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you are beautiful and burning in the way only far off things are (eachan)
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Message you are beautiful and burning in the way only far off things are (eachan)
par Invité, Lun 4 Sep - 20:20 (#)
THORUN & EACHAN+ People aren’t suns or stars or skies. They can’t be. Bodies weren’t meant to hold the fire and the sea. But sometimes, sometimes I let myself think that maybe we used to be. And when I look at you, it’s easy to believe.

Elle posa un regard sur sa soeur endormie et se mordit violemment la lèvre inférieure. Ses sentiments à l’égard de Freyja étaient si fort qu’ils tambourinaient dans sa poitrine, déchirés entre l’incompréhension et la peur. Elle avait cru perdre sa soeur, alors qu’elle la transportait chez Romy à Godric's Hollow. Elle avait vu toute sa vie, tous ses souvenirs défiler devant ses yeux alors qu’elle serait le corps inconscient de sa soeur contre elle, et son coeur se faisait l’écho inverse de celui de sa jumelle. Elle avait essayé de la soigner, mais Thorun n’avait appris la médecine que sur le tard, en plein combat. Ses capacités avaient su limiter les dégâts, mais sa soeur avait nécessité des soins intensifs. Les pleurs de Thorun n’avaient pas suffit à ce que sa soeur se relève tranquillement, et une attelle tenait donc maintenant le bras et l’épaule de Freyja.
Puis, il y avait eu l’incompréhension, la rancoeur.
Que des émotions trop noires pour un coeur comme celui de Thorun.
Alors elle s’était cachée des yeux de sa fratrie, se plongeant la tête dans les plumes sombres de Kili dont les murmures la rassuraient sur son état.
Elle en voulait à Freyja, parce que dans ce monde où les gens perdaient leur famille tous les jours, elle avait été idiote. Parce qu’elle n’était pas prête, et qu’elle ne l’avait jamais été. Parce que Freyja avait décidé d’agir comme elle avait envie, sans prêter attention aux autres. Elle avait démontré un égoïsme qui faisait frissonner Thorun.
Et cette dernière lui en voulait tellement. Elle avait déjà trop pleurer pour laisser les larmes couler pour sa soeur qui ne suivait aucun ordre et qui se mettait en danger.
Elle avait voulu secouer Freyja pour lui demander ce qu’il s’était passé dans son crâne, et elle n’avait rien fait. Parce qu’elle était loyale, Thorun, et la loyauté pouvait signifier fermer les yeux. Mais il y avait la rancoeur qui germait dans son sein, lorsqu’elle voyait sa soeur incapable de se battre et qui allait dans les premières lignes. Il y avait une partie d’elle, une qui hochait la tête avec les sifflements de Kili, qui pensait que Freyja avait finit par se faire blesser parce qu’elle n’avait pas réfléchie, et qu’elle aurait pu entrainer la souffrance d’autres. Thorun se souvenait encore de la tétanie qui l’avait prise lorsque Freyja avait été projetée. Au beau milieu du combat, entre deux sorts lancés, et deux sorts évités, la douleur de la soeur avait été la sienne. Elle aurait pu être blessée, et Sirrush également.
Thorun savait que sa soeur ne méritait pas ces sentiments de sa part. Qu’elle avait essayé d’être présente, tout simplement, de ne pas laisser le combat aux autres. Et l’ancienne poufsouffle pouvait imaginer qu’il était difficile de regarder les dos des autres, savoir qu’ils partaient dans un champ de bataille. Pourtant, elle n’arrivait pas à ce défaire de cette image de Freyja en sang et  inconsciente et de ce sentiment négatif. Sa peur de perdre sa soeur nourrissait la rancoeur, et il fallait à tout pris qu’elle s’en débarrasse. Alors, Thorun allait courir tous les matins, ses pas l’amenant à l’extérieur de Godric’s Hollow. Sentir le vent dans ses cheveux et sur son visage était le seul remède qu’elle connaissait, et lorsque son corps s’habituait à ses mouvements et qu’ils devenaient mécaniques, Thorun s’arrêtait de penser. Elle ne songeait plus à sa soeur, plus à son frère, à sa famille ou à Philip qui ne lui parlait plus. Radspakr volait au dessus de sa tête, ses ailes battant doucement l’air pour se propulser à une allure qui suivait celle de Thorun.
