BELLUM PATRONUM
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Version 34
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Groupes fermés
Les sang-purs étrangers sont fermés. Redirigez-vous vers les familles de la saga ou des membres.
équilibre des groupes
Nous manquons d'étudiants, de membres des partis politiques Phénix et Gardiens. Nous manquons également de Mangemorts.
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| Les Nocturnes.par Invité, Dim 2 Oct - 21:41 ( #) | Hippolyte Fauve Lupin ft. Tara Lynn Sang-Mêlé 24 ans Sugar Baby Pansexuelle s’ignorant Journaliste sous-payée à la Gazette du Sorcier Bufflonne d’eau/Mante religieuse Violemment pro-ordre Shiya | |
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] À propos Nom: Lupin. La meute. Louvoyant dans l’ombre. Multiples et un. Corps et âmes. Ils ne parlent pas beaucoup mais ils mordent ensemble. Elle s’en écarte souvent pour hurler un peu, pour briser le silence qui coule dans leur veine. La nuit est complice. La lune leur appartient. Prénom: Hippolyte. Reine des amazones. Guerrière dorée. Fille de la Destruction. Matriarche des tribus. Méprise ses hommes, entraîne ses femmes. Pas de pudeur, pas de pitié. La violence en maquillage. Fauve. Indomptée. Féroce. Armée par la nature. Génétiquement prédatrice. Rugit. Etire ses muscles jusqu’à sa proie. Sublime et dangereuse sans pourtant savoir lequel des deux entraîne l’autre. Junon. Reine mère au cœur d’acier. Condamne et aime sur le même ton. Loyale jusqu’à la douleur, amoureuse des rois. Ne tempère jamais ses ardeurs car c’est ainsi qu’elle est belle. On la vénère car on la craint. Jalouse à raison, rancunière à la folie. Le respect s’apprend à grand coups de poings. Âge et Date de Naissance: 30/11/1959 – 23 ans Nature du sang: Mêlé. Parfait. Situation familiale: Les liens du sang sont comme une immense toile. Fil après fil, fils après filles, les vies se déroulent, s’emmêlent, se fondent. Architecture lente et sublime d’une histoire à huis clos. Qui sont-ils de l’araignée ou de la mouche, la question reste intacte. Ca fait la beauté de cette œuvre organique. Du grand arbre des Lupins, elle ne goûte pas les fruits. Elle est allergique. Petite fille puis femme d’obstination, elle n’a accordé que trois concessions affectives au cours de sa vie familiale. Sa mère, d’abord. Bien trop tôt devenue souvenir. Bien trop tôt devenue blessure. Elle l’aime, elle l’aime si fort cette inconnue. Si fort qu’il n’y a plus de place pour l’autre, pour le vivant. Sa sœur ensuite. Symbiose étrange, enfiévrée. Merveille qu’elle ne peut laisser partir. Toujours là, toujours près d’elle, à portée de sens. Elle est la seule avec qui elle se tait. Son miracle à elle. Son cousin, enfin. Dernier épargné des foudres de son tempérament. C’est peut-être parce qu’il n’est pas son frère qu’elle l’aime comme tel. Parce qu’il est plus grand qu’elle veut le protéger. Il est le seul qu’elle écoute. Le seul qui lui apprend. Il est comme un double. Un double si différent. Le seul homme à qui elle n’a jamais dit « je t’aime », presque à contrecœur, comme on grince des dents. Viennent à côté, au fond de la scène, les autres, qu’elle tolère. Bal de prénoms bizarres, d’identité ensevelie dans les réunions de famille. Des ombres empoussiérées ou toutes neuves. Des figurants. Pourquoi s’encombrer de regards et de jugements. Elle les redécouvre à l’occasion. Et les oublie le lendemain. Ca marche très bien ainsi. En dernier lieu, les deux. Père et oncle. Oncle et père. Agglomérat mâle qu’on ne sépare pas. Elle leur en veut. Elle les veut. Pour elle. Cette relation sacrée, cette estime de l’un à l’autre, cette assurance de ne jamais, jamais être seul. Quand ils sont là l’un pour l’autre, ils ne sont pas ici avec elle. Trop occupés à s’aider pour être des modèles. Elle aussi souffre, elle aussi a peur, elle aussi ne vit qu’à moitié. Elle le cache. Evidemment. Elle le nie farouchement. Mais elle ne leur pardonnera jamais de ne pas s’en rendre compte. Patronus: Bufflonne d’eau / Mante Religieuse Miroir du Rised: Le silence. Le silence tiède et agréable, dans lequel flotte les sourires. Il y a une petite maison, un grand jardin. Des fleurs, plein de fleurs. Plein de gens pour les cueillir. Ca rit doucement, comme elle ne le fait jamais, comme elle ne sait pas faire. Il y a Peregrine avec une barbe mieux taillée. Il y a Knight avec son sourire en coin. Chacun une main sur ses épaules. Chacun compliment. Trisha, Illyrio, Zadig, Zelda,… Tout le monde court. Tout le monde danse. Il n’y a jamais eu de maladie. Il n’y a jamais eu de combat. Il n’y a jamais eu de colère. Rien que la paix. Et le silence. Epouvantard: Les avis de décès grouillent sur la table. Les mots suintent, insectes répugnants qui montent jusqu’à sa tête. Bourdonne, mordille, crachote. C’est fini. C’est tout. C’est rien. Plus rien. Elle a merdé. Faible. Folle. Seule. Terriblement seule. Sa faute. Toujours sa faute. Elle ne s’est pas battue assez fort. Elle ne les a pas protégés assez longtemps. Maintenant ils sont là-bas. Tout en bas. Déjà poussière. Déjà oublié. Sa photo est la dernière qu’elle voit. Elle l’aime. Elle ne peut l’aimer que maintenant. Parce que c’est trop tard. « Papa. » Elle pleure. Composition de la baguette magique: 31 cm, Houx, Ventricule de Dragon. Emploi: Employée de la Gazette du Sorcier, elle s’est vue confiée la résurrection de la rubrique astrologique dès septembre. Si la responsabilité n’est pas écrasante, ça lui va pourtant parfaitement. Il lui suffit de boire assez la nuit qui précède la date butoir pour griffonner quelques mots éthérés qui enchantent les ménagères friandes d’avenirs flous et de promesses sibyllines. Fraîchement sortie de ses études de Journalisme, décidée à démanteler le système depuis le quatrième pouvoir, ce poste mineur, dont le salaire couvre à peine ses dépenses mensuelles en maquillage, lui donne le temps de flâner dans Londres en quête d’un sujet d’articles plus imposants. C’est comme un défi tacite entre elle et la rédaction. Si elle est entrée au journal par le piston, elle compte bien s’y élever par elle-même. En remuant les secrets forcément sordides des récentes élections politiques par exemple. A moins que des rumeurs de disparitions n’atteignent ses oreilles avides entre-temps. | Caractère Parfum suave. Couleurs attirantes. Courbes hypnotiques. Une mâchoire dans les pétales. Vous avale d’un sourire. Une plante carnivore. Une