Un bâillement grave et long s'échappa de sa petite bouche témoignant de la fatigue et de la masse de travail qu'elle avait à effectuer. La jeune brune enleva les lunettes qu'elle portait lorsqu'elle avait cours et quand elle travaillait, et les posa sur son bureau, ainsi que la plume qu'elle avait dans sa main droite. Un deuxième bâillement fit son apparition mais cela ne venait pas d'Abigèl Aymslowe mais de son patronus, Artémis, un magnifique loup au pelage somptueux mais possédant un caractère aussi difficile que celui d'Abigèl.

Elle se souvint de sa première rencontre avec son patronus aussi brutale soi t-elle. Alors qu'elle tentait de vaincre une insomnie depuis plus de trois heures, elle aperçut une légère brume argentée, fine ayant la forme d'un nuage magnifique. Abigèl avait froncé les sourcils et c'était relevé délicatement de sous ses draps et examina la scène qui se déroulait sous ses yeux. Cependant, lorsqu'un loup gigantesque apparu elle lâcha de manière soudaine un cri strident. La jeune femme fut surprise, et même sentit le sentiment de peur l'envahir. Elle s'était armée de sa baguette d'un geste vif et tenta d'éliminer "cette potentielle menace" mais rien n'y faisait. Elle voyait de grands yeux noirs l'observait attentivement comme si ce qui s'était produit était normal.

«_Pourquoi me regardes-tu d'un air si triste... Voire sentimental...» retentit une voix dans la tête d'Abigèl.

La jeune brune observa l'animal allongé sur son lit et vit qu'elle avait un oeil ouvert et qu'elle l'observait également. Artémis avait un regard moqueur et sournois, l'expression du visage de la jeune sorcière lui donnait envie de rire. Elle aurait rit aux éclats si elle avait eu l'occasion. Abigèl la regarda d'un air las et soupira longuement face à la stupidité de sa remarque et reprit sa plume. Le travail, c'est tout ce qui lui importait pour gravir les échelons et triompher. Son attitude exemplaire et irréprochable, la devise de sa famille était représentée sa personne car ainsi était la famille Aymslowe, l'excellence et pas d'erreurs tolérées.

Sa famille lui avait toujours inculqué ces valeurs, elle avait même retenu par coeur tout ce que ses parents et sa grand mère lui avait donné comme conseils -et comme ordres. Avant ses onze ans, elle rêvait d'enfin recevoir sa lettre d'admission à Poudlard et pouvoir y faire ses preuves. Montrer qu'elle était la meilleure, avoir la fierté de sa famille si peu démonstrative, voilà ce qui la motivait. Elle voulait aller loin les autres choses importaient peu.

Elle trempa sa plume dans un peu d'encre et se remit au travail, elle entra dans une bulle impénétrable et dans laquelle sa concentration était à son maximum. «_C'est cette définition j'en suis sûre... Ca parait impossible...» pensa t-elle intérieurement. L'énervement la gagnait petit à petit, elle détestait perdre le fils de sa pensée. Tic Tic Tic ! Abigèl ne prêta pas attention au petit bruit qui résonnait derrière elle, trop occupée à chercher le mot parfait pour compléter son manuscrit. Tic Tic Tic !  Cette dernière grogna légèrement, elle sentait qu'on la gênait et que ce petit bruit se faisait de plus en plus pressant mais peu lui importait.

Tic tic tic tic !

«_Va lui ouvrir par Merlin ! J'aimerai bien me reposer un peu sans forcément être dérangée ! sinon je le dévore sur place...» s'énerva une voix dans la tête d'Abigèl.

Elle se retourna vers son patronus qui avait lâché un dernier grognement avant de refermer ses yeux. Abigèl lâcha un long soupir et sentait des plaques rouges se formait le long de son corps, témoignage que le stress diminuait. Abigèl observa la fenêtre qui se trouvait proche de son lit et observait un animal nocturne qui semblait mécontent qu'on le fasse attendre dans le froid. Cette dernière lui ouvrit et prit la petite enveloppe qu'il avait dans le bec avant de le chasser. Elle ouvrit l'enveloppe et la lut en diagonale.

«_Toujours cet air maussade et vide, ça commence à devenir une habitude chez toi ! » ricana son patronus

Elle leva les yeux vers Artémis de manière vive, son regard était soudainement remplit de noirceur. Dans les moments comme celui là, elle avait l'impression de revivre cette fameuse nuit de décembre 1978, où elle tient encore le ministère pour responsable de ce qui est arrivé à bon nombre de personnes. Cette fameuse nuit où une légère brume argentée se former, devant son regard inquiet et incompréhensif, face à la soudaine apparition d'un loup au regard noir devant elle. Merlin sait à quel point elle s'est donné tous les moyens pour se débarrasser de ce qu'elle considérait comme un "véritable fardeau pour les sorciers et sorcières". Abigèl avait déjà essayé de l'enfermer dans son dortoir mais le peu de distance qui devait les séparer leur causait à tout deux une douleur insupportable. C'est à ce moment là qu'elle comprit que ce qu'Artémis ressentait, elle le ressentait également. Sa déception n'en fut que beaucoup plus grande.

«_Te sens tu toujours obligée d'être aussi désagréable avec moi ? râla Abigèl.
_Nous sommes exactement pareilles, alors je ne vois pas en quoi tu te plains... ricana son patronus.
_Dans ces moments là j'aimerais vraiment que tu la boucles et que tu disparaisses ! s'énerva la jeune sorcière ».