Et cette dernière se perdit dans le battement régulier de ses pieds contre le sol, un bruit sourd qui s’alliait avec celui de son coeur contre sa cage thoracique. C’était une douce symphonie, un concert qui n’avait qu’un seul spectateur et qu’un seul musicien. Tu vois, tu survis. Ton coeur bat. Tes pieds tapent le sol. Tu survis. Et c’était le plus beau son au monde, le son de la survie. Il y en avait un autre, celui de la vie, celui qui correspondait à la sensation de ne juste pas survivre mais vivre. Thorun savait cependant qu’elle ne pouvait l’entendre dans de telles conditions, avec une angoisse rongeant ses os peu à peu, avec les combats qui éclataient ses tympans et sa soeur qui mettait un frein à sa respiration. Alors survivre suffisait. Elle le faisait depuis si longtemps qu’elle avait appris à ne pas trop en demander.
Thorun s’arrêta au pied d’un grand chêne, s’accroupissant finalement lorsque son torse reprit une inspiration régulière. Elle glissa contre l’arbre, son dos trouvant refuge dans les creux et les racines, les yeux fermés. Son patronus se posa sur une branche, puis sauta sur l’herbe, retrouvant sa forme de lynx facilement, et Thorun sourit lorsque le picotement de la transformation fut plus une caresse qu’une frappe. Gandalf se nicha entre ses jambes et Thorun commença à passer ses doigts entre les poils clairs.
« Il y a un animal, Thorun, » dit son patronus après un long moment et Thorun ouvrit les yeux pour observer une masse rousse à quelques mètres. Un sourire éblouissant étira ses lèvres alors qu’elle examina le renard, avec des yeux émerveillés. Elle se releva tout doucement, pour ne pas effrayer l’animal. « Bonjour toi. Comment vas-tu? » Et peut-être qu’elle s’était tellement habituée aux patronus qu’elle parlait aux véritables animaux comme s’ils étaient des extensions de sorciers, mais cela l’amusait, alors elle continua. « Je ne te veux aucun mal, ne t’inquiète pas! » Elle souris encore plus, comme si l’éclat de ses dents pouvait adoucir l’animal. Après tout, elle était persuadée que cela marchait sur les dragons. Lorsqu’un picotement commença dans son ventre, elle posa la main sur Gandalf pour lui demander silencieusement de ne pas changer de forme, craignant qu’une telle transformation entraîne la fuite de l’animal.
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Message Re: you are beautiful and burning in the way only far off things are (eachan)
par Invité, Mar 5 Sep - 19:08 (#)
J’ouvris les yeux et baillai longuement, sentant que le creux dans mon estomac avait sûrement été la raison pour laquelle je venais de me réveiller. J’eus un moment de perplexité en me demandant où j’étais, constatant que je me trouvais entouré de parois faites de terre, puis la mémoire me revint : j’avais élu domicile dans un terrier aménagé par mes soins lors de la soirée précédente, au pied d’un saule dont les branches épuisées frôlaient la surface d’une mare. La lumière passait l’entrée du terrier mais j’étais bien assez enfoncé pour ne pas qu’elle agresse ma rétine ni que je puisse deviner si la journée était bien avancée ou non. Ma faim m’indiqua que c’était sûrement le cas et ce fut après plusieurs minutes de réflexion que je décidai de sortir du trou, grimpant à la surface en serrant les dents car mes muscles étaient douloureux. Pas autant que mon esprit, certes, cependant je me forçai à laisser de côté la raison pour laquelle j’avais décidé de dormir là, la véritable raison. Cela m’arrivait de plus en plus rarement, j’étais conscient qu’après tant de mois à tenter de me réadapter à la civilisation, c’était contre-productif que de continuer de vivre, même occasionnellement, comme un animal sauvage, mais je ne pouvais m’en empêcher dans de pareilles situations : j’avais en face de moi un choix impossible, reflétant l’âme tout aussi impossible qu’était la mienne, à jamais inconciliable. Un choix qui cherchait à trouver le lien entre mon passé et mon avenir alors que le pont qui les reliait s’était effondré depuis bien longtemps. Un choix qui me trahissait quelle qu'en fut la finalité, et je devais prendre une décision. J’étais un solitaire, un vagabond et par-dessus tout un lâche. Je ne pouvais rien promettre à personne puisque je ne me faisais pas moi-même confiance. Que valait la loyauté d’une parole telle que la mienne ? Je lustrai mon pelage d’un coup de langue avant de m’approcher de l’eau pour m’abreuver. Elle avait un goût de plantes et de terre, mais elle rafraîchit mes membres osseux, me permettant d’adopter avec plus de fluidité les gestes d’un chasseur affamé.