anomalie. Un monstre naturel. Jamais à sa place, elle s’est sculpté un trône. Explose les standards. Agressive. Extrême. Ne dépose ses baisers qu’à fleur de crocs. Crinière constamment colorée. Comme pour tâcher ces cheveux naturellement pâles, salir la pureté, la candeur. Impulsive. Volcan en perpétuelle explosion. Est fascinée par l’intellect. N’apprécie que la compagnie des hommes plus âgés, méprise relativement sa génération. Dichotomique. Ultraviolente. Comme une solution de facilité. Ne porte que ce qu’elle cout, car il n’y a bien qu’elle sait l’habiller. Elle est sa propre créatrice. A tous les niveaux de son existence. Têtue. Rebelle. Libre plus que les autres. Au point que s’en est une condamnation. Paradoxale. Envieuse. A besoin de l’attention autant qu’elle la fuit. Maladivement féministe. Indépendante mais abandonnique. Ne s’attache qu’à peu de peur de les perdre. Exige la même chose en retour. La loyauté absolue est la seule règle que son anarchisme admet. Rancunière. Vulgaire. Amoureuse des fleurs. Main trop verte. Déprimée. Sarcastique. Ne cuisine bien que les pâtisseries. Pauvre. Fière. Fumeuse. La faim justifie les moyens. | Patronus Météore. L’astre qui file, l’astre qui tombe. S’écrase aux bords des yeux. Comme la larme d’un dieu fatigué. Flamboyante Météore. Influenceuse du destin. Astrologie médicale. Le nom pas totalement choisi correspond si bien. Un cadeau fait à Noël, de toi à toi. Cette chose étrange et familière. Enorme et magnifique. Délicate et hideuse. Une seconde mammifère, pelage doux et cornes affutées. Une autre insecte, squelette dessiné et amour dévorant. Météore. Oscille entre les extrêmes. Te comprend, te révèle au monde. Montre ta profondeur. Te fais peur en cela. A contempler les abysses, ils vous regardent droit dans les yeux. Et tu ne soutiens pas le regard de Météore. Elégante, meurtrière. Elle ne quitte que rarement son aspect insectoïde, par coquetterie. D’apparence plus complexes, plus repoussant, elle adore ce sentiment de révulsion que sa vue génère. Elle adore être si petite, si effroyable. Elle ne parle que peu. Pour entretenir le mystère. Acerbe. Ses remarques glacées sont portées par une voix de femme si basse, presque veloutée. Misandre. Elle n’aime que toi vraiment. Inconditionnellement. |
Pseudo et âge: ?6 Où as-tu trouvé le forum ? Dans mon historique Personnage: Famille, obviously. As-tu un autre compte sur BP ? Présence: Pareil qu’avec l’autre Une remarque ? barbe :jared : |
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| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Dim 2 Oct - 21:41 ( #) | Nuit 17 Des jambes, des jambes, des jambes.
Une forêt de tibias.
Ils s’appelaient adultes, ils avaient des têtes, des corps, des choses à dire, des choses à faire.
Mais pour toi, c’était des jambes.
Toujours dans ton chemin, toujours à vue. Un horizon bouché sur quelques mètres, à peine de quoi respirer. A peine de quoi penser. Des barreaux de chair d’une cage mordorée, bien trop étroite et agaçante, qui se résumait pourtant à la simple phrase « mais tu n’es qu’une enfant ».
Tu n’étais pas une enfant. Tu étais Hippolyte. Mais elles ne voulaient pas l’entendre. Les jambes n’ont pas d’oreille après tout.
Longues, fines, épaisses, tordues, cassées, dénudées, emmitouflées.
Des pieds à la cuisse, si différentes et pourtant les mêmes.
Ta main potelée s’accroche aux plis des jupes longues de ta mère, ta joue s’écrase contre le genou de ton père quand tu promènes ton regard fatigué sur la salle à manger bondée. Des Lupin encore des Lupin toujours des Lupin. Lupin, lapin, les adultes faisaient parfois des blagues avec ça. Tu ne comprenais pas, ce n’était pas drôle. C’étaient mignons les lapins. Ca ne crachaient manifestement pas assez de feu mais c’étaient mignon. Toujours plus de noms à retenir et à oublier, toujours compliqués. Par-dessus ta tête, c’est comme un orage aux nuages gonflés de syllabes qui gronde depuis des heures. Les grands aiment les grandes conversations avec les grands mots, les grandes voix et les grands gestes. Ca bourdonne fort, ça donne mal à la tête. Toi tu aimes les desserts. C’est bien plus sage, c’est bien meilleur. Personne n’a jamais attrapé mal à la tête avec une tarte tatin.
Mais tu en es loin de ta tarte et ça te donne envie de pleurer. Il était tard mais ce n’était que le début. Tu ne savais pas qui était ce Risotto qui entrait mais il prenait son temps.
Cachée sous la table quand la possibilité de champignons effleurant ta pauvre langue avait été évoquée, tapie dans l’ombre de la nappe improvisée chapiteau, tu contemples le ballet de ces membres inférieurs qui, repliés sagement, adaptés à la forme de leur chaise, n’en perdaient pourtant pas aucune vitalité.
Les genoux frémissent, les talons se frottent, une main gratte, une serviette s’étend. On remonte un bas, on fait descendre une chaussette. On touche, on écarte, on tape du pied.
Malgré les années, tu ne cessais d’être émerveillée par ces ballets inconscients que les grands ne se donnaient plus la peine de voir. Tu connais toutes les paires, leurs mouvements, leurs habitudes. Chacun unique mais synchronisé.
Pourtant une seule éveille encore ta surprise, ton incompréhension.
Tu tentes de lutter, de te raisonner. De ne pas lui donner trop d’importance.
Mais ton regard y revient systématiquement.
Les longs pantalons gris, toujours impeccables, toujours sans un pli. Il appelait ça un costume. Ils disaient que c’était très chic. Tu ne comprenais pas vraiment comment un déguisement de moldu pouvait être si élégant.
Tu te retiens encore un peu. Domestiques ta mauvaise habitude.
Une minute. Deux minutes. Trois oh et puis zut.
Evidemment que tu cédais.
Une fourchette dans la main, les genoux dans la moquette, silencieuse, habile, tu glisses jusqu’aux mollets immobiles, les fixes avec un mélange de défi et d’appréhension. Prédatrice apeurée, félin domestique, elle tremble un peu, fronce les sourcils.
Tu fixes ta proie.
Interminables.
Invincibles.
Respire.
Un muscle après l’autre.
Ferme un œil.
Concentre-toi.
Un, deux, trois.
Ta main est précise, ton geste vif.
Fascinée, tu regardes les petits pics argentés rentrer dans la chair visée. Tu es fière, c’est bien profond cette fois. L’espoir écrase un sourire malicieux sur tes lèvres.
Un peu de rouge, un peu de sang. Un peu de douleur, peut-être ?
Mais pas un tressaillement.
Pas le moindre de nerf n’avait bougé.
Tu inspectes, tu attends. Rien.
