Nom: Blumenthal, un nom allemand de pure souche et plein de poésie, qui pourrait se traduire par “vallée fleurie”. Prénom: Kaspar, Dieter, Aurelius. Il n'utilise que le premier, et encore, même pas en entier. On l'a plus ou moins toujours surnommé Kai, au point que certaines personnes ne savent même pas quel est son prénom complet, et il s'en accommode parfaitement. Âge et Date de Naissance: Il est âgé de cinquante-deux ans et est né le vingt-deux juin 1929 à Bremerhaven, en Allemagne. Nature du sang: Né-moldu. Situation familiale: Kai vient d'une vieille famille juive de l'aristocratie allemande moldue. Il avait un frère aîné, Karlemann, plus âgé de quatre ans et une sœur aînée, Ava, plus âgée d'un an ; mais ils sont morts tous les deux, de même que ses parents. Il a grandi chez sa tante, à Londres, et cette dernière y réside toujours, dans une grande maison à Notting Hill. Il est resté très proche d'elle et ils continuent d'échanger des lettres régulièrement, malgré le fait qu'ils ne puissent se voir souvent à cause de l'emploi du temps chargé de Kai. Il avait aussi quelques cousins éloignés qu'il n'a pas vu depuis des dizaines d'années, il ne sait pas s'ils sont encore en vie. Il a également été brièvement marié. Patronus: Il prend la forme d'un renard argenté. Miroir du Rised: Il s'y voit en compagnie d'une femme aux longs cheveux roux, elle sourit, leurs doigts s'entrelacent avec tendresse et elle dépose un baiser sur sa joue. Epouvantard: Il prend la forme d'une silhouette noire au visage indistinct et au corps décharné, de laquelle émanent de longs sanglots étouffés. Elle est de celles qu'il retrouve dans ses cauchemars, nuit après nuit. Amortentia: Un curieux mélange alliant l'odeur iodée de la marée, le parfum du lilas et du thé Earl Grey et l'odeur du parchemin neuf. Composition de la baguette magique: D'un blanc laiteux et finement ciselée, on la croirait faite d'os. Elle mesure vingt-sept centimètres et est taillée dans du bois de tremble – un bois réputé pour choisir des sorciers présentant une prédisposition pour le duel et destinés à briller dans ce domaine, des esprits forts et déterminés aspirant à un ordre nouveau. Elle est particulièrement rigide et contient en son cœur un crin de licorne. Emploi: Après avoir terminé son cycle d'études secondaire et obtenu son diplôme d'offensive magique avec les notes maximales, Kai a rejoint le bureau des aurors au Ministère de la Magie. Ancien Serdaigle, sa soif d'apprendre, son assiduité et son désir de faire ce qui était juste l'ont accompagné tout au long de sa formation et il s'est avéré être l'une des recrues les plus douées de sa génération. Il exerce donc le métier d'auror depuis maintenant vingt-six ans. Il a été affecté à la surveillance de Poudlard en septembre 1979, suite à l'attaque des mangemorts à Belize. Animal de compagnie: Il a nourri une fois un chat errant qui traînait devant sa maison et depuis ce dernier n'a plus jamais voulu le quitter, si bien qu'il a fini par le recueillir pour de bon. Elle s'appelle Mittens – à cause de son pelage noir et du bout de ses pattes qui est blanc – et l'accompagne depuis qu'il est à Poudlard, il n'a pas eu le cœur de la laisser chez lui.
Caractère
Kai est l'incarnation même du dicton “l'habit ne fait pas le moine”, sous ses airs d'auror acariâtre toujours tiré à quatre épingles, derrière son visage aux traits durs, ses yeux perçants et son accent rugueux, se cache une personnalité beaucoup plus douce qu'il n'y paraît. C'est une apparence qu'il se plaît à entretenir, cependant, il sait qu'il a un physique intimidant et il en joue. • Manipulateur, il ne l'est pas tant que ça, juste un peu. Juste assez pour que cela lui soit utile dans son métier. Il est fin et observateur, si bien que le Ministère requiert assez souvent ses services lors des interrogatoires de mangemorts. • Curieux de tout et rêveur – presque utopiste, diraient certains, c'est un homme très ouvert d'esprit. Contrairement à la plupart des gens dont le réflexe premier est d'avoir peur de l'inconnu et de le rejeter, lui préfère essayer de le comprendre. Il est pour la différence chez les autres, même si paradoxalement il a beaucoup de mal à accepter la sienne. • Solitaire, il ne rejette pas la compagnie des autres mais ne la désire pas particulièrement non plus. Il n'aime pas ni la foule ni les bavardages intempestifs, et préférera toujours aux soirées mondaines ou à l'agitation fiévreuse de la grande salle le silence de la bibliothèque ou la quiétude de la campagne environnant Poudlard. • Passionné, il aime son métier plus que tout au monde, même si ce dernier l'a souvent beaucoup éprouvé. Il ne parle que très rarement de ce qu'il a vécu, mais les cicatrices qui bardent sa peau parlent pour lui. • Appliqué, Il ne renonce pas facilement et il est loin d'être adepte du “vite fait, mal fait”, il ira toujours au bout des choses et essayera toujours de faire en sorte que ce soit bien fait, c'est cette qualité décisive qui a convaincu le Choixpeau de l'envoyer à Serdaigle. Son assiduité lui a valu nombre de fois les honneurs et les félicitations de son patron. • Véritable bourreau de travail, c'est un auror particulièrement consciencieux. Il a sans doute passé au cours de sa vie plus de temps dans son bureau au Ministère ou bien sur le terrain que chez lui. Il se jette corps et âme dans le travail pour oublier ses problèmes et préfère les reléguer dans un