Ethel Robin naît le premier matin de décembre 1962, à la grande joie de ses parents et de son frère de 2 ans. C'était un jour tout blanc, la neige tombait fort et l'on ne distinguait pas les trottoirs du ciel. Le vent soufflait et glaçait la moindre forme qu'il trouvait sur son passage. La petite famille resta toute la journée au chaud à l'hôpital, à admirer la nouvelle venue et à observer ses petites mains et ses minuscules pieds, et put rentrer chez elle à la tombée du soir, avec la bénédiction des sages-femmes qui avaient rarement vu un nouveau-né si plein d'énergie.
Les Blackwood n'avaient jamais aspiré à une vie de grandeur, de fortune et de gloire. Jon et Abigail s'étaient rencontrés au hasard, inévitablement. Lui, un moldu, travaillait comme contrôleur de bus, un métier fastidieux qui lui mangeait peu à peu la vie qui lui restait. Elle, elle travaillait pour la section écossaise du Service de Détournement de l'Artisanat Moldu. Et s'ennuyait ferme aussi.
Tous deux partageaient une passion pour le punk. Ils se rencontrèrent au concert d'un groupe assez connu, dans une petite cave de Glasgow. L'ambiance était brûlante, la foule un peu trop folle, et vers la fin du concert, Jon fit un malaise. Il n'avait jamais très bien supporté les petits espaces, et là, entre petit espace, foule déchaînée et pogo furieux, il tomba. Droit sur les pieds d'Abigail. Alarmée, paniquée, ne sachant pas très bien quoi faire au milieu de tous ces moldus en transe, elle se faufila tant bien que mal dans un coin de la salle et transplana. Avec Jon.
Ils réapparurent au coin de la rue qui débouchait sur la cave où se tenait le concert. Personne ne semblait avoir remarqué leur disparition soudaine. Jon, en se réveillant, ne pu s'arrêter de la remercier, et insista pour lui payer un verre quelque part. Amusée, elle accepta, et c'est ainsi qu'ils commencèrent leur vie.
Ils décidèrent de tout plaquer pour faire ce qu'ils avaient toujours voulu faire : élever des moutons dans les plaines d'Ecosse. Une vie simple, où ils pourraient s'occuper de leurs enfants à l'abri des regards. Sans prise de tête. Laisser la magie des jeunes sorciers se développer en toute tranquillité. Jon avait bien accepté le fait qu'Abbie soit une sorcière ; il avait toujours été un peu rêveur sur les bords, et le fait qu'il existe des choses secrètes dans ce monde ne le dérangeait pas le moins du monde. Il en était même très heureux, et espérait très fort que tous leurs enfants soient des sorciers, et qu'ils l'émerveillent jusqu'à la fin de sa vie. Pour Abbie, ça avait été un peu plus compliqué : sa famille avait du mal à accepter qu'elle se soit mariée à un moldu, vraiment beaucoup de mal, au point qu'elle finit par couper les ponts avec eux. Elle en souffrit, mais se reconstruit peu à peu à travers l'amour qu'elle portait à son petit monde. Elle voyait qu'elle n'avait pas fait le mauvais choix.
L'enfance d'Ethel se déroula à peu de chose près sans incident. Il y eut bien cette fois où ils durent restés cloîtrés chez eux pendant deux jours parce qu'un loup-garou rôdait dans les environs et qu'il avait déjà décimé un tiers de leur troupeau. Ou la fois où, à 7 ans, elle fit exploser toutes les fenêtres d'un supermarché parce que sa mère refusait de faire voler le caddie entre les rayons. Une enfance épanouie, en somme.
Ethel redoutait son entrée à Poudlard à peu près autant qu'elle s'en réjouissait. Quitter son cocon familial si rassurant et soudé ne lui disait rien ; en même temps, Sean y était déjà depuis deux ans, et toutes les histoires qu'il lui racontait la faisait rêver. Et puis, au fond, elle savait qu'elle y vivrait ses plus belles années.