Sur le plafond qu’était devenue la table, tu entends des verres qu’on pose brutalement, des couverts qui retombent dans leur assiette.
Pourtant tu sais qu’il continue à manger. Imperturbable.
La nappe se relève, la lumière inonde ton terrain de jeu souterrain. Tes cristallins agressés te forcent aux gémissements alors que ta mère émet un couinement en voyant la fourchette dressée dans la cuisse meurtrie.
La candeur et les joues rouges n’y font rien, ton père te tire de ton antre, des paires d’yeux tombent sur toi comme ces petits cailloux qu’on jette aux gnomes pour les faire fuir du jardin.
On te met devant le fait accompli, tu dis que tu ne comprends pas. T’avais bien appuyé cette fois, il aurait au moins du gémir.
On lui retire la fourchette sans qu’il ne bouge. C’est à la fois merveilleux et agaçant.
Les baguettes s’agitent, des rires nerveux s’élèvent, tu masques tes oreilles pour éviter le brouhaha.
On te force à t’excuser.
Knight, lui, s’en fiche.
Il s’en fiche toujours de tout.
Y’a pas vraiment de surprise, pas vraiment de mystères. Tu sais pourquoi ça marche jamais.
T’as entendu les parents en parler des fois. A mi-voix. Comme si t’étais pas capable de comprendre.
C’étaient naïfs, des parents.
Mais bon.
T’espères, t’essayes. Tu lâches rien. Faudra bien que ça change, faudra bien qu’il réagisse. Un jour. Faut juste que tu trouves à quoi.
Tu t’approches, des larmes plein les yeux. Tu sais pas trop pourquoi, tu sais juste que ça marche. Tu tends tes bras, il t’amène jusqu’à son cou. C’est plus mécanique que naturel. Tes cheveux vaguement dorés s’écroulent sur son épaule alors que tu poses ton front contre sa jugulaire, pensive.
Tu veux être comme lui plus tard, quand tu seras grande.
Invincible.
-Dis Knight… C’est où que ça s’apprend l’insensabilitité à la douleur ?
Ton marmonnement contrarié lui arrache un léger rire.
Tu l’aurais bien tapé, tambouriné ton petit poing contre son poitrail. Comme tu faisais avec tous les gamins du quartier qui te trouvaient un peu trop drôle à ton goût.
Mais tu abandonnais l’idée bien vite. Ca aurait mené à rien. Il était insensabilitible.
Tu détestes la logique, elle ne fait que te contrarier.
Il s’arrête seul pourtant. Son rire se recroqueville au fond de sa gorge, se change en ce ton bas comme il fait quand il te dit des secrets. Tu observes étonnée cette chose ronde et molle s’agiter le long de son cou alors qu’il articule.
-A Poudlard.
Nuit 22 L’orage tombe, c’est comme de la peinture à l’eau qu’on balance sur vous.
On dira que c’est beau, que c’est de l’art, par politesse.
Un bout du ciel te tombe sur la gueule, comme un parpaing gris et triste.
On dira que c’est moche, que c’est injuste, parce que ça l’est.
Noir. Noir. Noir.
Dans la vie, dans les nuages, sur les têtes.
Ca dégouline, ça colle, ça suinte.
Ca tache le cœur. Tu sais pas comment laver ça, toi. C’est maman qui faisait la lessive.
Papa est noir aussi. Un trou béant, déchiré quelque part entre le passé et le futur. Tu ne sais pas coudre, tu ne sais pas réparer. Mais le trou est là, il s’agrandit, il dévore tout. On y jette des condoléances, des regards de pitié, des mains sur les épaules. Comme des pièces dans un puit. En fermant les yeux, un vœu aux lèvres. Ca marche pas. Il reste ici. Elle reste là-bas. Et tu sais déjà que ça sera pour longtemps. Pour toujours peut-être. Le trou. Si noir que ça fait mal aux yeux. Que ça fait mal partout.
Tout le monde est là, autour du trou, autour de ton père. C’est lui qui compte. Toi, tu es là, autour de ta sœur. Dans tes bras comme dans un berceau, elle attend que la souffrance s’estompe. Sagement. Vous existez mais plus vraiment.
Ta vue se trouble. Inondée de sentiments salés.
Noir. Noir. Noir.
Où sont les camélias ?
Où est le rouge ?
Un rouge qui vibre, un rouge qui vit. Par million, par milliard. Encore et encore.
Il n’y a jamais de camélia dans les cimetières.
Elle aimait ça, les camélias, comme elle vous aimait vous. Différemment. Mais quelque part c’est toujours pareil. Des petits bouts de cœur dispersés au vent qui battent pourtant ensemble.
Qui ne battent plus.
Des camélias, vite, des camélias. Sans odeur. Sans douleur.
Les parfums ramènent les souvenirs. Rappelle les histoires. Comme des clefs qui ouvrent grandes les portes des mémoires empoussiérées.
Jamais un camélia ne fait ça.
Ca reste sage, ça reste là. Discret, inoffensif. Silencieux.
Insensible.
Ca respecte les cadenas, les scellés, les avertissements, passe son chemin sans vous déranger. Votre passé ne l’intéresse pas. Votre vie n’est pas la sienne. Il n’en fera jamais partie.
Ca paraît triste. Mais c’est si beau.
C’est si rouge.
Il lui faudrait ça, maintenant, tout de suite.
Des camélias pour respirer. Des camélias pour oublier.
Des camélias partout.
Nuit 30 -Applique-toi. Tiens ta plume droite. Là.
Tu glisses ta main sur la sienne, guides ses mouvements avec précision et lenteur.
Elle hoche la tête, se concentre.
Ses doigts comme des serres de moineau s’accrochent à la pointe, se teintent à l’encre bleue.
Un sourire étire le rouge de tes lèvres.
Tu as appliqué celui de votre mère. Chaque jour le même. Votre père a tenté de te signaler que ce n’est pas de ton âge. Comme le reste, ça a échoué.
Sa langue passe la limite de sa bouche, ses yeux louchent presque tant elle est proche du parchemin, déterminée à terminer sa ligne de voyelles.
Certains enfants demandent des crayons de coloriage, des petits balais ou des kits de petit potionniste.
Tu avais eu Trisha.
Trisha, minuscule Trisha.
Poupée de porcelaine. Un objet de collection.
Tu l’aimes plus que tout, plus que tous, comme il se doit.
Elle est ta sœur. Elle est ton élève. Elle est toi.
Tu ne saurais t’en détacher, pas plus que d’un organe, pas plus que d’une émotion.
Le sang vous lie, votre mère vous enchaîne.
Souffrir est une chose que tu as apprise trop jeune.
Elle se contentera de la lecture et de l’écriture. La danse aussi peut-être. Ses premiers sorts sans doute. Comment embrasser les garçons si elle veut. Où les cogner puisqu’il le faut. Tout ce qui lui fera du bien. Tout ce qui la protégera.
Lui lire des histoires pour l’endormir, mettre à terre ceux qui la font pleurer, du pareil au même. Vous êtes quelque chose qu’on n’explique pas. Ca se vit ou ça se voit.