Les bruits de la forêt me berçaient toujours avec autant de poésie et ce calme me rappelait ma nature profonde. Après tout, je n’avais pas à prendre parti. Personne ne m’y forçait, et il me suffisait d’une seconde de volonté pour disparaître de nouveau. C’était bien cet instinct de survie qui m’avait fait fuir la première fois, lorsque mon corps drogué et maladroit s’était changé en renard devant une foule de Moldus ébahis. La mort t’attend aussi au bout de cette voie-là. Mais cette même mort m’attendait partout ailleurs, comme Rome se dressant à l’extrémité de chaque chemin. Elle m’attendait à Londres devant un tribunal et au milieu d’un champ de bataille. Elle m’attendait, s’immisçant dans mon cartilage pour ralentir ma carcasse et me faire périr dans la fleur de l’âge. Elle m’attendait car cette décennie était faite de couleurs vives mais que la prochaine aurait l’odeur de toutes ces belles idées en décomposition dans nos mémoires. Elle m’attendait à la pointe de l’aiguille qui menaçait de percer ma peau à nouveau, plongeant dans mon sang telles les crocs d’un vampire et aspirant la moindre parcelle de mon humanité pour la remplacer par une extase éphémère puis un long moment de désespoir dont la teinte violacée rappelait celle de mes cernes. Elle m’attendait même dans ma solitude, ne me laissant que l’illusion de l’isolation, prenant la forme de ces voix que les fous sont les seuls à entendre, les cris de ceux qui se trouvaient déjà dans l’au-delà. J’étais condamné et j’hésitais encore à partir avec panache, quel égoïste je faisais. Je comprenais l’exaspération de Rosemary tout en redoutant la réaction de Leviathan mais je n’arrivais pas à accepter que cette décision était mienne. Qu’elle n’aurait de sens que si je lui en donnais un, faute de trouver celui de mon existence. Alors, le temps de savoir quoi faire, je me cachais sous le sol et enterrais mes responsabilités un peu plus loin, mais ces dernières étaient comme des mauvaises herbes dans un jardin abandonné : elles grandissaient jusqu’à régner sur ces lieux que personne ne pouvaient dominer à part elles.
