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I'M CARVING THE SKY

1959, manoir Greengrass. Des cris, les miens. Chaque vies sont différentes. Une petite lumière s'allume en toi en un instant, et au fil de ta vie, elle devient de plus en plus éclatante, jusqu'au jour où elle s'éteindra. Un beau soir d'hiver, plus précisément le 9 février, ma vie débutait. Le paysage autour de moi était brumeux. Le monde sorcier restait paisible malgré tout, enfin pour le moment. Ce passé, cette vie, je l’avais embrassée. Née dans une petite cage en or, tout devenait facile, tout devenait fade, et pourtant je continue toujours sur ce chemin, au milieu d’un brouillard qui conviendra tant que tout restait propre, parfait, pur. Le temps file, le temps se défile, mais on vit dans le passé, on s’y accroche toujours, en espérant avoir un futur aussi grand. Cette grandeur qui résidait dans ce patronyme beaucoup trop murmuré. Mais j’avais bien compris que je devais m’en nourrir de ses murmures incessants et en faire des acclamations. Là résidait cette confiance dans ma démarche vers cette école dans laquelle j’allais passer les douze années suivantes de ma vie, dans laquelle j’allais me former, et devenir celle que je suis aujourd’hui : une sorcière qui s’assume et qui s’impose.

 1970, je reste là, l’allure tellement fière. Et voilà 11 années passée dans ce monde caché, j’attendais cet anniversaire depuis longtemps. Je me prépare pour le grand jour, toujours coiffée d’une chevelure tressée aussi noire que le charbon. Je me vois déjà grande, je vois mon ambition sans faille se refléter dans mes yeux clairs. Je me vois déjà être à la hauteur de la renommée de mon nom. Quai 9 3/4, je retourne le regard fier -bien que caché- de mes parents. Non loin un jeune brun, au teint obscur, semblait faire lui aussi sa rentrée. Qui aurait su quel avenir on m'avait promis avec lui qui venait d'une grande famille. Je savais ce qui m’impulsait, je savais ce que je devais faire : faire honneur à la famille et au sang, surtout quand une autre fait sa énième rentrée en même temps, pensais-je en suivant Gloria-Gladys avancer devant moi. J’entrais sans attendre dans l’un des compartiments les plus confortables du Poudlard Express. « T’es déjà là Aurea ! » disait la fille Black qui s’asseyait à mes côtés. Je lui souriais discrètement, je la connaissais depuis tellement longtemps. On passait clairement la plupart du temps ensemble, et l’une des rares personnes que je pouvais considérer comme meilleure amie. Voilà l’imposante Poudlard qui se dévoile, cet éden de connaissance et d’acquisition d’une puissance qui sera enfin méritée. Je n’attendais qu’une chose, exceller dans toutes les matières, surtout en histoire de la magie qui reste la plus intéressante. Nous voilà enfin réparties dans la maison Serpentard, sans grande surprise. Regard impétueux envers la grande-soeur, et voilà que l’incorrigible aventure commença. Destin façonné, destin apprivoisé.

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YOU TOOK MY HEAVEN AWAY

   1982, Poudlard s'en va derrière moi. Précieuse solitude mordante. Atmosphère lourd et pesant. On dirait presque une poésie. Cette lassitude qui te prend, et qui vide tout autour. Mon regard se figeait, je fixais la cheminée, et je n'entendais que le son strident des crépitements du feu. J'étais seule à ce moment-là, et je ne pensais à rien, je cherchais encore et toujours ce bonheur pour le goûter. Je restais assise, les flemmes rougies se reflétant sur mes prunelles. « Voici votre thé milady » entendis-je derrière moi. Je sortais de mes sombres pensées. Je n’avais pas entendu l’elfe de maison s’approcher de moi avec un plateau en main. « Je te remercie bien ». Réconfort nécessaire, lumière perdue, je sirote mon thé encore très chaud. Je fermais les yeux, et sentis la douce odeur du thé, tout ce que je n'étais plus réellement désormais. Me sentais-je vraiment à ma place ? Je ne le savais pas, je ne le savais plus. Je restais cloitrée entre ces quatre murs au manoir Greengrass. Je continuais à jouer nerveusement avec ma précieuse bague, celle de la famille, en la tournant autour de mon annulaire. Elle était assez particulière de par sa petite taille et sa forme carrée principalement. Ce bijou fascinant était agrémenté d'une émeraude au centre. Cette nuit-là je fermais péniblement les yeux. En vérité je n'avais presque pas dormi, comme bien souvent. Bien trop souvent depuis cet accident. L'aube ne tardait pas, il me regardait déjà saigner.

 1983, et si on restait seuls tous les deux ? Je me souviens encore de ce qu’on essayait d’appeler un foyer, de cette solitude à deux. Deux âmes qui se lient, par intérêt surtout. On se fourvoyait, mais on continuait à vivre comme si de rien était, comme si un jour tout allait s’arranger. Beau rêve hein. J’avais beau rêver, espérer, la réalité revient à la charge. Ce semblant de bonheur il avait commencé quand nos deux familles avaient décidés de se lier. Je devenais Aurea McLeod, prête à donner des héritiers à celui que j’espérais appeler amant. Jusqu’à ce que la mort nous sépare.. Quelle plaisanterie quand on y repense. J’avais appris à le connaitre, à l’apprécier, presque à l’aimer. Rien n’y faisait, tout était froid et obscur. Puis la routine elle s’installe, dans ce manoir silencieux. Cependant, je ne pouvais m’empêcher de m’y sentir bien, de m’y sentir comme chez moi. Le silence régnait toujours dans ce grand manoir. Fatiguée, je restais assise sur ce vieux fauteuil près de la cheminée, comme à mon habitude. Je lisais les dernières nouvelles de la Gazette des Sorciers.
« Je suis enceinte » annonçais-je soudainement à Adonis, sans vraiment le regarder. Surement je pouvais entrevoir un éclat sur son visage, une sorte de fierté. Nous pouvions enfin former un foyer, une famille digne de ce nom.