coin de sa tête, ce n'est plus vraiment une qualité quand ces derniers lui reviennent en pleine figure parce qu'il les a ignorés trop longtemps. • Désabusé, on aurait presque l'impression que tout ce qu'il y avait de candeur en lui a disparu au fil des années. De par son passé et son métier, il a vécu et vu des choses difficiles et s'est construit au fil du temps une carapace pour se protéger. Ses collègues le disent insensible, et parfois il aimerait que ce soit vrai, mais ce n'est qu'une façade. • Vindicatif à l'extrême, il voue à l'égard des mangemorts une haine si féroce qu'il faudrait plus que des mots pour réussir à l'exprimer. C'est en grande partie la raison pour laquelle il est aussi dévoué à son métier et efficace. Là où les autres finissent par renoncer, lui ne connaît pas de repos, à tel point que son entourage se demande parfois si cela ne frise pas l'obsession. • Grognon, il râle pour à peu près tout et n'importe quoi et possède un caractère difficile quand on n'y est pas habitué. Il lui arrive bien souvent d'envoyer sur les roses les gens qui essayent de lui parler, avant même qu'ils aient le temps de dire quoi que ce soit. • Secret, il n'est pas exactement le genre d'homme à se confier aux autres et il faut bien souvent lui tirer les vers du nez pour savoir ce qu'il pense réellement. Très pudique lorsqu'il s'agit de ses émotions et de ses sentiments, il se cache derrière une apparence froide, presque hargneuse, préférant passer pour quelqu'un d'odieux plutôt que d'avouer ce qu'il ressent. Mais lorsque l'on sait comment le prendre, que l'on arrive à gagner sa confiance, on réalise bien vite que sous ses airs de vieil ours grincheux, il a un bon fond. • Sarcastique, il n'a pas sa langue dans sa poche lorsqu'il s'agit de critiquer ou d'ironiser, à tel point qu'on en vient à se demander parfois s'il plaisante ou s'il est sérieux. • Loyal, il n'a pas une pléthore d'amis mais il tient à eux – même s'il ne sait absolument pas comment le montrer – et leur est fidèle, de même qu'il est extrêmement respectueux de la hiérarchie.
Patronus
Kai est bien trop vieux pour avoir été touché par le sortilège raté du Ministère. Il n'a donc pas la chance – ou plutôt la malchance, d'après lui – d'avoir vu son patronus apparaître à ses côtés, et il ne s'en porte pas plus mal. Il a toujours pensé que ce fiasco magique était sans doute la pire bourde commise par le Ministère depuis sa création, et il s'en mord d'autant plus les doigts depuis qu'il a été envoyé à Poudlard pour assurer la sécurité du château. Comme si le fait de devoir surveiller des gamins ne suffisait pas, le voilà maintenant obligé de surveiller aussi leurs patronus, et Merlin sait qu'ils sont nombreux et indisciplinés. Son propre patronus prend la forme d'un renard argenté, symbole de ruse, de discernement et de vivacité qui lui correspond particulièrement bien. Mais il n'a pas eu l'occasion de le voir depuis longtemps. La première et dernière fois qu'il a réussi à lancer le sortilège était lors de sa formation d'auror, il y a presque vingt-quatre ans de ça. Il avait beau être un élève très doué, il n'a jamais réussi à obtenir un patronus corporel durant sa scolarité, faute de trouver un souvenir heureux assez puissant. Il n'est même pas sûr de pouvoir encore y arriver, après les événements survenus dans sa vie au cours des dernières années. Mais heureusement pour lui, il n'a pas réellement besoin de ce sort dans la vie de tous les jours.
Pseudo et âge: Mister Hyde, 118 ans en âge vampirique () Où as-tu trouvé le forum ? Dans le collant rose d'Orpheus. Personnage: Inventé, refonte d'un ancien personnage. As-tu un autre compte sur BP ? Non, absolument pas. Alister, Léonard et Orpheus, les plus beauxPrésence: BP c'est ma maison et j'ai un emplacement de tente attitré sur la cb depuis 3 ans. Une remarque ? Vous êtes fab, je vous aime gros comme ÇA (imaginez quelque chose de gros. Genre... un éléphant. Ou un tractopelle) et big up à la team vampires
Dernière édition par Kai D. Blumenthal le Lun 20 Mar - 15:44, édité 15 fois
C'était une belle journée. Onze heures du matin venaient de sonner au vieux clocher de Bremerhaven, et le jeune Kai, alors âgé de dix ans, avait momentanément échappé à la surveillance de ses parents pour se glisser dans le petit jardin qui entourait leur maison, à quelques mètres à peine de la plage. Un livre à la main, il s'était laissé tomber dans l'herbe encore humide de rosée et s'était aussitôt plongé dans sa lecture, profitant de ces quelques instants de répit où il n'entendait pas ses parents se chamailler ni son frère et sa sœur lui chercher des noises. Une légère brise marine soufflait et venait désordonner les cheveux blonds du petit Allemand, apportant avec elle une odeur salée d'iode en provenance du port. Absorbé par son roman, il n'entendit pas les pas de son grand frère Karlemann se profiler derrière lui. Ce ne fut que lorsque son livre lui fut violemment arraché des mains qu'il se retourna en sursaut, et son cœur se serra lorsqu'il distingua au dessus de lui la massive silhouette de son aîné. Les deux garçons ne s'étaient jamais entendus. Kai était aussi timide et silencieux que Karlemann était braillard et turbulent, et ce dernier prenait toujours un malin plaisir à martyriser son petit frère qui était bien trop chétif et timoré pour se défendre. « Qu'est-ce que tu fous le nez plongé dans ton bouquin ? Encore ces conneries