant l’horizon, ne semblant pas la voir. L’heure de la mise au clair avait-elle sonnée ? Pas plus improbable que cela, elle le concevait clairement. « Je peux te parler deux minutes ? » Lui demanda-t-elle d’un abrupte. Cersei n’avait pas réellement envie de lui parler, mais elle se força de le toiser fièrement. [color=seagreen] « Euuh… J’sais pas si c’est une bonne idée… » Grommela-t-il entre ses dents. Jessamine et Camille les regardaient, mal à l’aise, se chuchotant des confidences à l’oreille. « On t’attend à l’intérieur Cersei, on te commande une bierraubeure ne t’en fais pas ! » Solidarité féminine ? Hypocrisie oui. Cersei regarda ses camardes s’éloigner en rigolant vers l’établissement des Trois Balais. Fuck off, cette mise au point s’annonçait rude. Autant mettre les points sur les i directement. « J’suis désolé, j’dois y aller, on se reparle »Lança-t-il avec dédain. Cersei bouillonnait, il la méprisait, elle ? Non, d’habitude c’était elle qui jetait sa haine comme ça. Alors lui aussi… Même Morgehn l’abandonnait ? Décidément, elle n’avait jamais été si seule. plic, ploc.. Et voilà, elle aurait du prendre un parapluie, elle en était certaine.