Angus Avery n’avait qu’une idée en tête et ce depuis que son père lui avait inscrite dans le cerveau  : redonner à la famille Avery son rang de sang-pur et surtout lui permettre d’accéder aux plus hautes sphères de la société. Même sur son lit de mort, il lui répéta inlassablement ces mots. Et Angus s’y était attelé. Tout d’abord, il avait choisi la (presque) parfaite épouse : Rose DelaCroix, dernière enfant de la famille de sang-pur Delacroix. Elle n’est, certes, pas l’héritière, ayant un grand frère et une grande soeur, mais est de sang-pur et c’était un critère obligatoire pour l’épouser. Il l’a rencontré lors d’une soirée mondaine organisé par l’un de ses lointains cousins français et il est rapidement tombé sous le charme de cette jeune femme. Il a alors fait une cours assidus à elle, sous bonne garde d’un chaperon, et ses parents, sachant très bien qu’il fallait convaincre ces derniers en premier lieu. Après de nombreux mois de bataille, il avait réussi et Rose était à lui. Un mariage en grande pompe avait alors été organisé et beaucoup se demandait comment un Avery avait pu réussir à convaincre une si jolie jeune femme, envieux. Mais Angus n’en avait cure : son objectif était atteint et, en plus de satisfaire son défunt père, il satisfaisait ses propres exigences. Sa femme était magnifique que ce soit intérieurement ou extérieurement. Il en était d’ailleurs rapidement tombé amoureux, à son grand étonnement. Quelques années plus tard, de cette union naquit deux enfants, des jumeaux : Theodus et Charles. Mais, pour son plus grand malheur, sa femme mourut en couche, le laissant seul. Angus ne se remit jamais vraiment de cette perte et décida de se concentrer uniquement sur l’objectif de son père : redorer le blason des Avery, quitte à élever ses enfants avec rigueur et dureté. Au plus profond de lui-même, il blâmait ses fils pour la mort de Rose. Il leur en voulait et, parfois, aurait préféré qu’ils meurent plutôt que sa magnifique épouse. Il changea, traumatisé, et devint froid. Une colère constante grondait en lui chaque fois qu’il posait les yeux sur ces petits êtres innocents. Cette dernière augmenta d’ailleurs un petit plus en remarquant le changement de l’un de ses enfants : Theodus. Au contact de la nourrice qu’il avait engagé, son bébé vit ses cheveux devenir blonds et ses yeux bleus, comme cette dernière. Angus sentit la rage le prendre : son cher fils était un anormal, un métamorphomage. Il voulait l’abandonner, le détruire, se concentrer sur son autre fils qui lui n’avait aucun problème. Puis, après quelque jours de réflexion, il se calma. Il pensa à toutes les possibilités que pouvaient lui apporter ce pouvoir. Après tout, quoi de mieux pour surveiller ses concurrents que quelqu’un qui peut facilement entrer chez eux sans se faire repérer ? Il eut un sourire satisfait et s’enfonça dans son fauteuil, profitant de la chaleur de sa cheminée avant de boire une gorgée de whisky pur-feu. Sa femme lui avait peut-être fait le meilleur cadeau qu’il soit. Même dans l’au-delà, elle était parfaite.