de science-fiction, je parie. » Le ton du plus vieux était railleur, tandis qu'il secouait le livre avec dédain. Kai se redressa, osant à peine croiser le regard moqueur de son frère. « Rends-le moi. » marmonna-t-il d'une petite voix en tendant faiblement la main. Mais ça n'allait pas être aussi facile, il connaissait trop bien Karlemann. Ce dernier se contenta de s’esclaffer. « Tu peux toujours rêver. T'en as pas marre, d'être toujours en train de lire ? » Il gratifia le jeune garçon d'une violente bourrade dans l'épaule. Ce dernier esquissa une grimace de douleur mais ne se démonta pas pour autant. « Rends-le moi. » répéta-t-il avec plus d'assurance. Il savait parfaitement comment cela allait finir. « Qu'est-ce que vous faites ? » Une voix féminine vint les interrompre. Ava s'était aventurée à son tour dans le jardin et avait rejoint ses deux frères. Les mains sur les hanches, elle darda sur eux un regard sévère, les dévisageant tour à tour. Elle ne tarda pas à comprendre la situation en voyant le livre dans les mains de son aîné. « Oh, Karly ! Rends-le lui, il ne t'as rien fait ! » Piailla-t-elle sur un ton de reproche. Le concerné ricana de plus belle. « Je ne crois pas, non. Qu'est-ce que tu dis plutôt de ça ? » Et à ces mots, il ouvrit le livre et en arracha une poignée de pages, qu'il laissa s'envoler dans le vent. Kai se raidit, son sang ne fit qu'un tour et avant même qu'il ne se rende compte de ce qu'il était en train de faire, il s'était déjà jeté sur son frère. Il commença à le bourrer de coups, les poings serrés et la rage au ventre. Karlemann laissa échapper un grognement et une expression éberluée éclaira brièvement son visage. Mais il ne tarda pas à se reprendre, la surprise laissa bientôt place à la haine et il asséna à son jeune frère une claque monumentale qui lui fit perdre l'équilibre. « Karly, stop ! Arrête ! » Ava tenta tant bien que mal de se mettre entre les deux garçons pour protéger son petit frère, mais le plus âgé la repoussa brutalement. « C'est entre lui et moi. » cracha-t-il entre ses dents, avant d'attraper Kai par le col de sa chemise, prêt à le frapper à nouveau. Le garçon, la lèvre fendue et le visage en sang, planta férocement ses yeux bleus dans ceux de son frère. Il était littéralement mort de peur, mais quelque chose au fond de lui lui dictait de ne pas baisser les yeux, défiant silencieusement son tortionnaire. Karlemann leva le poing, mais au moment où il s’apprêtait à frapper une seconde fois, l'incroyable de produisit. Un éclat s'alluma dans les prunelles azur de Kai et une armée de ronces sortit brusquement de terre pour aller s'enrouler autour des bras et des jambes de Karlemann qui, dans un mouvement de recul, lâcha la chemise de son frère. Ce dernier s'affala dans l'herbe et regarda avec ahurissement son aîné hurlant de terreur se débattre au milieu des plantes qui continuaient de grandir, l'emprisonnant entre leurs mailles épineuses. Il n'avait aucune idée de ce qui était en train de se passer, mais il sentait confusément un sentiment nouveau s'emparer peu à peu de lui. Il se sentait plus fort, plus puissant, quelque chose en lui venait de changer irrémédiablement.
* * *
Freitag, den 22. Juni 1939
Cher journal, j'ai toujours voulu avoir un journal à moi pour écrire tout ce que je pense, alors voilà, je profite que tu ais été mon cadeau d'anniversaire cette année pour commencer maintenant. C'est pratique que j'ai un journal maintenant, parce que je n'ai personne à qui parler et j'ai vraiment beaucoup de choses à dire. Ma vie est en train de prendre un tournant inattendu, c'est à la fois excitant et terriblement effrayant. Il faut que je te raconte ! Il m’est arrivé un truc incroyable il y a quelques mois, je n'arrive pas à arrêter d'y penser et je n'ai personne avec qui je peux en parler à part toi. J'étais assis dans le jardin en train de lire, comme je fais souvent quand je veux être tranquille, et là Karlemann est arrivé. Il était venu pour m'embêter, comme d'habitude. Sauf que cette fois, je ne me suis pas laissé faire. Au moment où il allait me frapper, j'ai prié très fort pour que quelque chose se passe, n'importe quoi pour me sortir de là. Et tu ne devineras jamais... Pile à cet instant, des tas de ronces sont brusquement sorties de terre pour s'enrouler autour de lui. C'était merveilleux, j'ai encore du mal à réaliser que je n'ai pas rêvé. C'est quelque chose que je n'arrive pas à expliquer ni à comprendre. J'ai la sensation étrange de ne plus être le même qu'avant, comme si quelque chose qui était enfoui en moi depuis toujours s'était enfin réveillé. Et ce n'est pas la seule chose bizarre qui s'est produite depuis. J'arrive à faire faner les fleurs de Maman rien qu'en les touchant, je ne fais même pas exprès, et puis parfois quand je rentre dans une pièce les lumières sautent toutes seules. Je ne sais pas ce que c'est qui fait ça, mais c'est génial ! Ça me donne un peu l'impression d'être comme les super-héros dans les livres que je lis. Par contre, on dirait que ça fait très peur à toute ma famille. Papa se montre étrangement distant maintenant et Maman pleure beaucoup, il n'y a qu'Ava qui n'a pas changé de comportement envers moi. Du coup, je ne l'ai pas dit à mes copains à l'école, je n'ai pas envie qu'eux aussi aient peur de moi et me mettent à l'écart. Le seul avantage dans tout ça, c'est que Karlemann refuse de m'approcher maintenant, au moins j'ai la paix.
