Eden est née – et puis, très vite, on l'a collé dans les bras de son grand frère : Charlie, cinq ans. Charlie l'a donné à son grand frère : Sasha, huit ans. Sasha l'a donné à son grand frère, qui l'a donné à … à bah non, la file s'arrête là. Âgée de quelques mois, donc, la gamine se retrouve dans les bras de son frère, âgé de dix ans. D'accord, il sait la tenir dans ses bras. Ok, il a vite pigé le truc pour lui donner le bib, pour lui changer sa couche – même si sérieux, ça schlingue à mort, ce truc – et dans l'ensemble, il est plutôt agile avec la petite. Mais est-ce vraiment de cette façon qu'elle aurait du grandir ? Pourtant, il n'y a guère le choix. La famille Erickson n'est pas fortunée. Chasseurs de Cariboux, menuisiers par moments, ils doivent faire de leur mieux pour gagner leur pain alors bien sur, papa chasse, maman dépèce les morceaux de viande et les garçons les vendent sur le marché, brandissant Eden pour attirer les clients. Ah, ça ! Quelle affaire familiale !

C'est dans cette ambiance étrange, pas vraiment bonne pour le dévelopement d'un enfant, que grandit Eden. Entourée de trois frères braillards et qui ne perdent pas leur temps pour courir dans tous les sens, d'un papa qui revient souvent de la chasse recouvert de sang et d'une maman qui, bien souvent, n'est pas plus sexy que le papa, l'enfant apprend vite à manier ce qu'elle va rapidement assimiler comme étant ses armes : les gros mots, ou ce qui lui servira à se faire sa place dans ce monde quasi exclusivement masculin.

A la maison, maman est une sorcière. Oh ! Cette dame, formée à Salem, est tombée amoureuse de son mari, un moldu de bas étage, et ne l'a jamais quitté. Elle lui a donné trois fils, moldus eux aussi, et a décidé de renoncer à la magie … mais pas aux sortilèges ménagers, tellement plus pratiques qu'un seau d'eau et qu'un balais ! Eden a donc toujours eu l'habitude de voir voler les assiettes dans le buffet, de voir se réparer d'un coup de baguette magique le pot d'eau renversé par Sasha, d'observer d'un œil intéressé la vaisselle se faire d'elle même … la magie ne lui est pas étrangère, mais sa mère n'a cependant jamais prit le temps de lui en parler non plus : pour la gamine, il s'agit là de choses normales, et elle est persuadé que tout le monde fait la vaisselle de cette manière ! Ce qui a ses avantages : à quoi bon parler d'un truc basique que tout le monde connait ? Elle tait donc, sans vraiment y penser, cette chose incroyable qui se passe chez elle, qu'elle ne comprend pas mais tant pis : c'est normal, c'est évident. Elle ne cherche même pas à comprendre.

Son enfance se passe donc de cette manière ! Ballotée entre la chasse au cariboux, les ventes à la criée, la magie normale … rien de bien extraordinaire, pour cette enfant qui ne va pas à l'école, se contentant d'observer la nature, de la comprendre, d'écouter les siens lui parler d'elle et de la vie : le marché, la chasse, l'argent. Et la boisson, un petit peu ! En clair, il apparaît rapidement qu'elle ne peut qu'avoir un léger décalage par rapport aux autres enfants. Mais comme elle ne les voit pas, Eden ne le sait pas. De temps en temps, des étincelles semblent s'échapper de ses doigts … parfois, elle a la sensation d'influencer sur la cadence de la vaisselle … bof, elle doit rêver.

Et puis, lorsqu'elle a onze ans, la gamine reçoit une lettre. Une lettre étrange, écrite dans une enveloppe de parchemin, une enveloppe lourde, très lourde … Eden la déchire à toute allure : il s'agit d'une admission dans une école de sorcellerie. Au début, la gamine n'y croit pas une seule seconde ! Et puis sa mère finit – enfin – par lui expliquer que tout le monde ne fait pas la vaisselle comme eux, qu'elles ont toutes deux des pouvoirs spéciaux, qu'elle doit en prendre grand soin … C'est à partir de ce moment là qu'Eden va se rapprocher de sa mère, que sa sensibilité va se développer légèrement, également.

