Je pensais que quitter le monde sorcier était ce qu'il y avait de mieux pour moi. Je pensais que je pouvais laisser ce pan entier de ma vie derrière moi et oublier. Mais, je ne peux pas. Je ne veux pas. J'ai des amis, des gens à qui je tiens et c'est pour eux que je me trouve dans ce village. Dans ce bastion de la résistance. C'est pour eux et un peu pour moi aussi que je me bats. Je suis une sorcière. Je suis une sorcière et ils doivent l'entendre, le comprendre. Je suis aussi digne qu'eux d'utiliser la magie, parce que moi, je n'ai rien demandé. Je n'ai pas choisi, je subis. Je veux que Rosier comprenne la mesure de son erreur. Je veux que..." Léliana ! Attention derrière toi  !" Une explosion. Un trou noir...Mal, pourquoi j'ai mal ? Est-ce que je vais mourir ? Pas comme ça, pas sans avoir dit à Maxence que j'étais désolée d'être de nouveau partie. Que je suis désolée de ne pas être la petite sœur qu'il méritait d'avoir. Que je suis...
" Léliana ? Réveilles-toi, allez. Ouvres les yeux." J'ai mal partout. Je ne sais même pas ce qui s'est passé, mais ma tête me fais atrocement souffrir. J'essaie d'ouvrir les yeux, mais la lumière me fait mal. Et la douleur en continue qui se répand à travers mon corps. Que c'est-il passé ? Finalement, au prix d'un effort surhumain, j'arrive à ouvrir les yeux et je regarde autour de moi. Je cherche mon patronus des yeux et je le sens près de moi. Sa présence me rassure. J'ai besoin de lui aujourd'hui plus que jamais. C'est là que je vois une personne, assise sur une chaise. " Bon retour dans le monde des vivants Léliana, tu nous as fait peur ces derniers jours." Ces.... Derniers jours ? Comment est-ce ... ? " Et vous, vous êtes qui ? Et je suis où la ?" Je panique. Complètement. Je ne me rappelle de rien. Rien du tout. "Tu es à Godric's Hollow. On t'as retrouvée à moitié ensevelie sous un pan de mur. C'est grâce à ton patronus qu'on est venu te chercher. Tu ne te rappelle pas ?" " Qu'est-ce que je fais là ?" " Non mais tu es sérieuse ?" Je regarde la jeune femme, mais elle ne réagit pas. Qu'est-ce que je fous à Godric's alors que j'avais juré de ne plus jamais remettre les pieds dans le monde sorcier ? Elle a un étrange sourire sur les lèvres. Elle se lève et s'approche. " Petite perte de mémoire on dirait. Reposes-toi, je reviens demain et on verra alors ce que tu as oublié d'autre." Je hoche simplement la tête, trop faible pour répondre. Je la regarde partir et je ferme les yeux. Cette nuit-là, je ne fis que des cauchemars.

" Comment tu te sens depuis hier ?" " Perdue." Elle pose la question, je réponds. Elle sourit de nouveau. Elle a un beau sourire et n'est pas désagréable à regarder. Kiwi me rappelle à l'ordre mentalement. Je pousse un soupir et repose les yeux sur elle. " Bien, parle-moi de ton enfance." " Je vois pas en quoi ça va nous aider." " Fais-moi confiance." Je la regarde et soupir. Et je lui raconte tout. Je suis née à Saint-Malo, en France. Mon père avait rencontré ma mère lorsque cette dernière était venue passée quelques jours dans la cité corsaire et ils sont tombés fous amoureux l'un de l'autre. Elle a tout plaqué pour rester avec lui en France. De cette union, est nés mon frère, Maxence et trois ans plus tard, ce fut mon tour. Nous étions heureux tous les quatre pendant quelque temps. Puis ma mère tomba malade. Dépression, soit disant. Le mal du pays toutes ces conneries. C'est pour cette raison qu'à l'âge de six ans, on m'apprit que j'allais vivre ailleurs, dans un autre pays, une autre ville, une autre langue. Je n'en avais pas envie et je le faisais savoir à tout le monde. Ce fut Maxence qui me ramena à la raison en me disant que c'était mieux pour maman si l'on voulait qu'elle guérisse. J'aimais ma mère, bien entendue, mais je ne voulais pas partir pour autant. Mon arrivée à Londres ne se fit pas dans le calme. Les parents de ma mère ne nous acceptaient pas. Ils disaient que c'était de la faute de mon père si elle avait gâché sa vie et que nous n'étions pas les bienvenues. Forcément, cela déplut à mon père qui le fit savoir. Je n'ai jamais entendu mon père être autant en colère que ce jour-là. Mais, les faits étaient là. Dorénavant, notre vie se faisait à Londres. J'ai appris l'anglais à contre cœur et gardait mon accent français. Il était la seule chose qui me rappelait mon pays. " Comment as-tu découvert que tu étais une sorcière ?" J'eus un léger sourire. Cet après-midi-là, j'étais chez mes grands-parents. Ma mère habitait chez eux, mais il n'y avait pas le moindre changement, elle ne nous reconnaissait plus. Elle passait son temps assise sur un fauteuil dans sa chambre en silence, à regarder par la fenêtre. J'avais neuf ans, je voulais qu'elle me voie, qu'elle voit c que j'étais devenue, mais une fois encore, elle regardait le vide. Et je me suis mise à pleurer. La colère à ensuite prit le dessus et le vase qui se trouvait juste à ses côtés explosa en mille morceaux. Je n'en croyais pas mes yeux, était-ce moi qui avait fais cela ? Impossible et pourtant, elle n'avait pas bouger. Je n'avais pas bougé non plus. C'est là que je sentis le regard de ma mère sur moi et que je vis son sourire sur les lèvres. Cela ne dura que quelques secondes, avant qu'elle ne tourne de nouveau la tête vers la fenêtre.

