BELLUM PATRONUM


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yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
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par Invité, Mer 25 Avr - 14:26 (#)
Pablo Micah
Young
ft. Kendrick Lamar
sang-mêlé
28 ans
Célibataire
Hétérosexuel
Chauffeur privé en semaine et chauffeur du Magicobus le weekend
Chat Bombay
Neutre, il s'intéresse peu à la politique britannique
cosmic dust (av)
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À propos
Nom: Young Prénom: Pablo, Micah Âge et Date de Naissance: vingt-huit ans, né le 10 août 1955 à New York Nature du sang: sang-mêlé Situation familiale: Orphelin depuis ses quatre ans, fils de deux sorciers américains sans noblesse particulière, il n'a que très peu de souvenirs de ses parents biologiques. Lui et son frère Abel ont été recueilli par un pasteur que Pablo a, durant toute son enfance, considéré comme sa seule famille, jusqu'à l'apparition de ses pouvoirs magiques. Son cadet en étant dénué, cela a créé une frontière entre eux qui caractérise leur relation atypique Miroir du Rised: il y verrait tous les sorciers du Bronx réunis, génération après génération, ses propres enfants lui tenant la main, son amie Michèle au bras de son mari, son frère Abel souriant au premier plan, comme sur une grande photo de famille Epouvantard: perdre la foi. Son épouvantard prendrait donc la forme de son frère, la peau blême et les yeux vides, possédé par une nature inconnue et maléfique qui le rendrait méconnaissable Composition de la baguette magique: bois de saule et crin de licorne  Emploi: A son arrivée à Londres, en 1982, Pablo a enchaîné les petits boulots alimentaires avant d'être embauché à temps partiel en tant que chauffeur du Magicobus qui sillonne les rues de la capitale. Il a également été retenu par Leviathan Faust, le directeur de l'hôpital de Sainte-Mangouste, pour être l'un de ses chauffeurs privés. Devant l'excentricité du personnage, Pablo se demande si avoir accepté le poste est la pire ou la meilleure décision de sa vie : la réponse dépend des jours. Animal de compagnie: Déjà pourvu de son patronus, il n'a pas l'énergie d'être accompagné par un autre animal, même s'il regrette de ne pas avoir un chien fidèle à ses côtés.
Caractère
A dix ans, Pablo a fait une tentative de suicide, harcelé par ses camarades scolaires et tout son voisinage pendant plus de trois ans. Il ne supportait pas d'être différent des autres et pensait être possédé par le Diable. Ce n'est qu'après cet épisode douloureux dont il est bien heureusement sorti vivant que la communauté sorcière a pris soin de lui expliquer qui il était et ce dont il était capable, puisque la répression des Non-maj religieux du Bronx a toujours empêché l'administration d'Ilvermorny et le MACUSA d'avoir un dialogue avec les non-initiés sur les individus dotés de magie. Suite à ce drame, il ne retentera jamais de s'ôter la vie et va être suivi par un psychomage jusqu'à son départ de New York. ✩ Pablo a un frère cadet, Abel, qui est cracmol. Lorsqu'ils étaient petits et qu'ils se sont retrouvés seuls face à l'adversité du monde, Pablo lui a promis de ne jamais l'abandonner mais cette promesse fut ébranlée par l'apparition de ses pouvoirs magiques qui le différencièrent drastiquement d'Abel. Rejeté à l'époque par ce dernier qui tendaient à se positionner du côté de la religion qui diabolise encore aujourd'hui les personnes présumées sorcières, Pablo a réussi à recréer une confiance entre eux et faire comprendre à Abel qu'il n'a rien à craindre et que son univers sorcier n'entachera jamais l'amour qu'il lui porte. Mais Pablo a conscience que son cadet n'a pas accès aux opportunités dont il a lui-même bénéficié en allant étudier la magie puisque le statut social et la couleur de peau d'Abel suffisent à le discriminer aux yeux du monde non-magique. ✩ Pablo est de confession catholique, ce qui est rare parmi les sorciers car la plupart des Non-maj du monde occidental ayant eu une éducation religieuse abandonnent leurs croyances en apprenant l'existence de la magie. A la différence de la majorité, le jeune homme a été sauvé par l'Eglise lorsqu'il fut recueilli et éduqué par un pasteur du Bronx nommé Mike. Ce dernier a enseigné à Pablo et Abel la vision simple d'une existence dénuée de frivolités et les deux frères cherchent depuis ce temps à être et à rester humble envers eux-mêmes et envers les autres. Pablo sait qu'en cherchant à s'ôter la vie, il a failli Dieu car il a tenté d'écorcher le plus beau des cadeaux. A l'image de Job et de son caractère juste, il prétend subir les épreuves de Satan avec l'accord du Seigneur, et sait donc qu'il doit affronter le périple en gardant une âme désintéressée ainsi que sa foi en Dieu. C'est pour lui une évidence, ce pourquoi il reste une personne très modeste qui sait très vite relativiser pour voir le bon côté des choses, au moins en apparence. ✩ Pablo est insomniaque depuis son enfance mais dès son entrée dans l'adolescence, cela cesse de lui provoquer des crises d'angoisse. Il travaille donc jour et nuit, ne s'accordant que quelques heures dans la semaine pour dormir, généralement en matinée pour éviter l'effervescence d'une capitale en début de journée. Il est de toute façon, et sera probablement toujours un être nocturne, contemplant le monde mourir et renaître à chaque crépuscule et chaque aube, considérant la nuit plus lumineuse que le jour car c'est dans le noir complet que les étoiles sont les plus brillantes. En Amérique, il sillonnait très souvent les rues de New York une fois la lune dans le ciel et s'est découvert une appétence particulière pour le jazz qu'il a écouté des années durant, dans les bars aux banquettes feutrées où les harlemites venaient chaque soir siroter des margaritas. Il n'a cependant jamais prétendu être un connaisseur. ✩ Suite à la mort de son amie Michèle et de son mari, Pablo a décidé de s'occuper d'Ydriss, le fils de ces derniers. Il n'est pas officiellement son père adoptif mais vient en aide à celle qui l'a recueilli, Solange, la sœur jumelle de la défunte et tante de l'enfant. C'est par amour mais aussi et notamment par culpabilité qu'il s'est proposé pour éduquer Ydriss, se sentant terriblement responsable pour ce qui est arrivé à sa mère. Le jeune garçon, d'abord destiné à suivre un cursus à Ilvermorny, entrera finalement à Poudlard une fois ses onze ans atteints, en septembre 1985. ✩ Pablo est sociable mais peu bavard, ne cherchant pas à gaspiller sa salive pour dire des inepties. Il dégage une sérénité très douce, presque pure, mais qui cache un passé douloureux, encore ardent et qui le fait toujours souffrir. Il a l'habitude de ne pas se confier facilement et a appris à garder pour lui ses doutes et ses peines tout en étant capable d'être une oreille attentive et une épaule sur laquelle les autres peuvent venir pleurer. ✩ Pablo n'a jamais cherché à savoir comment ses parents sont morts, mais il pense qu'il s'agit de la conséquence d'un conflit entre sorciers et Non-maj au sein du Bronx. Malgré la répression que ses amis et lui-même ont vécu à New York, taxés de monstres et d'enfants du démon par les habitants, il est incapable d'éprouver de la haine pour les Non-maj car il comprend leur point de vue et leurs angoisses. Cette opinion lui a valu d'être critiqué dans la communauté magique et d'être jugé trop passif face au drame que cette opposition allait engendrer. ✩ Son film préféré est Escape from New York de John Carpenter.
Patronus
Le Béhémoth ne tient pas son nom du hasard et Pablo a pris soin de choisir une référence à la Bible qui lui semblait juste. Il s’agit d’un animal que l’on ne peut dompter, présent hypothétiquement lors de la création originelle, aux côtés du Léviathan. D’abord monstre marin, il finit par n’être qu’une bête terrestre dans l’imaginaire des croyants. Ses interprétations sont nombreuses à travers la littérature et la poésie et c’est dans le roman Le Maître et Marguerite qu’il prend l’identité d’un gros chat noir bipède, fidèle compagnon du Diable. La forme de son patronus lui rappelant ce livre ainsi que les superstitions dédiées aux sorcières des anciens millénaires, Pablo l’a ainsi nommé à l’image de cette créature mythique et puissante, en hommage à la lutte contre l’obscurantisme. Il fut d’abord surpris que le sortilège britannique lui révèle que son âme pouvait être représentée par un petit chat noir, car l’américain était persuadé que son patronus serait plus canin que félin. Cela dit, malgré les premiers jours de cohabitation qui se révélèrent peu aisés, il se fit vite à sa présence et son étrange caractère. Le Béhémoth semble s’amuser à le tenter en permanence, comme si Pablo avait le Diable sur son épaule, et si le sorcier craignait au début de se laisser prendre au piège, il se rendit vite compte que son patronus faisait déjà partie de lui avant de se matérialiser en chair et en os : s’il doit avoir peur de quelque chose, c’est bien de lui-même et de ses désirs, non d’un cynique chat noir dont il peut lire jusqu’à la moindre pensée sulfureuse en souriant sereinement, sans entacher la confiance qu’il a en lui-même et en son Créateur.
Pseudo et âge: constantine/elsa, 22 ans Où as-tu trouvé le forum ? yeezy taught me Personnage: inventé pck chui trop kreative As-tu un autre compte sur BP ? do i? do i really tho?? Présence: quand t pas là Une remarque ? t ki


Dernière édition par Pablo Young le Mar 1 Mai - 22:29, édité 3 fois
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Mer 25 Avr - 14:26 (#)
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“Abel, AKA the people's champ must be everything the people can't be”
do you know what i hate most about your world? anything that is different, you try to change. you try to tear it down. you rip the wings off the phoenix and they turn to stone. and if i don't burn, i will turn to stone. if i don't burn, i can't go back to my world. ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


(1963) Lord, Most High, you are my shelter and I rest in your shadow. You alone are my safe place. I trust in you, my God. You will rescue me from every trap and protect me from disease. You will cover me with feathers and shelter me with you wings. Your faithful promises are my armor and protection. I am not afraid of the night or the dangers that come by day. I am not afraid of the dark or disaster that strikes in the light. No evil will touch me. No evil will conquer me because God is my refuge. No plague will come near my home because the Lord Most High is my shelter. He sends his angels to protect me wherever I go. The Lord says, “I will rescue those who love me. I will protect those who trust in my name”. When I call, he answers. He is with me in trouble. He will rescue me. He will save me.
Abel décroisa les doigts et leva la tête, observant le visage de son frère dans la pénombre. Les deux enfants étaient censés avoir appris la prière afin de pouvoir la réciter par cœur si quoi que ce soit arrivait. Il passa ses paumes sur son lit pour en lisser les draps avec la minutie qu’on lui connaissait bien. Pourtant, ce n’était pas lui le plus brillant des deux, il le savait pertinemment, même en ayant trois ans de moins que son aîné. Ce dernier était resté silencieux, dans le coin de la chambre, et Abel se remit sur ses pieds nus pour gagner son lit qui grinça sous le poids de son corps, sous le poids de ses cinq ans. « Pab … ? » L’intéressé soupira avant de lui adresser un regard défiant, sur la défensive. En s’abstenant de prononcer la prière, il s’était sûrement attendu à la réaction d’Abel et il n’avait probablement pas envie d’en parler. Mais le jeune garçon ne comprenait pas, et comme tous les enfants, il posait des questions pour y voir plus clair : « Pab, t’as pas dit la prière. Qu’est-ce que t’as ?… » Son frère colla l’arrière de son crâne au mur en laissant un silence significatif recouvrir l’atmosphère, mais Abel savait qu’il était synonyme de réflexion, et donc de réponse. Il se tut alors jusqu’à ce que son frère inspire : « Tu te souviens de ce que racontait le pasteur à propos de ceux qui sont possédés par le Diable ? » Abel acquiesça, frissonnant d’angoisse. Il s’en souvenait très bien mais il n’aimait pas en parler car il avait l’impression d’attirer le Malin près d’eux s’il le faisait. « J-J’ai l’impression que … » Il ne voulait pas entendre la suite de cette phrase et, manifestement son frère ne savait pas comment la finir. Certains mots semblaient indescriptibles, surtout pour leurs bouches d’enfants. « Pab … ? C’est à cause de P’pa et M’man ? » Les garçons avaient été protégés depuis la mort de leurs parents mais ils n’étaient pas immunisés à la rumeur et ceux qui les avaient mis au monde n’étaient pas réputés comme étant de bons chrétiens. Bien au contraire. Mais on ne pouvait reprocher à des enfants innocents les erreurs de leurs parents. En tout cas, c’était ce qu’Abel cherchait à croire, puisque le pasteur leur répétait cela à chaque fois que le ton montait et qu’ils étaient concernés. « … Ch’ais pas … j’ai juste l’impression que … » Le visage de l’enfant se crispa, non pas de douleur à l’évocation de ses défunts parents, mais d’incompréhension. De scepticisme. Ses poings se serrèrent à leur tour et lorsqu’il regarda Abel, celui-ci sut qu’il ne lui disait pas tout ce qu’il avait sur le cœur. Comment aurait-il pu ? Le cœur d’un orphelin porterait à jamais un poids trop lourd pour lui. « J’ai juste l’impression qu’il y a autre chose. Pas juste ce que dit la rumeur. » Mais son cadet ne savait que répondre pour contenter son esprit troublé puisque lui-même était harcelé de doutes chaque jour, sa foi bousculée alors même qu’elle ancrait à peine ses fondements dans son existence précaire et juvénile. Dieu leur avait retiré l’abri de leur parent et Abel craignait des représailles. Son esprit manichéen ne réussissait pas à mettre des mots sur ce qu’il ne pouvait pas comprendre. Cependant, cette fois, il s’agissait de son frère. Son frère, son roc, celui qui appréhendait mieux le monde, celui qui parlait mieux aux adultes, celui qui savait mieux se débrouiller et prendre des responsabilités. Celui qui lui avait promis qu’ils s’en sortiraient ensemble, qu’il n’allait jamais l’abandonner. Abel prononçait son nom avec fierté et admiration, peut-être teintée d’une jalousie naturelle et fraternelle à laquelle personne n’échappait : Pablo. Mais comment pouvait-il lui promettre de telles choses alors qu’il semblait à cet instant s’abandonner lui-même ?

(1965) Ils ne savaient pas ce que c’était. Voilà ce que Pablo répétait en hurlant alors que Mike tentait en vain de le calmer. Sa colère avait eu raison de l’un des vases de la cuisine qui s’était brisé sans explication lorsque Pablo avait frappé de son poing d’enfant sur la table. Abel, tétanisé, restait en retrait derrière le pasteur dont les mains levées et ouvertes cherchaient à canaliser l’attention de la furie qui avait pris possession du corps de son frère. « C’est Dieu ? Qui me teste ? HEIN ? » Mike prit son courage à deux mains et s’accroupit face à Pablo pour lui saisir les poignets. Il restait un gamin frêle, petit pour son âge, et les courroux finissaient toujours par passer. Mais qu’en était-il des lames de rasoir qu’Abel lui avait apportées, assurant les avoir trouvées dans la table de nuit de son frère, restées bien heureusement inutilisées ? Qu’en était-il de la foi du jeune garçon, ébranlée par les évènements qui pavaient sa route depuis deux ou trois ans déjà, le marginalisant d’une communauté religieuse qui se méfiaient des gens comme lui ? Des gens comme ses parents ? Va pourrir dans le ghetto avec tes semblables, lui avaient dit ses camarades de classe, sans se faire reprendre par l’institutrice qui pourtant admettait que Pablo était son meilleur élève. A contrecœur, probablement. Le jeune garçon avalait chaque jour de nouvelles couleuvres, et au fond de lui, Abel était reconnaissant de ne pas être à sa place. Il s’en voulait de penser ainsi, de s’espérer immunisé du mal qui demeurait dans le corps de son frère. Il s’en voulait de ne le soutenir qu’à moitié, de réfléchir aux réactions des autres et de ne pas reconnaître Pablo dans cet enfant qui avait songé à s’ôter la vie puisqu’elle ne valait apparemment pas autant que celle des autres. Le Bronx était gangrené par le Diable, pensait-on sans le dire, et il lui était arrivé de croiser le chemin d’individus étranges, dégageant quelque chose d’inconnu, d’effrayant, quelque chose qui n’appartenait pas à sa vision paisible du monde. Il voyait son frère être happé par cette force obscure et il ne savait que faire : lui, Abel, n’était qu’un garçon de sept ans, maigre et fragile. Il ne pouvait rien faire pour empêcher Pablo de sombrer dans la folie, incapable de comprendre ce que signifiait le mot dépression. Son aîné ne voulait plus aller à l’école car, non content de l’avoir abandonné loin d’un Manhattan prospère, le destin lui cousait un joug qui le marginalisait d’autant plus, à tel point que même Abel hésitait à rester de son côté. Mais le cœur de l’enfant battait sans relâche depuis qu’il avait compris les intentions de Pablo, refusant plus que tout au monde de voir la vie s’envoler du corps de ce dernier car elle était un cadeau de Dieu : lourde à porter, mystérieuse, difficile à comprendre, mais on ne pouvait s’en séparer puisqu’on avait la certitude qu’elle était nôtre. Veillez sur vos biens les plus précieux : ils ne sont pas forcément ceux auxquels vous pensez. Abel avait vite saisi le sens de cette maxime puisque son rythme de vie s’affranchissait de la moindre richesse. Seuls restaient les biens immatériels : sa vie, celle de son frère, et l’amour mutuel qu’il éprouvait à l’égard du Seigneur.

