Être Parfait est ennuyeux. Mais parfois, l’ennui c’est bien aussi.
Silver Asling Callahan est né dans une famille de sorcier tout ce qu’il y a de plus banal, une famille relativement aisée, composée d’un père sorcier, David Callahan, et d’une mère Moldu, Saphir Callahan, née Kern. Une famille sans problèmes, une famille heureuse. Une famille comme des centaines et des centaines d’autres. Et cela aurait put continuer ainsi pendant longtemps, ils auraient put être heureux de longues années, voir leur fils entrer à Poudlard, le voir réussir ses études, le voir prendre femme, avoir des enfants, un chat, un chien, des hamsters, des poissons rouges. Voir le chat manger les poissons rouge, puis se faire manger par le chien tout cela sous le regard moqueur des hamsters, jusqu’à ce que les dits Hamsters se rendent comptent qu’on avait encore oublié de les nourrir et qu’ils ne meurent à leur tour.
En bref, une vie tout à fait banale. Comme la vie d’une centaine d’autres sorciers.
Mais les dieux devaient beaucoup s’ennuyer à observer toutes ces familles banales et vides d’intérêt... Ils devaient sans doute se dire qu’il leur fallait un peu de distraction, un peu d’animation dans leurs longues vies éternelles. C’est surement pour cela qu’ils choisirent entre autre la famille Callahan pour égayer leurs tristes jours.
C’est ainsi qu’après 5 Années tranquilles tout sombra. Après 5 années à vivre heureux, dans une bulle d’amour et de rire, avec de l’argent qui rentrait régulièrement, avec des amis et des proches aimants, tout se finit.
Cela se passa discrètement, insidieusement. Tout d’abord, les derniers membres de la famille proche de David moururent, dans une attaque de Mangemorts. L’attaque ne les visait pas, ils étaient simplement là au mauvais moment, au mauvais endroit. En gros, ils étaient mort pour rien. Sort perdu. La famille Callahan n’était plus que composée des trois derniers membres. Le chef de famille reçu cela comme un premier coup dur qu’il encaissa du mieux qu’il put, soutenu par sa femme et son jeune fils.
Et cela continua. Un magasin vendant des ingrédients de potions, comme le sien, s'était installé dans la même rue que lui. Au début aucun changement ne sembla se faire, les clients était habitué à lui et venait le voir plutôt que l’autre… Mais bientôt, quelques rumeurs coururent, comme quoi ses ingrédients n’étaient pas de bonne qualité, qu’il y avait des risques à les utiliser. Des sois disant anciens clients témoignèrent de l’explosion de leur création. Fausses accusations qui portèrent pourtant leur fruit. : Peu à peu, la petite échoppe fut délaissée, les gallions ne rentrèrent plus, le train de vie diminua. David tenta de tenir bon, de résister, de faire remonter l’affaire familiale. Sans succès. Non seulement sa réputation était terni, mais celle de sa famille l’était également. Ils étaient montrés du doigt, moqué par tous.
Jusqu’à la fermeture totale du magasin. Il n’y avait plus rien à faire, presque plus personne ne venaient : Le bénéfice des ventes ne couvraient plus les achats nécessaire au bon fonctionnement de la boutique. Nouveau coup dur, l’humeur de l’homme s’assombrissait plus souvent, plus durablement. Des plis d’inquiétude barraient son front.
Ils essayèrent de ne pas se faire de soucis au début : certainement, ils allaient relever la tête. Ils allaient s’en sortir, sans aucun doute. Ils étaient des gens bien, cela ne pouvait se passer autrement. Mais, ils n’avaient pas prévu que la mère de Silver retomberait enceinte, ils n’avaient pas prévu de s’en apercevoir trop tard pour pouvoir faire quelques choses. Bientôt, il y aurait une nouvelle bouche à nourrir. Cette nouvelle qui aurait dut être bonne ne fit que désespérer le sorcier.
Sa femme avait tout abandonné de son ancien monde en l’épousant. Elle était très jeune à l’époque, elle n’avait aucune compétence, aucun diplôme, rien. Elle ne pouvait pas aider à sortir sa famille de là, elle pouvait juste observer son mari sombrer tout doucement, désespéré de ne trouver aucun travail.
