Des orbes d'un singulier bleu presque limpide s'ouvrent sur un monde obscur où la neige n'est pas un spectacle pur mais simplement cette atroce chose glacée qui n'a pour but que de mordre ceux qui la touchent. Enfant calme aux habitudes étranges, Meallán se retrouve cloitré dans un monde sans sourire où un rire est le coût d'une moquerie incisive. Il est jeune et pourtant il parle si peu. Sa maman n'est pas souvent là et lorsqu'il se crochète à l'une de ses jambes dans l'espoir d'une quelconque marque d'affection, il ne reçoit qu'une petite caresse dans sa soyeuse tignasse sombre, accompagnée de quelques mots qu'il entend chaque jour, "je dois y aller, chéri." Et Henriette prend soin de lui pendant qu'il dessine. Il n'est pas en âge de comprendre pourquoi il faut que sa maman quitte l'appartement pour "aller travailler". Il dit toujours à Henriette que c'est nul le travail, qu'il enlève sa maman et qu'il lui en veut. Jusqu'à l'âge de cinq ans, Meallán reste un enfant taciturne et observateur. Il ne pleure que lorsque sa mère refuse de répondre à ses questions. Il est un peu plus intelligent que la moyenne mais ce n'est pas un génie. Enfant à la beauté séraphique, il attire les regards et les jalousies. À la maternelle, il n'aime pas les filles. Elles lui courent après en criant son nom, il n'aime vraiment pas ça. Et les garçons sont distants avec lui, souvent violents. Il ne les aime pas non plus. Il n'aime que la maîtresse, elle est douce, elle ne parle pas fort, elle ne crie pas. Il aime sa quiétude.

C'est par une triste journée d'un printemps qui débute on ne peut plus froidement, qu'elle arrive. Une petite fille aux billes bleues. Sa maman lui explique que c'est Slaine, sa petite cousine et qu'elle vivra avec eux, dorénavant. Inexplicablement, il est content. La petite fille attise quelque chose en lui qu'il ne peut identifier tout de suite. C'est au fil du temps qu'il se rend compte qu'il a un instinct naturellement protecteur envers elle. Il a très vite aimé sa petite cousine et a vu en elle, une sorte de lueur dans le gris, un trou dans les nuages menaçants. Meallán s'ouvre un peu plus au monde. Il parle plus, surtout à Slaine. Il la rassure comme il se rassurait seul quand il avait peur dans le silence de la solitude. Plus d'Henriette, seulement une Slaine qui grandit avec lui et de laquelle il devient inséparable. Au fil des ans, il voit de moins en moins sa mère et il sait de plus en plus comment agir chaque jour. Il apprend à se passer de sa mère et à la place, il prend soin de sa petite cousine. C'est ce qu'il y a de plus important pour lui. Il voudrait la protéger du monde entier mais la dureté de leur environnement ne le lui permet que peu. Il fait son maximum, cependant. Il lui fait à manger, frotte son visage quand elle est sale, la borde le soir. Slaine est comme sa sœur. Il lui donne plus qu'il ne se permet d'avoir.
Dans les bas-fonds de Londres, les enfants sont durs entre eux. Il ne fait pas bon traîner trop tard dans les rues et trop loin des aires de jeux. Meallán essaye très vite de s'imposer. Il ne se démonte pas quand qui que ce soit semble néfaste à Slaine. Courageux et intrépide, il la défend même si la petite fille prend très vite en caractère et tout comme lui, tient tête à ceux qui tentent de les assujettir. C'est dans ces rues qui sont les tristes reflets des prolétaires qui les arpentent, qu'ils rencontrent Aleksandar, un garçon d'un an le cadet de Meallán. Ce dernier lui trouve un quelque chose de particulier sans jamais arriver à mettre le doigt dessus. Comme avec Slaine, il s'est tout de suite attaché à Aleksandar et a rapidement éprouvé un certain besoin de le protéger mais c'est un petit dur de l'orphelinat. Il peut donc largement se débrouiller seul. Aleksandar s'est rapidement inscrit dans leurs vies comme le troisième mousquetaire et Meallán l'a intégré comme un membre de sa famille. Il compte autant que Slaine. Ensemble, ils firent les quatre cents coups. Ensemble, ils étaient forts, insupportables et avaient un don incurable pour se fourrer dans les ennuis. Puis vient Andréas. Avec lui c'est différent. C'est Slaine qui l'a ramené et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il complète à merveille le groupe. Andréas réveille quelque chose que Meallán ne connaissait nullement de lui-même ; son côté joueur. Il est particulièrement agité en présence d'Andréas mais il aime sa manière de toujours trouver un défi à lui lancer, quelle que soit la situation. Andréas le stimule.