(1966) Les semelles traînant sur le trottoir, Abel retrouva le chemin de l’église sans même regarder devant lui. Il était triste. Il voyait rouge également, réprimant une colère froide qui était trop grande pour son corps d’enfant. Il avait l’impression que ses côtes allaient s’écarter et que sa peau allait se déchirer pour ne laisser en lui qu’un vide noir et humide des larmes qu’il sentait couler silencieusement chaque nuit sur ses joues. Pablo partait. Il embrassait son destin loin de Dieu et, malgré sa promesse, il allait s’éloigner de son cadet pour vivre sa propre aventure. Il était devenu étranger, à son tour, et dans ses yeux, Abel pouvait déceler le même aura de secret et de puissance qu’il voyait dans ceux des hérétiques qui avaient laissé entrer le diable en eux. Et la confiance de Pablo, son sourire rassurant lorsqu’il lui avait annoncé la nouvelle, tout cela sonnait faux aux oreilles du jeune garçon qui n’observait dans ce manège qu’une mascarade terrible à l’issue de laquelle il allait se retrouver seul, comme un gamin abandonné au milieu d’une fête foraine, hurlant le nom de ses parents sans que personne ne lui réponde avec familiarité. Il réprima un sanglot, ajustant l’anse de son sac car son épaule commençait à lui faire mal, puis il finit par bifurquer dans la rue finale, là où se dressait la croix chrétienne. Il voulut monter les marches et aller au plus vite se réfugier au fond de la chapelle, là où Pablo et lui dormaient depuis qu’ils étaient petits, mais une silhouette se dessinait sur le perron et il s’immobilisa, craignant d’avoir été entendu. Alors que l’inconnu se retournait, il se maudit de ne pas avoir été plus discret. A sa surprise, il s’agissait d’une femme, mais elle portait des habits très décontractés qui masquaient ses formes. Ses dreadlocks étaient ornées de grelots et de rubans qui tintinnabulèrent en rythme avec son mouvement gracieux. Abel la fixa quelques secondes puis, lorsqu’elle lui sourit, il détourna les yeux. « Hey ! Je cherche un certain Pablo Young. » Abel leva les yeux au ciel, presque sans le vouloir. Tout le monde ne s’intéressait qu’à Pablo. La jeune femme descendit une marche, son sourire toujours accroché à ses lèvres et le garçon y décela une malice contagieuse. Elle avait l’air d’être ce genre d’individus auxquels il était difficile de résister, humainement parlant. « Moi c’est Michèle Woods. Je pense qu’il sait que je l’attends. » Elle fronça les sourcils et poursuivit : « Tu es son frère Abel, n’est-ce pas ? Il t’a expliqué où il allait ? » L’intéressé resta silencieux puis finit par hocher la tête, mais son air pensif n’eut pas l’air de contenter la dénommée Michèle, qui le rejoignit en bas des escaliers. « Tu peux me parler, je vais pas te manger. » précisa-t-elle avec une exaspération amusée, presque maternelle. A présent qu’elle était proche de lui, Abel compris qu’elle n’était pas si âgée, sûrement pas majeure en tout cas, ce qui brisa un morceau du mur qu’elle lui avait inspiré au premier abord. Il fit tout de même un pas en arrière, ne supportant pas qu’elle réduise la distance entre eux avec tant de facilité. « J’imagine que ça doit être difficile pour toi. » poursuivit-elle sans aucune condescendance, mais le jeune garçon le prit mal. Non, elle ne pouvait pas imaginer. Personne ne savait ce que cela faisait d’être abandonné. Abel allait grandir dans le Bronx et y mourir, là, au pied de cette église. Il sentait en lui un potentiel qu’il ne pourrait jamais assouvir, jamais exploiter, mais son frère si brillant, si différent, lui volait la vedette et les opportunités. Je suis un sorcier, lui avait annoncé Pablo d’une voix détachée de la réalité, encore tremblante de peur mêlée d’excitation. Dans un monde où tout allait de travers, il avait eu le droit à une lumière qui l’avait guidé vers une vérité à laquelle il pouvait s’accrocher, mais il était déjà haut dans le ciel et Abel était resté sur le sol, incapable de voler. « Ou peut-être pas. Je ne veux pas que tu penses que je minimise quoi que ce soit. Mais il va falloir que tu acceptes son départ, d’une manière ou d’une autre. » Abel aurait dû bouillir de colère, fondre en larmes ou partir en l’ignorant pour étouffer sa honte et sa jalousie, mais il resta immobile, les yeux plongés dans ceux de Michèle, sans trouver le moyen de détacher son regard des lueurs complices de la jeune fille. Finalement, il bredouilla quelques mots qui la firent sourire de plus bel : « O-Oui … Je sais bien. » Il grimpa sur la première marche et, après une hésitation, se tourna de nouveau vers son interlocutrice. « Tu peux l’attendre dans la chapelle si tu veux. Le pasteur a préparé un goûter. » Elle hocha poliment la tête et le suivit après l’avoir remercié, et ils se quittèrent entre les bancs de bois à l’intérieur, mais l’esprit juvénile du garçon resta accroché à ses mèches sombres et folles, si bien qu’au moment de s’endormir le soir-même, le son qui le berça fut le souvenir des grelots dansant dans ses cheveux d’ébène.


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“Joaquim, AKA it's so good it feels criminal”
hold fast to dreams for if dreams die, life is a broken-winged bird that cannot fly. hold fast to dreams for when dreams go, life is a barren field frozen with snow. ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


(1968) Ses paupières papillonnèrent, retenant une larme fatale, nouant sa gorge jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer. Il réussit à contenir son désarroi, les poings serrés, les bras légèrement repliés en position de défense mais déjà les rires résonnaient au fond du couloir, toujours vibrant dans sa mémoire. Il manqua de trébucher mais se reprit au dernier moment. « Yo, ducon. » Il sentit une présence à ses côtés et releva les yeux avant de voir que la silhouette ne s’arrêtait pas à sa hauteur ni ne s’adressait à lui. Il s’agissait d’un homme fin, grand, svelte, aux muscles sculptés et aux cheveux ras, teints en blond. On l’aurait reconnu entre mille car personne ne lui ressemblait, personne n’avait son allure et personne ne portait aussi bien ce nom clair qui sonnait comme les anti-héros de la Beat Generation : Dimitri Maldonado. En quelques enjambés, il rattrapa ses cibles et posa sa main sur l’épaule du chef de la bande qui se retourna, d’abord agacé puis figé de surprise en tombant nez à nez avec le jeune sorcier le plus populaire d’Ilvermorny. Dimitri faisait bien une tête de plus que lui et il n’eut aucun mal à le traîner hors du centre du couloir pour le plaquer contre le mur, son avant-bras pressé contre son cou, la pointe de sa baguette plantée dans le creux de son menton. « Dis-moi qui est la fille qui a si bien détruit ton ego que tu t’attaques à des gamins pour te sentir bien dans ta peau, s’te plait. » Il raffermit sa prise et sa victime ne put que prononcer les miettes d’une phrase inaudible. « Parce que sérieusement je me la ferais bien, juste par principe. » Le couloir entier les observait et le silence s’installa, brisé par l’arrivée d’un membre du personnel : « Maldonado. Une fois n’est pas coutume. » Dimitri sentit la baguette du professeur pointée vers lui et, après une hésitation, il relâcha sa proie. « Je ne suis pas sûr que votre comportement violent et cynique soit bien accueilli par les autres Wampus, Mr. Maldonado. Cela ternit la réputation de votre honorable maison. » Le jeune homme leva les yeux au ciel. « En tant que senior, vous devriez montrer l’exemple. Allez réviser vos cours au lieu de chahuter dans les couloirs. » Dimitri désigna son adversaire d’un geste témoignant d’une exaspération désabusée. « En même temps, ce connard harcèle des premières années. » Son doigt changea de cible et se pointa vers le garçon qui n’avait pas bougé d’un poil, tétanisé par ce qui se passait devant lui. Par ce qu’il avait provoqué malgré lui. Le professeur lui jeta un coup d’œil avant de reporter son attention sur Dimitri, l’observant au-dessus de ses verres de lunettes d’un air exaspéré. « Joaquim McKenzie est en troisième année. » indiqua-t-il d’un ton neutre et le Wampus haussa les sourcils, perplexe. « Mais là n’est pas la question. Que tout le monde retourne à ses affaires. La prochaine fois que je vous retrouve fourré dans une affaire de ce genre, Mr. Maldonado, que vous ayez les intentions les plus louables du monde ou non, vous aurez le droit à une nouvelle heure de retenue. » D’un regard froid, il fixa la victime de Dimitri qui déguerpit sans demander son reste, puis il se concentra sur le jeune homme, une lueur de malice logée dans ses yeux bruns. Ils échangèrent un dialogue non-verbal puis le professeur s’éloigna sans un mot de plus et Dimitri s’avança lentement vers un Joaquim encore tremblant qui hésita à lever ses yeux juvéniles vers lui. « Troisième année, hein ? » L’intéressé hocha la tête, le regard toujours tourné vers le sol. « Il t’emmerdera plus. Et s’il t’emmerde encore, je m’en charge. » Joaquim fronça les sourcils et se décida à retrouver les prunelles de son sauveur, ne pouvant retenir une remarque : « Mais le prof a dit que … » Une remarque qu’il ne put achever car Dimitri claqua des doigts pour le couper. « Il dit ça à chaque fois. Je le connais par cœur. » Son ton était empreint d’un semblant de mystère, celui dont il s’était paré depuis des années pour devenir cette figure incontournable d’Ilvermorny, ajoutant sa pierre à l’édifice par son éloquence, son humour, son caractère sanguin et les rumeurs libertines qui couraient à son sujet. Il jouait avec ce qu’on disait de lui comme un chat avec l’ennui, et il gagnait toujours la partie, n’ayant pas encore trouvé d’adversaire à sa hauteur.

(1968) Stand clear of the closing doors, please! La voix enjouée du microphone retentit dans les oreilles de Joaquim une fois de plus et il soupira en remarquant qu’une seule station le séparait de sa destination. Il avait l’impression d’avoir traîné dans le métro pendant des heures et il regardait d’un œil méfiant les vagabonds qui l’entouraient, craignant de se faire attaquer par un inconnu. Le dernier trajet s’écoulant encore plus lentement que les précédents, il fut accompagné des lumières clignotantes et du bruit strident des roues sur les rails. La rame s’immobilisa finalement, le timbre désabusé d’un conducteur annonçant le terminus et le reste des passagers descendant sur le quai. Joaquim les imita, pris à la gorge pas la chaleur qui régnait dans les couloirs, et il sortit à la première issue qu’il trouva, ne voulant pas prendre le risque de paraître étranger là où tout lui semblait être une nouvelle menace. En haut des marches, il déglutit, confronté au décor : le Bronx, la nuit. Joaquim avait noté sur un bout de parchemin l’itinéraire jusqu’à l’adresse que Dimitri lui avait donnée mais ce qui se dressait autour de lui était bien différent de Manhattan et il n’osa pas faire un pas de plus pour aller inspecter le nom des rues. Joaquim avait peur. Peur, car il se demandait pourquoi il avait fait tout ce chemin un soir de Thanksgiving alors qu’il aurait pu rester chez lui, auprès de sa famille. Peur, car il sentait encore l’odeur de moisi des transports en commun contre les parois de ses narines et il craignait qu’elle ne se soit accrochée à la veste de son costume. Peur, car comme partout où il allait, il se sentait étranger et invisible aux yeux de ceux qu’il aimait, en proie à des démons qu’il ne savait nommer. Il fit un pas en avant mais se retint d’en faire un autre car déjà, un groupe de personnes approchait de la bouche de métro. Il imagina un instant toutes les hypothèses plausibles lorsque ces inconnus croiseraient son chemin ou, pire, son regard. Ses doigts se mirent à trembler et il posa sa main dans sa poche, se rendant compte avec effroi que sa baguette ne s’y trouvait plus. Il se retourna brusquement, les yeux fixés sur le sol, prêt à refaire tous les couloirs du métro pour la retrouver mais son cœur eut un raté alors qu’il se cogna à une silhouette qui se trouvait juste derrière lui. « D-Désolé, je … » marmonna-t-il si vite qu’il en oublia la suite de la phrase. « Yo, Upper East Side, t’as pas l’air d’aller bien. » La voix retentit dans le silence et Joaquim leva les yeux vers le visage qu’il reconnut instantanément, voyant avec succès une crise d’angoisse s’estomper au sein de sa poitrine. « D-Dimitri, je … » L’intéressé s’esclaffa devant le manque de répartie du jeune garçon et il lui tendit un objet que Joaquim prit, soulagé : sa baguette. « Tu étais tellement à l’ouest que ça a été un jeu d’enfant de te repérer. Et fais attention à tes poches, sérieux, j’ai pu te la voler sans problème. » Il voulut répondre, mais Dimitri posait déjà sa main sur son épaule en une prise ferme et assurée qui traduisait bien son caractère. « Allons-y, sinon y’aura plus de dinde. » Ils transplanèrent et, à l’arrivée, Joaquim fut pris d’un violent tournis que Dimitri ne prit pas la peine de relever. C’était sa première fois. Il suivit son aîné dans la ruelle mal éclairée où ils venaient d’apparaître, se concentrant vaguement sur les effluves de musique qui semblaient venir de partout autour d’eux, au loin. New York ne dormait jamais. Dimitri bifurqua dans un jardin désert et colla son oreille contre un mur recouvert de graffitis. Son sourire d’une blancheur éclatante, éclairé par la lune, laissa un sentiment de perplexité dans l’esprit de son jeune ami alors qu’il apparut sur ses lèvres. « Yo, Sésame. Ouvre, bordel. » Joaquim fronça les sourcils : « Je suis à peu près sûr que ce n’est pas une vraie formule, Dimitri. » Son interlocuteur leva les yeux au ciel avant de rétorquer : « On avait une sonnette magique avant mais une petite maligne a forcé l’entrée et a déréglé le mécanisme, du coup ça s’ouvre que de l’intérieur. Très chiant. » Enfin, le jeune homme s’écarta du mur et les rainures d’une porte apparurent petit à petit entre les tags dans une symphonie de craquements boisés. On ouvrit et une tête sortit de l’entrebâillement, se tournant immédiatement vers Joaquim, qui fit un signe discret de la main en guise de salut. « Salut Michèle la plus belle, je te présente Joaquim. Je l’ai apporté pour que Pablo ait enfin des amis. » La dénommée Michèle soupira et fit signe aux deux garçons d’entrer, non sans manifester son exaspération. « T’es pas cool avec lui, il est très sociable quand il veut. » Dimitri se justifia, attrapant les épaules de la sorcière et les massant amicalement, lui parlant d’une voix malicieuse pour la convaincre de tout et n’importe quoi. Joaquim prit la suite du duo, pénétrant dans un couloir aux tons bruns et écarlates, orné de tapisseries et de perles qui lui rappelèrent ce que Michèle portait dans ses cheveux. Il entendit le son des grelots qui dansaient au bout de ses mèches sombres et sourit, retrouvant dans son air faussement agacé car éternellement aimante les lueurs complices qu’il voyait chaque jour au creux des prunelles de sa mère. Ils arrivèrent finalement dans une pièce qui lui parut étroite car il y régnait un joyeux désordre, mais surtout parce qu’elle accueillait d’autres individus, de tous âges : peut-être six ou sept en tout. Michèle désigna un couple au fond : « Joaquim, je te présente mes parents. » Les deux inconnus lui adressèrent un signe de tête bienveillant, il leur en rendit un, plus timide. « Voilà Solange, ma sœur jumelle et Yassine, mon mari. » Elle précisa cela avec une excitation qu’elle eut du mal à dissimuler, si bien que Joaquim le remarqua : leur union devait être très récente. « Au fond, Madame Jojo, la grand-mère de Dimitri. » Ce dernier était déjà à son chevet, ayant posé sa main sur la sienne et enroulant ses doigts autour de ceux, abîmés, de son aïeule. « Et puis celui qui a l’air d’être sur une autre planète, c’est Pablo. » Le ton de Michèle sembla plus fort sur cette conclusion et l’intéressé, une fois tiré de sa rêverie, laissa glisser ses yeux vers Joaquim et ils se lancèrent un sourire entendu et courtois : ils se connaissaient de vue, à Ilvermorny, et paraissaient tous deux s’être retrouvés au milieu de ce beau monde par un heureux hasard qui leur avait donné une raison de se lever ce matin. « On t’aurait bien présenté le frère de Pablo, un gamin adorable, mais apparemment il nous aime pas. » Michèle leva à nouveau les yeux au ciel, Pablo cilla, replongeant dans ses pensées, et Dimitri fronça les sourcils en fixant la  nuque de son cadet, l’air sévère. Joaquim sentit une tension palpable se former autour des restes de dinde qui trônaient sur la table à manger, mais tout cela fut dissipé lorsque la mélodie d’un carillon retentit soudainement. Solange se leva mais Dimitri la devança, s’élançant au centre de la pièce comme pris d’un accès de colère : « C’est Fayth ? Elle utilise encore notre sonnette qu’elle a arrachée ? » Il dépassa Joaquim et se précipita dans le couloir : « Je vais lui faire la peau à cette gamine. » Le jeune garçon cligna des paupières, perplexe, son regard cherchant sans prononcer le moindre mot à ce qu’on lui explique la situation. Michèle s’en chargea alors, laissant un nouveau sourire glisser sur son doux visage : « T’en fais pas, ils s’adorent. » Elle rit alors et secoua la tête, laissant encore chanter les grelots qui terminaient sa belle chevelure comme une cadence étrangement sereine ayant le pouvoir d’apaiser tous les maux en cette soirée que le pays entier voulait dédier à l’idéal d’une reconnaissance commune.

(1970) Joaquim ouvrit la porte comme on ouvrait une fenêtre sur un cœur battant un rythme nouveau et incertain et il regarda ce qui se trouvait là comme on déchiffrait une partition pour la première fois. Le fils d’un ami de son père. Voilà qui l’avait invité et voilà qui il venait rejoindre, cet air naïf et intrigué toujours peint sur son visage discret. Le jeune homme l’avait remarqué un soir, lors d’un dîner mondain organisé par ses parents dans leur grand appartement de Manhattan. C’était un sol plus avant-gardiste qu’il foulait alors, s’étant pris au jeu de l’instinct car la dernière fois qu’il l’avait fait, il avait eu la chance de rencontrer sa seconde famille. Ceux avec qui il avait l’occasion d’être lui-même et même de se découvrir, au fond. Celui avec qui il semblait être capable de tout : et pas une seconde il ne regrettait de s’être éclipsé après le repas traditionnel et familial pour gagner le cœur du Bronx afin d’être à leurs côtés. A ses côtés. Joaquim savait qu’il n’était ici que pour se prouver quelque chose, sans être fixé sur la nature de cette incertitude. Mais il ne pouvait plus faire demi-tour, alors il pénétra dans l’enceinte de l’inconnu et fut directement happé par les prunelles de son hôte qui glissa entre chaque silhouette pour venir s’appuyer contre la porte, le regard ardent d’une lascivité que Joaquim avait cru entrevoir lorsqu’il lui avait jeté un coup d’œil la première fois, et qui maintenant débordait de ses paupières sans aucune retenue. « Bienvenue à Brooklyn, McKenzie. » Il prononça le nom de famille du nouveau venu avec une malice qui forçait leur complicité, ce qui perturba Joaquim alors qu’il avait répété sa phrase d’entrée en matière une centaine de fois avant de venir : « M-M-M… Merci. » Il rougit, incapable de bégayer un mot de plus, ce qui ne fit qu’accentuer le sourire du jeune homme, qui finit par l’inviter à s’avancer au milieu de la foule. La fête battait son plein et Joaquim pria pour ne pas paraître trop étranger à cette atmosphère qu’il trouvait indescriptible. « Est-ce que … Qu’est-ce que … » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que déjà, son hôte lui mettait un verre dans la main. « Bois ça et fais un vœu. » Joaquim fronça les sourcils : « Y’a quoi dedans ? » Le mystère était maître-mot, brodant la réponse de son hôte pour l’endiguer davantage dans la curiosité : « Tes péchés. Tes crimes. Tes pensées les plus perverses. Tout ce qui fait que tu te sens vivant. » Et l’esprit de Joaquim, par ce réflexe qui trahissait les sentiments de ceux qui vivaient dans l’océan des non-dits, de la frustration et du déni, se fixa sur un unique nom, qu’il voulut repousser au fond des limbes de son oubli mais qui le hanta d’autant plus, si bien qu’il n’hésita pas à boire d’un trait la boisson qu’on venait de lui offrir.