Ce devoir, cette présence permanente pour que jamais elle ne ressente son absence comme toi, c’était les seuls liens que tu acceptais. La seule cage dont tu ne t’enfuiras jamais.
Tu es et seras là pour elle. Partout. Toujours.
Qu’elle le veuille ou non.
-‘A y est !
-Oh ! C’est très, très, très bien ! Tu as bien fait les boucles, comme je t’avais dit…
-Voui !
Tu penches la tête et dépose un baiser fier au sommet de son front pâle.
Tu chuchotes, un sourire doux éclosant sur ta bouche.
-Tu auras droit à une boule de glace sur ton bout de tarte aux pommes après le diner…
Trisha gazouille de plaisir.
Tu tapotes son épaule frêle comme tu faisais toujours quand elle réalisait quelque chose de positif, enfuis ton nez dans ses cheveux et souffle juste sous son oreille. Elle éclate de rire, ton cœur se gonfle. Ton hilarité rejoint la sienne et tandis que tu rejettes ta tête en arrière pour laisser cette musique étrange se développer dans ta gorge tes yeux pétillants se glacent.
Il est là.
Il n’est pas tard pourtant.
L’horloge sonne, laisse un silence derrière ses coups. Etouffant. Intenable.
Tes poils se hérissent, ton dos se redresse.
C’est comme un étranger que tu évites tous les jours.
Déjà tu ne tiens plus. Tu détournes le regard.
La barbe. Les cernes. Tout le visage.
Quand tu le regardes, tu ne sais plus à qui tu en veux.
A lui. A toi. A elle peut-être.
A d’autres encore. A un oncle imparfait. A des cousins trop absents. A des inconnus trop heureux.
Trop de personnes. Trop de questions.
Alors c’est plus simple de tourner le regard.
De l’accuser à l’aveugle, en huis clos.
Tes poings se referment.
Inspire, expire, inspire.
Ca bloque. Là quelque part dans les poumons, quelque part à l’intérieur. Quelque part dans la bouteille de vin posée sur la commode du salon. Tes cils se battent comme les ailes d’un papillon, ton regard voletant depuis visage grisonnant jusqu’au breuvage.
Les sourcils se rapprochent comme ses respirations.
Tes lèvres exsangues ne peuvent retenir un sifflement plus félin qu’humainement identifiable.
Tu ne veux pas de ce rouge-là.
-Papa va finir de cuisiner le repas, va ranger ton cahier et tu iras l’aider à mettre la table. , marmonnes-tu à la gamine, assez haut pour qu’il l’entendre. J’vais me doucher.
Tu voudrais avoir le ton placide, la moue désintéressée, le regard mort.
Tu n’y arrives pas.
Tu te détestes. Tu le détestes.
-Y’a une tarte au four. La laisse pas cramer.
La porte du salon claque déjà derrière toi.
Couloir, chambre, serviette, culotte, salle de bain.
Lumière, savon, robe, nue.
Miroir.
Gras, poils, seins.
Tu hausses les épaules.
Tu n’essuies pas le rouge à lèvres. Jamais.
Robinet.
Tu passes ta tête sous le torrent qui prend une couleur boue.
Tu revenais du jardin, une odeur de romarin accrochée aux cheveux, les traces brunes du soleil encore cuisantes sur le bord de tes joues. Tu as arrosé les fleurs comme tu t’arroses dans la baignoire. Tes fleurs. Le soir crépite de mauve et d’orange à travers la fenêtre.
Tu fermes les yeux, te laisses étourdir par les odeurs chimiques.
Pourtant les pensées reviennent. Evidemment.
Il va découvrir que tu fais des desserts. Même s’il t’a interdit. A coup de menaces d’incendie et d’argent pour la boulangerie. Il ne dira rien. Il ne peut rien dire. Il ne veut rien dire. Il va y goûter. Il s’en foutra. Et ça c’est insupportable. C’est ton secret. Son petit plaisir. Il n’en voit jamais une miette. D’habitude tu la finis avant qu’il rentre. Tu te forces. Tu te goinfres. Jusqu’à te rendre malade. Il n’a pas le droit. C’est toi et elle. Vous deux et personne d’autre. C’est mieux comme-ça.
Le savon mousse au bout des ongles. Tu grattes férocement ta peau, comme si elle était encrassée, comme si tu voulais l’arracher.
Pas le droit.
Pas le droit.
Pas le droit.
L’eau glacée brûle ta chair rougie.
Tu n’es pas cruelle. Tu es triste.
Tu mords l’intérieur de tes joues, tu gémis pas, tu t’encaisses et tu la fermes.
Comme quand tu tombes de ton balai, quand tu fais perdre des points à Poufsouffle, quand tu te prends une insulte ou une retenue.
Cognards ou connards.
Il avait raison, Knight.
C’est à Poudlard que t’apprends ça.
Il avait juste pas prévu les cours particuliers.
A la maison.
Nuit 50 -Tu vas jamais trouver de copain avec c’te dégaine.
-Bois mes règles.
Le Serpentard se la ferme.
Bien. Il apprend vite.
Ce n’est pas que tu ne l’aimes pas, c’est que tu l’éduques.
Tu lui dois bien ça.
Il te glisse un regard écoeuré que tu n’honores pas de ton attention.
Penchée sur ton œuvre, dos courbé, sourcils froncé, tu sens dégringoler par-dessus ton front cette chevelure au rouge vif si peu apprécié par tes congénères. Pas camarades, pas amis. Congénères. Strict, précis, professionnel. L’avantage du terme est que ce que tu penses d’eux tient dans cette dénomination.
C’est nouveau, apparu avec l’été. Ils comprennent pas, ça les angoisse les trucs nouveaux.
Tu les angoisses. Bien.
C’est pourtant simple.
Il n’y a pas de camélia à Poudlard.
Tu en as mis dans tes cheveux.
N’en déplaise aux bonnes familles sorcières qui ne voit cette excentricité qu’avec des yeux encroûtés d’un millénaire de traditions dégénérées et d’unions relativement forcées. Tu n’as ni le temps ni l’envie de leur expliquer. Tu te contentes de leur cracher dessus, généralement ça les tient assez éloigné pour que tu n’entendes leurs commentaires nasillards.
Ici, avec lui, c’est différent.
Ca t’amuse.
-Pourquoi t’es dégueulasse comme-ça tout le temps…
-T’es bien placé pour parler, ton dernier bain remonte à quand ? Parce qu’à l’odeur Dumby devait encore se raser à l’époque.
Une boulette de parchemin heurte ton épaule. Tu serres les dents en un sourire carnacier.
Main sur la baguette, mouvement fluide de l’épaule, tu manies ça comme un batte sur un balai.
Force et grâce.
Tu la renvoies avec aisance, accompagnée d’un maléfice qui le fait glisser de son siège et l’envoie valser sur le sol poussiéreux.
Tu ne vois pas la scène mais tu en ricanes déjà.
Sa respiration a des ratés.
C’est délicieux à entendre.
-Tu as de sérieux problème d’attitude…
-Merci.
