Le plus lointain souvenir d'Amelia remonte à ses quatre ans. C'est également le souvenir le plus traumatisant de sa jeune vie. Elle revoit avec moult détails l'hôpital, les infirmières, le lit. Et son petit frère, étendu dans ce lit, tout pâle. Et sa mère qui tremble à côté du lit, tandis qu'elle est sur les genoux de son père, qui tente de défaire une natte qui commençait à s'emmêler dans ses cheveux. Plus tard, on lui a raconté à quoi correspondait ce souvenir. Elle était partie jouer dehors, comme à son habitude. Et son frère était venu avec elle. Il n'avait que trois ans. Il faisait chaud, alors elle avait voulu aller près du lac. Et elle n'avait pas fait attention, mais Angus était tombé à l'eau. A vrai dire, il avait failli se noyer, et ce serait probablement arrivé, si elle n'avait pas eu très très peur. Car pour la première fois, ses pouvoirs se manifestèrent, et son frère fut comme transporté sur la rive, sans qu'elle ne puisse l'expliquer. Suite à cet événement, Amelia s'était sentie coupable pendant très longtemps, et ce même si Angus s'en était sorti avec un simple rhume et une légère hypothermie. Ses parents faisaient tout pour qu'elle cesse de culpabiliser, mais cette petite fille têtue ne pouvait s'empêcher de penser que par sa faute, son petit frère avait failli mourir.
Inconsciemment, c'était à cet instant qu'Amelia s'était jurée de toujours protéger son frère. Et tous ceux qu'elle aimait.

Quelques années, après, ses parents avaient divorcé. Une histoire banale. Ils avaient simplement cessé de s'aimer. Alors, au début, Amelia et Angus passaient une semaine sur deux chez leur père, dans l'immense manoir McCrowley, l'autre semaine dans un petit cottage en Ecosse, chez leur mère. Amelia était devenue un point d'ancrage pour Angus, qui ne la lâchait jamais et parlait très peu. Elle, à l'inverse, parlait énormément. Finalement, son père n'aimait pas trop qu'elle sorte seule, il avait peur qu'elle ne se perde, ou qu'il ne lui arrive quelque chose. C'était un papa poule qui aimait trop ses enfants. Et Angus, bien que timide et renfermé était plus grand et un peu plus fort qu'Amelia. Alors, Mr McCrowley avait décidé que si Angus ne voulait pas sortir, Amelia ne pouvait pas non plus. Heureusement qu'Angus se contentait de couvrir sa grande sœur pendant ses escapadeS. Et elle continuait de courir dans les landes, pieds nus, parfois accompagnée d'Angus, parfois seule, parce qu'en fin de compte, il préférait lire plutôt que se perdre dans les forêts.

Lorsqu'Amelia avait reçu sa convocation pour Poudlard, elle était la fillette la plus heureuse du monde. Sa première année, ce fut comme si elle était devenue fille unique – et cela ne lui plaisait pas. Heureusement, elle pouvait tenter d'explorer le château, cela la divertissait au moins un peu. Et puis, Angus était enfin arrivé à Poudlard. Une chance, il lui avait manqué. Il semblait s'être encore plus renfermé qu'auparavant. Une année livré à lui même l'avait transformé en un gamin maladivement timide, qui avait beaucoup de mal à se lier d'amitié avec les autres premières années. Oh, il réussit, ne vous en faites pas. Il se fit son premier ami au mois de décembre. Amelia en était ravie, et jalouse. Un comportement qui la déboussolait parfaitement.

Ainsi le temps passa. Amelia avait des amis, des ennemis. C'était une étudiante banale, qui aimait bien faire fi du règlement. Elle avait eu des copains – même une copine, une période qui lui avait bien plu, et qui avait nettement moins plu à son père ! Et puis, cette histoire de patronus avait commencé. Lorsque c'était arrivé, son frère avait paniqué, elle, bizarrement s'était comportée de façon très calme, sereine. Son père avait été surpris – lui, il avait paniqué en voyant ses enfants suivis par des animaux argentés. Il avait immédiatement tenté de joindre son ex femme pour demander des explications. Elle n'en avait pas plus, et était tout aussi paniquée en apprenant la nouvelle. Etrangement, le calme d'Amelia avait fini par rassurer tout le monde. Un chien de berger comme patronus ? Cela faisait d'elle le berger de la famille. Cette idée la faisait rire.

Désormais, tout le monde avait fini par plus ou moins s'habituer à ces animaux dans la famille. Même Angus, parvenait à accepter le furet envahissant. Mais, il semblait s'éloigner peu à peu d'Amelia. Comme s'il prenait plus confiance en lui, comme s'il était amoureux d'une jeune fille, sans en parler à Amelia, qui le prenait plutôt mal. Même Fergus son patronus le sentait. Mais il était incapable de la calmer, dès qu'elle pensait au fait qu'Angus s'éloignait. Elle ne le montrait pas, mais Amelia paniquait totalement.