Pour certains, la grandeur ne dépendait que de peu de choses. En l’occurrence, il avait suffit à Octave de naître à la bonne heure, à savoir quelques minutes avant son frère. Celui-ci en avait de fait retiré l'un des enseignements les plus importants de son existence : l'importance accordée aux détails. En d'autres termes, un Greengrass ne pouvait en aucun cas avoir droit à l'erreur. Cette phrase là, il l'avait emprunté à sa mère ; celle-ci dirigeait leur famille d'une main de maître et n'avait jamais caché ses attentes à celui qu'elle considérait comme sa plus parfaite création. Si la petite Perséphone était son bijou, cette petite dernière que l'on attendait plus, Octave était son héritier, ce fils aîné si désiré et attendu. Perdu entre les deux, Maximilian n'était que le pâle reflet de son jumeau, un enfant dont elle accordait le caractère sombre et lunatique à un mari certes membre du magenmagot mais dénué de tout éclat et dont elle avait refusé de prendre le nom ; ce second fils avait achevé de perdre tout intérêt à ses yeux lors qu'il lui avait fait part de son choix de poursuivre un cursus en Enseignement magique, une première pour un Greengrass (et pas de celles qui méritaient d'être célébrées). Cette décision avait achevé de mettre fin aux rares espérances que celui-ci avait pu susciter chez sa mère par le passé.

Octave, lui, était son fils à n'en point douter : élève assidu, il avait réussi haut la main ses ASPIC n'obtenant que des notes optimales et s'était depuis engagé au sein du cursus Justice magique, s'imposant comme son digne héritier. Celui-ci ne partageait cependant pas son point de vue lorsqu'il s'agissait de son frère ; si Octave et Maximilian était loin de se plier au cliché des jumeaux fusionnels, son cadet ne lui inspirait cependant aucune haine ou déception, ils ne se connaissaient pour ainsi dire pas, séparés au fil des années par des aspirations de plus en plus éloignées et une mère soucieuse de ne voir la réussite du fils prodige entachée par une ombre jugée de plus en plus encombrante.

Les liens unissant Octave à sa petite sœur était quand à eux de nature somme toute différente. Si un jeune homme de 19 ans n'avait que peu de choses en commun avec une pré-adolescente âgée de 12 ans, celui-ci avait cependant grande peine à ignorer Perséphone qui depuis son arrivée à Poudlard il y a de cela deux ans prenait désormais un malin plaisir à le suivre où qu'il aille, ne tarissant pas d'éloges sur ce grand-frère tant admiré et dont les réussites avait régulièrement ponctuées les conversations de ses parents durant son enfance. Ce comportement avait certes le don de l’agacer prodigieusement, mais il n'en éprouvait pas moins une certaine pointe de fierté.

Si l'avenir d'Octave Greengrass s'annonçait donc grandiose, à l'image de ce qu'avait été sa vie jusque là, le poids des multiples attentes de ses proches s'avérait cependant de plus en plus difficile à supporter. Si il avait plus jeune partagé les jeux de son frère et aimé la liberté que leurs rêveries lui procurait, il y avait bien longtemps que cette désinvolture l'avait quitté, faisant de lui un homme charmeur et à la conversation fort plaisante en société, mais d'un tempérament maussade voir soucieux lors de ses rares moments de répit. Ainsi donc, il avait également privilégie un cursus jugé « plus sérieux » et « prometteur » par sa mère, mais regrettait les cours de potion et de soins aux créatures magiques qu'il avait pourtant tant aimé lors des précédentes années. Octave en venait parfois même à envier Maximilian, ce jeune homme effacé dont la prestance et les manières étaient loin d'égaler celles de son aîné, mais dont la liberté d'action était désormais quasi totale, tant qu'il ne faisait pas de vague, l'avenir de la famille étant assuré par d'autres. Cette jalousie était parfois la cause d'épisodes d'une rare violence où une colère noire et un profond sentiment d'injustice animaient alors Octave face à cette mère, manipulatrice au possible, ce père jugé incapable d'agir de son propre chef ou encore ce frère, dont l’égoïsme lui paraissait alors insoutenable. Ces sentiments inavouables restaient cependant limités aux seuls rideaux du lit à baldaquin qu'il occupait à Poudlard, Chrysaor et Hector en étant les seuls témoins.