Je pousse un soupir. J'avais enseveli ses souvenirs douloureux tout au fond de moi. C'était pour une bonne raison que je ne voulais plus y penser. Parce que ça me faisait toujours aussi mal même si je refusais de l'admettre. " Bien, on arrête pour aujourd'hui. On reprend demain." Je levais les yeux vers elle. " Pourquoi ? Je veux dire, en quoi mon histoire m'aidera ?" " Tu sais très bien pourquoi." Je me mords les lèvres et ne répondis rien. Elle quitte ma chambre sans rien ajouter de plus. Je n'étais pas amnésique, loin de là. Je savais parfaitement pourquoi j'étais là. Je n'avais jamais songé à la mort avant de venir me battre. Est-ce que c'est ça qui me faisait tant peur ? Mourir ? Je n'en savais fichtrement rien, mais j'étais un peu perdue. Kiwi ne disait rien, il restait silencieusement allongé sur le lit, la tête sur mes jambes. Il n'avait jamais eu accès à ces souvenirs que je cachais au fond de moi. Je n'aimais pas repenser à ma mère, à ces heures de souffrances, à son silence et son regard absent. " Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit sur elle ? "" Parce qu'il n'y a rien à dire sur le sujet." Pour moi, le sujet était clos et pas la peine d'en rajouter.

" Gryffondor hein ?" " Pardon ?" " Très bonne maison en tout cas." J'eus un sourire amusé sur les lèvres. Ma scolarité n'avait pas été de tout repos. Bonne élève mais souvent dissipée. Et j'ai aussi un palmarès impressionnant d'heures de colle. Je n'en suis pas fière, mais il faut dire aussi que dans la plupart des cours, je m'ennuyais. Je suis partie en enseignement magique durant la seconde partie de mes études. J'aimais ça, mais clairement finir professeur trop peu pour moi. J'avais toujours voulu devenir chercheuse en histoire de la magie. L'histoire, c'était sans doute la seule matière où j'étais attentive du début à la fin... Mais, même si j'adorais ce que je faisais, cela n'effaçait pas le manque que je ressentais quand j'étais seule. Mon frère me manquait, j'avais beau le voir dès que c'était possible, il me manquait. Je ne voyais plus nos parents et je ne parlais plus non plus à nos grands-parents. Et puis, le monde magique, finalement, je ne pensais que je n'y avais plus ma place. Alors j'en suis partie, sans le moindre regret, sans le moindre remords et je pensais ne plus jamais y remettre les pieds.

