Aaron nait le premier mai 1943 au sein d’une famille aimante. Les trois premières années de sa vie sont les plus insouciantes. Au centre de toutes les attentions, il est comblé d’amour par tous et vagabonde avec bonheur pour découvrir la vie.

   Il a trois ans lorsque la petite Leigh débarque sans sa famille parfaite et lui vole la vedette. Au début, il est boudeur et ne se prive pas pour faire comprendre qu’il ne l’aime pas, cette petite sœur envahissante. Pourtant, ses parents lui assurent qu’ils l’aiment toujours autant et, avec le temps, il apprend à partager.

   C’est en 1948, alors que le petit sorcier est âgé de cinq ans seulement, que la tragédie frappe leur famille. Leur mère bien-aimée contracte la dragoncelle. Une maladie contagieuse et violente, qui contraint la belle et douce maman à se séparer soudainement de ses enfants, afin de les préserver. Aaron en est profondément affecté. Il se mure dans le silence pendant de longues et nombreuses journées, et ne voit vraiment pas d’un bon œil l’innocence avec laquelle Leigh réclame sa maman disparue. Pire encore, il en vient à ne plus supporter sa présence quand il remarque la douceur immense avec laquelle la nourrice la traite pour combler le manque maternel. Un jour, il se met à la haïr avec une force si viscérale qu’il ne tient plus : il l’informe sans ménagement que leur mère ne reviendra jamais, parce qu'elle est morte.

   Après cet échange cruel, Aaron n’osera plus jamais accorder la moindre importance à sa sœur. Il ne se pardonne peut-être pas la colère qu’il a ressenti envers elle alors, mais depuis il la considère surtout comme faible. Ainsi privé de l’amour maternel alors que sa sœur capte la pitié de la nourrice, il se détache finalement de ce besoin et le compense par la recherche de reconnaissance. L’approbation paternelle dans tout ce qu’il entreprend devient alors un véritable moteur pour lui. Au fil des années, alors que Leigh grandit, une compétition malsaine s'engage silencieusement entre les deux enfants, à savoir lequel sera le plus aimé.

   Ainsi, à ses onze ans et sur le départ pour Poudlard, l’enfant promet à son père qu’il marchera dans ses pas jusqu’au ministère. A l’époque, il arrache seulement un sourire bienveillant au paternel. Mais le pacte a bien plus d’importance qu’une promesse innocente pour Aaron. Ce qu’il dit, il le pense. Et il tient de fait parole. Il rejoint les Serpentards avec fierté et se livre tout entier à ses études. Réussir devient rapidement primordial, et ne pas obtenir les encouragements des professeurs sonne déjà comme un échec pour lui.
   Il est fier de constater, deux ans plus tard, que sa sœur intègre à son tour la maison serpentard. Néanmoins, fidèle à son dédain constant vis-à-vis d’elle, il ne lui accorde aucune attention et la laisse se débrouille, sans montrer la moindre forme de protection, ni même de compassion. Après tout, il s’est bien débrouillé seul, lui. Il est donc persuadé qu’elle s’en sortira aussi, même s’il garde un œil discret sur elle de temps en temps. Il ne veut surtout pas avoir l’air de s’en faire pour elle.

   Sa 5ème année à Poudlard est décisive pour Aaron. Il passe les BUSE qui détermineront les cours qu’il pourra suivre pendant ses dernières années d’études. Il ne doit surtout pas échouer s’il veut pouvoir entrer au ministère à l’avenir. Alors il multiplie encore les efforts. Il s’acharne sur les matières où il n’excelle pas, et il passe ses examens avec brio. La fierté qui brille dans les yeux de son père à l’annonce des résultats le rend plus heureux que jamais.

   Le jeune sorcier se décide définitivement pour son avenir après cette réussite flamboyante. Il veut rejoindre l’élite du ministère. Le bureau des Aurors devient son seul objectif, et son père l’approuve avec ferveur. La préparation pour ses ASPIC n’est pas moins intensive que pour ses BUSE. Il pratique sans relâche, lit, révise, essaye et réessaye, défie ses camarades, se mesure aux plus forts, interroge les Serdaigles… Rien n’est trop dur pour lui, rien n’est insurmontable. L’échec le rend malade, l’obsède et le hante sous la forme de cauchemars affreux la nuit. Il s’en veut de ne pas réussir, il se déteste, se trouve toujours trop faible.
   Alors qu’il est au plus bas au milieu de sa 6ème année, il rencontre un jeune Serdaigle en 7ème année. Attendri par la persévérance d’Aaron, il lui propose de l’aider à travailler ses faiblesses après les cours. Ils passent ainsi des heures ensemble, et Aaron regrette les soirs où ils sont forcés de regagner leurs dortoirs respectifs. L’attention pédagogue que le Serdaigle lui porte le touche tant qu’il rêve parfois de pouvoir passer la nuit avec lui. C’est ainsi à ses côtés qu’Aaron développe cette capacité terriblement méthodique à affronter les obstacles.