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“Crash, AKA I don't need money just to say that I'm rich”
sometimes a mystery, sometimes i'm free, depending on my mood or my attitude. sometimes i wanna roll or stay at home, walking contradiction, guess i'm factual and fiction. a little crazy, little sexy, little cool, little rough around the edges but i keep it smooth. i'm always left of center and that's right where i belong. i'm the random minor note you hear in major songs, and i like that. i don't really give a fuck if i was just the only one who likes that. ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


(1971) En poussant un soupir résigné, Crash referma son livre et ajusta ses lunettes sur son nez, maudissant une énième fois les opticiens et les stylistes de ne pas avoir créé la moindre paire qui ne glissait pas jusqu’à ses narines à chaque fois qu’il bougeait son crâne d’un demi-millimètre. Il leva son regard vers la silhouette qui s’était profilée devant lui, parée d’un sourire amical : « Christopher-Ashton ? Bienvenue chez les Thunderbirds ! » Bien trop enjoué pour lui. Il se replongea alors dans la lecture de son ouvrage et il fut de nouveau interrompu : « Tu préfères Chris ? Ashton ? Christopher ? Moi c’est Pablo. » Mais Crash savait pertinemment que ces tentatives étaient forcées par l’administration pour qu’il soit mieux intégré parmi ses camarades, ce pourquoi il coupa court à la conversation : « Crash. Juste Crash. » Pablo afficha une moue approbatrice malgré le visage fermé du jeune garçon et continua de lui sourire. « Ok Crash, cool comme nom. Je suis ton parrain ici, un peu comme un ami désigné d’office, donc je vais pouvoir t’aider à t’intégrer. » Mais il voulait qu’on le laisse tranquille et il le fit comprendre d’une voix sèche : « Et si je veux pas être ton ami ? » Cela n’eut pas l’air de perturber son interlocuteur qui cligna des paupières, amusé : « Dans ce cas, tu peux me poser des questions si tu n’es pas sûr de quelque chose, et j’essayerai d’y répondre au mieux. » Crash ne cilla pas mais garda le silence avant d’observer Pablo de haut en bas, l’air désabusé. Il finit par désigner les poignets du sorcier, recouverts par deux bandeaux bicolores moulant le relief de son os de par la minceur de son corps : « C’est pour cacher une tentative de suicide ? » Son aîné sourcilla, probablement surpris par l’attaque que Crash avait voulu ironique et provocatrice, dans le but de se débarrasser de son parrain, mais son cœur eut un raté lorsque Pablo retira l’un des bandeaux et qu’il put y contempler les stries d’un passé douloureux. « Possible. » enchaîna Pablo sans que son sourire doux ne renonce à disparaître, et il remit le morceau de tissu qui claqua contre sa peau lorsque l’élastique se détendit, dissipant les aprioris de Crash qui, pourtant, poursuivit sa lecture sans prononcer un mot de plus. Si son regard n’était plus fixé sur Pablo, il ne put contenir son attention qui suivit son parrain lorsqu’il remonta dans le dortoir des Thunderbirds, son sourire mystérieux ayant contaminé les lèvres du garçon, les étirant d’un air étrangement déterminé.

(1973) « Une partie de Symboles Magiques, ça vous dit pas ? » Michèle brandit quelques bouts de parchemin ainsi qu’une poignée de crayons, le visage illuminé par l’espièglerie qui l’accompagnait à chacune de ses paroles. Un vague brouhaha sembla dégager de l’assemblée qui était installée à la table de la cuisine, des grognements qui s’amplifièrent de la part de tous à l’instant où la sorcière frappa du plat de sa main au centre du plan de travail pour obtenir une réponse. « Allez, on joue. Trois équipes. » Elle désigna un à un les participants : « Joaquim et Solange, les Serpents. Pablo, Fayth, Crash, les Thunderbirds. Et moi je serai avec Dimitri. » Ce dernier lui souffla un baiser au loin avant de surenchérir : « Un ultime crossover Wampus et Pukwudgie qui va vous terrasser. » Ils se redressèrent alors tous dans une symphonie de raclements de chaises, à l’exception de Crash qui se leva pour sortir du cercle. « Je joue pas. Sinon y’a trop de Birds. Mais je compte les points si vous voulez. » Michèle protesta, mais on se mit d’accord sur un fait évident : rien n’échappait jamais à Crash, et certainement pas les tricheurs. Il ne sourit pas à cette remarque, néanmoins son cœur fit tout comme, incapable de comprendre comment il en était arrivé là, lui qui durant toute son enfance avait été des plus solitaires. Comment s’était-il retrouvé sur le sol de cette cuisine à jouer à un jeu innocent en leur compagnie ? Son regard lucide se posa sur Pablo qui, après avoir remporté la première manche, effectuait une danse victorieuse avec Fayth. La jeune fille posa ensuite sa tête sur l’épaule de son co-équipier, mais ce dernier regardait en face de lui, là où se trouvait Solange. Non, il ne regardait pas, il admirait, ce qui amusa Crash car il était certain d’être le seul à remarquer tout cela. Les autres n’étaient pas aussi attentifs : ils pouvaient dire que, malgré leur ressemblance, Solange et Michèle n’inspiraient pas la même réaction par exemple, sans pourtant pouvoir trouver les mots pour véritablement les différencier. Ils pouvaient dire que Dimitri, lui, en faisait trop, et que Joaquim n’en faisait pas assez peut-être. Ils pouvaient dire plein de choses les uns concernant les autres et ils se connaissaient manifestement très bien, mais Crash avait l’atout d’être le dernier arrivé, le plus jeune et le moins attaché à ce groupuscule qui semblait être capable de survivre à tout : la pauvreté, les différences d’âge, la répression des Non-maj et les opinions divergentes qui étaient pourtant nées en son sein. C’était ce que Crash trouvait étonnant, presque captivant, et c’est probablement ce qui le faisait venir à chaque fois dans cet appartement miteux aux relents de friture, situé au beau milieu d’un Bronx agressif et véhément, en pleine mutation. Votre passion, Mr Turner ? lui demandait si souvent l’administration d’Ilvermorny. Ne pas être ici, répondait-il à chaque fois. Mais entre ces quatre murs, ce n’était pas le cas, et il ne comprenait pas pourquoi.


(1973) Un coup de baguette suffit à la fenêtre pour s’ouvrir silencieusement et Crash se hissa sur le rebord, ses mains gantées frottant la pierre dans un son feutré. Ses pieds gagnèrent le sol qui grinça et il leva les yeux au ciel, agacé par l’odeur forte de verni et de vieille bourgeoisie, caractéristique des habitations de ce coin de Manhattan où de riches personnes âgées terminaient leurs jours en riant grassement devant la misère du monde. C’est comme ça qu’il les voyait, de toute évidence, depuis les toits du Bronx, incapable d’imaginer autre chose que les gratte-ciels qui s’étendaient à perte de vue dans cette ville qui ne cessait jamais de grandir. Son esprit s’en retrouvait brimé : ne serait-il donc jamais libre lui aussi de pouvoir partir ? Car New York était belle quand on choisissait de s’y rendre, mais elle était la plus affreuse des prisons lorsqu’on ne pouvait en sortir. Trop bruyante, trop étouffante, sa chaleur prenant à la gorge l’été pour que le froid soit plus asphyxiant l’hiver, trop peuplée aussi pour le garçon qu’il était. Il voyait du monde partout. Dans son quartier, le jour, la nuit, à Ilvermorny, dans la rue, dans les transports … les rares instants de calme qu’il avait chez lui étaient souvent brisés par l’arrivée de ses amis l’entraînant dans une autre de leurs frasques, et Crash n’était pas réticent à les suivre, non. Il se sentait simplement différent. Sûrement car il était seul, qu’il soit ou non accompagné par les autres, mais il ne leur en voulait pas, au contraire. Il savait qu’il était celui qui devait s’adapter, rentrer dans un moule pourtant si cabossé par les nuances de chacun des membres du crew. Voilà le nom de ce puzzle humain qui composait les sorciers du Bronx, où bien en tout cas ceux de sa génération. Ils étaient tel l’équipage d’un bateau, éternellement happé par les intempéries d’une vie capricieuse. Le terme, emprunté aux Non-maj qui l’avaient eux-mêmes volé aux marins, désignait étymologiquement ce qui ne cessait de croître, et ce gonflement perpétuel semblait être la définition du crew, mais Crash était le dernier arrivé et il lui semblait que personne ne prendrait sa suite. Il détestait être le benjamin de quoi que ce soit, car il était persuadé que tout lui retomberait dessus, un jour. Alors il se persuadait qu’il serait le premier à partir, puisqu’il arrivait que des marins abandonnent leur navire. Lui avait déjà prévu d’en charger un autre, en direction d’autre part, d’un ailleurs rêvé dont il n’imaginait pas l’apparence, de peur d’être déçu, puisqu’il l’était si souvent. Néanmoins, il lui fallait de l’argent : voilà ce que ses soirées solitaires lui avaient soufflé alors qu’il avait déambulé dans les quartiers déserts de Manhattan, longeant Central Park d’un pas nonchalant, y entrant parfois malgré les avertissements. Il était sorcier, le danger d’une zone non-maj l’effrayait peu, et il prenait toujours avec lui des farces et attrapes comme de fausses flammes multicolores pour éloigner les possibles agresseurs. En réalité, il n’en rencontrait jamais, se lassant parfois de sa propre sécurité. Alors, sans savoir si c’était le goût de l’aventure ou bien l’adrénaline qui l’y poussait, il s’était mis en tête de cambrioler des maisons de Non-maj afin de récolter assez d’argent pour faire le tour du monde, une fois son diplôme en poche. Crash sourit à cette idée, comme il le faisait à chaque fois, puis il posa le sac qu’il tenait en bandoulière par terre, ouvert : « Salut Pudding. » Un long museau en sortit, suivi de pattes plates comme des pelles, puis un corps rondouillet recouvert d’une épaisse fourrure noire. Il avait emprunté un niffleur à l’école et comptait le rendre, mais pas avant la fin de ses études, pas avant qu’il ne mette un pied hors de cette ville. La créature, importée tout droit d’Angleterre – d’où l’évidence de son nom – avait visité plus de choses que lui et cela l’attristait. Crash verrouilla en quelques mouvements assurés toutes les issues de la pièce. Il prenait confiance en son activité nocturne parce qu'il n’en était plus à son premier cambriolage. L’animal, libre, ne se fit pas prier pour se jeter sur le moindre objet brillant qui se trouvait dans la pièce et Crash, sans le perdre des yeux, l’imita avec certes plus de délicatesse, mais aussi peu de regrets. Pourquoi en avoir ? C’était la seule façon qu’il avait de se donner les moyens d’être libre à son tour.


Dernière édition par Pablo Young le Mar 1 Mai - 22:31, édité 1 fois
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Mer 25 Avr - 14:27 (#)
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“Michèle, AKA this may be the night that my dreams might let me know all the stars are closer”
in fact her maturity and blood kinship converted her passion to fever, so it was more affliction than affection. it literally knocked her down at night, and raised her up in the morning, for when she dragged herself off to bed, having spent another day without his presence, her heart beat like a gloved fist against her ribs. and in the morning, long before she was fully awake, she felt a longing so bitter and tight it yanked her out of a sleep swept clean of dreams. ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


(1973) Se frottant les mains sous l’eau pour en retirer la pommade verdâtre, Michèle soupira. Elle était épuisée mais elle ne pouvait le montrer, consciente que si elle baissait les bras, personne ne prendrait sa suite. Cela l’agaçait, mais elle avait l’habitude de sourire plutôt que de faire des remontrances, puisque sa mère – qui pourtant n’était pas avare en reproche – lui avait toujours dit que dans leur famille, les rides apparaissaient vite chez celles qui n’étaient jamais de bonne humeur. Et elle ne savait pas si c’était vrai ou non, car force était de constater que Solange paraissait plus âgée qu’elle, alors que Michèle était l’aînée des jumelles. Elle aimait sa sœur d’un amour presque démesuré mais les deux femmes étaient les premières à repérer les défauts qui sillonnaient le caractère de l’autre, sans pour autant se prétendre meilleures. Elles étaient sœurs, voilà tout, différentes car elles se ressemblaient assez pour que les variations ressortent d’autant plus. Et une chose était certaine, Michèle savait mieux sourire – elle savait sûrement mieux mentir aussi. « Je crois que t’as tout enlevé. » s’enquit Yassine depuis sa chaise, la tête en arrière de sorte qu’en se retournant, Michèle ne vit pas immédiatement les boursouflures sur son visage, celle qu’elle s’appliquait à nettoyer une à une. Son mari était Non-maj et il payait pour sa tolérance, comme s’il avait été l’un d’entre eux. Elle se souvenait chaque jour des raisons pour lesquelles elle l’avait épousé, tout comme des remontrances de son entourage qui avait cru qu’elle était simplement provocatrice. Mais non, ses sentiments étaient authentiques et elle était fière d’avoir été la première sorcière à se marier avec un Non-maj malgré l’environnement hostile à l’égard du métissage, régnant tacitement sur le Bronx sorcier et ses alentours. Elle sécha ses mains et s’approcha de Yassine, laissant l’onguent pénétrer dans les pores de sa peau pendant encore quelques minutes, en silence. Puis, finalement, elle se saisit d’un chiffon humide qu’elle passa sur le visage du jeune homme qui fut de nouveau lisse. Comme par magie, songea-t-elle, anticipant la réaction de son mari alors qu’il s’approchait du miroir. Il n’y manqua pas, ses mots teintés d’une ironie amusée qui la fit légèrement sourire malgré sa lassitude. « Ca n’arriverait pas si tu faisais plus attention. » Ils voulaient vivre comme des êtres libres mais il fallait se rendre à l’évidence : ils n’étaient en sécurité nulle part. Et si les Non-maj qui les traquaient évitaient soigneusement de s’attaquer à ceux qu’ils avaient repérés comme étant des rejetons du Diable, craignant qu’ils ouvrent les portes de l’Enfer devant leurs âmes dont les péchés n’avaient pas tous été absous, ils n’hésitaient pas une seule seconde à s’attaquer à Yassine qui, malgré quelques mouvements défensifs maîtrisés, se retrouvait vite débordé par son infériorité numérique. Michèle avait peur mais elle ne le disait pas. Peur qu’un jour, ce soir le cadavre de son mari qui se présente à sa porte et non plus juste un visage roué de coups et quelques côtes cassées. Peur de devoir partir mais peur aussi de devoir rester. Peur pour un avenir incertain dont elle ne voulait plus parler car l’hostilité la forçait à vivre au jour le jour, sans la laisser fermer l’œil de la nuit. Peur de s’éveiller un matin après avoir rêvé du pire et de ne plus savoir comment sourire.

(1973) L’une de ses mains tambourina la porte tandis que l’autre sécha d’un revers les larmes qui continuaient de couler alors qu’elle entendait enfin les pas se rapprocher. La poignée s’enclencha et on ouvrit. Michèle sut qu’elle dérangeait et elle tourna la tête pour ne pas croiser directement le regard sévère de sa sœur, qui laissa l’exaspération s’évaporer en constatant que la situation paraissait critique. Solange se recula pour l’inviter à entrer, sans un bruit, et après une hésitation, Michèle s’exécuta : sa jumelle ne portait qu’une serviette entourée autour d’un corps nu, ce qui signifiait qu’elle n’était pas seule, et les yeux mi-clos qu’elle lui présentait trahissait l’heure tardive que la jeune femme n’avait pas pensé à vérifier avant de se présenter sur le seuil de l’appartement. Elle se savait égoïste mais s’en moquait à cet instant, car elle allait craquer. Pour de bon. Michèle s’installa à la table du petit séjour tandis que Solange lui préparait déjà une tisane chaude. Cette dernière avait toujours été des plus taciturne, ne gaspillant pas sa salive pour prouver à qui que ce soit qu’elle était une autre personne qu’elle-même. Voilà ce que Michèle avait toujours envié à Solange : sa franchise et sa droiture. Non pas que la jeune femme se complaisait dans quelque mensonge ou un semblant d’hypocrisie, mais la situation forçait la vérité à se montrer, puisque Michèle semblait déverser avec ses larmes toutes les peines qu’elle ne pouvait plus contenir. « Y’a un problème ? » Une voix masculine, étrangère aux oreilles de la sorcière qui tourna la tête pour observer la silhouette dressée dans le coin de la pièce. Elle ne le vit pas, mais elle put deviner que Solange levait les yeux au ciel. « Tu devrais y aller. » adressa-t-elle à son amant de la nuit qui fut un peu surpris par sa réaction. Il se reprit cependant car il devait probablement connaître le caractère trempé de la jeune femme : il avait partagé son lit, après tout. « On se voit la semaine prochaine ? » Solange suspendit une réponse avant d’afficher un mince sourire amusé et d’acquiescer brièvement. L’homme, satisfait, retourna dans la chambre pour rassembler ses affaires et transplaner hors de l’appartement. Michèle, qui pendant ces longues secondes s’était retenue de relâcher les muscles de son visage, fondit en larmes de nouveau, incapable de retenir cette douleur invisible qui ne laissait de traces que dans ces souvenirs que l’on cherchait en vain à oublier. « Il … Il va me quitter … J-Je … Je ne … » Solange posa une tasse fumante sur la table avant de passer sa main sur l’épaule de sa sœur, la massant doucement pour la calmer. Cela prendrait du temps, manifestement. « Tu sais bien que non. » Ses mots furent ponctués d’un nouveau sanglot et Solange attira d’un sort tacite une boîte de mouchoirs qu’elle plaça en face de Michèle. Celle-ci en décrocha un pour nettoyer son nez timidement. « M-Mais … on s’est engueulés encore … et il est parti, et il n’est pas encore revenu … J-Je … Je m’inquiète … Je sais p-pas quoi faire … » Sa sœur s’installa sur une chaise sans que sa main ne quitte l’épaule de la jeune femme. Elle l’observa longuement, ses yeux ne trahissant aucune de ses émotions. Elle était ainsi, Solange : pleine de sentiments contradictoires qui se perdaient à la surface lisse de son visage, ne ponctuant ses pensées les plus ostensibles que d’un sourire énigmatique. « Il fallait y réfléchir avant de te marier à lui, en même temps. » Son ton était ironique mais Michèle n’avait pas le cœur au second degré et elle lui jeta un coup d’œil furibond. Elle avait besoin de soutien, non qu’on lui rappelle pourquoi sa vie était si difficile, pourquoi elle était responsable de tous ses malheurs. « Tu n’es pas responsable. » poursuivit Solange naturellement, comme si elle avait lu dans ses pensées. Leur gémellité expliquait probablement les réflexions analogues qu’elles émettaient à l’autre, mentalement ou non. « Mais tu étais consciente de tout cela avant votre union. Ce n’est pas parce que tu veux que ça cesse que ça va miraculeusement s’arrêter. » Elle marqua une pause, faisant mine de chercher ses mots alors que sa sœur ne s’en sortirait qu’avec la franchise dont elle faisait preuve si souvent. N’était-ce d’ailleurs par ce que Michèle était venue chercher en martelant la porte de l’appartement ? « Je crois même que ça s’est renforcé depuis le mariage. » Le constat était net : le crew n’en parlait pas car ils n’étaient pas simplement qu’un groupe soudé, mais bien des entités différentes qui ne partageaient pas les mêmes histoires. Le rapport que chacun entretenait avec les Non-maj pouvait s’opposer drastiquement d’un sorcier à l’autre. Combien de regards noirs Dimitri avait-il lancé à Pablo lorsque la discussion s’était arrêtée sur son frère Abel ? Combien de débats interminables, de mots à moitié regrettés, de décisions prises et forgée dans la rancœur plutôt que la tolérance ? « J’ai envie de me casser de cette ville pourrie. » conclut Michèle dans un soupir. Elle hoquetait encore mais ses sanglots s’étaient estompés entre les limbes de ses pensées diffuses. Solange laissa un sourire glisser sur ses lèvres. « Je sais bien. » Personne ne pouvait comprendre ce qu’ils vivaient tous. Ils ne pouvaient même pas le comprendre entre eux. Ils ne pouvaient même pas s’accepter mutuellement, réfléchir, essayer de se mettre à la place des autres. Michèle n’arrivait pas à saisir la nature de ce qui les liait tous ensemble. Mais elle savait qu’elle n’avait plus la force de les tenir à bout de bras, car elle avait conscience de son importance. Elle avait conscience qu’ils en attendaient beaucoup d’elle. Elle avait conscience que c’était parce qu’elle s’était acharnée à leur faire voir la vie du bon côté quand elle-même en était encore capable. Et elle voyait à présent que ce n’était plus le cas, et que son masque d’espérance se fissurait jour après jour, laissant le plâtre apparaître sous sa peau, son miroir lui hurlant qu’elle n’avait jamais été qu’une imposture.