Comme quoi, la crise du travail ne touchait pas que le monde Moldu.
Il commençait à visiter plus souvent les bars, que les possibles employeurs.
La déchéance n’emporte jamais un Homme seul. Elle touche tous ceux qu’il aime.
Au départ ils essayèrent d’épargner le jeune garçon, ils tentèrent de le garder à l’écart de leurs problèmes de grandes personnes. Mais ils durent se faire une raison à la naissance du petit frère : Ils ne pouvaient plus garder le même rythme de vie. Ils arrêtèrent de payer le professeur particulier qui enseignait au petit homme les bases que tout enfant de cet âge devait savoir et ce fut Saphir qui se chargea de son apprentissage du mieux qu’elle put, essayant de combler toutes les lacunes possibles.
Bientôt encore, alors que le plus jeune n’avait que quelque mois, ils durent déménager : La maison ne leur appartenait pas et le propriétaire n’acceptait plus les retards répétitifs de la remise du loyer. Sans aucune considération pour leur désespoir, il les chassa. Ils trouvèrent un appartement minable, dans l’Allée des Embrumes et David sombra encore un peu plus bas. Il ne cherchait même plus. Le peu d’argent que Saphir réussissait à gagner en faisant quelques travaux chez les familles voisines, il le dépensait en alcool. La tension montait de jour en jour, les disputes entre les deux adultes se faisaient de plus en plus nombreuses.
Et un jour tout bascula.
_ «
David… ? » La jeune femme fixait avec inquiétude son mari. Il venait de rentrer du pub. Encore. Bourré. Toujours. Elle n’était plus sur de se souvenir d’un moment où il avait été sobre, ces derniers temps.
_ «
Quoi ? » Elle se mordit les lèvres face aux ton agressif. Tentant de se faire apaisante, de retrouver ces réflexes qu’elle avait avant, ces réflexes de femmes amoureuse qui savait comment distraire son homme du malheur, elle s’approcha et tenta de lui sourire. Elle n’avait pas conscience du fait que son ainé était entré dans la pièce, attiré par le ramdam qu’avait fait son père en rentrant à la maison.
_ «
Tu… Tu ne pense pas qu’il faudrait que tu retourne chercher du travail ? J’ai… j’ai pu faire quelques ménages, mais deux des familles que j’aidais ont réussis à se procurer des Elfes, et elles n’ont plus besoin de mes services… Je n’aurai plus assez d’argent pour… pour nous payer à manger, et avec l’alcool tu… »
CLACLa gifle avait fusé et un double hoquet de surprise retentit dans la pièce. Surprise, et une main sur la joue cuisante, Saphir se retourna et fixa son fils qui les regardait horrifié. Inquiète elle essaya de le faire partir, il n’avait pas besoin de voir ça. De voir la folie qui prenait doucement son père.
_ «
Silver chéri, va t-en, tu... »
_ «
Comment ose tu… » Elle se tourna à nouveau vers David et déglutit légèrement, inquiète. L’homme qu’elle aimait était saoule et en colère et ne ressemblait absolument plus à celui qui l’avait tant séduit à l’époque. Cela faisait longtemps qu’il ne lui ressemblait plus, en vérité. Reculant légèrement elle le supplia du regard mais il ne sembla pas le voir. Il ne la voyait plus depuis plusieurs mois maintenant. Il ne voyait plus que ses problèmes. Les siens. Pas les leurs. Justes les siens. «
Comment ose tu insinuer que je ne fais rien pour nous sortir de là ? Que je n’ai jamais rien fait ? Et qui a travaillé durant des années pour vous nourrir, HEIN ? » Sa voix montait crescendo alors qu’il avançait sur sa femme, terrifiée. «
Qui a sué sang et eau pour vous habiller ? Pour vous soigner ? QUI ? »
CLAC Une deuxième gifle claqua, envoyant rouler la jeune femme au sol tant elle avait été violente. Celle-ci sanglotait maintenant, totalement dépassée par les évènements, elle balbutiait difficilement entre deux coups reçu, expliquait qu’elle était Moldu, et que dans le monde sorcier elle ne pouvait rien faire. A ces mots, l’homme qui n’en n’était plus un sembla enrager encore plus, il se pencha et saisit la chevelure de sa femme, la tirant violement vers le haut. Il n’y avait plus aucune logique en lui, plus rien de réfléchit. Il cherchait juste quelqu’un pour se défouler, pour se décharger de ses fautes, de son incapacité à agir.