Je plongeai mes crocs dans la chair d’une proie fraîchement tuée et laissai le goût juteux du sang couler lentement dans ma gorge avant d’avaler le premier morceau. J’avais honte de chasser en public, comprenant que cela en choquait plus d’un, mais l’adrénaline que la vie sauvage continuait de m’offrir me forçait toujours à recommencer lorsque l’occasion se présentait. D’après mes calculs, je savais que je ne me trouvais pas loin de Godric’s Hollow et je fronçai le museau à la recherche de l’odeur métallique d’un piège à loup comme celui qui m’avait blessé au milieu de l’été. Je restai vigilant et poursuivis mon chemin à la recherche d’un rongeur insouciant à attraper. La chasse continua jusqu’au crépuscule et je finis par m’asseoir au milieu des bois, enroulant ma queue autour de mes pattes et observant la lumière changer, faire rougir les troncs des arbres et flamboyer leur feuillage pour que le tout se pare finalement d’une robe bleutée aux reflets pourpres, comme la palette d’un peintre rêveur cherchant à retracer sur la toile les détails de ce qu’il avait vu dans ses songes de la nuit précédentes. L’atmosphère onirique s’empara de moi et mes prunelles s’éclairèrent comme deux lucioles indissociables, planant doucement au-dessus d’une herbe où brillaient quelques vers luisants. Puis finalement, le parfum doux et sucré d’une présence humaine accompagna la brise vespérale et je tournai la tête vers un arbre dont les racines imposantes gardaient avec précaution le corps apparemment endormi d’une jeune femme. Je remarquai le lynx installé à ses côtés, surplombant son buste comme pour la protéger et, humant l’air, je constatai qu’il n’avait pas d’odeur, ce qui confirmait mes hypothèses : il s’agissait d’une sorcière et de son patronus. Le félin me vit et, une seconde plus tard, l’inconnue me fixait à son tour. Son air était espiègle, fasciné par ce qu’elle avait devant elle, et elle se releva aussi doucement que possible alors que je restai immobile, toujours sur mes gardes. « Bonjour toi. Comment vas-tu ? » Ses mouvements étaient mesurés : elle ne se doutait pas que j’étais en réalité un sorcier. Mais quelque chose dans son attitude m’avait attendri presqu’immédiatement, ce qui se confirma alors qu’elle poursuivit : « Je ne te veux aucun mal, ne t’inquiète pas ! » Elle posa sa main sur le lynx et je décidai de la croire, avec toute la simplicité dont je pouvais faire preuve. Je ne pouvais pas parler et il aurait été brusque de se retransformer. Je fis un tour sur moi-même et m’approchai du creux d’un arbre pour y cueillir quelques fleurs, ce que je devinai être deux ou trois colchiques annonçant la fin de la saison. Puis je m’avançai vers la sorcière et déposai mon étrange cadeau sur le sol, incapable de vraiment comprendre pourquoi j’y mettais tant de forme. Sa sincérité avait probablement apprivoisé la tourmente de mon esprit pour la changer en douceur, le temps de quelques minutes. Je m’assis auprès d’elle, défiant son patronus du regard avant de reporter mon attention sur son visage de princesse. L’éclat de son sourire cachait le mystère d’une joie inexorable. C’était donc cette blancheur qui leur permettait de croire en l’avenir.
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Message Re: you are beautiful and burning in the way only far off things are (eachan)
par Invité, Sam 28 Oct - 17:42 (#)
THORUN & EACHAN+ People aren’t suns or stars or skies. They can’t be. Bodies weren’t meant to hold the fire and the sea. But sometimes, sometimes I let myself think that maybe we used to be. And when I look at you, it’s easy to believe.