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Theodus étudia avec attention le dossier que son père lui avait remis. Voilà, maintenant plusieurs jours que ce dernier avait fait réunir des informations concernant le secrétaire du président d’une entreprise concurrente à la sienne. Son fils n’avait aucun droit à l’erreur : il devait trouver la faille chez cet homme afin de la donner à Angus. C’était le premier test que son père lui faisait passer. Il n’avait que dix ans et pourtant il se rendait compte de l’importance qu’avait cette mission. Angus, en plus de ce dossier, l’avait fait observer des souvenirs du secrétaire qu’il avait pu observer à de nombreuses reprises lors de dîner d’affaires. L’homme, Stefan Ralugi, se trouvait toujours derrière son patron, dans son ombre à attendre l’un de ses ordres ou une demande de sa part. Theo pouvait alors facilement l’imaginer : de ses cheveux bruns coupés court en passant par ses yeux noisettes dont il avait pu observer les nuances au travers des photos, la cicatrice sous son oeil droit, son torse mince, ses jambes élancées, sa voix grave… Il ne devait oublier aucun détail tandis qu’il se concentrait pour prendre l’apparence de cet homme. Un seul oublie pourrait amener les soupçons sur lui ce qui pourrait le condamner et jamais son père ne pourrait lui pardonner. « Theo ! Theo ! » La voix de son frère l’interrompit dans sa concentration. Il poussa un grognement alors qu’un mélange grotesque de Stefan et lui lui faisait face dans le miroir. Il se retourna vers Charles, reprenant doucement son apparence à l’exception de ses cheveux qui devinrent rouge sous la colère d’être dérangé. Son jumeau lui renvoya un sourire et regard penauds. « Désolée, T. » Le jeune homme leva les yeux au ciel. Il ne pouvait jamais en vouloir à Charlie, peu importe ce qu’il faisait. « Que veux-tu, C. ? » Le sourire revint sur le visage de ce dernier. « Regarde ce que j’ai trouvé ! » Il tendit les mains, un chaton dans les bras. « Je l’ai trouvé dans le jardin. J’peux l’garder ? » Theodus poussa un soupir avant d’attraper l’animal. « Tu sais qu’on ne peut pas, C. » Les larmes vinrent dans les yeux de son vis-à-vis. « Mais… Pourquoi ? Tu dis toujours non... » Charles avait pris l’habitude de ramener tous les animaux perdus qu’il trouvait. Il avait un coeur bien trop gros pour ce monde et Theo savait que c’était à lui de protéger son innocence. Le dernier animal qu’il avait ramené avait été exécuté froidement par son père sous ses yeux mais il n’avait pas eu le coeur de le dire à son frère et lui avait dit qu’il était parti rejoindre sa famille. Charlie avait été triste un temps mais était vite passé à la prochaine cause perdue animale qu’il avait trouvé. Il pausa sa main libre sur l’épaule de son frère. « Pourquoi tu ne vas pas demander à Mme Mims si elle veut avoir un chat ? Elle en cherchait un pour tenir compagnie à ses autres et tu pourras continuer à le voir. » Le regard de Charles s’illumina. Mme Mims était leur voisine âgée. Tout comme son jumeau, elle adorait les animaux et particulièrement les chats. Elle en recueillait souvent depuis qu’elle était devenue veuve et que son mari n’était plus là pour retenir ses envies de vieille folle aux chats. Son jumeau acquiesça et se dirigea avec empressement vers la porte d’entrée. Theo soupira, se reconcentrant et fermant les yeux. Stefan Ralugi.

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Sa première mission fut un succès. Il apprit que le PDG de l’entreprise avait une maîtresse et son père lui avait souri pour la première fois. En posant sa main sur son épaule il lui avait dit qu’il était fier de lui. Le petit coeur de Theodus avait bondit. Angus ne montrait jamais de signe d’affection à ses fils mais, pour la première fois, Theo avait eu l’espoir que les choses changent et que sa relation avec son père s’améliore. Mais en vain. Il avait continué à être dur et froid. Demandant chaque fois un peu plus au jeune métamorphomage et n’hésitant pas à le corriger physiquement si son comportement n’était pas à la hauteur de ses espérances. Mais, au grand soulagement du jeune homme, il laissa tranquille son jeune frère, se concentrant uniquement sur lui. Les missions s’enchaînèrent, de manière plus ou moins efficaces, et même durant son apprentissage à Poudlard, Angus profitaient des vacances pour utiliser son pouvoir.

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Theo n’aimait pas Taliesin. Il ne l’avait jamais aimé. Dès qu’il avait vu son amitié avec Charles grandir, il savait que ça attirerait des ennuis à ce dernier et il voulait à tout prix éviter ça. Il avait prévenu son frère, lui avait dit que son père était déjà en colère contre lui car il était à Poufsouffle et non à Serpentard et fréquenter quelqu’un “indigne” du rang des Avery n’allait pas arranger les choses. Mais son jumeau s’en fichait. Il était complètement inconscient et profitait de la présence de son “ami”, disait-il. Ça rendait fou son frère qui n’avait qu’une seule envie : arracher les yeux de ce foutu Taliesin qui mettait son frère en danger. Mais les choses ont empiré. Le serpentard a commencé à noter des regards, des effleurements entre les deux jeunes hommes. Il ressentait le désir violent au fond de son crâne qui prenait son frère quand il posait son regard sur Taliesin. C’était un bourdonnement. Il savait que ce sentiment ne lui appartenait pas. Lui, avoir du désir pour Taliesin ? Il préférait danser pendant une semaine avec les vieille bique coincé du cul que son père invitait à ses soirées mondaines. Il avait envie de hurler de rage : se pensait-il discret ?! Une seule personne un tant soit peu attentive remarquerait leur manège ! Son frère ne voulait décidément rien entendre alors il se décida à confronter l’ami de Charles. Peut-être que lui serait plus ouvert à la “discussion” (et quand il voulait dire “discussion” il pensait “obéir à ses ordres”).