(1973) Elle referma la porte de l’appartement et y retrouva un silence qu’elle avait cherché depuis sa sortie du travail. Elle tint fermement l’anse de son sac à main et n’ôta pas son manteau en s’asseyant dans le premier fauteuil qu’elle vit. Son cœur battait tant dans sa poitrine qu’elle n’entendait que ça, martelant son crâne jusqu’à lui donner la nausée. Elle ne sentit pas l’ombre qui se profila derrière elle et sursauta lorsque des mots retentirent au milieu de sa réflexion : « Yo. » Elle se retourna brusquement, constatant la présence de Crash au centre du séjour. « Je te cherchais. J’étais à l’hôpital et t’y étais pas. » Elle fronça les sourcils, interrogatrice. « Je me suis blessé avec un truc que j’ai acheté à Chinatown et j’avais peur que ce soit dangereux. » Sa nonchalance et son manque de tact la fit sourire, malgré le fait qu’elle aurait préféré être seule. Crash le comprit – cela ne l’empêcha pas de poursuivre son histoire. « Vu que je sais pas dans quel service tu bosses, et que je savais pas non plus à quel service je devais m’adresser, j’ai cherché ton crush là … le mexicain. » Elle pouffa de rire, incapable de prendre son ami au sérieux. Il l’était lui-même à moitié. « Je crois qu’il a des origines natives, plutôt. » répondit-elle après avoir repris ses esprits. « Ouais, pareil, un wannabe white quoi. Bref … » Il passa une main dans ses cheveux. « … du coup j’ai juste fait tous les couloirs de l’hôpital et je suis tombé sur lui ! Je l’ai même bousculé, ça lui a pas plu. Ultra fragile le type. Je lui ai demandé où tu étais et il m’a dit que tu étais rentrée chez toi. » Elle battit des paupières, incrédule. « Du coup Michèle, s’te plait la prochaine fois que je me déplace jusqu’à l’hosto juste pour te voir, … sois là-bas ? Je sais pas transplaner je te rappelle, moi je me tape les heures de pointe du métro. » Mais ses yeux brillaient déjà de larmes, sans être sûre de leur origine : « Leviathan Faust … sait qui je suis ? » Crash répéta le nom, heureux de pouvoir s’en souvenir, puis s’exclama : « Ouais, par contre sérieux, t’aurais pu avoir un crush adultère sur un mec plus grand, c’est la honte. Faut pas que Yassine apprenne sa taille, il va mourir de rire. » Il haussa les épaules. « Je suis sûr que c’est Faust qui a inventé le mythe de c’est pas la taille qui compte, il a dû se faire recaler trente-mille fois à cause de ça. Faut qu’il se trouve un putain de géant pour compenser. » Il suspendit ses mots : son amie venait de se lever et il ne lui fallut pas plus d’une seconde pour remarquer ses doigts tremblant et son air blême. « Michèle, ça va ? » Elle ne tint pas la seconde suivante et éclata en sanglots. Le jeune garçon n’avait aucune idée de comment réagir, alors il s’approcha et lui prit la main pour la faire se rassoir, laissant glisser de ses lèvres des mots de réconfort dont il ne pouvait mesurer l’efficacité. « Désolé, je savais pas que ça te mettrait dans cet état. Genre … wow, t’es vraiment attaché à lui, je me moquerai plus. » Elle leva son regard vers celui du sorcier et il y reconnut la malice qui lui allait si bien au teint. Il lui répondit alors par un sourire espiègle, conscient qu’il n’était pas totalement sérieux. Parfois il aurait aimé ne jamais l’être : « Tais-toi, Crash. » Il haussa les épaules, lui indiquant qu’il ne parlait déjà plus, et elle rit d’une sincérité qui noua le cœur du garçon. Il comprit qu’elle avait besoin de dire quelque chose, et que ses histoires à lui attendraient : « Je suis enceinte. » Il écarquilla les yeux et rougit : être le premier à savoir la nouvelle le mettait dans une étrange situation, mais ce fut avec humour qu’il décida de riposter : « Mais attends … quand est-ce que toi et moi on a … attends … ? » Et Michèle lui donna une tape derrière la tête pour qu’il arrête enfin de se moquer d’elle, ce qui le fit redoubler de rire. Il se redressa finalement, les échos de ses railleries encore ancrés dans ses prunelles intelligentes : « Je vais appeler Yassine. Repose-toi. » Il n’eut pas quitté la pièce qu’elle sombrait déjà dans un sommeil qui ne lui rappela que les moments de joie et de bonheur dont tous avaient joui jusqu’alors, malgré cette vie, malgré leur sort.


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“Dimitri, AKA you see there's leaders and there's followers but I'd rather be a dick than a swallower”
so cry if you need to, but i can't stay to watch you, that's the wrong thing to do. touch if you need to, but i can't stay to hold you, that's the wrong thing to do. talk if you need to, but i can't stay to hear you, that's the wrong thing to do. cause you'll say you love me, and i'll end up lying and say i love you, too ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


(1974) Va te trouver du travail alors. Les mots de son amie lui paraissaient de plus en plus durs à mesure qu’ils s’ancraient dans sa mémoire, et Dimitri détestait ça. La voix de la raison, comme on l’appelait parfois, incarnée par une Solange responsable et pragmatique qui n’avait pas le temps pour les pleurnicheurs. Elle en avait si peu pour elle-même. Mais le jeune homme n’aimait pas son ton réprobateur et, alors qu’il avait passé la journée à traîner chez son aînée en se concentrant uniquement sur le match de Quidditch de New York contre Boston et la possibilité de faire planer un château de cartes d’une dizaine d’étages sans le détruire à l’aide d’un sort de lévitation, il avait eu le malheur de se plaindre de s’ennuyer – notamment car son équipe avait perdu, et que ça le rendait toujours immensément triste. Et Solange lui avait envoyé cette pique, en plaisantant sûrement mais seulement à moitié, puis elle avait claqué la porte de l’entrée pour se rendre à son travail, puisqu’elle au moins en avait un. Voilà ce que Dimitri avait compris dans le son saccadé de ses talons claquant sur le parquet des couloirs de l’immeuble et disparaissant dans le silence. Une heure plus tard, il y pensait encore, incapable de se défaire de l’idée qu’il n’était qu’un bon à rien, tout en refusant de laisser son ego fondre face à une vérité à laquelle il ne voulait pas adhérer. N’étaient-elles pas subjectives, ces vérités ? Après tout, il avait tenté de trouver du travail, puisque le crew s’était mis d’accord sur le fait que tout le monde devait y mettre du sien : il y avait ceux qui gagneraient de quoi nourrir tout le monde et ceux qui étaient faits pour les études – et ces derniers étaient évidemment bien moins nombreux que les premiers, car aux Etats-Unis, les prix montaient vite et les gens détestaient les pauvres, plus que nulle part ailleurs. Joaquim s’était donc lancé dans un cursus secondaire tandis que Pablo, malgré ses résultats tout à fait corrects, s’était immédiatement fait embaucher comme vendeur chez un chapelier à Harlem, et Dimitri sourit à l’idée de s’occuper toute la journée de couvre-chefs magiques. Son espièglerie fut de courte durée en repensant à son propre sort – car il ne pouvait qu’admettre qu’il s’agissait d’un destin s’acharnant sur lui et non d’une épine qu’il fallait qu’il enlève lui-même de son pied : l’équipe de Quidditch de Poudlard l’avait congédié depuis bientôt deux ans pour comportement inapproprié et jamais il n’avait cherché à laisser sa fierté de côté, malgré ce que ses anciens camarades lui avaient conseillé de faire devant tout le potentiel qu’il perdrait en ne faisant aucun effort. Il eut un pincement au cœur. Il était né pour jouer dans les grandes équipes nationales mais il avait tout laissé tomber, comme chaque travail qu’il avait eu ensuite, enchaînant des petits boulots dont les employeurs l’avaient vite mis à la porte en constatant son manque d’implication. Il s’enfonça dans son siège, le vieux cuir usé moulant son dos et le plongeant dans le parfum d’un autre temps, puis il soupira, sachant pertinemment au fond de lui que Solange avait eu raison de lui faire la remarque. Il ne voulait pas être ici, déprimant au milieu de l’après-midi en pleine semaine, et il ne voulait pas non plus s’imaginer qu’il en serait de même dans dix ans, dans vingt ans, ou même plus. Mais il ignorait comment faire, et les moindres idées pour se remettre dans le bain professionnel le fatiguaient à peine elles effleuraient son esprit désinvolte. Ce dernier pensa à Fayth, pour laquelle il ne se faisait pas de souci tant la gamine était débrouillarde, et enfin Crash, dont le ton vif, incisif et cultivé le destinait à plus qu’un simple diplôme de fin d’école. Il eut un étrange sentiment de nostalgie en comprenant que le jeune sorcier ne resterait pas avec eux bien longtemps à sa sortie d’Ilvermorny, mais il n’en comprit pas l’origine ni la destination puisque Crash n’avait encore qu’une douzaine d’années, peut-être treize seulement. Son profil ne trompait pas cependant. Tout comme Joaquim avant lui, et Dimitri l’avait deviné à la seconde où il avait rencontré, alors il ne doutait pas que le destin de Crash était tout tracé. Son regard se posa sur la table basse du séjour et il tendit le bras pour attraper l’une des photos qui y étaient posées. Il sourit en voyant le visage de Michèle et de Yassine, tenant dans leurs bras leur enfant qui venaient de naître. Il n’avait osé parler à la jeune femme de ce qui lui nouait le cœur, remarquant que durant les mois qui avaient précédé sa grossesse et même l’annonce de cette dernière, Michèle avait paru terriblement fatiguée, ses sourires trahissant sa peur et sa tristesse alors qu’elle rayonnait d’habitude d’une lumière qui les rendaient tous heureux, comme si elle avait été dotée d’une magie mystérieuse, bien à elle. Néanmoins, l’arrivée d’Ydriss, leur fils, avait eu pour conséquence de lui redonner la joie de vivre qui la caractérisait tant, et quelque part, cela rassurait Dimitri de la savoir ainsi car si Michèle craquait, ils étaient tous conscients que les beaux jours qui les attendaient encore seraient alors comptés.

(1976) Il s’apprêtait à croquer dans le premier gâteau apéritif, trop impatient pour attendre Pablo qui tardait à venir : apparemment, il fallait l’attendre car c’était son anniversaire. Mais le ventre de Dimitri gargouillait trop pour qu’il se retienne une seconde de plus et il se maudit de suspendre son geste en entendant la porte d’entrée s’ouvrir et les salutations joviales retentir dans le couloir car Fayth en profita pour l’attraper et le mettre dans sa propre bouche en passant pour aller dire bonjour. Il voulut lui rétorquer quelque chose, il le fit probablement, mais il ne put se souvenir des mots qu’il prononça car son esprit fut figé de surprise : Pablo se tenait dans l’encadrement de la porte et il était suivi par un inconnu dont Dimitri n’eut aucun mal à deviner l’identité : grand, les cheveux gominés, rasé de près et portant probablement sa chemise qu’il réservait pour les grandes occasions, il s’agissait sans aucun doute de son frère Abel. Un étrange silence s’installa dans la pièce : Fayth ne pipa mot, son regard détaillant la silhouette du nouveau venu de haut en bas pour analyser le moindre de ses gestes, non sans jugement, Crash réajusta ses lunettes en fronçant des sourcils interrogateurs et Dimitri finit par se lever, incapable de détacher ses prunelles de celui qu’il considérait déjà comme un étranger sous son toit, sans même avoir entendu le son de sa voix. Il n’en avait pas besoin, il avait déjà eu les échos de ce qu’Abel pensait de la vie de son frère et de ceux avec qui il la passait. Et si Dimitri était bien dénué d’une chose, c’était du sens de savoir prendre du recul. La gêne fut finalement ébranlée par Michèle et Solange qui se présentèrent avec la bouteille de champagne ainsi que Joaquim qui revenait, un paquet à la main. Pablo sourit, de ce sourire qui avait parfois le don d’agacer Dimitri car il lui semblait que rien ne pouvait en venir à bout, rien ne pouvait l’arracher de ses lèvres, rien ne pouvait briser sa douce bonne humeur alors qu’il était lui-même incapable de rester constant et calme. « Salut tout le monde, je vous présente Abel, mon frère. » Ce dernier salua l’assemblée d’un geste peu assuré qui rappela à Dimitri le caractère candide et timide de Joaquim, les premières fois où il lui avait parlé. Mais il n’eut pas la même clémence à l’égard d’Abel, ne prenant même pas la peine de se dire qu’arriver dans ce séjour face à tous ces inconnus pleins d’aprioris pouvait potentiellement être intimidant. Non, c’en était trop pour Dimitri : il avait trop supporté les Non-maj pour en accepter un de plus à sa table. « Vous verriez vos têtes, c’est génial. » s’exclama Michèle en retirant le bouchon du goulot. Elle servit les verres un à un et Dimitri les compta, remarquant qu’il y en avait bien un pour Abel alors que personne ne semblait au courant de sa présence parmi eux. « Pablo, Abel, asseyez-vous. Yassine est en train de finir de cuisiner, il arrive bientôt. » Les deux frères prirent place dans le cercle des sièges et Fayth se déplaça sur le canapé, à côté de Dimitri, afin d’être le plus loin possible d’Abel tout en ayant le loisir de l’observer autant qu’elle le voulait. Ce dernier, conscient qu’il ne faisait pas l’unanimité, n’osa pas prononcer le moindre mot en premier, malgré ses tentatives. Il regarda son frère, lui lançant un signal d’alerte, mais Pablo resta très calme. Ce fut Joaquim qui se lança alors : « Du coup … Abel. Tu fais quoi … dans la vie ? » Son ton était hésitant mais c’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour engager la conversation et ainsi crever l’abcès. Son interlocuteur cligna des paupières, l’éclat dans son regard le remerciant profondément. « J’ai fini le lycée au printemps. Donc maintenant je me consacre à ma passion, la photographie. Et je me suis mis au service de la politique en rejoignant le parti des Black Panthers. » Joaquim plissa les yeux, sceptique, mais il ne fut pas le seul à faire de même, demandant tacitement à Abel de préciser. Ce dernier le fit, un sourire amusé sur les lèvres : « Il s’agit d’un parti noir-américain qui lutte contre les discriminations raciales, entre autres. » Le sorcier laissa échapper un son pour signifier sa compréhension, mais celle-ci n’était pas encore totale. Il ne connaissait rien à la politique Non-maj ni aux discriminations dont ces derniers auraient pu être sujets, mais les mots d’Abel semblaient référer à la couleur de sa peau, ce pourquoi il ne demanda pas d’autre information. Dimitri, lui, se chargea du reste, en une réplique dédaigneuse qui attira l’attention d’Abel pour le crisper de nouveau : « Les discriminations, hein ? » Tout le monde comprit où il voulait en venir et Pablo eut la maturité de garder son sang-froid : « Oui. On les discrimine parce qu’ils ne sont pas blancs. Nous avons beaucoup de chance d’appartenir au monde sorcier car il est bien plus tolérant. » Mais sa remarque ne fit qu’accentuer l’acerbité de Dimitri, qui ne se priva pas de répondre : « J’ai jamais dit le contraire. Ça ne m’étonne pas des Non-maj qu’ils se traitent entre eux de cette façon. » Son mépris était palpable et Michèle y coupa court : « Bon. Plutôt que de nous chamailler sur des détails, peut-être qu’on pourrait commencer l’apéritif ? Si Abel est là, c’est parce qu’il est le frère de Pablo. On ne vous a pas mis au courant parce qu’on savait que vous alliez réagir de cette façon. Notamment toi Dimitri. » Elle afficha un sourire pincé à son attention. « Donc on grandit tous ensemble, on ouvre nos chakras et on passe un bon repas sans se taper dessus, sinon je vous vire tous de chez moi. » Ses mots furent ponctués de quelques grommèlements qui auraient pu l’agacer mais qui ne firent que l’amuser. Elle leva finalement son verre en voyant son mari pénétrer dans la pièce, vêtu d’un tablier graisseux. « Souhaitons tous un joyeux anniversaire à Pablo ! » Et ils s’exécutèrent, les deux sœurs entraînant les autres à chanter la chanson traditionnelle tandis que chacun plaçait son cadeau sur la table. Et Dimitri, lui, fut le dernier à les rejoindre, ne pouvant détacher son regard noir de la silhouette d’Abel, incapable de ne voir en lui autre chose que la raison pour laquelle leur vie lui paraissait si difficile.

