Perché dans un arbre, il devinait le court de la rivière en regardant s’agiter doucement la cime des arbres. Le vent vint doucement caresser ses cheveux tandis que les parfums de sève de pin remontaient du sol. La foret continuait à perte de vue et pourtant il y avait plus que cela. Ainsi en extension, ses doigts caressant l’écorce, il réfléchissait. Les sorciers. Pouvait-il leur faire confiance ? Avaient-ils jamais fait confiance aux gens de son espèce ?  Tout ce qu’il avait jamais connu c’était de la méfiance, de la peur, de l’indifférence jusqu’au dégout. Pas vraiment considérés comme des hommes, pas vraiment considérés comme des créatures. Les sorciers ne connaissaient rien. Ni le froid, ni la faim, ni la peine de perdre un enfant malade. Ni la meute, ni la chasse. Non, ils ne savaient pas ce que c’était d’agir comme un seul homme. Ils ne connaissaient pas l’excitation de la traque. Comment auraient-ils pu comprendre la hâte de la transformation, la libération de ce corps lourd et maladroit, la sensation de l’humus sous leurs pattes, la vitesse d’une course effrénée entre les arbres, le bruit du souffle court d’une proie épuisée, l ‘épanchement de la soif que procure le sang chaud coulant sur les lèvres. Les loups garous n’étaient pas malades, ils étaient parfaits. Le bruissement au pied de l’arbre le sortit de ses pensées. Il semblait qu’une biche s’était prise dans son piège. Il sortit son couteau et se laissa tomber. Ce soir ils allaient manger comme des rois.


« Dis Granny, comment tu as eu ta baguette ? »
« Tu sais Wulf, je ne suis pas née dans la foret comme toi. Quand j’étais petite je vivais dans une maison et j’ai appris la magie dans une très grande école qui s’appelle Poudlard. C’est pour ça que j’ai une baguette. »
« C’était bien ? »
« Pas comme ici. Je n’y retournerais pour rien au monde. »


« J’en ai marre d’utiliser la baguette de Granny, elle ne veut pas marcher ! La magie c’est nul ! »
« Ce n’est pas grave, va réparer les pièges plutôt. Tu réessayeras plus tard. »
« Pourquoi je ne peux pas avoir une baguette à moi ? »
« Parce que tu ne vas pas à Poudlard. »
« Pourquoi ? »
« Parce que tu es différent. Tu ne voudrais pas partir et vivre loin de nous, pas vrai ? »
« Oh non, non non. »
« Tu finiras bien par te trouver une baguette, tu as le temps. Ce n’est pas important. »


« Maintenant que tu es assez grand, on va partir en expédition. »
« On va chasser ? »
« Non, on va dans un endroit que tu n’as jamais vu. Ça s’appelle le Chemin de Traverse. »
« Drôle de nom. C’est quoi ? »
« C’est chez les sorciers. Je vais te montrer où trouver les médicaments, la nourriture, les nouveaux vêtements, et où tu pourras vendre ta chasse. Tu dois bien tout retenir, sois attentif. »
…
« Papa regarde ! Cet endroit est incroyable ! Ils ont des balais comme dans mon livre de Quidditch ! Oh regarde tous les chaudrons neufs ! Oh regarde les bonbons ! Oh ! Des chouettes ! Oh papa toutes les baguettes ! »
« Ne crie pas comme ça, tout le monde nous regarde. On va acheter les potions et s’il reste quelques mornilles tu auras une sucrerie, d’accord ? »
« Génial !! »


Hé ! Qu’est ce que vous êtes en train de faire ? Oui c’est à vous que je parle. Vous croyez que je ne vous vois pas, à mettre votre nez dans mes souvenirs comme ça ? C’est vraiment pas croyable, typique des sorciers. Juste parce que vous pouvez vous croyez que c’est permis, hein ? Sales fouineurs. Bien. Qu’est ce que vous voulez savoir ?

Oui je suis né dans une forêt. Quoi, vous avez un souci avec ça ? C’est parfaitement possible, vos ancètres l’ont fait pendant des millénaires, pas la peine de prendre vos grands airs. Oui je vis toujours dans une forêt, et pour rien au monde je n’irais m’enfermer dans vos cages à lapin. La nature est mon foyer et j’ai tout le confort dont j’ai besoin. Je ne suis pas un pinailleur, moi. Si je trouve un insecte dans mon lit je ne hurle pas. Si j’attrape des poux je vais me laver dans la rivière, pas besoin de paniquer.