Après avoir attiré de force le jeune homme dans un coin discret du château, Theo le vit croiser les bras. Clairement son vis-à-vis n’était pas ouvert mais il s’en fichait. « Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Charles ne m’écoute pas mais j’espère que tu seras plus intelligent que lui. Vous devez arrêter votre relation. » Taliesin haussa un sourcil et eut un petit rire. « Je pense que ton frère est assez grand pour prendre ses propres décisions. » Le serpentard se rapprocha de lui, menaçant. Il se sentit satisfait en constatant qu’il était plus grand que l’autre jeune homme : c’était seulement quelques centimètres. « Mon frère ne sait pas ce qui est bon pour lui. C’est pour ça que je suis là pour le protéger, même de lui-même. » Talie fronça les sourcils et s’avança d’un pas, montrant qu’il n’avait en aucun pas peur du serpentard faisant serrer la mâchoire à ce dernier. Petit con. « Ton frère n’est plus un petit garçon. Il n’a besoin de personne pour prendre soin de lui et encore moins d’un mec surprotecteur comme toi. » Theodus devait se retenir de toutes ses forces de ne pas lui envoyer son poing dans la gueule. Mais son père lui ferait payer au centuple et le jeu n’en valait pas la chandelle. Sans parler de Charles qui lui en voudrait sûrement et il ne voulait pas sentir la déception à travers leur lien. Il s’écarta du jeune homme, faisant les cents pas, alors qu’il s’agrippait les cheveux de rage. Ce comportement n’était pas digne de son rang, hurlait la voix d’Angus à l’intérieur de lui mais il s’en fichait car Charlie était en danger. Il plongea son regard froid et en colère dans celui de l’autre. « Si tu tiens un tant soit peu à mon frère, tu arrêteras cette relation insensée. » Il partit d’un pas rapide avant qu’une voix ne l’arrête. « Je n’arrêterais que si c’est la décision de C. » En entendant le surnom et la phrase dans la bouche de Taliesin, il revint avec rage vers ce dernier comme un aigle fondant sur sa proie. Il sentit ses cheveux se dresser sur sa tête et remarqua une mèche rouge lui retomber devant les yeux. Il détestait quand ses cheveux trahissait ainsi ses sentiments mais il préféra les ignorer.. « Es-tu donc inconscient ?! Sais-tu ce que notre père lui ferait s’il apprenait votre relation plus qu’amicale ?! Il a déjà eu du mal à accepter le fait qu’il soit à Poufsouffle ! Un pas de travers et il pourrait définitivement faire du mal à Charles ! Est-c que tu es égoïste au point de te ficher de ce qui pourrait lui arriver ou es-tu juste stupide ?! » Il se prit la tête dans les mains en imaginant son frère, blessé voir pire. Il ne pouvait pas vivre sans lui. Il ne pouvait même pas l’imaginer alors le vivre… Il poussa un bruit entre le grognement de rage et de douleur. Non… Il ne voulait pas ça. Il se releva, reprenant une posture hautaine et n’attendit pas que l’autre lui réponde. « Si tu tiens à lui, comme tu le dis si bien, tu prendras la bonne décision car si j’ai pu remarquer votre petit manège, il ne tardera pas à ce que quelqu’un d’autre le fasse. » Il partit rapidement, ne voulant pas entendre une autre provocation de la part de Taliesin. Ce n’était pas aujourd’hui que leur relation allait s’améliorer...