(1977) Dimitri ouvrit les yeux et eut peine à s’habituer à l’obscurité. Il sentit la transpiration sur les draps qui l’enveloppaient et serra les doigts pour retrouver un peu de mobilité dans son corps. Il lui fallut peu de temps pour entendre la respiration calme d’un corps qui gisait à ses côtés. Se redressant tant bien que mal, il se pencha vers le visage de son voisin et un air amusé courba ses traits fins en constatant qu’il s’agissait d’un Joaquim endormi, un sourire paisible posé sur ses lèvres. Ses cheveux bataillaient en boucles soyeuses sur l’oreiller et le regard de Dimitri suivit la ligne de ses muscles depuis son épaule, remontant jusqu’à son menton car il avait replié son bras de sorte que sa main se cache sous le coussin blanc. Ses cuisses touchaient ses coudes : il avait l’air d’un enfant plongé dans un rêve agréable dont on ne devinait ni le début, ni la fin. L’une de ses respirations gagna les narines de Dimitri qui y reconnut les relents de l’alcool : le jeune sorcier n’allait pas se réveiller de sitôt. Il sourit à son tour, se remémorant les péripéties qui les avaient menés tous deux sur ce matelas frêle, puis battit des paupières et vint passer ses doigts entre les cheveux qui tombaient sur le front de Joaquim, le dégageant délicatement en prenant soin de ne pas perturber le sommeil de son ami. Il s’assit finalement sur le lit, ses pieds gagnant le sol qui grinça légèrement, et il s’étira de tout son long avant de tourner la tête vers la porte qui s’ouvrit discrètement. Il reconnut la silhouette de Pablo et plissa les yeux face à la lumière du jour. Ce dernier lui fit un signe silencieux auquel il répondit puis désigna Joaquim en chuchotant : « Pas trop dur pour le coucher ? » Dimitri jeta un coup d’œil au dormeur et haussa les épaules avant de se lever et d’inviter Pablo à s’asseoir à une petite table dans le coin de la pièce. Il lui proposa une cigarette que son cadet refusa, alors il l’alluma lui-même et porta le filtre à ses lèvres. « Je sais pas bien. » Une lueur amusée s’empara des prunelles de son ami qui devinait que la veille devait à présent être bien brumeuse : Dimitri sentait l’alcool lui aussi. Mais le sorcier ne parlait pas de ses possibles trous de mémoire. Au contraire, il se remémorait même plutôt bien de tout ce qu’il avait vécu et de tout ce que Joaquim lui avait dit. D’étranges aveux, il était vrai. Il garda le silence quelques secondes avant de poursuivre : « Il a dit des choses qui sont difficiles à dire. » Pablo fronça les sourcils mais son expression restait sereine, comme à son habitude. « Tu vois ce que je veux dire ? » Comme réponse, il cilla, puis il regarda de nouveau Joaquim, l’air pensif. Dimitri pria au fond de lui qu’il n’ait pas à dire davantage, que Pablo fasse preuve une fois de plus de sa perspicacité légendaire et que les mots interdits ne soient pas prononcés. Car il en allait de l’existence du garçon qu’il avait aidé à se relever en le croisant au bord des larmes dans les couloirs d’Ilvermorny, des années auparavant. Ce garçon était grand aujourd’hui, mais Dimitri ne parvenait pas à le détacher de cette fragilité qui le définissait tant et qui le rendait si délicat, si sensible aux autres et au monde, si unique. Il y avait quelque chose en Joaquim qui conserverait à jamais son âme d’enfant quand le monde entier ne cessait de s’endurcir, dans le mauvais sens du terme. Non, le regard de Joaquim, lui, se passait de la moindre sévérité. Voilà pourquoi ses mots touchaient tant. Voilà pourquoi il savait si bien les choisir, les retournant entre sa langue et son palais et les prononçant avec cette éternelle hésitation juvénile qui cherchait toujours à exprimer le plus juste, plutôt que le plus efficace ou le plus facile. Parfois, il y parvenait, parfois non. Néanmoins, ce n’était jamais faute d’avoir essayé. « C’est normal qu’il les dise à toi, ces choses. » déclara finalement Pablo dans un souffle et Dimitri soupira silencieusement, plus détendu. « Je … » Il retint ses mots à son tour, pour ne dire que ceux qu’il pensait véritablement. « Je ne suis pas certain de le comprendre un jour mais … mais si toi tu le comprends, si toi tu l’acceptes, ça lui suffira. » Dimitri savait que c’était difficile pour lui. Il pouvait s’en douter : cela paraissait difficile pour cette société entière d’accepter les différences sans les prendre pour des tares. Et il connaissait la logique des bien-pensants, de ceux qui mettaient leurs fantasmes et leurs souhaits dans des cages au fond d’eux pour sourire en cachant les craquelures de leur âme : ils faisaient en sorte que les autres se sentent menaçants et monstrueux, que leurs désirs et leur existence ne puissent être pensés qu’à travers le prisme d’une folie montée de toute pièce, cette même folie qui les mènerait à la mort bien avant que leur temps ne soit venu. Dimitri se souvenait de chaque mot, de toute cette sincérité qui s’était accrochée aux lèvres de Joaquim, à son haleine ivre et ses gestes tremblants lorsqu’il lui avait parlé, lorsqu’il lui avait révélé son secret en pensant que son aîné ne l’avait pas déjà deviné. Il l’avait fait comme un enfant avouant une bêtise, les larmes coulant de ses yeux en amande, puis il avait ri car il était bien incapable de savoir comment reprendre après une telle vérité. Il y était arrivé et Dimitri n’eut qu’une seule réaction, que Pablo aurait trouvée juste s’il avait été présent : il le prit dans ses bras et ils se couchèrent ainsi, enlacés. Il ne le lâcha que lorsqu’il fut certain que Joaquim dormait profondément, sans cesser de lui murmurer des mots réconfortant pour que ses rêves ne soient pas pavés de sanglots. C’est normal d’aimer, tu sais. Tu n’es pas un monstre. Dimitri savait qu’il avait à présent une responsabilité dont il ne pouvait pas mesurer les conséquences, mais il se promit, et il promit à son ami en croisant de nouveau son regard, qu’il tenterait d’être à la hauteur de ces mots si forts, de ces mots si durs que Joaquim aurait oubliés à son réveil, retenant, par chance ou son contraire, uniquement la saveur d’un alcool bon marché et rendant ses moindres souvenirs dans la cuvette des toilettes pour n’en garder qu’un peu de bile nauséeuse.


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“Fayth, AKA don't want to do the dishes, just want to eat the food”
my eyes were fresh at twenty-one, bruised, but still afloat. our heads have hit the pavement many times before. you stroke his face to soothe him while knowing that there's more. ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


(1978) Son premier réflexe fut de disparaître. Pendant près d’une semaine, quelque part dans un Bronx reculé, celui dont les habitants de Manhattan n’ont même pas conscience de l’existence. Il n’y avait que des Non-maj autour d’elle et ils la regardaient d’un air étrange, peu convaincus par sa présence. Elle ne leur parlait pas, de toute façon, se contentant de leur lancer des coups d’œil dédaigneux s’ils cherchaient à s’approcher d’elle. Elle feulait même parfois, véritable animal errant du haut de ses dix-huit années de mystère et de mutisme. Fayth savait parler, oui. Elle savait communiquer et elle réussissait généralement à se faire comprendre. Mais elle ne gaspillait jamais sa salive, préférant largement user de ses prunelles acérées pour fixer ses interlocuteurs et leur exprimer tous les sentiments qui lui traversaient le corps et l’esprit. S’ils se fatiguaient d’elle, elle s’en moquait bien car elle était déjà partie, et avec elle tout son étrange panache qu’elle avait développé en grandissant, comme on tissait un drap difforme mais qui finalement nous allait bien, nous correspondait parfaitement. Son premier réflexe fut de disparaître mais, après quelques jours loin du crew, face à ce nouveau questionnement qu’était la présence de ce chat à ses côtés, elle se décida à reprendre le chemin du sud, sans s’ennuyer à prendre ni les transports en commun, ni la voie magique du transplanage : elle marcherait, car elle connaissait les rues par cœur et qu’elle trouvait ça plus agréable de profiter de sa solitude qu’elle savait limitée. Arrivée devant chez Michèle, la jeune sorcière sortit de sa poche le carillon magique dont la mélodie ouvrait depuis des années la porte d’entrée, et une fois les quelques notes jouées, elle pénétra dans le corridor écarlate et s’avança jusqu’au séjour. Elle y trouva quelques-uns de ses amis : Pablo, qu’elle repéra le premier, allongé de tout son long sur le canapé et jouant avec un petit chat noir qui cherchait à attraper ses doigts à mesure qu’il les posait près de ses pattes, Joaquim, dont le cou était orné d’un panda roux dont la tête dodelina à l’attention de Fayth lorsqu’il la vit dans l’encadrement de la tête, et Yassine, qui lui n’avait aucun animal avec lequel passer son dimanche après-midi. Elle s’installa en face de Pablo et le fixa alors qu’il lui souriait affectueusement : « Alors, tu lui as trouvé un nom ? » Fayth haussa les épaules, sans répondre. « Il peut changer de forme ? » demanda Joaquim en les rejoignant. Sur la table, Fayth remarqua les journaux, tous affichant les mêmes grands titres : exclusivité sur l’apparition des patronus, un crash diplomatique entre le Ministère Britannique et le MACUSA, tout ce que vous devez savoir sur vos nouveaux compagnons, … La jeune fille soupira. « La mienne se change en jument parfois, mais c’est pas très pratique … du coup elle a une forme d’intérieur, disons. » ajouta-t-il, amusé, et Fayth jeta un coup d’œil au panda qui se leva sur son épaule et posa ses petites pattes sur ses joues tigrées. Elle leva discrètement les yeux au ciel et Pablo laissa échapper un rire : « Sois pas jalouse de lui, on est la team chat toi et moi. » plaisanta-t-il de sa voix douce. Fayth grogna : « Non mais à la limite, que toi t’aies un chat, je pige. Mais moi ? » Son patronus afficha une mine étonnée, presque vexée. Agacée, elle reporta son attention sur les trois autres qui se regardaient, perplexes. « Quoi ? » Sa voix étrange leur lança ce mot irrité. Elle était parfaitement sérieuse, incapable de s’identifier à un félin si frêle : n’était-elle pas une panthère svelte, un cougar ou un puma silencieux ? Une lionne régnant sur la ville à travers les ombres, un jaguar agile ? Elle ne parvenait pas à y croire. Pas une seule seconde. « J’ai rien à voir avec un chat. » Elle détourna ses prunelles de ses trois interlocuteurs, qui se retinrent chacun d’éclater de rire. « Je … je vois ce que tu veux dire, Fayth. » s’enquit Yassine, les joues crispées par un sourire qu’il contenait à peine. « J’ai l’impression que les patronus-chats ne font pas l’unanimité par ici. » poursuivit-il et Pablo caressa le sien qui ronronna doucement en s’allongeant sur son ventre, bercé par les mouvements réguliers de la respiration du sorcier. Fayth plissa les paupières et l’observa interagir mentalement avec l’animal : il avait adopté cet air bien à lui, celui d’une fascination étrange qu’il possédait pour toutes ces choses qu’il n’arrivait pas à comprendre mais qu’il acceptait tout de même avec amusement et réflexion, incapable de ne ressentir pour le reste du monde autre chose qu’une profonde fraternité. Le chat, son pelage noir de jais reflétant la lumière tamisée de la pièce, passa un petit coup de langue sur le poignet de son sorcier, léchant ces fissures charnelles qui trahissaient son masque de bienveillance et de stabilité, desquelles ne cessaient de s’échapper les stigmates dont Pablo avait été sujet et dont il cherchait chaque jour à s’affranchir, n’offrant aux autres que le meilleur de lui-même, quel qu’en soit le prix.

(1979) Elle ne prit pas la peine d’annoncer sa présence en transplanant au milieu de l’appartement et fusilla du regard un Abel blême, se remettant à peine de sa surprise face à l’apparition subite de la jeune fille en face de lui. « S-Si tu cherches Pablo, il est au travail. » lui dit-il, tentant de récupérer un peu de contenance face à elle. Fayth avait cette étrange faculté d’intimider son entourage, assez pour qu’on ne sache pas forcément comment interagir avec elle si on ne la connaissait pas bien, mais également trop peu pour qu’elle s’en rende vraiment compte. « Non, c’est toi que je venais voir. » indiqua-t-elle, furieusement froide. Elle laissa tomber son sac sur la table et en sortit un morceau de papier plié en quatre qu’elle ouvrit pour le montrer à Abel. Sur le visage de ce dernier, elle put lire une série de sentiments contradictoires qu’elle ne sut différencier tant qu’ils s’enchaînaient vite, le laissant sans voix, et cela l’irrita davantage. « Plus jamais tu fais ça. » siffla-t-elle, sans appel. Elle lui jeta le papier sur le torse : il s’agissait d’un morceau de journal où étaient imprimées des photographies en noir et blanc, dont une représentait la sorcière, assise au bord d’un toit du Bronx, le regard sauvage et perçant semblant sonder la ville entière. Le cliché, une contre-plongée, avait été pris à l’improviste et elle détestait l’idée d’avoir son corps piégé dans des journaux non-maj. Elle se sentait capturée. « Je … je suis désolé, je ne savais pas qu’ils choisiraient cette photo-là … » Abel se leva, une expression profondément navrée peinte sur son visage. « Je vais leur demander de changer si tu veux. » Elle feula pour lui interdire d’approcher alors qu’il tendait la main vers elle dans un geste amical. Abel savait qu’il n’était pas son frère et il regrettait que Pablo ne soit pas présent pour contenir la furie qu’il avait devant lui. Il avait posé des questions à propos de Fayth à son aîné car cela aurait été de la mauvaise foi que de dire qu’il n’éprouvait pas une étrange fascination d’artiste à son égard, mais Pablo lui avait déconseillé la moindre approche de ce type : Fayth n’aimaient pas les Non-maj et encore moins l’idée d’être l’objet d’une quelconque fascination. Elle aurait l’impression d’en dépendre et ce n’était pas dans sa nature que de se laisser apprivoiser. « Je suis désolé, vraiment. Je ne pensais pas faire quelque chose de mal. C’est mon métier que de photographier ce que je trouve … important. » Elle haussa les sourcils, incrédule : « Je m’en fous que ce soit ta vocation ou ta stupidité qui t’a convaincu que c’était une bonne idée. La prochaine fois que tu pointes ton stupide appareil sur moi, ça sera la fin de ta carrière minable. » Elle ignorait si elle pensait ce qu’elle disait, mais la colère dépassait son sens de la raison et elle maintint son regard noir jusqu’à ce qu’Abel détourne le sien. « Je ne le ferai plus. » dit-il d’une voix sombre avant d’attraper le morceau de papier pour aller le jeter dans la poubelle et claquer la porte derrière lui. Fayth se retrouva seule et, l’espace d’un instant, elle fut prise d’un sentiment d’insécurité que sa fierté tenta de submerger immédiatement. Abel avait coupé court à la conversation. Quelque part, elle aurait voulu qu’il reste, qu’il explique, qu’il se justifie, mais elle était incapable d’admettre une telle chose. Incapable d’admettre que ses mots l’avaient surprise, incapable de croire qu’elle pouvait être importante, quel que soit le sens de sa phrase. Ce cliché n’avait pas la profondeur que le jeune homme voulait lui donner et Fayth resta immobile plusieurs minutes, ses sourcils sceptiques froncés vers la porte qu’Abel avait refermée derrière lui. Il était un intrus dans sa vie, lui ayant volé un instant de son existence sans cet accord qu’elle donnait si difficilement, d’habitude. Son patronus à la fourrure hérissée lui souffla de s’en aller et ce fut après une énième hésitation qu’elle décida de le faire, laissant le séjour désert mais les murs suintant d’un étrange sentiment d’inachevé.