Il s’apprêta à lui asséner de nouveaux coups, mais avant qu’il n’ait put lever la main, des pleurs encore plus violents résonnèrent dans l’appartement, augmentant sensiblement la fureur de l’homme. Il se dirigea droit vers la source de ces beuglements qu’était le berceau du tout petit frère, du petit dernier. Il était trop soul, trop enfoncé dans sa colère pour comprendre qu’il risquait de faire quelque chose d’horrible. Saphire tenta, en le voyant faire, de se relever et de s’interposer mais, alors qu’il n’était qu’a quelques pas, ce fut Silver qui se glissa entre lui et Louan. Il tremblait, il était terrifié, mais il ne voulait pas que son papa fasse à son petit frère ce qu’il venait de faire à sa maman. Du haut de ses 6 ans, il fit face à son père, les yeux brillants de larmes et de peur.
L’homme n’en fut pas ému et l’envoya rouler plus loin d’une nouvelle gifle qui claqua sèchement dans l’appartement.
Il toisa hargneusement son fils, la chair de sa chair, le sang de son sang. Une grimace de dégout lui monta aux lèvres. Un parasite. Voilà tout ce que ce gamin était. Un foutu parasite qui lui pompait le peu qu’il possédait encore. Une chose incapable de faire quoi que ce soit. L’inutilité même…
Inutile…
Il plissa les yeux, soudain. Et sa moue de dégout changea en un rictus peu identifiable.
«
Mais c’est finit » Siffla-t-il d’un air mauvais. «
C’est finit, je ne serai plus le seul à trimer. Silver mettra la main à la pâte désormais ! »
«
Non ! Laisse Silver tranquille ! » Elle s’était exclamé brutalement, se relevant à moitié, terrifiée à l’idée de ce que pouvait faire son mari. Mais elle s’écroula dans la seconde, terrassée par un sortilège de douleur.
Et alors que la voix de sa femme se brisait sous ses cris, David saisit son fils qui n’avait pas bougé du sol où il avait atterrit, et le tira derrière lui se fichant comme d’une guigne des tremblements et sanglots qui s’échappaient du petit corps. Pour l’homme, il était temps que le gamin paie toutes ses années où il avait vécut oisivement, se contentant de profiter de ce qu’il ramenait à la maison.
C’était comme si les quelques années de bonheur qu’ils avaient tous vécut avait tout simplement disparues, brisées par le poids trop lourd qui leur était tombé dessus.
Envole-toi Enfance.
Bientôt, je ne me souviendrai même plus de qui tu étais.
A partir de là, ce fut la fin de l’enfance du jeune garçon. Finit les quelques jeux, les rares moments de détente qu’il avait encore. Il n’y avait plus rien de tout ça.
Son père trouva le moyen de le rendre utile. De lui faire rapporter de l’argent. Silver devint en quelque sorte l’esclave de son père et de ses lubies. Le sorcier était plongé jusqu’au cou dans des magouilles et des combines toutes plus louches les unes que les autres, et il utilisa son fils dans une bonne partie d’entres elles.
Il l’utilisa en tant que coursier, il lui confiait des produits plus ou moins licites auxquels en tant qu’ancien vendeur d’ingrédients de potion, il avait accès et qui étaient énormément demandés par les sorciers plus ou moins douteux, plus ou moins sombres qui hantaient l’allée mal famée. Le jeune garçon la parcourait en long, en large et en travers tout au long de ses journées, sans aucune considération pour son jeune âge. Et s’il avait le malheur d’être en retard pour une livraison, ou si les produits ne correspondaient pas à la demande, s’ils étaient abimés, ou tout simplement si les clients n’étaient pas de bonne humeur il se recevait nombre et nombre de coups qui le laissaient parfois sur le carreau durant un long moment.
Et s’il y restait trop longtemps, c’était son père qui se chargeait de lui rappeler ses devoirs envers lui.