Ton sourire flotte dans la pénombre de la salle de classe. Vous êtes deux, il est tard. Le professeur vous a abandonné. Ce n’est pas vraiment de la confiance, c’est du découragement. La porte est verrouillée jusqu’à vingt-deux heures trente. Tu es une habituée de toute façon. Tu connais tous les sorts pour enchanter les plumes et il doit bien le savoir. Alors il part. Il ne perd pas son temps. Il ne perd pas le tien. Tu aimes ce prof.
Deux travailles d’ailleurs activement à gratter frénétiquement « Je ne pénétrerai plus dans les cuisines du château. » chacune sur son parchemin. Le Serpentard souffre sur sa copie. Son égo ballonné l’empêche de te demander le nom du sort. Encore quelques lignes et il cèdera. Tu entends déjà les craquements douloureux de son honneur au loin.
Tu n’es pas mécontente de la retenue.
C’est un temps à part. Suspendu.
Pas besoin de se battre pour exister.
Ton nom est sur la liste, tes heures sont à faire.
Rien de plus, rien de moins.
C’est simple. C’est net.
Ca t’attend.
Sur tes genoux, ta veste de cuir. Entre tes doigts, une aiguille argentée.
Entrer, tirer, sortir, boucler.
Coup de baguette pour sceller la broderie.
Ritournelle infernale depuis des mois. Un projet qui te rend également fière et hystérique.
Tu arrives à la fin de ton œuvre. Elle est forcément géniale.
Quand bien même l’as-tu détestée à chaque erreur.
Ca te rappelle ta vie.
Ca, c’est angoissant.
-J’savais pas que tu cousais…
-J’savais pas que t’étais chiant… Ah bah non ça c’était pas un secret.
-Mais nan. Mais. Genre. C’est les filles qui cousent…
Tu t’arrêtes.
Redresses la tête.
Tu fixes le tableau noir mais t’adresses bien à lui.
Posée. Souriante.
Ton ton est effroyablement mielleux.
-T’as pas un goût de merde dans la bouche quand tu parles ? Non parce que c’est intense là…
-Non mais non. Mais j’voulais pas dire… C’est… bah… un compliment… Genre… T’es pas comme toutes les…
-Si tu crois que « ne pas être une fille » peut être un compliment à n’importe quel niveau, c’est que t’es encore plus débile que ce qu’on pourrait attendre d’un Serpentard. Je fais des trucs d’humain. Des trucs utiles. Je couds, je bouffe, je suis batteuse, je casse des gueules. Le fait que mes organes génitaux ne pendouillent pas partout n’est qu’un bonus. Etre une fille, c’est un privilège que t’auras jamais la chance de connaître. Sois pas rancunier. Maintenant, tu la fermes ou je t’émascule avec cette aiguille. Crois-moi je suis patiente.
Un silence sordide se répand sur vous.
Tu as envie d’une cigarette, c’est malin.
Distraite, tu ne retrouves pas ton point.
Au moins il se tait maintenant.
Tes cervicales craquent, tu étends tes bras devant toi, comme un chat qui sort de la sieste.
Tu martèles le bord de ta table du bout des ongles.
Tes paumes passent sur le verni raturé, palpent le bois sali par les étudiants qui se sont succédés sur le banc l’accueillait. Illyrio t’a dit que c’était sur ce banc précis qu’il s’asseyait quand ses tendances héroïques l’attiraient un peu trop prêt des limites du règlement. Ca te rend fière. Il était ici, vous êtes là. Pas totalement perdus, encore un peu ensemble. Tu en as plus besoin que tu ne te l’avoues. Tu effleures avec un respect étrangle les gravures que tu as transcrit à la pointe de la plume dans le coin là-bas à gauche. Ca aussi c’est une tradition familiale initiée par ton cousin. Ou par ton oncle ? Vous n’avez jamais su lui extirper l’information. Quelque chose te dit que oui. Il sourit quand vous l’évoquez. Ca arrive pas souvent. Mais il sourit. Quant à ton père, tu préfères ne pas savoir. Tu préfères rester calme.
Ton regard part à la dérive. Tes mains se réactivent, machinalement.
Quoiqu’il en soi, tu espères bien voir la pratique mourir avec ton départ. Pas question que Trisha approche ce genre d’endroit. Son cycle du sommeil en serait complètement chamboulé.
Les marques sur le banc.
C’est un peu comme regarder un album photo.
Un peu de honte. Beaucoup de souvenir.
Là, c’était ta première. Tu l’effleures comme on choisit une touche du piano pour commencer à composer.
Tu te souviens du toit. Du vent qui ébouriffe, de la pluie qui enrhume.
Tu te souviens de ton cousin.
T’étais jeune mais tu aimais le vin. Ca t’a pas quitté.
C’était peut-être dangereux. C’était peut-être pas très intelligent.
Mais c’était terriblement drôle.
Les rires.
Ton index touche la deuxième marque.
Plus aguerrie. Plus en colère.
Tu revenais des vacances des Noël.
Knight et Peregrine étaient restés collés l’un à l’autre, indissociables, agaçants au possible.
Pas d’attention pour les autres. Rien pour toi.
T’avais été sélectionnée au Quidditch.
Tu l’avais dit à personne.
Ou on ne t’avait pas entendue, tu ne sais plus.
Tu te souviens de l’odeur du cuivre, du grincement contre le marbre. La sensation du métal qui tape contre tes genoux alors que tu files sur les marches. Cette Poufsouffle derrière toi, effrayée par ta joie. Tu l’avais embarquée en même temps que ces grands plats de la Grande Salle. Vous aviez fini à l’infirmerie. Ca serrait les liens.
Les amis.
Troisième. Un peu plus profonde. Un trou dans le bois.
Tu étais sortie des vestiaires. Un entraînement au matin, ça t’avait réveillée.
Tu te souviens de la sueur, des brins d’herbe sur ton front.
Tu te souviens de la lassitude dans tes épaules, le vide inespéré dans ton esprit.
Tu te souviens tes poings sur la batte.
Tu te souviens des paroles entendues au loin. Du groupe de filles de Serpentard massées dans l’herbe.
Toi.
Illyrio.
Les victoires, les balais.
Des mots plus laids. Des mots jaloux.
Tu te souviens ce que tu avais dit à ta sœur et aux deux petits Poufsouffle témoins.
Y’avait que les sang purs qui avaient besoin d’un sort pour faire mal.
Tu enfonces un peu plus fort la couture dans la peau craquelée.
Tu te souviens du bruit. Du silence. Du bois contre sa pommette. De son visage déformé, bouffi et violet, repoussé contre le sol. T’aurais voulu l’y enfoncer. Qu’elle disparaisse.
Ce bruit.
Pac.
Tu l’avais cassée. Elle t’a plus jamais regardé dans les yeux.
Les larmes.
Quatrième.
C’était un peu plus léger. Un peu plus sucré.
C’était le lac, la nuit, le reste.
C’était ce Serdaigle.
Bien plus âgé. Bien plus intelligent. Bien plus doux.
C’était vous deux. C’était sans les uniformes.