Des mots aussi froids et tranchants que lâcherait son loup dans la même situation. Ironie du sort, c'est qu'au fond d'elle, Abigèl ne pensait pas ce qu'elle disait car avec le temps, elle s'était attachée à son patronus comme Artémis l'avait déjà fait depuis longtemps. Elle s'en était accommodée et préférait apprendre à vivre avec Artémis plutôt que de lui faire la guerre, sachant que cela ne mènera à rien car aucun sortilège ou aucune potion ne pouvait la faire disparaitre.  

Leur relation s'était même améliorée, tout deux étaient devenus plus proches lorsque la peste des patronus se produisit. N'étant pas de nature à contrôler ses émotions, Abigèl n'avait jamais été aussi proche d'Artémis, étant à ses petits soins, chose qui pouvait à la longue l'énervait. Elle ne tenait vraiment pas à être dans le même état qu'étaient les élèves atteints de cette maladie. Elle guettait le moindre mouvement de son patronus et à l'inversement, Artémis veillait personnellement sur la jeune sorcière, observant son état jour et nuit à un point de ne plus trouver le sommeil la nuit. Lorsque tout ceci fut passé et sachant qu'elle n'avait pas été touchée, une distance s'installa pourtant entre Abigèl et son patronus et rien ne pouvait y changer quoique ce soit. Leur relation était habituellement comme ça mais la jeune sorcière voyait bien que son patronus la protégeait, chose qui la rassurait au fond d'elle même.

Le patronus de la jeune Abigèl descendit du lit et s'approcha de la sorcière, effleurant l'enveloppe avec le bout de son museau.

«_C'est une lettre de ma grand mère, comme tu le sais chaque année nous devons nous retrouver à Noël, sourit-elle
_Quelle ironie, je sens qu'il y a aura que des tensions encore une fois...
_Cesse dont aussi de te plaindre, tu sais à quel point j'adore les retrouver et... Je ne suis pas d'accord. La famille Aymslowe est unie et... argumenta la jeune sorcière.
_Ne fais pas l'aveugle, pas avec moi !  lui répondit fermement Artémis.»

Abigèl la dévisagea longuement et n'osa pas ouvrir la bouche sachant que son patronus allait toujours trouver quelque chose à répliquer. Cette dernière n'aimait pas qu'on souligne les défauts de sa famille, elle représentait tellement à ses yeux et ne souhaitait que sa réussite. La jeune brune est l'aînée de tous les enfants de la famille, toutes branches confondues et possède un rôle de mère protectrice pour chacun de ses frères et soeurs, cousins et cousines. Elle était proche de chacun d'eux et n'hésitait pas à partager un petit moment avec chacun. Commençant par ses frères jumeaux, Konràd et Kilian, qu'elle n'hésite pas à stopper lorsque leurs tempérament et leurs comportements dépassent les limites; ou elle n'hésite pas à mettre sa petite soeur Auriane sur le devant de la scène, la trouvant trop calme et l'aidant à affirmer son caractère. Abigèl se montre présente aussi pour ses cousins notamment Duncàn en encourageant son intégration dans la famille, ou encore Machar et Sinéad, mais également son cousin Megan. Abigèl lui accorde une attention particulière lorsqu'ils ont la possibilité de passer des moments ensemble. Etant le seul sang-mêlé reconnu de la famille, elle tente de montrer au mieux son soutien envers lui.

Cette dernière les considère tous et toutes comme une branche essentielle de l'arbre constituant la famille, contrairement à certains membres de sa famille qui n'hésite pas à montrer leur préférence.

«_C'est surtout ta grand mère justement que tu devras affronter... lâcha Artémis.
_L'affronter ? Je lui dirais juste ce qui ne me plait pas. Je ne la crains pas, je suis la seule à oser lui dire ce que je pense clairement, soupira-t-elle.
_Peut-être a t-elle trouver encore une idée saugrenue pour te faire marier, après tout ça fait un super cadeau de Noël ! se moqua son patronus.
_Oh la ferme ! »

Abigèl chiffonna la lettre et la balança sur la figure de son patronus qui lâcha un grognement mécontent. Une colère noire avait gagné la jeune sorcière, Artémis savait que sa remarque avait touché le point faible d'Abigèl. Le mariage était bien le sujet à éviter avec la jeune sorcière, cela faisait référence à un douloureux de son passé, la seule fois où elle s'était autorisée à aimer elle en fut vite détruite. C'était à la rentrée de septembre 1980, l'arrivée à la gare c'était parfaitement bien déroulée, elle était même enjouée de retrouver celui qui lui avait été promis. Il était là devant elle, un sourire radieux sur les lèvres se remémorant leurs fiançailles proclamées il y avait peu de temps. Mais c'est lorsque le départ du Poudlard Express fut annoncé que son fiancé, se tenant devant elle, perdit son sourire et tout deux durent faire face à l'attaque qui avait été lancée.  William avait perdu la vie devant ses yeux, et elle ignorait qui étaient réellement les coupables de ce crime qui l'avait rendue vulnérable. La jeune femme garda son fort caractère devant sa famille qui depuis s'empresse de lui chercher un futur mari pour garantir la lignée pure de leur sang.

Abigèl ouvrit l'un de ses tiroirs et en sortit une petite boîte dans laquelle se trouvait cette fameuse bague de fiançailles qu'elle n'avait jamais réussi à jeter. Cet évènement l'avait énormément marquée, plus que tout ce qu'elle avait pu vivre, cela représentait sa plus grande faiblesse. Si une personne osait ouvrir la bouche pour lui en parler, elle serait capable de n'importe quoi pour la faire taire.

Elle secoua légèrement la tête pour ne pas se laisser envahir complètement par l'émotion et jeta un coup d'oeil par la fenêtre. Remarquant qu'il était tard, elle se leva et fit signe à son patronus de la suivre. «_On va aller manger, je vois bien que tu commences à avoir les crocs, dit Abigèl en souriant légèrement ».