Il utilisait la petite taille dut à son jeune âge ainsi que la discrétion naturelle de l’enfant; ou plutôt qui c’était naturellement imposé à l’ainé de la famille quand il avait compris que ça l’aidait à rester hors du chemin de son père ; pour le faire s’introduire chez certains autres habitants, certain magasins, des environs pour lui faire voler certains artefacts qu’il revendait ensuite au marché noir.
Toutes ces choses rapportaient de l’argent, bien évidement mais pensez vous que cela aurait amélioré leur situation ?
Bien sur que non, les dieux s’ennuyaient réellement à cette époque voyez-vous.
David se contentait de le dépenser dans encore plus d’alcool, parfois dans le loyer, rarement dans de la nourriture. Le plus souvent, il le réinvestissait dans encore plus d’affaires louches. Un cercle vicieux en somme.
Et Saphire, dans tout ça ? Elle avait cherché à protester, bien sur. Les premiers temps. A chaque fois elle se retrouvait soumise soit aux coups de David, soit à ses sortilèges et finissait invariablement au sol en sang, en larme. Elle avait alors appris à se taire, comprenant qu’elle risquait un jour d’en mourir. Et elle n’avait pas le droit de laisser ses deux enfants derrière elle avec lui. Alors elle devait se taire, regarder son ainé souffrir, mais rester en vie.
La seule chose qu’elle avait trouvé pour l’aider, c’était de le soustraire de temps en temps à l’autorité de son mari et le prendre avec elle alors qu’elle se rendait chez certaines familles trop pauvres pour se procurer des Elfes de Maison et qui préféraient payer la Moldu pour les tâches ingrates telles que le ménage, par exemple.
4 Ans passèrent ainsi pour Silver. 4 Ans d’esclavages, à peine entrecoupées de quelques pauses de-ci de là, difficilement imposées par sa mère. Pensa-t-il un jour à se rebeller ? Jamais. Pas quand le moindre pas de travers signifiait encore plus de coups. Cela ne voulait pas pour autant dire qu’il n’attendait pas avec impatience la fin de ce calvaire. Et cette fin n’était représentée que par un seul jour, une seule chose. Son onzième anniversaire, et une lettre apportée par un hibou. Ce jour là il vit dans les yeux de sa mère un soulagement intense. Il allait partir à Poudlard. L’école de magie accordait une bourse d’aide aux étudiants en difficulté financière.
Il serait enfin libre, loin de toutes ces magouilles, de toutes ces personnes louches. Loin du danger constant que son père l’obligeait à côtoyer.
Et les dieux accordèrent une pause a leur jouet.
Il ne faudrait pas qu’il se brise trop vite, après tout.
La première année de Silver fut un rêve. Un rêve presque parfait où il découvrit de nouveaux camarades, des amis. De nouvelles choses à apprendre. Il était charrié, bien sur, sur ses vêtements rapiécés, sur ses affaires de secondes mains. Cruellement parfois. Mais, hé les enfants sont cruels, mais toujours moins que les adultes.
Il pouvait se faire à celle-ci.
Cette année fut couronné par une lettre noire, envoyé par sa mère. Une lettre qui annonçait sobrement la mort de son père. Son corps avait été découvert dans une sombre ruelle. Assassiné. Un Avada Kedavra. Trop de dettes, trop de magouilles. C’était prévisible. Silver ne pleura pas. Il fit de son mieux pour paraitre triste, alors qu’intérieurement il ne savait pas que ressentir à ce sujet.
Le répit est de courte durée, il faut replonger dans les méandres du malheur.
Malheureusement, cela ne pouvait pas durer. David était peut être devenu quelqu’un d’horrible, et ce qu’il faisait faire à son fils était absolument affreux, mais cela rapportait de l’argent. Argent qui, à sa mort ne rentrait plus. Saphire fit de son mieux pour tenter de les garder à flots, tandis que Silver, qui avait crut qu’avec la mort de son père tout irait mieux, dut replonger dans l’une des sales habitudes que celui-ci lui avait appris. Le vol. Sur les étales, dans les magasins, il avait la main leste et rapide. Discret, il avait apprit à se fondre dans l’ombre à se faire oublier, pour mieux se faufiler et dérober quelques petites choses intéressantes. Il voulait faire de son mieux pour aider sa mère, il ne voulait pas la laisser tomber.