Il t’avait dit que tu étais belle. Tu lui avais répondu que tu savais. T’avais souri, un peu effrontée.
Souri très fort pour ne pas fondre en larmes.
Tu te souviens de l’eau. Tu te souviens de lui.
Tu te souviens des baisers. Partout.
Le premier.
Tu clignes des yeux.
Prends ta plume et graves la cinquième. Bien alignée avec les autres.
Les cuisines, lui, un bon repas.
Surprise.
Les elfes affolés, votre rire associé. Inconnus mais complices.
Vous vous seriez pas fait prendre si vous étiez sorti un peu plus tôt.
Si vous vous étiez pas lancés dans un duel. C’était pour rire un peu. T’avais refusé les demandes pour prendre la tête du club de duel. Il pensait que c’était parce que t’étais pas assez bonne. Tu as répondu que tu préférais rester championne.
Il avait fallu le lui prouver.
T’aimes bien les Serpents. Ils étaient pas très malins, mais ils étaient drôles. De bien meilleur adversaire que les Serdaigles, de bien meilleurs joueurs que les Gryffondor. Illyrio te pardonne.
Ils étaient stratèges et surprenants.
T’aimes ça. Les écraser relève du péché mignon.
Si Rusard a hurlé, au moins a-t-il eu la courtoisie de te laisser l’achever.
Sans rancune.
Les rencontres.
Et puis il y a eu toutes les autres fois.
Il y a eu tous les autres.
Que tu n’as pas pu transcrire dans le bois.
Ceux qu’on n’a pas vus.
Celles qu’on n’a pas surprises.
Tu les gardes en blason. Tu les racontes pas.
C’est à toi.
L’heure arrive, la porte s’ouvre.
Tu es déjà debout, tout est remballé. Le parchemin est rempli, tu l’envoies flotter jusqu’au bureau.
Tu as mis la veste enfin terminée.
Vous êtes dans les couloirs. Il veut dire un truc, tu es déjà devant.
T’es plus d’humeur. T’es fatiguée.
Vous vous reverrez de toute façon.
Même heure même endroit.
Tu sens son regard sur ton dos.
Tu sais ce qu’il lit.
Tu sais ce que tu es.
Brodée à l’or. Avec acharnement.
Pas jolie.
Pas douce.
Pas gentille.
Pas civilisée.
Tu es Hippolyte.
« Amazone ».
Nuit 52 Petite forêt.
Ecrin humide.
Les feuilles bruissent sous les caresses d’une lune presque trop pleine.
Dans la lumière pâle, un peu essoufflée, tu es bien.
Ni main ni cheveux ne couvrent la nudité. Rien qu’un voile de confiance, de fierté.
Grosse, tu l’es. L’Everest aussi. Et depuis longtemps tu as décidé que des deux on prendrait des photos en s’extasiant du sublime.
Au bord du lit, tête renversée, tu regardes les volutes bleutées parsemer l’air tiède comme les enfants inspectent les nuages. Je palpite en brume sur ton corps marbré des vergetures nacrées. Tu les caresses pensivement, comme on contemple une rivière de diamant. Tu es belle.
Tout est bien.
C’est l’été, la fenêtre est ouverte.
L’autre dort et ronfle un peu. Il est dans l’ombre, tu ne le cherches pas. Après l’amour, tu n’es pas aveugle mais tu n’as plus d’yeux que pour tes plantes.
Dégoulinant des murs, se déversant du plafond, suspendues aux lustres, lévitant dans les coins, rampant sur le parquet, accrochées aux armoires, la jungle délicate respire à l’unisson, symphonie gazeuse aux parfums verts. Il y a un appartement là-dessous, il faut croire.
Tu inspires.
Dans ta tête, il y a une chanson dont tu ne connais pas les mots.
Tu t’en fous.
Ca serait bien trop déprimant de toute façon.
Tu soupires des vapeurs qui piquent les yeux.
Les draps froissés sont couverts d’un rouge gras.
Le même que tes baisers ont déposé à fleur de sa peau.
Sourire.
Un amant rouge. C’est presque drôle. Presque triste.
Tu es fauviste à tes heures nocturnes.
Tiens ta veste est par terre. Ta robe aussi. Il faudra que tu reprennes la déchirure qui monte de l’ourlet jusqu’à la cuisse. Il n’avait pas été particulièrement délicat. C’était pour ça que tu l’avais choisi.
Jamais chez eux. Toujours chez toi.
Grimace.
Le goût n’est vraiment pas terrible.
Tabac est bas de gamme.
La prochaine fois tu choisiras le prof de droit. Il aurait de quoi t’acheter des clopes de qualité.
Ils paient toujours quelque chose, mais pas trop. Dans les limites de l’indépendance.
Jamais en-dessous, jamais fétiche, tes relations maintiennent une stricte égalité du désir que tu arrives toujours à faire pencher à ta faveur quand viennent ces moments au goût de sel.
Les autres étudiants le savent peut-être.
Tu ne sais pas. Ou plutôt tu sais mieux qu’eux.
Si c’est avec tes lobes fessiers que tu les gardes, c’est bien avec les cérébraux que tu les attires.
Les mantes religieuses commencent toujours par la tête.
Et c’est ça qui leur plait.
Avec toi, c’est comme ça. Pas de sourire, pas de rougissement. Pas de bague, pas de promesse.
Ils ont passé l’âge. Tu fais semblant que toi aussi.
Il n’y a pas de tarif, pas d’obligation.
Tu ne cherches pas d’argent. Pas d’amour. Ca, c’est du bonus. Du fantasme. Un jeu pour grand qui te lasses bien vite.
Il te faut juste quelqu’un. Quelqu’un qui reste jusqu’au matin et qui ment avec un rire.
Ta cigarette touche à sa fin, tu esquisses un bâillement.
Le mégot s’écrase sur le sol, à côté des morceaux de ton coeur.
Ils prennent la poussière, faudra que tu penses à les jeter.
Tu les gardes la en babiole, en souvenir.
C’est con.
Ta joue retrouve son pectoral.
T’es conne.
Tes yeux se ferment.
Ta main gratte son ventre sans y penser.
L’air te mordille avec tendresse.
Bientôt le sommeil.
Bientôt le silence.
Bientôt.
Tu ne sens rien.
Tout est bien.
Nuit 53 Les néons découpent ta face, modifient tes traits. Couleurs qui passent, effacent la sueur, rend n’importe qui beau. C’est bleu, c’est rose, c’est vert. Ca donne mal à la tête, c’est ça qui est bien. C’est des faux néons. Doivent être remplis de mercure. Doivent faire semblant. Les vrais néons, le vrai néon, c’est que rouge, toujours rouge. C’est du faux. Mais c’est okay. Tu y survivras.
Tu tangues, tu convulses, tu rigoles.
Le tout un peu trop fort. Comme d’habitude.
Ta robe est courte, comme tes cheveux. Ca fait de l’air, ça fait des regards. Qu’ils profitent.
Ta coiffure à la garçonne, ta bouche peinte, tes boucles d’oreille insolentes.
Cling. Cling. Cling.