C'est en troisième année qu'elle eut sa deuxième plus grande révélation : le cours de Soins au Créatures Magiques. Ethel n'avait jamais vraiment rencontré d'animaux magiques avant, à part quelques gnomes qui trainaient dans le jardin de temps à autre. Il faut dire que sa mère n'était pas très calée en faune magique, et comme elle n'avait que rarement des contacts avec sa famille sorcière, elle n'avait pas pu en apprendre beaucoup. Mais là, c'était autre chose que des gnomes hyperactifs. Il existait une diversité incroyable d'animaux magiques, tous plus épatants les uns que les autres, et Ethel voulait tout savoir d'eux. Absolument tout. La richesse sans limite du monde des sorciers la frappa de plein fouet cette année-là, et jamais elle ne fut plus heureuse d'en faire partie.
Depuis ce moment, Ethel commença à s'intéresser à tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une créature possédant des capacités magiques. Ses relations sociales en pâtirent, car elle passait plus de temps brosser des hippogriffes qu'avec ses amis. Les mois puis les années passèrent, et elle se retrouva vite seule, électron libre gravitant autour de quelques personnes seulement. Elle ne se rendit pas tout de suite compte qu'elle n'allait pas bien. La solitude la faisait souffrir. Une petite dépression s'insinua lentement en elle, et elle se renferma, ne partageant plus ses pensées avec personne. Les gens la prenaient pour une folle, on se moquait d'elle dans les couloirs. Ses "amis" d'avant ne lui adressaient plus la parole de peur de se faire juger négativement par leurs pairs, et les professeurs s'étonnaient de la chute spectaculaire de ses notes, de même que ses parents, qui se faisaient un sang d'encre pour elle. Cela dura une bonne année et demi.
En 5ème, Ethel se rendit gentiment compte que les BUSES approchaient à grands pas. Et qu'en fait, elle ne voulait pas rater ses études à causes que quelques moqueries infondées. Alors elle se remit à travailler. Puisqu'elle n'avait presque plus personne avec qui passer du temps, elle en avait largement assez à consacrer à ses études. Ses notes remontèrent doucement, et elle réussit tous les BUSES qu'elle voulait avoir, à son grand soulagement et à celui de ses parents. Mais sa vie sociale ne s'améliorait pas vraiment, et ce n'est pas comme si elle faisait vraiment des efforts dans ce sens-là. La solitude était plus mordante que jamais.
Et ce fut en 6ème qu'Ethel eut sa plus grande révélation. En décembre de cette année-là, son patronus se matérialisa. Ethel ne comprit pas tout de suite ce qui était en train de se passer. Elle n'avait que rarement réussit à conjurer un patronus sous forme animale, donc n'était pas vraiment sûre de ce à quoi il devait ressembler. Mais petit à petit, elle se rendit compte de ce qui était en train de se passer ; cette créature partageait ses pensées, ses émotions, et elle se sentait entière avec. Elle avait enfin un ami, quelqu'un qui ne la lâcherait jamais, jamais, jamais. Pour la première fois depuis 3 ans, elle se sentait véritablement heureuse.
A partir de là, tout alla de mieux en mieux : Soun n'aimait pas l'attitude renfermée d'Ethel, et savait qu'au fond elle était pleine de joie de vivre, et il fallait absolument qu'elle partage ça avec les autres. Le contact inter-patronus semblait bien plus facile que le contact inter-humains ; ou alors, c'était juste Ethel qui s'était un peu trop introvertie. Dans tous les cas, elle se refit quelques bons amis, et retrouva peu à peu son espièglerie de jadis.
Lors de la maladie des patronus, Ethel ne fut pas touchée, à son grand soulagement. Elle n'aurait pas survécu à perdre Soun après l'avoir juste trouvé. Mais quelques-uns de ses amis furent touchés, et les voir autant souffrir lui brisa le cœur. Elle fit tout ce qu'elle pouvait pour être souvent à leurs côtés et les soutenir, mais ce n'était pas chose facile. Empathique comme elle était, elle avait l'impression de ressentir toute la douleur de ses proches. Son frère Sean notamment fut touché, mais il réussit à surmonter la maladie en se battant courageusement grâce au soutien sans faille d'Ethel et d'Ian, tous deux immunisés. Cette période difficile renforça encore plus le lien qui  unissait les trois Blackwood, soudés jusqu'au bout du monde, prêts à affronter la vie jusqu'à la mort.