Cela ne rapportait pas autant que les activités de David, mais il dut s’en contenter.
Leur famille était constamment en un équilibre des plus fragiles, sa mère était épuisée tout le temps et semblait régulièrement sur le point de craquer. Et elle le faisait, parfois, quand elle pensait que ses petits dormaient. Quand elle pensait qu’ils ne l’entendaient pas, elle pleurait et pleurait encore. Elle pleurait toujours. Elle ne souriait plus, ne savait plus ce qu’était être heureux. Louan, son petit frère ne comprenait pas pourquoi sa mère semblait incapable de rire avec lui quand il faisait des bêtises d’enfant. Il ne comprenait pas ce regard si triste qu’elle posait sur eux. Et Silver… Silver observait tout cela, silencieux. Impuissant.
Et Innocence rejoignit Enfance, dans les tréfonds de l’oubli.
Eté ’74, 14 Ans.Les sensations qui parcouraient son corps étaient très floues. Ce qui était en train de se passer, son esprit n’arrivait pas à l’assimiler. La seule chose qu’il réussissait à peu près à saisir, c’était qu’il avait était violemment plaqué contre un mur d’une des ruelles crasseuses qui débouchaient sur l’allée des embrumes et dans lesquels il avait pris l’habitude de traîner. Mais après ça… Il ne savait plus. Il ne comprenait plus. Des mains vicieuses le parcouraient durement, se faufilaient à des endroits interdits, le maintenaient fermement alors que son corps, instinctivement, cherchait à s’extraire de leur prise. Et il y eut la douleur. Affreuse douleur qui le transperça, et qui sembla durer et durer et durer.
L’homme responsable de cela avait-il conscience de ce qu’il faisait ? Savait-t-il que le corps qu’il profanait n’était même pas majeur, qu’il n’avait avant ça jamais connut ne serait ce que la tendresse d’une étreinte amoureuse ? Savait t il qu’il était en train de briser une vie déjà bien abîmée, de briser un esprit malmené par la vie ?
Ou bien était il comme une bonne partie des âmes errants dans cet endroit sordide, c’est à dire complètement soul, ou bien trop désespéré pour en avoir quelque chose à faire ?
Silver ne le sut pas, mais quand enfin les mains le relâchèrent, il s’effondra au sol, sanglotant, se recroquevillant sur lui même, là douleur courant encore en lui comme si l’acte était toujours en train de se produire. Il ne releva les yeux qu’au bruit incongru de pièces s’entre choquant, juste à temps pour voir plusieurs mornilles être jetées au sol près de lui. Choqué, les larmes ruisselant comme si elles ne s’arrêteraient jamais, il releva la tête imprimant dans son esprit la silhouette et les traits rendu flou par ses pleurs de son agresseur se détournant et s’en allant en titubant, jusqu’à disparaître au coin de la ruelle. Il ne l’oublierait jamais.
Son regard se reposa sur les pièces et, écœuré, désespéré, il les repoussa au loin d’un large geste de la main, puis il se roula en boule sur les pavés crasseux et éclata en de lourd sanglot qui secouèrent durement son corps frêle. Il lui fallut un long moment avant qu’enfin il ne réussisse à se relever pour quitter à son tour cet endroit cauchemardesque.
Il ne dit rien à personne. Il ne révéla à personne que innocence avait été volée de la pire des manières. Il ne confia pas plus qu’il avait été pris pour un prostitué par un inconnu totalement saoul.
Mais ce drame resta à jamais grave en lui. Ça, et le regret de n’avoir, au final pas pris l’argent. Certainement aurait t il pu aider à payer le médecin quand sa mère tomba malade quelque jours plus tard, la laissant aliter trop longtemps, les laissant eux, dans l’angoisse de ne pas la voir se réveiller un jour.
La luxure est un amour qui consiste à ne vouloir aucun bien à la personne aimée.
Un été, Silver eu 16 ans, Louan en avait 10. Bientôt, il rentrerait lui aussi à l’école, avec une bourse également. Mais malgré cette bourse, il restait certaines dépenses qui ne revenaient qu’à la famille, ainsi que des dettes qui s’accumulaient, des loyers impayés. Silver savait parfaitement qu’ils n’auraient jamais de quoi les assumer, et sa mère avait depuis bien longtemps revendu ce qui avait put être précieux pour elle un jour, et qui n’était plus maintenant qu’une possibilité d’avoir plus d’argent. Et personnes ne souhaitait engager le gamin qu’il était encore, soit pour son inexpérience, soit pour la mauvaise réputation qu’il pouvait avoir dans le quartier.
