Nom: rature, raclure, c'est une infamie qu'elle gribouille çà-et-là. c'est une marque de plus, une étiquette sépulcrale qu'elle brandit dans quelques flammes impétueuses. Rosebury, pour quelques larmes oubliées, pour quelques plaintes avortées. Prénom: petite perle de sang dans la gorge, cancer dévastateur, il porte l'essence d'un amour décomposé. poignard entre les amygdales, il tue le râle nécessaire à l'inspiration d'après. Sade, ou le déclin d'une existence sans aucun souffle. Âge et Date de Naissance: vingt-et-une années de mystères et de silences pourtant éloquents. vingt-et-une années, depuis un certain vingt-neuf octobre, à psalmodier quelques songes peuplés de chimères et de merveilles anéanties. Nature du sang: le rouge des condamnés, des laissés pour compte, des oubliés. la condamnation d'un vermeil aux éclats charbonneux. un sang mêlé aux enfers d'une société despotique. Situation familiale: brume d'une vie manquée, souvenirs falsifiés et rires qu'elle n'a jamais entendu. une mère recroquevillée, un père ravagé, puis une petite fille démantelée. il ne reste plus qu'un miroir brisé, quelques éclats dispersés dans la chair et les os. et la mort, encore, qui plane comme une entité absolue. une ombre décharnée, qu'elle a elle-même déracinée. Miroir du Rised: ce sont les sourires et l'insouciance d'une vie trop rapidement avortée. ce sont ces étreintes qu'elle n'a connu qu'en rêves décousues. c'est cette représentation éclatante d'une famille qui n'a su que se détruire. Epouvantard: sa propre fougue, son propre courroux, penché au dessus d'une carcasse peinte de rouge. et son rictus lorsqu'elle relève la tête. son air satisfait, puis cette faim dévastatrice. Composition de la baguette magique: un bois d'aubépine ayant en son cœur un ventricule de dragon, d'une certaine rigidité et d'une taille avoisinant les vingt-quatre centimètres. Etudes Suivies: une décennie à esquisser les pourtours d'une existence fêlée. justice et peser des âmes. le doigt accusateur que l'on tend, que l'on agite puis que l'on appose enfin. et la volonté d'effleurer, un coup de plus, le noir du bout des ongles dans ces quelques cours d'arts occultes où elle se perd davantage encore. Animal de compagnie: cet oiseau mortifère que l'on chasse par superstition, mais qu'elle chérit sinueusement dans l'ombre. cette part d'elle-même qui veille chaque jours sans qu'elle ne puisse la chasser.

hantée, peuplée de mystères. elle se dissimule, elle se terre derrière quelques rictus factices. c'est le vide qui l'habite, ce sont les nuits sans paupières, à caresser des songes qui ne seront jamais que poussières de cendre. c'est l'amertume quand elle dévoile ses grands yeux tortueux à la face du monde. Sade, c'est le mensonge qui se glisse, qui s'immisce dans les veines bleues. c'est l'illusion qui croit véritablement à son existence. il n'y a pas de réalité entre ses lèvres pourpres. il n'y a qu'une éternelle brise qui siffle ses inepties. et elle tisse cette toile fallacieuse, et elle s'en vêtit. qu'importe ce qu'elle ébrèche, ceux qu'elle lacère de sa langue gangrenée. elle s'invente des lendemains, des jours flamboyants. elle se dessine des vies. elle s'approprie des récits. elle est l'une et l'autre, mais pas celle qui s'emmure sous ces effroyables calomnies. qu'importe ce qui se recroqueville entre ses côtes. elle l'étouffe. elle l'enserre dans un étau ravageur. tout n'est que pure machination, finalement. tout n'est que pure manipulation. elle ne songe qu'à elle-même. là se cache l'unique vérité. prête à tout, prête au pire, peut-être. elle dresse un rempart mortifère autour de sa couche. elle se cloisonne, s'emprisonne. pourtant, les rictus sont là, toujours. et ils dessinent des émotions qui peinent à se taire. ils soulignent des silences plus éloquents encore. ceux qu'elle ne peut plus contenir lorsque la solitude l'enferme enfin et qu'elle déverse dans de grands cris déments. parce que c'est l'ouragan qui enfle comme un abcès derrière cette froideur, ce calme hivernal. ce sont les plaintes de cette fillette repliée dans un recoin de son existence qui se meurent chaque jours un peu plus. alors c'est acerbe, c'est sardonique, et implacable qu'elle s'expose, gardant jalousement pour elle les aspérités énigmatiques d'une part d'elle-même.

volatile au plumage ébène. volatile pernicieux, que l'on évite avec empressement. il est pourtant la seule créature à qui elle se fie lorsque l'univers l'enserre bien trop fort. il est celui qui la protège de ses ailes noires, depuis le premier jour. elle ne l'a jamais repoussé. elle ne l'a jamais blâmé. au contraire,
elle l'a accueilli en son sein. elle l'a bercé. et lui, il s'est niché en elle, entre ses côtes. il est le symbole de ce qu'elle dissimule aux yeux de tous. il est la part d'elle-même qu'elle tente encore de calfeutrer derrière quelques masques impitoyables. il est l'envers du décor, l'entité, l'âme qu'elle rejette dans un lointain nébuleux. alors elle veille. et elle se cabre lorsque l'on s'essaye à l'approcher. et c'est le prédateur qui se déploie quand la  proximité se fait bien trop dangereuse. c'est le grand félin territorial qui montre sa gueule béante, menaçante et destructrice. il n'est que très peu présent. c'est la terreur qui éveille ses sens. c'est l'angoisse qui articule ses membres despotiques. il est là pour elle. il est le bouclier qu'elle dresse jour après jour. pourtant, elle le redoute. et elle ne peut s'empêcher de se terrer, elle aussi, lorsqu'il prend les devants. il est de cette impulsivité, de cette fougue et de cette hargne qu'elle ne sait pas encore dompter. il a cette nécessité sinueuse et famélique qu'elle sent rugir sous la chair tendre de son abdomen. il a la mort puis l'épouvante qui dansent dans ses grandes prunelles folles.