(1980) Elle fronça les sourcils, plongeant sa cuillère dans le pot de glace et la portant à ses lèvres en salivant. « Moi aussi j’en veux ! » Les mains d’Ydriss se posèrent sur son épaule et Fayth tourna brusquement la tête pour le repousser, mais il resta là à la regarder, la bouche grande ouverte. Elle leva les yeux au ciel et savoura son dessert sans lui en proposer. Ce n’était pas que Fayth n’aimait pas les enfants, mais être née dans une famille nombreuse où chacun se battait pour avoir un peu de place lui avait forgé le caractère qu’on lui connaissait si bien aujourd’hui. Le garçon fit mine de bouder et la sorcière ne put s’empêcher de penser qu’il ressemblait beaucoup à son père, incapable de rester agacé bien longtemps, ses traits se détendant souvent quelques secondes après s’être crispés. L’enfant n’y manqua pas. Il tendit ses petits doigts vers le patronus de Fayth qui feula pour ne pas se laisser toucher. « J’ai tellement hâte d’avoir mon patronus ! » s’exclama-t-il avec enthousiasme et elle haussa les épaules, sceptique. « C’est plus encombrant qu’autre chose. » Ydriss ne tarderait pas à manifester ses premiers signes de magie car ses parents étaient sûrs qu’il serait un sorcier. Le gène magique était coriace : même si Yassine était un Non-maj, il était fort probable que son fils hérite des pouvoirs de sa mère. « Et j’espère que je serai un Wampus ! Trop fort la panthère. Ou un Thunderbird comme Oncle Pablo et toi. » Il baignait dans un univers sorcier depuis sa naissance et il en était à l’âge où tout ce qu’un enfant désirait était de rentrer à Ilvermorny sans aucune appréhension. « Pas un Pukwudgie comme ta mère ? La rumeur dit que les filles les plus jolies choisissent d’aller là-bas. » Ydriss afficha une moue de dégoût : « BEURK ! J’AIME PAS LES FILLES ! » Sa réaction face à la réponse suggestive de Fayth la fit à peine sourire, mais au fond cela l’amusait de voir l’enfant tout ignorer du monde. « Bon, c’est pas l’heure pour toi de me laisser tranquille ? » Les prunelles du garçon roulèrent d’exaspération sous ses paupières et il regarda l’heure dans un coup d’œil. « Ch’uis grand, je peux veiller jusqu’à l’heure que je veux. » Fayth tourna à son tour la tête vers l’horloge accrochée au mur et plissa des yeux, perplexe. « Tes parents ne devraient pas tarder et il faut que tu sois couché quand ils arrivent, microbe. » Cela l’ennuyait d’avance de devoir faire le rituel et de bien s’assurer que Ydriss s’était brossé les dents ou qu’il s’était lavé le visage. Mais il était vrai que Yassine et Michèle rentreraient bientôt. Cela l’étonnait d’ailleurs qu’ils ne soient pas déjà là, puisque les films qu’ils allaient voir n’étaient jamais bien longs – ils trouvaient ça ennuyeux de rester trop longtemps devant un écran, d’après eux. Leur fils renchérit : « Je vais me coucher que si tu me donnes la moitié de ta glace. » Un grand sourire victorieux ornait son visage juvénile et Fayth le fixa en silence avant de rétorquer : « Tu peux te brosser. Quand t’auras un travail tu t’achèteras toutes les glaces que tu veux. » Elle conclut sa déclaration par une nouvelle bouchée. C’était son petit plaisir à elle et ce n’était pas avec un morveux qu’elle le partagerait. Ce dernier protesta et laissa échapper des petits couinements réprobateurs, la suppliant de lui faire au moins goûter le met délicieux qu’elle avait entre les mains mais elle resta sur sa position. En plus, cela la dégoûtait de laisser un gamin lécher sa cuillère. Tout le monde savait qu’ils transportaient avec eux tout un tas de maladies. Leur discussion fut interrompue par l’arrivée brusque de Pablo au milieu de la pièce, n’ayant pas pris la peine de toquer à la porte d’entrée, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Ydriss prononça son nom dans un cri de joie et tenta le tout pour le tout : « Pab’ ! Fayth veut pas me donner de la glace, elle est trop méchante ! Les filles c’est les pires ! » Il tira la langue à la jeune femme. « La prochaine fois je veux que ce soit toi qui me garde parce que Fayth elle est nulle. » Mais le regard de la sorcière n’était plus concentré sur le garçon : elle fixait Pablo, son dos recourbé, ses manches retroussées, sa peau en sueur. Ses yeux fatigués étaient rouges de larmes et sa respiration saccadée la terrifia. Elle l’inspecta de haut en bas : ses semelles étaient pleines de sang. Elle se redressa immédiatement et posa sa glace sur la table, cependant Ydriss ne s’en saisit pas car lui aussi venait de remarquer que quelque chose n’allait pas. « Qu’est-ce qui se passe ? » Sa voix était tremblante : tout l’équilibre que son ami lui inspirait d’habitude semblait rompu, brisé et abandonné au fond d’un puits noir dont elle ne voyait pas le fond. Jamais elle n’avait lu une expression si terrible sur le visage de Pablo et celui-ci parvint à peine à ouvrir la bouche pour lui répondre : déjà les larmes recommençaient à couler : « J-Je … Je peux pas le dire … » bredouilla-t-il, impuissant. « S-si … si je … si je le dis, ça … ça … » Elle crut un instant qu’il ne finirait pas sa phrase mais les mots énigmatiques de Pablo trouvèrent une chute qui lui glaça le sang : « … ça sera réel, et je peux pas y croire … » Il fondit sur eux, s’accroupissant pour les prendre dans ses bras et les serrer du plus fort qu’il le pouvait. Fayth se sentit prise au piège mais, au-delà de cette sensation désagréable, son cœur comprit la gravité de la situation et elle ne put retenir sa paume lorsqu’elle vint s’accrocher au dos de son ami pour y trouver du réconfort. Ydriss, lui, restait immobile, les yeux écarquillés par la peur et une tristesse dont il ne déterminait pas l’origine. « C’est pas … » murmura Fayth dans un souffle lucide. « … possible. Dis-moi que c’est pas vrai … » Et son regard croisa le cadran de l’horloge dont les aiguilles tournaient toujours, tordant tout son intérieur pour essorer la moindre de ses émotions qui coulait dans ses veines, les sentant toutes suinter de sa peau jusqu’à ce qu’elle se vide et qu’il ne reste d’elle qu’une carcasse sèche contre laquelle les échos des derniers mots qu’elle avait prononcés à Ydriss ricocheraient éternellement, piégés dans cet espace-temps où le retour de ses parents était encore évident, où ils n’avaient qu’à les attendre seulement quelques minutes pour les voir rentrer chez eux comme tous les jours qui avaient précédé la naissance du garçon, où il suffisait qu’il aille se coucher pour les entendre revenir et lui chuchoter dans l’entrebâillement de sa porte qu’il ne devait pas oublier leur amour infini en pensant qu’il dormait alors que les enfants ne trouvaient jamais véritablement le sommeil – seulement des rêves vers lesquels s’échapper d’une réalité trop terne.


Dernière édition par Pablo Young le Mar 1 Mai - 22:31, édité 1 fois
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Mer 25 Avr - 14:27 (#)
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“Solange, AKA let me remind you those dreams you have before they all came true”
lord forgive me, i've been running, running blind in truth. i'm a wade, i'm a wave through your shallow love. tell the deep i'm new. i'm telling these tears: 'go and fall away, fall away'. may the last one burn into flames. ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


(1980) Elle avait imaginé le contraire. L’opposé de ce qu’elle était en train de vivre. Elle avait imaginé qu’elle serait la première à mourir, celle que sa sœur enterrerait, et non l’inverse. Elle avait imaginé passer de vieux jours avec Michèle, voir son fils grandir et ses parents en être fiers. Elle avait imaginé sa vie, toute sa vie, de toutes les façons possibles, et aucune n’excluait sa jumelle, aucune ne contenait la vision de son cercueil descendant sous terre, aucune ne contenait un Ydriss orphelin dont la main s’était timidement accrochée aux doigts de sa tante qui ne séchait plus ses joues depuis déjà plusieurs jours. Aucune ne contenait le crew vêtu de noir et pleurant la disparition de leurs amis. Morts avant l’arrivée de l’ambulance. Elle rêvait la nuit des trous percés dans la poitrine de sa sœur et dans l’épaule de Yassine. Un à l’estomac aussi, par lequel son sang s’était vidé pour rejoindre le caniveau, et le jeune homme avait succombé à ses blessures en regardant sa femme, impuissant. Michèle était morte sur le coup, les balles avaient perforé son poumon droit et son cœur pour ne pas lui laisser le temps de réagir. Ils avaient décidé de la tuer en première car elle était celle qu’ils avaient crainte le plus. Les pouvoirs démoniaques. Comment pouvait-on croire que Michèle avait pu être envoyée des enfers pour répandre le mal à la surface ? Les traits paisibles que Solange avaient dû identifier à la morgue n’avaient gardé que leur aspect angélique et délicat. Et sa sœur n’avait pu retenir ses larmes, ses bras enroulant le cou de Pablo qui, lui, n’avait pas été capable de la moindre réaction face au corps inerte de la jeune femme. Solange releva les yeux, apercevant un trio d’hommes s’approcher du cercueil pour y jeter à leur tour une poignée de terre. Le plus petit d’entre eux croisa son regard et lui fit un léger signe de tête courtois avant de se retourner et de partir, suivi par ses deux acolytes. Elle pouvait mettre un nom sur lui, sans même l’avoir déjà vu : j’ai passé un entretien, Solange ! Leviathan Faust m'a fait une lettre de recommandation, mais j'ai tellement la trouille ! Le simple fait d’entendre mentalement la voix de Michèle lui serra la gorge et elle posa sa tête sur l’épaule de Dimitri qui passa son bras autour d’elle pour la consoler silencieusement. Elle aurait eu le poste, Solange en était certaine. Elle avait été une femme si brillante, si nécessaire à tous les membres du crew, si inspirante pour chacun d’eux, quels qu’ils soient, quoi qu’ils pensent. Elle avait bravé les préjugés en épousant l’homme qu’elle aimait et lui aussi s’était fait une place au milieu de cette communauté sorcière si hostile aux étrangers. Ils perdaient aujourd’hui deux anges, et jamais le prénom de sa défunte sœur n’avait résonné aussi fort dans son esprit embrumé de tristesse. « Des hypocrites. Vous pleurez, mais c’est de votre faute. » Une voix, dans l’assemblée, qui trancha l’air à l’attention des sorciers. Car il s’agissait d’un meurtre au nom de ce Dieu qui ne semblait pas vouloir accepter les mages dans ses rangs. Ils n’avaient aucune pitié, aucune patience pour les hérétiques et avaient enfin décidé de prendre les armes pour venger leur créateur. Voilà ce qu’ils prétendaient. Voilà ce qu’ils voulaient donner comme image. Et voilà qu’ils s’étonnaient à présent que leur fils soit mort lui aussi. Car Yassine et Michèle auraient souhaité être enterrés côte à côte, Solange en était certaine, et elle avait fait pression sur la famille de l’époux pour que les funérailles soient communes, malgré leur réticence. Mike, le pasteur qui avait recueilli Pablo et Abel, les avait finalement convaincus, mais la sorcière s’était attendue à une telle animosité. Une partie d’elle se maudit d’infliger ça à la mémoire de sa sœur, et l’autre, fière, se teint droite et pointa ses prunelles vers la foule de Non-maj pour les défier d’en dire plus. « Cette furie avait perverti notre Yassine ! Voilà le résultat ! » Solange sentit la main de Pablo attraper la sienne, l’incitant à faire demi-tour et s’éloigner en les ignorant. Mais Dimitri, sans surprise, ne se priva pas de rétorquer : « Allez vous faire foutre. » Son ton était plein de colère, de rancœur et de mépris. Tout cela semblait recouvrir les souvenirs qu’il avait eus avec Michèle et Yassine, pour ne laisser que l’écume de la haine sur le rivage de son cœur. « La seule raison pour laquelle ils sont morts c’est parce que vous leur avez tiré des balles dans la poitrine. » Il fit un pas en direction des Non-maj, dont certains reculèrent, les yeux teintés par la crainte de subir les conséquences des prétendus pouvoirs diaboliques de Dimitri. « Elle était dangereuse, la fille de Satan. » L’obscurantisme allait bien trop loin pour qu’il tolère à son tour leur divergence de pensées. Ses mains tremblèrent et Abel vit qu’il se préparait à sortir sa baguette de sa poche. Il s’interposa alors, Dimitri courbant sa nuque pour le fusiller du regard : « Arrête ça, ça n’en vaut pas la peine. » tenta-t-il de lui faire comprendre mais le jeune homme le repoussa violemment pour s’avancer à nouveau : « Vous voulez nous faire culpabiliser ? Estimez-vous heureux d’être encore là pour le faire, parce que si on avait vraiment voulu toucher au moindre de vos cheveux dégueulasses, Yassine vous aurait tous enterrés un à un et il serait encore en vie. » Sa déclaration glaça le sang des Non-maj comme des sorciers et, l’espace d’un instant, un silence de mort régna dans le cimetière avant d’être brisé par les pas de Joaquim qui s’approcha de Dimitri pour lui faire reprendre ses esprits avec douceur. « Rentrons, Dimitri. On a tous besoin de se reposer. » Abel l’accompagna pour qu’il cesse de les agresser par son regard furibond mais il fut repoussé par le caractère sanguin du sorcier qui refusait encore de l’accepter comme l’un des leurs. Il montra ses paumes ouvertes et pacifistes pour indiquer que ses intentions n’étaient pas d’aller contre lui. Mais le mal était fait et, si les mots de Dimitri avait réduit les Non-maj au silence, ils n’en pensaient pas moins, retenant leurs poings face à la peur. « Me touche pas. » grinça-t-il à l’attention du cracmol qui hocha la tête sans pour autant s’arrêter de marcher à ses côtés. La cérémonie touchait à sa fin, de toute évidence, mais ce n’était que le début d’une période que Solange avait redoutée depuis bien longtemps, sans jusqu’alors se convaincre qu’elle existerait un jour.

(1980) Elle referma la porte de la chambre qu’elle avait aménagée pour Ydriss, consciente qu’il faudrait du temps au garçon pour retourner dans l’appartement de ses parents. Il ne dormait plus beaucoup, et cela faisait déjà trois fois qu’elle s’y reprenait pour l’aider à trouver le sommeil. Il finirait par tomber sous l’épuisement, essayait-elle de se persuader et elle s’apprêta à gagner la cuisine pour y trouver une bouteille de vin mais une ombre se trouvait devant la porte d’entrée. Elle n’eut pas peur, connaissant cette silhouette comme si elle l’avait elle-même dessinée dans les ténèbres. « Rentre chez toi, Pablo. » Elle alluma une petite lumière de chevet qui trônait dans un coin de la pièce et le visage de l’intéressé luisit sous l’éclat terne de l’ampoule, diffusé par l’abat-jour poussiéreux. Elle l’observa, laissant son dos reposer contre le mur, et comme à son habitude, elle le trouva beau. C’était quelque chose que Solange savait bien faire : fixer en un silence qui signifiait tout, et Pablo avait cette capacité qui l’avait toujours faite revenir, celle de comprendre ce qu’elle cherchait à exprimer. « J’ai pas envie qu’on se sente seuls. » Leur histoire avait duré de longs mois, quelques années peut-être. Solange, dans l’ombre de sa sœur qui avait tant rayonné par sa présence, n’avait pourtant pas échappé à l’adolescent énigmatique alors qu’il terminait son cycle à Ilvermorny, et lorsqu’ils se sentirent assez matures pour construire quelque chose, ils le firent sans la moindre hésitation car ils possédaient quelque chose à deux qu’ils ne retrouvaient chez personne. Chaque relation était différente, et Solange aurait aimé que celle-ci s’étale encore sur une poignée de saisons en plus, quitte à ne pas savoir où cela les mènerait. Mais la mort prématurée de Michèle et Yassine eut raison de leur couple car la sorcière se sentait incapable de garder une quelconque stabilité alors qu’elle se retrouvait à la charge d’un enfant qui n’était pas le sien. Elle avait l’impression d’avoir volé le visage de sa mère. Elle sentait l’imposture couler dans ses veines à chaque fois qu’elle embrassait Ydriss sur le front ou qu’elle l’entourait de ses bras réconfortants. Et lui faisait les efforts qu’il pouvait, mais il restait un enfant triste et abandonné, lui rappelant sans cesse par ses gestes et ses mots, volontairement ou non, qu’elle n’était pas Michèle, seulement une pâle copie. Solange détourna ses prunelles de Pablo mais celui-ci ne la laissa pas partir, s’avançant et posant sa paume contre le mur, le bras tendu pour l’empêcher de s’éloigner. Elle soupira, lui jetant un coup d’œil défiant. Il avait affiché son doux sourire, l’accompagnant un léger amusement qu’elle trouvait à la fois charmant et agaçant, sans savoir quel sentiment était le plus prononcé. « Sois pas comme ça. » Il parlait en suggestion, secouant légèrement la tête pour la dissuader de le rejeter à nouveau. Il s’accrochait comme il pouvait, même s’il savait que ce qu’ils avaient vécu ensemble faisait à présent partie d’un passé que Solange cherchait à laisser derrière elle, simplement pour aller de l’avant. Et Pablo s’en voulait d’être ainsi avec elle, aussi sensible et présent comme s’il cherchait à la garder près de lui. Il s’en voulait mais il ne pouvait pas faire autrement que de s’assurer qu’elle allait bien. Il s’en voulait, avec le reflet pétillant de ses yeux intelligents qu’elle désirait cacher du plat de sa main alors qu’il les plongeait dans les siens avec intensité. « Laisse-moi t’aider. Avec Ydriss. » Sa sincérité la touchait comme elle avait toujours su le faire et elle ne retint pas un second soupir. Il en profita pour la prendre dans ses bras, la berçant doucement en caressant ses longs cheveux qu’elle n’avait pas pris la peine de coiffer. « Je sais qu’on aura plus ce qu’on avait ensemble. Que ça te ferait trop de mal. » Il soufflait ces mots rassurants dans son oreille, lui intimant subtilement de lâcher prise une bonne fois pour toute. Elle ne le faisait pas d’habitude, par fierté. Mais cette fois, elle passa son bras autour des épaules de Pablo et les larmes coulèrent jusqu’au tissu de son pull, sans qu’elle ne cherche à les retenir. Elle voulut lui dire d’arrêter de si bien la connaître, mais ses mots se perdirent dans le sanglot qui suivit, celui qui s’accompagna d’une nouvelle caresse que son corps ankylosé par la douleur acceptait sans le moindre signe de défense. « Mais on pourrait construire quelque chose d’autre. Je veux simplement que tu sois heureuse à nouveau. Je peux pas te laisser seule. » Il prononça d’autres mots qu’elle comprit, que son cœur comprit, mais qu’elle n’aurait pu restituer avec exactitude si on lui avait demandé. Pablo avait la faculté non pas de mettre des mots sur des sentiments mais l’inverse, de peindre des émotions sur des paroles qui paraissaient pourtant si simples. Finalement, leurs iris se croisèrent de nouveau et ils posèrent chacun leurs mains sur les joues de l’autre, de peur que l’un des deux ne s’enfuie de cet instant rare qui leur appartenait. « Tu ne vas jamais me laisser ne plus t’aimer ? » murmura-t-elle, résignée, un sourire éclairant son visage fatigué. Pablo fit non de la tête, presque navré car il ne le faisait pas exprès et qu’au fond, il espérait encore que ce soit possible. Et il joignit ses lèvres à celles de Solange en un ultime baiser qu’ils savourèrent chacun de leur côté, puis ensembles, sublimant leur désespoir en amour et en désir comme ces forêts en cendres qui repoussaient toujours plus vertes pour prouver au reste de la Nature que quelque part, il fallait continuer d’y croire.