Malgré les années, les traces de son père étaient encore visibles et leur famille n’était pas dans les mieux vu du quartier.
Demander de l’aide à quelqu’un ? Cela ne lui était jamais passé par la tête, plus maintenant. Ils avaient essayé avant. Essayé d’avoir de l’aide, essayé de trouver du soutient. Mais le monde magique n’était pas connut pour son service social et ils n’avaient rien trouvé. Ils étaient tout seul.
Si ils ne trouvaient pas rapidement plus d’argent, non seulement Louan ne pourrait pas suivre d’étude correct, mais en plus ils seraient de nouveau obligé de déménager… Mais pour aller où ? A la rue ? C’était impensable. Sa mère, son petit frère, ils ne méritaient pas cela.
Durant ce fameux été, après une après midi d’errance durant lequel Silver avait une nouvelle fois frappé à toutes les portes qu’il croisait, et où il avait, une nouvelle fois, était refoulé à chacune d’entre elle, il finit par rentrer. Il était plus tôt que d’habitude, mais il avait fait le tour des dernières possibilités. Cet été encore, personne ne l’engagerait pour un petit boulot. Même pas pour une tache ingrate.
Rapidement, il se faufila parmi les sorciers qui marchaient avec des buts plus ou moins avouables dans la rue. Il louvoya entre eux et, arrivé dans un attroupement relativement compact, il laissa par habitude ses mains trainer. Elles trouvèrent rapidement une ou deux bourses de gallions qui furent délestées adroitement et en toute discrétion de quelques unes de leurs pièce, amenant un sourire ravit aux lèvres du jeune homme. Certes, faire le pick pocket ainsi ne les sauveraient pas, mais ça ramenait toujours un peu d’argent. Il ne pouvait pas se permettre de cracher dessus.
Quand vint le moment où il risquait de se faire repérer, il s’extirpa de la masse de monde et, marchant dans les ombres il rejoignit son chez lui. Discrètement.
Il ouvrit la porte de l’appartement et rentra à l’intérieur, distraitement, il la referma et commença à se déchausser quand un bruit incongru le figea dans son mouvement. Un gémissement ?
_ «
Maman ? C’est toi ? » Aucune réponse ne lui vint, et il fronça les sourcils avec inquiétude. Glissant sa main dans la poche de son jeans élimé, il en tira sa baguette qu’il maintint fermement. Il s’enfonça dans l’appartement, cherchant des yeux ou son petit frère, ou sa mère.
Il déboucha finalement dans la pièce principale qui réunissait une partie cuisine et une partie salon, si l’on pouvait appeler ça un salon. Un canapé, quelques étagères. Rien de bien folichon. De là, trois portes. Une salle de bain, sa chambre à Louan et à lui, et enfin… Celle de sa mère.
D’où provint un nouveau gémissement.
Cette fois réellement suspicieux il s’y dirigea tout doit et, après une légère hésitation, il entrouvrit la porte et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Ce qu’il vit le glaça. Dans cette chambr el y avait belle et bien sa mère. Sauf qu’elle n’était pas seule. Il y avait un homme avec elle. Un homme aussi nu qu’elle, un homme… Qui n’aurait jamais dut avoir le droit de toucher sa mère comme ça. Furieux, il ouvrit totalement la porte en balançant un coup de pied dedans, faisant violement sursauter les deux amants, et il rentra dans la chambre, la main crispée sur sa baguette.
Sa mère s’était retourné vers lui, horrifié.
_ «
Silver qu’est ce que… »
Il n’écouta pas la suite. Si à la base il avait souhaité demander des explications sur qui était cette homme ou depuis quand elle le fréquentait entre autre, ce qu’il vit sur la table de chevet près du lit lui fit oublier ces questions là.