Elle observa la respiration du lynx entre ses jambes. Son torse se soulevait doucement, dans un rythme régulier qu’elle contemplait. Après le complexe et la peur constante de perdre son patronus, Thorun ne pouvait que s’émerveiller de le voir vivant. Il était différent, certes, et chaque forme se nommait elle-même, et chaque forme pensait singulièrement, mais il était là, avec elle, et cela lui suffisait. Elle ne lui demandait pas d’être entier car il avait toujours revêtu plusieurs formes. Thorun avait imploré le monde d’être doux avec son patronus lorsqu’elle l’avait vu épuisé par les transformations. Et si le monde était resté cruel et perfide, Gandalf était devenu plus doux. Dans son ensemble, Völuspà semblait avoir mis de côté le dégout qu’il avait montré auparavant pour l’humaine pour ne faire qu’un avec elle, et cela qu’importait le nombre de forme qu’il prenait. Ils étaient finalement devenu cet ensemble qu’elle avait tant espéré en voyant les relations des autres sorciers et leurs patronus. C’était pour cela qu’elle n’avait pas perdu espoir une fois libérée, qu’elle n’était pas tombée dans la souffrance et la haine. Elle avait décidé de se concentrer sur sa relation avec son patronus, à apprendre ses noms et ses manières. Chaque forme était une partie d’elle-même et en les rencontrant, elle s’était retrouvée. Elle avait lâché les quatre points cardinaux qui avaient été ses repères pendant plusieurs mois pour s’accrocher au coup de Völuspà dans un élan d’affection qu’elle n’avait pas éprouvé pour le patronus depuis son apparition. Thorun avait préféré se concentrer sur sa relation avec l’apparition magique plutôt que sur sa propre santé, détournant ainsi sa douleur en nouveau but. Pourtant certaines personnes pensaient qu’elle se voilait la face, qu’elle se mentait à elle-même pour la simple et bonne raison qu’ils étaient bloqués dans des limbes de souffrance et de regret. Ils pensaient qu’être capable de sourire après un tel traumatisme était signe de faiblesse, qu’elle oubliait ce qu’elle avait vécu. Ils considéraient qu’espérer et croire encore était un aveux de naïveté, qu’elle devait se réveiller, qu’il y avait un monde et qu’il était mauvais, et qu’il ne méritait pas son sourire. Mais elle pensait que ce monde ne méritait sûrement pas ses larmes. Que trouver de la joie dans les passages les plus sombres était une force que personne ne pouvait lui enlever ; qu’être capable de sourire après avoir souffert était un signe de puissance.
Depuis quand la gentillesse était-elle devenue un péché? Pourquoi est-ce qu’ils pensaient que pour être fort, pour survivre, il fallait être cruel à son tour? Ils oubliaient que le soleil continuait de brûler alors que son coeur était en fusion, qu’il procurait de la chaleur en dépit de tout, et qu’il revenait toujours après la nuit. Mais il brûlait aussi, et Thorun détestait ces messes-basses qui la traitait de faible parce qu’elle avait décider d’aimer au lieu de haïr. Elle se battait comme les autres après tout.
Mais il n’y avait aucune de ces considérations dans les yeux sombres du renard. Aucune haine, aucun jugement. Il marchait avec une légèreté qui habitait tous les animaux sauvages, une à laquelle les patronus ne pouvait prétendre car ils étaient trop humains. L’animal sauvage la fascinait, tout simplement parce que la faune était un monde passionnant et être en présence d’un renard - aussi commun soient-ils dans les forêts anglaises - semblait être une bénédiction après de telles pensées. Si elle n’effrayait pas le renard en étant douce, alors il n’y avait aucune honte à l’être, aucune connotation péjorative dans le terme que tant pestiférait alors qu’il était le premier seuil de l’amour.
Elle retint sa moue de déception lorsque le renard lui tourna le dos, mais elle ne put cacher ses yeux exorbités par les mouvements que fit l’animal par la suite. Il déposa des fleurs devant elle et l’implora de ses yeux trop intelligents. Elle le contempla un long moment, subjuguée par cette apparition et par ce animal qui la frappait par son comportement. Mais Thorun se reprit vite, s’asseyant et entreprit de glisser les fleurs dans sa longue natte, s’offrant une couronne de fleurs offertes par un renard. « Merci beaucoup, elles sont parfaites! » Ses doigts glissèrent rapidement les tiges entre ses mèches