"Dis-moi, pourquoi est-ce que tu es revenue dans le monde sorcier ? Tu disais toi même que tu ne voulais plus jamais y remettre les pieds." Je baisse les yeux, gardant le silence quelques instants avant de reprendre. " Quand j'ai commencé à ne plus avoir de nouvelles régulières de mes amis, je me suis inquiétée. Je me disais que c'était normal, après tout, je suis partie, j'ai arrêtée mes études." Mais, j'étais bien loin de me douter de ce qui se passait en réalité. Pendant des mois, j'ai envoyé des lettres, mais toutes me revenaient parce que mon hibou ne trouvait pas les personnes à qui elles étaient destinées. Comme si ces personnes avaient tout simplement disparues de la surface de la terre. Mais, ça, c'est de la folie pure. C'est malsain de vouloir faire toutes ces choses. Après la peste des patronus qui avait fait des ravages, j'ai songé à l'idée que tout serait normal sans patronus, mais je ne serais jamais allée jusqu'à penser à faire ces horreurs.  " Je pense que tu as eu de la chance de ne pas être restée dans le monde magique. Tu aurais pu être l'une d'entre eux." Je frémis à cette idée. Même si Kiwi et moi, on n'est pas toujours d'accord sur tout et que je déteste sa forme de serpent, jamais je n'aurais laissé qui que ce soit lui faire du mal. Je ne pourrais jamais dire que je comprends, parce que c'est faux, ce qu'ils ont vécu est digne d'un film d'horreur. Et moi pendant ce temps, je faisais des fouilles archéologiques dans le monde moldu....Et pourtant, quand enfin, j'ai eu des réponses à mes lettres, je n'ai pas fait plus attention que cela. Ce qui se passait dans le monde magique me passait par-dessus la tête. Je vivais avec mon frère et je lui avais promis de me comporter comme une fille ordinaire. J'avais toujours ma baguette et mes livres, soigneusement ranger dans un placard dans l'appartement que nous partagions. " Pourquoi tu es revenue alors ?" Parce que je réalisais que je ne serais jamais une fille comme les autres. Que malgré moi, j'étais une sorcière. Et que j'avais beau le nier, les faits étaient là. Mon frère comprenait que cette facette de ma vie me manquait. " Que je le veuille ou non, je suis une sorcière. Et très franchement, je crois que ce côté de ma vie me manquait." Elle eut un sourire. Elle était jolie quand elle souriait. Je passais la main dans mes cheveux et les ramenai sur le côté. Je remarquais son regard sur ma nuque. Sans un mot, elle se leva et passa la main sur mon cou. Son regard se fit surprit. " Tu n'as pas la marque des patronus ?" Kiwi redressa la tête, aussi surpris que moi par cette question. "C'est quoi cette histoire de marque ?" Elle m'expliqua de quoi il en retournait et je l'écoutais avec un air surpris. J'avais quitté le monde magique bien avant ces décrets à la noix. Elle précisa que je devais faire attention, que le gouvernement anglais ne laissera pas une telle infraction passée. Je lui souris, comme pour la rassurer. Je suis confiante, Kiwi et moi, on ne laissera personne nous marquer d'une quelconque manière Elle regarda sa montre et se leva, je savais que c'était le signal de la fin. Je la regardais partir sans dire un mot.

L'air frais. Voilà des jours que j'étais clouée au lit, mais aujourd'hui, j'étais sortie. Elle était là, comme si elle m'attendait. Je ne savais même pas comment elle s'appelait, mais cela n'avait aucune importance. Je me dirigeais vers elle avec un léger sourire aux lèvres. " C'est gentil de venir me chercher." " J'étais sur le chemin." Nous marchions en silence quelques instants. Kiwi me pressa de lui demander qui elle était, il est vrai que je mourrais d'envie d'en savoir plus sur elle. Elle, qui savait tant de choses sur moi... " Tu compte rester ici ?" Je hausse les épaules, n'ayant pas vraiment de réponse à lui fournir. Il est vrai que maintenant, j'aurais du mal a retourner en France et faire comme si de rien n'étais...  " Je pense, que oui. Mes amis ont besoin de moi. Et puis, je ne peux pas faire comme s'il ne s'était rien passé. J'ai failli mourir." Elle s'arrête de marcher et je fais de même. Je la regarde fouiller dans ses poches et elle me tends ma baguette. Tiens dans l'histoire, je l'avais presque oubliée. Je la prends en main et je me sens de nouveau entière. Je la remercie et la glisse dans ma poche. Nous reprenions notre route en silence. " Je sais pas si on se reverra." Je tourne la tête vers elle avec un léger sourire amusé sur les lèvres. " Vraiment ? Que compte-tu faire maintenant ?" " Je ne devais pas rester aussi longtemps au village. Je pars en mission régulièrement et je suis absente des semaines entières." Je la regarde et l'écoute. Il est vrai que je ne sais rien d'elle, mais elle me donne vraiment envie de rester pour aider du mieux que je le peux. " Je peux au moins savoir comment tu t'appelle, à défaut de savoir qui tu es réellement..." C'est elle qui se tait, puis elle me souris chaleureusement. " Morgane." Une fois arrivé en bas de l'immeuble où j'occupais une chambre, j'étais partagée entre l'envie de l'inviter chez moi et de voir ce qui se passerait ou la nécessité de la laisser partir. L'envie l'emporta sur le reste. La nuit fut très agréable.

Aujourd'hui, je suis là, demain, je serais autre part. Il est agréable de se sentir utile. Je dissimule des journaux dans les villages sorciers afin que les gens apprennent ce qui se passe réellement avec le gouvernement Rosier. J'étais là depuis quelques semaines et je voyais déjà tout le mal qu'il causait. Lui et sa prétendue suprématie du sang. Ce type est ivre de pouvoir. Je prends des risques, je sais, mais je ne supporte pas de rester sans rien faire. Je n'ai pas revu Morgane depuis la nuit que nous avons passées ensemble et c'est bien mieux comme ça. De toutes façons, je suis bien occupée, mes amis ont besoin de moi tout autant que j'ai besoin d'eux. Et je dois rester en vie, ce qui n'est pas une mince affaire. Je suis forte. Bien plus forte qu'ils ne le croient. Ne t'en fais pas grand-frère, une fois que tout cela sera fini, je reviendrais te raconter. Mais, je crois que ma vie est dans le monde magique, aussi imparfait, soit-il, tu avais raison...