Des pièces. Plusieurs pièces, des mornilles, jetées la négligemment. Dans son esprit, il vit d’autres mornilles tomber sur un sol dur et sale d’une quelconque ruelle, et il fit glisser son regard gris des pièces jusqu’à sa mère. Celle-ci avait remonté un drap sur elle et le fixait, désespéré. Il n’y eut pas besoin de mot, il avait compris.
Un mouvement dans le coin de sa vision lui fit tourner les yeux vers l’homme… le client. Et sa rage éclata quand il constata qu’il était toujours sur son lit.
_ «
Dégagez. » Sa voix était grondante, furax. Menaçante.
_ «
Dit donc gamin, ta mère est en train de bosser là, tu peux pas sortir un moment, le temps que je fini… »
Il n’eut pas le temps de finir, en réalité, puisqu’il se prit un expulso en pleine figure qui l’envoya voler loin hors du lit. Quand il essaya de se redresser, ce fut pour se prendre un coup de pieds dans les côtes suivit de plusieurs autres, encore et encore alors que des insultes lui étaient hurlé dessus par l’adolescent en pleine crise de rage. Les coups auraient put pleuvoir encore longtemps si Saphire n’était pas intervenu et n’avait pas saisit son fils pour le tirer en arrière, intimant à l’homme de partir. Quand enfin il fut hors de sa vue, Silver se calma immédiatement et se retourna dans les bras de sa mère, saisissant son visage entre ses mains, tandis qu’il observait gravement les larmes couler sur ses joues.
_ «
Plus jamais… Plus jamais maman, je refuse que tu le refasse… »
_ «
Silver, on a besoin d’argent… on en a besoin… Louan… il ne pourra jamais aller à hogwart. On aura jamais assez… Il y a encore tellement de chose à payer, je… »
_ «
Tais-toi… » Il avait murmuré cette phrase avec douceur, ses yeux non plus posés sur la femme désespérée, mais sur l’argent toujours posé sur la table de chevet. «
J’ai… J’ai trouvé un travail… Tu… Tu n’auras plus à le refaire… Je te le promets. Continue juste… Les travaux que tu faisais avant… Je ramènerai assez d’argent… Ca va aller. » Serrant doucement la femme contre lui, il apaisa sa douleur et ses craintes du mieux qu’il put et ferma douloureusement les yeux.
Oui. Il avait trouvé un travail.
Après tout, n’était ce pas ce pour quoi on l’avait pris, il y quelques années de cela ? C’était sans doute ce à quoi il était destiné, au final.
Il aurait pu mourir et cesser de souffrir.
Il préféra vivre, et continuer à se battre.
Il avait prit sa décision, son cœur, son corps et son esprit était de toute façon brisé depuis longtemps. Il ne risquait plus rien, il avait touché le fond. Alors, qu’est ce que ça changerait de se rajouter un poids aux chevilles, pour y rester coller, franchement ?
Il prit l’habitude de discrètement sortir de l’appartement miteux où ils étaient tout les trois entassés, habillé de la façon la plus provocante qu’il pouvait trouver. Il se dirigeait vers l’une des ruelles adjacentes où il savait que se trouvaient les personnes dont la vertu n’était plus qu’une illusion. Et, en leur compagnie, il s’attelait à faire plaisir à des Sorciers bien pensants, qui venaient déverser leur pulsion et la frustration de leur vie trop parfaite, si ennuyeuse, dans les bras et le corps de ceux qui la leur enviait avec désespoir.
_ «
Hey, gamin… On s’connaitrai pas déjà ? »
Ses yeux gris croisèrent un regard inquisiteur bien que troublé par l’alcool et son cœur rata un battement. Quelle ironie. Il semblerait que l’homme qui lui avait prit la dernière chose qui lui restait deux ans auparavant soit un habitué des lieux, au final.
Il s’obligea à garder un visage et une attitude avenante. Il n’avait jamais fait ça, mais il prenait exemple sur ceux qui l’entourait.
C’était un métier parait-il. Ca s’apprenait forcément.
_ «
Pas encore non. Mais ça ne tient qu’a vous de changer cela. »
Et il était bon élève, quand il le fallait.
Le corps s’habitue à tout. Même au pire. L’esprit lui, est marqué à jamais. Le temps de nouveau s'était écoulé, et Silver avait 19 ans. Il était en Secondaire, en deuxième année d’enseignement magique.
