Les choses se sont enchaînées sans qu'il n'ai le moindre contrôle sur la situation. Lui qui pourtant semble toujours tout maîtriser. Autour de lui tout vole en éclat, soulevant des questions auxquelles il n'a pas la moindre envie de répondre. Dans les couloir du château, qui le retiennent enfermé depuis bien trop longtemps, il profite du peu de temps libre qu'il a pour y réfléchir, pour prendre du recul sur la situation. Que la vipère qu'il considéré comme l'une des personnes les plus importantes dans sa vie le fuit est une chose, mais qu'elle se rapproche de ces sombres parasites, tout juste bons à souiller son image, lui laisse un goût bien plus amer en bouche. Les choses reprenaient doucement leur place, mais la rancœur est toujours resté bien présente chez le serpent, jusqu'à ce qu'il reçoive ce hibou, ce hibou qui l'a poussé hors de contrôle, ce hibou qui a signé le début d'une longue période glaciale avec Delliha. Et puis il y a son frère, son double, celui avec qui il a toujours tout partagé, ce traître. Si le vert et argent s'amuse depuis des années maintenant à repousser les limites de son esprit dans l'unique but d'atteindre le don de légilimencie qu'il convoite tant, il n'avait pas mesuré les conséquences. Les images de son frère parmi les cabanons en feu de Bélize ne cessent de lui revenir en mémoire avec une certaine violence. Ses poings se serrent d'eux même, sans qu'il n'en prenne conscience. Konràd a toujours été le sanguin, l'impulsif, celui qui ne réfléchit pas assez avant d'agir, aveuglé par sa soif de grandeur, aveuglé par ses ambitions, ses convictions. Il le sait. Pourtant, savoir qu'il a participé au massacre réveille une colère sourde chez Kilian. Une rage qu'il tente de faire taire depuis plusieurs jours déjà. Les opinions de son frère, de son père, il ne les connaît que trop bien, et bien qu'il en défende une partie, l'idée que l'un d'eux puisse agir de manière si irréfléchi, attaquant sans même viser les bonnes personnes, sans même répondre aux bons objectifs, risquant de blesser ceux auxquels il tient, il ne la supporte pas. Halcyone hantait ses pensées cette soirée là, parce qu'il était incapable de la trouver du regard, parce qu'il restait sans nouvelle. Et puis il y a ce gosses, Machar, à peine sortie du cursus primaire et déjà fiancé. Une Von Sachsenheim, une allemande. Le sentiment d'urgence s'est intensifié depuis ce jour. Kilian qui avait déjà tout prévu, tout planifié, se retrouve mis au pied du mur, par le sentiment de compétition alimenté dans sa famille depuis son plus jeune âge.

Un soupire effleure les lèvres du serpent, alors qu'il tente de chasser ces sombres pensées de son esprit. Son regard se heurte aux jeunes sorciers qui peuplent le couloir, comme toujours et son visage de marbre reprend place naturellement. Une couleur vive attire son attention. Une silhouette familière, parmi les élèves. Sans trop chercher à réfléchir, il s'avance rapidement dans sa direction, glissant ses doigts autour de son poignet, avant qu'elle ne lui échappe, simplement pour la prévenir de sa présence. Halcyone. Un sourire se dessine sur les lèvres du serpent, alors qu'il s'écarte du couloir qui se vide peu à peu, pour se diriger vers une salle de classe vide. Il devrait sans doute se taire, garder ces mots qui lui brûlent les lèvres pour lui, la laisser hors de ces histoires qui le rongent. Il connaît l'amitié qui lie la lionne à l'aveugle, mais il sait aussi qu'elle ne porte pas Delliha dans son cœur, pas plus que lui n'apprécie Angelo. «  Salut. T'as 5 minutes pour moi ? » Halcyone a eu cette première place dans sa vie pendant des années, elle a été celle qui comptait plus que les autres, celle qu'il pensait garder près de lui, au point de parler d'avenir. Douce innocence de jeune adolescent. Et même si aujourd'hui leur relation est bien loin de cette histoire d'amour, elle reste son premier amour, elle reste cette amie d'enfance avec qui il a partagé bien des choses. Elle est loin de partager ses idées et il sait que sans cette ancienne relation ils n'auraient sans doute plus grand-chose en commun. Pourtant, il la garde dans sa vie, il accepte leur divergence. Il l'a déjà perdu de vie pendant trop longtemps et cette fameuse nuit de Bélize a suffit à provoquer en lui l'électrochoc qui lui a donné envie de renouer. Alors aujourd'hui il ne compte pas la perdre de vue à nouveau. «  T'as entendu parler de cette histoire entre Delliha et … ton meilleur ami ? » Le serpentard lâche ces derniers mots avec difficulté. Il n'a plus la même importance dans la vie d'Halcyone, et il n'a certainement pas à donner son avis sur ses fréquentations, mais sa haine pour l'aveugle refait surface avec davantage de violence lorsqu'il est associé au nom de la McLeod et savoir qu'il est aussi le meilleur ami de la métamorphomage lui laisse un goût amer.