Dienstag, den 13. Juli 1939
Cher journal, je t'écris ces lignes depuis la terrasse de la maison de tante Ida, à Londres. C'était la première fois que je prenais le bateau tout seul, c'était un peu effrayant. Je suis arrivé tout à l'heure, en début d'après-midi, elle avait l'air vraiment contente de me voir. Elle m'avait manqué, ça faisait des années que je ne l'avais pas vue. Et l'autre dame qui habite avec elle est très gentille, et elles ont aussi un petit chien adorable qui s'appelle Winston. Je vais habiter ici, maintenant. Je n'avais pas très envie de partir, mais on ne m'a pas laissé le choix. Ce n'est pas que je n'aime pas tante Ida, mais... Londres, ce n'est pas chez moi. Papa dit que c'est mieux pour moi que j'aille vivre en Angleterre, parce que nous sommes en guerre maintenant, mais je sais que ce n'est qu'un prétexte. Je sais qu'il dit ça parce qu'il a honte de moi, parce que je suis différent. S'il se souciait véritablement de notre sécurité, on serait tous partis ensemble, ou bien il aurait au moins envoyé Karlemann et Ava avec moi. Mais non, eux ils ont le droit de rester à la maison. C'est pas juste, j'ai pas choisi qu'il m'arrive des trucs bizarres, moi.
Samstag, den 20. August 1939
Cher journal, malgré le beau soleil qu'il y a aujourd'hui, j'ai un peu le cafard. La maison est très belle, très grande et le jardin est encore plus beau que celui que j'avais en Allemagne, mais je ne m'y fais pas. J'ai du mal à m'habituer à Londres. Il y a tellement de bruit, tellement de monde, tellement de choses à voir, ça me donne le tournis. Bremerhaven me paraît si tranquille à côté. Et dire que j'ai osé prétendre que je m'y ennuyais... Maintenant, cela me manque terriblement. Je me demande si je pourrai y retourner un jour... En plus, ici en Angleterre, j'ai un mal fou à comprendre ce que les gens disent, ils parlent beaucoup trop vite et ils ont un accent. Mais bon, ils sont gentils, alors ça va, je suppose. Sarah (l'amie de tante Ida) m'a emmené au marché de Portobello Road, ce matin, et elle m'a même laissé tenir la laisse de Winston. C'était chouette, même si j'avais un peu peur à cause de tout ce monde. L'air embaumait les épices et les fleurs, c'était très agréable, et le marchand de confiseries m'a même offert une pomme d'amour en disant que j'étais adorable. Et puis quand on est rentrés, tu ne devineras jamais... Il y avait une lettre pour moi ! C'est la première fois que quelqu'un m'écrit. Et ce n'était pas n'importe quelle lettre, je n'en ai pas cru mes yeux en la lisant, au début j'ai cru à une blague. Mais j'ai vite compris que c'était très sérieux. Je suis admis dans une grande école à la prochaine rentrée, qui s'appelle Poudlard. Et surtout... Je suis un sorcier ! C'est tellement incroyable, j'ai encore du mal à réaliser ce qui m'arrive. Et pourtant... Cela expliquerait beaucoup de choses. Toutes ces choses bizarres qui m'arrivent, depuis l'accident avec mon frère il y a quelques mois. Je pensais que j'étais juste... pas normal, que j'avais un problème, mais il semblerait qu'il y ait finalement une explication à tout ça. Tante Ida et Sarah ont eu l'air très surprises en lisant la lettre, mais elles n'ont rien dit, elles ont l'air contentes pour moi. J'ai vraiment hâte de découvrir cette fameuse école ! Dans la lettre, ils disent aussi qu'un professeur se présentera à la maison pour venir m'expliquer le fonctionnement de l'école et m'aider à acheter mes fournitures, j'espère qu'il sera là bientôt, je n'en peux déjà plus d'attendre !
Donnerstag, der 1. September 1939
Cher journal, ça y est, je suis bien arrivé à Poudlard ! C'était le voyage le plus incroyable que j'ai jamais fait ! Tante Ida et Sarah m'ont accompagné à la gare, mais elles ne pouvaient pas venir avec moi jusqu'au quai pour voir le train, comme elles ne font pas de magie. J'étais un peu triste, mais c'est pas trop grave. Sur le coup, j'ai eu très peur de ne pas réussir à passer la barrière magique, même si le professeur qui est venu à la maison quelques jours plus tôt m'a bien expliqué comment faire. Mais finalement ça a été. Le Poudlard Express est absolument magnifique, je n'avais jamais vu un train aussi gros et aussi beau, aucun rapport avec les vieilles locomotives toutes sales de la gare de Bremerhaven. Je suis sûr que Karlemann aurait adoré voir ça, lui qui aime tant les trains. J'avais hâte d'arriver à l'école pour pouvoir me servir de ma baguette, elle est vraiment très belle. Monsieur Ollivander m'a expliqué qu'elle est en bois de tremble et qu'a l'intérieur il y a un crin de licorne. Tu te rends compte, une licorne ! Je suis trop fier. Il a aussi dit que ce genre de baguette a tendance à choisir des sorciers destinés à être très doués en duel, j'espère que je le serai vraiment, ce serait génial ! J'ai l'impression que le trajet est passé tellement vite, on a beaucoup roulé dans la campagne, j'ai pu regarder le soleil se coucher au milieu des collines, c'était beau. Oh, et aussi, je me suis déjà fait un ami ! Il est venu s'asseoir dans mon compartiment parce qu'il y avait trop de monde dans les autres. Il s'appelle Arthur, il habite aussi à Londres, il est vraiment gentil. Il connaît le monde sorcier bien mieux que moi, du coup j'ai passé presque tout le voyage à lui poser des questions, ça a eu l'air de beaucoup l'amuser. Il faisait nuit quand on est enfin arrivés, la traversée du lac sur les barques magiques était vraiment très chouette. Et le château... Je crois que c'est probablement la plus belle chose que j'ai vue de toute ma vie. Je ne saurais même pas le décrire tellement il est incroyable. Je ne te cache pas que j'avais un peu peur au moment de la répartition, j'avais lu beaucoup de choses sur les différentes maisons après avoir acheté mes manuels scolaires, mais je ne savais pas du tout laquelle m'irait le mieux. Au final, je suis à Serdaigle, la maison des érudits. Je ne sais pas si ça me correspond vraiment, mais en tout cas je compte bien tout faire pour. Notre salle commune est vraiment magnifique. Je suis un peu triste parce que je ne suis pas avec Arthur, il a été envoyé à Poufsouffle, mais ce n'est pas grave, ça ne nous empêchera pas de nous voir. J'ai vraiment hâte que les cours commencent, toutes les matières ont l'air si passionnantes, il me tarde de faire véritablement de la magie.