Oui j’ai été sur le chemin de Traverse pour la première fois quand j’avais huit ans, et alors ? Je ne suis pas un sauvage, j’ai des livres, j’aime les grenouilles sauteuses en chocolat, je lis le journal et je bois du whisky pur feu. Oui, comme vous, incroyable non ? Qui aurait pu croire que vous aviez des points communs avec moi ?

Ma grand mère et les livres m’ont appris ce que je sais sur la magie. La baguette ? Je l’ai trouvée dans la poche d’un manteau dans un bar. Quand on n’a pas de tête on a un portefeuille. Je ne suis pas un handicapé de la magie, je sais lancer un Accio, un Stupefix ou un Silencio. Je sais même transplaner. Evidemment, vous ne croyez pas que je traverse cinquante kilomètres de forêt à chaque fois que je dois rentrer chez moi quand même ? Mais la magie n’est pas ce qui me fait gagner ma vie.

Mon revenu le plus fixe ? Le braconnage. Du calme, je ne tue pas les licornes pour m’amuser, je ne suis pas un monstre ! Je fais partie de la nature et je respecte son équilibre, moi. Je me contente de poser quelques pièges, de traquer. Au prix du crin de licorne ou du poil de demiguise c’est plutôt intéressant. Pas assez pour faire vivre tout mon clan mais déjà bien. Ce qui paye vraiment ? Haha, vous ne voulez pas savoir. Mais il n’y a rien que je refuserai si vous y mettez le prix et que ça ne dessert pas mes intérêts.

L’actualité ? Pfff. Je ne sais pas ce que j’en pense. Enfin, si je sais. Mais vous n’allez pas aimer ce que j’ai à dire. En toute honnêteté, j’ai maintenant 29 ans. Depuis tout ce temps qu’est-ce que le Ministère a fait pour nous ? Rien. Seulement des lettres, des menaces, des convocations. Ne tuez pas les moldus sous peine de poursuites. Ne mordez pas un sorcier sous peine d’emprisonnement. Vous êtes convoqué à un examen physique dans le cadre du contrôle des êtes supernaturels du département des Animaux. Mais suce mon être supernaturel du département de ta mère, sal*** !! Pour qui tu te prends ?! Pendant des années nous avons été au mieux ignorés, au pire dénigrés, menacés et traités comme des animaux. Maintenant, ce type arrive, et vous vous affolez tous. Mais pour nous c’est le seul qui nous a contacté comme des égaux, qui nous a proposé une alliance, de meilleures conditions de vie. Peut-on lui faire confiance ? Mais à qui pouvons-nous faire confiance à part à nous-mêmes ? Alors oui je suis prêt à l’aider, lui et ses mangemorts. Je ne vois pas ce qui pourrait m’arriver en le faisant.

Encore une question ? La dernière alors, j’en ai assez de cet interrogatoire. Ce que je pense des patronus… On s’en fout un peu non ? Ok, ok. Je pense que ça ne sert à rien. Je veux dire, comment ça pourrait être une bonne chose ? On a toujours vécu sans et maintenant un sort foireux vient faire apparaitre une bestiole qui parle et qui suit les gens ? Non, c’est un truc bizarre. Complètement artificiel. Et je vais vous dire, ça nous a apporté que des problèmes. On a deux jeunes dans la meute, et bien figurez-vous qu’il y a quelques mois ils sont devenus tout maigres, pâles, vraiment mal. On a cru à la dragoncelle, mais en fait c’était celle nouvelle saleté là, la fièvre des patronus comme ils ont dit dans la Gazette. Comme si les maladies habituelles ne suffisaient pas. Et comme d’habitude ça court au chevet des petits sorciers bourgeois dans leurs châteaux mais nous on peut crever. Ça m’a couté une fortune de trouver deux doses du remède pour nos gars. Tout ça pour qu’ils retrouvent leurs bestioles à qui ils parlent plus qu’à la meute. Ça détrui la jeunesse ça. Chez nous tout le monde dit tout haut ce qu’il pense, on ne fait pas de secrets ou de messes basses. On ne parle pas à une putain de belette au lieu de parler à son Alpha ! Typique des sorciers ça, vous faites n’importe quoi et après on doit vivre avec…