C'est avec une curiosité et un émerveillement coupable que Meallán reçoit cette lettre cachetée. Il apprend alors qu'il va aller à Poudlard, l'école de magie et il est partagé entre une excitation indicible et une inquiétude indescriptible. Il ne veut pas laisser Slaine seule. Pas plus qu'Aleksandar ou Andréas. Sa vie est dans ces rues rongées par la misère, c'est indiscutable. Pourtant, il est forcé d'y aller. Il découvre un univers totalement incroyable. Il n'y a pas de mots pour le décrire, c'est tellement loin de la triste vie qu'il menait à Londres. Pourtant, il n'arrive pas à profiter de toute cette magie. Il est rongé par l'anxiété et presque chaque jour, il écrit des lettres à sa cousine. Et il rentre à chaque vacance qui leur sont offertes. Il a même une certaine tendance à faire des conneries aussi grosses que lui dans le désir secret d'être exclu pour rejoindre sa famille hors de ces murs.

Ce n'est que lorsque Slaine, Aleksandar et Andréas le rejoignent à Poudlard qu'il se sent près à profiter de ce que les études de la magie peuvent leur offrir. Les années peuvent s'écouler à leur gré s'il est proche de ses amis, de sa famille. À Poudlard, Meallán est un élève borné et peu enclin à se plonger dans les bouquins. Téméraire et récalcitrant, il s'inscrit parmi les élèves comme un récurrent petit chahuteur, récoltant ainsi de nombreuses punitions et pas toujours très agréables. Ses nouvelles acquisitions de maitrise en magie lui laisse découvrir un panel extraordinaire de farces et il trouve en cela une réelle légèreté, bien loin de ce qui l'attend à Londres à chaque fois qu'il rentre avec Slaine. Meallán enchaîne les conneries sans pouvoir s'en empêcher et s'il se calme légèrement au fil des ans dans l'enceinte de l'école de magie, à Londres, il se surpasse mais pas réellement pour le plaisir.
Les temps sont rudes quand il faut rentrer l'été et sa mère peinant déjà à subvenir à ses propres besoins en médicaments, ne peut décemment les faire vivre. Alors, il faut bien se procurer de l'argent et ce par tous les moyens. Meallán est prêt à tout pour nourrir sa cousine. Du vol, en passant par des combats de rues, ou encore des petits boulots pour des raclures peu fréquentables, Meallán se noit dans les ennuis, chez les Moldus, entraînant parfois Slaine avec lui. Il voudrait une meilleure vie pour elle mais il est bien moins optimiste qu'elle. Dans ces rues pourries jusqu'à l'os, aucune alternative ne semble se présenter sous un jour ensoleillé et il ne conçoit pas de pouvoir un jour abandonner sa mère. Qu'elle ait été absente pendant la quasi-totalité de son enfance ne change pas le fait que ce soit sa mère. Et si dans sa dépression, il semble impossible de l'aider, il aimerait au moins lui donner les moyens de vivre mieux.

Dans l'enceinte de l'école, ça devient de plus en plus chaotique. Meallán a toujours mis un point d'honneur à faire mine de ne pas le voir mais la discrimination qui règne dans l'enceinte de l'établissement plus le danger constant en dehors de ses murs est plus qu'inacceptable. Et ce n'est que quand sa cousine et ses amis en souffrent lors d'attaques répétées de la part des Mangemorts que Meallán prend de nouvelles résolutions, s'impliquant bien plus dans ses études secondaires en offensive magique. Il acquiert un but et un seul ; devenir Auror pour protéger les personnes qui lui sont chères même si en attendant, il ne peut s'empêcher d'entraver le règlement pour des bêtises, voulant préserver la part d'insouciance qu'il entretient en faisant de la magie. D'autres fois, c'est en se faufilant dans des endroits où il ne devrait pas être afin de glaner des informations sur Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, qu'il marche à contre-sens des règles instaurées. Quelles qu'en soient les raisons, Meallán n'est pas fait pour respecter les règles et il est capable de tout et n'importe quoi pour protéger les personnes qu'il aime parce que c'est le plus important et que ça passera toujours avant lui-même et avant tout le reste.