Le métal tinte en cadence avec le rock. En cadence avec toi.
Drôle tout-ça.
Si drôle que t’es à terre.
Je m’accroche à ton cou, bijou à six pattes.
Les gens s’écartent, t’ouvres les yeux.
Retour dans la forêt de tibias.
Hé bah merde elle est où.
Tu te remets sur pieds, manie tes échasses à semelle écarlate.
Sortir avec un moldu, c’est récolter des cadeaux que les sorciers ne comprennent pas. C’est merveilleux.
On t’offre un verre, pour te remettre. Tu sais pas qui c’est, mais c’est gentil. T’as pas le temps de dire merci, mais l’intention y est. Si.
T’es debout, t’es en mission. Yeux plissés, bouche ouverte, l’élégance quitte tes muscles faciaux, comme si ça t’aidait à mieux te concentrer. Pourtant ça marche, elle apparaît au loin. Un peu à gauche du bar.
Qu’est-ce qu’elle fout là-bas ?
-‘Est-ce ‘elle fout là-bas ?
La lumière est si forte, tu vois rien dans l’ombre.
Quelques pas. Le sol colle, t’agrippe, te retiens en arrière. Des gens te heurtent, épaule contre épaule, coude contre sein. Tu marches pas droit. Tout ce flou aussi. Tu t’accroches à ta boisson comme à une bouée. Vite, vite, plus vite. La transpiration fait buée, rougit tes paupières. Tu en ris. Y’a que ça à faire.
Elle est là. Tu vois l’autre.
Silhouettes emmêlées. Ombres fondues. Y’a des murmures. Des mains partout.
Il enlace ton amie mais il est temps de partir.
Vous verrez d’autres queues. Les loups à qui parler ne manquaient pas à Londres.
Tu t’approches, tends la main, tâtonne pour cette baguette coincée dans la ceinture.
On sait jamais.
On sait bien trop.
Tu te penches un peu trop bas, un peu trop vite. Le monde te tombe dessus.
Le stroboscope tourne brusquement.
Des yeux.
Ses yeux.
Tu les vois.
Tu le vois.
Le verre éclate en touchant le sol.
-Knight ?
Elle se tourne vers toi. Probablement encore moins consciente.
Elle pense chuchoter. Elle te perce les tympans.
-Quoi tu l’connais ? T’as déjà couché avec ? Ca t’dérange si…
Tu vas vomir.
Ah non.
C’est déjà fait.
Tu traînes tes sequins éclaboussés entre la foule.
Les regards, les odeurs, les couleurs.
Ca tourne, ça écoeure.
Coule sur toi avec le reste.
Tu étouffes, tu enrages, t’en peux plus.
Toujours lui. Toujours eux. Loups. Lupin. Tapis dans les bois, meute dont tu es l’oméga.
Lui ça a toujours été lui. Au centre de la table. A prendre les décisions. Toujours aux côtés de ses maîtresses. Jamais à ceux de ses enfants. Toujours aux côtés de ton père. Jamais du tien.
Jusqu’au réveillon, il avait réussi à se l’approprier. Y’avait que lui pour naître un 31 décembre.
Putain de capricorne.
C’est pas que ça. C’est tout le reste.
Tu sais plus par quel bout commence la haine. Ca fait trop longtemps que tu es en colère.
Eux. Eux deux. Eux un.
Et toi zéro.
Les chiffres se perdent. T’as toujours détesté les mathématiques. T’as beau gueuler, la solution est toujours la même.
Le videur, la porte, la nuit.
Enfin la fraîcheur pestilentielle de la rue. La petite pluie polluée de Londres. C’est typique.
Tu te fous contre le mur, entre des poubelles dont tu n’as que faire. Au pire tu pueras.
On dit toujours que c’est dans le noir le plus épais qui brillent le plus les étincelles.
La clope que ton zippo vient d’enflammer semble pourtant bien terne.
Une bouffée.
Il est là.
Evidemment.
Tu trembles.
-T’as réussi à sortir ta langue de sa gorge ?
Ta voix devient presque pensive. Amusée sans sourire.
-C’était enfoncé si profond pourtant…
D’un mouvement bien trop gracieux des doigts, tu envoies la cigarette éteinte par la pluie sur sa veste. Ca fait un trou au niveau de sa poche.
Dix points pour Poufsouffle.
-Passe le bonjour à mon père.
Demain les cours reprennent. Aujourd’hui peut-être.
Tu sais plus.
T’es déjà partie.
T’es toujours partie.
Matin 0 Tap. Tap. Tap.
Le bruit des gouttes sur les pavés.
Il pleut.
Il pleut toujours.
C’est comme une tradition dans ce pays.
Ton carré se détrempe.
Ton maquillage s’accroche.
Tu détestes les traditions.
Tap. Tap. Tap.
Tes talons qui martèlent la pierre.
Ta cheville te fait mal.
La nuit flanche dans le ciel, le matin la piétine.
Ton manteau de laine si long flotte autour de toi.
La lumière est douce, moche.
Les gens dorment encore.
Rien ne bouge dans le silence.
Tu détestes les matins.
Tu m’as laissée à l’appartement. T’as dit que ça serait plus simple. Plus professionnel.
Enfin tu l’as pas dit. Mais c’est pareil.
-Tais-toi.
Tu sais très bien que je ne peux pas.
Tu nous as fait mal. Tu nous as cassées.
Tu nous as fait endurer le pire pour partir. Loin, très loin, mais jamais assez.
Quoique tu fasses, quoique tu veuilles. Je suis là. Toi aussi.
Aussi conne que tu sois.
On s’aime.
On est.
Tu t’arrêtes.
Le jour jailli à grands jets dans la rue.
Tu te mets sur un banc, face aux bureaux de la Gazette.
Tes lunettes noires cachent tes cernes ou tes larmes.
Lesquelles des deux personne ne sait.
Pas même moi. Pas même toi.
Tu fais semblant de t’en foutre.
L’odeur de café s’incruste à ta peau.
Il est cinq heures.
Tu détestes cet endroit.
Soupir.
Tu prétends mal.
Tu le sais bien que t’y serais pas si tu détestais ça.
C’est plus simple.
Simplement plus simple.
Le népotisme a un goût doux-amer. Tu le critiques mais tu te roules dedans.
Tu t'étais barrée de Poudlard, comme on raie une liste de course.
Ca, c'est fait.
Des cons, des connes, tout le reste.
Pour quoi ? Un diplôme ? La belle affaire. Illyrio avait pas de diplôme. Illyrio était parfait.
T'avais embrayé sur sa vie avec une technique de quidditch qu'il t'avait apprise. Rester dans le sillage, longer ces ondes glacées qu'il dessinait dans l'air, le balais en pinceau, le sport en talent. Suivre, suivre, suivre. Toujours plus vite. Toujours plus ample. Jusqu'à être devant. Jaillir et marquer. Briller plus fort dans son ombre.
La rubrique astrologique.
T’as honte.
Tu as toujours refusé cette famille. Ils n’ont jamais été assez bien. Jamais été assez comme tu l’aurais voulu. Ils ne t’ont jamais donné ce que tu attendais.