Montag, den 25. November 1941
Cher journal, je suis désolé de ne pas avoir écrit depuis tout ce temps, mais figure-toi que je t'avais totalement oublié... Je t'ai retrouvé par hasard en rangeant ma valise. Je n'avais pas trop la tête à écrire, ces derniers temps, je suis très concentré sur les cours. Je suis déjà en troisième année, ça passe vite. Je n'ai eu que des bonnes notes pour l'instant, tante Ida et Sarah sont très fières de moi. J'ai reçu une lettre de Maman ce matin, au petit-déjeuner. Elle m'a écrit qu'elle, Papa, Karlemann et Ava ont dû quitter la maison, mais elle ne m'a pas expliqué pourquoi. C'est curieux, mes parents ont toujours adoré cette maison, je ne vois pas pourquoi ils ont soudainement voulu en changer. Elle m'a aussi envoyé une photo de toute la famille, ils ont l'air en bonne santé, mais je ne sais pas pourquoi, je trouve que leurs sourires sonnent faux. Je me fais sans doute des idées. J'ai remarqué un détail étrange, aussi. Ils ont tous les quatre une sorte d'étoile sur la poitrine, je n'ai aucune idée de ce que c'est. Peut-être que c'est la mode en ce moment ? Je crois que j'ai un peu perdu l'habitude du monde moldu et de ses coutumes, depuis que je suis à Poudlard. Enfin, ce n'est pas important. Ils me manquent... J'aimerais beaucoup aller les voir, mais avec ce qui se passe en ce moment, on m'a bien fait comprendre que ce n'était pas possible. Tante Ida dit que ça va s'arranger et qu'elle va faire ce qu'elle peut pour les faire venir avec nous à Londres, j'espère qu'elle va y arriver.
Sonntag, den 2. Januar 1943
Cher journal, j'ai le cœur lourd cette nuit. J'ai été réveillé par les pleurs de tante Ida. Un peu plus tôt dans la semaine, elle a reçu une lettre de Maman, dans laquelle elle expliquait qu'elle ne pourra plus nous écrire. Elle me l'avait caché pour ne pas m'inquiéter. Mais là, elle vient d'en recevoir une autre, qui dit que... Mes parents, mon frère et ma sœur ont été envoyés dans un camp de travail, quelque part en Pologne. Ça s'appelle Auschwitz, ou quelque chose du genre. Je ne comprends pas. Ils n'ont jamais rien fait de mal, alors pourquoi on les envoie là-bas ? Sarah m'a déjà expliqué que le régime actuellement en vigueur dans mon pays natal n'aime vraiment pas les Juifs. Il n'aime pas grand chose, je crois. Mais je ne comprends toujours pas... Et j'ai peur. J'espère que ma famille va bien. Je voudrais faire quelque chose, mais quoi ? Ils sont tellement loin, et même avec l'aide de tante Ida et de Sarah, qu'est-ce qu'on peut bien faire à nous trois... Je crois que je vais aller promener Winston le long de la Tamise quelques heures, je sais que je n'arriverai pas à me rendormir de toute façon.
Mittwoch, den 15. Februar 1945
Cher journal, ça y est, c'est la fin. Ou, du moins, ça ne saurait tarder. L'armée rouge est entrée au camp d'Auschwitz où se trouve ma famille, ils l'ont dit il y a quelques jours à la radio. Ils ont dit aussi que presque tous les gens qui sont passés par ce camp ont été tués. Après quelques recherches, nous avons découvert que tous les prisonniers encore en vie allaient être rapatriés à Marseille. Tu penses bien que dès que nous avons su cela, tante Ida, Sarah et moi, nous nous sommes dépêchés de nous rendre en France par le premier bateau, avec l'espoir bien trop grand que ma famille soit parmi eux. Nous avons attendu toute la journée à la gare, que le train qui ramenait les réfugiés arrive. Quand il est finalement entré en gare, j'ai cru que mon cœur allait s'arrêter tellement il battait fort. J'ai laissé tante Ida et Sarah, je me suis mis à courir au milieu de la foule et de la fumée, à chercher fébrilement un visage connu parmi tous ces gens à l'air hagard, exténué. Mais il n'y avait rien. Je ne les ai pas trouvés. Je suis resté longtemps immobile au milieu du quai, à attendre, à me raccrocher au maigre petit bout d'espoir qu'il me restait. Quand soudain, j'ai senti une main se poser sur mon épaule. Je me suis retourné et j'ai entendu une voix me dire « Monsieur, il n'y a plus personne ici, vous devriez rentrer chez vous. »
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Dienstag, den 10. September 1952