(1981) « Salut. » La voix de Crash tira Solange de ses pensées et elle baissa le livre qu’elle tenait dans les mains pour lui faire un signe de tête amical. Elle n’arrivait pas à se concentrer sur la lecture et cela faisait déjà trois fois que ses yeux repassaient sur la même page pour en comprendre le sens. Son esprit était ailleurs depuis plusieurs jours déjà car les agressions et l’insécurité s’étaient intensifiées les derniers mois, rendant la vie des sorciers plus difficiles que jamais. Le MACUSA refusait d’intervenir, ce n’était pas aisé d’obtenir l’aide de qui que ce soit dans l’administration car, il fallait le reconnaître, le Bronx était le cadet de leurs soucis. Mais les Etats-Unis étaient intransigeants sur le pacte du secret magique : il était impensable de laisser des sorciers s’en prendre à des Non-maj, même en cas de légitime défense. Cela leur coûtait bien trop cher en Aurors et en Oubliators de venir réparer les dégâts d’une altercation entre les deux mondes. Alors le crew souffrait en silence mais ils savaient qu’ils ne pourraient pas rester bien longtemps sans rien faire. Solange comptait les jours qui la séparait de prendre la décision de s’en aller, mais encore une fois, si certains avaient économisé assez pour se payer un billet d’avion ou un portoloin qui les mèneraient à l’autre bout du monde, aucun d’entre eux ne se résolvait à laisser les autres derrière : ils auraient tous vécu cela comme une trahison. « C’est combien pour partir à Londres, comme on avait dit ? » Solange plissa les yeux pour signifier qu’elle calculait. « Cher. » conclut-elle, un mince sourire posé sur les lèvres. « Et je sais même pas si on va à Londres ou pas. » Les portoloins étaient à exclure, bien moins accessibles que les billets d’avion puisque la monnaie sorcière et les dollars américains ne se comparaient même pas en matière de valeur – tout sorcier un peu malin savait qu’ils remportaient la mise. Mais les portoloins étaient réservés à une élite privilégiée aux Etats-Unis : elle-même n’en avait jamais pris alors qu’elle était l’aînée de la bande. « Apparemment Dimitri connaîtrait un type là-bas qui peut nous trouver des logements pour une bouchée de pain. Sergeï, un truc comme ça. C’est louche mais on a pas trop le choix. » Solange fronça les sourcils : son cadet semblait vouloir lui dire quelque chose et elle resta silencieux pour l’inciter à s’expliquer. Ce ne fut qu’à ce moment qu’elle remarqua qu’il avait posé une petite mallette sur la table et il se mordit la lèvre d’un air peu assuré : « Est-ce que ça te va de ne pas poser de question ? » Elle redoubla de perplexité mais hocha tout de même la tête et il finit par ouvrir la mallette dans laquelle elle put voir une série de liasses de billets. Son cœur se noua étrangement : elle avait l’impression d’être dans un film de gangsters et, bien évidemment, elle ouvrit la bouche pour demander : « Où … où est-ce que tu as … » Mais Crash leva sa paume pour l’arrêter dans son élan. « Pas de question j’ai dit. » Elle resta muette et incrédule alors qu’il lui fournissait une explication qu’elle devina bancale comme ces semi-vérités trop vides dont on pouvait compter les trous : « J’ai économisé depuis quelques années. Assez pour neuf billets d’avion et quelques mois à Londres je pense, histoire qu’on s’installe. Je comptais utiliser cet argent pour faire le tour du monde mais j’imagine que ça pourra attendre. » Elle nota dans son ton une résignation qui la toucha et elle comprit qu’il abandonnait un grand rêve pour sauver ses amis. Jamais il n’allait lui dire en ces termes et jamais elle n’allait révéler son secret. « Dis que l’argent vient de toi, des économies de Michèle et Yassine. Cela paraîtra beaucoup moins bizarre et je n’ai pas envie d’attirer l’attention des autres sur moi. » Elle resta immobile quelques secondes, les lèvres entrouvertes car elle ne savait que répondre, et soupira finalement en secouant la tête : « Crash … » Il l’observait avec un air nonchalant qu’elle lui connaissait bien, incapable de montrer ce qu’il ressentait vraiment même si elle pouvait palper la tristesse qui émanait de lui. Il renonçait à son rêve pour les autres. « Prends pas ta voix désolée, tu me ferais changer d’avis. » marmonna-t-il avant de tourner sur lui-même dans un mouvement inconfortable. Solange ne voulait pas paraître embarrassée et, alors que son ami se dirigeait d’un pas gauche vers la sortie sans ajouter un mot de plus, elle dit : « Merci. » Il glissa un regard à son attention et elle jura, sans pourtant pouvoir le prouver, avoir aperçu une larme perler au coin de sa paupière et disparaître dans le creux de ses joues émaciées.


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“Zohra, AKA would you run and find another life to imitate?”
i want to apologize to all the women i have called beautiful before i've called them intelligent or brave. i am sorry i made it sound as though something as simple as what you're born with is all you have to be proud of when you have broken moutains with your wit. from now on i will say things like you are resilient, or you are extraordinary, not because i don't think you're beautiful but because i need you to know you are more than that. ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


/!\ Les dialogues en italique sont en arabe. /!\

(1982) Dans un mouvement sec et assuré, Zohra noua la corde autour de son sac et elle fit danser le bout de sa baguette pour jeter un sort de scellage afin qu’elle seule ne connaisse le moyen de l’ouvrir de nouveau. Elle jeta un coup d’œil à sa montre avant de regarder la lune qui brillait dans le ciel puis elle écouta les craquements du parquet sous les pieds de ses voisins. Elle mettait son plan à exécution et posa son oreille contre le mur : sa mère devait dormir et l’absence de bruit la rassura. Elle enfila son manteau, consciente que les nuits pouvaient être fraîches et elle sortit de sa petite chambre pour traverser l’appartement. La porte d’entrée était proche, seule la table de la cuisine la séparait encore de sa liberté et elle contourna le meuble pour venir déverrouiller la poignée et l’actionner. « Je le savais. » Zohra s’immobilisa, hésitant à se retourner en reconnaissant la voix de sa mère, son ton dur et réprobateur. Elle fit par le faire lentement, sans lâcher la poignée. « Tu peux t’imaginer ce que tu veux, ma fille. Le monde n’est pas mieux en dehors de cette maison juste parce tu veux y croire. » Mais Zohra n’était pas d’accord avec ce qu’elle disait. Elle ne pouvait accepter que ce qu’elle ne connaissait pas était à l’image de la vie qu’elle avait menée jusqu’à présent. A l’image de son illégitimité, née du ventre d’une prostituée qu’un Shafiq avait laissée tomber en apprenant sa grossesse, malgré son attachement et son désir. A l’image de cette ville étouffante aux couleurs ocre et terre de sienne, se changeant en un bleu nocturne et profond après le crépuscule. A l’image de ce que sa mère lui avait toujours inspiré : la fureur d’une existence qui semblait toujours vouloir s’enfuir. Zohra haussa les épaules avec nonchalance, consciente que cela exaspérerait d’autant plus son aînée. « Je veux m’en rendre compte par moi-même. Tu n’es jamais sortie de la Palmeraie. » Il s’agissait de l’un des quartiers sorciers de Marrakech, réputé pour être habité par des individus peu fréquentables. Le seul répit que Zohra avait connu avait été celui d’aller à l’école de magie égyptienne, sa mère s’étant acharnée pendant sa scolarité à vouloir faire pression sur les Shafiq. Mais, encore une fois, cela n’avait fait que la marginaliser encore plus et l’établissement avait été une autre prison, plus luxueuse certes, néanmoins les regards de mépris de sa famille paternelle l’avaient suivie jusqu’à l’obtention de son diplôme. Et aujourd’hui, elle souhaitait partir pour laisser tout cela derrière elle. Elle refusait de devenir comme sa mère. « Tu es une idiote. » Sous sa colère, Zohra devina un malaise dissimulé car elle était triste de voir sa fille partir. Elle aurait pu l'obliger à rester, cependant elle savait que si ce n’était pas cette nuit, Zohra en choisirait une autre et elle ne put retenir ses pas qui la menèrent jusqu’à la jeune femme pour passer ses bras autour d’elle. « Une idiote mais que j’aime. » ne put-elle s’empêcher d’ajouter, étouffant le visage de la sorcière dans sa poitrine et lui caressant lentement les cheveux. « Tu as intérêt à m’écrire le plus possible. Je vais me faire un sang d’encre sinon. » Elle comprenait sa fille car elle aussi avait voulu partir, mais ce que le monde lui avait offert ensuite relevait de l’échec plutôt que de l’épanouissement. Elle souhaitait le meilleur pour Zohra : elle restait une gamine têtue mais peut-être qu’elle saurait mieux s’emparer des rênes de son destin. Au fond d’elle, sa mère espérait que jamais plus Zohra ne remettrait les pieds à la Palmeraie. Cette dernière corrompait les âmes les plus résistantes et ses habitants semblaient tatoués sur le visage à l’encre de leurs péchés, pour que tous sachent à quoi s’attendre. Elle retint sa fille encore un instant mais Zohra se dégagea pour lui faire comprendre qu’il était temps pour elle de s’en aller. Elle ouvrit la porte, lui adressa un dernier regard, un dernier sourire, puis se mit en route, son sac sur le dos. Un halo rouge, fruit de toutes les lumières allumées dans la ville, ondulait au-dessus de la Palmeraie, autour d’elle, éclairant parfois l’ombre qu’elle était devenue. Elle décida de passer par les toits car c’était moins dangereux et elle irait plus vite. Son patronus, une mouette des brumes, s’y sentait plus à l’aise. Zohra accrocha la boussole qu’elle avait mis dans sa poche à une ficelle qu’elle passa autour de son cou : son but était pour le moment d’atteindre la côte et de remonter jusqu’au détroit de Gibraltar. Elle ignorait bien où la frontière la mènerait, mais c’était l’Europe qu’elle désirait voir, quittant son Maghreb natal dans lequel elle ne s’était jamais sentie autrement qu’étrangère, bâtarde ou impuissante. Elle risquait de se marier trop tôt sans avoir pu découvrir le monde et elle attacha ses cheveux en un geste assuré, fière de s’en aller avec dignité. Sa mère lui avait toujours dit qu’elle avait hérité de l'orgueil de son père, mais Zohra se doutait qu’elle ne faisait qu’attribuer tous les défauts de sa fille à son ancien amant. Peut-être qu’il y avait du vrai, pourtant. Après tout, elle avait toujours eu l’impression de vouloir voyager, même lorsqu’elle était toute petite. L’un de ses premiers cadeaux d’anniversaire avait été un globe terrestre en bois qu’elle et sa mère avaient tourné dans tous les sens, s’arrêtant sur chaque pays pour s’imaginer comment ils parlaient, ce qu’ils mangeaient ou bien quelle magie ils pratiquaient. Et si cela n’avait été qu’un jeu pour son aînée qui trouvait que tout était bon pour garder un enfant calme et jovial plutôt qu’en pleurs incessants, Zohra avait tenu un petit carnet d’imaginaires dans lequel elle avait dessiné ses rêves et ses vœux dans l’espoir qu’ils se réalisent un jour. Elle atteindrait la côte et trouverait la suivante, par-delà l’océan et la Méditerranée. Et si elle ne rencontrait pas son destin à l’autre bout du monde, elle imiterait celui de quelqu’un d’autre, car il serait forcément plus heureux que celui que la Palmeraie conservait pour elle depuis qu’elle avait poussé son premier cri d'enfant, tant d'années auparavant.

(1982) Elle posa sa main sur l’écorce de l’arbre et observa la place : un banc excentré accueillait trois personnes et le sac de l’un d’entre eux se trouvait sous leurs jambes, en retrait. Il lui suffisait de s’approcher doucement, de façon méthodique, et tout se déroulerait comme elle l’avait prévu. Elle n’était pas habituée à voler. La plupart du temps lors de son périple, elle avait puisé dans ses économies ou bien elle s’était faite passer pour une sourde-muette afin de s’attirer les faveurs des autres sorciers. Elle avait évité le monde moldu au maximum : ils la regardaient toujours très mal et elle avait fini par comprendre, après plusieurs interactions, que la couleur de sa peau semblait être un problème, notamment lorsqu’elle avait traversé la France de villages en villages. Un très beau pays, par ailleurs, mais dont les habitants ne reflétaient pas vraiment le charme, car tout se centrait sur les capitales, développant un régime pyramidal qui mettait à son sommet le Roi et l’aristocratie. Le Maroc possédait le même problème et elle ne l’avait pas fui pour se retrouver piégée dans un nouvel univers de privilèges. Alors elle s’était dirigée vers le nord, affrontant le froid qui s’emparait de ces pays plus océaniques lorsque l’automne faisait sa révérence à l’hiver. Traverser la Manche ne fut pas non plus aisé mais elle y parvint et gagna ce qu’elle devina être Londres. Cependant, ne parlant pas un seul mot d’anglais, elle regretta un instant d’être partie sans avoir suivi un quelconque apprentissage et elle se retrouverait bientôt à court d’argent – elle gardait donc ce qui lui restait pour manger, se limitant à un repas par jour. Son ventre gargouilla, et elle passa ses mains sur ses joues creuses pour se donner du courage avant de se faufiler jusqu’à une statue plus proche du fameux banc derrière laquelle elle se cacha de nouveau. Puis elle s’accroupit, s’assurant que personne ne la voyait, et elle s’avança à pas de loup. Elle les écouta parler sans se préoccuper de ce qu’ils se disaient : elle n’était de toute façon pas capable de comprendre le moindre de leurs mots. Elle tendit la main vers l’une des bretelles du sac, prête à transplaner une fois que ses doigts l’auraient fermement entourée. Encore quelques centimètres et … « What the fuck? » L’un des hommes la vit et les deux autres se retournèrent. Elle voulut se reculer – trop tard, le plus grand d’entre eux venait de se saisir de son poignet. « Yo, are you for real, girl? » s’exclama-t-il en la fixant avant de se tourner vers ses acolytes. « Is she for real, guys? » Il ricana et enjamba le dossier du banc pour se dresser de toute sa hauteur au-dessus d’elle. « Not gonna lie, I don’t like people stealing my shit. » Zohra paniqua et tenta de tirer son bras. Elle songea à transplaner, chercha même à le faire, indifférente à l’idée qu’il soit un moldu ou non mais l’homme resserra sa prise. « Fuck, guys I think she’s trying to disparate. Like … here … in front of dozens of No-maj. She’s funny. » Zohra rugit, cédant à la peur et chercha à griffer le bras de son adversaire. Elle n’osa pas sortir sa baguette magique, comprenant avec surprise qu’ils étaient sorciers car l’homme semblait réussir à réfréner ses tentatives de transplanage en concentrant ses pouvoirs sur le contact qu'il la forçait à avoir avec lui. « She’s fierce. Careful Dimitri, she might be like … Fayth’s spirit coming back to haunt you. » L’un de ses amis venait de lui parler et cela le fit sourire davantage. « Since when Fayth is dead? » Il haussa les épaules. « Dunno. » Ce fut au tour du troisième d’intervenir : il paraissait beaucoup plus jeune que les autres, peut-être même une dizaine d’années d’écart avec l’aîné – celui qui ne lui lâcherait définitivement pas le bras. Il avait mis le sac tant désiré sur son dos avec nonchalance et lâcha quelques mots : « I s'pose she’s hungry. We should bring her home and get her somethin’. » Ils se mirent d’accord et l’entraînèrent dans une ruelle. Elle se débâtit mais les regards n’étaient déjà plus posés sur eux. Craignant de se faire agresser d’une quelconque manière, elle ne put s’empêcher de crier : « Lâche-moi putain ! Au secours ! » L’homme la toisa sans cesser d’avancer et il lui afficha un petit sourire complice qui la mit hors d’elle. « Not from ‘round here, uh? » Puis ils transplanèrent tous trois en même temps, laissant derrière eux l’impasse vide et probablement un morceau de Zohra qu’elle ne put retenir en elle alors qu’elle disparaissait avec eux, craignant de mourir sous leurs mains étrangères sans même être capable de comprendre la moindre de leurs menaces.

(1982) Quelques jours avaient suffi à Zohra pour qu’elle s’habitue aux murs de sa nouvelle demeure, même si elle la savait temporaire. Ses prétendus agresseurs s’étaient révélés beaucoup plus accueillants que prévus et, même si elle ne parvenait toujours pas à saisir le sens des phrases qu’ils lui adressaient, elle faisait un effort pour leur sourire lorsqu’ils croisaient son regard car elle craignait de devoir retourner à la rue pour voler à nouveau et se retrouver dans une situation beaucoup plus délicate. Elle avait gagné leur confiance un peu par hasard : en réalité, ils n’avaient rien à perdre car ils s’entassaient déjà dans un appartement trop petit pour tous les contenir convenablement. Dans la première chambre, l’aînée du groupe qui gardait un enfant d’une dizaine d’années, probablement son fils. Elle jouxtait une seconde chambre où un lit superposé et un matelas posé à même le sol se battaient en duel pour avoir le plus de place. Enfin, le séjour abritait les deux acolytes qui accompagnaient le grand au crâne rasé qui lui avait tenu le bras si fort qu’elle pouvait encore le sentir parfois, même après une petite semaine. On lui avait fait un peu de place dans le salon pour qu’elle puisse y dormir et c’était globalement ce qu’elle faisait toute la journée car sortir signifiait ne plus pouvoir rentrer tant que personne n’était là – ils ne lui avaient évidemment pas fait de double des clés et chacun d’eux était loin d’être casanier. Ils semblaient tous avoir un travail, quoiqu’elle douta du crâne rasé, il paraissait surtout passer sa vie à faire la fête et réveiller les autres. Le plus jeune, lui, faisait des études et l’idée plut beaucoup à Zohra sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Elle croqua dans une barre de chocolat noir qu’elle venait d’entamer mais on lui retira soudainement des mains et elle leva les yeux, mâchant encore son délicieux carré. « Don’t eat too much, that’s expensive. » Le sorcier se tenait devant elle comme si penser à lui avait suffi à le faire apparaître. Elle fronça les sourcils, perplexe. Il pointa son doigt sur sa poitrine et l’interrogea du regard. « Remember my name? » Ses hôtes réussissaient globalement à se faire comprendre par les gestes et elle cilla avant de lui répondre : « Crash? » Il hocha la tête, ses yeux scintillants de fierté derrière ses lunettes. « That’s good Zohra. » Elle aimait bien quand il disait son prénom. Il avait une façon très occidentale de le faire et cela amusait la jeune fille. Il brandit le chocolat de sorte qu’il devienne l’objet de leur attention. « Chocolate. » indiqua-t-il et elle répéta le mot plusieurs fois dans un souffle pour le retenir, se faisant la réflexion qu’il ressemblait au mot arabe. Elle devait penser à le noter dans son carnet plus tard car elle l’avait laissé dans son sac et elle n’avait pas envie d’aller le chercher. Crash croqua alors dans la tablette et Zohra haussa les épaules, étonnée de se faire voler ainsi son dessert. « Eat. I eat. I’m eating. » Il accentuait chaque fois les syllabes importantes et elle le fit, non sans difficulté. En effet, lorsqu’elle les entendait parler, elle avait l’impression que jamais elle ne pourrait avoir une diction aussi fluide. Néanmoins, la présence et l’aide de Crash la rassurait beaucoup et si elle faisait tant d’efforts, c’était aussi pour le rendre fier, car elle sentait son cœur se réchauffer lorsque le ton de son ami lui indiquait qu’elle progressait. Son vocabulaire était très pauvre, sa syntaxe terriblement bancale, mais elle n’avait pas peur de faire des erreurs en sa compagnie. Voilà peut-être aussi ce qui la faisait rester, outre sa faim et sa crainte de dormir sur le trottoir : la simple idée de se sentir chez elle, idée qu’elle avait toujours associée à un lieu et non à une personne. Sa réflexion transcendait la barrière de la langue : elle s’était toujours sentie de trop là où elle allait, alors elle avait voulu changer de perspective pour se rendre compte que quatre murs n’étaient pas nécessaires pour construire une maison, mais une main tendue vers son cœur pouvait soulever des palaces entiers dans son imaginaire, là où elle se réfugiait parfois pour ne plus être seule.