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Il jeta un regard noir en coin à Taliesin qui se trouvait avec lui debout à attendre, le regard vide, tandis qu’il caressait du bout des doigts Chesire, son patronus. Ils ne pouvaient plus se séparer à cause du rituel que son père les avait obligés à faire. Il se souvenait encore de la douleur qu’il avait ressenti en essayant de s’échapper loin de son camarade. Au début, la douleur était supportable, une gêne tout au plus. Mais plus il s’était éloigné, plus la douleur avait été forte et plus le tatouage autour de son poignet s’était fait visible. C’était comme s’il ressentait des coups de fouets, un peu plus puissant à chaque pas qu’il faisait pour s’éloigner. Tout ça n’avait pas suffit à son père et surtout pas à Taliesin qui avait tenté plusieurs fois de s’échapper malgré tout. Ce mec était plus têtu qu’une mule enragé. Enfin… Tout ça, c’était avant que son père ne lui lave le cerveau. Il n’était maintenant qu’un bon petit toutou à la solde de son père. Le jeune homme le suivait partout et ça le rendait dingue. Mais, pour une fois, il était nerveux à cause d’autre chose. Son père avait forcé Charles à prendre le remède. Ce dernier n’était pas sûr : il avait entendu des rumeurs qui ne le rassuraient pas et Théo non plus concernant ce remède soit disant miracle. Certains patient perdaient leur patronus définitivement, ne s’en remettant jamais. Mais leur père avait été catégorique : il était hors de question qu’il ait un enfant malade. C’était une faiblesse qu’ils ne pouvaient pas se permettre d’avoir, surtout depuis qu’il avait réussi à se faire une place avec son entreprise. Les missions que Theo avait effectuée avaient grandement aidé à tout ça. Ce don que son père critiquait à sa naissance était maintenant devenu une ressource indispensable pour lui. Mais il ne pourrait plus en profiter car Theo ne voulait plus de tout ça. Il avait assez donné. Il avait fait confiance à son père, malgré son manque d’amour, malgré son manque certain d’attention envers son frère et lui. Il avait tout supporté pour rendre son père fier, même les attaques de sa part qu’elles soient physiques ou mentales. Il avait essayé d’être le meilleur fils possible pour lui plaire, dans l’espoir qu’il l’aime et, surtout, pour protéger Charles. Il avait réussi, la plupart du temps, mais pas cette fois-ci. Il avait senti le lien avec son jumeau s’éteindre. Il avait senti ce bourdonnement constant au creux de son esprit disparaître pour n’être remplacé que par un silence angoissant. Il avait senti son souffle se couper et il n’avait aucun besoin d’aller dans la chambre de soin de Charlie pour savoir ce qui s’était passé : inconsciemment, il le savait. Cependant, avec des pas incertains, alors que ses cheveux et ses yeux ne savaient quelle couleur prendre sous le coup de ses sentiments, il s’approcha de la porte et la poussa. Il entra et vit son frère, les yeux grands ouverts, une expression vide. Les médicomages lui avaient jeté des regards gênés, incertain à savoir comment réagir mais Theodus les ignora, trop concentré sur son frère. Il murmura son surnom, s’attendant à ce que le sourire de son frère naisse sur ses lèvres et qu’il pouffe comme un petit garçon, fier de sa blague. Mais rien ne se passa. Le visage de son frère resta figé dans cette expression vide malgré les respirations qui faisaient bouger sa poitrine. Les larmes commencèrent à couler sur le visage de Theo qui poussa un gémissement d’animal blessé. Pas lui, pas son frère. Il s’approcha de lit et se jeta sur le corps de Charles, le serrant de toute ses forces dans l’espoir de le faire réagir. Pour une fois, juste une fois, il laissa ses sentiments sortir. Il enleva son masque de froideur et pleura. Il n’avait plus personne. Il était seul. Le froid et le silence prirent place au fond de son cerveau alors qu'habituellement, il pouvait sentir la présence rassurante de son frère. Il s’allongea près de lui, le prenant dans ses bras et caressa ses cheveux, comme lorsqu’ils étaient petit et que Charles faisait un cauchemar : il se faufilait dans la chambre et se couchait près de lui afin de sentir sa présence rassurante. Son jumeau avait toujours été le plus sensible des deux. Beaucoup pensait que c’était une faiblesse mais pas Theo, loin de là. Il voyait le monde d’une manière dont lui ne le pourrait jamais. Il murmura à son oreille alors que les médicomages partaient, gênés et que Taliesin restait dans un coin de la pièce à les observer. Ses cheveux s’allongèrent, faisant un rideau comme pour les protéger du monde extérieur et prirent une couleur noir, montrant son tourment. « Reviens moi, reviens moi, reviens moi... » Il murmura ces mots pendant longtemps espérant, en vain, que son frère revienne. Ce jour-là, il prit une décision difficile mais nécessaire : il ne laisserait personne lui prendre Chesire comme on avait prit Gaspode, le shiba de son frère et il ramènerait ce dernier. Il sauverait son jumeau, il trouverait un moyen. Il n’était plus question de faire confiance à son père dès à présent. Il avait pris la dernière mauvaise décision pour eux. Même s’il devait emmener ce robot de Taliesin, il partirait loin pour survivre et sauver Charles.