Cher journal... Je me sens vraiment stupide d'écrire "cher journal" alors que j'ai la vingtaine passée. Enfin, quoi qu'il en soit, aujourd'hui est un grand jour, il fallait que j'en laisse une trace quelque part. J'ai enfin obtenu mon diplôme ! Et avec les notes maximales, en plus. Ce n'est pas dans mes habitudes de me vanter, mais je dois dire que je suis assez fier de moi. Je crois qu'Ida et Sarah le sont aussi, ce qui me remplit de joie. Elles ont organisé une petite fête en mon honneur, il y avait même du champagne ! Quitter Poudlard, après toutes ces années, me fait mal au cœur (et un peu peur aussi, je dois l'avouer), ça va me manquer. Mais je me dis que je vais enfin faire ce que j'ai toujours voulu faire, et c'est tout ce qui compte. J'ai commencé ma formation d'auror il y a quelques jours, je m'y sens déjà comme un poisson dans l'eau. Mon mentor, Jacob, est vraiment très sympathique, et quelle classe il a ! Il doit avoir environ quarante ans je pense, il a de l'expérience, c'est un auror accompli. J'espère que je serai comme lui un jour. Mais... Il y a quelque chose chez lui qui me perturbe beaucoup. Je n'arrive pas à savoir quoi. Quand il me regarde, qu'il me félicite pour mon travail, je me sens... Bizarre. Et quand il me sourit, c'est encore pire, j'ai le cœur qui tressaute et l'estomac qui fait des nœuds. Est-ce que... est-ce qu'il se pourrait que je sois comme tante Ida ? Que ce que je ressens pour Jacob soit, d'une certaine manière, semblable à ce qu'elle ressent pour Sarah ? Non pas que ce soit une mauvaise chose, enfin je ne pense pas. Après tout, Ida et Sarah sont très heureuses ensemble, mais... Je ne sais pas. Tout est si confus dans ma tête, et ça me terrifie. J'ai peur que ça finisse par se remarquer, que Jacob me déteste et que ça ruine ma future carrière. Il ne faut pas que quiconque l'apprenne.
Freitag, den 22. August 1955
Je peux désormais ajouter une nouvelle étape franchie à mon curriculum : aujourd'hui, vingt-deux août 1955, j'ai terminé ma formation d'auror. Et avec les honneurs, qui plus est ! Jacob m'a confié que j'étais la meilleure recrue qu'il avait eu de toute sa carrière, suite à quoi je suis devenu tellement rouge qu'il a éclaté de rire. Et il m'a pris dans ses bras. C'était à la fois merveilleux et absolument horrible. Si seulement il savait à quel point il compte pour moi... J'ai failli le lui avouer à plusieurs reprises, mais le bon sens et la peur m'ont heureusement toujours retenu in-extremis. J'ai donc reçu officiellement mon insigne d'auror et suis à présent fin prêt pour partir sur le terrain, j'ai vraiment hâte ! Cependant, il y a tout de même quelque chose qui vient gâcher mon enthousiasme. Jacob a annoncé un peu plus tôt dans la journée qu'il allait prendre sa retraite, il déménage à la campagne au début de l'année prochaine pour aller s'occuper de sa femme malade et de l'enfant qu'elle attend. Ce qui signifie que j'ai peu de chances de le revoir. Cette nouvelle me brise le cœur, mais il n'y a absolument rien que je puisse faire. J'aurais voulu lui avouer ce que je ressens pour lui, si nous ne devons jamais nous revoir, autant qu'il le sache. Mais là encore, le bon sens veut que je le laisse tranquille et que je ne vienne pas troubler sa vie de la sorte. C'est sans doute mieux ainsi, je préfère qu'il emporte de moi un souvenir positif.
Donnerstag, den 15. September 1962
Je crois que je n'ai jamais été aussi stressé de toute ma vie que je le suis ces derniers temps. Depuis début septembre, je suis monté en grade et suis désormais à même de prendre des recrues en charge. Je n'ai aucune idée de si je suis assez compétent pour ça, j'ai tellement peur de faire quelque chose de travers. Heureusement, la jeune femme dont je dois m'occuper est vraiment adorable. Elle s'appelle Clarice. Elle est toujours souriante, très à l'écoute, extrêmement appliquée, bref, l'élève parfaite. Je suis persuadé qu'elle fera une excellente auror. Et puis je dois avouer que je la trouve vraiment jolie, avec ses grands yeux verts, ses longs cheveux roux et ses taches de rousseur. Je crois que... qu'elle ne me laisse pas indifférent. Mais, je ne sais pas, c'est confus. Jacob me manque toujours terriblement et le simple fait de penser à lui me tord toujours autant le cœur. Merlin sait que je donnerais n'importe quoi pour l'oublier. Je me demande si je ne devrais pas essayer d'inviter Clarice à sortir, ou quelque chose du genre, histoire de me changer les idées. Mais je ne sais même pas si elle accepterait, j'ai l'impression que l'un de mes collègues lui tourne un peu trop autour, et ça n'a pas l'air de lui déplaire. Je crois que j'ai autant de chance en amour qu'un veracrasse, je devrais sans doute laisser tomber.