Maintenant ils le font.
C’est précisément par eux, par cette tante improbable, que tu trouves du boulot. Que tu trouves une chance. Une échappatoire.
Ils te donnent exactement ce dont tu as besoin.
Une vraie vie.
Et tu sais pas à qui de toi ou d’eux tu en veux le plus.
Poudlard c'est horrible. Mais c'est facile.
La vie c'est horrible. Et c'est horrible.
C'est pour ça que t'es là.
C’est trop facile. C’est trop injuste. Trop ridicule. Mais tu peux pas faire autrement.
Tu te détestes.
Ca ne sera qu’un moment. Une passade. Le temps de trouver comment faire pour être adulte.
Les élections approchent. Tu feras un grand article, un beau reportage. Tu découvriras des secrets, dénonceras le système. Tu seras importante, tu seras écoutée. Tu seras attendue.
Tu vois ça comme un cocon, une chrysalide. Faudrait juste pas mourir dans l’œuf.
Un frisson redresse les cheveux de ta nuque humide.
Tes yeux tombent droit devant toi.
Sur ton image dans les fenêtres faites miroirs, tranchée par les coulures de la pluie.
Force et faiblesse.
Les pièces de cuir et la doublure en satin.
Etre toute seule. Tenir debout. Ne rien sentir.
Ca fait si mal.
C’est tellement fatiguant.
Tu t’efforces à paraître. A tel point que tu ne sais plus ce que ça fait que d’exister.
La douleur, la colère, l’angoisse… Ca ne cicatrise pas. Ca se putréfie.
Mais tu peux pas te résoudre à amputer.
T’es là sur ce banc comme dans la vie. Tu te démènes, tu t’agites. Pour ce qui est futile. C’est rassurant, les trucs futiles. Mais tu fais du surplace. Tu coules depuis des années. Tu pars. Toujours plus profondément. T’as trop peur pour regarder en haut, pour remonter à la surface.
C’était écrit, qu’ils disaient. Dans les étoiles, tout-ça. A l’encre des constellations.
Tu dois bien y croire, c’est marqué dans ton CV.
Ton père Vierge, toi Sagittaire, cette tante Gémeaux, ton cousin Bélier.
Et tous les ascendants.
Des galaxies lointaines qui rigolent bien de toi, noyée au fond du lac des signes.
Ca avait du sens. Ca menait quelque part.
T’aurais du le voir venir. Voir les choses en face.
Mais t’es là, sur le banc. En avance. Toujours là.
T’attends.
Tête basse, lentement, tendrement, tu remets du rouge à lèvres.
Bientôt ton premier jour, bientôt la vie adulte.
Bientôt cette Hippolyte que tu ne connais pas. Cette Hippolyte avec une paire de jambes qu’elle ne regarde plus.
Bientôt tu devras te lever.
Tu devras faire des choses. Dire des trucs.
Tu devras exister.
Tap. Tap. Tap.
Tout-ça. Tout-ça. Tout-ça.
Tu détestes déjà.
Dernière édition par Hippolyte F. Lupin le Mar 4 Oct - 21:33, édité 1 fois |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Dim 2 Oct - 21:43 ( #) | PREUMMMMMMMMMMMMS. Je vais éditer plus tard t'es pas au bout de tes peines. Crois moi. EDIT : Bon, est venu le temps de la déclaration d'amour je crois. Non ? Je vais probablement en faire trop je préfère prévenir... J'ai lu, relu, rerelu, encore et encore cette fiche, cette magnifique fiche. Ce chef d'oeuvre, n'ayons pas peur des mots. Au delà de la jouissance. Ravissement Tout le monde semble subjugué par ta fiche, et c'est tout à fait mérité. C'est même la moindre des choses en vérité. T'as rendu Hippolyte encore plus profonde, et plus complexe qu'elle semblait l'être dans ma modeste ébauche. Tu l'as rendu tellement vraie, tellement réelle. C'est épatant, c'est somptueux Bon par contre je vais éviter de te dire à quel point tu pues le génie, toi là, toi toi toi. Parce que vu le nombre de fois où je te l'ai répété j'espère que c'est enfin rentré, que tu l'as bien enregistré Je vais pas dire le quart de ce que je voulais dire. Mais je trouve pas les mots, tu les as tous piqué pour les mettre dans ta fiche de toute façon. A leur place. Lupisous et câlupins PS - Je sais pas si c'est très judicieux d'écrire l'évidence mais bon je vais quand même le faire parce que parfois dire la vérité ça fait du bien ( coupdecoudeauxLupin) : t'es génial ( ouaisouaisjesaismaisjaipaspumenempécherfinalement), j'ai hâte de rp avec toi et je te love. Violemment. PPS - ET. Merci. Juste merci. PPS - CETTE PUTAIN DE FAMILLE QUE VOUS M'OFFREZ LA... J'ai beaucoup trop de chance, je vous mérite pas PPPS - J'en ai même pas trop fait au final. Juste ce qu'il fallait.
Dernière édition par O. Knight Lupin le Lun 3 Oct - 17:30, édité 2 fois |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Dim 2 Oct - 21:51 ( #) | |
| | Re: Les Nocturnes.par Guest, Dim 2 Oct - 22:05 ( #) | Ce personnage, avec cette écriture, avec cet avatar.
Juste.
Oui. |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Dim 2 Oct - 22:10 ( #) | MVDD a tout dit Rebienvenue |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Dim 2 Oct - 22:10 ( #) | JE. LE. SAVAIS. snceojnererobrobnrnoborb Pu**in je pouvais pas rêver meilleure Hippo oh. mon. Dieu. Jotaimetusais? Rohlalaaaaaaa bienvenue dans la famille J'ai trop trop hâte de rp làààààà EDIT : Je meurs. Ton histoire est tellement belle
Dernière édition par Illyrio A. Lupin le Dim 2 Oct - 22:28, édité 1 fois |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Dim 2 Oct - 22:12 ( #) | Re-bienvenue |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Dim 2 Oct - 22:54 ( #) | |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Lun 3 Oct - 0:37 ( #) | Tara, mais quel choix de rethyjki Reeeebienvenue à la maison |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Lun 3 Oct - 4:25 ( #) | rien a redire a part re bienvenue ? |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Lun 3 Oct - 7:50 ( #) | omg Tara Rebienvenue à toi |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Lun 3 Oct - 9:07 ( #) | Je connaissais pas le vava mais il est Bienvenue à toi |
| O. Jill Peverell membre - i don't want just a memory Répartition : 11/04/2015 Hiboux Envoyés : 11656
| Re: Les Nocturnes.par O. Jill Peverell, Lun 3 Oct - 11:01 ( #) | Ce personnage. Cet avatar. Ce caractère. Cette fiche. |
| | Re: Les Nocturnes.par Invité, Lun 3 Oct - 13:54 ( #) | Juste... Wahou... Très beau.. Je... Bon bref. Bienvenue ! Enfin Rebienvenue ! |
| | Re: Les Nocturnes.par Contenu sponsorisé, ( #) | |
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