Dans une chambre des soupires et des râles s’élevaient. Le bruit des draps, le bruit de deux corps l’un contre l’autre également. L’on pourrait croire à un acte d’amour.
C’était une simple transaction.
Un corps, plus ou moins consentant avec des réactions plus ou moins sincère ; moins que plus d’ailleurs ; contre un peu d’argent.
Une simple transaction.
Un semblant d’affection, un ersatz d’amour contre quelques pièces sonnantes et trébuchantes.
Un échange de bon procédé ?
Il se fit désirable, il se fit désirer. Il avait apprit les ficelles. Il jeta un œil à sa montre, peu gêné par l’activité en cours et grimaça imperceptiblement.
Un échange qui devait bientôt cesser, car il allait bientôt être en retard.
Il se fit plus pressant, plus présent. Il savait comment accélérer les choses, comment l’amener là où il voulait. Comment en finir rapidement.
Il ne s’agissait pas d’un client très exigeant. Il aurait put tout aussi bien rester immobile à attendre que cela passe.
C’est un dernier grognement quelque peu ridicule qui en marqua la fin, suivit par l’affaissement d’un corps sur le sien. Le jeune prostitué grogna avec agacement, et repoussa le plus vieux sur le côté. Se relevant légèrement, il grimaça quelque peu en s’asseyant. Il capta parfaitement le sourire fier de l’employé lambda du ministère qui s’offrait ses services et se retint de lever les yeux au ciel. Sa grimace n’était certainement pas dut a ses « prouesses » au lit, mais plutôt au fait qu’il avait un peu trop appuyé sur ses côtes en lui tombant dessus, réveillant la douleur infligée par Mr Livingston peut de temps auparavant.
Mr Livingston, il avait finit par savoir son nom. Son premier client. L’homme qui lui avait également prit son innocence l’été de ses 14 ans. Quelle ironie de le voir revenir plus que souvent entre ses draps. L’un de ses clients les plus réguliers, en vérité.
Certainement pas l’un des plus doux, par contre.
Les sorciers n’étaient pas forcément tous très ouvert d’esprit, et quand ils venaient se taper un prostitué mâle, la majorité préférait en plus de cela se défouler sur eux. Comme si les marques et les bleus qui parcourraient son corps étaient suffisants pour leur faire oublier qu’ils ne correspondaient pas tout à fait aux normes, à ce que l’on attendait d’eux. Lâches résidus incapable de s’assumer.
Se relevant, il récupéra lestement l’argent déposé quand ils étaient entré dans la chambre d’hôtel et compta rapidement, ignorant totalement les tentatives de l’autre pour le remette dans son lit. S’il avait eu un peu plus de temps ; et moyennant un supplément évidement, il n’était pas gratuit ; peut être aurait-t-il accepté, mais il n’en avait pas, et il fallait qu’il se dépêche.
Il récupéra sa baguette et se lança un sortilège qui le nettoya sommairement, se rhabilla en toute hâte et quitta la pièce, puis le bâtiment délabré qui avait l’habitude d’accueillir des gens comme lui.
Dès qu’il fut sorti, il transplana dans un coin discret de Pré au lard, et rejoignit la rue principale, faisant mine de rien. Il glissa ses gallions tout frais dans la poche de sa robe de sorcier, la dernière à peu près correct et pas trop élimée, et se mêla rapidement au flot d’élèves plus ou moins âgé qui profitaient des derniers moments de leur sortie au village sorcier. Il plaça soigneusement ses mains dans ses poches, pour s’éviter la tentation de fouiller dans celles des autres. Il avait juste le temps d’aller à Honeyduke acheter les sucreries qu’il avait promis à son petit frère qui, alité par une petite grippe, n’avait pas pu profiter avec lui de la sortie. La première de l’année, la première pour le jeune troisième année.
Au moins, il lui ramènerait quelques douceurs, cela ferait peut être passer l’amertume de ne pas avoir put sortir.
Et il pourrait se racheter de l’encre aussi. Le reste, il l’enverrait à sa mère.
Silencieux, et d’une discrétion à toute épreuve, il traversa la foule, reprenant le cours de sa vie, comme s’il ne venait pas de coucher pour de l’argent.
Il avait l’habitude, maintenant. C’était devenu sa vie.