 Mais tout bonheur a une fin. On replonge dans cette obscurité familière. Et dans ces moments là on commence à sombrer de plus en plus, gardant toujours la tête haute malgré tout, pour la façade. Londres. Cette belle Londres. J’erre dans ses rues, telle une âme brisée. J’erre, saignée, les larmes glissant sur mes joues rougies. Je me souviendrais toujours de ce jour qui changea le court du temps, qui bouleversa ma vie. Il ne suffisait que d’une baguette levée, il ne suffisait que d’une seconde d’inattention et je perdais tout.
endoloris entendais-je murmurer. La douleur était extrême, elle s’ancrait en moi. Il y avait cette sensation que j'étais entourée de flammes, je brûlais et je détestais ça. Politique malveillante. Tolérance inacceptable. Je gênais. Voilà ce que le nom Greengrass entraînait dans ce milieu. Voilà ce que les idées extrémistes entraînaient dans ce milieu. Signal d’alerte, menaces, je n’arrivais plus à penser. Prise d’un effondrement, je ne pouvais plus bouger. Quelques temps plus tard, je ne savais plus, je me réveillais à Sainte-Mangouste. J’ouvrais petit à petit les yeux, pour trouver celui qui avait toujours été à mes côtés, un allié de taille. « Ad.. » murmurais-je, ne finissant pas la fin de ma phrase. Épuisée, pour la première fois je pris peur. Le choc était bien trop grand. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus vraiment. Et cela avait trop duré, pendant trop longtemps la solitude me prenait, pendant trop longtemps je m'étais laissée aller. Il n'y avait pas que l'appétit que j'avais perdu, j'avais perdu la seule chose qui m'approchait de ce bonheur rêvé, d'une vie familiale normale. Le sort avait altéré mon anatomie, et je ne savais pas comment l'annoncer à Adonis, lui qui espérait un héritier digne de ce nom. J’avais même presque honte à me montrer ainsi. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé, mais tout n’était que politique, j’en étais certaine. Mais ce jour-là, j’avais perdu espoir, même beaucoup plus, j’avais perdu une partie de moi-même, j’avais perdu ce bonheur là tant recherché et je n’allais surement jamais avoir l’opportunité de re-goûter à ce bonheur tant convoité.

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ALL MY FRIENDS ARE HEATHENS

 Vingt-huit années passée et voilà cette routine qui s'installe, et pourtant je ne m'en lasse jamais. Rouge à lèvre qui s'élance sur mes lèvres, Quelle décadente danse dans cette cohue générale où le paraître est maître. Je prenais presque un malin plaisir à paraître au milieu de cette Cour qui grouille de vautours. Je me jouais de cette routine dans les couloirs du Ministère de la magie, dans ses entrailles. Je prenais goût à cette vie qu’on m’avait presque imposé, à cette vie que je menais désormais avec honneur et la tête haute. J’aimais me sentir respectée, et j’assumais cette féminité forte. On aimait bien scruter mes traits, mon allure, j’aimais en user à mon avantage. Je me promenais l’air de rien, faisait mon boulot comme tout à chacun. En réalité j’avais longtemps rêvé de cette vie. J’avais rêvé de cette routine pour protéger à la fois les miens, et protéger ma renommée. On marchait pour assouvir mon propre intérêt. On aimait bien m’observer mais un autre prénom que le mien se murmure sur toutes les bouches. Ceux à qui je porte mon regard, ceux à qui je m’ouvre, sont ceux bien choisis. Les alliances se solidifient, se créent. On joue tous à ce jeu là, ce fameux jeu politique dangereux. J’aimais mon métier, c’était certain. Je me sentais respectée, regardée, admirée, et chaque jour je me dévouais à notre cause. C'était un jeu auquel j'adorais jouer, je prenais un malin plaisir à me déplacer sur cet échiquier politique. Je restais convaincue que la coopération internationale magique était primordiale, parce que nous sorciers du monde, étaient comme une famille qui devions garder un bien grand secret.

La lumière je la cherchais, j'essayais de l'attraper. Et la seule chose qui m'en approchait c'était la création de l'orphelinat et du musée d'histoire de la magie. Deux passions qui m'ont permise d'en faire des projets de toute une vie, des projets qui sont devenus réalité. C'était aussi un moyen de m'affirmer et de véritablement me faire une place de choix dans le monde sorcier, place qui de toutes façons m'était quasiment donnée à la naissance. Je me souviens encore de cette idée folle mais ambitieuse qui me caractérisait si bien. J'y donnais mon âme et mon coeur pour aboutir à tout ceci. Un mari ambitieux et une femme qui tient aux valeurs et à la bonté, nous voilà comme deux complices liés pour toujours aux affaires. Rien ne nous arrêtera. Alors même si je ne pourrais jamais toucher à cet idéal familial, je la retrouvais dans ces projets. L’histoire ne se termine plus en ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. L'histoire elle ne se termine pas, elle continue à se fourvoyer, elle continue à se répéter.