Salem et son université magique, ses cours sans queue ni tête, ce rythme de vie qui ne ressemblait en rien à celui qu'avait connu jusque là la miss … Tout était différent de ce qu'elle avait toujours connu, tout ! Même ses habitudes ne pouvaient pas être conservées – difficile de partir à la chasse au Cariboux lorsque l'on est perdu dans un univers que l'on ne maitrise pas ! Il lui aura fallu du temps pour s'habituer à cette école – sa toute première école, d'ailleurs – à ce flot continu d'élèves autour d'elle, à la magie, omniprésente et qu'elle connaissait au final bien mal … Du temps pour s'habituer, également, à rester attentive en cours, à respecter ses professeurs, du temps pour tout, en somme ! Première expérience de vie en société à l'âge de onze ans, ce n'est pas une mince affaire ! Très vite, il apparaît que la gamine n'est pas à la hauteur – ou alors en décalage vis à vis de ses camarades. Elle manque cruellement de tact et ne sais pas parler à ses camarades, se contentant de leur rentrer dedans, de se battre, de jurer comme une chiffonnière lorsque quelque chose la contrarie, lorsqu'elle ne peut pas faire ce qu'elle veut – comme sortir de cours parce que bordel, c'est quand même trop chiant, de rester assise à rien glander ! Au bout de deux années, il est à peu près certain que la Miss se démarque tout de même dans certains domaines : elle aime l'astronomie et y excelle : c'est sans aucun doute la matière qu'elle préfère, avec la Botanique. Les soins aux créatures magiques l'intéressent également énormément, et elle montre quelques prédispositions dans les potions. C'est bien tout, cela dit, et les cours ou il est question d'agiter sa baguette magique dans tous les sens ne représentent pour la gamine qu'une vaste blague ! Les deux premières années de la miss se déroulent assez simplement, cependant, et elle réussit de justesse les passages en année supérieure.

Et puis, après son retour à la maison à la fin de sa seconde année, Eden apprend que la vie de sa famille – de fou, mais qu'elle aime – va changer : ses parents sont en instance de divorce. Elle, depuis son école, n'a pas assisté aux nombreuses disputes, mais ses frères lui en font part, cependant, et Eden apprend vite que la cause de cette séparation n'est autre qu'elle même. En effet, son père n'accepte que très mal que sa fille soit une sorcière. Rapidement, la décision est prise : les sorcières s'en vont, les moldus restent et quelque part, le cœur d’Eden se brise.
Sa mère la traine en Ecosse – au bout du monde, au final ! Elle a choisit ce pays car elle avait besoin de mettre de la distance entre elle et son époux, mais également car elle a entendu parler de Poudlard et de son enseignement de qualité. Elle trouve rapidement du travail au sein d'une ferme, perdue dans la campagne Irlandaise, ainsi qu'un logement au confort rudimentaire … mais peu cher. Et puis leur ferme de Dawson City n'était pas des plus confortable non plus ! Le Canada, son père, ses frères, les Cariboux qu'elle croisait au détour d'un sentier … tout manque à la demoiselle ! Pourtant, elle n'a pas le temps de s'y habituer. Déjà, elle entre à Poudlard – nouvelle école, nouveaux amis, nouveau terrain de jeu ! Elle essaye de voir les choses sous un angle plutôt positif et malgré une légère angoisse qu'elle camoufle bien vite sous une épaisse couche de je m'en foutiste en béton armé faite de ses airs de garçon manqué vulgaire, elle découvre sa nouvelle vie – encore.

Finalement, Eden s'habituera plutôt bien à la magie – au monde magique ! Elle découvre vite que les passages secrets camouflés un petit peu partout dans Poudlard sont très pratiques pour préparer tout un tas de sales coups et comprend que le simple fait de maitriser deux ou trois sortilèges basiques peut l'aider dans la mise en place de petites farces et autres bêtises en tout genre … et puis il y a cette foret à explorer, les cours de Runes à suivre avec acharnement, parce que mine de rien, ça lui plait, l'astronomie à redécouvrir – elle a changé de coin, sur le globe, et tout à bougé, même les repères qu'elle avait dans le ciel … Bref, sa nouvelle école lui plait et Eden s'y sent plus ou moins chez elle. Mais bien sur, son père lui manque et elle accepte mal le fait qu'il refuse de lui parler. Qu'il refuse que ses frères lui parlent. Elle peine à le comprendre et c'est également suite à cela que sa sensibilité va se creuser. La demoiselle la cache, cependant, encore et toujours, sous ses airs de baroudeuse peu commode, de bisounours à ses heures perdues, de fille sur d'elle, en somme, et cette sixième année en cours ne lui permet que de renforcer cette aspect de sa personnalité !