brunes, puis satisfaite de son oeuvre, elle baissa la tête pour laisser retomber sa tresse sur son torse. « Ma tresse manquait quelque chose, mais maintenant c’est mieux tu ne trouves pas? » s’adressa t’elle au renard, comme s’il était un être humain devant elle. Thorun laissa sa main sur son propre patronus, n’éprouvant pas le besoin de toucher l’animal sauvage alors qu’il semblait confortablement installé à ses côtés. « Tu es tout seul? » demanda t’elle en fronçant les sourcils. Elle n’imaginait pas une vie de solitude. Après tout, elle n’avait jamais été seule; elle avait été avec sa soeur avant même sa naissance, et la présence de Freyja ne l’avait jamais vraiment quitté, même à des kilomètres de distance. « J’espère que tu vas retrouver ta famille. Ou alors que tu vas en trouver une ; la famille peut-être celle que tu as choisis si tu le souhaites, » ajouta t’elle en se tournant vers le renard et en lui offrant un sourire. Elle songea à Slaine et à Philip, qui étaient membres de sa famille car elle l’avait tout simplement voulu. « Mais sinon je suis là! Même si on vient de se rencontrer…  » Elle regarda le ciel, se demandant s’il y avait une période d’attente avant de vouloir former une famille avec une autre personne. Ce monde possédait des dictats qu’elle ne pouvait comprendre, avec des règles trop lourdes qui imposaient trop de chose. « Tu crois au coup de foudre? »
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Message Re: you are beautiful and burning in the way only far off things are (eachan)
par Invité, Mer 7 Mar - 15:07 (#)
« Merci beaucoup, elles sont parfaites ! » Je me remis en retrait presque immédiatement, reculant sans la quitter des yeux car son regard émerveillé faisait sourire mon âme. Je n’avais pas l’habitude d’être confronté à tant d’innocence si bien que j’avais ce réflexe paranoïaque de me persuader que quelque chose clochait. Pourtant elle accrocha les fleurs dans sa natte, ce qui lui donna l’allure d’un elfe des bois, ces créatures légendaires dont je n’avais jamais eu le plaisir de croiser la route lors de mon exil – et, par des moments d’ennui profond, cela n’avait pas été faute de les chercher. Je penchai la tête vers l’avant et m’inclinai légèrement pour lui signifier que j’acceptais de bon cœur ses remerciements. J’ignorais pourquoi je jouais à ce jeu mais il m’amusait et m’apaisait plus la lueur qui émanait de ses prunelles éclairait mon cœur au milieu de ma carcasse. « Ma tresse manquait quelque chose, mais maintenant c’est mieux tu ne trouves pas ? » Je hochai la tête par automatisme, oubliant presque ma forme de renard car cela n’avait pas l’air de l’inquiéter davantage. Peut-être que côtoyer des patronus à longueur de journée, eux qui avaient un comportement si humains même si seuls leurs sorciers étaient capables de les comprendre. Je trouvais cela à la fois drôle et juste car les patronus correspondaient toujours très bien à celui dont ils étaient issus, même si ce dernier ne le voyait pas toujours ainsi. Je me mettais à leur place : moi-même j’aurais eu du mal à comprendre sur quel critère les patronus se déterminaient, et je trouvais d’autant plus étrange le fait qu’ils changeaient au cours du temps, que notre âme pouvait être à ce point transformée, aliénée à elle-même. Mes yeux fixèrent le lynx un instant : il semblait sage et paisible, mais les plus grands silences cachaient les tempêtes les plus violentes, tout comme les joies les plus innocentes pouvaient parfois n’être que le masque posé sur le plus grand des maux. Et si cette jeune fille ne bronchait pas à l’idée qu’un renard sauvage lui réponde ainsi avec l’intelligence et les réactions d’un homme adulte, je voulais profiter de cet échange espiègle sans me préoccuper de savoir comment elle faisait pour ne pas se méfier une seule seconde de mes intentions – qui par ailleurs n’étaient ni bonnes, ni mauvaises, puisque le hasard nous avait réunis au pied de cet arbre au tronc avachi.