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“Pablo, AKA I know the walls, they can listen, I wish they could talk back”
today is filled with anger, fueled with hidden hate. scared of being outkast, afraid of common fate. today is build on tragedies which no one wants to face. nightmares to humanity and morally disgraced. tonight is filled with rage, violence in the air. children bred with ruthlessness cause no one at home cares. tonight i lay my head down but the pressure never stops, knowing that my sanity content when i'm droped. but tomorrow i see change, a chance to build a new, build on spirit intent of heart and ideas based on truth. tomorrow i wake with second wind and strong because of pride. i know i fought with all my heart to keep the dream alive. ✩ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


(1983) Pablo leva les yeux au ciel et soupira, conscient que la discussion était loin d’être terminée. En théorie, Fayth n’était pas très bavarde, si bien que les conversations pouvaient prendre fin sans que quiconque s’y attende. Et depuis son retour – si on pouvait appeler ça un retour ou bien une simple visite – la jeune fille n’avait cessé de lui reprocher passivement tous les changements opérés dans le crew. « Mais dis-le-moi si y’a un problème. » lança-t-il de sa voix calme et elle haussa les épaules, nonchalamment installée sur un fauteuil, les jambes à cheval sur l’accoudoir. Elle resta silencieuse, faisant mine de lire les journaux. « Ca fait trois jours que t’es de mauvaise humeur, t’as cru que je l’avais pas remarqué ou quoi ? » Sa voix était rieuse car il savait pertinemment que cela ne mènerait à rien. Trois jours, seulement. Trois jours. Cela faisait trois jours qu’il avait publié une annonce dans la presse sorcière comme quoi il cherchait un colocataire et il n’avait pas fallu à Fayth plus d’une heure pour décider de lui faire la tête sans prendre la peine de lui en expliquer la raison. « Je suis pas bête, j’ai bien compris. » Son amie n’était arrivée à Londres que deux mois auparavant, ayant décidé de ne pas les suivre lorsqu’ils étaient tous partis pour l’Angleterre. J’ai des choses à faire, avait-elle simplement indiqué, et cela s’était soldé en deux ans d’absence complète durant lesquels les membres du crew n’avait même pas cherché à retrouver sa trace. Ils l’avaient sue en sécurité, où qu’elle soit. Et lorsqu’Abel lui avait demandé où elle était allée durant son exil volontaire, ou quel que soit le nom que l’on pouvait donner à cette période, elle lui avait répondu un « oh, un peu partout » évasif auquel tous les autres s’étaient attendus. La jeune femme ne fut pas plus précise par la suite. Elle s’était contentée de lancer des regards noirs au frère de Pablo ainsi qu’à Zohra, qu’elle appelait la fausse Fayth lorsqu’elle était irritée et qu’elle ne trouvait pas de bouc émissaire. « Ce que tu peux être chiante parfois. » Elle toisa Pablo, vexée, mais celui-ci ne se laissa pas faire et renchérit : « Oui, toi, Fayth Washington. La reine de la possessivité. » Elle secoua la tête et son patronus se hérissa : « Non mais déjà vous me remplacez par une fausse moi. » marmonna-t-elle et Pablo serra les poings, agacé. Il savait qu’elle s’amusait seulement à les faire culpabiliser tout en ne reconnaissant pas qu’elle souffrait d’un manque d’attention et de confiance en elle. Il ne pouvait même plus vouloir emménager avec une nouvelle personne sans qu’elle ne se sente mise de côté. Mais, bien évidemment, elle prendrait ça pour de la supériorité car dans sa hiérarchie à elle, elle était au-dessus d’un bon nombre de gens, et notamment de ceux qu’elle ne prenait pas la peine de connaître. « Fais ce que tu veux, hein. C’est ta vie. » Les prunelles de Pablo roulèrent de nouveau sous ses paupières mi-closes et il répliqua : « Bah t’as qu’à être ma coloc, j’examinerai ton dossier avec soin. » Elle le fixa, incrédule. « T’es fou, j’ai pas envie d’habiter avec toi. » Il écarta les bras et les fit retomber contre ses hanches, résigné : « T’es sérieuse ? Pourquoi pas ? » Elle se redressa et l’observa, réfléchissant à la meilleure réponse possible. Et le sorcier s’attendit à une vraie raison : « Parce que t’es trop … t’es trop Pablo, tu vois ce que je veux dire ? » Le visage du jeune homme se crispa en une moue d’incompréhension. « Non, je vois pas. Mais bref, de toute façon c’est pas une bonne idée, vu que tu vas et viens à ta guise, je sais même pas si tu me payerais ton loyer ou si on aurait vraiment l’occasion de se voir. Qui me dit que t’as pas un voyage en Chine de prévu la semaine prochaine ? » Elle haussa de nouveau les épaules : c’était devenu une manie, presqu’une extension de son propre corps que de manifester tant de désinvolture. « Bah déjà j’ai eu un boulot. » Pablo écarquilla les yeux, hésitant entre l’envie de la secouer jusqu’à ce qu’elle exprime autre chose que de l’arrogance ou bien de la féliciter pour son embauche. Son ton, rapide et saccadé, trahissait son dilemme : « M-Mais … quand ? Et où ? Et quoi ? » Fayth fit une moue peu convaincue : « Ch’ais pas, y’a deux semaines ? Auror, à Poudlard. Je commence dans pas très longtemps, ils vont rouvrir l’école à plein de gens. C’est genre comme être préfet mais t’es payé. Grave bien. » Son ami porta sa main à ses lèvres pour retenir une injure dans un souffle. « Et tu comptais nous annoncer la nouvelle quand ? » Fayth fronça les sourcils. Elle semblait véritablement réfléchir à la question alors que Pablo l’avait voulue irritée et ironique. Mais il la laissa répondre : « Maintenant, j’imagine ? » Puis elle reprit la lecture des journaux et il put être certain qu’elle ne répondrait plus, alors il soupira une énième fois et sortit de l’appartement, incapable de véritablement lui en vouloir.

(1983) Il tenta d’esquiver la jeune fille qui courait en direction de la gare mais elle le bouscula. Il maudit ses réflexes presque inexistants tandis que sa main lâchait fatalement le gobelet de café rempli à ras bord qu’il venait de s’acheter, censé le réconforter après sa nuit de travail. Le liquide encore chaud se déversa devant lui et atterrit sur la personne qu’il croisait à ce moment, un petit homme aux cheveux noirs et bouclés qui hurla de surprise, son visage entier se crispant en constatant l’immense tâche ocre qui tapissait à présent le blanc de sa chemise. Pablo se redressa, confus : « Je … je suis vraiment désolé, pardon. » L’homme le fixa sans répondre, les traits tendus par l’irritation, et Pablo lui tendit les mouchoirs qu’il lui restait mais sa victime l’ignora, épongeant le café avec un morceau de tissu brodé dont Pablo n’osa pas deviner le prix, de peur d’être une énième fois exaspéré par la frivolité de ce monde. Puis il haussa les sourcils, surpris, presque amusé, et demanda sans même penser à savoir si cela le gênerait : « Vous êtes Leviathan Faust ? » La photographie du directeur de l’hôpital de New York était passée entre toutes les mains et avait même fini sur la porte du réfrigérateur, accompagnée d’un cliché de Michèle, les deux accrochés à l’aide d’un même aimant en forme de cœur. Pablo ne prenait pas en compte la possibilité que Leviathan se moque complètement de ce qu’il avait à lui dire et qu’il aurait volontiers passé son chemin : à cet instant, un sourire rayonna sur son visage et, à travers celui-ci, il eut la certitude que Michèle vivait encore un peu pour assister à la scène. « Je signe pas d’autographe. » lâcha le médicomage d’un ton sans appel et Pablo put y sentir l’agacement prononcé ne prenant pas la peine de se faufiler entre les échos de son accent américain. Le jeune homme secoua la tête, navré. « Ah nan, c’est pas pour moi. Une amie à moi avait le béguin pour vous pendant un bout de temps, c’est tout. » Leviathan parut étonné : « Avait ? » s’indigna-t-il, comme s’il ne concevait pas que l’on pouvait cesser de le désirer. « Rappelle-moi son nom ? » La familiarité du sorcier à son égard surprit Pablo mais il s’agissait d’une complicité froide, marquant à chaque intonation sa supériorité et son orgueil. « Michèle Woods. Elle est décédée il y a trois ans. » Les sourcils de Leviathan se froncèrent et ses yeux brillèrent d’intelligence et de perspicacité, si bien que Pablo se sentit minuscule face à son regard acéré et charismatique. « Oui je vois. Je vois très bien. » dit-il finalement en accompagnant ses mots d’un mince sourire. Le cœur de Pablo se noua étrangement. Il ne voulait pas que Leviathan s’en aille car, sans qu’il ne puisse expliquer pourquoi, il eut l’impression qu’il s’agissait d’un message. Qu’il soit de Dieu ou de Michèle devenu ange, cela l’importait peu, mais il sentit le silence s’installer entre eux, l’espace d’une poignée de secondes, et l’américain redouta que son aîné ne poursuive sa route car cette rencontre impromptue et cocasse l’avait rendu heureux. Il frotta les bandeaux de ses poignets, mal à l’aise. Leviathan l’observa de haut en bas et Pablo songea qu’il sondait le moindre de ses secrets. Puis il se redressa, regagnant en contenance : le médicomage devait probablement faire cet effet à beaucoup de gens sans qu’il ne soit véritablement intimidant. « Et toi, tu t’appelles ? » Il déglutit : « Pablo. Pablo Young. » Il eut envie de lui dire qu’il ne signait pas d’autographe non plus mais se retint, sans doute pour le mieux, car Leviathan poursuivit en regardant sa montre : « T’as le temps d’aller te racheter un café ? » Ce n’était pas vraiment une question. Il se dirigeait déjà vers le Starbucks de la gare d’un pas assuré, comme s’il dominait le monde depuis ses talonnettes. Il avait de la chance, Pablo n’était pas bien grand non plus, et ce dernier prit sa suite sans lui répondre, sentant une chaleur significative émaner de sa poitrine alors qu’il s’imaginait son amie disparue lui sourire une dernière fois, depuis les nuages.

(1984) La fille en fauteuil est pas descendue, Pab’. Le chauffeur éteignit le moteur du Magicobus et tourna la tête pour apercevoir en effet le corps endormi d’une jeune femme dont il s’était habitué à la présence régulière, plusieurs fois par semaine. Son patronus lui faisait remarquer ce qu’il avait deviné depuis déjà plusieurs arrêts et il laissa quelques secondes de silence passer avant de sortir de la cabine où se trouvait le volant. Pablo s’étira, ses os craquèrent et le chat noir l’imita avant de descendre au sol et de trottiner vers l’inconnue. Il s’humecta les lèvres tandis que la relève toquait à la porte, lui lançant un regard interrogateur. Il leva l’index pour lui demander d’attendre encore une ou deux minutes. Cela ne gênerait personne, il avait pris un peu d’avance justement en cas de problème comme celui-ci. Il s’accroupit devant la sorcière qui somnolait encore et il lui secoua l’avant-bras. Elle ouvrit les yeux et Pablo sourit immédiatement. Cela ne suffit pas à calmer la panique qu’il lut dans son regard et il leva ses mains dépliées pour lui signifier qu’il ne lui voulait aucun mal. « C’est le terminus. » dit-il, navré. La tête de la jeune fille était déjà tournée vers la fenêtre et elle constata avec effroi que la nuit était tombée. Elle ne sembla pas reconnaître le décor qu’elle pouvait observer. Londres était si grande, après tout. Le Béhémoth plissa son regard félin, perché sur l’épaule de son sorcier, et il suivit des yeux le colibri qui voleta autour de l’inconnue. Pablo baissa son regard vers son fauteuil roulant et eut un pincement au cœur. Il releva la tête : « Tu habites dans le centre ? » Vu l’expression qu’elle affichait, il n’en douta pas et après une hésitation, elle hocha la tête, gardant toujours le silence. « Attends-moi là. » lui demanda-t-il en se redressant. S’étant tourné vers l’entrée du bus, il se rendit compte de l’idiotie de sa phrase. Ouais, Pab’, elle va pas aller bien loin. Il ouvrit la porte et claqua des doigts pour attirer l’attention de son collègue. « Yo, tu me prêtes ta voiture ? Faut que quelqu’un la ramène chez elle. » souffla-t-il en la désignant, espérant que son ton soit assez bas pour qu’elle ne l’entende pas. « Nulle comme technique de drague. Elle va cramer à des kilomètres mon pote. » Pablo leva les yeux au ciel et insista : « Elle est en fauteuil roulant. Promis je te rapporte tout dans la nuit. » Son interlocuteur garda ses sourcils froncés un instant, réfléchissant aux pours et aux contres, puis finalement il lui lança les clés et se racla la gorge : « T’y fais attention. Et tu touches pas aux fonctionnalités magiques, elles sont pas encore sûres à cent pour cent. » L’américain le remercia et il retourna dans le bus auprès de la sorcière qui cherchait dans son sac un moyen de contacter n’importe laquelle de ses connaissances, en vain. « Si je peux faire quoi que ce soit, dis-moi. Mon ami vient de me confier sa voiture. Je sais que ça va paraître un peu bizarre, mais je peux te ramener si tu veux. » Il chercha à paraître le plus serein possible et ajouta : « Moi c’est Pablo. » Elle le fixa, encore pleine de doutes : « Ginny. » répondit-elle finalement et le sorcier se détendit. « Tu as un moyen de contacter un proche ? » Elle fit non de la tête. « Ma sœur est probablement au travail … et je ne peux pas envoyer de patronus, de toute façon. » Son colibri se posa sur ses jambes lorsqu’elle prononça ces mots. Sans comprendre pourquoi, Pablo fut touché par ce qu’elle lui disait et il afficha un sourire réconfortant qu’il voulut contagieux. Les lèvres de Ginny s’étirèrent légèrement et il compta cela comme une victoire. « Je te laisse réfléchir au chaud. Le bus ne part pas maintenant de toute façon. » Il s’apprêtait à repartir pour récupérer ses affaires dans la cabine du chauffeur mais elle l’arrêta : « J-Je … J’imagine que j’ai pas trop le choix. » bredouilla-t-elle en poussant sur les roues de son fauteuil. « On est loin du centre ? » Pablo regarda le cadran horaire sur le tableau de bord. Minuit n’était pas encore passé mais les rues de Londres seraient déjà plus accessibles, même sans les attributs sorciers du Magicobus qui lui permettaient de se frayer des chemins partout où il se rendait. « En voiture, on peut y être en une petite demi-heure. » Ginny soupira et il put lire sa résignation dans ce souffle épuisé. Qu’avait-elle à perdre, à part sa confiance ? Sa silhouette recourbée semblait vouloir lui dire qu’elle avait déjà tout perdu, abandonnée au fond de ce bus. « Mais je connais un raccourci. » ajouta-t-il finalement, faisant rouler autour de son doigt l’anneau qui maintenait la clé de la voiture accrochée à un pendentif censé émettre un son pour qu’il indique la position d’un petit objet que l’on perdait facilement. Il lui transmit ainsi son assurance et en retour, la jeune femme lui sourit, cette fois plus franchement, comme elle semblait ne pas avoir souri depuis plusieurs jours, la malice de son regard laissant les éclats de lune ricocher sur ses douces prunelles avant de s’évanouir, exténuée par cette existence trop encombrante pour se laisser porter, trop lourde à pousser avec elle, et manifestement trop difficile à arrêter lorsqu’elle la faisait tomber près de l’abîme où son regard meurtri cherchait en vain à faire renaître les fleurs d’un passé éteint, érodé par la douleur.


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par Invité, Mer 25 Avr - 14:27 (#)
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Leviathan Faust
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Leviathan Faust, Mer 25 Avr - 14:28 (#)
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je suis trop heureuse Chou
j'ai tellement hâte, ça exacerbe mon côté e, so beware Nih Nih
et la team cat, ça va être génial crymeariver crymeariver

JE VEUX LIRE ELSA
DÉJÀ TU TESTES MON SELF CONTROL (ça a merdé pour crash my bad)
mais en plus tu me teases à mort
je veux lire la partie de michéle qui avoue l'amour fou qu'elle a pour levi crymeariver c'est le one direction de l'époque, on le sait bien
g hâte
et arrête avec tes blagues pas drôle en mode 'ki c'
on sait tous que c'est toi
parce que t'écris trop bien
ça me complexe
#norwegianisthenewentpthing

tchao
la bise
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Mer 25 Avr - 16:04 (#)
OH YEAAH Han!

Rebienvenue Robert47cm
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Mer 25 Avr - 16:16 (#)
OH GOD dead
Ce perso à l'air de tuer jaredditoui continue je veux savoir la suite Nih
Rebienvenue Chou Han!
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Mer 25 Avr - 17:01 (#)
re bienvenue chez toi Brille Chou
Charon T. Malefoy
membre - shame to die with one bullet left
Charon T. Malefoy
Répartition : 18/04/2018
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Charon T. Malefoy, Mer 25 Avr - 17:04 (#)
Re bienvenue chez toi ! Brille
J'ai hâte de lire toute l'histoire ALBERT
Alekseev Gaunt
admin - high above, the greatest wonder
Alekseev Gaunt
Répartition : 27/08/2017
Hiboux Envoyés : 480
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Alekseev Gaunt, Mer 25 Avr - 17:56 (#)
Hâte de découvrir ta nouvelle merveille Chou
J’aime déjà trop le métier Nih
Demetria Argyris
admin - high above, the greatest wonder
Demetria Argyris
Répartition : 19/08/2014
Hiboux Envoyés : 1509
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Demetria Argyris, Mer 25 Avr - 18:44 (#)
serait-ce un compatriote? Chou
toi et moi faut qu'on parle liens Robert47cm
rebienvenue à la maison Chou
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Mer 25 Avr - 19:29 (#)
re bienvenue Brille
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Mer 25 Avr - 19:31 (#)
kendrick SCREAMING SCREAMING SCREAMING rebienvenue à la maison Yaaa
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
par Invité, Ven 27 Avr - 14:52 (#)
omg comment je suis pas passée ici encore, shame on me roll
pablo omg fdjkslfjdsklfjdsklfdsjklf depuis le temps que t'en parles dead t'as tellement la classe avec kendrick, damn HOHOHOHOHOHOHOHOHHO
faut qu'on parle du pablet asap Nih je veux qu'on récupère nos idées du cablo ok roll (nos noms de ship sont toujours magiques, jpp)
je sais que je peux déjà la lire mais j'ai hâte de lire ta fiche okay wuuuuut et puis le crew va tout tuer, forever sad de pas avoir de perso dedans TT
REBIENVENUE Twisted Twisted Twisted et gare à comment il prends soin de Ginny, sinon Scarlet vient lui casser les dents roll la balance pas dans l'océan stp lolilol
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Message Re: yet man is born to trouble as surely as sparks fly upward. (pablo)
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