Donnerstag, den 3. Februar 1966
J'hallucine. Je suis en plein délire, ce n'est pas possible autrement. Et je crois aussi que c'est possiblement le plus beau jour de ma vie. Clarice, qui est ma coéquipière depuis le début de l'année, est arrivée avec plusieurs heures de retard au Ministère aujourd'hui. Évidemment, je me suis fait un sang d'encre. Elle semblait épuisée, à bout de nerfs, et lorsque je lui ai demandé ce qui se passait, elle a littéralement éclaté en larmes dans mes bras. Elle a fini par m'expliquer qu'elle s'était violemment disputé avec Ryan le matin-même et que tout était fini entre eux. Je ne peux pas me targuer de savoir ce que ça fait de voir une relation de presque quatre ans voler en éclats, n'ayant eu pour ma part que de petites histoires qui n'ont jamais vraiment réussi à durer, plus par dépit que pour autre chose ; mais voir celle que j'aime dans un tel état me tord le cœur. Entre deux sanglots, elle m'a avoué que le sujet de cette querelle amoureuse... C'était moi. Clarice et moi avons toujours été proches, plus encore depuis que nous travaillons ensemble, et il faut croire que Ryan ne l'a pas supporté. C'est alors que l'impensable s'est produit. Je me souviens encore exactement de ses mots. « Ça fait longtemps que j'y pense, que ça me bouffe de l'intérieur, il faut que ça sorte. Ryan compte énormément pour moi, j'ai été très heureuse avec lui, mais ce n'est pas cette vie-là que je veux. C'est toi que j'aime, Kai, c'est avec toi que je veux passer le restant de mes jours. » J'ai bien cru que mon cœur allait lâcher tant il battait fort. Ces mots, combien de fois avais-je rêvé de les entendre... Quant à Ryan, il n'a pas donné signe de vie depuis.
Samstag, den 17. Juni 1967
Aujourd'hui est probablement le jour le plus important de toute ma vie, et le début d'une belle histoire, la notre. Clarice et moi, nous nous sommes mariés aujourd'hui. Il n'y avait pas beaucoup de monde, nous n'avons malheureusement tous deux pas une famille très nombreuse. Tante Ida et Sarah étaient là, bien sûr, et elles ont passé la plus grande partie de la cérémonie à pleurer dans les bras l'une de l'autre. Le soleil n'était malheureusement pas au rendez-vous, mais peu importe, ce fut tout de même le jour le plus radieux que j'ai connu. À la fin de la cérémonie, quand nous étions tous rassemblés pour porter un toast, Clarice a alors demandé le silence... Et annoncé qu'elle était enceinte. J'ai encore du mal à réaliser que tout cela est réel. J'ai une femme merveilleuse que j'aime plus que tout, et je vais être papa. Je ne savais pas qu'il était possible d'être aussi heureux.
Sonntag, den 27. Januar 1967
Je n'arrête pas de tourner en rond comme un lion en cage depuis des heures, je ne sais pas quoi faire. Clarice n'est pas rentrée, je suis terriblement inquiet. Elle m'a assuré ce matin qu'elle sortait pour faire quelques courses, malgré le fait que j'ai fortement insisté pour qu'elle reste à la maison pour se reposer, surtout que le bébé devrait arriver dans très peu de temps si l'on en croît les médicomages. Mais elle est têtue, n'a rien voulu entendre. Elle a décrété que prendre l'air lui ferait du bien et qu'elle serait de retour dans une heure ou deux. Je l'aurais accompagnée si j'avais su, mais mes obligations au Ministère m'en ont empêché. Je m'en veux tellement... J'ai tellement peur qu'il lui soit arrivé quelque chose, cette attente est insupportable. Tout ça n'a aucun sens, si elle était restée chez une amie ou quelque chose du genre, elle m'aurait envoyé un hibou, ce n'est pas son genre de disparaître sans explications. Mon angoisse est telle que j'ai fini par contacter la brigade de police magique. Ils m'ont assuré qu'ils s'occupaient aussitôt de partir à sa recherche. Pourvu qu'ils la retrouvent, je ne me le pardonnerais jamais s'il lui était arrivé quelque chose.
Mittwoch, den 12. Oktober 1968
Neuf mois déjà. Neuf mois que ma Clarice a disparu. Neuf mois que je continuais d'espérer, envers et contre tous, que je refusais d'écouter les agents de la brigade de police magique qui essayaient de me convaincre qu'il y avait très peu d'espoir que je la revoie un jour. Mais je n'ai jamais cessé d'attendre, je n'ai jamais renoncé. Cette attente fiévreuse, la terreur au ventre, le cœur au bord de l'explosion, l'esprit avide de vouloir y croire encore, tout cela rappelle à mon souvenir des choses douloureuses que j'aurais préféré oublier. Et ça y est, enfin, la nouvelle est tombée ce matin. Ils l'ont retrouvée. Ou, du moins, ils ont retrouvé ses ossements. Ils ont réussi à l'identifier après une analyse de son dossier dentaire, il n'y a aucun doute possible. J'aurais voulu pleurer, hurler, casser des choses, n'importe quoi qui puisse faire sortir le chagrin dévastateur dans lequel je suis en train de me noyer. Mais rien ne vient. Je suis incapable d’émettre le moindre son, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que coucher ces quelques lignes sur le papier et fixer mon carnet d'un œil vide. Ma vie n'a plus aucun sens, je ne sais pas ce que je suis censé faire.
* * *
Montag, der 1. September 1979
Je viens juste de retrouver ce vieux journal au fond de ma valise, je l'avais complètement oublié. Je me suis dit que ça me ferait du bien de coucher mes pensées sur le papier, en ces temps troublés. Compte-rendu de la dernière mission effectuée à Belize, Honduras, le vingt-et-un août 1979 : Ce fut un véritable massacre. De toutes les missions que je me suis vu confier en vingt-six ans de carrière, celle-ci était probablement la pire. Je ne crains pas les mangemorts, après tout j'y suis régulièrement confronté, ce sont sans doute plutôt eux qui me craignent – et si ce n'est pas le cas, ils devraient. J'éprouve l'indicible sentiment que, pour une raison inconnue, la mort semble me coller à la peau et toujours se trouver sur mon chemin, où que j'aille. On pourrait croire que j'y suis habitué, depuis le temps que j’exerce ce métier, et pourtant, j'ai toujours la boule au ventre et le cœur lourd. Ce vingt-et-un août, nous avons perdu une dizaine d'hommes, dont de très jeunes recrues – je ne sais combien avec exactitude, je n'ai pas eu le courage de lire le rapport, il traîne toujours sur ma pile de courrier à ouvrir. Edward était parmi eux. Sa disparition me tord le cœur, bien que je m'efforce de n'en rien laisser paraître. C'est moi qui l'ai supervisé tout au long de sa formation, qui lui ait appris toutes les ficelles du métier, il était comme un frère pour moi. Il était si jeune... Je ne saurais dire non plus combien de partisans du Seigneur des Ténèbres sont tombés au combat, beaucoup, je l'espère. Ces ordures ne méritent rien de mieux. Encore, s'il n'y avait que cela... Mais non, des élèves de Poudlard comptent également parmi les victimes de cette funeste nuit. La colère bout dans mes veines rien qu'à l'idée qu'on ait pu laisser une telle tragédie se produire. À l'heure où j'écris ces lignes, je suis à bord du Poudlard Express, quelque part à mi-chemin entre Londres et l'école. J'ai reçu mon nouvel ordre de mission hier : je suis affecté à la surveillance et à la protection du château pour une durée indéterminée. Je ne pensais pas y remettre un jour les pieds, je suis partagé entre une pointe de déception et une nostalgie grandissante. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le choix. Peut-être que ce changement d'air me fera du bien.