« Tu es tout seul ? » Le renard resta silencieux et immobile mais mon esprit d’homme sourit face à la précision avec laquelle elle venait de me cerner, sans le savoir. Elle fronça les sourcils et je hochai finalement la tête de nouveau, amusé, les moustaches frétillantes. « J’espère que tu vas retrouver ta famille. Ou alors que tu vas en trouver une ; la famille peut être celle que tu as choisie si tu le souhaites. » J’avais envie de lui dire que ce n’était pas si simple mais pas un son ne traversa mes canines allongées, seule ma respiration rythmée lui répondit. J’avais beau chercher, je ne pouvais m’arrêter sur un âge à lui donner car elle avait le physique d’une jeune femme mais la voix et la spontanéité d’un enfant se laissant encore surprendre par les mystères de l’existence. Elle ponctuait chacune de ses répliques par un silence plein de réflexion dans lequel elle semblait se répondre à elle-même, peu gênée par mon mutisme. Les renards, ça ne parle pas de toute façon. Ah bon ? « Mais sinon je suis là ! Même si on vient de se rencontrer … » Je plissai les paupières, braquant sur elle mes pupilles verticales et félines, celles qui me donnait cet air rusé et calculateur dans les livres de poésie. La jeune fille regarda le ciel et je fis de même, sans comprendre ce qu’elle y trouverait. Probablement une nouvelle réponse, car j’étais trop captivé par la vitesse à laquelle elle pensait pour avoir le temps de lui faire comprendre ce que je pensais, même sous ma forme animale. Je laissai le silence nous envahir : elle n’avait pas l’air de m’écouter, de toute façon. Et les nuages commençaient déjà à recouvrir le ciel – je pouvais sentir l’air s’humidifier avant l’averse.
« Tu crois au coup de foudre ? » Nos regards se croisèrent de nouveau et, par réflexe, je fis non de la tête. Je ne croyais pas non plus aux âmes sœurs car cela portait les gens à croire qu’il existait un destin, une force supérieure qui décidait à notre place de nos actions. Ou bien, plus terrible encore, il y avait le risque de ne jamais croiser le chemin de cette personne si compatible, de ne jamais connaître cet amour au premier regard qui, dans l’imaginaire de tous, était réel. Cependant, j’étais persuadé qu’il était facile de tomber amoureux, et que beaucoup d’êtres humains se brimaient afin de se forcer à ne rien montrer. Car l’amour était une honte mais il était sur toutes les lèvres, dans tous les livres, décrit par tous les films que les cinémas passaient sept jours par semaine. Et lorsqu’on leur posait la question, les hommes souriaient, gênés, quelle que soit la réponse : t’as déjà aimé quelqu’un Eachan ? J’eus un pincement au cœur en réalisant que j’étais incapable de formuler le moindre mot dans mon crâne pour répliquer. Quelle importance ? On appelle ça le passé. Une première goutte s’écrasa sur mon museau, puis une deuxième, et les suivantes perlèrent à mes vibrisses en me donnant des frissons de froid. L’automne pointait le bout de son museau et annonçait son arrivée avec la nonchalance dont il était habituellement doté. Mes oreilles s’agitèrent et je jetai un coup d’œil à la jeune femme avant de faire un tour sur moi-même et de m’éloigner. Mais je m’arrêtai avant de disparaître, mon regard croisant le sien pour l’intimer de me suivre car je connaissais les forêts d’Angleterre comme des résidences secondaires et que, même si je n’y étais pas roi, j’en possédais l’harmonie sylvestre, semblable à la magie que les sorciers maniaient. Je m’assurai qu’elle m’emboîtait bien le pas avant de poursuivre et nous nous engageâmes dans un parcours à l’écart des sentiers battus par les hommes, mes pattes grattant la terre, marchant furtivement sur les pierres des gués, frôlant l’eau des ruisseaux qui accueillaient la pluie comme une cousine éloignée et humant l’air plein de mousse et de fougères pour retrouver mon chemin. Je ne tardai pas à repérer des indices qui me menèrent jusqu’à ce que je cherchais : un arbre fatigué, au tronc tordu de sorte que d’anciens nomades y avaient construit un abri de branches et de feuillage, agrémenté d’une terre que des sortilèges avaient rendue imperméable. Je trottinai en dessous de ce toit improvisé et me couchai sur le sol sec après m’être ébroué pour chasser l’eau de mon pelage. Enfin, je reportai mon attention sur la jeune sorcière et d’un mouvement de la queue, je l’invitai à me rejoindre en compagnie de son patronus dans mon antre, sans pouvoir mettre le doigt sur le sentiment qui régnait sur mon cœur à cet instant. Tu es tout seul Eachan ? Peut-être en avais-je eu assez de répondre que oui.
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