   Et puis vient la 7ème année, la fameuse. Celle qui décidera si sa vie entière sera une réussite ou un échec. Avec les ASPIC en vue, rien ni personne ne peut le détourner de son objectif. Il passe l’année entière à s’efforcer d’être dans les meilleurs, bouillant d’une colère sans limite lorsqu’il n’y parvient pas. Jusqu'à la fin du cycle d'étude secondaire en offensive magique, il passe pourtant chacun de ses examens avec succès - une fois encore - et le soulagement de la réussite est indescriptible lorsqu'il est enfin diplômé. Des jours durant, Aaron ne connaît que le bonheur. Il flotte sur un petit nuage et rien ni personne ne peut effacer le sourire victorieux qui trône sur son visage. Il a vaincu les études difficiles et le concours sélectif. Il va pouvoir commencer sa formation d’Auror.

   Lorsqu’il entre pour la première fois dans ce bureau immense en 1966, aucun détail ne lui échappe. Les pas pressés, les notes qui volent en toute hâte, les conversations rapides et murmurées, et puis cette carte du monde, immense, imposante, et couverte d’épingles. Aaron inspire à fond. Il est prêt à se mettre au travail. Sa formation est intense, mais il s’y épanouit comme un diable furieux. La rage de vaincre en fait un adversaire redoutablement acharné.

   Entre temps, sa sœur aussi est diplômée et devient professeur à Poudlard. Pour sa première rentrée dans l’école en tant qu’enseignante, Aaron lui envoie pour la première fois des félicitations. Une lettre qu’il rédige en soignant son écriture, et en y joignant un collier fin dont le pendentif est ensorcelé pour refléter la couleur du ciel. La vendeuse lui a assuré que le bijou ferait son petit effet. Alors, fier de son effort, le sorcier envoie son propre hibou pour livrer le tout. Il se dit ainsi qu’il ne fait finalement pas un si mauvais frère.
   
   En 1973, il manque de perdre son bras gauche dans un duel plus que violent. Il en garde d’ailleurs une longue cicatrice. Se sentant cependant plus blessé dans son orgueil que physiquement, ses supérieurs sont obligés de lui rappeler de ne pas en faire une affaire personnelle. Il ne retrouvera finalement jamais le mangemort responsable de cette attaque. Son père vieillissant le supplie de moins se consacrer à sa carrière pour fonder une famille, mais pour la première fois, Aaron se détourne des souhaits de celui-ci. Il accorde désormais sa loyauté sans faille au ministère de la magie.

   Les choses se précipitent en 1979, lorsque le gouvernement – dans l’espoir d’anéantir la menace mangemort une bonne fois pour toutes – provoque une toute autre nouveauté : l’apparition des patronus corporels. Aaron reste perplexe, choqué par le fait que ce sort destiné à anéantir les forces du Mal se soit retourné contre des enfants. L’effet n’est pas douloureux, ni mortel – dieu merci. Pourtant il agite la communauté des sorciers et rend les jeunes encore plus vulnérables dans ce combat entre le Bien et le Mal. Des Aurors sont même forcés de monter la garde autour de Poudlard. Cette année là, Aaron écrit de nombreuses fois à sa sœur pour prendre des nouvelles.

   Mais l’escalade de l’inattendu n’est pas terminée. Au début des années 80 survient la peste des patronus. Cette fois, l’échec du gouvernement est flagrant. Aaron retient ses critiques derrière un silence obstiné mais n’en pense pas moins. Les politiques actuels sont devenus incompétents. Lorsque Poudlard est mis sous quarantaine, le sorcier s’impatiente finalement. Il encourage sa sœur à quitter les lieux, ce à quoi elle répond obstinément négativement. Aaron s’énerve et lâche l’affaire. Elle est assez grande pour se débrouiller toute seule après tout. Il cesse alors de lui écrire le moindre mot.

   L’apparition de Shacklebolt et de ses disciples calme les esprits. Grâce à l’antidote proposé, les tensions semblent s’apaiser quelque peu. Mais pas pour longtemps. La guerre reprend de plus belle avec l’assassinat de Shacklebolt le sauveur et de l’accusation de Dumbledore. La confusion s’empare du ministère et Aaron, au milieu, perdu, ne sait pas trop quoi en penser. Son père, en fin de vie, le supplie de quitter le ministère, ce à quoi le fils répond avec dédain. Il ne s’écrasera pas face au danger en mimant une position neutre pour ne pas admettre qu’il a peur. Non, lui, on le trouvera en première ligne, baguette à la main. Persuadé de faire les choses bien pour la population, il applique les ordres avec une hargne soignée. Il en veut aux rebelles de rejeter le gouvernement Rosier, parce qu’ils encouragent ainsi une instabilité dont personne n’a besoin. Ainsi aveuglé par l’ambition et les encouragements de ses supérieurs, Aaron est manipulé avec brio par ces disciples du Mal.

   Très récemment, un Mangemort a découvert l'implication de Leigh Avery auprès de la rébellion et l'a assassiné pour ça. Mais une toute autre histoire a été racontée à Aaron : celle que sa sœur est morte de la main d'un fugitif agressif. La douleur de la perte soudaine et le poids étouffant de la culpabilité ont suffit à l'aveugler et à anéantir toute forme de raison en lui. Désormais, il ne se contente plus que de défouler sa colère vengeresse sur les cibles qu'on lui désigne, comme un bon petit soldat.