Freitag, den 22. Januar 1980
Tout était calme depuis mon arrivée au château, il y a quatre mois de cela. Beaucoup trop calme pour que cela soit durable, j'imagine. Il semblerait que les mangemorts aient une imagination particulièrement prolifique lorsqu'il s'agit de s'en prendre à Poudlard et à ses occupants. Une attaque organisée contre les gradins est survenue durant un match de quidditch hier après-midi, rien ni personne n'aurait pu le prédire. Je n'étais pas sur les lieux au moment de l'attaque, n'éprouvant aucun attrait particulier pour le quidditch, si bien que j'ai été prévenu trop tard et n'ai pas pu agir. Les coupables n'ont pas été appréhendés, mais heureusement cette fois-ci aucune perte n'est à déplorer, les élèves touchés n'ayant subi que des blessures mineures. Quelques heures plus tard, un hibou en provenance d'Azkaban m'est parvenu, relatant une évasion de mangemorts – probablement ceux qui ont attaqué les gradins la veille. Comme bien souvent, la missive du Ministère est arrivée trop tard. Je me sens impuissant et inutile, et cela me rend fou. Une rumeur court au château, selon laquelle Dumbledore envisagerait de quitter son poste. Je ne sais pas ce que nous allons faire si le seul sorcier que redoute véritablement Voldemort nous abandonne. Sommes-nous de taille à lutter contre ce fléau ? Une si grande responsabilité pèse sur nous, c'est insupportable.
Dienstag, der 1. September 1980
Encore une fois, la malchance s'est abattue sauvagement sur Poudlard et ses habitants. Cette fois-ci, ce ne sont pas les gradins qui ont subi une attaque mais le Poudlard Express lui-même. Je n'aurais jamais cru voir cela de mes propres yeux. Nous n'avons pour l'instant aucune idée des auteurs de cette nouvelle tragédie, mais le doute est dans tous les esprits. Comment ne pas penser à une nouvelle machination fomentée par le Seigneur des Ténèbres. Le wagon dans lequel je me trouvais a déraillé et s'est retrouvé plongé dans le vide, uniquement maintenu en équilibre par le dernier wagon resté sur les rails. J'ai été blessé par des éclats de verres provenant d'une fenêtre brisée, mais rien de grave. La plupart des occupants du wagon ont réussi à en sortir indemne, certains malchanceux n'ont pas eu le temps de s'extirper du wagon avant que ce dernier ne se détache pour de bon et n'aille s'écraser au fond de la rivière une trentaine de mètres plus bas. J'ai encore perdu un collègue, je n'ai rien pu faire. Une fois de plus, la mort semble marcher dans mes pas, inlassablement. Je suis encore choqué et secoué mais je me remets doucement, j'ai eu beaucoup de chance par rapport à d'autres. J'ai passé presque toute la journée à l'infirmerie, malgré la foule, à aider l'infirmière et les professeurs, je suis exténué, autant physiquement que mentalement. Cette rentrée démarre bien mal.
Donnerstag, den 12. März 1981
Si je croyais au sort, je serais convaincu que ce dernier s'acharne autant qu'il peut sur le château. Poudlard s'avère être beaucoup moins tranquille et sûr qu'il ne l'était quand j'étais encore étudiant. Je savais bien que cette histoire de patronus matériels allait mal se finir. Voilà qu'ils sont malades maintenant. Un étrange épidémie s'est répandue parmi les élèves – et d'après ce que j'ai compris, plus généralement chez tous les sorciers détenteurs d'un patronus à travers le monde sorcier. Je suis bien content de ne pas en avoir. Les élèves atteints par ce mystérieux fléau ont été rassemblés dans une aile désaffectée du château, loin du reste, loin de tout. Je suis allé leur rendre visite hier, à la vitre de séparation. Et même moi qui n'aime pas spécialement les élèves, la vue de tous ces gamins désœuvrés, malades et à bout de forces derrière cette paroi de verre m'a glacé le sang et fait de la peine, je suis obligé de l'admettre. Une fois de plus, je me sens impuissant. Les couloirs déserts et les sales de classes clairsemées m'apparaissent de plus en plus lugubres. J'ai entendu Dumbledore mentionner lors d'une réunion, quelques jours plus tôt, un village sorcier perdu sur une île lointaine, en Inde. Je crois qu'il compte envoyer les élèves là-bas en rémission, lorsque l'équipe de Shacklebolt aura enfin trouvé un remède à ces maux étranges. On dirait bien que le programme de mes vacances d'été est tout tracé.
Dernière édition par Kai D. Blumenthal le Dim 23 Juil - 0:32, édité 27 fois